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« Papier peint » : différence entre les versions

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[[Image:2409526677 wallpaper shop.jpg|vignette|Vitrine d'un commerce présentant des échantillons de papier peint des années 1960-1970 (Priem à [[Gand]], [[Belgique]]). |alt=]]
Le '''papier peint''' ('''papier mural''' ou, comme au Québec, '''tapisserie'''<ref>[http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=2084766 Grand Dictionnaire Terminologique], Québec (Canada).</ref>) est un [[Revêtement immobilier|revêtement]] mural servant généralement à décorer une pièce d'habitation. Le matériau n'est pas seulement le papier, il en existe en matières synthétiques.


Si le « papier peint » est utilisé pour tapisser, il se distingue de la [[tapisserie]] qui est exclusivement un panneau d'étoffe dont le motif est obtenu par le tissage que l'on pose le long des murs ou cloisons.
Le '''papier peint''' est un matériau (en général en papier) utilisé pour [[Revêtement immobilier|couvrir et décorer les murs intérieurs d’une habitation ou d’un bâtiment]].


* Le « [[wikt:lé|lé]] » est la bande de papier peint posée verticalement sur un mur ou une [[cloison]]. Il correspond à une section de rouleau coupé mais surtout à sa largeur, en général standard. Les lés à motifs ont la possibilité de se raccorder entre eux de façon à donner l'illusion d'un ensemble uni.
Si le "papier peint" est un papier utilisé pour tapisser, il se distingue de la tapisserie qui est exclusivement un panneau d'étoffe ouvragé que l'on pose le long
* La « bordure » ou « frise » est la fine bande de papier peint, généralement conçue pour être posée horizontalement sur un mur ou une [[cloison]], soit au niveau du sol, soit du plafond.
des murs. En outre, il existe quatre types de papier peint : celui dit ''traditionnel'', celui dit ''vinyle'', celui dit ''l'intissé'' et celui dit ''l'expansé''.


Une bande de papier peint posé sur le mur s’appelle un ''lé''.
papier peint le .


== Historique ==
== ==
[[Fichier:KA-Tapete-Pflanzen03.JPG|vignette|Papier peint chinois exécuté au pinceau, vers 1780, et destiné au marché européen (musée du papier peint de [[Cassel (Hesse)|Cassel]]).]]
=== Origines d'une locution ===
{{article détaillé|dominoterie}}
En français, l'une des premières occurrences apparaît au pluriel, « papiers peints », dans un édit royal du {{date-|10 novembre 1581}} et est liée à la corporation des [[dominotier]]s<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9746943b/ ''Déclaration du Roy, du dixiesme novembre mil cinq cens quatre vingts un, sur l'edit de l'augmentation & reapreciation des marchandises sujettes au payement de ses droicts de domaine & imposition foraine...''], Rouen, M. Le Mesgissier, 1582 — sur ''Gallica''.</ref>.


== Impression ==
== ==
{{article détaillé|Cuir de Cordoue}}
[[Image:1876 printing press Harpers Weekly Dec23.png|thumb| Impression mécanique traditionnelle du papier peint (''[[Harper's Weekly]]'', 1876).]]
Le papier peint a vraisemblablement été inventé en [[Chine]], où il était littéralement confectionné par des dessinateurs qui, à l'aide de pinceaux, illustraient de grandes surfaces en papier, selon différents motifs. Dès le moyen-âge on tapissait les murs des riches demeures européennes, par exemple à [[Venise]], de [[cuir de Cordoue]], une tradition qui remontait à l'Antiquité et qui fut transmise par la [[Califat de Cordoue|civilisation maure]]. Du fait de sa fragilité, il n'existe que peu de trace des premiers papiers peints.


On remarque qu'en 1514, en France, on évoquait déjà du « papier imprimé de figures coloriées »<ref>[http://stella.atilf.fr/ « Domino (I) »], définition contextualisée par l'Atilf.</ref> : elles étaient l'œuvre de dominotiers réunis en une corporation, les « maîtres dominotiers, tailleurs et imprimeurs d'histoires et de figures » qui empruntaient à la [[xylographie]] et à la presse l'art de fabriquer des rectangles de papier, les « dominos », couverts de motifs. On sait que l'idée d'en recouvrir les murs n'est apparue que bien après, au {{s-|XVIII}}, sans doute parce que la mode était à tout ce qui venait d'Orient, mais que longtemps les intérieurs cossus préférèrent le tissu, plus noble, au papier<ref>[[Jean-Michel Papillon]], ''Traité historique et pratique de la gravure en bois'', 3 volumes, Paris, Pierre-Guillaume Simon, 1766, {{p.|20-21}}.</ref>. C'est à cette époque que les manufactures européennes se sont mises à produire du papier peint en mettant au point différentes techniques d'impression. De nouveaux types de motifs sont apparus, s'inspirant de ceux en usage dans le [[Impression textile|domaine du textile]], de la [[marqueterie]], et de l'[[aquarelle]] paysagère.
== Préparation ==
=== Outils nécessaires ===
Il faut :
* une [[table à tapisser]]
* une grande [[règle]] métallique inoxydable
* des [[ciseaux]], un [[cutter]]
* De la [[colle]] à papier peint, généralement en poudre.
* un [[seau]] rond pour faire la colle
* une grosse brosse pour étaler la colle
* une brosse large spéciale pour appliquer et lisser le [[lé]] au mur
* une petite roulette pour bien lisser le [[joint]]s entre deux lés
* un [[fil à plomb]] pour poser le papier bien verticalement
* (optionnel) [[encolleuse]].


L'Angleterre et la France sont leaders dans la fabrication de papiers peints européens.
La colle se prépare en mélangeant la poudre à de l’eau, suivre les indications de la boîte. Laisser reposer un peu avant utilisation.


=== Choix du papier ===
=== ===
L’un des premiers échantillons de papier peint connus se trouve un sur un mur en Angleterre, imprimé au verso d'une proclamation de Londres de 1509. Le papier peint devient très populaire en Angleterre après l'excommunication de [[Henri VIII]] de l'Église catholique : les aristocrates anglais ont toujours importé des tapisseries de Flandre et d'[[Arras]], mais la scission d'Henri VIII d'avec l’Église catholique entraîne une chute des échanges avec l'Europe. Sans aucun fabricant de tapisserie en Angleterre, la noblesse et l'aristocratie anglaise se tournent vers le papier peint.
Le papier peint le plus simple est le papier blanc ingrain (avec un léger relief), sinon vous n’aurez que l’embarras du choix. Il existe des papiers peints adaptés aux pièces humides (cuisine, salle de bains) pouvant être lessivés. Certains papiers peints nécessitent une colle particulière.


Pendant le [[protectorat]] d'[[Oliver Cromwell]], la fabrication du papier peint, considéré comme un objet frivole par le gouvernement puritain, cesse. Après la restauration de [[Charles II (roi d'Angleterre)|Charles II]], les Anglais fortunés recommencent à réclamer du papier peint {{incise|le régime de Cromwell a imposé un mode de vie rigide et austère ; après sa mort, des gens riches commencent à acheter les articles domestiques confortables qui avaient été bannis sous le gouvernement puritain|stop}}.
Certains papiers ont un motif à raccord entre les lés successifs, cela permet d’obtenir de très beaux effets, mais cela complique la pose.


En 1712, sous le règne de la [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|reine Anne]], est introduite une [[taxe sur les papiers peints]], qui ne sera abolie qu'en 1836. Au milieu du {{s-|XVIII}}, la Grande-Bretagne est le premier fabricant de papier peint en Europe, exportant de grandes quantités vers l'Europe, en plus de son propre marché orienté vers la classe moyenne. En 1748, l'ambassadeur britannique à Paris décore son salon d'un papier peint bleu [[Flocage (imprimerie)|floqué]], qui devient alors très à la mode. Cependant, ce commerce est sérieusement perturbé en 1755 par la [[guerre de Sept Ans]] et plus tard par les [[guerres napoléoniennes]], et par un lourd tribut de droit à l'importation en France.
Il existe deux types de raccord : le raccord droit et le raccord sauté (un lé sur deux).


=== En France ===
Le papier peint est vendu en rouleaux qui font de manière standard {{unité|10|m}} de long et {{unité|53|cm}} de large.
[[File:WallpaperP1010650mod.jpg|thumb|Papier peint ancien, originaire de France, décorant les murs de l'Hacienda Santa Maria à [[Tarma]], [[Junín (département)|Junin]], [[Pérou]].]]
Le papier peint est également vendu en rouleaux de {{unité|10|m}} de long et {{unité|70|cm}} de large.
Au milieu du {{s-|XVIII}}, en pleine époque des [[Lumières (philosophie)|Lumières]], le papier peint voit son destin lié à celui de l’[[imprimerie]]. [[Jean-Michel Papillon]] décrit ce processus dans une ébauche d'article qui avait été prévu pour l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' (mais qui ne fut pas retenu).


Le mouvement est complexe : on a d'abord, dès le {{s-|XVI}}, du papier peint à la main fabriqué en Chine, à faible coût donc, et importé par les compagnies marchandes, ce qui le rend très cher. Les lés font {{unité|1,2|m}} de longueur.
Mesurer la hauteur de la pièce (en ajoutant {{unité|10|cm}} de marge) et le périmètre de la pièce pour calculer le nombre de lés par rouleau et le nombre de rouleaux qui seront nécessaires. En cas de motifs à raccord, il faut prévoir plus de marges.


La [[Grande-Bretagne]] domine ce marché, au point que la Couronne britannique en taxe l'importation en 1712. Pour répondre à la demande, l'industrialisation du papier peint va se mettre en place en Europe, d'abord en Angleterre puis en France.
=== Nature des murs ===
Avant la pose du papier peint, le mur doit être éventuellement préparé. En effet le support du papier doit être propre, sec, lisse mais quand même suffisamment absorbant pour que la colle s’agrippe au mur. Cette préparation peut éventuellement être bien plus longue à faire que la pose elle-même.


L'un des premiers fut [[Jean-Baptiste Réveillon]], qui au départ, vers 1753, importait du papier de [[Londres]]. Il sera le premier grand maître du papier peint en France, et lui donnera toutes ses lettres de noblesse. Jean-Baptiste Réveillon embaucha des designers travaillant dans la soie et la tapisserie pour produire certains des papiers peints les plus subtils et les plus luxueux jamais réalisés. Son papier peint bleu ciel à fleurs de lys fut utilisé en 1783 sur les premiers ballons des [[frères Montgolfier]]<ref>Grove Art Online "Wallpaper", Oxford Art Online.</ref>.
Si le mur est déjà recouvert de papier peint, retirer toutes couches déjà existantes. Si le mur est fissuré, reboucher avec de l’[[enduit]] adéquat. Si le mur est neuf (ou [[plâtre|plâtré]]), en mauvais état ou trop absorbant, il faut passer une [[apprêt|sous-couche]] avant la pose.


On dénombre rien qu’à Paris une quarantaine de fabriques en 1790. La France est alors le lieu de rayonnement du papier peint de qualité. Ses motifs puisent dans l'art du paysage à la française, dans le [[rococo]] puis le [[baroque]] et enfin le [[néo-classicisme]] : ils suivent la mode. Se développent aussi de remarquables représentations de paysages exotiques conçues en panorama.
== Pose ==
En général, on commence par un des côtés de la fenêtre. Mesurer environ {{unité|50|cm}} du bord de la fenêtre (c’est-à-dire moins que la largeur d’un lé), le premier lé sera posé à partir de là. Poser les lés en s’éloignant de la fenêtre : en cas de léger recouvrement entre deux lés successifs, cela se voit moins.


En 1797, le peintre [[Joseph Dufour (peintre)|Joseph Dufour]], issu de la fabrique de Jean-Antoine Ferrouillat, associé à son frère Pierre, ouvre à [[Mâcon]] la Manufacture de papiers peints et tissus Joseph Dufour & Cie, qui produit par la technique d'impression à la planche ''[[Les Sauvages de la mer du Pacifique]]'' (1804), un papier peint panoramique composé de vingt lés de {{unité|54|cm}} de largeur chacun, à partir d'un motif général dessiné par le peintre [[Jean-Gabriel Charvet]] illustrant les voyages du [[capitaine Cook]]. Les frères Dufour s'installent dans le [[faubourg Saint-Antoine]], quartier parisien qui devient le pôle du mobilier et de la décoration artisanale.
À l’aide du fil à plomb, tracer un léger trait vertical sur le mur pour poser le premier lé verticalement.


[[Image:'Sauvages de la Mer Pacifique', panels 1-10 of woodblock printed wallpaper designed by --Jean-Gabriel Charvet-- and manufacturered by --Joseph Dufour--.jpg| thumb|center|800px|Lés ici numérotés formant ''[[Les Sauvages de la mer du Pacifique]]'' par [[Jean-Gabriel Charvet]] et manufacturé par [[Joseph Dufour (peintre)|Joseph Dufour et Cie]].]]
Tout au long de la pose, enlever immédiatement les traces et excès de colle avec une éponge humide, tant que la colle n’est pas sèche.


À côté de Joseph Dufour et Cie (1797-1830), d'autres fabricants français de papiers peints panoramiques et de [[trompe-l'œil]], [[Manufacture Zuber|Zuber et Cie]] (1797-présent), [[Auguste François Jacquemart]] (1776-1854) et {{lien|Arthur et Robert}} exportent leurs produits à travers l'Europe et l'[[Amérique du Nord]]. En Suisse romande, le papier panoramique ''La chasse de Compiègne'', par Jacquemart d'après des dessins de [[Carle Vernet]], conservé notamment au [[domaine de Burier]] sur les bords du [[Léman]]<ref>{{Article |langue=de |auteur1=Hermann Schöpfer |auteur2=Monika Dannegger |titre=Die Panorama Tapete "La chasse de Compiègne" in La Tour-de-Peilz bei Vevey |périodique=Revue suisse d'art et d'archéologie |volume=75 |numéro=2-3 |jour= |mois= |année=2018 |pages=89-109 |issn= }}</ref> passe, selon Clouzot et Follot, « pour l'un des plus parfaits du genre »<ref>{{Ouvrage |auteur1=Henri Clouzot |auteur2=Charles Follot |titre=Le papier peint en France |lieu=Paris |éditeur= |année=1935 |passage=134 }}.</ref>. Après la découverte du [[Maryland]], un exemplaire ancien du panoramique ''Les Vues d'Amérique du Nord'', crée en 1834 par Zuber et Cie, a été installé en 1961<ref>{{lien web |auteur=William Kelly |langue=en |titre=The Diplomatic Reception Room’s Historic wallpaper |date=juin 2017 |url=https://www.whitehousehistory.org/the-diplomatic-reception-rooms-historic-wallpaper |site=whitehousehistory.org}}</ref> dans le [[Salon de réception des diplomates (Maison-Blanche)|salon de réception des diplomates à la Maison blanche.]]
Reporter la hauteur (marge de {{unité|10|cm}} incluse) sur le papier et découper un lé. Pour un papier à raccords, il faut tenir compte de celui-ci et prévoir la marge pour pouvoir aligner les lés successifs.


Sous le règne de [[Napoléon III]], l’industrie du papier peint connaît un essor sans égal, puisque la demande comprend désormais la petite bourgeoisie et les classes populaires. Le papier peint est devenu un produit de grande consommation et il existe des modèles à très bas prix.
Poser le lé à l’envers sur la table et encoller-le sur toute la longueur. Pour qu’il soit plus facile à manipuler, replier délicatement dans le sens de la longueur le premier tiers du lé sur le deuxième tiers. Ne pas presser les deux surfaces l’une sur l’autre, il ne s’agit pas de les coller ensemble…


=== Histoire récente ===
Laisser imprégner une dizaine de minutes.
[[Fichier:William Morris design for Trellis wallpaper 1862.jpg|vignette| Esquisse de [[William Morris]] pour du papier peint au motif de [[rose trémière]] (1862).]]
[[Fichier:Otto Erdmann Biedermeiersalon.JPG|vignette|Papier peint d'un salon [[Biedermeier]], tableau d'[[Otto Erdmann (peintre)|Otto Erdmann]] (1834–1905).]]
[[File:Gledhill Wall Paper Co. - Frieze - Google Art Project.jpg|vignette|Frise de Gledhill Wall Paper Co, juillet 1906. Motifs imprimés à la machine sur papier. Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum.]]
Après l’impression à la planche, l’adoption de nouvelles machines dans les années 1850 permet des avancées techniques absolument colossales en termes de productivité<ref name="Rixheim">[https://www.museepapierpeint.org/fr/le-papier-peint/historique/ Histoire du papier peint], Musée du papier peint de Rixheim.</ref>. On invente le papier gaufré, à la dorure, satiné… Ces procédés permettent d’imiter presque tous les matériaux, le papier peint étant passé maître dans l’art du [[trompe-l’œil]]. À partir de 1844, l'inventeur et imprimeur [[Jean-Alexis Rouchon]] en détourne le principe pour fabriquer les premières [[affiche]]s en couleurs<ref>[[Alain Weill (critique d'art)|Alain Weill]], ''L'Affiche dans le monde'', Paris, Somogy, 1984, {{p.|22-23}}.</ref>.


Entre 1870 et 1900, les [[arts décoratifs]] européens se restructurent : par exemple, en Angleterre, [[William Morris]] se consacre spécialement à l'invention de nouveaux motifs qui connaîtront, plus tard, un réel succès.
Dans un premier temps, la partie du bas replié le restera. Poser le lé en partant du haut et en laissant déborder de quelques centimètres sur le plafond. Bien appliquer avec la brosse large en partant du centre du papier vers les côtés, du haut vers le bas (voir le terme [[Maroufler]]).


Alors que Joseph Dufour et Cie ferme dans les années 1830, [[Manufacture Zuber|Zuber et Cie]] existe toujours et, avec Cole & Son en Angleterre et l'Atelier d'Offard également situé en France, demeurent parmi les derniers producteurs occidentaux de papiers peints imprimés à la planche (en bois). Parmi les entreprises créées au {{s-|XIX}}, on trouve : Desfossé & Karth, Dumas, Gillou, [[Grantil]], Hoock, [[Usine Leroy (Saint-Fargeau-Ponthierry)|Leroy]], [[Société française des papiers peints|ESSEF]], Turquetil… en France<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Véronique de Bruignac - La Houghe|titre=Art et artistes du papier peint en France, répertoire alphabétique|lieu=Paris|éditeur=Gourcuff Gradenigo|année=2007|pages totales=288|isbn=978-2-35340-008-9}}</ref> ; aux États-Unis : John Bellrose, Blanchard & Curry, Howell Brothers, Longstreth & Sons, Isaac Pugh à [[Philadelphie]] ; Bigelow, Hayden & Co. au [[Massachusetts]] ; Christy & Constant, A. Harwood, R. Prince à New York.
Pour la jonction au plafond, marquer avec les ciseaux le pli du papier dans l’angle du plafond pour bien avoir la bonne dimension. Légèrement redécoller le papier et découper l’excès ainsi repéré pour que le papier arrive parfaitement à la jointure du mur.


Le {{s-|XX}} voit l’apogée du papier peint qui s’adapte parfaitement au développement accéléré de l’urbanisation européenne.
Déplier maintenant la partie basse du lé et le coller de la même façon, en pressant avec la brosse large du centre vers les bords, du haut vers le bas. Découper l’excès de papier au niveau de la plinthe comme auparavant.

Un impact intéressant du papier peint sur l'industrie publicitaire se produit aux États-Unis vers 1910 : le grand format destiné aux [[affiche]]s dites format ''billboard'' ({{dunité|7,50|3,30|m}}) serait né d'un détournement à l'horizontale de bandes de papier peint.

C’est jusqu'aux {{nobr|années 1980}} la décoration murale la plus utilisée au monde. Suit, pendant une vingtaine d’année, une crise, qui conduit le marché à se restructurer. Au milieu des {{nobr|années 2000}}, le papier peint est revisité par une nouvelle vague de designers, il redevient attractif, inspirant la mode et le luxe. Désormais, la gamme des motifs va de l'ancien au contemporain, en passant par des rééditions ou du papier à la commande, par le biais d'imprimante à jet d'encre. La mode du panorama se poursuit à travers de grandes photographies que l'on peut tapisser sur tout ou partie de la pièce.

=== Le papier, les arts appliqués et les créateurs ===
Le papier peint a inspiré les artistes en lien avec les [[arts appliqués]] tout au long des {{s2-|XIX|XX}}, à commencer par les membres du mouvement [[Arts and Crafts]], mais aussi de l'[[Art nouveau]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jérémie Cerman|titre=Le papier peint Art Nouveau, création, production, diffusion|lieu=Paris|éditeur=Editions Mare & Martin|année=2012|isbn=979-10-92054-10-1}}</ref>, l'[[École nationale supérieure des arts décoratifs|Union des arts décoratifs]], les sociétaires du [[Wiener Werkstätte]], du [[Deutscher Werkbund]], et du [[Bauhaus]].

Il joue un rôle majeur dans les œuvres d'artistes comme [[Paul Cézanne]], [[Edgar Degas]] ou encore [[Henri Matisse]], qui en reprennent les motifs dans leurs compositions peintes. Premier [[Collage (art)|collagiste]] avec [[Georges Braque]], [[Pablo Picasso]] ira jusqu’à intégrer du papier peint dans nombre de toiles dont la fameuse ''Femme à la toilette'' ; il joue aussi avec la multitude de possibilités qu'offre la technique du [[Collage (art)|collage]] dans le film de [[Henri-Georges Clouzot|Clouzot]], ''[[Le Mystère Picasso]]''.

[[Le Corbusier]] qualifiait le papier peint de son époque de « [[peinture à l'huile]] vendue en rouleau ». Il l’utilisait dans ses collages tout comme [[Max Ernst]]. Au début de sa carrière, [[René Magritte]] a dessiné quelques modèles, de même [[Salvador Dalí]], qui a autorisé des manufacturiers à reproduire certains de ses motifs. Alors qu'il avait recouvert dans les {{nobr|années 1960}} les murs de la ''Factory'' de [[papier aluminium]], [[Andy Warhol]] a autorisé la production de papier peint comportant ses dessins<ref>Hapgood, ''Wallpaper and the artist: from Durer to Warhol'', Londres, Abbeville Press, 1992.</ref>.

Il est aujourd'hui le lieu d'expression de nombreux [[designers]].

== Technique ==
=== Fabrication ancienne : impression traditionnelle à la planche ===
{{citation|On se sert pour imprimer le papier de planches en bois du même type que celles qu'on emploie dans l'impression sur textile. Ces planches qui ont en tout environ {{Unité|54|mm}} d'épaisseur sont formées de trois planchettes collées ensemble de manière que les fils du bois se contrarient afin qu'elles ne se voilent pas. Deux de ces planchettes sont en [[peuplier]] la troisième est en bois de [[poirier]]. C'est sur cette dernière que les dessins sont gravés en [[taille d'épargne]]. Il faut autant de planches différentes que l'on a non seulement de couleurs mais de nuances différentes de ces mêmes couleurs à placer pour faire ressortir le dessin proposé. Pour faire une rose par exemple on pose successivement trois rouges plus foncés l'un que l'autre, un blanc pour les clairs, deux et quelquefois trois verts pour les feuilles, et deux couleurs de bois pour les tiges, en tout neuf et souvent douze planches pour une rose. Les planches portent des repères dont l'un sur un coin, l'autre sur l'autre et qui sont disposés avec une telle exactitude que les repères de devant se placent exactement sur les repères de derrière et par ce moyen on peut répéter le dessin d'un bout à l'autre de la pièce sans qu'il y ait aucune confusion. Lorsque le metteur sur bois est un peu adroit il place ses repères de manière qu'en posant une seconde fois la planche ces repères se trouvent cachés par la couleur que la planche dépose et lorsque la pièce est finie on ne voit tout au plus que les deux repères qui commencent la pièce et les deux qui la terminent}} (''Dictionnaire universel des arts et métiers'', 1829)<ref>''Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers et de l'économie industrielle et commerciale, par une société de savants et d'artistes'', Volume 15. Thomine, Libraire, Rue de la Harpe, 1829. [https://books.google.be/books?id=eWWCG1U0dnIC Consulter en ligne]</ref>.

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Fichier:Paper Museum in Atlanta 053.JPG|Planche d'impression.
Fichier:Les merveilles de l'industrie, 1873 "Impression à la planche du papier peint". (4727172734).jpg|Table d'impression de papier peint, l'imprimeur à la planche et son assistant qui étale la couleur sur le feutre du bac à couleur.
Fichier:Wallpaper of Great Exhibition.jpg|Détail - exemple de papier peint, imprimé à la planche, vers 1851.
</gallery>

Parmi les derniers fabricants à produire du papier peint à partir de matrices gravées en relief, on peut citer, en France, Zuber et l'Atelier d'Offard, en Angleterre, Cole & Son, aux États-Unis, Adelphi Paper Hanging.

=== Première mécanisation : impression mécanique aux rouleaux en relief ===
La première machine efficace pour l'impression de papier peint est due à la firme C.h. & E. Potter de Darwen (Lancashire, Royaume-Uni) qui commercialise ses premiers rouleaux de papier peint en 1841<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Alan Victor Sugden and John Ludlum Edmonson|titre=A History of English Wallpaper 1509-1914|lieu=Londres|éditeur=B.T. Batsford ltd|année=1925}}</ref>. Le motif est imprimé par l'intermédiaire de rouleaux gravés en relief, le principe est aussi connu sous le nom de « ''surface-printing'' ». Comme dans l'impression traditionnelle à la planche, il faut autant de rouleaux que de couleurs. La couleur est apportée depuis un bac à couleur jusqu'au rouleau matrice par l'intermédiaire d'un feutre.

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Fichier:Rouleau d'impression (Figuier 1878) p. 332 fig. 133 et 134.jpg|Unité d'impression pour une couleur.
Fichier:Usine leroy machine aux 26 couleurs rouleaux detail4.jpg|Détail d'un cylindre d'impression rouleau relief.
Fichier:Les merveilles de l'industrie, 1873 "Machine à imprimer les papiers peints en 20 couleurs" (4727233846).jpg|Machine à imprimer les papiers peints en 20 couleurs.
Fichier:Exhibit Wallpaper-Paper pintat at DHUB Barcelona (2).jpg|Papiers peints, époque Art Nouveau, imprimé mécaniquement aux rouleaux en relief.
Fichier:La machine aux 26 couleurs de Saint-Fargeau-Ponthierry vue de trois-quarts.jpg|Machine aux 26 couleurs de l'ancienne manufacture de papier peint Leroy à [[Saint-Fargeau-Ponthierry]] ([[Seine-et-Marne|Seine-Marne]]).
</gallery>

Cette technique de fabrication est encore utilisée de nos jours.

=== Fabrication moderne ===
Il existe quatre types principaux de papier peint : le ''traditionnel'', le [[revêtement mural PVC]] ou vinyle, l'intissé et l'expansé. Certains revêtements se présentent [[marouflage|marouflés]] sur de la [[toile de jute]] et permettent ainsi l'encollage sur un mur ayant subi diverses formes d'altérations et accentuent l'insonorisation d'un local (un enduit étant cependant nécessaire pour obtenir un lissé).

Depuis une vingtaine d'années, il existe des machines à décoller les anciens papiers, fonctionnant à la vapeur. Les revêtements autocollants ont tendance à disparaître.

== Notes et références ==
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{autres projets|
* Collectif, ''Technique et papier peint'', Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, N°823, N°4, 1991.
commons=Category:Wallpaper}}
* Collectif, ''Papiers peints, Poésie des mur'', Editeur : Bibliotheque Des Arts, 2010. Fiche consultable en ligne : https://les-lubies-de-ludi.com/livre-dart-papiers-peints-poesie-des-murs/
* Odile Nouvel-Kammerer (s./dir.), ''Papiers peints panoramiques'', Paris, Flammarion, 1998, {{ISBN| 9782080109965}}.
* Christine Velut, ''Décors de papier : production, commercialisation et usages des papiers peints à Paris, 1750-1820'', thèse de doctorat, Paris I, 2001, 2 vol. Publié partiellement dans : Christine Velut, ''Décors de papier, production, commerce et usages des papiers peints à Paris, 1750-1820,'' Paris, Monum, éditions du patrimoine, 2005.
* Bernard Jacqué, ''De la manufacture au mur, pour une histoire matérielle du papier peint (1770-1914),'' Thèse de doctorat en histoire contemporaine de l’Université de Lyon II Lumière, 2003. Consultable en ligne : http://demeter.univ-lyon2.fr:8080/sdx/theses/notice.xsp?id=lyon2.2003.jacque_b-principal&base=documents&base=documents&id_doc=lyon2.2003.jacque_b&num=&qid=pcd-q&dn=2
* Articles « domino (papier) », « papiers peints », et « tontisse », par Jean-Pierre Seguin, in: ''[[Encyclopaedia Universalis]]'', Thesaurus II-V, {{date-|septembre 2008}}.
* Carolle Thibaut-Pommerantz, ''Papiers peints. Inspirations et tendances'', Paris, Flammarion, 2009, {{ISBN| 9782081216983}}.
* Jérémie Cerman, ''Le papier peint autour de 1900 : usages et diffusion de l'esthétique Art nouveau en Europe dans le décor intérieur,'' Thèse de doctorat en histoire de l'art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2009. Remaniée dans la publication : Jérémie Cerman, ''Le papier peint Art Nouveau, création, production, diffusion'', Paris, Editions Mare & Martin, 2012{{ISBN|9782849340936}}.
* {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Bernard|nom1=Jacqué|titre chapitre=Papier peint : pour un bilan du patrimoine français|auteurs ouvrage=Jean-Claude Daumas (dir.)|titre ouvrage=La mémoire de l’industrie|sous-titre ouvrage=De l’usine au patrimoine|lieu=Besançon|éditeur=Presses universitaires de Franche-Comté|année=2006|date=|pages totales=|passage=217–225|isbn=978-2-84867-140-6|doi=10.4000/books.pufc.28129|accès doi=libre|lire en ligne=http://books.openedition.org/pufc/28129|consulté le=2024-07-17}}.
* {{Ouvrage|auteur1=René Sellal|titre=Les alsaciens et l'Amérique du {{S-|XVI}} au début du {{S-|XX}}|lieu=Mulhouse|éditeur=Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse|année=1985|pages totales=144|isbn=|issn=0037-9441}}{{Commentaire biblio|Bulletin n°2 de 1985. Notes sur la commercialisation du papier peint français aux Etats-Unis dans la première moitié du XIXe siècle, pp. 107 à 112}}

=== Articles connexes ===
* [[Colle à tapisser]], [[tapissage]]
* [[Paille japonaise]]
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Cet article concerne le matériau de décoration, pour l’utilisation du terme en informatique voir fond d'écran.
Vitrine d'un commerce présentant des échantillons de papier peint des années 1960-1970 (Priem à Gand, Belgique).

Le papier peint (papier mural ou, comme au Québec, tapisserie[1]) est un revêtement mural servant généralement à décorer une pièce d'habitation. Le matériau n'est pas seulement le papier, il en existe en matières synthétiques.

Si le « papier peint » est utilisé pour tapisser, il se distingue de la tapisserie qui est exclusivement un panneau d'étoffe dont le motif est obtenu par le tissage que l'on pose le long des murs ou cloisons.

  • Le «  » est la bande de papier peint posée verticalement sur un mur ou une cloison. Il correspond à une section de rouleau coupé mais surtout à sa largeur, en général standard. Les lés à motifs ont la possibilité de se raccorder entre eux de façon à donner l'illusion d'un ensemble uni.
  • La « bordure » ou « frise » est la fine bande de papier peint, généralement conçue pour être posée horizontalement sur un mur ou une cloison, soit au niveau du sol, soit du plafond.

On peut poser du papier peint soi-même ou le faire faire par des professionnels.

Papier peint chinois exécuté au pinceau, vers 1780, et destiné au marché européen (musée du papier peint de Cassel).

Origines d'une locution

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En français, l'une des premières occurrences apparaît au pluriel, « papiers peints », dans un édit royal du et est liée à la corporation des dominotiers[2].

Origine en Chine

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Impression mécanique traditionnelle du papier peint (Harper's Weekly, 1876).

Le papier peint a vraisemblablement été inventé en Chine, où il était littéralement confectionné par des dessinateurs qui, à l'aide de pinceaux, illustraient de grandes surfaces en papier, selon différents motifs. Dès le moyen-âge on tapissait les murs des riches demeures européennes, par exemple à Venise, de cuir de Cordoue, une tradition qui remontait à l'Antiquité et qui fut transmise par la civilisation maure. Du fait de sa fragilité, il n'existe que peu de trace des premiers papiers peints.

On remarque qu'en 1514, en France, on évoquait déjà du « papier imprimé de figures coloriées »[3] : elles étaient l'œuvre de dominotiers réunis en une corporation, les « maîtres dominotiers, tailleurs et imprimeurs d'histoires et de figures » qui empruntaient à la xylographie et à la presse l'art de fabriquer des rectangles de papier, les « dominos », couverts de motifs. On sait que l'idée d'en recouvrir les murs n'est apparue que bien après, au XVIIIe siècle, sans doute parce que la mode était à tout ce qui venait d'Orient, mais que longtemps les intérieurs cossus préférèrent le tissu, plus noble, au papier[4]. C'est à cette époque que les manufactures européennes se sont mises à produire du papier peint en mettant au point différentes techniques d'impression. De nouveaux types de motifs sont apparus, s'inspirant de ceux en usage dans le domaine du textile, de la marqueterie, et de l'aquarelle paysagère.

L'Angleterre et la France sont leaders dans la fabrication de papiers peints européens.

En Angleterre

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L’un des premiers échantillons de papier peint connus se trouve un sur un mur en Angleterre, imprimé au verso d'une proclamation de Londres de 1509. Le papier peint devient très populaire en Angleterre après l'excommunication de Henri VIII de l'Église catholique : les aristocrates anglais ont toujours importé des tapisseries de Flandre et d'Arras, mais la scission d'Henri VIII d'avec l’Église catholique entraîne une chute des échanges avec l'Europe. Sans aucun fabricant de tapisserie en Angleterre, la noblesse et l'aristocratie anglaise se tournent vers le papier peint.

Pendant le protectorat d'Oliver Cromwell, la fabrication du papier peint, considéré comme un objet frivole par le gouvernement puritain, cesse. Après la restauration de Charles II, les Anglais fortunés recommencent à réclamer du papier peint — le régime de Cromwell a imposé un mode de vie rigide et austère ; après sa mort, des gens riches commencent à acheter les articles domestiques confortables qui avaient été bannis sous le gouvernement puritain.

En 1712, sous le règne de la reine Anne, est introduite une taxe sur les papiers peints, qui ne sera abolie qu'en 1836. Au milieu du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne est le premier fabricant de papier peint en Europe, exportant de grandes quantités vers l'Europe, en plus de son propre marché orienté vers la classe moyenne. En 1748, l'ambassadeur britannique à Paris décore son salon d'un papier peint bleu floqué, qui devient alors très à la mode. Cependant, ce commerce est sérieusement perturbé en 1755 par la guerre de Sept Ans et plus tard par les guerres napoléoniennes, et par un lourd tribut de droit à l'importation en France.

Papier peint ancien, originaire de France, décorant les murs de l'Hacienda Santa Maria à Tarma, Junin, Pérou.

Au milieu du XVIIIe siècle, en pleine époque des Lumières, le papier peint voit son destin lié à celui de l’imprimerie. Jean-Michel Papillon décrit ce processus dans une ébauche d'article qui avait été prévu pour l'Encyclopédie (mais qui ne fut pas retenu).

Le mouvement est complexe : on a d'abord, dès le XVIe siècle, du papier peint à la main fabriqué en Chine, à faible coût donc, et importé par les compagnies marchandes, ce qui le rend très cher. Les lés font 1,2 m de longueur.

La Grande-Bretagne domine ce marché, au point que la Couronne britannique en taxe l'importation en 1712. Pour répondre à la demande, l'industrialisation du papier peint va se mettre en place en Europe, d'abord en Angleterre puis en France.

L'un des premiers fut Jean-Baptiste Réveillon, qui au départ, vers 1753, importait du papier de Londres. Il sera le premier grand maître du papier peint en France, et lui donnera toutes ses lettres de noblesse. Jean-Baptiste Réveillon embaucha des designers travaillant dans la soie et la tapisserie pour produire certains des papiers peints les plus subtils et les plus luxueux jamais réalisés. Son papier peint bleu ciel à fleurs de lys fut utilisé en 1783 sur les premiers ballons des frères Montgolfier[5].

On dénombre rien qu’à Paris une quarantaine de fabriques en 1790. La France est alors le lieu de rayonnement du papier peint de qualité. Ses motifs puisent dans l'art du paysage à la française, dans le rococo puis le baroque et enfin le néo-classicisme : ils suivent la mode. Se développent aussi de remarquables représentations de paysages exotiques conçues en panorama.

En 1797, le peintre Joseph Dufour, issu de la fabrique de Jean-Antoine Ferrouillat, associé à son frère Pierre, ouvre à Mâcon la Manufacture de papiers peints et tissus Joseph Dufour & Cie, qui produit par la technique d'impression à la planche Les Sauvages de la mer du Pacifique (1804), un papier peint panoramique composé de vingt lés de 54 cm de largeur chacun, à partir d'un motif général dessiné par le peintre Jean-Gabriel Charvet illustrant les voyages du capitaine Cook. Les frères Dufour s'installent dans le faubourg Saint-Antoine, quartier parisien qui devient le pôle du mobilier et de la décoration artisanale.

Lés ici numérotés formant Les Sauvages de la mer du Pacifique par Jean-Gabriel Charvet et manufacturé par Joseph Dufour et Cie.

À côté de Joseph Dufour et Cie (1797-1830), d'autres fabricants français de papiers peints panoramiques et de trompe-l'œil, Zuber et Cie (1797-présent), Auguste François Jacquemart (1776-1854) et Arthur et Robert (en) exportent leurs produits à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. En Suisse romande, le papier panoramique La chasse de Compiègne, par Jacquemart d'après des dessins de Carle Vernet, conservé notamment au domaine de Burier sur les bords du Léman[6] passe, selon Clouzot et Follot, « pour l'un des plus parfaits du genre »[7]. Après la découverte du Maryland, un exemplaire ancien du panoramique Les Vues d'Amérique du Nord, crée en 1834 par Zuber et Cie, a été installé en 1961[8] dans le salon de réception des diplomates à la Maison blanche.

Sous le règne de Napoléon III, l’industrie du papier peint connaît un essor sans égal, puisque la demande comprend désormais la petite bourgeoisie et les classes populaires. Le papier peint est devenu un produit de grande consommation et il existe des modèles à très bas prix.

Histoire récente

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Esquisse de William Morris pour du papier peint au motif de rose trémière (1862).
Papier peint d'un salon Biedermeier, tableau d'Otto Erdmann (1834–1905).
Frise de Gledhill Wall Paper Co, juillet 1906. Motifs imprimés à la machine sur papier. Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum.

Après l’impression à la planche, l’adoption de nouvelles machines dans les années 1850 permet des avancées techniques absolument colossales en termes de productivité[9]. On invente le papier gaufré, à la dorure, satiné… Ces procédés permettent d’imiter presque tous les matériaux, le papier peint étant passé maître dans l’art du trompe-l’œil. À partir de 1844, l'inventeur et imprimeur Jean-Alexis Rouchon en détourne le principe pour fabriquer les premières affiches en couleurs[10].

Entre 1870 et 1900, les arts décoratifs européens se restructurent : par exemple, en Angleterre, William Morris se consacre spécialement à l'invention de nouveaux motifs qui connaîtront, plus tard, un réel succès.

Alors que Joseph Dufour et Cie ferme dans les années 1830, Zuber et Cie existe toujours et, avec Cole & Son en Angleterre et l'Atelier d'Offard également situé en France, demeurent parmi les derniers producteurs occidentaux de papiers peints imprimés à la planche (en bois). Parmi les entreprises créées au XIXe siècle, on trouve : Desfossé & Karth, Dumas, Gillou, Grantil, Hoock, Leroy, ESSEF, Turquetil… en France[11] ; aux États-Unis : John Bellrose, Blanchard & Curry, Howell Brothers, Longstreth & Sons, Isaac Pugh à Philadelphie ; Bigelow, Hayden & Co. au Massachusetts ; Christy & Constant, A. Harwood, R. Prince à New York.

Le XXe siècle voit l’apogée du papier peint qui s’adapte parfaitement au développement accéléré de l’urbanisation européenne.

Un impact intéressant du papier peint sur l'industrie publicitaire se produit aux États-Unis vers 1910 : le grand format destiné aux affiches dites format billboard (7,50 × 3,30 m) serait né d'un détournement à l'horizontale de bandes de papier peint.

C’est jusqu'aux années 1980 la décoration murale la plus utilisée au monde. Suit, pendant une vingtaine d’année, une crise, qui conduit le marché à se restructurer. Au milieu des années 2000, le papier peint est revisité par une nouvelle vague de designers, il redevient attractif, inspirant la mode et le luxe. Désormais, la gamme des motifs va de l'ancien au contemporain, en passant par des rééditions ou du papier à la commande, par le biais d'imprimante à jet d'encre. La mode du panorama se poursuit à travers de grandes photographies que l'on peut tapisser sur tout ou partie de la pièce.

Le papier, les arts appliqués et les créateurs

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Le papier peint a inspiré les artistes en lien avec les arts appliqués tout au long des XIXe et XXe siècles, à commencer par les membres du mouvement Arts and Crafts, mais aussi de l'Art nouveau[12], l'Union des arts décoratifs, les sociétaires du Wiener Werkstätte, du Deutscher Werkbund, et du Bauhaus.

Il joue un rôle majeur dans les œuvres d'artistes comme Paul Cézanne, Edgar Degas ou encore Henri Matisse, qui en reprennent les motifs dans leurs compositions peintes. Premier collagiste avec Georges Braque, Pablo Picasso ira jusqu’à intégrer du papier peint dans nombre de toiles dont la fameuse Femme à la toilette ; il joue aussi avec la multitude de possibilités qu'offre la technique du collage dans le film de Clouzot, Le Mystère Picasso.

Le Corbusier qualifiait le papier peint de son époque de « peinture à l'huile vendue en rouleau ». Il l’utilisait dans ses collages tout comme Max Ernst. Au début de sa carrière, René Magritte a dessiné quelques modèles, de même Salvador Dalí, qui a autorisé des manufacturiers à reproduire certains de ses motifs. Alors qu'il avait recouvert dans les années 1960 les murs de la Factory de papier aluminium, Andy Warhol a autorisé la production de papier peint comportant ses dessins[13].

Il est aujourd'hui le lieu d'expression de nombreux designers.

Fabrication ancienne : impression traditionnelle à la planche

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« On se sert pour imprimer le papier de planches en bois du même type que celles qu'on emploie dans l'impression sur textile. Ces planches qui ont en tout environ 54 mm d'épaisseur sont formées de trois planchettes collées ensemble de manière que les fils du bois se contrarient afin qu'elles ne se voilent pas. Deux de ces planchettes sont en peuplier la troisième est en bois de poirier. C'est sur cette dernière que les dessins sont gravés en taille d'épargne. Il faut autant de planches différentes que l'on a non seulement de couleurs mais de nuances différentes de ces mêmes couleurs à placer pour faire ressortir le dessin proposé. Pour faire une rose par exemple on pose successivement trois rouges plus foncés l'un que l'autre, un blanc pour les clairs, deux et quelquefois trois verts pour les feuilles, et deux couleurs de bois pour les tiges, en tout neuf et souvent douze planches pour une rose. Les planches portent des repères dont l'un sur un coin, l'autre sur l'autre et qui sont disposés avec une telle exactitude que les repères de devant se placent exactement sur les repères de derrière et par ce moyen on peut répéter le dessin d'un bout à l'autre de la pièce sans qu'il y ait aucune confusion. Lorsque le metteur sur bois est un peu adroit il place ses repères de manière qu'en posant une seconde fois la planche ces repères se trouvent cachés par la couleur que la planche dépose et lorsque la pièce est finie on ne voit tout au plus que les deux repères qui commencent la pièce et les deux qui la terminent » (Dictionnaire universel des arts et métiers, 1829)[14].

Parmi les derniers fabricants à produire du papier peint à partir de matrices gravées en relief, on peut citer, en France, Zuber et l'Atelier d'Offard, en Angleterre, Cole & Son, aux États-Unis, Adelphi Paper Hanging.

Première mécanisation : impression mécanique aux rouleaux en relief

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La première machine efficace pour l'impression de papier peint est due à la firme C.h. & E. Potter de Darwen (Lancashire, Royaume-Uni) qui commercialise ses premiers rouleaux de papier peint en 1841[15]. Le motif est imprimé par l'intermédiaire de rouleaux gravés en relief, le principe est aussi connu sous le nom de « surface-printing ». Comme dans l'impression traditionnelle à la planche, il faut autant de rouleaux que de couleurs. La couleur est apportée depuis un bac à couleur jusqu'au rouleau matrice par l'intermédiaire d'un feutre.

Cette technique de fabrication est encore utilisée de nos jours.

Fabrication moderne

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Il existe quatre types principaux de papier peint : le traditionnel, le revêtement mural PVC ou vinyle, l'intissé et l'expansé. Certains revêtements se présentent marouflés sur de la toile de jute et permettent ainsi l'encollage sur un mur ayant subi diverses formes d'altérations et accentuent l'insonorisation d'un local (un enduit étant cependant nécessaire pour obtenir un lissé).

Depuis une vingtaine d'années, il existe des machines à décoller les anciens papiers, fonctionnant à la vapeur. Les revêtements autocollants ont tendance à disparaître.

Notes et références

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  1. Grand Dictionnaire Terminologique, Québec (Canada).
  2. Déclaration du Roy, du dixiesme novembre mil cinq cens quatre vingts un, sur l'edit de l'augmentation & reapreciation des marchandises sujettes au payement de ses droicts de domaine & imposition foraine..., Rouen, M. Le Mesgissier, 1582 — sur Gallica.
  3. « Domino (I) », définition contextualisée par l'Atilf.
  4. Jean-Michel Papillon, Traité historique et pratique de la gravure en bois, 3 volumes, Paris, Pierre-Guillaume Simon, 1766, p. 20-21.
  5. Grove Art Online "Wallpaper", Oxford Art Online.
  6. (de) Hermann Schöpfer et Monika Dannegger, « Die Panorama Tapete "La chasse de Compiègne" in La Tour-de-Peilz bei Vevey », Revue suisse d'art et d'archéologie, vol. 75, nos 2-3,‎ , p. 89-109
  7. Henri Clouzot et Charles Follot, Le papier peint en France, Paris, , p. 134.
  8. (en) William Kelly, « The Diplomatic Reception Room’s Historic wallpaper », sur whitehousehistory.org,
  9. Histoire du papier peint, Musée du papier peint de Rixheim.
  10. Alain Weill, L'Affiche dans le monde, Paris, Somogy, 1984, p. 22-23.
  11. Véronique de Bruignac - La Houghe, Art et artistes du papier peint en France, répertoire alphabétique, Paris, Gourcuff Gradenigo, , 288 p. (ISBN 978-2-35340-008-9)
  12. Jérémie Cerman, Le papier peint Art Nouveau, création, production, diffusion, Paris, Editions Mare & Martin, (ISBN 979-10-92054-10-1)
  13. Hapgood, Wallpaper and the artist: from Durer to Warhol, Londres, Abbeville Press, 1992.
  14. Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers et de l'économie industrielle et commerciale, par une société de savants et d'artistes, Volume 15. Thomine, Libraire, Rue de la Harpe, 1829. Consulter en ligne
  15. (en) Alan Victor Sugden and John Ludlum Edmonson, A History of English Wallpaper 1509-1914, Londres, B.T. Batsford ltd,

Bibliographie

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  • Collectif, Technique et papier peint, Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, N°823, N°4, 1991.
  • Collectif, Papiers peints, Poésie des mur, Editeur : Bibliotheque Des Arts, 2010. Fiche consultable en ligne : https://les-lubies-de-ludi.com/livre-dart-papiers-peints-poesie-des-murs/
  • Odile Nouvel-Kammerer (s./dir.), Papiers peints panoramiques, Paris, Flammarion, 1998, (ISBN 9782080109965).
  • Christine Velut, Décors de papier : production, commercialisation et usages des papiers peints à Paris, 1750-1820, thèse de doctorat, Paris I, 2001, 2 vol. Publié partiellement dans : Christine Velut, Décors de papier, production, commerce et usages des papiers peints à Paris, 1750-1820, Paris, Monum, éditions du patrimoine, 2005.
  • Bernard Jacqué, De la manufacture au mur, pour une histoire matérielle du papier peint (1770-1914), Thèse de doctorat en histoire contemporaine de l’Université de Lyon II Lumière, 2003. Consultable en ligne : http://demeter.univ-lyon2.fr:8080/sdx/theses/notice.xsp?id=lyon2.2003.jacque_b-principal&base=documents&base=documents&id_doc=lyon2.2003.jacque_b&num=&qid=pcd-q&dn=2
  • Articles « domino (papier) », « papiers peints », et « tontisse », par Jean-Pierre Seguin, in: Encyclopaedia Universalis, Thesaurus II-V, .
  • Carolle Thibaut-Pommerantz, Papiers peints. Inspirations et tendances, Paris, Flammarion, 2009, (ISBN 9782081216983).
  • Jérémie Cerman, Le papier peint autour de 1900 : usages et diffusion de l'esthétique Art nouveau en Europe dans le décor intérieur, Thèse de doctorat en histoire de l'art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2009. Remaniée dans la publication : Jérémie Cerman, Le papier peint Art Nouveau, création, production, diffusion, Paris, Editions Mare & Martin, 2012 (ISBN 9782849340936).
  • Bernard Jacqué, « Papier peint : pour un bilan du patrimoine français », dans Jean-Claude Daumas (dir.), La mémoire de l’industrie : De l’usine au patrimoine, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-140-6, DOI 10.4000/books.pufc.28129 Accès libre, lire en ligne), p. 217–225.
  • René Sellal, Les alsaciens et l'Amérique du XVIe siècle au début du XXe siècle, Mulhouse, Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, , 144 p. (ISSN 0037-9441)
    Bulletin n°2 de 1985. Notes sur la commercialisation du papier peint français aux Etats-Unis dans la première moitié du XIXe siècle, pp. 107 à 112

Articles connexes

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Liens externes

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