Bataille de Burgos (1808)
Date | |
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Lieu | Proximité de Burgos, Espagne |
Issue | Victoire française |
Empire français | Espagne |
Jean-de-Dieu Soult Jean-Baptiste Bessières |
Rámon Fernando Patiño y Osorio, comte de Belveder |
20 000 fantassins 4 000 cavaliers 60 canons |
9 000 fantassins 1 200 cavaliers 30 canons |
50 tués 150 blessés[1] |
2 500 tués ou blessés 900 prisonniers 16 canons 12 drapeaux |
Batailles
- Durango (10-1808)
- Balmaseda (11-1808)
- Burgos (11-1808)
- Roses (11-1808)
- Espinosa (11-1808)
- Tudela (11-1808)
- Bubierca (11-1808) (es)
- Somosierra (11-1808)
- Cardedeu (12-1808)
- Saragosse (12-1808)
- Sahagún (12-1808)
- Benavente (12-1808)
- 1re Molins de Rei (12-1808)
- Mansilla (12-1808)
- Castelló d'Empúries (01-1809)
- 2e Molins de Rei (01-1809) (ca)
- Cacabelos (01-1809)
- Lugo (01-1809)
- Zamora (01-1809)
- Astorga (01-1809)
- La Corogne (01-1809)
- Gérone (05-1809)
Coordonnées | 42° 21′ nord, 3° 40′ ouest | |
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La bataille de Burgos, également appelée bataille de Gamonal, se déroula le pendant la guerre d'Espagne, et opposa l'armée française des maréchaux Soult et Bessières aux forces espagnoles du comte de Belveder. Elle eut lieu dans le cadre de la campagne de Napoléon en Espagne, qui prit fin avec la défaite des forces espagnoles et l'évacuation de la péninsule par les troupes britanniques. Au terme d'un rapide combat, les Français infligèrent une cuisante défaite à leurs adversaires qui se retirèrent après avoir subi de lourdes pertes. Cette victoire, la première de la campagne napoléonienne, s'avéra d'une grande importance stratégique. Soult, en position de force, en profita pour conquérir Burgos, occupant ainsi un emplacement vital au centre du dispositif espagnol et permettant à Napoléon de mettre en place une série de manœuvres qui conduisit à la destruction des dernières forces espagnoles.
Contexte
[modifier | modifier le code]Après les défaites de l'armée française à Bailén en Espagne et Vimeiro au Portugal, le roi Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon, fut contraint d'abandonner Madrid et de repasser l'Èbre avec le reste des troupes impériales. L'Empereur, devant la gravité de la situation, décida de se rendre lui-même dans la péninsule à la tête de la Grande Armée. Le 27 septembre 1808, Napoléon rencontra le tsar Alexandre Ier à Erfurt pour s'assurer de son appui face à l'Autriche au moment où lui-même et ses meilleures troupes seraient engagés en Espagne. Alexandre se montra peu coopératif, mais l'Empereur décida néanmoins de dissoudre officiellement la Grande Armée le 12 octobre. Laissant deux corps d'armée en Bavière sous le commandement du maréchal Davout, il transféra en urgence les autres corps et sa Garde impériale en direction de la péninsule Ibérique ainsi que certains de ses maréchaux les plus expérimentés[2].
Alors que ses troupes se dirigeaient à marche forcée vers l'Espagne, Napoléon quitta Paris et se rendit à Bayonne, d'où il repartit le 8 novembre pour Vitoria. Il y arriva dans la soirée, accompagné des maréchaux Lannes et Soult, et commença à élaborer son plan de campagne sur la base des informations disponibles[3]. À cette période, les forces françaises étaient encore très dispersées : le Ve corps n'avait pas encore franchi les Pyrénées et le VIIIe, évacué du Portugal après la convention de Cintra, était en train d'être débarqué sur les côtes françaises par la marine britannique. En outre, la jonction n'était toujours pas effectuée sur l'aile droite du dispositif français entre le Ier corps du maréchal Victor et le IVe corps du maréchal Lefebvre. Le IIe corps de Bessières était posté au centre à Briviesca tandis que le IIIe commandé par le maréchal Moncey occupait Tafalla et Estella ; enfin, plus en arrière et en approche de Vitoria se trouvaient le VIe corps de Ney et la Garde impériale[4].
En face, les armées espagnoles, dispersées de part et d'autre du front et sans véritable commandant en chef, se divisaient en trois groupes : sur le flanc gauche, l'armée de Galice du général Joaquín Blake se repliait sur Espinosa de los Monteros, tandis que l'armée du centre sous les ordres des généraux Castaños et Palafox cantonnait autour de Tudela et se préparait à l'offensive[4] ; enfin, une troisième armée venant d'Estrémadure marchait sur Burgos, commandée d'abord par le général José Galluzo puis par le comte de Belveder. Le corps expéditionnaire britannique du général John Moore était au Portugal et se tenait prêt à soutenir ses alliés.
Stratégie française et mouvements préliminaires
[modifier | modifier le code]De son côté, Napoléon arrêta la stratégie à employer : alors que le IIIe corps resterait sur la défensive, le maréchal Ney s'avancerait sur Aranda et les maréchaux Victor et Lefebvre iraient accrocher frontalement l'armée du général Blake. L'attaque principale serait lancée au centre par le IIe corps, où Soult avait remplacé Bessières au commandement ; le maréchal devait se porter à la rencontre de l'armée du comte de Belveder, l'écraser et s'emparer de Burgos, coupant ainsi le dispositif espagnol en deux parties qui pourraient être par la suite contournées et anéanties. L'Empereur, avec la Garde impériale et les réserves, suivrait de très près la progression du IIe corps[4].
Soult, arrivé à Briviesca le matin du 9 novembre, mit ses troupes en mouvement en direction du village de Monasterio qui dominait la plaine de Burgos. Les Français atteignirent leur destination dans la nuit et y installèrent leur quartier-général, tandis que la cavalerie légère se porta en avant pour couper les communications de l'ennemi[5].
Déroulement de la bataille
[modifier | modifier le code]Le 10 novembre 1808, à 6 h du matin, une première confrontation eut lieu à Villa Fria entre l'avant-garde de la cavalerie française du général Lasalle et un contingent espagnol fort de plus de 5 000 hommes. À 8 h, Soult et l'infanterie du IIe corps débouchèrent sur le terrain après une marche forcée depuis Villa Fria et Rio Bena. L'avant-garde espagnole fut rejetée sur Gamonal où le comte de Belveder était présent avec le gros de ses troupes. L'aile droite se positionna sur un terrain boisé à peu de distance de la rivière Arlanzón, tandis que l'aile gauche se déploya dans le parc de Vellimer[5]. L'armée d'Estrémadure alignait en tout 11 000 fantassins, 1 100 cavaliers et trente pièces d'artillerie, auxquels il fallait ajouter 7 à 8 000 paysans en armes. Les unités régulières du corps de Belveder étaient considérées comme les meilleures de l'armée espagnole : bien équipées par les Britanniques, elles comprenaient la Garde royale, les régiments d'infanterie Mallorca, Zafra et Valencia de Alcántara, les hussards de Valence ainsi que les carabiniers royaux ; toutefois, en dépit de leur valeur, ces unités ne furent pas en mesure de soutenir l'impact des soldats français lors du bref combat qui s'ensuivit[6].
Les hostilités débutèrent avec un feu massif de l'artillerie espagnole sur toute la ligne de front. Au même moment, la cavalerie du général Lasalle manœuvrait sur la droite ennemie afin d'exploiter une faille dans le dispositif de Belveder le long de l'Arlanzón. Ce fut l'attaque de l'infanterie française, cependant, qui détermina l'issue de la bataille. Soult lança à l'assaut la division de vétérans du général Mouton, qui, après s'être formée en colonne, chargea avec élan dans les bois de Gamonal et dispersa rapidement les défenseurs espagnols. La division Bonet, qui suivait le mouvement, entama la poursuite des adversaires vaincus[7].
Voyant le flanc droit rompu, l'aile gauche espagnole se retira du champ de bataille en désordre. Pendant ce temps, les troupes françaises s'avançaient rapidement sur Burgos qu'elles atteignirent presque en même temps que les fuyards de l'armée de Belveder. La ville fut prise sans grande résistance. Le maréchal Bessières, qui avait reçu le commandement de toute la grosse cavalerie impériale, maltraita les survivants espagnols qui laissèrent de nombreuses pièces d'artillerie aux mains de leurs adversaires ; un contingent de soldats catalans présents sur l'autre rive de l'Arlanzón fut également dispersé par les cavaliers. La défaite espagnole fut complète : l'armée d'Estrémadure perdit 2 500 tués ou blessés, 900 prisonniers et toute son artillerie. Les Français récupérèrent en outre 4 000 fusils et trente caissons de munitions. La colonne de fuyards se désagrégea en cours de route tandis que Belveder, le commandant vaincu, parvint à regagner Lerma dans la soirée. C'est là qu'il s'efforça de regrouper quelques bataillons qui n'avaient pas participé à la bataille et qui avaient réussi à fuir vers Aranda de Duero à la faveur de la nuit[8].
À Burgos, les Français prirent possession des magasins et des entrepôts de l'armée d'Estrémadure. Soult, dont la victoire ne fut l'affaire que de quelques heures et qui avait conquis une ville importante, chercha à exploiter son avantage en poussant ses soldats dans différentes directions. Alors qu'une colonne se dirigeait sur Lerma à la poursuite des Espagnols, d'autres détachements du IIe corps marchèrent sur Palencia et Valladolid tandis que le maréchal se mit lui-même la tête d'une forte colonne qui, le jour même, se mit en route vers le nord en direction de Reinosa afin de couper les lignes de communication de l'armée de Blake, conformément au plan de Napoléon[9].
Conséquences
[modifier | modifier le code]Le 10 novembre, parallèlement à la chute de Burgos, les maréchaux Victor et Lefebvre affrontèrent l'armée du général Blake à la bataille d'Espinosa. Les attaques françaises, repoussées le premier jour, enfoncèrent les lignes espagnoles le 11 novembre sans toutefois pouvoir empêcher le retrait des 12 000 survivants de l'armée de Galice[10]. Ceux-ci se retirèrent rapidement vers l'ouest sans être poursuivis. La stratégie de l'Empereur avait été mise en œuvre sans atteindre cependant tous les résultats escomptés[11]. Soult entra dans Reinosa le 14 novembre après une marche forcée de près d'une centaine de kilomètres à travers les montagnes, mais Blake lui échappa et réussit à rallier León le 23 novembre avec environ 10 000 hommes[12]. Dans les semaines suivantes, la manœuvre française contre l'armée du Centre ne fut que partiellement réussie en raison du manque de coopération entre les maréchaux Lannes et Ney et à l'aspérité du terrain qui ralentissait considérablement les mouvements des troupes.
Les historiens espagnols commémorent cette bataille, en mémoire de la vaine bravoure des régiments de la Garde et des régiments wallons, commandés par Don Vicente Genaro de Quesada. Formant l'arrière-garde des lignes espagnoles éclatées, ces troupes soutinrent des charges répétées de la cavalerie du général Lasalle sans céder un pouce de terrain, au prix d'un massacre des Français aussi bien que des Espagnols. Des 307 hommes de l'arrière-garde, seulement 74 survécurent, couverts de sang, les uniformes en haillons, les baïonnettes tordues et émoussées. On dit que Bessières rendit lui-même son épée à Quesada et fit panser ses blessures à l'hôpital de campagne français. Ces actes de chevalerie devinrent de plus en plus rares à mesure que la guerre d'Espagne se prolongea.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Battaglia di Gamonal (1808) » (voir la liste des auteurs).
- Esdaile et Freeman 2014, p. 34.
- Lefebvre 2009, p. 300-309.
- Napier 1828, p. 386.
- Napier 1828, p. 387.
- Napier 1828, p. 388.
- Napier 1828, p. 388 et 389.
- Napier 1828, p. 389.
- Napier 1828, p. 389 et 390.
- Napier 1828, p. 390.
- Chandler 1992, p. 764 et 765.
- Lefebvre 2009, p. 311.
- Chandler 1992, p. 767.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Charles Esdaile et Philipp Freeman, Burgos in the Peninsular War, 1808-1814 : Occupation, Siege, Aftermath, Palgrave Macmillan, , 240 p. (ISBN 978-1-137-43290-2, présentation en ligne).
- (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula and in the south of France, vol. 1, Londres, Murray, .
- (it) Georges Lefebvre, Napoleone, Bari, Laterza, .
- (it) David G. Chandler, Le campagne di Napoleone, Milan, Bibliothèque universelle Rizzoli, .