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L'année [[1808]] voit la France déclarer la guerre à l'Espagne. Les revers français subis à [[Bataille de Bailén|Bailén]] et [[Bataille de Vimeiro|Vimeiro]] décident l'Empereur à intervenir lui-même dans la péninsule pour redorer son prestige. Pour cela, il fait appel à ses meilleures troupes, dont sa [[Garde impériale (Premier Empire)|Garde impériale]], et les dragons sont du voyage. La campagne est rapide. Le {{date|14|juillet|1808}}, le régiment est présent sur le [[Bataille de Medina de Rioseco|champ de bataille de Medina de Rioseco]], au sein du corps d'armée de [[Jean-Baptiste Bessières|Bessières]]. Alors qu'une charge des carabiniers espagnols vient de refouler les tirailleurs de la division [[Georges Mouton|Mouton]], le général [[Antoine Charles Louis de Lasalle|Lasalle]], outrepassant les ordres de Bessières, vient se placer à la tête de la [[Cavalerie de la Garde impériale (Premier Empire)|cavalerie de la Garde]] et rétablit la situation<ref name="Prévost2009p33-34">{{harvsp|Prévost|Bourgeot|2009|p=33 et 34}}.</ref>.
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Version du 1 juin 2015 à 13:37

Dragons de la Garde impériale
Image illustrative de l’article Dragons de la Garde impériale
Dragon de l'Impératrice en grande tenue. Illustration d'Auguste Raffet, publiée dans Napoléon et la garde impériale d'Eugène Fieffé, 1859.

Création 1806
Dissolution 1815
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de l'Empire français Empire français
Branche Grande Armée
Type Régiment
Rôle Cavalerie lourde
Effectif 1 032 hommes
Fait partie de Garde impériale
Garnison Paris
Surnom « Dragons de l'Impératrice »
Guerres Guerres napoléoniennes
Batailles Bataille de Medina de Rioseco
Bataille de Leipzig
Bataille de Hanau
Bataille de Montmirail
Bataille de Waterloo
Commandant Jean-Thomas Arrighi de Casanova
Raymond Gaspard de Bonardi
Philippe Antoine d'Ornano
Louis-Michel Letort de Lorville
Laurent Hoffmayer

Le régiment de dragons de la Garde impériale est une unité de cavalerie lourde créée le 15 avril 1806 par Napoléon Ier, et en service dans la Grande Armée jusqu'en 1815. Ce régiment, intégré à la cavalerie de la Garde impériale, est également appelé « dragons de l’Impératrice » en hommage à sa marraine Joséphine de Beauharnais.

L'Empereur, satisfait de l'engagement des dragons de la ligne à la campagne d'Autriche de 1805, décrète la mise sur pied d'un régiment de dragons au sein de sa Garde impériale, et en confie le commandement à l'un de ses cousins, le colonel Arrighi de Casanova. Les difficultés d'organisation font que le corps n'est que très peu engagé pendant la campagne de Pologne. Étoffé, il prend ensuite la route de l'Espagne, s'illustre à Medina de Rioseco, avant de repartir pour l'Autriche où il assiste à la bataille de Wagram. De 1810 à 1811, c'est l'Espagne, encore, que les dragons quittent définitivement en 1812 avec le début de la campagne de Russie. Ils s'y battent contre les cosaques à Bourzowo, sauvent Napoléon à Gorodnia et couvrent le passage de l'armée à la Bérézina. Le régiment ponctue par ses faits d'armes les dernières campagnes de l'Empire, sabrant la cavalerie bavaroise à Hanau, fendant les carrés russes à Montmirail et s'emparant de 18 canons à Saint-Dizier. La Première Restauration le conserve sous le nom de Corps royal des dragons de France.

En 1815, pendant les Cent-Jours, les dragons de la Garde retrouvent leur organisation antérieure. Ils font la campagne de Belgique, perdent leur chef Letort à Gilly et prennent part aux charges de cavalerie française à Waterloo, soumis au feu des carrés britanniques. Après avoir ferraillé dans toute l'Europe neuf années durant, le régiment des dragons de la Garde est dispersé après la seconde abdication de Napoléon et le retour des Bourbons.

Organisation

Dragon de la Garde impériale. Aquarelle de Maurice Orange, 1904.

Après avoir vu les régiments de dragons de la ligne s'illustrer lors de la campagne d'Autriche de 1805, Napoléon décide d'adjoindre à sa Garde impériale un régiment de dragons[1]. Il confie le commandement du régiment au colonel Arrighi de Casanova, l'un de ses cousins[2].

Alors que Napoléon présente le régiment à son épouse Joséphine de Beauharnais, cette dernière se propose d'en être la marraine. Les dragons de la Garde impériale acquièrent ainsi le surnom de « Dragons de l'Impératrice ».

Le recrutement des dragons de la Garde impériale s'effectue au sein des unités de la ligne, parmi les soldats de belle prestance mesurant 1,73 m au moins et totalisant dix ans de service. Le décret du prévoit théoriquement quatre escadrons de Vieille Garde et un état-major, ainsi que 250 vélites répartis en deux compagnies[3]. Pour compléter cette nouvelle unité, chacun des trente régiments de dragons de la ligne fournit douze hommes ayant 10 ans de service[2].

Cavalier du corps royal des dragons de France. Illustration de Job.

Les deux premiers escadrons et les vélites sont mis sur pied à la fin de l'année 1806, et ce n'est que l'année suivante que les deux derniers escadrons sont constitués. Le , seuls sept officiers et 249 cavaliers sont présents dans les rangs[2]. Les officiers sont nommés directement par Napoléon : une partie d'entre eux provient de la Garde et l'autre partie est issue des dragons de la ligne[2]. Les sous-officiers sont quant à eux fournis par les autres régiments de la cavalerie de la Garde[2]. Le régiment compte en 1807 un total de 1 269 hommes.

En 1812, fort de 1 179 hommes répartis en 5 escadrons, le régiment participe à la campagne de Russie sous les ordres du général Saint-Sulpice. Le régiment est rejoint le par le 2e régiment des éclaireurs de la Garde impériale.

Lors de la Première Restauration, le régiment est transformé en « Corps royal des dragons de France ». Au retour de Napoléon pendant les Cent-Jours, le régiment retrouve son organisation antérieure. Il est finalement dispersé après la capitulation de Napoléon et le retour des Bourbons.

La marraine du régiment Joséphine de Beauharnais meurt au château de Malmaison le . Jusqu'à la mort du dernier d'entre eux, les dragons s'y rendront tous les ans, le 29 mai, en son hommage.

Campagnes militaires

Campagne de Prusse et de Pologne

Napoléon, à cheval sur un promontoire et entouré de ses officiers, regarde passer des cavaliers qui brandissent leur sabre pour le saluer.
Napoléon à la bataille de Friedland, le 14 juin 1807. Peinture de James Alexander Walker, XIXe siècle.

En 1806, malgré les difficultés d'organisation, deux escadrons sous le chef d'escadron Jolivet peuvent quitter Paris et rejoindre la Grande Armée, qui se bat alors en Prusse. Ce détachement représente son régiment lors de l'entrée de Napoléon à Berlin le 27 octobre, paradant aux côtés des autres troupes de la cavalerie de la Garde présentes pour l'occasion. Quelques mois plus tard, les dragons de la Garde, qui ont entre temps été renforcés par un contingent de 200 hommes venus de Meudon, sont chargés de la sûreté des campagnes berlinoises et font à plusieurs reprises le coup de feu contre les partisans prussiens. Ils sont entraînés par un colonel-major de 33 ans, le futur général Louis-Michel Letort de Lorville[4].

La Prusse est à genoux, mais pas les Russes. Après la « boucherie d'Eylau », victoire française non décisive qui fait environ 30 000 morts et blessés dans les rangs français, Napoléon écrase définitivement l'armée du Tsar à Friedland, le . Les dragons de la Garde impériale, qui pendant toute la bataille ont formé l'aile gauche de la cavalerie de la Garde sans prendre part aux combats, participent à la poursuite[5].

Dans la péninsule Ibérique

Soldat de face tenant une trompette.
Trompette des dragons de la Garde impériale. Aquarelle de Maurice Orange.

L'année 1808 voit la France déclarer la guerre à l'Espagne. Les revers français subis à Bailén et Vimeiro décident l'Empereur à intervenir lui-même dans la péninsule pour redorer son prestige. Pour cela, il fait appel à ses meilleures troupes, dont sa Garde impériale, et les dragons sont du voyage. La campagne est rapide. Le , le régiment est présent sur le champ de bataille de Medina de Rioseco, au sein du corps d'armée de Bessières. Alors qu'une charge des carabiniers espagnols vient de refouler les tirailleurs de la division Mouton, le général Lasalle, outrepassant les ordres de Bessières, vient se placer à la tête de la cavalerie de la Garde et rétablit la situation[6].

« Il [Lasalle] se mit à la tête d'un escadron de dragons, de Polonais de la Garde et de cinquante gendarmes d'élite qui se trouvaient à portée et avec lesquels il culbuta les carabiniers et gardes du corps espagnols. »

— Boniface de Castellane[6].

Les opérations continuent. Les dragons de la Garde se distinguent à Mayorga et à León. En janvier 1809, une partie du corps ayant regagné la France, il ne reste plus en Espagne qu'un détachement caserné à Valladolid, chargé de faire la chasse aux guérilleros[7]. Cependant, les difficultés rencontrées par l'Empereur en Autriche l'amènent à effectuer quelques ponctions dans les rangs de l'armée d'Espagne, et jusqu'à la fin de la campagne, il n'y aura plus un seul dragon de la Garde dans la péninsule. Ce n'est qu'au mois de novembre, une fois la paix signée, que deux escadrons du régiment reprennent le chemin de l'Espagne, où leurs coups d'éclats leur vaudront l'estime des Espagnols qui les surnommeront cabezas de oro (« têtes d'or »), puis caballeros de oro (« cavaliers d'or »)[7].

Bataille de Wagram

Officiers des dragons de la Garde impériale recevant les directives d'un aide de camp. Illustration d'Henri Dupray.

Au début de la campagne d'Autriche de 1809, une partie seulement du régiment est présent à la Grande Armée. La résistance autrichienne et le semi-échec subi à Essling contraignent l'Empereur à renforcer ses troupes. Le détachement de dragons de la Garde en Espagne est rappelé et rejoint le reste du corps[7]. Ainsi réunis, les dragons de l'Impératrice assistent à la bataille de Wagram, les 5 et , où ils sont affectés à la division de cavalerie de la Garde du général Walther.

Le second jour des combats, Napoléon, décidé à enfoncer le centre autrichien, donne au général Macdonald le commandement d'une puissante colonne d'infanterie, avec pour mission de marcher droit à l'ennemi. La cavalerie de la Garde, à droite du dispositif, soutient le mouvement. Au cours de sa progression, Macdonald sollicite l'appui de Walther en lui demandant de faire charger sa cavalerie, mais le général, invoquant l'absence d'ordres de Napoléon et du maréchal Bessières, demeure immobile, et la cavalerie de la Garde ne donne pas. Cet épisode donnera lieu à une explication orageuse entre Macdonald et Walther, ce dernier, exaspéré par les remontrances de son homologue, finissant par sortir[8].

Campagne de Russie

Retour du palais de Petrovsky, par Vassili Verechtchaguine. Au centre, un piquet des dragons de la Garde impériale de service auprès de l'Empereur.

Le mois de juin 1812 est marqué par le début de la campagne de Russie. La Grande Armée constitue à ce moment une force puissante, dont la Garde impériale forme l'ossature. Le 14 septembre, les Français sont à Moscou. Jusque là, les dragons de l'Impératrice n'ont pas eu l'occasion de charger, mais les vides sont déjà importants : du 1er juin au 5 septembre, le régiment a perdu 417 hommes, soit 34 % de son effectif[9]. Le , le major Marthod avec un escadron part en reconnaissance aux abords de Moscou. Arrivé près de Bourzowo, il se heurte à un parti de cosaques qu'il met en déroute, culbute ensuite un régiment de cuirassiers. Cependant, les Russes affluent, et ce sont bientôt 4 000 adversaires qui encerclent Marthod. Les dragons de la Garde sont tombés dans une embuscade. Tant bien que mal, les dragons tiennent, « se défendent avec une rare vigueur » et se fraient un passage dans les rangs ennemis, mais leur chef, blessé à de multiples reprises, est fait prisonnier ainsi qu'une vingtaine d'hommes[10].

Le , les forces françaises quittent Moscou. Le 25, lendemain de la bataille de Maloyaroslavets, Napol��on se porte sur la route de Kalouga accompagné de quelques officiers, mais sans se faire suivre par les escadrons de service de la Garde comme il est d'usage. Les cosaques de Platov surgissent et fondent sur le petit état-major impérial, secouru bientôt par la cavalerie de la Garde arrivée sur place. Letort, au cri de « À nous les dragons ! », s'élance avec ses cavaliers sur les assaillants et les refoulent sur la Louga. « Ce jour-là, le dimanche 25 octobre 1812, les Dragons de la Garde ont empêché les cosaques d'enlever l'Empereur. »[11].

La retraite suit son cours, mais le froid et la faim rendent la marche extrêmement pénible pour les soldats. Les attaques répétées menées par les Russes pénalisent en outre la cohésion des troupes. Les restes de la Grande Armée réussissent malgré tout à passer la Bérézina, non sans avoir livré une furieuse bataille au cours de laquelle 91 dragons de la Garde sont capturés[12].

Campagne d'Allemagne

Les dragons de la Garde lors de la bataille de Hanau. Détail d'une huile sur toile d'Horace Vernet, La Bataille de Hanau, 1824.

Lors de la première phase de la campagne d'Allemagne, au mois de mai 1813, les dragons de l'Impératrice sont à Lützen, Bautzen et Dresde. Le 17 septembre, à Toeplitz, un éclat d'obus blesse grièvement le major Pinteville au visage[13].

Du 16 au se déroule la bataille de Leipzig, la plus grande confrontation des guerres napoléoniennes. Le 16, vers 15 heures, le major Letort charge une première fois sur le plateau de Dösen trois escadrons de cuirassiers autrichiens isolés, et en capture un grand nombre. Charges et contre-charges se succèdent. Napoléon confie à Letort le commandement d'une troupe de 800 cavaliers de la Vieille Garde - dragons, lanciers, chasseurs et grenadiers à cheval -, et lui ordonne de faire mouvement afin de soutenir l'infanterie d'Oudinot formée en carrés. Les cavaliers de Letort s'ébranlent en colonne par pelotons, s'immiscent entre deux carrés et se déploient « sur cinquante chevaux de front ». Une charge de cuirassiers autrichiens est vigoureusement repoussée. La suite des combats s'achève sans autre incident notable, mais la conduite du major Letort vaudra à ce dernier d'être cité à deux reprises dans le bulletin de la Grande Armée[14]. L'historien Bruno Colson apporte toutefois un avis plus nuancé sur les faits :

« [Le] bulletin du 16 octobre affirme que le régiment des dragons de la garde, conduit par le général Letort, combat dès le début de la journée avec la cavalerie polonaise. Avec son habitude de mettre en avant certains généraux français, surtout ceux de sa garde, au détriment des étrangers qui le servent avec dévouement, Napoléon nomme deux fois Letort dans son bulletin et pas une seule fois Sokolnicki. Il attribue au premier la capture de « trois cents prisonniers russes et autrichiens ». Ceci a conduit l'historiographie française à attribuer un rôle excessif à Letort. »

— Bruno Colson, Leipzig : la bataille des Nations, 16-19 octobre 1813, Perrin, 2013, 542 pages[14].

Le 19 octobre, accablé par la très large supériorité numérique des Alliés, Napoléon doit battre en retraite et replie son armée vers la France. Le général bavarois von Wrede, tout juste rallié à la Coalition, veut profiter de l'occasion pour intercepter les Français. La rencontre a lieu à Hanau, le . La cavalerie de la Garde, commandée par Nansouty, vient se placer à côté des canons du général Drouot de façon à déboucher rapidement sur la plaine, en face. Cette cavalerie rompt une première charge de son homologue bavaroise qui est sabrée jusqu'à trouver refuge derrière les cosaques, puis une seconde qui a menacé un moment d'enlever la batterie française. La cavalerie bavaroise est vaincue, mais les dragons de la Garde qui ont pris part à toutes les charges en ont payé le prix fort : une dizaine d'officiers sont tués ou blessés. Parmi eux, le chef d'escadron Testot-Ferry, blessé de 22 coups de sabre, et le général Letort qui a eu son cheval tué sous lui[15].

Campagne de France

Dragon de la Garde impériale. Illustration d'Hippolyte Bellangé.

En 1814, l'échec de la campagne d'Allemagne oblige Napoléon à se battre sur le territoire national. Pour cela, l'Empereur renforce ses troupes, bat le rappel des vétérans de l'armée d'Espagne et crée de nouveaux régiments. Les dragons de la Garde impériale se voient adjoindre le 2e régiment des éclaireurs de la Garde impériale, qui seront dès lors appelés les éclaireurs-dragons. Entre temps, les armées coalisées ont franchi la frontière, et Napoléon décide de se porter à leur rencontre avec ses troupes. Les dragons de la Garde ne sont pas engagés activement dans la première partie de la campagne ; cependant, le 10 février, à la bataille de Champaubert, un détachement de dragons mené par le capitaine Leblanc fend un carré russe[16].

Le lendemain, les Français engagent les forces du général Osten-Sacken à Montmirail. En milieu d'après-midi, alors que la bataille fait rage, l'arrivée des troupes du maréchal Mortier décide l'Empereur à lancer la cavalerie de la Garde sur les Russes, et il fait parvenir aux dragons de la Vieille Garde l'ordre de charger. Le général Dautancourt, qui les commande, emprunte avec ses cavaliers la route de Fontenelle, passe à côté de la ferme des Gréneaux et traverse les lignes russes placées au milieu du chemin[17]. Les fantassins d'Osten-Sacken, surpris par la rapidité de l'attaque, se replient pour la plupart en désordre dans les bois à proximité. À ce moment, le flanc droit des Russes est coupé de leur centre. Dautancourt rallie ses dragons et les relance à la poursuite des fuyards, qui s'échappent en direction du bois Jean, près de Courmont[18]. Les cavaliers français les y rattrapent et les taillent en pièces ; Dautancourt note que « les dragons, qui ne donnaient que des coups de pointe, en firent dans cet endroit une véritable boucherie. »[18]. Entre temps, l'infanterie française refoule les Russes au-delà de Marchais, et les Prussiens de Yorck, arrivés tardivement sur le champ de bataille, ne peuvent empêcher la victoire française. À la fin de la journée, les dragons de la Vieille Garde ont perdu six tués et autant de blessés[19]. De leur côté, les dragons de Letort de Lorville, formés en colonnes par pelotons, chargent sur la route de Viels-Maisons et enfoncent trois carrés d'infanterie[20]. Ils galopent ensuite sur Épernay, sabrent les fuyards et font à cette occasion de nombreux prisonniers. Napoléon écrit « ma garde à pied, mes dragons, mes grenadiers à cheval ont fait des miracles… ». Le chef d'escadron de Saint-Léger est fait chevalier de l'ordre de la Réunion[21], et Letort de Lorville est nommé général de division sur le champ de bataille le jour même[20].

Cavaliers français à la charge, sabre haut.
Charge des dragons de l'Impératrice à Saint-Dizier, 26 mars 1814. Peinture d'Édouard Detaille.

Cependant, l'Empereur ne s'attarde pas, et le 12 février, il ordonne la poursuite à Ney, Mortier et la cavalerie de la Garde. Ces derniers rattrapent leurs adversaires à Château-Thierry, et les accrochent afin de retarder leur repli ; dans l'action, les dragons de Letort de Lorville chargent et disloquent deux régiments d'infanterie russes[19]. Le général Griois, témoin de la scène, écrit que « cette charge des dragons de la garde est un des plus beaux faits de cavalerie que j’aie vus. Il est impossible de se faire une idée de la résolution avec laquelle cette brave troupe se jeta sur ces masses de Russes dont pas un ne recula, et de la rapidité avec laquelle elle les anéantit. »[22]. Quelques jours plus tard, le 18 février, les Wurtembourgeois du prince Frédéric sont étrillés à la bataille de Montereau et s'enfuient, sabrés par la cavalerie française dont l'escadron de service des dragons de la Garde. L'armée impériale franchit l'Aisne, enlèvent le plateau de Craonne aux Coalisés au terme d'assauts meurtriers qui coûte notamment la vie au chef d'escadron Bellot, des dragons. En dépit de cette série de victoires françaises, les forces alliées restent redoutables et font valoir leur supériorité numérique à la bataille d'Arcis-sur-Aube, le 20 mars 1814. Les dragons de la Garde, avec les lanciers rouges, vont en faire l'expérience en faisant le coup de sabre « contre une cavalerie ennemie infiniment plus nombreuse »[23]. Ils parviennent néanmoins à repousser une charge des hussards autrichiens[24].

Les Alliés, pressés de conclure la campagne, prennent la décision de marcher sur Paris. La campagne de France touche à sa fin. La cavalerie de la Garde, lancée à la poursuite du général russe Wintzingerode, rattrapent celui-ci à Saint-Dizier. Les dragons de Letort, suivis d'un peloton de mamelouks de la Garde impériale, culbutent la cavalerie ennemie dans un ravin, détruisent deux bataillons et s'emparent de 18 canons[23]. La victoire est cependant sans lendemain. Le 30 mars, les Alliés se présentent face aux défenseurs de Paris, parmi lesquels quelques dragons de la Garde intégrés dans la brigade de cavalerie du général Dautancourt. Celle-ci va mener plusieurs charges lors de la bataille qui s'ensuivra, mais sans grands effets compte tenu de la disproportion des forces[25]. La capitulation de la ville est signée, et le lendemain, les Coalisés font leur entrée dans Paris.

Campagne de Belgique

Charge de cavalerie.
Attaque du Mont-Saint-Jean à Waterloo. Par Louis-Jules Dumoulin, Panorama de Waterloo, 1912.

Après le court interlude de la Première Restauration, où le régiment a pris la dénomination de Corps royal des dragons de France, les dragons reprennent rang dans la Garde impériale au retour de Napoléon. Le général d'Ornano ayant été blessé lors d'un duel, c'est son second, Letort de Lorville, qui assure le commandement au début de la campagne de Belgique. Au 1er juin, le corps, intégré à la 2e division de cavalerie de la Garde du général Guyot, compte 63 officiers et 910 cavaliers[26].

Napoléon lance dans un premier temps son armée contre les Prussiens et accroche leur arrière-garde à Gilly, le 15 juin. Letort, sur un ordre express de l'Empereur, enlève les quatre escadrons de service de la Garde impériale et se jette sur l'infanterie ennemie en retraite, la sabre, coupe deux carrés. Ce beau succès est cependant terni par la blessure mortelle de Letort, touché d'une balle au bas-ventre. Il succombe deux jours plus tard[27].

Le lendemain, à la bataille de Ligny, les dragons de l'Impératrice participent à l'assaut final contre les lignes prussiennes, avec les grenadiers à cheval et les cuirassiers de Delort[23]. La capitaine Tiercé est tué lors de l'attaque[26]. Le 18 juin se joue le « dernier acte » de la campagne : Waterloo. Le régiment des dragons de la Garde impériale, sous les ordres du major Laurent Hoffmayer, est engagé contre les carrés britanniques sur le Mont-Saint-Jean. La division Guyot exécute trois charges sur le plateau, en vain. Les pertes sont sévères. Chez les officiers, le capitaine Hérissant et deux lieutenants sont mortellement atteints ; le chef d'escadron François, le capitaine Leblanc et cinq lieutenants sont blessés[26]. À l'issue de la campagne, le régiment a perdu au total plus de 300 soldats[28].

Chefs de corps

Dragon de la Garde impériale. Dessin d'Adolphe de Chesnel, 1861.

À la création du régiment en 1806, Napoléon place à sa tête l'un de ses cousins corses, le colonel Jean-Thomas Arrighi de Casanova. Âgé de seulement 28 ans, il sert dans l'armée depuis la campagne d'Italie de 1796-1797 et s'est notamment distingué pendant la campagne d'Égypte, à Marengo ou encore à Austerlitz[2]. Les 13 septembre et , Edmé Nicolas Fiteau et Louis-Michel Letort de Lorville sont respectivement nommés colonel-major et major du régiment[29]. En 1809, après la bataille d'Essling, Arrighi et Fiteau quittent le régiment pour les 3e et 2e régiments de cuirassiers. Suite à ces départs, le général Raymond Gaspard de Bonardi, comte de Saint-Sulpice, est nommé colonel du régiment, Letort de Lorville promu colonel-major et Louis-Ignace Marthod nommé major[30].

Lors de la campagne de Russie, Marthod est grièvement blessé et fait prisonnier[31], et succombe à ses blessures en captivité, le [29]. Le général Philippe Antoine d'Ornano, laissé pour mort à la bataille de Krasnoï le mais miraculeusement retrouvé par son aide de camp[32], remplace le après une rapide convalescence le comte de Saint-Sulpice comme colonel du régiment[33]. Ce dernier est nommé gouverneur du château de Fontainebleau le 7 février, où est notamment retenu prisonnier le pape Pie VII[34]. Les 3 février et , Pierre Alexis de Pinteville et Louis-Claude Chouard sont nommés majors du régiment[35].

Pendant la Première Restauration, d'Ornano conserve le commandement du corps royal des dragons de France[36]. Le , après la dissolution du 2e régiment d’éclaireurs de la Garde impériale, son commandant, le colonel Laurent Hoffmayer, officier des dragons de la Garde de juillet 1807 à février 1813, intègre le corps royal comme major. Lors des Cent-Jours, après le retour de Napoléon de l'île d'Elbe, d'Ornano est maintenu colonel du régiment, Letort de Lorville colonel-major et Hoffmayer major. Cependant, grièvement blessé à la poitrine au cours d'un duel avec le général Bonet, d'Ornano n'exerce pas de commandement effectif lors de la campagne de Belgique[37]. C'est alors à Letort de Lorville que revient cette charge, par ailleurs aide de camp personnel de l'Empereur durant la campagne. Il est mortellement blessé le à Gilly en poursuivant l'infanterie prussienne, laissant le commandement du régiment à Hoffmayer[38].

Modèle:Message galerie

Uniformes

Dragons de la Garde impériale en tenue de route, par Job. L'artiste les a représentés portant la queue et les cheveux poudrés, bien que cet usage ait été davantage en vigueur chez les grenadiers à cheval de la Garde.

L'habillement et l'armement de ce corps sont les mêmes que ceux des grenadiers à cheval de la Garde impériale. Seule la couleur de l'uniforme change, bleu pour les grenadiers et vert sombre pour les dragons.

Troupe

La coiffure se présente sous la forme d'un casque « à la Minerve ». La bombe en laiton est « rejetée » vers l'arrière et, à sa base, est ceinte d'un turban en cuir recouvert d'une peau de léopard en imitation. La visière est en cuir, recouverte de peau et serti de laiton sur son bord extérieur ; Bertrand Malvaux note même que « certains casques sont équipés d'une visière amovible qui se fixe au turban à l'aide de deux petits crochets d'acier ». Le cimier — partie supérieure du casque — est orné sur le devant d'un aigle impérial couronné et de deux palmes, et est surmonté par un porte-aigrette accueillant une houpette en crin noir. La crinière noire est placée dans le cimier. Sur chaque côté est fixée une jugulaire à rosace et à mentonnière de basane recouverte d'écailles. Le plumet, fixé à gauche au niveau de la rosace, est confectionné en plumes rouges pour une hauteur totale de 35 cm[39]. En tenue de ville, le casque est remplacé par un bicorne de feutre noir orné d'une cocarde[40]. Le bonnet de police est vert à galon aurore et gland de même couleur, certains modèles sont pourvus d'un liseré blanc.

L'habit est en drap vert, de même que le collet, avec des revers blancs[41]. Les parements sont également blancs, chacun doté d'une patte écarlate. Les retroussis sont rouges et décorés avec une grenade en laine aurore. L'aiguillette de la Garde de même couleur est porté à droite, avec une contre-épaulette sur chaque épaule[42]. En campagne, l'habit est remplacé par un surtout vert.

Par les temps froids, ils se munissent aussi d'une capote de guérite blanche à collet vert pour les soldats, la capote de guérite est verte pour les officiers. Plus tard, les dragons de la Garde adoptent le manteau-capote de couleur grise.

Trompettes

Un soldat à pied coiffé d'un casque, une main sur le sabre, l'autre tenant une trompette appuyée contre le ventre.
Trompette des dragons de la Garde en grande tenue, 1810. La flamme de la trompette, donnée ici en soie rouge, devrait être bleu céleste. Peinture d'Alphonse Lalauze, 1913.

Dans les premières années, de 1806 à 1807, l'uniforme des trompettes est sensiblement identique à celui de la troupe, la différence notable se situant au niveau de la distinctive bleu de ciel de l'habit qui a remplacé la distinctive verte. Le casque est du même modèle que celui de la troupe, mais les crins de la crinière et de l'aigrette sont blancs[note 1]. Un plumet bleu complète l'ensemble lorsque la coiffe est portée avec la grande tenue. Les revers, collet, parements et les poches sont bordés d'un galon doré, ce dernier faisant également figure d'ornement devant les boutons et en-dessous des revers. L'aiguillette est mélangée or et laine bleu de ciel. Le trompette-major se distingue de ses trompettes par un double galon de grade et par une plus grande proportion d'or dans l'aiguillette. La seconde tenue ou « surtout » est entièrement en drap bleu, avec collet et parements à galon d'or et retroussis et passepoils de poches écarlates. C'est seulement vers 1810 que les parements et le collet prennent la teinte cramoisie[44].

C'est à l'occasion des préparatifs du mariage entre Napoléon et Marie-Louise d'Autriche que la grande tenue est modifiée. L'habit bleu à revers blancs est repensé et devient blanc à revers bleus afin de rappeler à la nouvelle impératrice les uniformes autrichiens. En plus des revers, le collet, les parements et les passepoils sont bleu de ciel galonnés d'or. En face de chaque boutons de l'habit se trouve une boutonnière doré terminée par une frange d'or. Ces boutonnières se retrouvent sous les revers ainsi que sur les poches. La contre-épaulette bleu céleste est à liseré et tournante or, et l'aiguillette est mêlée or et laine bleu de ciel. Réservée pour les parades, la grande tenue ne sera toutefois que rarement portée car très salissante. Le peintre militaire Lucien Rousselot a émis la possibilité que les trompettes aient conservé un temps l'ancienne grande tenue — bleu de ciel à revers blancs — plus résistante que l'habit blanc. Le surtout de petit uniforme est bleu de ciel avec distinctives cramoisies. Pourvu d'une seule rangée de boutons, il a la particularité d'avoir une aiguillette avec une proportion d'or plus réduite que sur l'habit de grande tenue[44].

Annexes

Notes

  1. Il n'existe actuellement qu'un seul exemplaire de casque de trompette des dragons de la Garde. Conservé dans une collection privée, c'est un modèle de la toute fin de l'Empire (1814-1815)[43].

Références

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  2. a b c d e et f Pawly 2012, p. 4.
  3. Pawly 2012, p. 3 et 4.
  4. Prévost et Bourgeot 2009, p. 10.
  5. Prévost et Bourgeot 2009, p. 33.
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  10. Prévost et Bourgeot 2009, p. 32.
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  42. Bucquoy 1977, p. 161 et 162.
  43. Malvaux 2009, p. 66.
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Bibliographie

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