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Muhammadu Buhari

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Muhammadu Buhari
Illustration.
Portrait officiel de Muhammadu Buhari (2015).
Fonctions
Ministre fédéral des Ressources pétrolières

(7 ans, 6 mois et 18 jours)
Président Lui-même
Prédécesseur Diezani Allison-Madueke
Président de la république fédérale du Nigeria[N 1]

(8 ans)
Élection 29 mars 2015
Réélection 23 février 2019
Vice-président Yemi Osinbajo
Gouvernement Buhari I et II
Prédécesseur Goodluck Jonathan
Successeur Bola Tinubu
Président du Conseil militaire suprême de la république fédérale du Nigeria
(chef de l'État, de facto)

(1 an, 7 mois et 27 jours)
Prédécesseur Shehu Shagari
(en tant que président de la république)
Successeur Ibrahim Babangida
(en tant que président du Conseil de gouvernement des forces armées
Commissaire fédéral chargé du Pétrole et des Ressources naturelles

(2 ans et 3 mois)
Chef de l'État Olusegun Obasanjo
Prédécesseur Mofia Tonjo Akobo
Gouverneur de l'État de Borno

(1 mois et 12 jours)
Prédécesseur Poste crée
Successeur Mustapha Amin
Gouverneur de l’État du Nord-Est

(6 mois et 2 jours)
Chef de l'État Murtala Muhammed
Prédécesseur Musa Usman
Successeur Poste supprimé
Biographie
Date de naissance (81 ans)
Lieu de naissance Daura, Région du nord (Nigeria britannique)
Nationalité nigériane
Parti politique ANPP (en) (2002-2010)
CPC (en) (2010-2013)
APC (depuis 2013)
Conjoint
Safinatu Yusuf (en) (m. 1971–1988)

Aisha Halilu (en) (m. 1989)
Enfants 10
Diplômé de École des cadets de Mons (en)
United States Army War College
Profession Militaire
Résidence Aso Villa

Muhammadu Buhari
Présidents de la République fédérale du Nigeria

Muhammadu Buhari
Naissance (81 ans)
Daura, Région du nord (Nigeria britannique)
Allégeance Drapeau du Nigeria Nigeria
Arme Armée nigériane
Grade Major général
Années de service 19611985
Commandement 2e bataillon d'infanterie (1965-1967)
31e brigade d'infanterie (1970-1971)
4e division d'infanterie (1980-1981)
2e division d'infanterie mécanisée (en) (1981)
3e division blindée (en) (1981-1983)
Conflits Guerre du Biafra
Conflit tchado-nigérian (en)

Muhammadu Buhari, né le à Daura (Nigeria britannique), est un militaire et homme d'État nigérian. Il est le président de la république fédérale du Nigeria de 2015 à 2023.

Major général de l'armée nigériane à la retraite, il a d'abord dirigé le pays comme chef d'État militaire (en) de 1983 à 1985 à la suite d'un un coup d'État (en). Le terme buharisme (en) renvoie aux politiques autoritaires de son régime militaire.

Après le retour de la démocratie, il est candidat malheureux aux élections présidentielles de 2003 (en), 2007 et 2011 avant d'être finalement élu lors de celle de 2015 au cours de laquelle il devient le premier homme politique nigérian à défaire un président sortant. Il est investi (en) le . En , il est réélu face à l'ancien vice-président Atiku Abubakar.

Premières années

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Buhari est né le à Daura dans une famille peule[1]. Son père, Mallam Hardo Adamu, est un chef de tribu peul originaire de Mai'Adua tandis que sa mère, Zulaihat, est d'ascendance mixte haoussa et kanouri[2],[3]. 23e enfant de son père, il est nommé d'après l'érudit musulman persan du IXe siècle Mouhammad al-Boukhari[4]. Âgé de 3 ou 4 ans à la mort de son père, il est élevé par sa mère et suit une éducation primaire entre Daura et Mai'Adua avant d'être scolarisé au collège et au lycée de Katsina[5],[6].

En 1971, il épouse Safinatu Yusuf (en)[7], avec laquelle il a cinq enfants et dont il divorce en 1988. En , Buhari se remarie avec Aisha Halilu (en)[8], avec qui il aura cinq autres enfants.

Carrière militaire

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Muhammadu Buhari rejoint l'armée nigériane en 1961 après avoir étudié à l'école militaire de Kaduna. De 1962 à 1963, il suit une formation d'élève-officier en Angleterre avant d'être nommé en janvier 1963 sous-lieutenant puis commandant de peloton du deuxième bataillon d'infanterie à Abeokuta, au Nigeria. De à , il suit une nouvelle formation militaire au Royaume-Uni. Il sert finalement dans différents corps d'armée[9],[10] :

  • commandant du deuxième bataillon d'infanterie (1965-1967) ;
  • major de brigade, deuxième secteur, 1re division d'infanterie ( - ) ;
  • major de brigade, 3e division d'infanterie ( - ) ;
  • commandant, 31e brigade d'infanterie (1970 - 1971) ;
  • adjudant général adjoint, 1re division d'infanterie (1971 - 1972) ;
  • directeur par intérim des transports et de l'approvisionnement de l'armée nigériane (1974 - 1975) ;
  • secrétaire militaire, QG de l'armée, et membre du Conseil militaire suprême (1978 - 1979) ;
  • colonel (1979 - 1980) ;
  • officier général commandant, 4e division d'infanterie ( - ) ;
  • officier général commandant de la 2e division d'infanterie mécanisée ( - ) ;
  • officier général commandant de la 3e division armée ( - ).

Débuts en politique

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Coup d'État de 1966

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En , Muhammadu Buhari participe à un coup d'État dirigé par le lieutenant-colonel Murtala Muhammed qui renversera et assassinera le Premier ministre du pays, Aguiyi Ironsi[11]. Le coup d'État est considéré comme sanglant, ayant mené à la mort de la plupart des officiers Igbos[12].

Gouverneur de l'État du Nord-Est

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En , alors que le général Murtala Muhammed vient de prendre le pouvoir, il nomme Buhari gouverneur de l'État du Nord-Est, afin qu'il supervise les améliorations sociales, économiques et politiques de la zone[13].

Commissaire fédéral chargé du Pétrole et des Ressources naturelles

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En , le nouveau dirigeant du Nigeria, le général Olusegun Obasanjo, nomme Muhammadu Buhari commissaire fédéral chargé du Pétrole et des Ressources naturelles. La même année, est créée la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) que Buhari dirige également jusqu'en 1978[14].

Coup d'État de 1983

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En , Muhammadu Buhari, alors qu'il est officier général commandant (OGC) de la 3e division blindée de Jos, dirige un coup d'État dont le but est de renverser le président démocratiquement élu, Shehu Shagari[15]. Ce coup d'État met fin à la Deuxième République, mise en place peu de temps avant, en 1979. Muhammadu Buhari, qui prendra le pouvoir dans le pays à l'issue de ce putsch, justifie ce coup d'État en fustigeant le gouvernement civil « corrompu ». Sa première mesure sera de suspendre la Constitution de 1979.

Président du Conseil militaire suprême

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Politique économique

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Désireux de réformer l'économie, Buhari décide de reconstruire les systèmes socio-politique et économique du Nigeria et de lutter contre l'austérité. Pour cela, il encourage l'industrialisation par substitution aux importations[16] basée en grande partie sur l'utilisation de matériaux locaux et le resserrement du développement national.

Il centre également sa politique économique sur le rééquilibrage des finances publiques, mais la limitation des importations a finalement pour conséquence de nombreuses pertes d'emplois et la fermeture d'entreprises[17].

Buhari met rapidement un terme aux relations du pays avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui demande de dévaluer le naira de 60 %, ce qu'il refuse[18]. Malgré cela, les réformes engagées par Buhari restent tout autant, voire plus rigoureuses que celles demandées par le FMI[19].

Le , Buhari présente son budget national, accompagné d'une série de mesures complémentaires :

  • interdiction temporaire de recruter des travailleurs dans le secteur public ;
  • relèvement des taux d'intérêt ;
  • arrêt des projets immobiliers ;
  • interdiction d'emprunt pour les gouvernements d'État ;
  • réduction de 15 % du budget par rapport à 1983 ;
  • réalignement des droits d'importation ;
  • réduction du déficit de la balance de paiement en réduisant les importations ;
  • priorité à l'importation de matières premières et de matériel utile pour l'agriculture et l'industrie.

Buhari est également connu pour sa gestion de la crise alimentaire de 1984 et 1985, où, pour des raisons populistes, il expulse le million de Nigériens vivant alors au Nigeria, alors que les ressources alimentaires au Niger étaient encore plus rares qu'au Nigeria. La grande famine est ainsi appelée au Niger « El-Buhari »[20].

Politique extérieure

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Le gouvernement militaire de Buhari est peu ou prou resté sur la même ligne politique que Shehu Shagari concernant les relations internationales. En , dans son discours annuel radiodiffusé, Buhari déclare en effet qu'il maintiendra, voire renforcera, les relations diplomatiques avec des organisations telles que l'OUA, l'ONU, l'OPEP ou encore la CEDEAO. Il indique également qu'il honorera les obligations conventionnelles contractées par les gouvernements précédents.

En 1985, alors que la criminalité augmente et que l'économie du pays est en berne, le gouvernement de Buhari ouvre ses frontières avec le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun (fermées depuis ) afin d'accélérer l'expulsion de 700 000 étrangers et travailleurs migrants[21].

Droits de l'homme

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En 20 mois à la tête du Nigeria, Muhammadu Buhari a adopté nombre de décrets, dont certains constituent une atteinte aux droits de l'homme. Son régime est la cible de nombreuses critiques dans le monde, à l'image de la pièce de théâtre écrite par le premier lauréat nigérian du prix Nobel, Wole Soyinka, intitulée Les Crimes de Buhari[22] qui décrit un grand nombre de violations menées sous son régime militaire.

Début 1984, par le biais du décret no 2 et pour des raisons de sécurité d'État, le chef de cabinet de Buhari peut infliger jusqu'à 3 mois de détention, sans procès ni charges, à n'importe quel individu considéré comme un risque pour la sécurité du pays[23]. Le décret interdit de plus les manifestations populaires et donne des pouvoirs sans précédent aux services secrets nigérians. Ces derniers jouent un grand rôle dans la répression de la dissidence publique en intimidant, harcelant et emprisonnant chaque personne qui brise l'interdiction de manifester ou de faire la grève. En , plus de 200 000 fonctionnaires sont ainsi licenciés[24]. De nombreux opposants politiques sont également emprisonnés. Parmi eux, un des artistes les plus populaires du Nigeria, ancien candidat à la présidentielle : Fela[25]. Il est arrêté pour exportation illégale de devises le à l'aéroport alors qu'il s'apprêtait à partir pour une tournée aux États-Unis. Amnesty International décrit les accusations portées contre lui comme « intempestives ». Bénéficiant d'un pouvoir largement étendu par le décret no 2, le gouvernement condamne Fela à 10 ans de prison. Il sera finalement libéré en 1985 après 18 mois de prison[25], lorsque le gouvernement de Buhari est renversé.

Toujours en 1984, il adopte le décret no 4 pour la protection contre les fausses accusations[26], considéré par les spécialistes comme la loi sur la presse la plus répressive jamais adoptée au Nigeria[27]. L'article 1 de la loi établit que « toute personne qui publie, qu'importe la forme, un message, une rumeur, un rapport ou une déclaration [...] non véridique sur un point important ou qui pourrait ridiculiser ou discréditer l'État, se rend coupable d'une infraction en vertu du présent décret »[28]. La loi déclare en outre que les journalistes et éditeurs incriminés seront jugés par un tribunal militaire, dont le jugement est définitif et sans appel. Les coupables sont admissibles à une amende d'un minimum de 10 000 nairas et une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans[27].

Le décret no 20 sur le soutage illégal des navires et le trafic de drogues constitue un autre exemple de la lutte sévère de Buhari contre la criminalité[29]. L'article 3 (2) (K) établit que « toute personne qui, sans autorisation, vend, fume ou inhale une drogue comme la cocaïne ou toute autre drogue similaire, est coupable en vertu de l'article 6 (3) (K) d'infraction et encourt, sur déclaration de culpabilité, la peine de mort par peloton d'exécution ». Dans le cas de Bernard Ogedengebe, le décret a été appliqué rétroactivement[30] et l'homme a été exécuté, même si au moment de son arrestation, il avait été jugé et condamné à 6 mois d'emprisonnement[30]. En , 6 autres Nigérians sont condamnés à mort en vertu du même décret : Sidikatu Tairi, Sola Oguntayo, Oladele Omosebi, Lasunkanmi Awolola, Jimi Adebayo et Gladys Iyamah[7].

Le , Muhammadu Buhari déclenche une guerre contre l'indiscipline, connue aujourd'hui sous l'acronyme WAI (War against indiscipline) afin de lutter contre le manque de moralité publique et de responsabilité civique de la société nigériane. Les Nigérians considérés comme indisciplinés doivent former des files d'attente devant des soldats équipés de fouets. Les fonctionnaires arrivant en retard au travail sont humiliés et forcés à faire des sauts de grenouille[17]. Toujours en vertu de la lutte contre l'indiscipline, tout étudiant âgé de plus de 17 ans surpris en train de tricher à un examen peut être condamné à 21 ans de prison. La contrefaçon et les incendies criminels sont quant à eux passibles de la peine de mort[31].

En 20 mois de présidence, environ 500 hommes politiques, fonctionnaires et hommes d'affaires ont été emprisonnés et accusés de corruption[32].

Coup d'État de 1985 et renversement

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En , Muhammadu Buhari est renversé par un coup d'État dirigé par le général Ibrahim Babangida et d'autres membres du Conseil militaire suprême[33]. Parmi les alliés de Babangida figure le frère de Fela Kuti, Olukoye Ransome-Kuti, un médecin qui avait mené une grève contre Buhari quelques mois plus tôt pour protester contre la baisse des services de soins de santé. Après le coup d'État, Buhari est détenu dans une prison à Benin City jusqu'en 1988[34].

Les partisans de Buhari déclarent qu'il a été renversé par des personnes corrompues de son gouvernement qui avaient peur d'être traduites en justice alors que sa politique commençait à montrer des résultats en matière de discipline publique, de lutte contre la corruption, de réduction de l'inflation et de productivité. Ibrahim Babangida justifie de son côté son coup d'État en évoquant l'échec de Buhari dans la résolution des problèmes économiques du pays et promet de « revitaliser l'économie ravagée par des décennies de mauvaise gestion du gouvernement et de corruption »[35].

Durant son premier passage au pouvoir, Muhammadu Buhari laisse une réputation d'homme intègre[36].

Président du Petroleum Trust Fund

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Muhammadu Buhari a été président du Petroleum Trust Fund (PTF), un organisme fondé par le gouvernement du général Sani Abacha et financé par les recettes du marché pétrolier. Un rapport de 1998 du New African salue la transparence de la PTF sous la présidence de Buhari, mais note également que certains critiquent la répartition des ressources de la PTF dont 20 % vont à l'armée[37].

Retour en politique

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Élection présidentielle de 2003

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Le , Muhammadu Buhari, après s'être présenté à l'élection présidentielle nigériane comme candidat du All Nigeria People's Party (ANPP), perd cette dernière face au candidat du People's Democratic Party, Olusegun Obasanjo, avec plus de 11 millions de voix d'écart. Buhari contestera les résultats[38].

Élection présidentielle de 2007

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Le , il est de nouveau désigné comme candidat de l'ANPP pour la prochaine élection présidentielle. Son principal concurrent selon les sondages est le candidat PDP, Umaru Yar'Adua, également originaire de Katsina. Lors de l'élection, 18 % des voix sont pour Buhari contre 70 % pour Yar'Adua, mais Buhari conteste ces résultats[39]. Après la prise de fonction de Yar'Adua, l'ANPP rejoint son gouvernement, un accord que Buhari dénonce.

En , Muhammadu Buhari quitte l'ANPP pour le Congrès progressiste (APC), un parti qu'il a contribué à fonder. Il déclare soutenir l'APC, qui est selon lui "une solution aux conflits débilitants, éthiques et idéologiques de (son) ancien parti, l'ANPP"[40].

Élection présidentielle de 2011

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Le , Muhammadu Buhari est candidat CPC à la présidentielle du Nigeria face à 20 autres candidats, parmi lesquels le candidat sortant Goodluck Jonathan du PDP, Mallam Nuhu Ribadu d'Action Congress of Nigeria (ACN) et Ibrahim Shekarau de l'ANPP[41]. Il axe sa campagne sur la lutte contre la corruption et s'engage contre l'immunité qui protège les représentants du gouvernement. Il se positionne également en faveur de l'application de la charia dans les États du nord du Nigeria, une position qui lui cause des difficultés politiques parmi les électeurs chrétiens du sud du pays[41].

Des partisans de Buhari attaquent des colonies chrétiennes dans le centre du pays et ces élections sont entachées par la violence sectaire généralisée, qui coûte la vie à 800 personnes à travers le pays[42]. Muhammadu Buhari perd ces élections et affirme que le scrutin est truqué. Alors que Human Rights Watch les classe "parmi les plus belles de l'histoire du Nigeria"[42], Buhari déclare que "si ce qui est arrivé en 2011 se produit à nouveau en 2015, par la grâce de Dieu, le chien et le babouin seront tous trempés de sang"[42].

Il reste cependant populaire grâce à son opposition marquée à la corruption, mais ne remporte qu'un total d'environ 12 millions de votes à l'élection présidentielle, terminant deuxième derrière Goodluck Jonathan du PDP et ses 22 millions de votes[43].

Élection présidentielle de 2015

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Pour l'élection présidentielle se tenant en 2015, l'équipe de campagne du président sortant, Goodluck Jonathan, demande la disqualification de Muhammadu Buhari, affirmant qu'une telle candidature serait contraire à la constitution[44]. Selon le document, pour se présenter à une élection présidentielle, le futur candidat doit au minimum avoir obtenu son certificat d'études secondaires ou un équivalent et Buhari n'a pas donné de preuve de l'obtention de ce diplôme, affirmant avoir perdu les originaux dans le pillage de sa maison lors du renversement du pouvoir en 1985[45]. Il se présente finalement à l'élection présidentielle, comme candidat de l'APC et axe une nouvelle fois sa campagne sur la lutte contre la corruption, se construisant une image d'homme honnête. Il a cependant déclaré dans une interview vouloir, s'il était élu, donner l'amnistie aux fonctionnaires emprisonnés pour vol s'ils se repentent[46]. En , le groupe d'insurgés MEND (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger) se positionne en faveur de la candidature de Buhari dans la course présidentielle[47] (cependant, devenu président, et ayant promis de lutter contre la corruption, Government Ekpemupolo, l'un des chefs historiques du MEND, est condamné[48]).

Le , il est élu face au président sortant, Goodluck Jonathan, avec 54 % des voix[49],[50].

Président de la République

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Buhari à Washington avec le secrétaire d'État américain John Kerry.

Muhammadu Buhari prend ses fonctions de président de la République le .

Problèmes de santé

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Muhammadu Buhari

En , Buhari quitte Abuja pour raisons de santé et se rend en Grande-Bretagne. Yemi Osinbajo assure l'intérim en tant que vice-président. Il y reste pour des analyses médicales à propos d'une maladie non spécifiée. Son retour est annoncé à deux reprises puis reporté. Des rumeurs de décès circulent aussi. Il fait son retour à Abuja le [51],[52]. Le 13 mars, il reprend ses fonctions[53].

Le , il est de nouveau hospitalisé à Londres[54]. Osinbajo assure de nouveau l'intérim[55] alors que Muhammadu Buhari n'apparaît plus en public pendant des semaines, alimentant les rumeurs sur son état de santé[55],[54]. Le , cent jours après son départ pour Londres, éclatent, au Sud, des manifestations demandant sa démission ou son retour[56]. Le 19 août, il retourne au Nigeria[57].

Fin , il effectue un remaniement au sein du gouvernement et des agences gouvernementales, et nomme par mégarde des personnalités décédées[58].

Politique internationale

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Le , il est le premier dirigeant d’Afrique subsaharienne invité à la Maison Blanche depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump[59].

Situation économique

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Le pays entre en récession en 2016, puis renoue avec la croissance à partir de l’année suivante avec des taux environnant 1,75 %[60]. Entre son arrivée au pouvoir et , le chômage passe de 8 % à 23 %[61]. Malgré la politique de rigueur, la dette publique augmente également, de 13 à 21 % du PIB[62], tandis que le déficit passe de 1,5 à 5 % du PIB[63]. L’inflation s’accroît pour approcher des 20 %, avant de connaître un recul à partir de 2017, bien qu'elle reste supérieure à 10 %[64].

Élection présidentielle de 2019

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Le , en vue de l’élection présidentielle de 2019, il annonce sa candidature à la primaire de l'APC[65]. Le , il dépose officiellement sa candidature à la primaire[66]. Le , seul candidat, il est officiellement désigné candidat de l'APC[67].

Son bilan est jugé mitigé : alors qu'il avait fait campagne en 2015 sur la lutte contre Boko Haram, quatre ans plus tard, celui-ci est certes replié mais pas défait, des centaines de militaires nigérians ayant été tués par le groupe terroriste durant les dernières années. Des heurts violents entre pasteurs nomades et agriculteurs continuent par ailleurs de ronger une partie du pays. Et si aucune affaire de corruption ne l'a visé, Muhammadu Buhari n'a pas tenu sa promesse de la résorber dans le pays, échouant à faire adopter une loi sur le commerce et de pétrole, secteurs à l'origine de détournements de fonds. Comme celle de son vice-président Yemi Osinbajo dans le sud du pays, sa popularité reste toutefois forte dans le nord, mais son opposant Atiku Abubakar l'accuse dans le cadre de la campagne électorale de préparer des fraudes, après que le président de la Cour suprême, susceptible de trancher des problèmes électoraux, a été limogé par le président un mois avant le scrutin[68].

Le , il est réélu dès le premier tour[69]. Atiku Abubakar conteste les résultats[70].

Le , Buhari prête serment pour un deuxième mandat[71].

Controverses

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Scandale des 2,8 milliards de dollars de la NNPC

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Pendant son mandat de commissaire fédéral au Pétrole et aux Ressources naturelles, 2,8 milliards de dollars américains auraient disparu des comptes de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Alors que l'ancien président, Ibrahim Babangida, accuse Buhari d'être responsable de cette fraude, l'administration Shagari inaugure un tribunal spécialisé dans les ventes de pétrole brut[72]. Celui-ci enquête sur ce détournement de fonds et précise ne pas pouvoir confirmer ces accusations, bien qu'il ait remarqué quelques défaillances dans les comptes de la NNPC[73].

Attitude pendant le conflit tchado-nigérian

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En 1983, lorsque le Tchad envahit le Nigeria par l'État de Borno, le major général Muhammadu Buhari reçoit du président Shehu Shagari la consigne de repousser les envahisseurs sans traverser la frontière dans l'autre sens. Malgré cela, il s'avance de plus de 50 km en territoire tchadien. Sommé de s'expliquer sur cet acte qui s'apparente à de l'insubordination, il déclare que, pris dans le feu de l'action, il ne s'est pas rendu compte de son franchissement de la frontière[74],[75].

Affaire Umaru Dikko

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L'affaire Umaru Dikko est un autre moment marquant de la dictature militaire de Muhammadu Buhari (1983-1985). Le ministre des Transports du gouvernement précédent, Umaru Dikko, qui réside à l'étranger, est accusé d'avoir détourné plus d'un milliard de dollars de profits pétroliers. Aidés par le Mossad, les services secrets nigérians (en) le localisent à Londres (Royaume-Uni) et tentent d'organiser clandestinement son extradition en l'enfermant dans un sac plastique, lui-même dissimulé dans une caisse estampillée « valise diplomatique ». Les caisses n'étant pas considérées comme des valises diplomatiques par la convention de Vienne, le complot est mis au jour par un agent des douanes de l'aéroport de Stansted avant que Dikko ne puisse embarquer, contraint, dans un Boeing 707 de Nigeria Airways à destination de Lagos[76].

Scandale des 53 valises

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Alors qu'il est chef de l'État, Buhari est impliqué dans un scandale concernant 53 valises, contenant prétendument 700 millions de dollars et détenues par l'émir du Gwandu, qui ont été dédouanées sans inspection sur le vol de l'émir en provenance d'Arabie saoudite[77].

Appel au vote communautaire

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En 2001, lors de la présentation d'un livre sur la charia à Sokoto, Buhari prononce un discours en haoussa dans lequel il appelle les musulmans à ne voter que pour un candidat défendant leur foi, ajoutant que la balance démographique joue en leur faveur[78],[79].

Charia au Nigeria

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Le , Ahmed Sani Yerima, gouverneur de Zamfara, annonce le rétablissement du droit pénal musulman dans son État. Dans les deux années qui suivent, 11 autres États fédérés du nord du pays le rétablissent à leur tour[80]. Le , lors d'un séminaire organisé à Kaduna par le Conseil suprême pour la charia au Nigeria, Buhari apporte son soutien à ce mouvement et affirme son souhait de le voir s'étendre aux autres États à majorité musulmane ainsi qu'aux États à majorité chrétienne du sud, déclarant : « Je continuerai à montrer ouvertement et en moi-même l'engagement total envers le mouvement de la charia qui balaie tout le Nigeria. Si Dieu le veut, nous n'arrêterons pas l'agitation pour l'implémentation totale de la charia dans le pays »,[81],[79].

Le , il se déclare cependant en faveur de la liberté de religion, déclarant que « la religion ne doit jamais être utilisée pour obtenir un avantage injuste, opprimer ou diviser les Nigérians », ajoutant que toute sa vie, il a « la conviction que tous les Nigérians doivent adorer Dieu selon leur souhait »[82]. Quelques jours plus tard, il rappelle « n'avoir jamais imposé la charia » lorsqu'il était à la tête du pays[83].

En 2019, il suspend le juge en chef du Nigeria (en), Walter Onnoghen (en), poursuivi pour corruption, et le fait remplacer par un ancien juge chariatique, Tanko Muhammad (en)[84],[85].

Médiation avec Boko Haram

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En 2012, le nom de Buhari est ajouté sur une liste constituée par l'organisation terroriste Boko Haram et énumérant les personnes de confiance avec qui il est possible de négocier[86]. Un an plus tard, Muhammadu Buhari est l'auteur d'une série de déclarations litigieuses concernant Boko Haram. Il demande notamment au gouvernement fédéral d'arrêter le massacre des membres de l'organisation terroriste[87] et critique la prévalence de militants chrétiens dans le sud du pays. Il déclare que la « responsable des problèmes de sécurité dans le pays »[88] est « l'activité militante du delta du Niger »[87]. Il remet également en cause le traitement spécial accordé à ces militants par le gouvernement fédéral et déplore le fait que les membres de Boko Haram soient tués. Des déclarations qui suscitent de nombreuses réactions, notamment celle du président de l'Association chrétienne du Nigeria, le pasteur Ayo Oritsejafor, qui demande son arrestation[87].

En , après l'enlèvement des lycéennes de Chibok, Buhari dénonce toutefois les actions de Boko Haram et demande aux Nigérians de « mettre de côté la religion, la politique et toutes autres divisions afin d'écraser l'insurrection, attisée par des fanatiques insensés déguisés en musulmans »[89]. Quelques mois plus tard, il échappe à un attentat à la bombe revendiqué par Boko Haram à Kaduna, qui fait 82 morts[90].

En novembre 2020, au moins 110 civils sont tués par des jihadistes présumés, confirmant l'incapacité de Muhammadu Buhari à sécuriser le nord-est du pays, en dépit du fait qu’il avait été élu en 2015 notamment sur la promesse de sécuriser ce territoire[91].

Distinctions

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Muhammadu Buhari a reçu plusieurs prix et médailles :

  • Congo Medal (CM) ;
  • Defense Service Medal (DSM) ;
  • Forces Service Star (FSS) ;
  • General Commander of the Federal Republic of Nigeria (GCFR) ;
  • Loyal Service and Good Conduct Medal (LSGCM) ;
  • National Service Medal (NSM) ;
  • Super Prix Grand Bâtisseur–Trophée Babacar NDiaye.

Notes et références

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  1. Le vice-président, Yemi Osinbajo, assure l'intérim du au , du au et du au .

Références

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  1. (en) David Smith, « Muhammadu Buhari: reformed dictator returns to power in democratic Nigeria », The Guardian, (consulté le ).
  2. (en) « Muhammadu Buhari Presidential Candidate » [archive du ], sur thisisbuhari.com.
  3. (en) Amy McKenna, « Muhammadu Buhari » [archive du ], sur Encyclopædia Britannica Online (consulté le ).
  4. (en) Farooq Kperogi, « Buhari's surname not his father's name; how he dumped it », PM News (en), (consulté le ).
  5. (en) « Buhari speaks to The Sun Newspaper », sur Facebook.
  6. (en) « Major General Muhammadu Buhari (retd.) Archives », The Punch (en) (consulté le ).
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Bibliographie

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Liens externes

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Articles connexes

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