Nouveaux réactionnaires (France)
Les nouveaux réactionnaires sont un ensemble hétérogène d'intellectuels français du début du XXIe siècle. Ils forment un courant de pensée politique pouvant être défini comme une version réactualisée et radicalisée du libéral-conservatisme. Ce concept polémique a été introduit en 2002 par l'historien Daniel Lindenberg dans son essai Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires.
Description
[modifier | modifier le code]Cette tendance partage une partie des valeurs et des convictions du néoconservatisme, mais rejette certains de ses préceptes socio-économiques relevant du néolibéralisme. En France, les intellectuels et journalistes défendant cette doctrine sont communément appelés les « néo-réactionnaires » ou les « nouveaux réacs »[1],[2],[3] ou les «néo-réacs».
L'expression « nouveaux réactionnaires » a été utilisée d'abord par Maurice Maschino dans le Monde diplomatique, en 2002[4], les personnes publiques concernées en France sont ainsi : Alain Finkielkraut, Éric Zemmour, Ivan Rioufol, Pascal Bruckner, Alexandre Adler, Philippe Muray, Pierre-André Taguieff, Shmuel Trigano, Régis Debray, Luc Ferry, ainsi que les écrivains Michel Houellebecq et Maurice Dantec, auxquels il ajoute des publications telles que Marianne, Causeur ou la revue Panoramiques[5].
Il s'est imposé dans l'usage à la suite de la parution de l'ouvrage de Daniel Lindenberg, Le Rappel à l'ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires (2002), qui analyse la cas de plusieurs intellectuels français[4].
Daniel Linderberg définit les « nouveaux réactionnaires » comme des intellectuels et de décideurs qui réhabilitent des thèmes comme « l’ordre, l’autorité, la restauration des valeurs, le « peuple réel » (à l'instar du « pays réel » de Charles Maurras), voire le culte des racines et des identités constituées»[6].
En 2007, un des intellectuels visés, Pierre-André Taguieff, a répliqué avec un ouvrage intitulé Les Contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture. Il y développe la thèse que les véritables réactionnaires sont ceux qui se cachent derrière le terme de « progressistes » et utilisent le terme de « réactionnaire » pour disqualifier leurs opposants dans une optique de terrorisme intellectuel voire d'« inquisition »[7]. Pour Taguieff, « le progressisme, c'est la foi dans le progrès sans l'esprit critique ni le sens de la tolérance, avec la conviction dogmatique de posséder la vérité et d'être installé dans le Bien. » « Si les réactionnaires n'avaient pas existé, les progressistes les auraient inventés. Lorsqu'ils n'existent plus, ils les inventent »[8].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pascal Durand et Sarah Sindaco, Le discours « néo-réactionnaire », Paris, CNRS Éditions, , 362 p. (ISBN 978-2-271-08898-7)
Références
[modifier | modifier le code]- « Le nouveau réac, un «ennemi» qui vous veut du mal », Libération, 28 décembre 2005
- « Camus, Sartre et les nouveaux réacs », Le Monde, 30 avril 2011
- « Les dérapages néo-réacs, reflets de la panique morale », Le Monde, 29 avril 2011
- Pascal Durand et Sarah Sindaco, Le discours « néo-réactionnaire », Paris, CNRS Éditions, , 362 p. (ISBN 978-2-271-08898-7)
- « Intellectuels médiatiques, Les nouveaux réactionnaires », Le Monde diplomatique,
- Lindenberg*Daniel, « Le Rappel à l’ordre », La République des idées, (lire en ligne, consulté le )
- Pierre-André Taguieff, Les contre-réactionnaires, Denoël, 2007, pp. 62 & 485.
- Pierre-André Taguieff, Les contre-réactionnaires, Denoël, 2007, introduction.