Mohamed Gherainia
Mohamed Ben Mohamed Ben Djilali Gherainia[1], dit en Roumanie le Prince algérien, né le à Khemis Miliana (en français Affreville), en Algérie, et décédé le [1] ou le [2] à Slobozia (Roumanie), est un pharmacien et tirailleur algérien, fait prisonnier en France par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, et envoyé dans un camp de prisonniers en Roumanie occupée entre 1916 et 1918. Son engagement dans la résistance locale lui a valu le statut de héros en Roumanie et notamment dans la ville de Slobozia.
Le contexte
[modifier | modifier le code]Lors de la Première Guerre mondiale, le royaume de Roumanie, un des pays Alliés, est envahi par les troupes allemandes en fin d’année 1916. Très vite, les ressources du pays sont exploitées par l’occupant (agriculture et pétrole). Afin d’assurer la production agricole, les Allemands y envoient de nombreux prisonniers de guerre français et plus particulièrement des troupes originaires d’Afrique du Nord.
Durant les hivers rigoureux de Roumanie, les prisonniers ne reçoivent de l’occupant que de la soupe claire et pas de vêtements chauds leur permettant de résister au froid (tout comme les prisonniers roumains d’Alsace-Lorraine[3]). Malgré les réquisitions auxquelles ils sont eux-mêmes soumis, les Sloboziens tentent, par la Croix-Rouge locale, de nourrir et vêtir ces prisonniers affaiblis et frigorifiés, mais les soldats allemands de garde prennent la moitié des dons, et la mortalité décime les prisonniers comme en témoignent les nombreux carrés militaires français de Roumanie, dans tous les lieux où les Allemands ont établi des camps de prisonniers.
Biographie
[modifier | modifier le code]L’identité du « Prince Algérien »
[modifier | modifier le code]Mohammed Ben Mohammed Ben Djilali Kerainiya (orthographe roumaine : Mahomed Bin Mahomed Bin Gilali Cherainia ou Gherainia) est né le à Khemis Miliana en Algérie, alors Affreville dans le département français d'Alger[1]. Il s'agirait d'un descendant de deys ou de kadis, le fait n'étant pas certain, mais pour les Roumains, cela équivaut à un titre princier[2]. Il a obtenu, avant la guerre, une licence de pharmacie à Paris[2] mais, étant algérien, c'est en tant que soldat de deuxième classe qu'il est incorporé le [1] dans un régiment de Tirailleurs algériens (1er[1] ou 9e[2]). Il participe aux combats sur le front occidental[4] et, en 1916, il est fait prisonnier puis envoyé en Roumanie occupée[2].
Vie et résistance à Slobozia
[modifier | modifier le code]En tant que pharmacien, les autorités allemandes le nomment médecin du camp de Slobozia[2], responsable de l’ensemble des prisonniers nord-africains et sénégalais. Il pratique également en ville, sous escorte, compensant le manque de moyens médicaux pour les civils. Il gagne alors, par son implication, son surnom de « prince Algérien » auprès des Roumains[2].
En , il apprend par un officier austro-hongrois que les troupes roumaines et françaises approchent. Mohamed monte alors, avec Drăgan, chef de la résistance roumaine, un plan le libération du camp et de la ville pour le cas où l’Armée d’Orient arriverait en Roumanie[2].
La mort du Prince Algérien
[modifier | modifier le code]C’est dans ce cadre qu’intervient sa mort, dont les détails ne sont pas établis.
D’après Cultul eroilor noștri paru en 1924[5], c’est lors d’une sortie pour rencontrer la résistance, qu’il est surpris par une patrouille allemande, probablement en chasse après lui. Blessé par un tir, il crie alors « Roumains ! Nos frères s’approchent ! Roumains ! ». Il est alors abattu, ou bien capturé et fusillé peu après par un peloton d'exécution.
Slobozia et son camp seront libérés par l'armée roumaine moins d'un mois après la mort du « Prince »[2].
Le souvenir du prince
[modifier | modifier le code]Plusieurs monuments à la mémoire de Mahomed Gherainia sont visibles en Roumanie, dont deux à Slobozia.
Sa tombe est située dans le cimetière des héros (aménagé en 1932), dans la rue Eternității (de l'Éternité) no 2. Elle est surmontée d’un obélisque.
Un monument érigé en ville sur le lieu de son exécution est toujours visible. Il porte la mention suivante, en français et roumain :
« Ici a été fusillé par les Allemands le 14 octobre 1918, le prince arabe Mahomed Gherainia victime de son dévouement pour la France et la cause des alliés. »
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Tribunal d'Affreville, département français d'Alger, « Mohamed Ben Mohamed Ben Djilali Gherainia », SGA - Mémoire des Hommes (consulté le )
- « GHERAINIA Mohamed », MemorialGenWeb.org
- Jean Nouzille : Le calvaire des prisonniers de guerre roumains en Alsace-Lorraine: 1917-1918, Éd. militaires, 1991
- Il est fort probable qu’il fut fait prisonnier en 1916 soit à Bataille de Verdun (cote 304) ou dans la Somme, secteur où a combattu le 1er RTA.
- Cultul eroilor nostri (Le culte de nos héros), paragraphe consacré Jertfa prințului algerian Mahomed Gherainia (Le sacrifice du prince algérien Mahomed Gherainia), 1924
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (ro) 'Jertfa printului algerian Gherainia Mahomed, Cultul eroilor nostri. 1924
- (ro) Observatorul militar no 38 ( - ) CULTUL EROILOR, p. 19 lire en ligne