Les Hazard, une famille de foot

BRAINE-LE-COMTE (BELGIQUE)

 Les Hazard, une famille de foot

    C'est donc là, à Braine-le-Comte, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière, que se trouve la fabrique de footballeurs la plus célèbre de Belgique. Eden Hazard, le joyau de Lille, en est, pour l'instant, le plus beau représentant. Une petite maison en briquettes rouges située rue duâ?¦ Stade, plantée au milieu des champs et tout près d'un terrain de foot à l'herbe fatiguée. Ici vivent Carine et Thierry Hazard, heureux parents de quatre garçons. Si les deux plus petits (Kylian et Ethan) sont toujours là, les deux grands (Eden et Thorgan) ont quitté le nid. Dans l'antre des Hazard, tout respire le foot : les murs où sont accrochées d'innombrables photos des gamins en short et crampons, le jardin où trône une minicage et même le garage, dont les vitres à double vitrage ont été martyrisées par des ballons du matin au soir. Dans le salon, Ethan, le petit dernier, vous accueille, lové dans un fauteuil et avec un ballon à son nom scotché dans les mains. « On ne joue pas dans la maison! » s'égosille sa maman. Bienvenue chez les Hazard, où on est footballeur deâ?¦ mère et de père en fils.

    Carine, 46 ans

    Souriante et dynamique, Carine Hazard est prof de sport dans un collège et a joué attaquante dans un club de Division 1 de 20 à 26 ans. « Petite, je suivais mon père aux matchs, raconte-t-elle. J'ai joué plus tard et Eden a marqué des buts avant sa naissance grâce à moi! » Elle s'est en effet arrêtée de jouer après trois mois de grossesse. La rencontre avec son mari a évidemment eu lieu dans un stade : « Il venait voir les filles! » Aujourd'hui, le bonheur de Mme Hazard est « d'aller regarder jouer mes enfants après une semaine de travail ».

    Thierry, 44 ans

    Semi-pro à La Louvière en L2 dans les années 1990, cet ex-milieu de terrain défensif est également prof de sport dans le primaire. Mais il s'est mis en disponibilité depuis deux ans pour se consacrer à ses enfants. « On s'organise, explique-t-il. Les week-ends sont bien remplis avec beaucoup de kilomètres en voiture. C'est ma femme qui est la plus acharnée, mais on n'a jamais poussé les enfants à jouer au foot. » Premier supporteur et entraîneur de ses fils, il est ainsi allé voir mercredi Thorgan à Lens avec Eden pour fêter sa première apparition chez les pros.

    Eden, 20 ans

    Phénomène de précocité, de vélocité et de virtuosité, le milieu offensif de Lille est un vrai petit génie repéré par le Losc dès 9 ans. Ecrire qu'il est né avec un ballon dans les pieds n'est pas forcément un cliché. « Ce n'était pas une obsession, mais il fallait qu'il joue tout le temps », confie son père. « J'ai envie d'être premier partout », lançait-il il y a quelques mois dans un documentaire diffusé sur Canal +. Objectif en passe d'être atteint pour ce talent rare qui ne fera pas de vieux os en L1. Une saison encore à Lille puis ce sera le grand saut vers la consécration internationale. Pas ingrat, Eden a acheté 50 places pour la finale de demain pour sa famille et ses amis. Un car partira de Braine-le-Comte. « Il est resté le même », insiste Carine. Une maman désormais grand-mère, puisque son fils aîné est déjà papa d'un Yannis depuis décembre. La lignée des Hazard a de beaux jours devant elleâ?¦

    Thorgan, 18 ans

    Lui aussi est pro depuis un an, mais chez le rival lensois, où il est arrivé en 2007. « Mes parents ont préféré que je ne sois pas dans le même club qu'Eden pour éviter les comparaisons, explique Thorgan, dont le prénom s'inspire d'une célèbre bande dessinée belge (« Thorgal »). Moins explosif que son frangin, il est plus meneur de jeu. Mais à l'écouter, il aurait pu être gardien de but : « Quand on était petits, j'allais dans la cage et Eden me tirait dessus comme un fou! » En septembre, cet international U19 (NDLR : moins de 19 ans) tentera de décrocher un bac STG (sciences et technologies de la gestion). Il sera alors temps pour lui de se faire un prénom.

    Kylian, 15 ans

    Dès qu'il soufflera ses 16 bougies, le 5 août, il intégrera le centre de formation de Lille et Eden le prendra sous son aile. Une aubaine pour cet attaquant qui avoue s'ennuyer à l'école. « Quand je vois mes grands frères, cela me donne envie d'être pro, affirme-t-il. Je me suis fixé cet objectif, mais sans pression. » Lui aussi est allé effectuer un stage à Lens, mais cette fois-ci, le Losc s'est montré plus convaincant. Pour l'instant, il soigne un mal de dos, afin d'être prêt cet été, quand il franchira les grilles de Luchin, le centre d'entraînement lillois.

    Ethan, 7 ans

    Entre dessins animés, musique et vélo, le benjamin semble moins passionné par le ballon que ses frères. « Il est dans son monde », constate son père. Mais cela ne l'a pas empêché d'effectuer un stage de foot durant les vacances de Pâques. Pour l'instant, son idole n'est pas Eden, mais plutôt le chanteur Christophe Maé. Et il ne comprend toujours pas pourquoi ses camarades de classe lui réclament des photos et des autographes de son illustre frère.