Ardbeg
Ardbeg | |||
Distillerie | |||
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Pays | Royaume-Uni | ||
Ville | Port Ellen (Islay, Écosse) | ||
Coordonnées | 55° 38′ 33″ nord, 6° 06′ 37″ ouest | ||
Statut | active | ||
Fondée en | 1815 | ||
Détenue par | Glenmorangie plc | ||
Alcools produits | single malt whisky | ||
Principales marques |
Ardbeg | ||
Adresse | Ardbeg Distillery Port Ellen Islay Argyll PA42 7EA |
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Nombre d'employés | 13 plein temps 2 temps partiels 8 saisonniers |
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Site Web | www.ardbeg.com | ||
Processus de distillation | |||
Provenance des céréales | Malterie de Port Ellen Malt « Optic » |
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Source d'eau | Loch Uigeadail | ||
Cuves de brassage | 1 | ||
Cuves de fermentation | 6 en bois | ||
Alambics | 1 wash still et 1 spirit still | ||
Capacité de production (litres d'alcool/an) |
950 000 litres d'alcool pur par an | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Argyll and Bute
Géolocalisation sur la carte : Royaume-Uni
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Ardbeg est une distillerie de whisky située à l’île d'Islay, sur la côte ouest de l’Écosse. C'est une des trois distilleries en fonctionnement de la côte sud d’Islay avec Lagavulin et Laphroaig.
Histoire
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]À la fin du XVIIIe siècle, la quasi-totalité de l’île d'Islay appartenait à la famille Campbell of Shawfield. La distillation à Ardbeg remonte à 1798[1]. La famille MacDougall, récemment installée dans une ferme[2], y construisit un outillage rudimentaire. En 1815, les MacDougall obtinrent une licence de distillation. En 1835, la distillerie avait pris des dimensions plus importantes et produisait environ 2 300 litres[3] par semaine.
La distribution hors de l'île était assurée par Thomas Buchanan, un négociant de Glasgow, qui devint propriétaire d'Ardbeg en 1837.
Développement
[modifier | modifier le code]En 1840, Colin Hay fut associé à la gestion de l'entreprise, puis en prit le commandement. En 1847, la famille Campbell connut à son tour d'insurmontables difficultés financières et le sud de l'île (Kildalton) changea de mains pour finir dans celles de l'homme d'affaires John Ramsay. Ce dernier, très impliqué dans le monde du whisky et bien que propriétaire de la distillerie de Port Ellen, entretint des contacts fructueux avec ses concurrents et locataires d'Ardbeg. Dès 1855, Ardbeg devint la plus grosse productrice de l’île d’Islay et faisait vivre une communauté de 200 personnes[4]. En 1885, la production (plus de 1,1 million de litres) était supérieure à celle d'aujourd'hui.
C'est seulement en 1922 que Colin Elliot Hay[5], après avoir racheté l'entreprise Buchanan, put enfin devenir propriétaire d'Ardbeg[6] sous le nom d'Alexander MacDougall & Co Ltd.
À l'époque, la distillerie fabriquait son propre malt et le séchage se faisait entièrement à la tourbe, sans ventilateur, ce qui explique la présence très marquée de fumé dans le whisky[7].
La distillerie fut fermée durant les deux guerres mondiales ainsi qu'au cours de la crise économique au début des années 1930. La pénurie d'orge provoquée par le rationnement s'est prolongée jusqu'en 1950[8].
Le temps des troubles
[modifier | modifier le code]La société Alexander MacDougall & Co Ltd géra l'entreprise jusqu'à sa liquidation en 1959. Celle-ci passa alors sous le contrôle de l'Ardbeg Distillery Ltd. En 1973, elle fut acquise par Hiram Walker, puis cédée à Allied Breweries. Finalement, Ardbeg fut fermée le [9], et a pratiquement cessé toute production[10] jusqu'en 1996[11].
La renaissance
[modifier | modifier le code]Depuis 1997, la distillerie appartient au groupe « Glenmorangie plc » (une entreprise contrôlée conjointement par LVMH et Diageo) et occupe une quinzaine de personnes. Depuis ce rachat[12], la distillerie est la plus florissante de l’île. Jusqu'en 2003, le repreneur avait consenti des investissements de plus de 3,5 millions de livres sterling en vue de rénover la distillerie[13].
En 2007, le dégustateur Jim Murray[14] désigne la production « Ardbeg 10 Years Old » comme « 2008 World Whisky of the Year » (Whisky de l'année 2008). Ce qui contribue à attirer l'attention sur la distillerie. Selon Murray, « [...] Arbeg is - and always has been - the most complex malt on earth »[15].
En 2008, le même dégustateur accorde le même titre - « 2009 World Whisky of the Year » (Whisky de l'année 2009) - à la version « Uigeadail » d'Ardbeg[16].
En 2009, la nouvelle édition du « World Whisky Awards 2010 » de Jim Murray[17] décerne les titres de « 2010 Second Finest Whisky in the World », « 2010 Scotch Whisky of the Year » à la version Ardbeg Supernova (qui affiche un taux de tourbe record de plus de 100 ppm) et « 2010 Single Malt of the Year » à la version Ardbeg Corryvreckan.
En 2013, la nouvelle édition du « World Whisky Awards 2012 » a décerné le titre de « 2012 Single Malt of the Year » à la version Ardbeg Galileo.
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Ardbeg produit un single malt parmi les plus tourbés et fumés des whiskies écossais, connu pour une forte teneur en phénol[18]. La teneur typique de la production actuelle est 23 ou 24 ppm (celle de la production antérieure à 1997 d'environ 17 ppm). Une nouvelle mouture de la production maison, le single malt Blasda se caractérise par une teneur phénolique beaucoup plus réduite (8 ppm)[19].
Élaboration
[modifier | modifier le code]L'eau
[modifier | modifier le code]L'eau utilisée dans la confection du whisky d'Ardbeg provient du Loch Uigeadail à 3 miles de la distillerie. Pour le personnel d'Ardbeg, le fait que l'eau traverse des terrains tourbés est tenu pour négligeable[20],[21],[22].
Maltage
[modifier | modifier le code]Le malt utilisé à Ardbeg provient de la malterie voisine de Port Ellen[18]. Largement automatisé, le maltage est désormais industrialisé (comme dans la quasi-totalité des malteries écossaises), ce qui permet un contrôle très précis du processus (régularité de la production et respect du cahier des charges). C'est au moment du séchage que la teneur en phénol est augmentée jusqu'à la valeur moyenne de 54 ppm[23].
À l'époque où Ardbeg préparait elle-même son propre malt, des teneurs encore plus élevées étaient atteintes : 80 ou même 90 ppm[24].
Brassage
[modifier | modifier le code]Fermentation
[modifier | modifier le code]Distillation
[modifier | modifier le code]Vieillissement
[modifier | modifier le code]Le vieillissement est une étape essentielle de la production du whisky[25]. Dans les années 1970 et 1980, on accordait peu d'importance à l'influence du bois. Le whisky était mis en fûts d'origine et de qualité très diverses, et connaissait de grandes variations[26]. Aujourd'hui, la quasi-totalité de la production (98 %) est vieillie dans des fûts de bourbon (1er ou 2e remplissage). Selon Andrew Jifford, ceux-ci sont principalement fournis par le distillateur américain Jack Daniel's[27].
La question du lieu de maturation fait débat. Pour certains, la localisation insulaire est essentielle ; d'autres rappellent que le whisky n'a pas toujours « mûri » sur l'île...
Embouteillage
[modifier | modifier le code]Gamme de produits
[modifier | modifier le code]Production standard
[modifier | modifier le code]- Ardbeg Ten 10 ans
- Ardbeg Uigeadail (prononcer oog-a-dal) d'après le nom du loch d'où provient l'eau utilisée lors de la distillation.
- Ardbeg Very Young 6 ans 1998
- Ardbeg Still Young 8 ans 1998
- Ardbeg Mor 10 ans bdf, uniquement en bouteille de 4,5 litres
- Ardbeg Almost There 1998
- Ardbeg Airigh Nam Beist 1990
- Ardbeg Lord of the Isles 25 ans
- Ardbeg Renaissance 2008 (Brut de fût)
- Ardbeg Supernova 2009 et 2010
- Ardbeg Blasda 2008
- Ardbeg 1965 40 ans
- Ardbeg Corryveckan 10 ans
- Ardbeg Alligator 10 ans
- Ardbeg Galileo
- Ainsi qu'un grand nombre de fûts uniques embouteillés chaque année (souvent des millésimes des années 1970)
Productions spéciales
[modifier | modifier le code]- Ardbeg 15 ans
- Arbdeg 17 ans
- Ardbeg Young Uigeadail
- Ardbeg Ten Cask Strength (embouteillage pour le Japon, 2002)
- Ardbeg 30 ans
- Ardbeg Spectacular, Sans indication d'âge, publié en 2024, 46%, mise en bouteille pour le Ardbeg Day 2024, vieilli en fûts de porto et fûts de bourbon[28]
- Ardbeg Vintage_Y2K 23 Years, 46,0%, distillé en 2000, vieilli en fûts de bourbon et de sherry oloroso[29]
Ainsi qu'un grand nombre d'embouteillage par des négociants dont notamment :
- Ardbeg 1996 Single cask par l’embouteilleur indépendant Gordon et Macphail
- Ardbeg 1995 Connoisseurs Choice par l’embouteilleur indépendant Gordon et Macphail
Usages en blend
[modifier | modifier le code]Ardbeg ne produit que du single malt whisky, mais sa production entre dans la composition de divers blends[30] :
Culture populaire
[modifier | modifier le code]Dans le film Constantine (2005), le personnage principal (Keanu Reeves) est vu dans une scène en train de boire du Ardbeg Ten dans son appartement, alors qu'il est en train de parler avec la Detective Dodson (Rachel Weisz).
Notes
[modifier | modifier le code]- Andrew Jefford, Peat Smoke and Spirit, p.62
- Le précédent occupant, Alexander Stewart en avait été expulsé en 1794, à la suite d'une banqueroute. Il n'est pas impossible qu'il y ait déjà pratiqué la distillation (Andrew Jefford).
- 500 gallons
- Avec équipe de football et chœur de chant gaélique, précise Andrew Jefford.
- Le fils de Colin Hay
- Montant du rachat £19 000
- Guide l'amateur de malt whisky, p. 26
- Selon Alexis Lichine, la quantité d'orge disponible en Écosse de 1945 à 1950 couvrait à peine l'équivalent d'une année de distillation. (Encyclopédie des vins et des alcools, article « Whisky : Scotch », p. 782, Coll. Bouquins, Robert Laffont, 1988).
- 18 postes de travail furent alors perdus, note le site web de l'entreprise
- À l'exception de quelques distillations pour des blenders
- Comment le whisky Ardbeg est devenu culte
- L'offre de rachat de Glenmorangie se montait à £7,1 millions et n'était pas la plus élevée (Andrew Jefford, Peat Smoke and Spirit, p.65).
- Andrew Jefford, Peat Smoke and Spirit, p.66
- Désigné comme un Whisky Guru par son éditeur
- * (en) Jim Murray, Whisky Bible 2008, p.16, Carlton, Pérou, 2007 (ISBN 978-1-84442-186-2)
- Jim Murray, 2009 Whisky Bible, p.16
- Jim Murray, 2010 Whisky Bible http://www.whiskybible.com/presspage2.htm
- Ardbeg. A Peaty Provenance, p. 104
- Site web de l'entreprise
- Andrew Jefford n'en relève que des traces dans Peat Smoke and Spirit, p.79.
- Ardbeg. A Peaty Provenance, p. 104 précise « [...] this is believed to contribute in a modest way to the peatiness of the whisky with which it is made. »
- Andrew Jefford Peat Smoke and Spirit, p.68 : « Yes, it's peaty, though the colour is misleading: analytically there are no more than 0,1 parts per million phenols in the water, and no distiller will ever risk more than Bill Lumsden's "possibly" when you ask if such water could affect the flavour. »
- Selon l'ex-manager de la distillerie, Stuart Thompson, la teneur varie de 45 ppm à 65 ppm, mais Thompson situe la teneur optimale entre 45 et 55 ppm. (Arbeg. A Peaty Provenance, p. 104)
- « It was like creosote - very much tarry rope. It was the most pungent and powerful whisky in the world. » selon l'ex-maître blender Robert Hicks. Ardbeg. A Peaty Provenance, p. 105
- « The influence of maturation in the creation of good whisky is immense, and some authorities consider that whisky acquires up to 80 per cent of its final character in the cask. » (Ardbeg. A Peaty Provenance, p. 110)
- Ardbeg. A Peaty Provenance, p. 184
- p. 74
- (de) « Ardbeg Spectacular erscheint zum Ardbeg Day 2024 • CaptainScotch.de », sur CaptainScotch.de, (consulté le )
- (de) « Ardbeg Vintage_Y2K 23 Years: Millenium-Whisky markiert Start einer neuen Serie • CaptainScotch.de », sur CaptainScotch.de, (consulté le )
- Andrew Jefford, Peat Smoke and Spirit, p.81
Sources
[modifier | modifier le code]- (en) Andrew Jefford, Peat Smoke and Spirit. A Portait of Islay and Its Whiskies, Headline, 2004 (ISBN 978-0-7472-4578-0)
- (en) Gavin D.Smith, Graeme Wallace, Ardbeg. A Peaty Provenance, GW Publishing, 2008, (ISBN 978-0-9554145-6-5)
- Michael Jackson, Guide de l'amateur de malt whisky, Solar, 1990
- (en) Michael Jackson, Malt whisky Companion, DK, 2005, (ISBN 978-1-4053-0234-0)
- (en) Jim Murray, Whisky Bible 2009, Carlton, England, 2008 (ISBN 978-0-9554729-30)
- (en) Jim Murray, Whisky Bible 2010, Dram Good Books Ltd, England, 7th Revised edition () (ISBN 978-0-9554729-47)