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L'Art de la joie
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C'est un roman qui ne ressemble globalement à aucun autre, avec ses airs de grosse brique indigeste et son récit dense, complexe et parsemé de symboliques parfois obscures. C'est aussi une belle, très belle découverte littéraire, une proposition d'une audace et d'une originalité assez incomparables, un roman en avance d'environ un paquet de décennies sur son époque, dont même la genèse a un côté touchant et improbable. L'Art de la joie, en quelque sorte de le magnum opus de Giordana Sapienza, a demandé une décennie de travail à son autrice, et n'a pu être publié qu'après la mort de celle-ci, grâce aux efforts de son ancien mari. Oeuvre relativement confidentielle dans un premier temps, le roman a petit à petit accédé à un stade de récit culte, avant-gardiste, d'une modernité folle et d'un dynamisme rare, jusqu'à devenir un best-seller et être enfin traduit et publié dans nos contrées il y a trois ou quatre ans.
Alors, L'Art de la joie, est-ce que c'est si bien que ça, me demanderez-vous peut-être.
Oui, vous répondrai-je.
Oui, mais encore, insisterez-vous.
Comment dire.
L'Art de la joie est un texte complexe, long, très long, parfois déstabilisant, surtout dans ses premières dizaines de pages, parcouru d'idées, de tentatives, d'intuitions nouvelles et intrigantes, d'une narration unique en son genre et de thématiques aussi variées que pertinentes. On y découvre Modesta, sicilienne de son état, née le 1er janvier 1900 dans une famille pauvre, très vite malmenée par un monde pour le moins brutal et ingrat, accueillie par un couvent, puis par une nouvelle famille qui lui fera accéder à un univers en tous points opposés à celui dans lequel elle est née. On suit ainsi toute la formation de Modesta, son enfance solitaire et douloureuse, son éveil aux autres, aux sens, aux limites, son apprentissage de l'âge adulte, de la maturité, de la guerre et de l'amour, sa conquête de liberté, sa quête de sens, bref, tout un maelström d'évolutions intimes, de questionnements intérieurs et de victoires personnelles qui parvient à donner au texte un souffle incroyable, une énergie telle qu'on n'a d'autre choix que de finir ce sacré pavé de huit cent pages, d'en tourner les pages avec avidité, quand bien même certains passages sont plus sibyllins que d'autres, quand bien même on oublie parfois le nom de tel ou tel personnages, quand bien même on est parfois perplexe face aux associations d'idées vives, subtiles et piquantes que Modesta n'a de cesse de suggérer.
Tout est à la fois singulier et évident dans ce roman : la façon dont Modesta alterne entre la première et la troisième personne du singulier pour se désigner, la rapidité avec laquelle elle laisse parfois défiler les années, l'attention qu'elle porte au contraire à d'autres instants à une poignée d'heures seulement, la façon si délicate, profonde et frappante qu'elle a de traiter le temps en général, sa mécanique hypnotique, sa logique implacable, son vocabulaire si riche, imagé et étourdissant, le regard toujours neuf et amoureux qu'elle pose sur les individus qui évoluent autour d'elle, la façon inouïe qu'elle a d'aimer, de prendre, de savourer et de réclamer. C'est l'itinéraire d'une femme aimante, libre, engagée, passionnée, perdue aussi parfois, aimée parce qu'elle a aussi besoin de l'être, négligente à quelques reprises, dévouée autant qu'elle le peut aux multiples causes qui lui tiennent à coeur.
C'est presque toute une odyssée à laquelle on est confronté en découvrant L'Art de la joie, récit à mi-chemin entre la quête initiatique, le conte de fées et la reconstitution historique, traversé de multiples remises en perspective au sujet de l'histoire italienne, de l'Europe de la première moitié du XXème siècle, du fascisme (thème central de l'oeuvre), du communisme, des guerres et des paix, des étrangers et des immigrés. On y parle de désirs, avec un "s" flamboyant, de leur diversité, de leur légitimité, de leur beauté, et on y apprend ainsi, entre de multiples péripéties, une façon parmi tant d'autres de toucher au bonheur, en particulier en tant que femme, fille, mère et amie. Unique en son genre !
https://mademoisellebouquine.blogspot...
Alors, L'Art de la joie, est-ce que c'est si bien que ça, me demanderez-vous peut-être.
Oui, vous répondrai-je.
Oui, mais encore, insisterez-vous.
Comment dire.
L'Art de la joie est un texte complexe, long, très long, parfois déstabilisant, surtout dans ses premières dizaines de pages, parcouru d'idées, de tentatives, d'intuitions nouvelles et intrigantes, d'une narration unique en son genre et de thématiques aussi variées que pertinentes. On y découvre Modesta, sicilienne de son état, née le 1er janvier 1900 dans une famille pauvre, très vite malmenée par un monde pour le moins brutal et ingrat, accueillie par un couvent, puis par une nouvelle famille qui lui fera accéder à un univers en tous points opposés à celui dans lequel elle est née. On suit ainsi toute la formation de Modesta, son enfance solitaire et douloureuse, son éveil aux autres, aux sens, aux limites, son apprentissage de l'âge adulte, de la maturité, de la guerre et de l'amour, sa conquête de liberté, sa quête de sens, bref, tout un maelström d'évolutions intimes, de questionnements intérieurs et de victoires personnelles qui parvient à donner au texte un souffle incroyable, une énergie telle qu'on n'a d'autre choix que de finir ce sacré pavé de huit cent pages, d'en tourner les pages avec avidité, quand bien même certains passages sont plus sibyllins que d'autres, quand bien même on oublie parfois le nom de tel ou tel personnages, quand bien même on est parfois perplexe face aux associations d'idées vives, subtiles et piquantes que Modesta n'a de cesse de suggérer.
Tout est à la fois singulier et évident dans ce roman : la façon dont Modesta alterne entre la première et la troisième personne du singulier pour se désigner, la rapidité avec laquelle elle laisse parfois défiler les années, l'attention qu'elle porte au contraire à d'autres instants à une poignée d'heures seulement, la façon si délicate, profonde et frappante qu'elle a de traiter le temps en général, sa mécanique hypnotique, sa logique implacable, son vocabulaire si riche, imagé et étourdissant, le regard toujours neuf et amoureux qu'elle pose sur les individus qui évoluent autour d'elle, la façon inouïe qu'elle a d'aimer, de prendre, de savourer et de réclamer. C'est l'itinéraire d'une femme aimante, libre, engagée, passionnée, perdue aussi parfois, aimée parce qu'elle a aussi besoin de l'être, négligente à quelques reprises, dévouée autant qu'elle le peut aux multiples causes qui lui tiennent à coeur.
C'est presque toute une odyssée à laquelle on est confronté en découvrant L'Art de la joie, récit à mi-chemin entre la quête initiatique, le conte de fées et la reconstitution historique, traversé de multiples remises en perspective au sujet de l'histoire italienne, de l'Europe de la première moitié du XXème siècle, du fascisme (thème central de l'oeuvre), du communisme, des guerres et des paix, des étrangers et des immigrés. On y parle de désirs, avec un "s" flamboyant, de leur diversité, de leur légitimité, de leur beauté, et on y apprend ainsi, entre de multiples péripéties, une façon parmi tant d'autres de toucher au bonheur, en particulier en tant que femme, fille, mère et amie. Unique en son genre !
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L'Art de la joie.
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Reading Progress
July 30, 2020
–
Started Reading
July 30, 2020
– Shelved
August 3, 2020
–
Finished Reading