Aller au contenu

Kama (concept)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est la version actuelle de cette page, en date du 26 janvier 2022 à 08:31 et modifiée en dernier par Guallendra (discuter | contributions). L'URL présente est un lien permanent vers cette version.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Le kama, (kāma) (sanskrit (IAST), pali, devanagari: काम) est un concept de l'hindouisme, qui peut se traduire par « désir » dans la littérature indienne. Mais ce terme signifie aussi : plaisir, satisfaction sexuelle, accomplissement sexuel ou jouissance esthétique de la vie. Le kama connote souvent le désir et le désir sexuels dans la littérature contemporaine, mais le concept renvoie plus largement à tout désir, toute passion, toute jouissance des sens, plaisir esthétique de la vie, affection ou amour, avec ou sans connotation sexuelle.

Dans les traditions hindoues, le kama est l'un des trois (voire quatre) objectifs de la vie humaine. On le considère comme un objectif essentiel et sain de la vie humaine lorsqu'il est poursuivi sans sacrifier les trois autres objectifs: dharma (vie vertueuse, intègre, morale), artha (prospérité matérielle, sécurité du revenu, moyens de vie) — et le quatrième, éventuel[1] mais suprême car source d'un bonheur infini : moksha (libération des réincarnations de l'âme individuelle). Ensemble, ces quatre buts de la vie sont appelés purushartha.

Sa valeur relative

[modifier | modifier le code]

« Dans la hiérarchie consacrée des « trois catégories » d'activités humaines (trivarga) et des buts de l'homme (purushartha) que la tradition (smriti) assigne aux hommes – dharma : le devoir, ce qui est bon au plan moral ; artha : les intérêts, ce qui est utile sur le plan social ; kâma : l'amour, ce qui est agréable sur le plan sensoriel – l'amour occupe la troisième position. Bien que certains aient pu le considérer comme la source, tant de l'artha, que du dharma[2]. ». Chaque être humain est considéré comme ayant le droit, et même le devoir d'accéder à ces trois objectifs, afin d'avoir une vie pleine et entière[3].

Divers usages

[modifier | modifier le code]

Kama signifie approximativement « désir, envie, souhait ou désir ardent », dans la littérature classique[4],[5]. Dans la littérature contemporaine, le kama se réfère habituellement au désir sexuel[6]. Le terme se réfère également à toute jouissance sensorielle, l'attraction émotionnelle et le plaisir esthétique, liés à la danse, la musique, la peinture, la sculpture et aussi à la nature, aux parfums[7].

Cependant, des écoles comme le yoga apprennent à juguler ces désirs pour ne pas en être esclave et en souffrir. D'autres courants, tels que le tantrisme, utilisent kāma comme voie de libération[8].

Le concept de kama se trouve dans certains des premiers versets connus des védas. Par exemple, le livre 10 du Rig Veda décrit la création de l'univers à partir de rien par La grande chaleur. Le kama est le principe de cette création.

La Brihadaranyaka Upanishad , l'une des plus anciennes Upanishads de l'hindouisme, utilise le terme kama, dans un sens plus large, comme n'importe quel désir.

C'est un des quatre buts de l'existence (purushartha) d'un brahmane.

Les anciennes littératures indiennes en sanskrit, telles que les épopées, qui ont suivi les Upanishads, développent et expliquent le concept de kama, associé à artha et dharma. Le Mahabharata, par exemple, fournit une définition précise du kama. Le texte épique énonce que le kama est une expérience agréable et désirable (un plaisir) engendrée par l'interaction d'un ou plusieurs des cinq sens avec un objet qui lui est agréable, tandis que l'esprit concourt en même temps aux autres buts de la vie humaine (dharma, artha et moksha)[9].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kama » (voir la liste des auteurs). (quelques emprunts)
  1. Wendy Doniger, 2010, p. 199 et suivantes : The three (or is it four?) aims of life in the Hindu imaginary.. Elle aborde ainsi (p. 200) « Les trois qualités de la matière — plus l'esprit ».
  2. Édith Parlier-Renault, dir., 2010, p. 100
  3. Wendy Doniger, 2010, p. 201
  4. Monier-Williams, 1870, p. 271 : wish, desire, longing.
  5. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du sanscrit (lire en ligne).
  6. James Lochtefeld, 2014, p. 340
  7. Wendy Doniger, 2010, p. 201 et Britannica : Kama / Hindu God.
  8. Michel Angot, L'Inde classique, Les Belles Lettres, Paris, 2007, page 142-144 (ISBN 978-2-251-41015-9).
  9. Rajendra Prasad, 2008, p. 252-255

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Édith Parlier-Renault, dir., L'art indien : Inde, Sri Lanka, Népal, Asie du Sud-Est, Paris, PUPS : Presses de l'Université Paris-Sorbonne, , 419 p. (ISBN 978-2-84050-702-4), p. 100-103
  • Ciro Lo Muzio et Marco Ferrandi (trad. de l'italien), L'Inde : Des origines aux Moghols, Paris, Hazan, , 383 p. (ISBN 978-2-7541-0345-9), p. 197
  • Jean Herbert et Jean Varenne, Vocabulaire de l'hindouisme, Paris, Dervy, , 119 p. (ISBN 2-85076-183-4)
  • (en) James Lochtefeld, The Illustrated Encyclopedia of Hinduism, vol. 1, New York, Rosen Publishing, , 876 p. (ISBN 978-0-8239-2287-1 et 0-8239-2287-1).
  • (en) Monier-Williams, « A Sanskrit English Dictionary », sur SriPedia - ebooks, (consulté le ).
  • (en) Rajendra Prasad, A conceptual-analytic study of classical Indian philosophy of morals : Project of History of Indian Science, Philosophy and Culture. Centre for Studies in Civilization (Delhi, India), vol. 12, Concept Pub. Co. for the Project of History of Indian Science, Philosophy, and Culture, , 452 p. (ISBN 978-81-8069-544-5, lire en ligne).
  • (en) Wendy Doniger, The Hindus : an alternative history, Oxford University Press, , 779 p. (ISBN 978-0-19-959334-7, lire en ligne)
  • (en) « Kama / Hindu God », sur Britannica.com (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]