Entré à l'Ecole des chartes en 1928 et nommé archiviste paléographe en 1932, Jean Adhémar s'était d'abord orienté vers les études médiévales. Rapide, comme il le fut toujours, il soutint, en 1938, sous la direction d'Henri Focillon, une thèse qui rassemblait une riche documentation sur "Les influences antiques dans l'art du Moyen Age français". En 1950, il publia, avec Francis Salet, une monographie sur la Madeleine de Vézelay.
Sa place était trouvée depuis longtemps à la Bibliothèque nationale, mais c'est au département des estampes qu'il trouva finalement sa voie, et il en devint le conservateur en chef au départ de Jean Vallèry-Radot, en 1961. Dès lors, son activité, qui fut tout à fait considérable, se répartit entre deux responsabilités majeures : le grand département documentaire de la Bibliothèque nationale et, d'autre part, la Gazette des beaux arts, dont il fut nommé, vers 1950, rédacteur en chef par Georges Wildenstein.
Disposant ainsi de deux positions fortes, il passait de l'une à l'autre avec une étonnante facilité, jouant ainsi un rôle assez discret mais appréciable dans la culture artistique.
Sa manière faite d'ironie brusque et de malice mêlée au savoir se retrouvait dans les notes critiques des catalogues comme dans les petites chroniques incisives, caustiques, souvent même cavalières, de la Gazette des beaux-arts. Il avait le même style dans son enseignement à l'Ecole du louvre et à l'Université libre de Bruxelles (à partir de 1946).
Auteur du second tome de l'Inventaire du Fonds français des Estampes pour le seizième siècle (1938), Jean Adhémar multipliait les aperçus sur l'art de la Renaissance en France : notes sur le mécénat de François Ier, étude des dessins de l'époque (1954). On attendait de lui un grand travail sur cette époque, qui malheureusement ne fut jamais publié.
La Bibliothèque nationale connaissait depuis 1950 un remarquable renouveau avec Julien Cain. Jean Adhémar fut associé par ce grand administrateur à un nouveau type d'exposition qui illustre un cas littéraire à partir des estampes et des documents artistiques. Ainsi Diderot en 1963. Jean Adhémar collaborait d'ailleurs, depuis 1957, à une édition monumentale illustrée des salons de Diderot, due à Jean Seznec.
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