Alignements de Carnac
Les alignements de Carnac sont un ensemble d'alignements mégalithiques exceptionnels situé sur les communes de Carnac et de La Trinité-sur-Mer dans le département du Morbihan en Bretagne. Constitués de menhirs et d'enceintes curvilignes associées à des tombes individuelles (tumulus mégalithiques) ou collectives (dolmens) s'étirant sur plus de quatre kilomètres, ces alignements, érigés vers 4 500 ans avant J.C, sont les ensembles mégalithiques les plus célèbres et les plus impressionnants de cette période, avec près de 3 000 pierres levées[1].
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Les menhirs sont protégés au titre des monuments historiques par plusieurs listes et arrêtés successifs dès 1889. En 1996, les sites mégalithiques de Carnac sont inscrits sur la liste indicative de l'UNESCO en vue d'une candidature d'inscription au Patrimoine mondial dans la catégorie culturelle.
Histoire
modifierPremières mentions et relevés
modifierLes premières mentions des sites ne sont pas antérieures à la deuxième moitié du XVIIIe siècle[2]. En 1732, l'écrivain André-François Boureau-Deslandes voit dans ces pierres des vestiges du Déluge[3]. Dans sa Description historique, topographique et naturelle de l'Ancienne Armorique ou Petite Bretagne rédigée vers 1753-1755, Christophe-Paul de Robien donne la première représentation connue des menhirs de Carnac (alignements de Kermario), qu'il qualifie d'« antiquités gauloises », et souligne que les pierres semblent avoir été disposées selon leur ordre de taille[4]. En 1805, Maudet de Penhoët, tout en reprenant les thèses de ses prédécesseurs, est le premier à souligner l'intérêt d'entreprendre des fouilles[5].
Au XIXe siècle, les alignements de Carnac inspirent de nombreux hommes de lettres : le chevalier de Fréminville dans ses Antiquités du Morbihan (1829), Prosper Mérimée dans ses Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France (1835), Gustave Flaubert et Maxime du Camp (1847).
Les premiers relevés topographiques des sites sont dus à Jean-Baptiste-Joseph Jorand en 1823[6] et le premier plan de masse des monuments de la région est levé par Murray Vicars en 1832[Note 1].
Dans le dernier quart du XIXe siècle, les fouilles des archéologues étrangers (W. C. Lukis, J. Miln) et ceux de la Société polymathique du Morbihan conduisent à de nouvelles interprétations fondées sur l'archéologie mais elles se consacrent essentiellement aux monuments funéraires (tumulus et dolmens) [7]. Pendant l'Occupation, certains archéologues allemands s'intéressent aux alignements de Carnac y voyant un signe de l'« indo-germanisation » de la région par des populations extérieures venues du nord par la mer. Ces recherches, organisées par l'Institut archéologique allemand, sont directement chapeautées par Alfred Rosenberg et bénéficient de l'aide de la Luftwaffe pour réaliser des relevés topographiques du secteur[8],[9].
Destructions et restaurations
modifier« Les peulvens de Karnac font un effet immense. Ils sont innombrables et rangés en longues avenues. Le monument tout entier, avec ses cromlechs qui sont effacés et ses dolmens qui sont détruits, couvrait une plaine de plus de deux lieues. Maintenant on n’en voit plus que de la ruine. »
— Victor Hugo, Lettres à Adèle, 12 août 1834.
En 1629, de nombreuses pierres sont prélevées et débitées pour construire l'église de Carnac. Tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les alignements de Carnac servent de carrière de pierre pour toutes les constructions locales (clôtures des champs, phares, maisons, canaux, routes, chemins de fer…)[10],[11]. Les premières restaurations de sites sont concomitantes mais elles sont parfois abusives. « Seuls demeurent les plus gros monolithes, formant les amorces des lignes reconstituées depuis, sans scrupule, par extrapolation. Certaines files seraient parfaitement fantaisistes, inventées de toutes pièces ». Selon Pierre-Roland Giot, seuls 36 % des menhirs actuels seraient dressés à leur place d'origine[12]. Dans la première moitié du XXe siècle, l'essor de la mécanisation agraire entraîne la mise en culture des champs où des menhirs sont présents et certains sont alors déplacés ou débités pour faciliter l'exploitation des terres[10]. Dans les années 1950, la construction de route départementale RD 196 longeant les alignements endommage les strates archéologiques et les files de menhirs les plus méridionales des alignements[10].
Description
modifierLes alignements de Carnac s'étendent sur environ 4 km de longueur, entre la baie de Plouharnel et la rivière de la Trinité-sur-Mer et il est possible qu'à l'origine ils aient même atteint la rivière de Crac'h, ce qui porterait leur longueur totale à 8 kilomètres. Ils marquent la jonction de deux territoires différents, l'un littoral au sud et l'autre continental au nord [13]. Ils comprennent environ 3 000 menhirs, chiffre sans doute largement en deçà de ce qui existait au Néolithique[14].
Ces alignements sont constitués de files de menhirs plus convergentes que parallèles, associées à des enceintes mégalithiques, des menhirs isolés, des tumulus dévolus à l'ensevelissement d'un individu au statut social important ou des tombes collectives[15]. Ces alignements sont orientés selon une direction générale sud-ouest/nord-est (N 65°)[16]. Dans la plupart des alignements, les menhirs sont généralement associés à au moins une enceinte curviligne disposée à l'ouest d'où partent les files de menhirs, rangés par ordre décroissant de taille en direction de l'Est. Tous les menhirs sont exclusivement constitués de blocs en granite, d'origine locale, un granite d'anatexie à deux micas hétérogènes, comprenant des zones porphyroïdes[17].
On recense quatre alignements principaux d'ouest en est : le Ménec, Kermario, Kerlescan et le Petit Ménec.
Alignement du Ménec
modifierCet alignement mesure 950 mètres de long sur 100 mètres de large et comprend 1 050 menhirs répartis sur 11 files. L'alignement a été coupé en deux parties inégales lors de la construction de la RD 196, la partie orientale du site est désormais appelée alignement de Toulchignan. Les plus hautes pierres de l'alignement atteignent 4 mètres de hauteur. L'alignement est précédée au sud-ouest par une enceinte curviligne incluse dans le village du Ménec. Une seconde enceinte, très ruinée, est visible à son extrémité orientale.
Alignement de Kermario
modifierCet alignement est le plus connu et le plus fréquenté des alignements de Carnac car celui qui comporte les menhirs les plus spectaculaires mais c'est aussi l'alignement qui a été le plus endommagé et le moins bien restauré. L'alignement s'étire sur 1 100 mètres de long et comporte 982 menhirs. Le creusement de l'étang de Kerloquet au XIXe siècle a détruit une partie des files et il est difficile de savoir si les menhirs visibles au-delà de l'étang, connus désormais sous le nom d'alignement de Kerloquet correspondent à un site indépendant ou à l'extrémité orientale de l'alignement d'origine.
Alignement de Kerlescan et du Petit Ménec
modifierDe tous les alignements de Carnac c'est celui qui a été le mieux préservé. Il s'étire sur 350 mètres de longueur et comporte encore 300 menhirs répartis sur 13 files non parallèles. Il est précédé d'une enceinte rectangulaire édifiée sur une légère hauteur : pour un observateur qui serait placé à l'extrémité orientale du site, l'ensemble des files donnent ainsi l'impression « de monter vers » l'enceinte occidentale. L'alignement de Kerlescan se prolonge dans un bois situé au-delà de la route menant à la Trinité-sur-Mer par celui du Petit Ménec, très endommagé et en grande partie masqué par le couvert forestier, demeurant de fait mal connu.
Façonnement du paysage mégalithique
modifierAu Néolithique, pendant près de 3 000 ans, une civilisation agricole et maritime façonne un paysage mégalithique sur les rives du Morbihan qui ont à cette époque un aspect différent de celui du littoral actuel : alors que l'océan s'est retiré environ 120 mètres au-dessous de son niveau actuel au dernier maximum glaciaire (ce qui positionne le trait de côte à environ 80 km de distance par rapport au littoral actuel), le réchauffement climatique postglaciaire induit une remontée du niveau marin, ce qui entraîne le débordement des vallées de la baie de Quiberon très envasée. Au Ve millénaire av. J.-C., ce niveau se situe à environ 7 m en dessous du niveau actuel, permettant aux populations de bénéficier d'une large plaine littorale soumise au phénomène des marées, et qui recouvre ou exonde d'immenses vasières[19]. Le climat, relativement similaire à celui d'aujourd'hui, favorise la recolonisation de la région par des espèces végétales tempérées et par la forêt décidue composée principalement de chênes, d'aulnes et de noisetiers. Les défrichements forestiers entrepris par les agriculteurs-éleveurs néolithiques sont utilisés pour la culture d'espèces végétales domestiques non indigènes (blé et orge) et de l'élevage du mouton, inconnu des biotopes régionaux, ce qui est à l'origine de la formation de landes régressives. Cette mise en place d'une économie de production précède de peu la sédentarisation qui voit les sociétés néolithiques d'agriculteurs-éleveurs édifier les premières architectures de pierre connues en Europe occidentale. Au gré de ces changements majeurs, les architectures mégalithiques participent à une organisation rationnelle de l'espace de vie et la structure du territoire habité[20].
Les alignements et les tumulus géants carnacéens, où sont enterrés des personnages de haut rang, s'inscrivent ainsi dans une civilisation agricole et maritime fortement hiérarchisée enrichie par l'extraction et la production de sel marin dans une baie très protégée, de faible profondeur[Note 3]. L'enrichissement qui en résulte permet aux élites locales d'importer des biens d'apparat en « roches vertes »[Note 4] : haches et herminettes polies d'origine alpine, perles et pendeloques en variscite, d'origine ibérique[21].
Interprétations diverses
modifierDes vestiges romains...
modifierAu XVIIIe siècle, les antiquaires de l'époque, cherchant une explication à l'ampleur des alignements, développent des interprétations d'autant plus fantaisistes que certains d'entre eux parlent des alignements sans probablement jamais les avoir vu[22],[Note 5]. D'autres érudits attribuent les alignements aux Romains et développent la thèse du « camp de César ». En 1755, Royer de la Sauvagère, officier du génie, émet l'idée que les alignements seraient les vestiges d'un camp romain, datant de la Guerre des Gaules, ayant contenu de 13 000 à 14 000 hommes, et que les soldats romains auraient dressés les pierres pour protéger leurs tentes du vent. Dès 1755, Robien remet en question l'hypothèse qu'il s'agirait d'un ancien cimetière mais en 1805 Maudet de Penhoët y voit encore des monuments funéraires élevés par les Gaulois en l'honneur des guerriers tombés lors du siège de Dariorigum (Vannes)[5]. En 1764, Anne-Claude de Caylus réfute la thèse de la Sauvagère et estime que les alignements résultent de l’installation d'une population étrangère venue s'établir en territoire vénète[23].
...aux pierres druidiques ...
modifierDans la première édition du Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne parue en 1788-1790, Ogée reprend la thèse de la Sauvagère (camp de César) puis fait sienne l'opinion de François de Pommereuil, capitaine d'artillerie, qui y voit un monument religieux des Celtes. Tout au long du XIXe siècle, l'essor de la celtomanie contribue à voir dans les mégalithes des « pierres druidiques » et à accorder aux alignements de Carnac des fonctions symboliques et sacrées : lieux de culte phallique[24], ophiolâtrique)[25], solaire ou du zodiacal (Jacques Cambry[26]-1805[Note 6]), site de rassemblement des druides de l'Armorique et des îles britanniques (La Tour-d'Auvergne -1792)[27],[3], temple druidique (Mahé-1825)[28], calendrier marquant les cycles agricoles[29].
...et autres théories farfelues
modifierEn 1872, dans son ouvrage Rude stones monuments in all countries, premier ouvrage de synthèse sur les monuments mégalithiques dans le monde reprenant les dernières découvertes archéologiques connues, l'écossais James Fergusson énonce que « les alignements de Carnac ne sont ni des temples, ni des tombeaux, ni des lieux de réunion »[30] mais l'abondance des objets d'époque romaine recueillis sur les sites le conduise à maintenir « qu'ils ne sont pas antérieurs aux Romains »[30] et il affirme en conclusion « ce sont des trophées et la batailles qu'ils rappellent fut livrée entre les années 380 et 550 de notre ère, c'est à dire à l'époque d'Arthur, à laquelle appartiennent également les constructions mégalithiques de la Grande-Bretagne »[30]. En 1906, H.-P. Hirmenech défend une thèse selon laquelle les alignements auraient élevés en mémoire de combattants venus du Nord qui seraient morts lors du siège de Troie[31]. En 1914, le préhistorien Marcel Baudouin, grâce à une méthode basée sur l'astronomie, prétend être capable de donner la date de construction des alignements[Note 7]. En 1930, A. Baschmakoff dans un long article publié dans la revue L'Anthropologie soutiendra que l'ensemble des alignements serait la représentation d'un clan tribal, chaque file représentant une subdivision du clan[32].
Dès 1836, Dans ses Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France, Mérimée avait critiqué les antiquaires étrangers et bretons qui publient des travaux sur les pierres « dites celtiques ou druidiques » et émettent des thèses qui reposent plus sur leur imagination que sur des observations factuelles. En 1858, Flaubert avec beaucoup d'humour se gaussait franchement de toutes ces thèses pseudo-scientifiques :
« Pour en revenir aux pierres de Carnac (ou plutôt pour les quitter), que si l'on me demande, après tant d'opinions, quelle est la mienne, j'en émettrai une, irréfutable, irréfragable, irrésistible, une opinion qui fera reculer les tentes de M. de La Sauvagère et pâlir l'égyptien Penhouët, qui casserait le zodiaque de Cambry et hacherait le serpent Python en mille morceaux. Cette opinion la voici : les pierres de Carnac sont de grosses pierres ! »
— Gustave Flaubert
Dans l'imaginaire
modifierFolklore et légendes
modifierLes alignements appartiennent au folklore de la région de Carnac où ils ont suscité diverses superstitions, légendes et interprétations fantaisistes très anciennement et parfois généralement accréditées[33]. Ces pierres seraient ainsi réputées pour abriter un trésor à leur pied, mais que toute personne cherchant à l'obtenir mourrait[34].
La légende de saint-Cornély rapportée par l'abbé Buléon en 1899 dans les Annales de Bretagne raconte ainsi la mésaventure des soldats romains poursuivant Cornély, pétrifiés et transformés en menhirs par celui-ci[10]. Des traditions locales ont opéré une attraction paronymique pour inventer une parenté entre Cornely, saint protecteur du bétail et la divinité gauloise cornue Cernunnos, voire Carnac[35]. Une ancienne pierre boiteuse, située près du village de Luffang, à Crach, serait aussi un soldat pétrifié, mais en retard par rapport au reste de l'armée car boiteux[34]. La nuit de Noël, ces pierres vont boire dans les ruisseaux, écrasant humains et bêtes sur leurs passages[36]. Recueillie en 1864, cette légende était très populaire parmi les enfants de Carnac, au point qu'ils aillent, tous les jeudis, la raconter aux touristes visitant la région, jusqu'à ce qu'un arrêté municipal pris dans les années 1960 interdise cette pratique[34].
Dans la fiction
modifierLes alignements de Carnac sont un des lieux de tournage en extérieur du film, réalisé par Abel Gance, Le Roman d'un jeune homme pauvre, sorti en 1935.
Dans Astérix en Hispanie de Goscinny et Uderzo, c'est Ordralfabétix qui projette de créer les alignements de Carnac. Dans Le Scrameustache de Gos, ils sont le théâtre de plusieurs aventures, notamment dans Le Magicien de la Grande Ourse et Le Cristal des Atlantes. Dans le premier, un menhir emprisonnant un personnage maléfique, Falzar, est ajouté aux alignements ; dans le second, ils servent de moyen de propulsion à la soucoupe spatiale des héros[37].
Les alignements de Carnac ont également servi de source d'inspiration à Junichi Masuda pour les jeux vidéo Pokémon X et Pokémon Y[38]. La ville fictive de Cromlac'h possède également son alignement de menhirs.
Tourisme
modifierEssor du tourisme
modifierC'est à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que l'engouement pour le site mégalithique de Carnac prend naissance. Des auteurs romantiques comme Victor Hugo, Guy de Maupassant, Stendhal ou Jules Michelet racontent leurs voyages sur place[39]. Le développement du chemin de fer contribue à l'essor du tourisme en Bretagne et progressivement l'intérêt pour les mégalithes touche un public plus vaste que celui des seuls antiquaires[40].
Surfréquentation et régulation
modifierDans les années 1970, la surfréquentation touristique est responsable d'une dégradation alarmante des sites par surpiétinement du fragile couvert végétal et elle est accusée de contribuer au déchaussements des menhirs et à la destruction du sous-sol archéologique[41]. En 1991, l'État prend des mesures de préservation des sites et parallèlement lance un programme de restauration : afin de réguler la surfréquentation touristique et l'érosion anthropique qui en découle, les sites sont clôturés[42] et bénéficient d'un programme de revégétalisation[41] tandis qu'un parcours piétonnier hors alignement est aménagé. Hors saison, les sites demeurent en libre accès mais en pleine saison estivale, l'accès est restreint aux seules visites commentées organisées par la Maison des mégalithes, soit moins de 30 000 personnes par an[43]. Les visites font l'objet d'un système de rotation par site avec instauration d'une jauge ne dépassant pas les 400 personnes par jour[43]. À partir de 1995, l'entretien des sites est assuré par l'installation de moutons de la race Lande de Bretagne dont le pâturage contribue à limiter la repousse des espèces végétales[43].
Ce programme de préservation et de régulation est alors vivement contesté par des riverains, l'association Menhirs libres[Note 8] et des élus locaux qui craignent qu'il ne masque en réalité une privatisation du site[44] d'autant qu'il est envisagé de dévier la route CD 196, de détruire certaines habitations situées au cœur des alignements de Kermario et d'exproprier une dizaine de familles d'agriculteurs habitant à proximité du site[44],[Note 9]. Christian Bonnet, sénateur-maire de Carnac, est alors soupçonné de vouloir créer une une réplique en béton des alignements (à l'instar de Lascaux 2)[12]. Ce projet touristico-culturel qualifié de « menhirland » par ses opposants, est jugé illégal par le tribunal administratif de Nantes et officiellement abandonné en 2003 par Jean-Jacques Aillagon, alors Ministre de la Culture[45].
Aménagements
modifierAu début des années 1990, la Maison des mégalithes a été édifiée au sud de l'alignement du Ménec. Conçu pour accueillir le public et géré par le Centre des monuments nationaux, ce centre d’interprétation du site de Carnac s’est avéré au fil des années peu adapté au flux des 700 000 visiteurs annuels. Le 10 mars 2018, après un réaménagement intérieur complet, la Maison des mégalithes rouvre ses portes[46],[47]. En 2011, cette maison est complétée par l'installation de deux nouveaux points d'information supplémentaires à Kermario et au Ménec[48].
Inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO
modifierLe 20 septembre 1996, les sites mégalithiques de Carnac sont inscrits sur la liste indicative de l'UNESCO en vue d'une candidature d'inscription au patrimoine mondial dans la catégorie culturelle[49]. Dans le cadre ce projet, Christian Obeltz[Note 10] a réalisé un inventaire des monuments mégalithiques de la région de Carnac (près de 1 000 km2 entre la presqu'île de Quiberon à l'extrémité est du golfe du Morbihan) : elle compte plus de 500 sites mégalithiques et 14 500 menhirs[50]
En 2007 est créé le Comité scientifique de Carnac, sous la présidence d'Yves Coppens, qui est chargé de valider le territoire à labelliser entre la ria d'Étel et la presqu'île de Rhuys[51]. En 2013, le conseil départemental du Morbihan crée l’association Paysages de mégalithes afin de porter le projet d’inscription des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au patrimoine mondial de l’UNESCO. Outre Carnac, 26 autres communes du golfe du Morbihan sont concernées[52] avec un total de 397 sites. La décision de l'UNESCO est attendue en 2025[53].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Il ne sera publié en France, dans une version simplifiée, qu'en 1878 dans la traduction de l'ouvrage de James Fergusson Rude stones monuments in all countries.
- Les eaux sont à cette époque stockées dans les glaciers des calottes nord-européennes
- Extraction dans des aménagements de type piégeage d'eau de mer, bassins d’évaporation installés sur les côtes rocheuses, sablons lavés à l'eau douce afin d'en récolter la saumure soumise à une évaporation naturelle (sel solaire) ou bien artificielle (sel ignigène) par cuisson et/ou au moulage d'une galette de sel. Cf Serge Cassen, Olivier Weller, « Idées et faits relatifs à la production des sels marins et terrestres en Europe, du VIe au IIIe millénaire=Joaquina Soares », dans Prehistory of Wetlands. Landscapes of salt. Setúbal, Setúbal Arqueológica, , p. 255-304, Serge Cassen, Pierre Arnaud de Labriffe, Loïc Ménanteau, « Sels de mer, sels de terre. Indices et tests de fabrication sur les rivages d'Europe occidentale, du troisième millénaire », Cahiers d'archéologie de l'Université de Navarre, no 12, , p. 9-49
- Néphrite, chloromélanite, jadéitite, lomphacitite, éclogite, serpentinite, etc.
- André-François Boureau-Deslandes décrit ainsi plus d'une centaine de trilithes, semblant plus inspirés par Stonehenge que par les alignements, et affirme que les habitants les appellent lie haven (terme breton qui n'existe que dans le Finistère).
- Le premier chapitre de son Monuments celtiques ou Recherches sur le culte des pierres est entièrement consacré à Carnac.
- Il date l'alignement du Petit-Menec de 13 000 ans, ceux du Menec et de Sainte-Barbe de 12 000 ans, Kermario de 8 000 ans, Kerlescan de 6 000 ans et Kerzhero de 7 800 à 6 000 ans avant le présent.
- Association fondée en 1993 par Yannig Baron.
- « La détermination de la famille Mary lui vaut d'être comparée aux Gaulois d'Astérix dans un article qu'Armor Magazine lui consacre, intitulé « Les menhirs font de la résistance » ». Cf. Nathalie Dugalès, Ibid.
- Correspondant du Laboratoire de Recherche Archéologie et Architecture (LARA) de l'Université de Nantes.
Références
modifier- Datation des charbons de bois au carbone 14 et des tessons de poteries par thermoluminescence. Cf. Jean Danzé, Le secret des menhirs, La Découvrance Éditions, , p. 43.
- Bailloud et al. 2009, p. 12.
- Jacques Briard, Les mégalithes, ésotérisme et réalité, Editions Jean-Paul Gisserot, , p. 52.
- Belaud de Saulce 2012, p. 7.
- Bailloud et al. 2009, p. 17.
- Voire la notice du peintre dans la Biographie universelle ancienne et moderne de Louis-Gabriel Michaud (1843, tome 21, p. 150).
Monumens celtiques de Carnac, de Locmariaker Sra, faisant suite à ceux de l'atlas des siècles de la monarchie française, Jean-Baptiste-Joseph Jorand, Paris, Engelmann, 1830 (en ligne). - Bailloud et al. 2009, p. 27.
- Reena Perschke: Les mégalithes du Morbihan littoral sous l´occupation allemande (1940-1944). Bulletin et Mémoires du Morbihan, Société Polymathique du Morbihan, tome CXXXIX (Vannes 2013), p. 63-89 (en ligne). Voir aussi Laurent Olivier, « [Renaissance de l'historiographie, 2] L'archéologie nazie, un passé qui ne passe pas », dans Cours du Collège de France, (en ligne)
- Jean-Pierre Legendre, Laurent Olivier, Bernadette Schnitzler, Des archéologues nazis en France occupée, La Recherche, no 409, p. 54-57.
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, cop. 2012 (ISBN 978-2-7577-0206-2 et 2-7577-0206-8, OCLC 805058016, lire en ligne)
- Pierre-Roland Giot, Les alignements de Carnac, Ouest-France, , p. 7
- Nicolas de La Casinière, « A Carnac, les alignements de l'arnaque. Malmené depuis des siècles, le site fait l'objet d'un projet d'aménagement contesté », sur liberation.fr, .
- D. Sellier, Analyse morphologique des marques de la météorisation des granités à partir de mégalithes morbihannais. L'exemple de l'alignement de Kerlescan à Carnac, Revue archéologique de l'ouest, tome 8, 1991. p. 83-97.
- Joël Cornette, La Bretagne, une aventure mondiale, Tallandier, , p. 47.
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, , p. 63
- Les mégalithes dans leur environnement géomorphologique dans la région de Carnac (voir légende en A). Cf Yannick Lageat, Dominique Sellier et Charles R. Twidale, « Mégalithes et météorisation des granites en Bretagne littorale, France du nord-ouest », Géographie physique et Quaternaire, vol. 48, no 1, , p. 109 (lire en ligne)
- Jean Cogné, Schistes cristallins et granités en Bretagne méridionale. Le domaine de l'Anticlinal de Cornouaille, Mémoires pour servir à l'explication de la Carte géologique détaillée de la France, Imprimerie Nationale, 1960, 382 p.
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, , p. 13
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, , p. 15
- Belaud de « Saulce » 2012, p. 4.
- C. Boujot, S. Cassen, « Le développement des premières architectures funéraires monumentales en Europe occidentale », dans Charles-Tanguy Le Roux (dir.), Paysans et bâtisseurs. Lémergence du Néolithique atlantique et les origines du mégalithisme. Actes du 17e Colloque Interrégional sur le Néolithique, Revue Archéologique de l'Ouest, supplément 5, , p. 195-211
- Bailloud et al. 2009, p. 14.
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- Gwenc'hlan Le Scouëzec, Jean-Robert Masson, Bretagne mégalithique, Seuil, , p. 157.
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- Anne de Mathan, Jacques Cambry, 1749-1807, Centre de recherche bretonne et celtique, , p. 18.
- Bailloud et al. 2009, p. 16.
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- René Auffret, Histoire familière de Carnac, Grassin, , p. 17
- Fergusson 1878, p. 395.
- H.-P. Hirmenech, Les Vénètes, la guerre de Troie et les alignements de Carnac, Paris, E. Leroux, , 16 p. (BNF 34010267)
- Alexandre Baschmakoff, « Les alignements de Carnac (Morbihan) », L'Anthropologie, , p. 34-75 (lire en ligne [PDF])
- Gwenc'hlan Le Scouëzec et Jean-Robert Masson, Bretagne mégalithique, Seuil, , p. 31-36
- Gérard Lomenec'h, Légendes des dolmens et menhirs, Coop Breizh, (ISBN 978-2-84346-548-2 et 2-84346-548-6, OCLC 819302689, lire en ligne)
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- Mathilde Lizé, « Jeu vidéo : quand la France inspire les Pokémon », sur lepoint.fr, (consulté le )
- Roland Becker, Carnac. Des pierres racontées par les voyageurs des 18e & 19e siècles, Coop Breizh, , 205 p..
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- Bernard Hasquenoph, « Carnac, méga-saga patrimoniale », sur louvrepourtous.fr,
- Nathalie Dugalès, Ronan Le Coadic, Fabrice Patez, Et la Bretagne ? Héritage, identité, projets, Presses universitaires de Rennes, , p. 87
- « Des menhirs enfin sereins », sur lepoint.fr, .
- Raphaël Baldos, « A Carnac, les mégalithes ont une nouvelle maison », sur la-croix.com,
- « Carnac. La maison des mégalithes ouvre ses portes », sur ouest-france.fr,
- « Mégalithes. Deux nouveaux Points I pour s'orienter », sur letelegramme.fr,
- Sites mégalithiques de Carnac sur whc.unesco.org
- Serge Cassen (dir.), Carnac. Récit pour un imagier, LARA, , p. 21
- « Carnac. Au Patrimoine mondial de l'Unesco ? », sur letelegramme.fr,
- « Candidature UNESCO : une commission se penche sur de nouvelles protections des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan », sur Ministère de la culture, (consulté le )
- « Candidature UNESCO : une commission se penche sur de nouvelles protections des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan », sur Les Échos, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Gérard Bailloud, Christine Boujot, Serge Cassen et Charles-Tanguy Le Roux, Carnac, les premières architectures de pierre, Paris, CNRS Éditions, coll. « Patrimoine », , 160 p. (ISBN 978-2-271-06833-0)
- Anne Belaud de Saulce, Les alignements de Carnac, Éditions du Patrimoine, , 63 p. (ISBN 9782757702000)
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, cop. 2012 (ISBN 978-2-7577-0206-2 et 2-7577-0206-8, OCLC 805058016)
- James Fergusson (trad. Abbé Hamard), Rude stone monuments in all countries [« Les monuments mégalithiques de tous pays : leur âge & leur destination »], Paris, Haton,
- Lionel Pirault et Cécile Talbo, Diagnostic archéologique : commune de Carnac. Parcelles 40 AC, 71 AC, 134 AC, 86 M, 84 M, --, éd. par le Service régional de l'archéologie de Bretagne, Rennes, 1995, 61 p., avec une bibliogr. générale p. 40-53 du pdf (en ligne).
- Pierre-Roland Giot, Les alignements de Carnac, Rennes, , 32 p. (lire en ligne)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à l'architecture :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Les alignements de Carnac sur le site du Centre des Monuments Nationaux
- Carte des alignements de Carnac