Abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse
Type | |
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Culte | |
Rattachement | |
Fondation |
Xe siècle |
Diocèse |
Diocèse de Suse, abbazia territoriale di San Michele della Chiusa (d) |
Dédicataire | |
Style | |
Surface |
500 m2 |
Religion | |
Patrimonialité |
Bien culturel italien (d) |
Visiteurs par an |
167 000 () |
Site web |
Pays | |
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Commune |
Coordonnées |
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L’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse (Sacra 'd San Michel ëd la Ciusa en piémontais et Abbazia di San Michele della Chiusa ou Sacra di San Michele en italien) est une abbaye catholique située à 30 km à l'ouest de Turin, sur le mont Pirchiriano (962 m), à l'entrée du val de Suse, sur les communes de Sant'Ambrogio di Torino et de Chiusa di San Michele. Elle se trouve sur l'un des itinéraires de la via Francigena, chemin de pèlerinage historique qui mène à Rome.
Son indépendance territoriale, protégée par les papes successifs, de 987 à 1379, lui a permis d'avoir un très grand rayonnement culturel, très proche de la dynamique de la réforme bénédictine clunisienne. Elle entretint donc tout ce temps des relations subtiles avec ce territoire.
Histoire
[modifier | modifier le code]Dès l'époque romaine, il y a une garnison militaire sur ce belvédère pour surveiller la route reliant la plaine du Pô à la Gaule par le Val de Suse et le col de Montgenèvre, point de départ de la Via Domitia vers la vallée de la Durance. Une voie moins fréquentée permettait d'accéder à la vallée de la Maurienne par le col du Fréjus[1].
Vers 980, l'ermite Jean Vincent (Giovanni Vincenzo), disciple de Romuald de Ravenne, s'est installé au col de la Cella, sur le Monte Caprasio, en face du mont Pirchiriano. Une nuit, l'archange saint Michel lui apparaît et lui ordonne de reconstruire l'oratoire sur le mont Pirchiriano où il s'est installé et a été consacré par l'évêque de Turin, Amizon (989-998), fils d'Ardouin le Gable.
Hugues d'Auvergne[2], plus justement Hugues Maurice, seigneur de Montboissier[3], surnommé « le Décousu » s'est rendu à Rome avec son épouse Isengarde pour expier ses innombrables péchés. Le pape l'engage à construire un monastère. Il revient en France par la vallée de Suse où il s'arrête chez des amis qui lui parlent de l'oratoire de saint Michel sur le Pirchiriano. Il décide alors d'acheter le terrain à un Arduin, probablement Arduin, marquis d'Ivrée, pour rendre les moines indépendants du pouvoir temporel.
L'abbaye est probablement fondée vers 983-987 par Hugues de Montboissier le Décousu avec l'appui de la famille Ardouin près d'une ancienne chapelle construite par l'ermite Jean Vincent. Il obtient un privilège de l'évêque de Turin Amizon pour les futurs moines. Son fils, Maurice de Montboissier, revient en Piémont pour achever la fondation et intervenir auprès d'Otton III pour obtenir une confirmation et de Sylvestre II, entre 998 et 1002.
Guillaume de Volpiano se rend en pèlerinage à l'abbaye Saint-Michel de Cluse vers 987[4].
Grâce à l'initiative de Hugues de Montboissier et au recrutement systématique des abbés et des moines en Auvergne, se développe une hospitalité internationale, un ferment modérateur de politique régionale[5].
Une bulle du pape Innocent III de 1226 confirme la possession de droits dans les diocèses alpins de Genève jusqu'à Die, entre Poitiers et le Puy dans le Massif central, ainsi que dans les diocèses de Gascogne, des Pyrénées, d'Avignon, de Gérone jusqu'au Comminges[6].
L'abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse possédait par exemple déjà au XIe siècle, un prieuré à Albignac en Corrèze ou à Chamonix dans le comté de Genève[7].
Au XVIIe siècle, le prince Eugène de Savoie est nommé abbé commendataire de l'abbaye à l'âge de sept ans[8]. En 1622, le pape Grégoire XV supprime le monachisme dans l’abbaye. L'édifice est resté deux cents ans inoccupé.
En 1836, Charles-Albert de Sardaigne a confié la restauration de l'abbaye à Antonio Rosmini et y a transféré 27 dépouilles de la famille de Savoie. Le 23 août 1836, le pape Grégoire XVI a confié l'abbaye aux pères rosminiens.
Architecture
[modifier | modifier le code]Saint-Michel de la Cluse, une des abbayes bénédictines les plus célèbres, figure aujourd'hui parmi les plus importants ensembles architecturaux de la période romane présents en Europe. La structure architecturale de l'abbaye est tout à fait particulière. Les masses rocheuses accidentées de la montagne se fondent avec l'ensemble constitué par le soubassement, les marches et les contreforts de soutènement pour former un seul corps[9].
La particularité de l'église, outre son architecture extérieure, est de s'organiser autour d'un escalier central baptisé l'Escalier des Morts, où les illustres habitants du monastère étaient autrefois enterrés. Aujourd'hui, seuls cinq tombeaux subsistent. Cet escalier s'achève, en son plus haut point, sur le Portail du Zodiaque.
Culture et pèlerinage
[modifier | modifier le code]La Sacra est un lieu qui a toujours accueilli pèlerins ou voyageurs et reste un important site touristique et culturel de la région du Piémont. Il est le théâtre de nombreuses initiatives cultuelles et culturelles. Encore aujourd'hui il est possible de réserver une des cellules et de vivre dans les lieux habités par saint Anselme d'Aoste et par les moines de Cluny[10].
Abbés
[modifier | modifier le code]- Abbés réguliers
- 999 — 1002 - Advert, moine de l'abbaye de Lézat[11] ;
- 1002 — 1045 - Benoît I ;
- 1045 — 1066 - Pierre I ;
- 1066 — 1091 - Benoît II, moine de l'abbaye de Saint-Hilaire ;
- 1091 — 1095 - Guillaume I ;
- 1095 — 1124 - Ermenegaldo ;
- 1124 — 1142 - Gaufret ;
- 1142 — 1148 - Boniface I ;
- 1148 — 1170 - Stefano ;
- 1170 — 1200 - Benoît III ;
- 1200 — 1227 - Pierre II ;
- 1227 — 1239 - Elia ;
- 1239 — 1244 - Matteo ;
- 1244 — 1261 - Guillaume II de La Chambre ;
- 1261 — 1283 - Decano ;
- 1283 — 1292 - Raimondo ;
- 1292 — 1298 - Richard (Riccardo) de Villette[12] ;
- 1298 — 1308 - Andrea ;
- 1308 — 1310 - Antonio ;
- 1310 — 1325 - Guillaume III, fils du seigneur Thomas III de Savoie-Piémont ;
- 1325 — 1359 - Rodolfo di Mombello ;
- 1359 — 1361 - Ugone di Marbosco ;
- 1361 — 1362 - Giacomo ;
- 1362 — 1379 - Pierre de Fongeret ;
- Abbés commendataires
- 1391 — 1408 : Guillaume de Challant (° ?-†.12 mars 1431), il résigne son abbaye au profit de son frère lorsqu'il fut nommé évêque de Lausanne ;
- 1408 — 1411 : Amédée VI de Montmayeur (° ?-†.11 octobre 1422), évêque de Maurienne (1411-1422) ;
- 1411 — 1421 : Antoine de Challant (°v.1350 - †.4 septembre 1418), nommé cardinal en 1404 ;
- 1421 — 1446 : Jean Seyturier ;
- 1446 — 1461 : Guillaume de Varax (° ?-†.11 avril 1466), élu évêque de Belley en 1460 ;
- 1461 — 1503 : Jean de Varax (†1505), évêque de Belley ;
- 1503 — 1522 : Urbain de Miolans, dernier représentant de la Maison de Miolans ;
- 1522 — 1535 : Giovanni Battista Pallavicino, cardinal ;
- 1535 — 1535 : Bonifacio Ferrero, cardinal ;
- 1535 — 1538 : Filiberto Ferrero, cardinal ;
- 1538 — 1549 : Pier Francesco Ferrero, cardinal ;
- 1549 — 1560 : Filiberto Ferrero, cardinal ;
- 1560 — 1585 : Guido Luca Ferrero, cardinal ;
- 1585 — 1598 : Michele Bonelli, cardinal ;
- 1598 — 1603 : Lorenzo Capris ;
- 1603 — 1604 : Charles-Emmanuel Ier, duc ;
- 1604 — 1611 : Giovanni Botero ;
- 1611 — 1642 : Maurice de Savoie, cardinal ;
- 1642 — 1688 : Dom Antoine de Savoie (v.1626-†.1688), nommé par décret du et une bulle du .
Moines et personnalités célèbres
[modifier | modifier le code]- Ponce de Montboissier (°v. 1103 - †. ), moine de l'abbaye Saint-Michel de la Cluse, abbé de l'abbaye de Vézelay en 1138-1161. Il dut surmonter l'opposition des moines, des évêques d'Autun, Humbert de Bâgé, et Henri de Bourgogne (frère du duc Eudes), et enfin contenir l'hostilité des comte de Nevers, Guillaume II et Guillaume III qui soutiennent les habitants de la ville contre l'abbaye. Il ordonna à Hugues de Poitiers de rédiger l'Histoire de Vézelay[13]. Ce fut de son temps le que se tint à Vézelay cette assemblée où l'on résolut une nouvelle croisade[14].
Terriers, propriétés, dépendances
[modifier | modifier le code]- Abbayes, prieurés, églises
- Prieuré de Chamonix[15] ;
- Abbaye Notre-Dame de Boscodon dont l'abbé Jean de Poligny, demande à s'allier à l'abbaye en 1396, Boscodon devient bénédictine de 1400 à 1600. En 1431 l'archevêque d'Embrun, Jacques Gélu, fait tout son possible pour faire briser cette alliance[réf. nécessaire] ;
- Abbaye de Saint-Hilaire, alliée au XIe siècle, puis confirmée par Innocent III en 1216 et Innocent IV en 1246 ;
- Abbaye Saint-Jacques de Joucou, fut rattachée à l'abbaye Saint-Victor de Marseille en 1367 par le pape Urbain V[16] ;
- Prieuré Saint-Jean de Catus[17] ;
- Prieuré Saint-Jean de Narbonne.
Dans la fiction
[modifier | modifier le code]L'abbaye aurait été l'un des modèles à Umberto Eco pour son roman Le Nom de la rose. À l'exception de sa position élevée, cependant, elle ne ressemble en rien à celle du roman. Selon Earl Anderson, de l'université d'État de Cleveland, il est probable que l'auteur se soit en partie basé sur le plan de Saint-Gall pour créer son abbaye.
L'abbaye est également le support du roman Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea, prix Goncourt 2023.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Sacra di San Michele » (voir la liste des auteurs).
- Un poste militaire romain est situé au verrou de Cluse pour contrôler le passage des Alpes cottiennes qui les Romains ont conquis en 63 av. J.-C.. A. De Bernardi a émis l'hypothèse qu'une chapelle avait été construite à proximité du castrum à l'époque de Constantin pour les soldats chrétiens. En 461, le Val de Suse est occupé par le Burgondes, en 476 les Hérules d'Odoacre ont saccagé et occupé les villages de la vallée qui est reprise par les Byzantins l'année suivante. Après avoir défaits les Ostrogoths de Totila, les ducs byzantins dominent le nord de l'Italie, mais, entre 569 et 773, ce sont les Lombards qui dominent avant d'être battus par les Francs de Charlemagne. Les substructions d'une chapelle datant de l'époque mérovingienne a été trouvée dans les substructions de l'abbaye. Cette chapelle était peut-être déjà dédiée à l'archange saint Michel dont le culte aurait été introduit en Occident au Ve ou VIe siècle par des moines persans venus de Byzance à partir du sanctuaire de Monte Gargano. Le culte de saint Michel est souvent implanté dans des lieux élevés et solitaires.
- Mariotte 1978, p. 245.
- Daniel Martin (sous la dir.), L'identité de l'Auvergne: mythe ou réalité historique : essai sur une histoire de l'Auvergne des origines à nos jours, Éditions Créer, , 717 p. (ISBN 978-2-90979-770-0, lire en ligne), p. 250.
- Véronique Gazeau et Monique Goullet, Guillaume de Volpiano, un réformateur en son temps (962-1031)], traduit de la Vita domni Willelmi du chroniqueur Raoul Glaber, Caen, 2008, p. 92, (ISBN 978-2-902685-61-5) (lire en ligne).
- « Des origines aux Benedictins - Sacra di San Michele », sur Sacra di san michele (consulté le ).
- Mariotte 1978, p. 246.
- Mariotte 1978, p. 241.
- Histoire du Prince Eugène, Vienne, 1761. T. I p. 5
- Sources : "Les Itinéraires de la Foi" - Ville de Turin
- Sources : "Les Itinéraires de la Foi" - Ville de Torino
- Hélène Débax, La féodalité languedocienne: XIe – XIIe siècles : serments, hommages et fiefs, p. 36 (aperçu)
- Notices sur les Évêques et Prêtres de Chevron, t. IX, Besançon, Académie de la Val d'Isère (Imprimerie catholique de l'Est), coll. « Recueil des mémoires et documents », (lire en ligne).
- Cette histoire se termine en 1167. Hugues de Poitiers y fait des reproches aux moines de Cluny
- Graham Runnalls, An Abbot of Vezelay: Ponce de Montboissier, Londres 1918
- Dominique Dilphy, Les châteaux et maisons fortes du Pays du Mont-Blanc, Sallanches, Les Chats-Huants de Charousse, , 47 p., p. 7.
- Dom Claude de Vic, Dom Joseph Vaissète, Histoire générale du Languedoc, notes 148.
- Le prieuré Saint-Jean de Catus sur le site intramuros.org
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- A. De Bernardi, La Sacra de Saint-Michel, dans Congrès archéologique de France. 128e session. Piémont. 1971, Société française d'archéologie, Paris, 1972, p. 565-579
- Christian Lauranson-Rosaz, L'abbaye de Saint-Michel de la Cluse et le Midi de la Gaule, Xe-XIIIe siècles, dans sous la direction de Frederi Arneodo, Paola Guglielmotti, dans Attraverso le Alpi : S. Michele, Novalesa, S. Teofredo e altre reti monastiche atti del Convegno internazionale di studi, Cervére-Valgrana, 12-14 marzo 2004, Edipuglia, 2008, p. 39-61, (ISBN 978-88-7228-535-0) (lire en ligne)
- Jean-Yves Mariotte, « Les origines du prieuré de Chamonix », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 136, no 2, , p. 241-269 (lire en ligne) (Présentation de l'abbaye des pages 245 à ).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Santuario di San Michele Arcangelo de Monte Gargano
- Abbaye du Mont-Saint-Michel
- St Michael's Mount
- La ligne sacrée de Saint Michel
Liens externes
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- Site officiel
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- [PDF] Via Alta : de Suse à Avigliana