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Funk psychédélique

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Funk psychédélique
Origines culturelles Fin des années 1960
Voir aussi Soul progressive, musique psychédélique

Genres dérivés

Funk rock, G-funk

Genres associés

Jazz fusion

Le funk psychédélique (également appelée P-funk[1] ou funkadelia, et parfois confondu avec la soul psychédélique[2]) est un genre musical mêlant le funk à des éléments de rock psychédélique[2]. Il émerge à la fin des années 1960 et au début des années 1970 avec des groupes américains tels que Sly and the Family Stone, Jimi Hendrix et le collectif Parliament-Funkadelic[2],[3]. Il a influencé des styles ultérieurs, notamment le jazz fusion des années 1970 et un sous-genre du rap West Coast des années 1990, appelé G-funk.

George Clinton jouant avec Parliament-Funkadelic en 2007.

Inspiré par Jimi Hendrix et la culture psychédélique, le groupe de funk Sly and the Family Stone emprunte des techniques musicales au rock psychédélique, notamment la pédale wah-wah, l'effet fuzz, l'écho et la distorsion vocale[2], sur des albums tels que Dance to the Music (1968) et Stand (1969)[4]. Ce son psychédélique se reflète également dans la production de la fin des années 1960 de l'emblématique label de Détroit Motown[3]. Le producteur Norman Whitfield s'inspirera de ce son pour des morceaux populaires de la Motown tels que Cloud Nine des Temptations et I Heard It Through the Grapevine de Marvin Gaye, tous deux sortis en [3]. Le single Crosstown Traffic d'Hendrix, sorti en , est décrit comme un exemple de funk psychédélique[5].

Développement

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En 1970, Jimi Hendrix sort l'album en trio Band of Gypsys, décrit comme le « point zéro » (ground zero) du funk psychédélique[6]. Le collectif Parliament-Funkadelic développe cette sensibilité, employant des guitares et des synthétiseurs orientés vers l'acid rock dans des jams libres de funk[2],[3]. L'album Maggot Brain de Funkadelic, sorti en 1971, est qualifié de monument du genre par Pitchfork[7]. Sous la houlette de George Clinton, le P-Funk délaisse la forme de la chanson au profit du groove et de la texture, en mettant l'accent sur les éléments abjects du psychédélisme ainsi que sur les thèmes liés à l'espace[8]. Les Isley Brothers et Bobby Womack seront influencés par Funkadelic et s'inspireront de ce son[3]. Womack a également contribué à l'album phare de Sly and the Family StoneThere's a Riot Goin' On en 1971, décrit comme un « chef-d'œuvre de funk sombrement psychédélique » par AllMusic[9].

Au début des années 1970, les principaux éléments du funk psychédélique sont adoptés comme signifiants de la « noirceur urbaine » et incorporés dans des films de blaxploitation[8]. L'album instrumental Sho Is Funky Down Here de James Brown, réalisé par le chef d'orchestre David Matthews en 1971, explore le funk psychédélique fuzzy[10]. Le musicien de jazz Miles Davis, nouvellement influencé par Sly Stone et Brown[11], explore le genre sur son album On the Corner de 1972[12]. Le groupe War enregistre dans un style funk-rock psychédélique et des paroles protestant contre le racisme et la brutalité policière[13]. L'album Inspiration Information de Shuggie Otis, paru en 1974, explore le funk psychédélique et, bien qu'il ait reçu peu d'attention lors de sa sortie, il est acclamé plus tard lorsqu'il a été réédité par le label Luaka Bop[14].

À la fin des années 1970, le groupe de new wave Talking Heads explore le funk psychédélique, influencé par George Clinton et P-Funk, dans une trilogie d'albums acclamés[15],[16]. Prince s'inspire de ce style[3], enregistrant dans une « veine richement mélodique de funk psychédélique » sur son album Around the World in a Day, sorti en 1985[17]. L'auteur Michaelangelo Matos décrit le morceau The Ballad of Dorothy Parker (1987) de Prince comme du funk psychédélique, « pas dans le sens de Funkadelic ou du Band of Gypsys d'Hendrix, mais dans le sens où ses rythmes et ses textures atteignent un sens de lave en fusion sans renoncer au groove[18]. »

Artistes internationaux

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Le groupe ouest-allemand Can joue du funk psychédélique dans le cadre de la scène krautrock des années 1970[19]. Des groupes ouest-africains tels que Blo et Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou ont joué des formes de funk psychédélique au milieu des années 1970, tous deux s'inspirant de l'afrobeat du musicien nigérian Fela Kuti[20],[21]. La scène rock anatolienne de Turquie joue du funk psychédélique avec des artistes tels que Barış Manço[22]. Le groupe britannique Happy Mondays joue une forme de funk psychédélique « rigide » sur son album Bummed sorti en 1988[23].

Des exemples de funk psychédélique provenant de scènes musicales du monde ont été rassemblés sur des compilations publiées sur le label World Psychedelic Funk Classics[24], notamment la compilation Psych-Funk 101 : 1968-1975[25] en 2009. Une collection d'enregistrements de funk psychédélique des années 1970 en provenance du Ghana et du Togo est publiée en 2010 sous le titre Afro-Beat Airways : West African Shock Waves par le label Analog Africa[26]. La musique de la scène funk psychédélique nigériane des années 1970 est documentée plus tard sur la compilation Wake Up You! The Rise and Fall of Nigerian Rock 1972-1977, sortie en 2016[27].

Influence et derniers développements

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Au début des années 1970, des artistes de jazz tels que Miles Davis et Herbie Hancock, influencés par Sly Stone, mêlent des éléments de funk psychédélique avec de l'urban jazz pour devenir les pionniers du jazz fusion[28],[29]. Dans les années 1990, le style populaire de funk psychédélique connu sous le nom de G-funk a émergé de la scène rap West Coast, représentée par Dr. Dre, Snoop Dogg et Warren G[30]. De nombreux enregistrements de G-funk ont samplé des morceaux de groupes de funk psychédélique antérieurs, en particulier Parliament-Funkadelic[30],[31].

Le duo de hip-hop OutKast des années 1990 est également influencé par des musiciens psychédéliques noirs tels que Sly Stone et Clinton[32],[33]. Leur album Stankonia de 2000 est décrit comme « une sorte de funk techno-psychédélique trippant » composé de « percussions programmées, de synthétiseurs d'un autre monde et d'effets sonores surréalistes[34]. » Le groupe d'indie pop expérimental of Montreal a développé un son funk psychédélique[35], en particulier sur leur album Skeletal Lamping sorti en 2008[36]. L'album Awaken, My Love! de Childish Gambino de 2016 emprunte le son funk psychédélique de Clinton et Bootsy Collins, Vice le décrivant négativement comme un « pur cosplay de Funkadelic[37]. »

Notes et références

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  1. (en) Lauren Cochrane, « George Clinton: the best dressed man in music », sur The Guardian, .
  2. a b c d et e (en) Derek B. Scott, Dayton Street Funk: The Layering of Musical Identities, Ashgate Publishing, (ISBN 9780754664765, lire en ligne), p. 275.
  3. a b c d e et f (en) Jacqueline Edmondson, Music in American Life: An Encyclopedia of the Songs, Styles, Stars, and Stories that Shaped our Culture [4 volumes]: An Encyclopedia of the Songs, Styles, Stars, and Stories That Shaped Our Culture, ABC-CLIO, , p. 474.
  4. Michael Stephen Hanson, People Get Ready: Race, Place and Political Identity in Post-civil Rights Black Popular Music, 1965-1975, UC Berkeley, (lire en ligne), p. 124.
  5. (en) Moskowitz Dave, The Words and Music of Jimi Hendrix, ABC-CLIO, , p. 43.
  6. (en) Ted Drozdowski, « Remembering Jimi Hendrix: His Top 10 Live Recordings », sur Gibson (consulté le ).
  7. (en) Dave Segal, « Funkadelic: Maggot Brain », Pitchfork,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b (en) William Echard, Psychedelic Popular Music: A History through Musical Topic Theory, Indiana University Press, , 123–125 p. (ISBN 9780253026590, lire en ligne)
  9. (en) Steve Huey, « Bobby Womack – Biography », sur AllMusic
  10. (en) Staff, « James Brown - Sho Is Funky Down Here », sur Wax Museum (consulté le ).
  11. (en) Jack Chambers, Milestones: The Music and Times of Miles Davis, Da Capo Press, , 235–238 p..
  12. (en) « Miles Davis », sur Juxtapoz, High Speed Productions, (consulté le )
  13. (en) Melissa Ursula Dawn Goldsmith, Listen to Classic Rock! Exploring a Musical Genre, ABC-CLIO, , p. 59.
  14. (en) Steven Mirkin, « Reviews: Shuggie Otis », sur Variety, (consulté le ).
  15. (en) Simon Reynolds, Rip It Up and Start Again: Postpunk 1978-1984, Penguin, (ISBN 9780143036722, lire en ligne Inscription nécessaire), 163.
  16. (en) David Bowman, This Must Be the Place: The Adventures of Talking Heads in the 20th Century, Harper Collins, .
  17. (en) Nick Hasted, « Prince: In appreciation of a virtuoso, enduring genius », sur The Independent, (consulté le ).
  18. (en) Michaelangelo Matos, Prince's Sign 'O' the Times, 33 1/3, , p. 105.
  19. (en) Stuart Maconie, « Krautrock: Germany's coolest export that no one can quite define », sur New Statesman, (consulté le ).
  20. (en) Staff, « Africa 100: The Indestructible Beat », sur Pitchfork (consulté le ).
  21. (en) Andy Thomas, « Reviews: Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou », sur The Quietus (consulté le ).
  22. (en) David Byrne, « David Byrne hooked on Turkish Psychedelica », sur Ancient Belgique (consulté le )
  23. (en) Stephen Thomas Erlewine, « Bummed – Happy Mondays », AllMusic (consulté le ).
  24. (en) « Various Artists, Psych-Funk Sa-Re-Ga! Seminar: Aesthetic Expressions of Psychedelic Funk Music in India 1970-1983 », sur AllMusic.
  25. (en) Marissa Brown, « Various Artists - Psych-Funk 101: 1968-1975 », sur AllMusic (consulté le )
  26. (en) Katya Kazbek, « Music: Afro-Beat Airways, West African Shock Waves: Ghana & Togo 1972-1978, 2010 », sur SupaModu, (consulté le ).
  27. (en) Killakam, « The Best 1970s Nigerian Psychedelic Funk Gets Compiled In 'Wake Up You! The Rise & Fall Of Nigerian Rock' », sur OkayAfrica, (consulté le ).
  28. (en) James Lien, CMJ Network, « In the Bins », CMJ New Music Monthly, no 49,‎ .
  29. (en) Matt Dean, The Drum: A History, Scarecrow Press, , p. 292
  30. a et b (en) Christopher Hunter, « WARREN G IS RELEASING A DOCUMENTARY ON THE HISTORY OF G-FUNK », sur XXL Mag, .
  31. (en) Gus Fisher, « We Want The Funk: From P-Funk To G-Funk & Beyond, A Brief History », sur Hot New Hip Hop, (consulté le ).
  32. (en) « Outkast », Rolling Stone.
  33. (en) Greg Kot, « Review: Oldies and newbies at Lollapalooza 2014 », sur The Morning Call (consulté le ).
  34. (en) Steve Huey, « Stankonia – OutKast », AllMusic (consulté le ).
  35. (en) Matthew Perpetua, « Review: Of Montreal - thecontrollersphere EP », sur Pitchfork (consulté le ).
  36. (en) Matt Fink, « of Montreal's Kevin Barnes Discusses New Country Music Influenced Album, "Lousy with Sylvianbriar": Twisting Tradition », sur Under the Radar (consulté le ).
  37. (en) Israel Daramola, « Can Funk Give Childish Gambino What He Needs? », sur Vice, (consulté le ).