Château du Bois-Froust
Château du Bois-Froust | |
Pays | France |
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Région historique | Pays de la Loire |
Commune | Niort-la-Fontaine |
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Le Château du Bois-Froust était un château français situé à Niort-la-Fontaine, dans le département de la Mayenne et la région des Pays de la Loire. Au XIXe siècle, il était devenu une ferme et moulin, situé sur la route de Lassay-les-Châteaux. Il s'agit désormais d'un château en ruine situé dans un site classé et inscrit dans la Mayenne, en France.
En 1836, Victor Hugo[1] écrit dans une lettre à sa femme de Fougères qu'on lui avait fait voir successivement lors de son passage à Lassay trois châteaux.
« Le troisième n'est qu'une ruine, mais c'est une ruine située au milieu des arbres les plus beaux et les plus farouches du monde. Victor Hugo, En voyage, France et Belgique, p. 50. Lettre du . »
Localisation
[modifier | modifier le code]L'esplanade naturelle profondément vallonnée qu'occupait le château formait une sorte de presqu'île quand les douves et les étangs étaient pleins d'eau[2]. Le corps principal de logis n'avait guère que la profondeur d'une galerie et l'Abbé Angot s'explique mal par quel aménagement intérieur les diverses pièces pouvaient être desservies sans se commander[2].
Le portail donnait accès dans la cour intérieure. Avec son ordonnance, ses puissantes assises alternativement rentrées ou saillantes, celles-ci décorées de sculptures vermiculées, ses cintres, dont les claveaux sont alternés et dans le même genre d'ornementation, cette porte ressemble pour l'Abbé Angot à un arc triomphal[2]. Pour Beauchesne[3], cette porte renaissance dont les grosses pierres de taille, bien appareillées et quelques-unes vermiculées rappellent le genre d'architecure du Vieux Louvre à Paris.
Les hermines et les tourteaux[4], répétés plusieurs fois comme motifs de sculpture, indiquent à quelle époque et sous quels seigneurs fut édifié ce portail[2]. En 1556, François de Chauvigné [2]poursuivait devant la cour du parlement François de Fontenailles, seigneur du Mesnil-Barré et ses complices, qu'il accusait d'avoir commis à son préjudice, « des faits d'armes, hommicides, volleries, eschelements de maisons et autres crimes et délits ».
Pendant le cours du XVIIIe siècle, le Château est de plus en plus abandonné[5], comme résidence seigneuriale, et par conséquent mal entretenu dut peu à peu tomber en ruines, bien que les aveux de 1743 et 1769, reprennent ceux de la description de 1667, les considérant comme vraie. La Carte de Cassini l'indique comme un château ruiné. Au XIXe siècle, cet état s'accentue encore davantage[5].
Chapelle
[modifier | modifier le code]Dans la première enceinte, on reconnaissait au XIXe siècle par les décombres qui y formaient un monticule, l'emplacement de la chapelle, dédiée à Sainte Anne[2]. René de Chauvigné et Antoinette de Scepeaux, sa femme, l'avaient fondée et chargée de deux messes par semaine. Le décret est daté du 7 juillet 1483. Christophe de Chauvigné, évêque de Léon, donna plusieurs fois les ordres dans cette chapelle qui, délaissée pendant que les seigneurs de Bois-Froust furent protestants, fut rendue au culte en 1633[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]Désignation
[modifier | modifier le code]- G. de Bosco-Froout, 1243 (Archives nationales, L. 971).
- G. du Boisfroult, 1402 (Chartrier de Bourgon).
- Boisfrouc et Boisfroust, 1431 (Archives nationales, X/1a. 84, f. 180).
- J. de Boisfrost, 1435 (Cartulaire de l'Abbaye de Fontaine-Daniel).
- Boisfrouc, 1454.
- Boisfroust, 1493 (Chartrier de l'Isle-du-Gast) ; 1539 (Titres de la fabrique du Horps) ; 1548 (Cabinet de la Beauluère).
- J. de Boisfrou, 1577 (Bibliothèque nationale de France, fonds Clairambault, vol. 123, p. 43).
- Boisferoust, 1648 (Pouillé de Tours).
- Boisfroust, château et chapelle (Jaillot).
- Baronnie du Boisfroul, 1775 (Titres de la fabrique de Niort).
- Bois-Frou, château en ruine (Cassini).
- Bois-Froux (Cadastre et recensement).
- Bois-Froul (Dictionnaire topographique de la Mayenne).
Féodalité
[modifier | modifier le code]Il s'agissait d'une seigneurie vassale de Lassay, donnant à ses détenteurs le titre de fondateur de la paroisse de Niort[2].
Charles du Bellay va se rendre coupable d'un véritable guet-apens envers Louis Hurault, seigneur de Villeluisant[6]. Ce dernier, mari de Judith de Chauvigné avait été pourvu de la charge de capitaine du Château de Lassay par une commission royale. Le , tandis qu'Hurault est à la messe dans la chapelle du château[6], Charles du Bellay apparut subitement à la tête d'une troupe d'hommes armés et le fit mettre à mort par son lieutenant, Jean d'Anthenaise, seigneur de la Bigne[7]. En 1590, Judith de Chauvigné, veuve du gouverneur assassiné, avait amené en secondes noces à Jean de Madaillan de Lesparre, divers domaines, dont le Château du Bois-Froust.
Architecture
[modifier | modifier le code]Pour l'Abbé Angot, il s'agit d'une des ruines les plus intéressantes à préserver dans la Mayenne.
En 1769, la description[2] suivante donnait quel était l'état du château et de son entourage au temps de sa splendeur :
« J'ai au Boisfroul, écrit le marquis de Lassay en 1769, manoir, maisons, écurie, quatre tours aux coins de la principale cour, une fontaine avec jet d'eau au milieu de la dite cour, close de murailles et pont-levis à l'entrée, et en partie entourée de douves ; autre cour d'entrée, aussi close de murailles, deux porteaux d'entrée et sortie ; ma chapelle fondée de Sainte-Anne, placée au bout de la cour ; trois petites tours proche lesdits porteaux, une terrasse au-dessous plantée d'espaliers ; un pigeonnier et colombier à six piliers ; étang entre les douves et le petit étang au-dessous ; bois de haute futaie, derrière la maison, dans lequel il y a plusieurs allées, dans lesquelles il y a bassins et jets d'eau ; jardin clos de hautes murailles avec des tours aux coins ; au milieu la demeure des jardiniers ; le jardin contenant quatre journaux ; au haut duquel un grand canal, et au-dessous trois viviers ou réservoirs dont l'eau flue audit canal et de degré en degré se conduit dans mes douves, et dans lequel grand canal il y avait jet d'eau. Au-dessus du canal est la grande prée, donnant soixante charretées de foin, dans laquelle est une fontaine couverte d'où procèdent les eaux qui fluent par tuyaux pour l'entretien des bassins et jets d'eau et service de l'office de ma maison ; à un des côtés de laquelle prée est mon pail-mail, de la longueur de trois cents pas et de dix de largeur. »
Le jardin supérieur[2] était au XIXe siècle séparé du château ou de ses ruines par la route, mais le baron de Wismes aurait pu y voir à l'époque[8] les canaux et bassins qui en faisaient la décoration et dans lesquels « flue » toujours l'eau de la source supérieure. Ces travaux ne dataient probablement que du XVIIe siècle et auront été faits à une époque où le seigneur de Lassay cherchait une habitation d'agrément moins sombre que son château féodal.
Seigneurs[2]
[modifier | modifier le code]- Guillaume du Boisfroust, tuteur de Thomas de Montgiroul, 1243.
- Jean du Boisfroust, écuyer, est un des seigneurs du Maine protestataires contre Charles de Valois, 1301.
- Pierre, seigneur du Boisfroust, vend la Bouvrie de Chantrigné à Jean Varennes, avant 1367.
- Guillaume du Boisfroust, mari de Guillemette des Vaux, écuyer dans la compagnie de Briand de Montjean à Angers (janvier 1380, v. s.), accuse Guy d'Orange, cousin germain de sa femme, d'avoir retenu une partie de l'héritage de Geoffroy des Vaux, son beau-père, et même, avec Michel d'Orange, d'avoir attenté à ses jours, 1394 ; il se plaint de même des officiers de Lassay en 1400, rend aveu du Boisfroust en 1402, et se voit soupçonné plus tard d'être passé au parti des Anglais ; il était mort en 1408, laissant veuve Guillemette des Vaux, fille de Geoffroy des Vaux
- Jean, seigneur du Boisfroust, réclame en 1417 une rente de Jean Verron, qui argue de faux les lettres établissant cette servitude ; vend la terre de Contigné en Anjou, 1428 ; prend plusieurs sauf-conduits des Anglais en 1433 et 1434, l'un pour le pèlerinage de Saint-Julien du Mans, l'autre avec Guillaume du Boisfroust, un troisième, puis un quatrième () avec Robert de Feschal, — il avait épousé Marie de Feschal — pour aller en Bretagne se procurer l'argent de sa rançon, se trouvant alors prisonnier ; il vend encore le une rente de 20 sols à l'abbé de Fontaine-Daniel.
- Jean de Chauvigné, marié avant 1448 avec Marie du Boisfroust, reprend en 1454 un procès dont l'origine remontait en 1431, pour réclamer au nom de sa femme, héritière de Geoffroy des Vaux, un dixième dans la rançon de Jean Clifton, prisonnier anglais, † avant 1470.
- René de Chauvigné, 1483, dont la veuve, Antoinette de Scépeaux, vit en 1493.
- Georges de Chauvigné fait foi et hommage à Lassay en 1498, épouse Françoise Margerie et relève en parlement avec Jean de Tucé et sa femme, un procès contre Guyon des Vaux, seigneur de Lévaré, et ses consorts, 1511, † avant 1517.
- François de Chauvigné, mari d'Antoinette de Prunelé, seigneur du Boisfroust, de Chauvigné, du Horps, de la Vairie, de la Drouardière, de Fontenailles, 1534. On conserve au château de Lassay une cloche portant cette inscription : François de Chauvigné, seigneur dudit lieu, du Boisfroust et de Fontenailles, m'a faict faire, 1547.
- Louis de Chauvigné, seigneur des mêmes terres et de Mécorbon, fait un accord avec les religieuses de Patience, 1548 ; il est appelé à nommer un curateur à Mathieu d'Averton, interdit, 1560 ; il avait épousé Claude de Bouillé, et n'en eut point d'enfants.
- Roland de Chauvigné, 1560, neveu de Louis, d'abord ecclésiastique et évêque de Léon, se maria à Françoise Laisné. Ses deux filles étaient en 1584 sous la tutelle de Claude de Chauvigné. Judith, l'aînée, épousa d'abord Louis Hurault, sieur de Villeluisant, assassiné dans la chapelle du Château de Lassay, le , puis Jean de Madaillan de Lesparre, 1590.
- Isaac de Madaillan de Lesparre, issu de ce dernier mariage, résida d'abord au Boisfroust puis acquit en 1639 la terre et le château de Lassay, qu'il fit ériger en marquisat en y réunissant le Boisfroust, qui ne fut plus habité qu'accidentellement.
- Louis II de Madaillan-Lespare
- Armand de Madaillan de Lesparre (1652-1738), fils de Louis (1628-1708), petit-fils d'Isaac de Madaillan (qui fut, en héritage de sa mère Judith de Chauvigné, seigneur de Bois-Froust en Niort-la-Fontaine à Lassay-les-Châteaux ; puis il acquit Lassay en 1639 et en devint le premier marquis ; † 1649), et arrière-petit-fils du précédent ; marquis de Lassay.
- Léon de Madaillan de Lesparre, marquis de Lassay, comte de Manicamp et de Madaillan (1679-1750), fils du précédent et de Marianne Pajot (vers 1642-1681), mestre de camp du régiment de Lassay (1702-1710) du régiment d'Enghien (1710-1726), décédé sans postérité mâle, avec lui s'éteint la branche de Madaillan de Montataire.
- Reyne (ou Reine) de Madaillan, femme et demi-tante du précédent, fit un don considérable pour l'édification, à la Pitié-Salpêtrière, d'un bâtiment destiné à accueillir les femmes "insensées". Elle était la fille de Louis de Madaillan (grand-père de Léon) et de sa seconde femme Louise-Marie-Thérèse de Bussy-Rabutin[9].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- Christophe de Chauvigné
- Roland de Chauvigné
- Armand de Madaillan de Lesparre
- Marianne Pajot
- Château de Chauvigny
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Beauchesne, p. 5.
- Abbé Angot, t. 1.
- ↑ Beauchesne, p. 6.
- ↑ Meubles connus de l'écu de la famille de Chauvigné.
- Beauchesne, p. 169.
- Beauchêne 1912, p. 75.
- ↑ Le chancelier Philippe Hurault de Cheverny, en relatant dans ses Mémoires la mort tragique de son neveu, a laissé entendre que le prêtre qui disait la messe en cette circonstance, se serait fait le complice de cet épouvantable guet-apens en donnant un « advertissement » à « ceux qui avoient desseing sur ceste place. » Mais c'est là une calomnie que rien ne justifie, puisqu'à aucun moment il ne sera question de ce prêtre parmi les meurtriers ou leurs complices que Judith de Chauvigné poursuivra plus tard de son implacable vengeance.
- ↑ Quoiqu'envahis par les ronces, les saules et les végétations marécageuses.
- ↑ Elle était la fille du célèbre Roger de Bussy-Rabutin. Cette singularité des alliances des Lassay est évoquée dans l'ouvrage de François Formel, Alliances et Généalogie à la cour du grand roi, le souci généalogique chez Saint-Simon, édition contrepoint, 1983, p. 569, 570.
Sources partielles
[modifier | modifier le code]- « Château du Bois-Froust », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne)
- Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, Volume 8, 1889 Voir en ligne
- Adelstan de Beauchêne, Le Bois-Thibault : Étude Historique & Archéologique, Laval, – Imprimerie-Librairie Ve A. Goupil, (lire en ligne).
- Adelstan de Beauchêne, Histoire de la terre seigneuriale du Boisfroust en Niort, 1 vol. (169 p.) ; in-8, 1921 Voir en ligne
- Luc Bellier, Les seigneurs du Boisfroust, 1370-1550. La Mayenne : archéologie, histoire, 1997, 20, pp.23-47. ffhal-00770361f Voir en ligne
Références de l'Abbé Angot
[modifier | modifier le code]- Lib. fundat., t. II, f. 46-47.
- Archives nationales, Q/1, 699 ; X/1a, 1514, f. 15, 19, 166 ; 84, f. 180-181 ; X/2a, 12, f. 437 ; P. 1343, f. 12 ; KK. 324.
- Charles Pointeau, Certificats, p. 167.
- Bibliothèque nationale de France, Pièces originales, 41 349.
- Baron de Wismes, Maine et Anjou, article Lassay.
- Insinuations ecclésiastiques, t. X, p. 21.
- Adelstan de Beauchêne, notice manuscrite.