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« Affaire Woerth-Bettencourt » : différence entre les versions

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{{Confusion|Affaire Banier-Bettencourt}}
{{Événement en cours}}
L''''affaire Woerth-Bettencourt''' est une [[affaire politico-financière]] déclenchée par la publication par [[Mediapart]] le {{date|16|juin|2010}}<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/140610/sarkozy-woerth-fraude-fiscale-les-secrets-voles-de-laffaire-bettencourt|titre=Sarkozy, Woerth, fraude fiscale: les secrets volés de l'affaire Bettencourt|site=Mediapart|en ligne le=16 juin 2010|auteur=Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme}}</ref> d'enregistrements réalisés clandestinement en [[2009]] et [[2010]] par Pascal Bonnefoy, le majordome de [[Liliane Bettencourt]], femme d'affaires, première actionnaire du groupe [[L'Oréal]] et l'une des trois premières fortunes de France<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/07/07/04016-20100707ARTFIG00670-bernard-arnault-sacre-homme-le-plus-riche-de-france.php|titre=Bernard Arnault sacré homme le plus riche de France|site=Le Figaro.fr|consulté le=8 juillet 2010|en ligne le=7 juillet 2010|auteur=Marie Herbet}}</ref>, au domicile de cette dernière. Liliane Bettencourt est soupçonnée de [[fraude fiscale]], les écoutes pirates laissant penser qu'elle est entre autres propriétaire de l'[[île d'Arros]] ([[Seychelles]]) et de comptes bancaires à l'étranger sans les avoir déclarés au [[Direction générale des Finances publiques|fisc]].


L''''affaire Woerth-Bettencourt''' est une affaire politico-financière, impliquant principalement l'homme politique [[Éric Woerth]], trésorier de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]] jusqu'en 2007, et la milliardaire [[Liliane Bettencourt]].
La divulgation de ces enregistrements a également mis en lumière les possibles [[Conflit d'intérêts|conflits d'intérêts]] entre Liliane Bettencourt et [[Éric Woerth]], [[Ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique|ministre du Travail]] depuis mars 2010 ; [[Florence Woerth]], épouse d'Éric Woerth, a été une employée de Clymène, filiale de Téthys, sociétés gérant respectivement la fortune Bettencourt et les titres du groupe L'Oréal, tandis que {{M.}} Woerth a cumulé entre mai [[2007]] et mars [[2010]], le poste de [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]] et la fonction de [[Trésorerie|trésorier]] de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]]. L'ex-comptable de Liliane Bettencourt, entendue par les enquêteurs, évoque l'existence d'un possible financement illégal de la [[Campagne présidentielle française de 2007|campagne présidentielle]] de [[Nicolas Sarkozy]].


Elle est rendue publique le {{date-|16|juin|2010}} lorsque ''[[Mediapart]]'' et le journaliste [[Hervé Gattegno]] publient des enregistrements de la milliardaire Liliane Bettencourt, première actionnaire de [[L'Oréal]]. Ces enregistrements, réalisés clandestinement par son majordome, mettent en lumière de possibles [[Conflit d'intérêts|conflits d'intérêts]] entre Liliane Bettencourt et Éric Woerth, via son épouse [[Florence Woerth]]. Auditionnée par la justice, l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, évoque également l'existence d'un possible financement illégal de la [[Campagne présidentielle française de 2007|campagne présidentielle de 2007]] de [[Nicolas Sarkozy]].
== Contexte ==


Cette affaire met en lumière des pratiques intenses de fraude fiscale et d'évasion fiscale. La milliardaire Liliane Bettencourt aurait près de 100 millions d'euros cachés sur 12 comptes situés dans des banques en Suisse<ref>{{Lien web |titre=Les 12 comptes cachés de Liliane Bettencourt|url=https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Les-12-comptes-caches-de-Liliane-Bettencourt-145895 |site=Paris Match |date=21/11/2011}}.</ref>.
L'affaire Woerth-Bettencourt fait suite au conflit juridique opposant [[Françoise Bettencourt-Meyers]], fille de Liliane Bettencourt, au photographe [[François-Marie Banier]] pour « abus de faiblesse ». Elle accuse ce dernier d'avoir profité de la fragilité psychologique de sa mère, alors âgée de 87 ans, pour obtenir près d'un milliard d'euros de dons sous forme de chèques, de tableaux de maîtres ou de contrats d'assurance-vie<ref name="cha1">{{Lien web|url=http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20100628.CHA5440/ouverture_du_proces_bettencourtbanier.html|titre=Ouverture du procès Bettencourt/Banier|site=Challenges.fr|en ligne le=1 juillet 2010|consulté le=1 juillet 2010}}</ref>. C'est après la mort de son père, en 2007, alertée par des employés de sa mère, qu'elle découvre l'ampleur des largesses dont a bénéficié François-Marie Banier<ref>{{Lien web|url=http://www.marianne2.fr/Du-rififi-dans-les-grandes-familles_a174398.html|titre=Du rififi dans les grandes familles|site=Marianne2.fr|auteur=François Darbas|en ligne le=24 janvier 2009|consulté le=10 juillet 2010}}</ref>. Ces accusations ont été rejetées par {{M.}} Banier, qui assure que ces cadeaux lui ont été offerts avec le libre consentement de Liliane Bettencourt<ref name="cha1" />. En 2008, une tentative de conciliation entre Liliane Bettencourt, sa fille et François-Marie Banier échoue<ref>{{Lien web|url=http://www.challenges.fr/magazine/encouverture/0219.031483/?xtmc=bettencourt&xtcr=143|titre=La conciliation avortée|site=Challenges.fr|consulté le=17 juillet 2010}}</ref>.


Les différentes poursuites et procédures judiciaires qui s'ensuivent durent près de 10 ans. [[Françoise Bettencourt Meyers]], sa comptable Claire Thibout et [[Nicolas Sarkozy]] bénéficient en 2013 d'un [[non-lieu en procédure pénale française|non-lieu]] alors que [[Éric Woerth]], en tant que trésorier de l'UMP, est renvoyé en correctionnelle. Il est finalement relaxé en 2015.
D'[[avril 2009]] à [[mai 2010]], des enregistrements pirates ont été réalisés, clandestinement, donc, par le majordome de Liliane Bettencourt à l'hôtel particulier de cette dernière, à [[Neuilly-sur-Seine]]. Le majordome assure ne plus supporter de « voir Madame se faire abuser par des gens sans scrupules<ref name="point">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/societe/affaire-bettencourt-les-enregistrements-secrets-du-maitre-d-hotel-16-06-2010-467210_23.php|titre=Affaire Bettencourt - Les enregistrements secrets du maître d'hôtel|site=Le Point.fr|en ligne le=16 juin 2010|consulté le=1 juillet 2010|auteur=Hervé Gattegno}}</ref> », dont François-Marie Banier, et d'avoir eu l'idée d'enregistrer les conversations de Liliane Bettencourt dans le but de se défendre ; en 2008 en effet, « plusieurs domestiques ont été licenciés après avoir témoigné de l'emprise exercée par Banier sur leur maîtresse<ref name="point" /> ». Vingt-et-une heure d'écoutes ont été enregistrées sur un dictaphone puis transférées sur 28 [[CD-ROM]]<ref name="monde1" /> avant d'être remises à Françoise Bettencourt-Meyers, qui les confia à la police<ref name="point" />.


Dans l'[[affaire Banier-Bettencourt]], volet distinct relatif à l'[[abus de faiblesse]] de la milliardaire âgée par son entourage, les principaux protagonistes sont condamnés.
Alors que Liliane Bettencourt refuse toujours de se soumettre à une expertise médicale indépendante, indiquant dans un entretien accordé au ''[[Le Journal du dimanche|Journal du dimanche]]'' qu'elle est une « femme libre » en parfaite possession de ses facultés intellectuelles<ref>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200851/liliane-bettencourt-je-n-ai-plus-envie-de-voir-ma-fille_174042.html|titre=Interview de Liliane Bettencourt, « Je n'ai plus envie de voir ma fille »|site=leJDD.fr|auteur=Michel Deléan|en ligne le=21 décembre 2008|consulté le=1 juillet 2010}}</ref>, le procès Bettencourt-Banier doit déterminer si Liliane Bettencourt était en pleine possession de ses moyens lors de ses différents dons à François-Marie Banier. Il devait s'ouvrir le {{date|1|juillet|2010}}, mais a été renvoyé, à la demande de l'avocat du prévenu, suite au versement à la justice des enregistrements clandestins par l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers<ref name="monde1">{{article|prénom1=Pascal|nom1=Robert-Diard|titre=L'incontrôlable affaire Bettencourt|périodique=Le Monde|numéro=20352|jour=1|mois=juillet|année=2010|pages=1}}</ref>.


== Contexte ==
== Divulgation des enregistrements pirates ==
{{Article détaillé|Affaire Banier-Bettencourt}}


L'affaire Woerth-Bettencourt débute en marge du conflit juridique opposant [[Françoise Bettencourt-Meyers]], fille de Liliane Bettencourt, au photographe [[François-Marie Banier]] pour « abus de faiblesse ». Elle est révélée deux mois après qu'[[Éric Woerth]] ait été chargé de la [[réforme des retraites en France en 2010]].

== Divulgation des enregistrements pirates ==
=== Contenu des enregistrements ===
=== Contenu des enregistrements ===
[[Fichier:Arros island ISS022-E-21186.JPG|thumb|L'[[île d'Arros]] (en bas à gauche) dans les Seychelles, dont on présume qu'elle appartient à Liliane Bettencourt.]]
[[Fichier:Arros island ISS022-E-21186.JPG|thumb|L'[[île d'Arros]] (en bas à gauche) dans les Seychelles, dont on qu'elle appartient à Liliane Bettencourt.]]


Les enregistrements ont été effectués en 2009 et 2010 par Pascal Bonnefoy, majordome de Liliane Bettencourt, au domicile de cette dernière. Ils ont été réalisés grâce à un [[dictaphone]]-espion placé sur une desserte, caché sous une feutrine, au premier étage de l'hôtel particulier de Liliane Bettencourt, à [[Neuilly-sur-Seine]]<ref>[http://www.mediapart.fr/journal/france/300810/affaire-bettencourt-les-pieces-conviction « Affaire Bettencourt: les pièces à conviction »], ''[[Mediapart]]'', 30 août 2010.</ref>.
Les enregistrements révèlent de nombreuses informations, et notamment que de nombreux actifs de Liliane Bettencourt pourraient échapper au [[Direction générale des Finances publiques|fisc]]<ref name="libé1">{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/0101643288-affaire-bettencourt-les-principales-revelations-des-enregistrements-pirates|titre=Affaire Bettencourt : les principales révélations des enregistrements pirates|site=Libération.fr|en ligne le=24 juin 2010|consulté le=1 juillet 2010}}</ref> ; il est question de deux comptes en [[Suisse]], et d'une île aux [[Seychelles]] (l'[[île d'Arros]]), que Liliane Bettencourt aurait achetée en [[1999]]<ref name="monde2-2">{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/29/affaire-bettencourt-les-enregistrements-qui-accusent_1380743_823448_1.html|site=Le Monde.fr|titre=Affaire Bettencourt : ce que disent les enregistrements|en ligne le=29 juin 2010|consulté le=1 juillet 2010|auteur=Eric Nunès|page=2}}</ref>. Un extrait de l'enregistrement mentionne une conversation entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune, [[Patrice de Maistre]], où ce dernier déclare qu'« il faut qu'[ils arrangent] les choses avec [les] comptes en Suisse » et qu'« il ne faut pas [qu'ils se fassent] prendre avant Noël »<ref name="libé1" />.


Ces enregistrements révèlent de nombreuses informations, et notamment que de nombreux actifs de Liliane Bettencourt pourraient échapper au [[Direction générale des Finances publiques|fisc]]<ref name="libé1">{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : les principales révélations des enregistrements pirates |url=https://www.liberation.fr/france/2010/06/24/affaire-bettencourt-les-principales-revelations-des-enregistrements-pirates_661475/ |site=Libération.fr |date=24 juin 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> ; il est question de deux comptes en [[Suisse]], et de l'[[île d'Arros]], aux [[Seychelles]], que Liliane Bettencourt aurait achetée en 1999<ref name="monde2-2">{{Lien web |auteur=Eric Nunès |titre=Affaire Bettencourt : ce que disent les enregistrements |url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/29/affaire-bettencourt-les-enregistrements-qui-accusent_1380743_823448.html |site=Le Monde.fr |date=29 juin 2010 |consulté le=2021-12-30 |page=2}}.</ref>. Un extrait de l'enregistrement mentionne une conversation entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune<ref group="Note">{{Note autre projet|wiktionnaire|de fortune|début= Définition de l'expression}}.</ref>, [[Patrice de Maistre]], où ce dernier déclare qu'« il faut qu'[ils arrangent] les choses avec [les] comptes en Suisse » et qu'« il ne faut pas [qu'ils se fassent] prendre avant Noël »<ref name="libé1" />.
Ces enregistrements mettent également en lumière les liens entre Liliane Bettencourt et la famille Woerth ; [[Florence Woerth]], épouse d'[[Éric Woerth]] ([[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]] et trésorier de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]] à la date des enregistrements), est en effet directrice des investissements de Clymène, société gérant la fortune Bettencourt. Les conversations enregistrées entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre laissent supposer qu'Éric Woerth aurait facilité l'acquisition d'un bâtiment de l'[[Hôtel de la Monnaie (Paris)|hôtel de la Monnaie]] en vue de construire un auditorium André-Bettencourt au sein de l'[[Institut de France]]<ref name="monde2">{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/29/affaire-bettencourt-les-enregistrements-qui-accusent_1380743_823448.html|site=Le Monde.fr|titre=Affaire Bettencourt : ce que disent les enregistrements|en ligne le=29 juin 2010|consulté le=1 juillet 2010|auteur=Eric Nunès|page=1}}</ref>.


Ces enregistrements mettent également en lumière les liens entre Liliane Bettencourt et la famille Woerth : [[Florence Woerth]], épouse d'[[Éric Woerth]] ([[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]] et trésorier de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]] à la date des enregistrements), est en effet directrice des investissements de Clymène, société gérant la fortune de madame Bettencourt, domiciliée a [[Neuilly-sur-Seine]]. Les conversations enregistrées entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre laissent supposer qu'Éric Woerth aurait facilité l'acquisition d'un bâtiment de l'[[Hôtel de la Monnaie (Paris)|hôtel de la Monnaie]] en vue de construire un auditorium André-Bettencourt au sein de l'[[Institut de France]]<ref name="monde2">{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/06/29/affaire-bettencourt-les-enregistrements-qui-accusent_1380743_823448.html|site=Le Monde.fr|titre=Affaire Bettencourt : ce que disent les enregistrements|date=29 juin 2010|consulté le=01-07-2010|auteur=Eric Nunès|page=1}}.</ref>.
Toujours selon les enregistrements, Patrice de Maistre assure avoir embauché Florence Woerth au sein de Clymène à la demande de son mari et « aurait fait accepter à [[Liliane Bettencourt]] un versement d'argent pour Éric Woerth mais aussi pour Valérie Pécresse et pour Nicolas Sarkozy<ref name="echos1">{{Lien web|url=http://www.lesechos.fr/info/france/020618574638-affaire-bettencourt-l-epouse-d-eric-woerth-va-demissionner.htm|titre=Affaire Bettencourt : l'épouse d'Éric Woerth va démissionner|site=Les Echos.fr|auteur=Elsa Freyssenet|en ligne le=22 juin 2010|consulté le=1 juillet 2010}}</ref> », lors de la campagne pour les [[Élections régionales françaises de 2010|élections régionales de mars 2010]], d'un montant de {{Unité|7500|€}}<ref group=Note>{{Unité|7500|€}} est le montant maximum autorisé par la [[Financement_des_partis_politiques_français#Financement_priv.C3.A9|loi sur le financement des partis]].</ref>. La presse s'interrogera ainsi sur la transparence de l'activité de l'''Association de soutien à l'action d'Éric Woerth'', [[Micro-parti politique en France|micro-parti politique]] déclaré à la [[arrondissement de Senlis|sous-préfecture de Senlis]] ([[Oise (département)|Oise]]), à laquelle auraient pu être versés les {{Unité|7500|€}}<ref>{{Lien web|url=http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=8503|titre=Eric Woerth a-t-il financé Woerth Eric ?|site=Arrêt sur images.net|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/290610/dans-loise-le-parti-de-poche-deric-woerth|titre=Dans l'Oise, le parti de poche d'Eric Woerth|auteur=Mathilde Mathieu|site=Mediapart|en ligne le=29 juin 2010|consulté le=17 juillet 2010}}</ref>.


Toujours selon les enregistrements, Patrice de Maistre assure avoir embauché Florence Woerth au sein de Clymène à la demande de son mari et « aurait fait accepter à [[Liliane Bettencourt]] un versement d'argent pour Éric Woerth mais aussi pour [[Valérie Pécresse]] et pour [[Nicolas Sarkozy]] »<ref name="echos1">{{Lien web |auteur=Elsa Freyssenet |titre=Affaire Bettencourt : l'épouse d'Éric Woerth va démissionner |url=https://www.lesechos.fr/info/france/020618574638-affaire-bettencourt-l-epouse-d-eric-woerth-va-demissionner.htm |site=Les Echos.fr |date=22 juin 2010 |consulté le=01-07-2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>, lors de la campagne pour les [[Élections régionales françaises de 2010|élections régionales de mars 2010]], d'un montant de {{Unité|7500|€}}<ref group=Note>{{Unité|7500|€}} est le montant maximum autorisé par la [[Financement des partis politiques français#Financement privé|loi sur le financement des partis]].</ref>. La presse s'interrogera ainsi sur la transparence de l'activité de l'''Association de soutien à l'action d'Éric Woerth'', [[Micro-parti politique en France|micro-parti politique]] déclaré à la [[arrondissement de Senlis|sous-préfecture de Senlis]] ([[Oise (département)|Oise]]), à laquelle auraient pu être versés les {{Unité|7500|€}}<ref>{{Lien web |titre=Eric Woerth a-t-il financé Woerth Eric ? |url=https://www.arretsurimages.net/articles/eric-woerth-a-t-il-finance-woerth-eric-mediapart?id=8503 |site=[[Arrêt sur images]] |date=2010-06-30 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Mathilde Mathieu |titre=Dans l'Oise, le parti de poche d'Eric Woerth |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/290610/dans-loise-le-parti-de-poche-deric-woerth |site=[[Mediapart]]|date=29 juin 2010 |consulté le=17 juillet 2010}}.</ref>. Selon ''[[Le Monde]]'', « construire et maintenir de bonnes relations avec […] le ministre chargé du budget et de la lutte contre l'évasion fiscale [étaient] le cœur de la stratégie de Patrice de Maistre »<ref name="monde2" />.
Selon ''[[Le Monde]]'', « construire et maintenir de bonnes relations avec [...] le ministre en charge du budget et de la lutte contre l'évasion fiscale [étaient] le cœur de la stratégie de Patrice de Maistre<ref name="monde2" /> ».


Selon les enregistrements, Patrice de Maistre apprend à Lilanne Bettencourt le 28 juillet 2009 que, selon [[Patrick Ouart]], alors conseiller juridique auprès de [[Nicolas Sarkozy]], la demande de Françoise Meyers-Bettencourt sera déclarée irrecevable en septembre 2009 par le procureur [[Philippe Courroye]]<ref name="MEDIAPART140610">«[http://www.mediapart.fr/journal/france/140610/sarkozy-woerth-fraude-fiscale-les-secrets-voles-de-laffaire-bettencourt Sarkozy, Woerth, fraude fiscale: les secrets volés de l'affaire Bettencourt]» par Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme pour Mediapart le 16 juin 2010</ref>.
les enregistrements, Patrice de Maistre apprend à Lilanne Bettencourt le 28juillet2009 que, selon [[Patrick Ouart]], alors conseiller juridique auprès de [[Nicolas Sarkozy]], la demande de Françoise Meyers-Bettencourt sera déclarée irrecevable en septembre 2009 par le procureur [[Philippe Courroye]]<ref name="MEDIAPART140610">[://www.mediapart.fr/journal/france/140610/sarkozy-woerth-fraude-fiscale-les-secrets-voles-de-laffaire-bettencourt ] le 2010</ref>.

Ces enregistrements ont confirmé des éléments sur les libéralités de la milliardaire avancés dès 2008 par [[Hervé Gattegno]], ainsi que l'implication de l’entourage de Lilanne Bettencourt<ref>{{Lien web |titre=Liliane Bettencourt "incapable de dire" à la police combien elle a donné à François-Marie Banier |url=https://web.archive.org/web/20151119214902/http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-12-04/liliane-bettencourt-incapable-de-dire-a-la-police-combien-elle-a/920/0/401806 |site=[[Le Point]] (web.archive.org) |date=2009-12-04 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.


=== Réactions des personnes impliquées ===
=== Réactions des personnes impliquées ===
[[Liliane Bettencourt]] porte plainte le {{date|18|juin|2010}} concernant l'enregistrement clandestin, pour atteinte à la vie privée, vol et faux témoignages<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Enquête. Bettencourt : les enregistrements évoquent des comptes suisses non déclarés |url=https://www.bienpublic.com/actualite/2010/06/18/bettencourt-les-enregistrements-evoquent-des-comptes-suisses-non-declares |site=www.bienpublic.com |consulté le=2024-01-12}}.</ref>.


Après ces révélations, [[Liliane Bettencourt]] annoncera dans un communiqué du {{date|21|juin|2010}} qu'elle s'est résolue à faire procéder, en collaboration avec l'[[administration fiscale]] française, {{citation|à la régularisation de l'ensemble des avoirs familiaux qui seraient encore aujourd'hui à l'étranger}} notamment un compte en [[Suisse]] qu'elle a {{citation|transféré sur un contrat d'assurance vie au bénéfice d'un de [ses] petits-fils}}.
, dans un communiqué du {{date|21|juin|2010}} qu'elle s'est résolue à procéder, en collaboration avec l'[[administration fiscale]] française, {{citation|à la régularisation de l'ensemble des avoirs familiaux qui seraient encore aujourd'hui à l'étranger}} notamment un compte en [[Suisse]] qu'elle a {{citation|transféré sur un contrat d'assurance vie au bénéfice d'un de [ses] petits-fils}}.


Quant à [[Patrice de Maistre]], dans un entretien accordé au magazine ''[[Challenges]]'' à propos des deux comptes en Suisse, il affirme ne « jamais avoir eu accès direct à l'un des deux » et n'avoir « découvert [l']existence [du second] qu'en novembre dernier ». Il n'aurait cependant pas rapatrié l'argent de ce second compte en France faute de temps dans son emploi du temps<ref>{{article|prénom1=Bertrand|nom1=Fraysse|titre=L'étonnant monsieur de Maistre|périodique=Challenges|numéro=219|jour=1|mois=juillet|année=2010|pages=18}}.</ref>.
Liliane Bettencourt a auparavant porté plainte le {{date|18|juin|2010}} concernant l'enregistrement clandestin, pour atteinte à la vie privée, vol et faux témoignages ; son majordome, qui a réalisé ces enregistrements, a donc été placé en garde à vue pendant 48 heures tout comme l'informaticien qui a transféré les enregistrements sur CD-ROM<ref>{{Lien web|url=http://www.lepost.fr/article/2010/06/20/2121247_affaire-bettencourt-plus-personne-en-garde-a-vue.html|titre=Affaire Bettencourt : fin des gardes à vue|site=Le Post.net|en ligne le=20 juin 2010}}</ref>. [[François-Marie Banier]] a également porté plainte pour atteinte à la vie privée<ref>{{Lien web|url=http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20100618.CHA5183/enregistrements__bettencourt_et_banier_portent_plainte_.html|titre=Enregistrements : Bettencourt et Banier portent plainte|site=Challenges.fr|en ligne le=18 juin 2010}}</ref>. Liliane Bettencourt, ainsi que [[Patrice de Maistre]], ont également porté plainte en référé contre [[Mediapart]] pour la publication de ces enregistrements<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/club/blog/edwy-plenel/220610/affaire-bettencourt-mediapart-assigne-en-justice|titre=Affaire Bettencourt : Mediapart assigné en justice|site=Médiapart, blog d'[[Edwy Plenel]]|en ligne le=22 juin 2010}}</ref>.


== Éric Woerth dans « la tourmente » ==
Le [[Palais de Justice de Paris|Tribunal de Paris]] a néanmoins rejeté, le {{date|1|juillet|2010}}, cette dernière plainte en estimant que les révélations faites par ''Mediapart'' relèvent « de la publication d'informations légitimes et intéressant l'[[intérêt général]] » et que vouloir ordonner le retrait des documents tirés des enregistrements clandestins réalisés chez Liliane Bettencourt « reviendrait à exercer une censure contraire à l'intérêt public, sauf à ce que soit contesté le sérieux de la reproduction des enregistrements — ce qui n'est pas le cas en l'espèce »<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/010710/pour-la-justice-nos-informations-sont-dinteret-public|titre=Pour la justice, nos informations sont « d'intérêt public »|site=Mediapart|en ligne le=1 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref name="référé_1010-07-01">Tribunal de grande instance de Paris, [http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/files/2010/07/bettencourt.1277999467.pdf Ordonnance de référé rendue le 1{{er}} juillet 2010 (affaire 10/55839)], 10 p., 428 Ko, document en annexe du billet [http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2010/07/01/affaire-bettencourt-sujet-dinteret-general/ {{guil|Affaire Bettencourt, sujet d’intérêt général}}], 1{{er}} juillet 2010, sur le blog {{guil|Chroniques judiciaires}}, de Pascale Robert Diard, journaliste et chroniqueuse judiciaire au ''[[Le Monde|Monde]]''.</ref>.
=== Conflit d'intérêts reproché à Éric Woerth ===

Dans un interview réalisé par le magazine ''[[Challenges]]'' à propos des deux comptes en Suisse, Patrice de Maistre affirme ne « jamais avoir eu accès direct à l'un des deux » et n'avoir « découvert [l']existence [du second] qu'en novembre dernier » ; il n'aurait cependant pas rapatrié l'argent de ce second compte en France faute de temps dans son emploi du temps<ref>{{article|prénom1=Bertrand|nom1=Fraysse|titre=L'étonnant monsieur de Maistre|périodique=Challenges|numéro=219|jour=1|mois=juillet|année=2010|pages=18}}</ref>.

== Éric Woerth dans « la tourmente » ==
[[Fichier:Éric Woerth 2.jpg|thumb|upright=0.8|[[Éric Woerth]], [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]] entre [[mai 2007]] et [[mars 2010]].]]
[[Fichier:Éric Woerth 2.jpg|thumb|upright=0.8|[[Éric Woerth]], [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]] entre [[mai 2007]] et [[mars 2010]].]]


Après la divulgation des enregistrements, et à la suite des déclarations du [[Procureur de la République (France)|procureur]] de Nanterre, [[Philippe Courroye]], le {{date|25|juin|2010}}, où il affirme avoir alerté l'administration fiscale en {{date-|janvier 2009}} sur de possibles fraudes de Liliane Bettencourt, plusieurs élus [[Parti socialiste (France)|PS]] se sont interrogés sur l'éventuelle connaissance d'[[Éric Woerth]] (ou de sa femme) de la fraude fiscale. D'autant que ce dernier menait, entre 2009 et 2010, en tant que [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]], « une chasse publique aux fraudeurs fiscaux »<ref name="slate">{{Lien web|url=http://www.slate.fr/story/24149/affaire-woerth-questions-reponses|titre=Affaire Woerth : nos réponses aux bonnes questions du PS|site=Slate.fr|date=4 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010|auteur=Bastien Bonnefous, [[Vincent Glad]]}}.</ref>{{,}}<ref name="pt">{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : Woerth annonce avoir lancé un contrôle fiscal de Banier en 2009 |url=https://www.lepoint.fr/societe/affaire-bettencourt-woerth-annonce-avoir-lance-un-controle-fiscal-de-banier-en-2009-25-06-2010-470597_23.php |site=Le Point.fr|date=25 juin 2010 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>.
=== Conflit d'intérêts reproché à Éric Woerth ===


Éric Woerth affirme quant à lui depuis le {{date|18|juin|2010}} ne jamais avoir reçu d'argent de [[Liliane Bettencourt]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La chronologie de l'affaire Woerth-Bettencourt |url=https://www.lesechos.fr/2010/09/la-chronologie-de-laffaire-woerth-bettencourt-442761 |site=Les Echos |date=2010-09-27 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> ni avoir eu connaissance du dossier fiscal de Liliane Bettencourt, en ajoutant que « c'est l'administration fiscale qui a connaissance des dossiers fiscaux »<ref name="slate" />. [[Florence Woerth]], pour sa part, affirme avoir appris l'existence de la fraude fiscale « par la presse »<ref>{{Lien web |titre=Bettencourt : Florence Woerth a appris la fraude « par la presse » |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20100623.OBS5996/bettencourt-florence-woerth-a-appris-la-fraude-par-la-presse.html |site=[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]|date=22 juin 2010}}.</ref>.
Après la divulgation des enregistrements et suite aux déclarations le {{date|25|juin|2010}} du [[Procureur de la République (France)|procureur]] de Nanterre, [[Philippe Courroye]] — où il affirme avoir alerté l'administration fiscale en janvier 2009 sur de possibles fraudes de Liliane Bettencourt —, plusieurs élus [[Parti socialiste|PS]] se sont interrogés sur l'éventuelle connaissance d'[[Éric Woerth]] (ou de sa femme) de la fraude fiscale, ce dernier menant de surcroît, entre [[2009]] et 2010, en tant que [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre du Budget]], « une chasse publique aux fraudeurs fiscaux »<ref name="slate">{{Lien web|url=http://www.slate.fr/story/24149/affaire-woerth-questions-reponses|titre=Affaire Woerth : nos réponses aux bonnes questions du PS|site=Slate.fr|en ligne le=4 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010|auteur=Bastien Bonnefous, Vincent Glad}}</ref>{{,}}<ref name="pt">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/societe/affaire-bettencourt-woerth-annonce-avoir-lance-un-controle-fiscal-de-banier-en-2009-25-06-2010-470597_23.php|titre=Affaire Bettencourt : Woerth annonce avoir lancé un contrôle fiscal de Banier en 2009|site=Le Point.fr|en ligne le=25 juin 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>.


Toujours le {{date-|25 juin}}, de nouvelles suspicions sont portées à l'égard d'Éric Woerth à la suite de la publication d'un communiqué par son cabinet au ministère du Travail expliquant que « c'est sous son autorité qu'a été lancé un contrôle fiscal sur Monsieur Banier », sans néanmoins en préciser la date<ref name="slate" />{{,}}<ref name="pt" />. La question de savoir pourquoi une procédure identique n'a pas été engagée à l'encontre de Liliane Bettencourt s'est alors posée<ref group=Note>C'est le 27 juin 2010 que [[François Baroin]], successeur d'[[Éric Woerth]] au ministère du Budget, lance une enquête fiscale sur l'ensemble des actifs de [[Liliane Bettencourt]].</ref>, soulevant l'éventualité d'une prise illégale d'intérêts si Éric Woerth est intervenu d'une quelconque manière pour empêcher un éventuel contrôle fiscal concernant Liliane Bettencourt<ref name="slate" />.
Éric Woerth affirme quant à lui depuis le {{date|18|juin|2010}} ne jamais avoir reçu d'argent de [[Liliane Bettencourt]]<ref>{{Lien web|url=http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-06/bettencourt-woerth-reaffirme-ne-pas-avoir-touche-d-argent-5885000.html|titre=Bettencourt : Woerth réaffirme ne pas avoir touché d'argent|site=LCI|en ligne le=18 juin 2010}}</ref> ni avoir eu connaissance du dossier fiscal de Liliane Bettencourt, en ajoutant que « c'est l'administration fiscale qui a connaissance des dossiers fiscaux »<ref name="slate" />. [[Florence Woerth]], pour sa part, affirme avoir appris l'existence de la fraude fiscale « par la presse »<ref>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100623.OBS5996/bettencourt-florence-woerth-a-appris-la-fraude-par-la-presse.html|titre=Bettencourt : Florence Woerth a appris la fraude « par la presse »|site=Le Nouvel Observateur|en ligne le=22 juin 2010}}</ref>.


En plus du potentiel conflit lié à l'emploi de son épouse, Éric Woerth est également attaqué pour avoir cumulé la fonction de [[Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'État|Ministre du Budget]] et celle de [[Trésorerie|trésorier]] de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]]. Bien avant que l'affaire n'éclate, des députés s'étaient déjà interrogés sur les possibles conflits d'intérêts suscités par cette double casquette. Le {{date|9|décembre|2009}}, à la question du député PS [[Christian Eckert]] sur ce sujet, Éric Woerth a répondu que c'était une question stupide<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Martine |nom=Orange |titre=L'impossible double casquette d'Eric Woerth |url=https://www.mediapart.fr/journal/economie/111209/limpossible-double-casquette-deric-woerth |site=Mediapart |date=2009-12-11 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
Toujours le 25 juin, de nouvelles suspicions sont portées à l'égard d'Éric Woerth suite à la publication d'un communiqué par son cabinet au ministère du Travail expliquant que « c'est sous son autorité qu'a été lancé un contrôle fiscal sur Monsieur Banier », sans néanmoins en préciser la date<ref name="slate" />{{,}}<ref name="pt" />. La question de savoir pourquoi une procédure identique n'a pas été engagée à l'encontre de Liliane Bettencourt s'est alors posée<ref group=Note>C'est le 27 juin 2010 que [[François Baroin]], successeur d'[[Éric Woerth]] au ministère du Budget, lance une enquête fiscale sur l'ensemble des actifs de [[Liliane Bettencourt]].</ref>, soulevant l'éventualité d'une prise illégale d'intérêts si M. Woerth est intervenu d'une quelconque manière pour empêcher un éventuel contrôle fiscal concernant Liliane Bettencourt<ref name="slate" />.


Sur les conseils de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth annonce le {{date-|13 juillet}} qu'il démissionnera le {{date|30|juillet|2010}} de son poste de trésorier de l'UMP<ref>{{Article|langue=fr|titre=Eric Woerth va démissionner de son poste de trésorier de l'UMP|périodique=Le Monde.fr|date=2010-07-13|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/13/eric-woerth-va-demissionner-de-son-poste-de-tresorier-de-l-ump_1387313_823448.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le président annonce de plus la création d'une commission multipartite pour éviter les conflits d'intérêts<ref>{{Lien web |titre=Sarkozy veut une commission pour éviter les conflits d'intérêts |url=https://www.lepoint.fr/politique/sarkozy-veut-une-commission-pour-eviter-les-conflits-d-interets-12-07-2010-1214067_20.php |site=Le Point.fr|date=12 juillet 2010 |consulté le=13 juillet 2010}}.</ref>. Les réactions au sein des partis concernés, notamment au Parti socialiste, sont réservées, [[Benoît Hamon]] déclarant que « quand on veut enterrer un dossier, on crée une commission »<ref>{{Lien web |titre=Le PS très réservé sur sa partition à la commission sur les conflits d'intérêts voulue par Sarkozy |url=https://www.lepoint.fr/politique/le-ps-tres-reserve-sur-sa-partition-a-la-commission-sur-les-conflits-d-interets-voulue-par-sarkozy-13-07-2010-1214190_20.php |site=Le Point.fr|date=13 juillet 2010 |consulté le=13 juillet 2010}}.</ref>.
En plus du potentiel conflit lié à l'emploi de son épouse, Éric Woerth est également attaqué pour avoir cumulé la fonction de [[Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'État|Ministre du Budget]] et celle de [[Trésorerie|trésorier]] de l'[[UMP]]. Bien avant que l'affaire n'éclate, des députés s'étaient déjà interrogés sur les possibles conflits d'intérêts suscités par cette double casquette. Le {{date|9|décembre|2009}}, à la question du député PS [[Christian Eckert]] sur ce sujet, {{M.}} Woerth a répondu que c'était une question stupide<ref>[http://www.dailymotion.com/video/xbgiyk_woerth-questions-d-actualite-9-dece_news Vidéo de la question].</ref>.


Dans une interview réalisée à [[Chantilly]] par l'hebdomadaire ''Oise-Hebdo''<ref group=Note>L'interview est réalisé le 10 juillet et publié le 14 juillet 2010.</ref>, Éric Woerth précise sa vision sur l'origine des accusations dont il fait l'objet ; {{citation|Il y a des intérêts suisses auxquels j'ai fait très, très mal. Des gens qui m'ont mis au premier rang des hommes à abattre en priorité}}<ref name="oise">{{article|prénom1=Philippe|nom1=Bouvier|titre=Certains intérêts suisses m'ont mis en tête des hommes à abattre|périodique=L'Oise-Hebdo|numéro=854|jour=14|mois=juillet|année=2010|pages=8}}.</ref>. Il est persuadé que sa politique de lutte contre l'évasion fiscale, lorsqu'il était ministre du budget, est à l'origine, pour partie, de sa mise en cause. Il s'en prend aussi à la presse : {{citation|Ce que je comprends le moins, c'est que la presse me tape dessus en permanence dès qu'il est question d'évasion fiscale… Déjà l'an dernier quand j'ai sorti les listes d'évadés fiscaux, tout ce qu'on a trouvé à dire, c'est que je n'avais pas le droit, que ce que je faisais était illégal}}<ref name="oise" />. Il précise enfin les motivations qui avaient poussé son épouse à travailler pour le cabinet chargé de l'optimisation fiscale de la fortune Bettencourt : {{citation|entre nous, nous avions trouvé plus sûr que ma femme travaille pour une grande fortune française, établie dans ce pays depuis plus de quarante ans, que de travailler pour une banque. Et puis c'était l'Oréal, pas un oligarque russe}}<ref name="oise" />.
Sur les conseils de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth annonce le 13 juillet qu'il démissionnera le {{date|30|juillet|2010}} de son poste de trésorier de l'UMP<ref>{{Lien web|url=http://www.20minutes.fr/article/584991/Politique-Eric-Woerth-quittera-son-poste-de-tresorier-de-l-UMP-le-30-juillet.php|titre=Eric Woerth quittera son poste de trésorier de l'UMP le 30 juillet |site=20 minutes.fr|en ligne le=13 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>. Le président annonce de plus la création d'une commission multipartite pour éviter les conflits d'intérêts<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/sarkozy-veut-une-commission-pour-eviter-les-conflits-d-interets-12-07-2010-1214067_20.php|titre=Sarkozy veut une commission pour éviter les conflits d'intérêts|site=Le Point.fr|en ligne le=12 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>. Les réactions au sein des partis concernés, notamment au Parti socialiste, sont réservées, [[Benoît Hamon]] déclarant que « quand on veut enterrer un dossier, on crée une commission »<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/le-ps-tres-reserve-sur-sa-partition-a-la-commission-sur-les-conflits-d-interets-voulue-par-sarkozy-13-07-2010-1214190_20.php|titre=Le PS très réservé sur sa partition à la commission sur les conflits d'intérêts voulue par Sarkozy|site=Le Point.fr|en ligne le=13 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>. Le MoDem se félicite de la reprise selon eux d'une proposition de [[François Bayrou]]<ref>{{Lien web|url=http://www.mouvementdemocrate.fr/actualites/sarnez-reaction-intervention-sarkozy-france2-120710.html|titre=Marielle de Sarnez : « Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir été choqué autant que les Français par la multiplication des affaires qui ont touché son gouvernement »|site=Mouvement démocrate.fr|en ligne le=12 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>. Dès juin 2010, [[Martin Hirsch]] avait proposé des « améliorations faciles à apporter » sur la prévention des conflits d'intérêt<ref>{{Lien web|url=http://martinhirsch.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/06/23/prevention-des-conflits-d-interet.html|titre=Martin Hirsch invité du ''Nouvel Obs''|site=Le Nouvel Obs.com|en ligne le=26 juin 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>.

Dans une interview réalisé à [[Chantilly]] par l'hebdomadaire Oise-Hebdo<ref group=Note>L'interview est réalisé le 10 juillet et publié le 14 juillet 2010.</ref>, Éric Woerth précise sa vision sur l'origine des accusations dont il fait l'objet ; {{citation|Il y a des intérêts suisses auxquels j'ai fait très, très mal. Des gens qui m'ont mis au premier rang des hommes à abattre en priorité}}<ref name="oise">{{article|prénom1=Philippe|nom1=Bouvier|titre=Certains intérêts suisses m'ont mis en tête des hommes à abattre|périodique=L'Oise-Hebdo|numéro=854|jour=14|mois=juillet|année=2010|pages=8|}}</ref>. Il est persuadé que sa politique de lutte contre l'évasion fiscale, lorsqu'il était ministre du budget, est à l'origine, pour partie, de sa mise en cause. Il s'en prend aussi à la presse ; {{citation|Ce que je comprend le moins, c'est que la presse me tape dessus en permanence dès qu'il est question d'évasion fiscale ... Déjà l'an dernier quand j'ai sorti les listes d'évadés fiscaux, tout ce qu'on a trouvé à dire, c'est que je n'avais pas le droit, que ce que je faisais était illégal}}<ref name="oise" />. Il précise enfin les motivations qui avaient poussé son épouse à travailler pour le cabinet chargé de l'optimisation fiscale de la fortune Bettencourt : {{citation|entre nous, nous avions trouvé plus sûr que ma femme travaille pour une grande fortune française, établie dans ce pays depuis plus de quarante ans, que de travailler pour une banque. Et puis c'était l'Oréal, pas un oligarque russe}}<ref name="oise" />.


=== Entre soutien et mise en cause ===
=== Entre soutien et mise en cause ===
Au moment où Éric Woerth, [[Ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique|ministre du Travail]], est chargé du difficile dossier de la [[Réforme 2010 des retraites en France|réforme des retraites]], et que la presse révèle qu'un chèque de {{unité|30|millions}} d'euros a été adressé par le fisc en 2009 à Liliane Bettencourt au titre du controversé [[bouclier fiscal]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Bouclier fiscal : Bettencourt a récupéré 30 millions d'euros |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/01/01016-20100701ARTFIG00699-bouclier-fiscal-bettencourt-a-recupere-30-millions-d-euros.php |site=lefigaro.fr |date=2010-07-01 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, l'affaire Woerth-Bettencourt suscite de nombreuses réactions autour de son statut au sein du [[Gouvernement François Fillon (2)|gouvernement]].


La majorité défend le ministre, en déplorant la « calomnie » ([[Nicolas Sarkozy]]) et la « chasse à l'homme » ([[François Fillon]]) dont il serait victime. Lors des questions au gouvernement, [[Michèle Alliot-Marie]], ministre de la Justice, a rappelé le principe de la [[présomption d'innocence]], tandis que [[François Baroin]] a accusé les députés socialistes de « faire le jeu de l'extrême-droite »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/06/01002-20100706ARTFIG00556-accuse-de-faire-le-jeu-du-fn-le-ps-deserte-l-hemicycle.php|titre=Accusé de faire le jeu du FN, le PS déserte l'hémicycle|site=Le Figaro.fr|date=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010|auteur=Marion Brunet}}.</ref>. Le député PS [[Julien Dray]] a déclaré comprendre « la souffrance » du ministre du Travail, ayant vécu lui aussi « une charge médiatique forte »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Julien Dray (PS) comprend "la souffrance" de Woerth |url=https://www.lepoint.fr/politique/julien-dray-ps-comprend-la-souffrance-de-woerth-07-07-2010-1211986_20.php |site=Le Point |date=2010-07-07 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
Au moment où Éric Woerth, [[Ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique|ministre du Travail]], est chargé du difficile dossier de la réforme des [[Retraite en France|retraites]], et que la presse révèle qu'un chèque de 30 millions d'euros a été adressé par le fisc en 2009 à Liliane Bettencourt au titre du controversé [[bouclier fiscal]]<ref>{{Lien web|url=http://www.leparisien.fr/faits-divers/liliane-bettencourt-aurait-recupere-30-millions-grace-au-bouclier-fiscal-01-07-2010-985563.php|titre=Liliane Bettencourt aurait récupéré 30 millions grâce au bouclier fiscal|site=Le Parisien.fr|consulté le=7 juillet 2010|en ligne le=1 juillet 2010}}</ref>, l'affaire Woerth-Bettencourt suscite de nombreuses réactions autour de son statut au sein du [[Gouvernement François Fillon (2)|gouvernement]].

La majorité défend le ministre, en déplorant la « calomnie » ([[Nicolas Sarkozy]]) et la « chasse à l'homme » ([[François Fillon]]) dont il serait victime. Lors des questions au gouvernement, [[Michèle Alliot-Marie]], ministre de la Justice, a rappelé le principe de la [[présomption d'innocence]], tandis que [[François Baroin]] a accusé les députés socialistes de « faire le jeu de l'extrême-droite »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/06/01002-20100706ARTFIG00556-accuse-de-faire-le-jeu-du-fn-le-ps-deserte-l-hemicycle.php|titre=Accusé de faire le jeu du FN, le PS déserte l'hémicycle|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010|auteur=Marion Brunet}}</ref>. Le député PS [[Julien Dray]] a déclaré comprendre « la souffrance » du ministre du Travail, ayant vécu lui aussi « une charge médiatique forte »<ref>{{Lien web|url=http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gSEEWEYQCLYSBQp5w9vAxTryt_Gg|titre=Julien Dray (PS) comprend « la souffrance » de Woerth|site=AFP|en ligne le=7 juillet 2010}}</ref>.


Plusieurs personnalités de l'opposition — [[Eva Joly]] ([[Europe Écologie]]), [[Olivier Besancenot]] ([[Nouveau Parti anticapitaliste|NPA]]) —, mais aussi de droite — [[Alain Madelin]], [[Nicolas Perruchot]] ([[Nouveau Centre]]), [[Nicolas Dupont-Aignan]] ([[Debout la République]]) —, ont estimé qu'Éric Woerth devait démissionner<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/0101642811-affaire-bettencourt-florence-woerth-compte-porter-plainte-contre-eva-joly|titre=Affaire Bettencourt : Fillon vole au secours de Woerth, le PS en retrait|site=Libération.fr|en ligne le=22 juin 2010}}</ref>. [[Arnaud Montebourg]] ([[Parti socialiste (France)|PS]]) a d'ailleurs accusé Éric Woerth de [[:wikt:collusion|collusion]]<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/montebourg-accuse-woerth-de-collusion-22-06-2010-469115_20.php|titre= Montebourg accuse Woerth de « collusion »|site=Le Point.fr|en ligne le=22 juin 2010}}</ref>. [[Benoît Hamon]], porte-parole du [[Parti socialiste (France)|PS]], a estimé le {{date|6|juillet|2010}} que le ministre du Travail n'avait plus la légitimité d'exercer ses fonctions<ref>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100706.OBS6731/plus-legitime-ecoeurant-l-opposition-s-insurge.html|titre=« Plus légitime », « écœurant » : l'opposition s'insurge|site=Le Nouvel Obs.com|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref>. [[François Hollande]], ancien [[Premier secrétaire du Parti socialiste|premier secrétaire du PS]], tout en rappelant la « présomption d'innocence », a lui demandé que la lumière soit faite, que les enquêtes se poursuivent et ajoute qu'il « ne [sait] pas si Éric Woerth pourra continuer » à occuper ses fonctions « dès lors que des enquêtes judiciaires vont avoir lieu »<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/francois-hollande-ce-serait-exceptionnellement-grave-06-07-2010-1211463_20.php|titre=François Hollande : « ce serait exceptionnellement grave »|site=Le Point.fr|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref>.
Plusieurs personnalités de l'opposition — [[Eva Joly]] ([[Europe Écologie]]), [[Olivier Besancenot]] ([[Nouveau Parti anticapitaliste|NPA]]) —, mais aussi de droite — [[Alain Madelin]], [[Nicolas Perruchot]] ([[Nouveau Centre]]), [[Nicolas Dupont-Aignan]] ([[Debout la République]]) —, ont estimé qu'Éric Woerth devait démissionner<ref>{{Lien web|titre=Affaire Bettencourt : Fillon vole au secours de Woerth, le PS en retrait|=.fren =22 juin 2010}}</ref>. [[Arnaud Montebourg]] ([[Parti socialiste (France)|PS]]) a d'ailleurs accusé Éric Woerth de collusion<ref>{{Lien web|url=://www.lepoint.fr/politique/montebourg-accuse-woerth-de-collusion-22-06-2010-469115_20.php |site=Le Point.fr|=22 juin 2010}}</ref>. [[Benoît Hamon]], porte-parole du [[Parti socialiste (France)|PS]], a estimé le {{date|6|juillet|2010}} que le ministre du Travail n'avait plus la légitimité d'exercer ses fonctions<ref>{{Lien web|url=://.nouvelobs.com/politique/20100706.OBS6731/plus-legitime-ecoeurant-l-opposition-s-insurge.html|='|Le Nouvel Obs.com|=6 juillet 2010}}</ref>. [[François Hollande]], ancien [[Premier secrétaire du Parti socialiste|premier secrétaire du PS]], tout en rappelant la « présomption d'innocence », a lui demandé que la lumière soit faite, que les enquêtes se poursuivent et ajoute qu'il « ne [sait] pas si Éric Woerth pourra continuer » à occuper ses fonctions « dès lors que des enquêtes judiciaires vont avoir lieu »<ref>{{Lien web|url=://www.lepoint.fr/politique/francois-hollande-ce-serait-exceptionnellement-grave-06-07-2010-1211463_20.php |site=Le Point.fr|=6 juillet 2010}}</ref>.


=== Rapport de l'Inspection générale des finances ===
=== Rapport de l'Inspection générale des finances ===
Le ministre du Budget [[François Baroin]] annonce le {{date|30|juin|2010}} avoir saisi l'[[Inspection générale des finances (France)|Inspection générale des finances]] (IGF), dans le but d'établir l'éventuel rôle joué par Éric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt et d'organiser « les contrôles à l'intérieur des dispositifs de l'administration fiscale pour mettre tout sur la place publique »<ref>{{Lien web |titre=Woerth : Baroin saisit l'IGF |url=https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Woerth-Baroin-saisit-l-IGF-203998-3262865 |site=Le [[Le Journal du dimanche|JDD.fr]]|date=30 juin 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Nicolas Sarkozy se dit « assez confiant » sur le fait que l'IGF « ne trouvera pas de faute » imputable au ministre du Travail<ref>{{Lien web |titre=Sarkozy « confiant » sur le rapport de l'IGF |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/07/97001-20100707FILWWW00589-sarkozy-confiant-sur-le-rapport-de-l-igf.php |site=[[Le Figaro]]|date=7 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.


Avant même la remise du rapport d'enquête, cette mission se voit contestée, y compris au sein de l'[[Direction générale des Finances publiques|administration fiscale]], de par les conditions dans lesquelles elle serait menée ; en effet, François Baroin n'a pas déposé la requête proprement dit à l'IGF, comme il est d'usage, mais à son chef, Jean Bassères<ref name="monde9">{{article|prénom1=Anne|nom1=Michel|titre=Le rapport tant attendu et déjà contesté de l'inspection générale des finances|périodique=Le Monde|numéro=20359|jour=9|mois=juillet|année=2010|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/le-rapport-tant-attendu-et-deja-conteste-de-l-inspection-generale-des-finances_1385186_823448.html|consulté le=2021-12-30|accès url=payant|pages=10}}.</ref> qui a été nommé à cette fonction par Éric Woerth<ref>{{Lien web |titre=Décret du 24 janvier 2008 portant nomination du chef du service de l'inspection générale des finances - M. Bassères (Jean) |url=https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000017986021 |site=legifrance.gouv.fr |consulté le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Affaire Woerth : Bassères (IGF) avait été nommé par Woerth |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20100730.OBS7868/info-obs-affaire-woerth-basseres-igf-avait-ete-nomme-par-woerth.html |site=nouvelobs.com|date=2010-07-30 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Selon un ancien chef, l'« IGF n'a pas travaillé selon les méthodes habituelles, collectives, contradictoires et inquisitoriales » et « [il est] rarissime, et sans doute inapproprié de travailler seul sur une affaire de cette importance »<ref name="monde9" />. Un autre expert de l'IGF souligne qu'il n'est pas possible d'établir la vérité dans des délais aussi courts<ref name="monde9" />.
Le ministre du Budget [[François Baroin]] annonce le {{date|30|juin|2010}} avoir saisi l'[[Inspection générale des finances]] (IGF), dans le but d'établir l'éventuel rôle joué par Éric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt et d'organiser « les contrôles à l'intérieur des dispositifs de l'administration fiscale pour mettre tout sur la place publique »<ref>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Woerth-Baroin-saisit-l-IGF-203998/|titre=Woerth : Baroin saisit l'IGF|site=Le JDD.fr|en ligne le=30 juin 2010}}</ref>. Nicolas Sarkozy se dit « assez confiant » sur le fait que l'IGF « ne trouvera pas de faute » imputable au ministre du Travail<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/07/97001-20100707FILWWW00589-sarkozy-confiant-sur-le-rapport-de-l-igf.php|titre=Sarkozy « confiant » sur le rapport de l'IGF|site=Le Figaro.fr|en ligne le=7 juillet 2010}}</ref>.


Lors de la publication du rapport de douze pages<ref>{{lien brisé|url=http://www.budget.gouv.fr/RapportdenqueteIGF.pdf|titre=Rapport d'Enquête de l'Inspection Générale des Finances|site=Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'État|date=11 juillet 2010}}.</ref>, le {{date|11|juillet|2010}}, Jean Bassères et trois de ses subordonnés concluent que « {{M.}} Éric Woerth, durant la période où il était ministre du Budget, n'est pas intervenu auprès des services placés sous son autorité pour demander, empêcher ou orienter une décision ou un contrôle portant sur {{Mme}} Bettencourt, {{MM.}} Banier et de Maistre, ainsi que sur les sociétés Téthys et Clymène ». Ils concluent également que « les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de {{M.}} Banier » — dont Éric Woerth a reconnu avoir été informé par ses services<ref name="monde13" /> — « n'étaient pas de nature à conduire l'administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de {{Mme}} Bettencourt »<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Affaire Bettencourt : l'administration fiscale blanchit Woerth |url=https://www.leparisien.fr/faits-divers/affaire-bettencourt-l-administration-fiscale-blanchit-woerth-11-07-2010-997264.php |site=leparisien.fr |date=2010-07-11 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le rapport note néanmoins qu'« il conviendrait de s'interroger [sur l'existence] au sein du cabinet du ministre d'une équipe dédiée au traitement de situations fiscales individuelles [qui] nourrit la suspicion » et fait par ailleurs état d'une intervention de Patrice de Maistre auprès d'Éric Woerth sur la situation d'un contribuable auquel Patrice de Maistre est associé tout en restant toutefois silencieux sur son identité<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/12/apres-le-rapport-de-l-igf-des-interrogations-subsistent_1386770_823448.html|titre=Après le rapport de l'IGF, des interrogations subsistent|site=[[Le Monde]]|date=12 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010|auteur=Nabil Wakim}}.</ref>.
Avant même la remise du rapport d'enquête, cette mission se voit contestée, y compris au sein de l'[[Direction_générale_des_Finances_publiques|administration fiscale]], de part les conditions dans lesquelles elle serait menée ; en effet, {{M.}} Baroin n'a pas déposé la requête à proprement dit à l'IGF, comme il est d'usage, mais à son chef, Jean Bassères<ref name="monde9">{{article|prénom1=Anne|nom1=Michel|titre=Le rapport tant attendu et déjà contesté de l'inspection générale des finances|périodique=Le Monde|numéro=20359|jour=9|mois=juillet|année=2010|pages=10}}</ref>. Selon un ancien chef, l'« IGF n'a pas travaillé selon les méthodes habituelles, collectives, contradictoires et inquisitoriales » et « [il est] rarissime, et sans doute inapproprié de travailler seul sur une affaire de cette importance »<ref name="monde9" />. Un autre expert de l'IGF souligne qu'il n'est pas possible de pouvoir établir la vérité dans des délais aussi courts<ref name="monde9" />.


Si, lors d'une allocution télévisée le {{date|12|juillet|2010}}, le président [[Nicolas Sarkozy]] indique qu'« avec le rapport extrêmement bien fouillé de l'IGF, [Éric Woerth] est lavé de tout soupçon »<ref>{{Lien web |titre=Sarkozy sur France 2 : débrief et premières impressions |url=http://www.lepost.fr/article/2010/07/12/2149873_sarkozy-parle-d-argent-alors-qu-il-s-agit-de-democratie-mais-precise-que-la-france-n-est-pas-un-pays-corrompu.html |site=Le Post.fr|date=12 juillet 2010 |consulté le=13 juillet 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>, certaines personnalités de l'opposition relativisent l'objectivité de celui-ci, le député socialiste Bruno Le Roux le qualifiant de « partiel et partial »<ref name="monde13">{{article|prénom1=Philippe|nom1=Le Cœur|titre=Éric Woerth « réfléchit » à l'abandon de ses fonctions de trésorier de l'UMP|périodique=Le Monde|numéro=20362|jour=13|mois=juillet|année=2010|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/12/eric-woerth-reflechit-a-l-abandon-de-ses-fonctions-de-tresorier-de-l-ump_1386854_823448.html|consulté le=2021-12-30|accès url=payant|pages=11}}.</ref>. Jean Bassères et trois autres inspecteurs des finances se sont en effet vu transmettre {{nombre|6247|dossiers}} à exploiter pendant une dizaine de jours<ref name="monde13" />. Le [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre de l'Industrie]], [[Christian Estrosi]] assure sur RTL que l'{{citation|IGF a travaillé de manière indépendante}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/09/97001-20100709FILWWW00354-estrosi-l-inspection-est-independante.php|titre=Estrosi : l'Inspection est « indépendante »|site=Le Figaro.fr|date=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref name="LEPOINT09072010">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/christian-estrosi-l-igf-a-travaille-de-maniere-independante-09-07-2010-1212856_20.php|titre=Christian Estrosi: l'IGF a travaillé de manière « indépendante »|site=[[Le Point]]|date=9 juillet 2010}}.</ref> en affirmant par ailleurs que l'{{citation|administration par essence est indépendante}}. Or pour [[Daniel Lebègue]], président de l'association [[Transparency International|Transparence Internationale France]], au contraire {{citation|l'IGF opère sous l'autorité directe [du Ministère du Budget], elle ne dispose d'aucun des attributs d'une autorité d'enquête indépendante}}<ref name="LEPOINT09072010" />. Le Premier ministre [[François Fillon]] déclare que le président socialiste de la [[Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire|commission des finances de l'Assemblée nationale]], [[Jérôme Cahuzac]], peut à tout moment « vérifier la véracité de ce rapport, se faire produire tous les documents, toutes les pièces nécessaires »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pour Fillon, le rapport de l'IGF dément «l’essentiel» des accusations contre Woerth |url=https://www.liberation.fr/france/2010/07/12/pour-fillon-le-rapport-de-l-igf-dement-l-essentiel-des-accusations-contre-woerth_665565/ |site=Libération |date=2010-07-12 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
Lors de la publication du rapport de douze pages<ref>{{Lien web|url=http://www.budget.gouv.fr/RapportdenqueteIGF.pdf|titre=Rapport d'Enquête de l'Inspection Générale des Finances|site=Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'État|en ligne le=11 juillet 2010}}</ref>, le {{date|11|juillet|2010}}, Jean Bassères et trois de ses subordonnés concluent que « {{M.}} Éric Woerth, durant la période où il était ministre du Budget, n'est pas intervenu auprès des services placés sous son autorité pour demander, empêcher ou orienter une décision ou un contrôle portant sur {{Mme}} Bettencourt, {{MM.}} Banier et de Maistre, ainsi que sur les sociétés Téthys et Clymène ». Ils concluent également que « les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de {{M.}} Banier » — dont Éric Woerth a reconnu avoir été informé par ses services<ref name="monde13" /> — « n'étaient pas de nature à conduire l'administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de {{Mme}} Bettencourt »<ref>{{Lien web|url=http://www.france-info.com/france-politique-2010-07-11-affaire-bettencourt-le-rapport-qui-blanchit-eric-woerth-464776-9-10.html|titre=« Affaire Bettencourt : le rapport qui blanchit Eric Woerth »|site=France Info.com|en ligne le=11 juillet 2010|consulté le=11 juillet 2010}}</ref>. Le rapport note néanmoins qu'« il conviendrait de s'interroger [sur l'existence] au sein du cabinet du ministre d'une équipe dédiée au traitement de situations fiscales individuelles [qui] nourrit la suspicion » et fait par ailleurs état d'une intervention de Patrice de Maistre auprès d'Éric Woerth sur la situation d'un contribuable auquel {{M.}} de Maistre est associé tout en restant toutefois silencieux sur son identité<ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/12/apres-le-rapport-de-l-igf-des-interrogations-subsistent_1386770_823448.html|titre=Après le rapport de l'IGF, des interrogations subsistent|site=Le Monde.fr|en ligne le=12 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010|auteur=Nabil Wakim}}</ref>.


=== Espionnage des journalistes et {{Citation|lapidation médiatique}} ? ===
Si lors d'une allocution télévisé le {{date|12|juillet|2010}}, le président [[Nicolas Sarkozy]] indique qu'« avec le rapport extrêmement bien fouillé de l'IGF, [Éric Woerth] est lavé de tout soupçon »<ref>{{Lien web|url=http://www.lepost.fr/article/2010/07/12/2149873_sarkozy-parle-d-argent-alors-qu-il-s-agit-de-democratie-mais-precise-que-la-france-n-est-pas-un-pays-corrompu.html|titre=Sarkozy sur France 2 : débrief et premières impressions|site=Le Post.fr|en ligne le=12 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>, certaines personnalités de l'opposition relativisent l'objectivité du rapport, le député socialiste Bruno Le Roux le qualifiant de « partiel et partial »<ref name="monde13">{{article|prénom1=Philippe|nom1=Le Cœur|titre=Éric Woerth « réfléchit » à l'abandon de ses fonctions de trésorier de l'UMP|périodique=Le Monde|numéro=20362|jour=13|mois=juillet|année=2010|pages=11}}</ref> ; Jean Bassères et trois autres inspecteurs des finances se sont en effet vu transmettre {{formatnum:6247}} dossiers à explorer pendant une dizaine de jours<ref name="monde13" />. Le [[Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie|ministre de l'Industrie]], [[Christian Estrosi]] assure sur RTL que l'{{citation|IGF a travaillé de manière indépendante}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/09/97001-20100709FILWWW00354-estrosi-l-inspection-est-independante.php|titre=Estrosi : l'Inspection est « indépendante »|site=Le Figaro.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref name="LEPOINT09072010">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/christian-estrosi-l-igf-a-travaille-de-maniere-independante-09-07-2010-1212856_20.php|titre=Christian Estrosi: l'IGF a travaillé de manière « indépendante »|site=Le Point.fr|en ligne le=9 juillet 2010}}</ref> en affirmant par ailleurs que l'{{citation|administration par essence est indépendante}}. Or pour [[Daniel Lebègue]], président de l'association [[Transparency International|Transparence Internationale France]], au contraire {{citation|l'IGF opère sous l'autorité directe [du Ministère du Budget], elle ne dispose d'aucun des attributs d'une autorité d'enquête indépendante}}<ref name="LEPOINT09072010" />. Le Premier ministre [[François Fillon]] déclare que le président socialiste de la [[Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire|commission des finances de l'Assemblée nationale]], [[Jérôme Cahuzac]], peut à tout moment « vérifier la véracité de ce rapport, se faire produire tous les documents, toutes les pièces nécessaires »<ref>{{Lien web|url=http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iKPQZUkRUMgLhP-jtZE04r4aSD-Q|titre=Fillon : le rapport de l'IGF dément « l'essentiel » des accusations contre Woerth|site=AFP|en ligne le=12 juillet 2010}}</ref>.
L'affaire n'est pas interrompue par la trêve estivale. Dans un article du {{date|4|août|2010}}, ''[[Libération (journal)|Libération]]'' révèle qu'Éric Woerth est intervenu lors de la succession du sculpteur [[César (sculpteur)|César]]<ref>{{Lien web |auteur=[[Karl Laske]]|titre=Le coup de pouce d'Éric Woerth à la famille César |url=https://www.liberation.fr/societe/2010/08/04/le-coup-de-pouce-d-eric-woerth-a-la-famille-cesar_670214/ |site=Libération.fr|date=4 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. {{citation|Le ministre avait certifié qu'il avait pour doctrine de ne pas intervenir dans les contrôles fiscaux, et son courrier, que nous publions ici, prouve exactement l'inverse : il est intervenu.}} Le journal révèle par ailleurs qu'[[Alain-Dominique Perrin]], exécuteur testamentaire du sculpteur César, est un riche donateur de l'[[Union pour un mouvement populaire|UMP]]<ref>{{Lien web |titre=Succession César, Woerth secouru |url=https://www.liberation.fr/societe/2010/08/04/succession-cesar-woerth-secouru-par-le-ministere-du-travail-et-par-jack-lang_670290/ |site=Libération.fr|date=4 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le ministre du Travail affirme qu'il a agi en toute légalité, ne faisant qu'appliquer des propositions de l'administration fiscale, tandis qu'Alain-Dominique Perrin affirme que la lettre n'a pas été retranscrite dans son intégralité<ref>{{Lien web |titre=Éric Woerth serait intervenu dans la succession du sculpteur César |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20100804.OBS8045/eric-woerth-serait-intervenu-dans-la-succession-du-sculpteur-cesar.html |site=Le Nouvel Observateur.com|date=4 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. L'ancien ministre socialiste [[Jack Lang]] précise que la décision d'Éric Woerth {{citation|était légitime, et ses prédécesseurs de droite comme de gauche ont été appelés à rendre des décisions semblables en toute équité}}<ref>{{Lien web |titre=Succession César : une lettre de Woerth fait débat |url=https://www.challenges.fr/economie/succession-cesar-une-lettre-de-woerth-fait-debat_356503 |site=Challenges.fr|date=4 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.


Éric Woerth affirme le {{date|29|août|2010}} au ''[[Le Parisien|Parisien]]'' être l'objet d'une {{Citation|chasse à l'homme}} et d'une {{Citation|[[lapidation]] médiatique}} analogue à celle subie par [[Georges Pompidou]] en 1968 lors de l'[[affaire Markovic]]<ref>{{Lien web |titre=Eric Woerth : «Tout cet acharnement, c'est fait pour tuer» |url=https://www.leparisien.fr/politique/eric-woerth-tout-cet-acharnement-c-est-fait-pour-tuer-30-08-2010-1047658.php |site=[[Le Parisien]]|date=30 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Certains observateurs, y compris non partisans tels que l'avocat général [[Philippe Bilger]], regrettent que l'enquête sur les actes d'Éric Woerth ne soit pas encadrée par une information judiciaire en bonne et due forme<ref>{{Lien web |auteur=[[Philippe Bilger]] |titre=Une lapidation médiatique, vraiment ? |url=https://www.philippebilger.com/blog/2010/09/une-lapidation-m%C3%A9diatique-vraiment-.html |site=philippebilger.com |date=2010-09-02 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
== Enquêtes sur les délits potentiels ==


De fait, les révélations médiatiques s'accélèrent. Le {{date|31|août|2010}}, le site internet de ''[[L'Express]]'' annonce qu'une lettre adressée [[Ministère de l'Intérieur (France)|place Beauvau]] au début du mois de {{date-|mars 2007}} et signée de la main d'Éric Woerth, alors trésorier de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, a été retrouvée mi-août par les enquêteurs de la Brigade financière lors d'une perquisition. Dans ce courrier, Éric Woerth intervient auprès de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, afin de lui demander d'attribuer la Légion d'honneur à Patrice de Maistre<ref>{{Lien web |titre=La lettre qui contredit Éric Woerth |url=https://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-bettencourt-la-lettre-qui-contredit-woerth_916022.html |site=L'Express.fr|date=31 août 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Interrogé par des journalistes sur l'existence de cette lettre, Éric Woerth déclare, le {{date|2|septembre|2010}} : {{Citation|Je n'ai jamais dit qu'elle n'avait pas existé}} et assure n'avoir {{Citation|menti sur rien, à qui que ce soit}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/09/02/01002-20100902ARTFIG00475-woerth-reconnait-avoir-demande-la-legion-de-maistre.php|titre=Woerth admet avoir demandé la légion pour de Maistre|date=2 septembre 2010|consulté le=2 septembre 2010|site=Le Figaro.fr}}.</ref>. Le cabinet d'Éric Woerth avait affirmé au ''[[le Nouvel Observateur|Nouvel Observateur]]'' en {{date-|juin 2010}} que le ministre {{Citation|a remis la décoration à Maistre, mais ne l'a pas proposée}}<ref>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100623.OBS6016/bettencourt-quand-eric-woerth-decernait-la-legion-d-honneur-a-patrice-de-maistre.html|titre=Bettencourt : quand Éric Woerth décernait la Légion d'honneur à Patrice de Maistre|date=23 juin 2010|consulté le=2 septembre 2010|site=nouvelobs.com}}.</ref>. Le {{date|4|septembre|2010}}, ''[[Le Journal du dimanche]]'' révèle, de source policière, l'existence de deux lettres de remerciements envoyés par Patrice de Maistre au ministre. L'une, datée de {{date-|juin 2007}}, précède d'un mois l'annonce de la promotion des légions d'honneur et le remercie de son soutien, tandis qu'il demande au ministre de lui remettre personnellement la décoration dans la seconde<ref name=JDD409 />. Éric Woerth avait affirmé en {{date-|juin 2010}} {{Citation|connaître peu}} Patrice de Maistre<ref name=JDD409>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Woerth-trois-lettres-pour-un-mensonge-218145|titre=Woerth, trois lettres pour un mensonge|date=4 septembre 2010|consulté le=4 septembre 2010|site=Lejdd.fr}}.</ref>.
=== Les raisons d'enquêtes préliminaires ===


L'affaire a donné lieu à un viol du principe de [[protection des sources d'information des journalistes en droit français]]. Le directeur de [[Médiapart]] [[Edwy Plenel]] a affirmé en novembre 2010 que [[Fabrice Arfi]] et [[Fabrice Lhomme]], ses deux journalistes chargés des affaires Karachi et Bettencourt, ont eu droit, selon des sources recoupées, {{citation|au même traitement que leur confrère du ''[[Le Monde|Monde]]'', [[Gérard Davet]], ou que la juge d'instruction de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, dont les « fadettes » (factures détaillées) des téléphones portables ont été explorées par la [[Direction centrale du renseignement intérieur]] (DCRI)}}<ref>{{Lien web |auteur=Dan Israel |titre=Espionnage : Mediapart pointe Guéant |url=https://www.arretsurimages.net/articles/espionnage-mediapart-pointe-gueant |site=[[Arrêt sur images]] |date=2010-11-03 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
À la suite de la publication des enregistrements, le [[Ministère public (France)|parquet]] de Nanterre annonçait le {{date|6|juillet|2010}} qu'il pourrait poursuivre son enquête préliminaire — initialement menée pour faits d'atteinte à la vie privée — et investiguer sur les liens entre la famille Bettencourt et le couple Woerth. Le procureur de Nanterre, [[Philippe Courroye]], faisait ainsi part, dans un rapport destiné à sa hiérarchie, qu'« il pourrait être envisageable […] de faire vérifier les éléments révélés dans [les] conversations »<ref name="monde3">{{article|prénom1=Gérard|nom1=Davet|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : Philippe Courroye veut pousser plus loin l'enquête|périodique=Le Monde|numéro=20356|jour=6|mois=juillet|année=2010|pages=9}}</ref>. Selon Philippe Courroye, outre la possible fraude fiscale de Liliane Bettencourt, les enregistrements laissent planer le doute sur les « conditions d'embauche de {{Mme}} Florence Woerth » ou sur une éventuelle « question de blanchiment de fraude fiscale ainsi que de prise illégale d'intérêts », étant donnés les versements d'argent à différentes personnalités politiques de droite allégués<ref name="monde3" />.


=== Départ du gouvernement ===
C'est également dans le cadre de cette enquête préliminaire que la [[Direction centrale de la police judiciaire|police judiciaire]] a interrogé Claire Thibout, l'ex-comptable des époux Bettencourt. Celle-ci affirme notamment, sans néanmoins pouvoir étayer ses propos par des preuves matérielles, que [[Patrice de Maistre]] aurait remis {{Unité|150000|euros}} en liquide à [[Éric Woerth]], en tant que trésorier de l'UMP, pour financer la [[Élection présidentielle française de 2007|campagne présidentielle]] de Nicolas Sarkozy<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/06/01002-20100706ARTFIG00285-bettencourt-l-ex-comptable-accuse-woerth-et-sarkozy.php|titre=Bettencourt : l'ex-comptable accuse Woerth et Sarkozy|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010|auteur=Thomas Vampouille}}</ref>. Claire Thibout a également affirmé aux policiers que de l'argent liquide avait été remis à [[Nicolas Sarkozy]] lorsqu'il était maire de [[Neuilly-sur-Seine]], ainsi qu'à d'autres personnalités et partis de droite, sans jamais avoir assisté à ces prétendues rencontres<ref>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100706.OBS6701/bettencourt-aurait-verse-150-000-euros-pour-la-campagne-de-sarkozy.html|titre=L'ex-comptable de Bettencourt pointe du doigt Woerth et Sarkozy|site=Le Nouvel Obs.com|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>. Les principaux intéressés ont contesté ces accusations<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00294-woerth-propos-fauxde-l-ex-comptable.php|titre=Woerth : propos « faux » de l'ex-comptable|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00334-bettencourt-maistre-conteste.php|titre=Bettencourt : Maistre « conteste »|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00274-bettencourt-dementi-de-l-elysee.php|titre=Bettencourt/argent : l'Élysée dément|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>.
Quatre jours après la promulgation par Nicolas Sarkozy de la loi portant [[Réforme des retraites en France en 2010|réforme des retraites]], Éric Woerth est remplacé le {{date|14|novembre|2010}} par [[Xavier Bertrand]] dans le [[Gouvernement François Fillon (3)|gouvernement Fillon III]]. Plusieurs journalistes estiment que l'affaire est la cause de son départ<ref>{{Lien web |auteur=Laure Equy |titre=Remaniement : peu de nouvelles têtes, et plusieurs disparitions remarquables |url=https://www.liberation.fr/france/2010/11/14/remaniement-peu-de-nouvelles-tetes-et-plusieurs-disparitions-remarquables_693592/ |site=Libération.fr|date=14 novembre 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/11/14/01002-20101114ARTFIG00213-remaniement-le-gouvernement-fillon-iii-ancre-a-droite-pour-2012.php|titre=Le gouvernement Fillon III ancré à droite pour 2012|site=lefigaro.fr|date=15 novembre 2010|auteur=Flore Galaud}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Michaël Hajdenberg |titre=Eric Woerth : enfin la retraite |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/141110/eric-woerth-enfin-la-retraite |accès url=payant |site=[[Mediapart]]|date=14 novembre 2010}}.</ref>.


== Enquêtes menées à Nanterre sur les délits financiers potentiels ==
À la date du {{date|10|juillet|2010}}, outre l'enquête pour faits d'atteinte à la vie privée, deux autres enquêtes préliminaires ont été ouvertes pour « les allégations de versement d'enveloppes d'argent à des hommes politiques » et pour « blanchiment de fraude fiscale »<ref name="france2">{{Lien web|url=http://info.france2.fr/france/ouverture-d-une-troisieme-enquete-de-police-64038950.html|titre=Ouverture d'une troisième enquête de police|site=France 2.fr|en ligne le=10 juillet 2010|consulté le=10 juillet 2010}}</ref>. Une quatrième enquête est ouverte le {{date|21|juillet|2010}} pour « dénonciation calomnieuse » suite à la [[plainte|plainte contre X]] déposée le {{date|7|juillet|2010}} par Éric Woerth<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/enquete-pour-denonciation-calomnieuse-apres-la-plainte-de-woerth-21-07-2010-1217297_19.php|titre=Enquête pour dénonciation calomnieuse après la plainte de Woerth|site=Le Point.fr|en ligne le=21 juillet 2010|consulté le=21 juillet 2010|auteur=Thierry Lévêque}}</ref>.
=== Ouverture d'enquêtes préliminaires ===
À la suite de la publication des enregistrements, le [[Ministère public (France)|parquet]] de Nanterre annonçait le {{date|6|juillet|2010}} qu'il pourrait poursuivre son enquête préliminaire — initialement menée pour faits d'atteinte à la vie privée — et investiguer sur les liens entre la famille Bettencourt et le couple Woerth. Le procureur de Nanterre, [[Philippe Courroye]], faisait ainsi part, dans un rapport destiné à sa hiérarchie, qu'« il pourrait être envisageable […] de faire vérifier les éléments révélés dans [les] conversations »<ref name="monde3">{{article|prénom1=Gérard|nom1=Davet|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : Philippe Courroye veut pousser plus loin l'enquête|périodique=Le Monde|numéro=20356|jour=6|mois=juillet|année=2010|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/05/affaire-woerth-bettencourt-philippe-courroye-veut-pousser-plus-loin-l-enquete_1383427_823448.html|consulté le=2021-12-30|accès url=payant|pages=9}}.</ref>. Selon Philippe Courroye, outre la possible fraude fiscale de Liliane Bettencourt, les enregistrements laissent planer le doute sur les « conditions d'embauche de {{Mme}} Florence Woerth » ou sur une éventuelle « question de blanchiment de fraude fiscale ainsi que de prise illégale d'intérêts », étant donné les versements d'argent à différentes personnalités politiques de droite allégués<ref name="monde3" />.


C'est également dans le cadre de cette enquête préliminaire que la [[Direction centrale de la Police judiciaire (France)|direction centrale de la Police judiciaire]] a interrogé Claire Thibout, l'ex-comptable des époux Bettencourt. Celle-ci affirme notamment, sans néanmoins pouvoir étayer ses propos par des preuves matérielles, que [[Patrice de Maistre]] aurait remis {{Unité|150000|euros}} en liquide à [[Éric Woerth]], en tant que trésorier de l'UMP, pour financer la [[Élection présidentielle française de 2007|campagne présidentielle]] de Nicolas Sarkozy<ref>{{Lien web |auteur=Thomas Vampouille |titre=Bettencourt : l'ex-comptable accuse Woerth et Sarkozy |url=https://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/06/01002-20100706ARTFIG00285-bettencourt-l-ex-comptable-accuse-woerth-et-sarkozy.php |site=Le Figaro.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>. Claire Thibout a également affirmé aux policiers que de l'argent liquide avait été remis à [[Nicolas Sarkozy]] lorsqu'il était maire de [[Neuilly-sur-Seine]], ainsi qu'à d'autres personnalités et partis de droite, sans jamais avoir assisté à ces prétendues rencontres<ref>{{Lien web |titre=L'ex-comptable de Bettencourt pointe du doigt Woerth et Sarkozy |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20100706.OBS6701/l-ex-comptable-de-bettencourt-pointe-du-doigt-woerth-et-sarkozy.html |site=Le Nouvel Obs.com|date=6 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Les principaux intéressés ont contesté ces accusations<ref>{{Lien web |titre=Woerth : propos « faux » de l'ex-comptable |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00294-woerth-propos-fauxde-l-ex-comptable.php |site=Le Figaro.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Bettencourt : Maistre « conteste » |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00334-bettencourt-maistre-conteste.php |site=Le Figaro.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Bettencourt/argent : l'Élysée dément |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00274-bettencourt-dementi-de-l-elysee.php |site=Le Figaro.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=6 juillet 2010}}.</ref>.
=== Rivalités au Tribunal de Nanterre ===


À la date du {{date|10|juillet|2010}}, outre l'enquête pour faits d'atteinte à la vie privée, deux autres enquêtes préliminaires ont été ouvertes pour « les allégations de versement d'enveloppes d'argent à des hommes politiques » et pour « blanchiment de fraude fiscale »<ref name="france2">{{Lien web |titre=Ouverture d'une troisième enquête de police |url=http://info.france2.fr/france/ouverture-d-une-troisieme-enquete-de-police-64038950.html |site=France 2.fr|date=10 juillet 2010 |consulté le=10 juillet 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>. Une quatrième enquête est ouverte le {{date|21|juillet|2010}} pour « dénonciation calomnieuse » à la suite de la [[plainte|plainte contre X]] déposée le {{date|7|juillet|2010}} par Éric Woerth<ref>{{Lien web |auteur=Thierry Lévêque |titre=Enquête pour dénonciation calomnieuse après la plainte de Woerth |url=https://www.bfmtv.com/politique/enquete-pour-denonciation-calomnieuse-apres-la-plainte-de-woerth_AN-201007210017.html |site=bfmtv.com|date=21 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
Après les déclarations de Claire Thibout, le [[Parti socialiste]] réclame d'urgence par la voix de [[Jean-Marc Ayrault]], son président de groupe à l'[[Assemblée nationale]], une [[Commission d'enquête parlementaire en France|commission d'enquête parlementaire]]<ref name="com">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/bettencourt-ayrault-denonce-le-refus-d-une-commission-d-enquete-dans-l-immediat-06-07-2010-1211470_20.php|titre=Bettencourt : Ayrault dénonce le refus d'une commission d'enquête dans l'immédiat |site=Le Point.fr|consulté le=6 juillet 2010|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref> sur cette affaire politico-financière, que le gouvernement souhaiterait pourtant différer à l'automne<ref name="com" />. Le PS demande également, par la voix de [[Martine Aubry]], première secrétaire du parti, que la [[Garde des Sceaux en France|garde des Sceaux]] Michèle Alliot-Marie saisisse le [[Conseil supérieur de la magistrature]] (CSM) pour que l'affaire Bettencourt soit « dépaysée dans un autre tribunal » que celui de [[Nanterre]], cette affaire opposant le procureur [[Philippe Courroye]] — lui-même mis en cause dans les écoutes — à [[Isabelle Prévost-Desprez]], présidente de la 15{{e}} chambre au [[Tribunal de grande instance (France)|TGI]] de [[Nanterre]]<ref name="point4">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/affaire-bettencourt-aubry-demande-a-mam-de-saisir-le-csm-pour-un-depaysement-de-l-affaire-06-07-2010-1211566_20.php|titre=Affaire Bettencourt : Aubry demande à MAM de saisir le CSM pour un dépaysement de l'affaire|site=Le Point.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>. À l'heure actuelle, cette chambre examine la citation directe pour abus de faiblesse déposée par [[Françoise Bettencourt-Meyers]]<ref group=Note>Cette citation directe est intervenue suite au [[non-lieu]] opposé par Philippe Courroye.</ref>.


=== Rivalités au tribunal de Nanterre ===
Selon ''Le Point'', « Philippe Courroye, qui n'a jamais caché sa proximité avec le président Nicolas Sarkozy, est un magistrat contesté dans la profession »<ref name="point4" /> et s'oppose régulièrement, depuis plusieurs mois, à {{Mme}} Prévost-Desprez « sur de nombreux dossiers au sein de leur juridiction »<ref name="point4" />, et notamment sur la procédure judiciaire opposant [[Françoise Bettencourt-Meyers]] à [[François-Marie Banier]]. {{Mme}} Prévost-Desprez a déclaré sa formation compétente pour expertiser les écoutes, alors que le parquet de [[Nanterre]] avait déjà ouvert une enquête pour atteinte à la vie privée concernant les enregistrements pirates. ''Le Monde'' qualifie même de « guerre d'ego »<ref name="monde3" /> leur opposition ; {{Mme}} Prévost-Desprez semble « se poser un peu plus en défenseure des [[Juge d'instruction|juges d'instruction]]<ref name="monde3" />{{,}}<ref group=Note>[[Nicolas Sarkozy]] a proposé la suppression de la fonction de [[juge d'instruction]] en [http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/01/07/m-sarkozy-confirme-qu-il-veut-supprimer-le-juge-d-instruction_1138981_823448.html janvier 2009].</ref> » tandis que {{M.}} Courroye aime « à prouver son indépendance de pensée<ref name="monde3" /> ».
Après les déclarations de Claire Thibout, le [[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]] réclame d'urgence par la voix de [[Jean-Marc Ayrault]], son président de groupe à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]], une [[Commission d'enquête parlementaire en France|commission d'enquête parlementaire]]<ref name="com">{{Lien web |titre=Bettencourt : Ayrault dénonce le refus d'une commission d'enquête dans l'immédiat |url=http://www.lepoint.fr/politique/bettencourt-ayrault-denonce-le-refus-d-une-commission-d-enquete-dans-l-immediat-06-07-2010-1211470_20.php |site=Le Point.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=6 juillet 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref> sur cette affaire politico-financière, que le gouvernement souhaiterait pourtant différer à l'automne<ref name="com" />. Le PS demande également, par la voix de [[Martine Aubry]], première secrétaire du parti, que la [[Garde des Sceaux, ministre de la Justice (France)|Garde des Sceaux]], [[Michèle Alliot-Marie]], saisisse le [[Conseil supérieur de la magistrature (France)|Conseil supérieur de la magistrature]] (CSM) pour que l'affaire Bettencourt soit « dépaysée dans un autre tribunal » que celui de [[Nanterre]], cette affaire opposant le procureur [[Philippe Courroye]] — lui-même mis en cause dans les écoutes — à [[Isabelle Prévost-Desprez]], présidente de la {{15e|chambre}} au [[Tribunal de grande instance (France)|TGI]] de Nanterre<ref name="point4">{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : Aubry demande à MAM de saisir le CSM pour un dépaysement de l'affaire |url=https://www.lepoint.fr/politique/affaire-bettencourt-aubry-demande-a-mam-de-saisir-le-csm-pour-un-depaysement-de-l-affaire-06-07-2010-1211566_20.php |site=Le Point.fr|date=6 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Cette chambre examine la citation directe pour abus de faiblesse déposée par [[Françoise Bettencourt-Meyers]]<ref group=Note>Cette citation directe est intervenue à la suite du [[Non-lieu en procédure pénale en France|non-lieu]] opposé par Philippe Courroye.</ref>.


Selon ''[[Le Point]]'', « Philippe Courroye, qui n'a jamais caché sa proximité avec le président [[Nicolas Sarkozy]], est un magistrat contesté dans la profession »<ref name="point4" /> et s'oppose régulièrement, depuis plusieurs mois, à {{Mme}} Prévost-Desprez « sur de nombreux dossiers au sein de leur juridiction »<ref name="point4" />, et notamment sur la procédure judiciaire opposant Françoise Bettencourt-Meyers à [[François-Marie Banier]]. {{Mme}} Prévost-Desprez a déclaré sa formation compétente pour expertiser les écoutes, alors que le parquet de Nanterre avait déjà ouvert une enquête pour atteinte à la vie privée concernant les enregistrements pirates. ''[[Le Monde]]'' qualifie même de « guerre d'[[ego]] »<ref name="monde3" /> leur opposition ; {{Mme}} Prévost-Desprez semble « se poser un peu plus en défenseure des [[Juge d'instruction|juges d'instruction]]<ref name="monde3" />{{,}}<ref group=Note>[[Nicolas Sarkozy]] a proposé la suppression de la fonction de [[juge d'instruction]] en [https://www.lemonde.fr/politique/article/2009/01/07/m-sarkozy-confirme-qu-il-veut-supprimer-le-juge-d-instruction_1138981_823448.html janvier 2009].</ref> » tandis que Philippe Courroye aime « à prouver son indépendance de pensée<ref name="monde3" /> ».
Le 16 juillet, Philippe Courroye refuse de transmettre à Isabelle Prévost-Deprez les retranscriptions des enregistrements clandestins<ref name="MEDIAPART160710">{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/160710/le-parquet-de-nanterre-veut-empecher-la-juge-denqueter|titre=Le parquet de Nanterre veut empêcher la juge d'enquêter|auteur=Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme|site=Mediapart|en ligne le=17 juillet 2010|consulté le=23 juillet 2010}}</ref>. Lors d'un entretien au ''[[Le Figaro|Figaro]]'', le magistrat n'a pas souhaité s'exprimer sur les raisons de son refus<ref name="LEFIGARO2010072">{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/21/01016-20100721ARTFIG00509-courroye-je-ne-suis-pas-homme-a-ceder-aux-pressions.php|titre=Courroye : « Je ne suis pas homme à céder aux pressions »|auteur=Cyrille Louis|site=Le Figaro.fr|en ligne le=21 juillet 2010|consulté le=23 juillet 2010}}</ref>.

Le {{date-|16 juillet}}, Philippe Courroye refuse de transmettre à Isabelle Prévost-Deprez les retranscriptions des enregistrements clandestins<ref name="MEDIAPART160710">{{Lien web |auteur=[[Fabrice Arfi]], [[Fabrice Lhomme]] |titre=Le parquet de Nanterre veut empêcher la juge d'enquêter |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/160710/le-parquet-de-nanterre-veut-empecher-la-juge-denqueter |site=[[Mediapart]]|date=17 juillet 2010 |consulté le=23 juillet 2010}}.</ref>. Lors d'un entretien au ''[[Le Figaro|Figaro]]'', le magistrat n'a pas souhaité s'exprimer sur les raisons de son refus<ref name="LEFIGARO2010072">{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/21/01016-20100721ARTFIG00509-courroye-je-ne-suis-pas-homme-a-ceder-aux-pressions.php|titre=Courroye : « Je ne suis pas homme à céder aux pressions »|auteur=Cyrille Louis|site=Le Figaro.fr|date=21 juillet 2010|consulté le=23 juillet 2010}}.</ref>.

Le {{date|14|septembre|2010}}, la [[cour d'appel de Versailles]] autorise Isabelle Prévost-Deprez à poursuivre ses investigations en confirmant la décision prise par le tribunal de Nanterre de mener un supplément d'enquête<ref>{{Lien web |titre=Bettencourt : la justice peut poursuivre son enquête |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/14/01016-20100914ARTFIG00483-bettencourt-la-justice-peut-poursuivre-son-enquete.php |site=[[Le Figaro]]|date=14 septembre 2010 |consulté le=14 septembre 2010}}.</ref>. Dix jours plus tard, la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]] rejette le [[Pourvoi en cassation|pourvoi]] de {{Me}} [[Georges Kiejman]], ce qui oblige Philippe Courroye à transmettre toutes les pièces du dossier à la juge d'instruction<ref>{{Lien web |titre=Bettencourt : plus rien ne s'oppose à l'enquête de Prévost-Desprez |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20100927.OBS0449/bettencourt-plus-rien-ne-s-oppose-a-l-enquete-de-prevost-desprez.html |site=[[L'Obs|nouvelobs.com]]|date=27 septembre 2010 |consulté le=27 septembre 2010}}.</ref>.

Le {{date|27|septembre|2010}}, le [[Procureur général (France)|procureur général]] de la Cour de cassation, [[Jean-Louis Nadal]], estime qu'il faut « que les nombreuses investigations qui restent à effectuer soient accomplies » afin de juger s'il y a lieu de saisir la [[Cour de justice de la République]]<ref name="Lib289">{{Lien web |titre=Affaire Woerth : Courroye fragilisé |url=https://www.liberation.fr/societe/2010/09/28/affaire-woerth-courroye-fragilise_682222/ |site=liberation.fr|date=28 septembre 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Il recommande au procureur général de Versailles, Philippe Ingall-Montagnier, supérieur hiérarchique de Philippe Courroye, de charger un juge d'instruction de poursuivre les enquêtes à la place du procureur de Nanterre<ref name=Lib289/>. Jean-Louis Nadal a également demandé au procureur général près la cour d'appel de Paris des éléments concernant l'affaire de l'hippodrome de Compiègne<ref name=Lib289/>. Philippe Courroye, dont la qualité de l'enquête a été soulignée par Jean-Louis Nadal, a fait savoir qu'il comptait continuer à mener les investigations<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Woerth : Courroye déterminé à garder son dossier |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/27/01016-20100927ARTFIG00637-woerth-courroye-determine-a-garder-son-dossier.php |site=lefigaro.fr |date=2010-09-27 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.


=== Témoignage de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt ===
=== Témoignage de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt ===
Le {{date|8|juillet|2010}}, à l'occasion d'un nouvel interrogatoire mené par la [[brigade financière]] à [[Nîmes]]<ref>{{Lien web|url=http://www.midilibre.com/articles/2010/07/08/A-LA-UNE-Claire-Thibout-est-venue-se-reposer-a-Fourques-1300484.php5|titre=Claire Thibout est venue se reposer à Fourques|auteur=A. C.|site=Le Midi Libre.com|date=8 juillet 2010|consulté le=29 juillet 2010}}.</ref>, Claire Thibout, qui a été interceptée pendant ses vacances dans le sud de la France, revient sur certaines des accusations rapportées par [[Mediapart]] en affirmant que le site d'information a « romancé » une partie de ses propos, notamment concernant [[Nicolas Sarkozy]] lorsqu'il était maire de Neuilly-sur-Seine<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/l-ex-comptable-s-est-partiellement-retractee-mercredi-soir-devant-les-enqueteurs_1384984_823448.html#ens_id=1373579|titre=L'ex-comptable s'est partiellement rétractée mercredi soir devant les enquêteurs|site=[[Le Monde]]|date=8 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/08/97001-20100708FILWWW00407-elysee-woerth-et-sarkozy-disculpes.php|titre=Woerth et Sarkozy ''disculpés'' (Élysée)|site=Le Figaro.fr|date=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}.</ref>.


Le {{date|8|juillet|2010}}, à l'occasion d'un nouvel interrogatoire mené par la [[brigade financière]] à [[Nîmes]]<ref>«[http://www.midilibre.com/articles/2010/07/08/A-LA-UNE-Claire-Thibout-est-venue-se-reposer-a-Fourques-1300484.php5 Claire Thibout est venue se reposer à Fourques]» de A. C. pour ''Le Midi Libre'' du 8 juillet 2010</ref>, Claire Thibout revient sur certaines des accusations rapportées par [[Mediapart]] en affirmant que le site d'information a « romancé » une partie de ses propos, notamment concernant [[Nicolas Sarkozy]] lorsqu'il était maire de Neuilly-sur-Seine <ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/l-ex-comptable-s-est-partiellement-retractee-mercredi-soir-devant-les-enqueteurs_1384984_823448.html#ens_id=1373579|titre=L'ex-comptable s'est partiellement rétractée mercredi soir devant les enquêteurs|site=Le Monde.fr|en ligne le=8 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/08/97001-20100708FILWWW00407-elysee-woerth-et-sarkozy-disculpes.php|titre=Woerth et Sarkozy ''disculpés'' (Élysée)|site=Le Figaro.fr|en ligne le=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Revenant sur ses premières déclarations, Claire Thibout reconnaît avoir pu se tromper de date et que les {{formatnum:50000}} euros retirés sur le compte des Bettencourt le {{date|26|mars|2007}} n'ont pas été remis à Éric Woerth. ''[[Le Parisien]]'' et ''[[Libération (journal)|Libération]]'' indiquent que ce retrait a servi à de nombreux remboursements<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/08/97001-20100708FILWWW00356-l-ex-comptable-se-retracte-partiellement.php|titre=L'ex-comptable se rétracte partiellement|site=Le Figaro.fr|en ligne le=8 juillet 2010|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Elle maintient en revanche que [[Patrice de Maistre]] aurait bien remis {{formatnum:150000}} euros à [[Éric Woerth]] pour la campagne présidentielle de 2007<ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/claire-thibout-il-y-a-eu-beaucoup-de-personnes-politiques-qui-ont-recu-de-l-argent_1385384_823448.html#ens_id=1373579|titre=Claire Thibout : « Il y a eu beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l'argent ... »|site=Le Monde.fr|en ligne le=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Mediapart assure que les propos de Claire Thibout ont été retranscrits fidèlement en présence de témoins<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/08/01016-20100708ARTFIG00320-bettencourt-l-ex-comptable-reentendue-par-les-enqueteurs.php|titre=Bettencourt : l'ex-comptable se rétracte partiellement|site=Le Figaro.fr|en ligne le=8 juillet 2010}}</ref>, conteste la nouvelle version de Claire Thibout<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/06012176-mediapart-nous-n-avons-pas-romance-les-propos-de-l-ex-comptable-des-bettencourt|titre=Mediapart: «Romancer les propos de la comptable, ça aurait été signer notre arrêt de mort»|site=Libération.fr|en ligne le=9 juillet 2007|consulté le=9 juillet 2010}}</ref> et publie, le {{date|8|juillet|2010}}, le verbatim de son interview<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/080710/lintegralite-des-declarations-de-lex-comptable-aux-enqueteurs|titre=L'intégralité des déclarations de l'ex-comptable aux enquêteurs|site=Mediapart.fr|en ligne le=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. La majorité réclame les enregistrements de son témoignage<ref>[http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gygLolljO3kfVNCBwx_syfwb56KQ « Laurent Wauquiez demande à Mediapart les enregistrements du témoignage de Claire Thibout »], dépêche AFP, 9 juillet 2010.</ref>.
Revenant sur ses premières déclarations, Claire Thibout reconnaît avoir pu se tromper de date et que les {{50000}} retirés sur le compte des Bettencourt le {{date|26|mars|2007}} n'ont pas été remis à Éric Woerth. ''[[Le Parisien]]'' et ''[[Libération (journal)|Libération]]'' indiquent que ce retrait a servi à de nombreux remboursements<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/08/97001-20100708FILWWW00356-l-ex-comptable-se-retracte-partiellement.php|titre=L'ex-comptable se rétracte partiellement|site=Le Figaro.fr|=8 juillet 2010|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Elle maintient en revanche que [[Patrice de Maistre]] aurait bien remis {{150000}} à [[Éric Woerth]] pour la campagne présidentielle de 2007<ref>{{Lien web|url=://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/claire-thibout-il-y-a-eu-beaucoup-de-personnes-politiques-qui-ont-recu-de-l-argent_1385384_823448.html#ens_id=1373579|titre=Claire Thibout : « Il y a eu beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l' »|site=Le Monde.fr|=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Mediapart assure que les propos de Claire Thibout ont été retranscrits fidèlement en présence de témoins<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/08/01016-20100708ARTFIG00320-bettencourt-l-ex-comptable-reentendue-par-les-enqueteurs.php|titre=Bettencourt : l'ex-comptable se rétracte partiellement|site=Le Figaro.fr|=8 juillet 2010}}</ref>, conteste la nouvelle version de Claire Thibout<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/06012176-mediapart-nous-n-avons-pas-romance-les-propos-de-l-ex-comptable-des-bettencourt |site=Libération.fr|=9 juillet 2007|consulté le=9 juillet 2010}}</ref> et publie, le {{date|8|juillet|2010}}, le verbatim de son interview<ref>{{Lien web|url=://www.mediapart.fr/journal/france/080710/lintegralite-des-declarations-de-lex-comptable-aux-enqueteurs |site=Mediapart|=8 juillet 2007|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. La majorité réclame les enregistrements de son témoignage<ref: Laurent Wauquiez demande à Mediapart les enregistrements du témoignage de Claire Thibout .</ref>.


Le 8 juillet, M{{e}} [[Georges Kiejman]], avocat de Liliane Bettencourt, s'interroge sur la crédibilité des déclarations de Claire Thibout, l'estimant « blessée d'avoir été licenciée », et affirme être en possession d'une photocopie de carnets prouvant que les retraits effectués étaient destinés aux dépenses courantes (médecins, amis, cuisiniers, etc.)<ref>{{Lien web|url=http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h_X8DKSnQjwFlg4u20Yf2ciPkpKQ|titre={{Me.}} Kiejman : « Rien n'établit que {{Mme}} Bettencourt fasse du financement politique illégal »|site=AFP|en ligne le=8 juillet 2010|consulté le=8 juillet 2010}}</ref>. Six jours plus tôt, M{{e}} Kiejman avait affirmé que les carnets n'avaient pas été remis à sa cliente<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/02/01016-20100702ARTFIG00674-ces-carnets-qui-enveniment-l-affaire-bettencourt.php|titre=Ces carnets qui enveniment l'affaire Bettencourt|site=Le Figaro|en ligne le=2 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref> et avait accusé Claire Thibout de les avoir volés<ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/le-revirement-de-l-ex-comptable-est-a-mettre-sur-le-compte-de-la-pression-politique-et-mediatique_1385131_823448.html|titre=« Le revirement de l'ex-comptable est à mettre sur le compte de la pression politique et médiatique »|site=Le Monde|en ligne le=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.
Le 8 juillet, {{}} [[Georges Kiejman]], avocat de Liliane Bettencourt, s'interroge sur la crédibilité des déclarations de Claire Thibout, l'estimant « blessée d'avoir été licenciée », et affirme être en possession d'une photocopie de carnets prouvant que les retraits effectués étaient destinés aux dépenses courantes (médecins, amis, cuisiniers, etc.)<ref>{{Lien web|=|titre= : ' |site= =2010|consulté le=}}</ref>. Six jours plus tôt, {{}} Kiejman avait affirmé que les carnets n'avaient pas été remis à sa cliente<ref>{{Lien web|url=://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/02/01016-20100702ARTFIG00674-ces-carnets-qui-enveniment-l-affaire-bettencourt.php |site=Le Figaro|=2 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref> et avait accusé Claire Thibout de les avoir volés<ref>{{Lien web|url=://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/08/le-revirement-de-l-ex-comptable-est-a-mettre-sur-le-compte-de-la-pression-politique-et-mediatique_1385131_823448.html|titre=« Le revirement de l'ex-comptable est à mettre sur le compte de la pression politique et médiatique »|site=Le Monde|=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.


Selon M{{e}} Antoine Gillot, l'avocat de Claire Thibout, sa cliente « a été soumise ces derniers jours à un harcèlement du parquet, astreinte à une pression hallucinante, avec des interrogatoires permanents », et il souligne qu'il n'a pas accès au dossier « puisqu'il s'agit d'une enquête préliminaire, non contradictoire, placée sous le seul contrôle du procureur de Nanterre »<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/080710/lex-comptable-des-bettencourt-confirme-des-financements-illegaux-de-la-droite|titre=L'ex-comptable des Bettencourt confirme des financements illégaux de la droite|site=Mediapart|en ligne le=8 juillet 2010|auteur=Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme}}</ref>. Il affirme en outre que Claire Thibout « ne s'est pas du tout rétractée » mais a seulement « nuancé » ses propos et suspecte le [[ministère de l'Intérieur]] ou le [[Ministère public (France)|parquet]] d'avoir fait fuiter de façon orientée les [[Procès-verbal|PV]] d'auditions de sa cliente afin de tenter de la décrédibiliser<ref>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Politique/Depeches/Avocat-de-C.Thibout-Veritable-harcelement-206121/|titre=Avocat de C. Thibout : « Véritable harcèlement »|site=Le JDD.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. Concernant le PV publié par ''Le Figaro'', Christophe Jakubyszyn, directeur de la rédaction de [[Radio Monte-Carlo|RMC]], affirme qu'il a été transmis au journal par [[Claude Guéant]]<ref>{{Lien web|url=http://www.rmc.fr/blogs/bourdinandco.php?post/2010/07/09/Bettencourt-a-chaque-jour-un-nouveau-rebondissement|titre=Bettencourt : à chaque jour un nouveau rebondissement|site=RMC.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.
Selon {{}} Antoine Gillot, l'avocat de Claire Thibout, sa cliente « a été soumise ces derniers jours à un harcèlement du parquet, astreinte à une pression hallucinante, avec des interrogatoires permanents », et il souligne qu'il n'a pas accès au dossier « puisqu'il s'agit d'une enquête préliminaire, non contradictoire, placée sous le seul contrôle du procureur de Nanterre »<ref>{{Lien web|url=://www.mediapart.fr/journal/france/080710/lex-comptable-des-bettencourt-confirme-des-financements-illegaux-de-la-droite|= |site=Mediapart|=8 juillet 2010}}</ref>. Il affirme en outre que Claire Thibout « ne s'est pas du tout rétractée » mais a seulement « nuancé » ses propos et suspecte le [[ministère de l'Intérieur]] ou le [[Ministère public (France)|parquet]] d'avoir fait fuiter de façon orientée les [[Procès-verbal|PV]] d'auditions de sa cliente afin de tenter de la <ref>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Politique/Depeches/Avocat-de-C.Thibout-Veritable-harcelement-206121/ |site=Le JDD.fr|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. Concernant le PV publié par ''Le Figaro'', Christophe Jakubyszyn, directeur de la rédaction de [[Radio Monte-Carlo|RMC]], affirme qu'il a été transmis au journal par [[Claude Guéant]]<ref>{{Lien web|url=http://www.rmc.fr/blogs/bourdinandco.php?post/2010/07/09/Bettencourt-a-chaque-jour-un-nouveau-rebondissement|= à un |=| = juillet 2010| = juillet 2010}}</ref>.


Les affirmations de Claire Thibout concernant le versement d'argent à des personnalités politiques ont été confirmées le 9 juillet par Chantal Trovel, l'ancienne secrétaire d'[[André Bettencourt]] ainsi que par Pascal Bonnefoy, l'ancien majordome ayant réalisé les enregistrements clandestins<ref>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100709.OBS6885/info-obs-bettencourt-une-ex-secretaire-confirme-les-dires-de-l-ex-comptable.html|titre=L'ancienne secrétaire d'André Bettencourt confirme les dires de l'ex-comptable|site=Le Nouvel Obs.com|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. Elles sont néanmoins contestées par un ancien maître d'hôtel, entendu par la brigade financière, qui affirme par ailleurs que [[Nicolas Sarkozy]] s'est rendu au domicile des Bettencourt « à deux ou trois reprises, toujours dans le cadre de déjeuners officiels […], avec la présence de 12 ou 15 personnes »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/09/01016-20100709ARTFIG00475-un-ex-majordome-des-bettencourt-donne-sa-version.php|titre=Un ex-majordome des Bettencourt donne sa version|site=Le Figaro.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Cyrille Louis}}</ref>. Pour sa part, la baronne Eva Ameil<ref name="LEJDD206371">{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/La-haine-du-gestionnaire-et-de-la-comptable-206371/|titre=La haine du gestionnaire et de la comptable|site=Le Journal du Dimanche.fr|auteur=Laurent Valdiguié, Michel Deléan|en ligne le=11 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref name="MEDIAPART120710">{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/economie/120710/affaire-bettencourt-eva-ameil-une-baronne-au-service-de-bnp-paribas|titre=Affaire Bettencourt : Eva Ameil, une baronne au service de BNP Paribas|site=Mediapart|auteur=Martine Orange|en ligne le=13 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>, amie proche de la sœur de Patrice de Maistre et ancienne gestionnaire du compte de Liliane Bettencourt à la [[BNP Paribas]], dont la famille Bettencourt est toujours cliente, a contredit les affirmations de l'ex-comptable concernant la demande de dépassement de son « accréditif » (ou « accréditation »)<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/09/01016-20100709ARTFIG00421-bettencourt-la-banquiere-contredit-l-ex-comptable.php|titre=Bettencourt : la banquière contredit l'ex-comptable|site=Le Figaro.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Cyrille Louis}}</ref>.
Les affirmations de Claire Thibout concernant le versement d'argent à des personnalités politiques ont été confirmées le 9 juillet par Chantal Trovel, l'ancienne secrétaire d'[[André Bettencourt]] ainsi que par Pascal Bonnefoy, l'ancien majordome ayant réalisé les enregistrements clandestins<ref>{{Lien web|url=://.nouvelobs.com/politique/20100709.OBS6885/info-obs---secretaire-confirme-les-dires-de-l-ex-comptable.html |site=.com|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. Elles sont néanmoins contestées par un ancien maître d'hôtel, entendu par la brigade financière, qui affirme par ailleurs que [[Nicolas Sarkozy]] s'est rendu au domicile des Bettencourt « à deux ou trois reprises, toujours dans le cadre de déjeuners officiels […], avec la présence de 12 ou 15 personnes »<ref>{{Lien web|url=://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/09/01016-20100709ARTFIG00475-un-ex-majordome-des-bettencourt-donne-sa-version.php |site=Le Figaro.fr|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. Pour sa part, la baronne Eva Ameil<ref name="LEJDD206371">{{Lien web|url=://www.lejdd.fr/Societe/Justice/La-haine-du-gestionnaire-et-de-la-comptable-206371 |site=.fr|= | le=}}</ref>{{,}}<ref name="MEDIAPART120710">{{Lien web|url=://www.mediapart.fr/journal/economie/120710/eva-ameil-une-baronne-au-service-de-bnp-paribas |site=Mediapart|=13 juillet 2010|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>, amie proche de la sœur de Patrice de Maistre et ancienne gestionnaire du compte de Liliane Bettencourt à la [[BNP Paribas]], dont la famille Bettencourt est toujours cliente, a contredit les affirmations de l'ex-comptable concernant la demande de dépassement de son « accréditif » (ou « accréditation »)<ref>{{Lien web|url=://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/09/01016-20100709ARTFIG00421-bettencourt-la-banquiere-contredit-l-ex-comptable.php |site=Le Figaro.fr|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.


Le {{date|16|juillet|2010}}, témoignant pour la première fois devant la juge [[Isabelle Prévost-Desprez]], Claire Thibout renouvelle ses accusations, déclarant que de l'argent liquide était fréquemment distribué à des hommes politiques, dont Éric Woerth<ref name="pari prevo">{{Lien web|url=http://www.leparisien.fr/affaire-bettencourt/bettencourt-ouverture-d-une-enquete-apres-la-plainte-de-woerth-21-07-2010-1008360.php|titre=Bettencourt : ouverture d'une enquête après la plainte de Woerth|site=Le Parisien.fr|en ligne le=21 juillet 2010|consulté le=22 juillet 2010}}</ref>. Le témoignage de Claire Thibout est contesté par Georges Kiejman, qui accuse la comptable, qui a reçu {{unité|400000|€}} de Françoise Bettencourt-Meyers lors de son licenciement, d'avoir être payée afin de {{citation|dire du mal}} de la mère de celle-ci<ref name="pari kiej">{{Lien web|url=http://www.leparisien.fr/affaire-bettencourt/l-avocat-de-liliane-bettencourt-charge-l-ex-comptable-20-07-2010-1007459.php|titre=L'avocat de Liliane Bettencourt charge l'ex-comptable|site=Le Parisien.fr|en ligne le=21 juillet 2010|consulté le=22 juillet 2010}}</ref>.
Le {{date|16|juillet|2010}}, témoignant pour la première fois devant la juge [[Isabelle Prévost-Desprez]], Claire Thibout renouvelle ses accusations, déclarant que de l'argent liquide était fréquemment distribué à des hommes politiques, dont Éric Woerth<ref name="pari prevo">{{Lien web|url=://www.leparisien.fr/-/bettencourt-ouverture-d-une-enquete-apres-la-plainte-de-woerth-21-07-2010-1008360.php |site=Le Parisien.fr|=21 juillet 2010|consulté le=22 juillet 2010}}</ref>. Le témoignage de Claire Thibout est contesté par Georges Kiejman, qui accuse la comptable, qui a reçu {{unité|400000|€}} de Françoise Bettencourt-Meyers lors de son licenciement, d'avoir être payée afin de {{citation|dire du mal}} de la mère de celle-ci<ref name="pari kiej">{{Lien web|url=://www.leparisien.fr/-/l-avocat-de-liliane-bettencourt-charge-l-ex-comptable-20-07-2010-1007459.php|titre=' de Bettencourt l'-comptable|site=Le .fr|= 2010|consulté le= 2010}}</ref>.


L'avocat de Patrice de Maistre dénonce « les mensonges et les contrevérités assénés par {{Mme}} Thibout et son avocat », et pointe le fait que les carnets de l'ex-comptable indiquent qu'elle a effectué un retrait bancaire de {{unité|50000|euros}} le {{date|19|janvier|2007}}, le jour même de la rencontre supposée entre Éric Woerth et Patrice de Maistre. Or, Claire Thibout affirme avoir remis l'enveloppe à Patrice de Maistre la veille<ref>{{Lien web |titre=Patrice de Maistre a bien rencontré Éric Woerth en janvier 2007 |url=https://www.lepoint.fr/politique/patrice-de-maistre-a-bien-rencontre-eric-woerth-en-janvier-2007-25-07-2010-1218477_20.php |site=Le Point.fr|date=25 juillet 2010}}.</ref>.
=== Perquisitions, auditions et gardes à vue===


Le {{date|27|novembre|2014}}, Claire Thibout est mise en examen pour faux témoignages, attestation mensongère et usage d'attestation mensongère dans le cadre d'une information judiciaire du juge Roger Le Loire<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = L'ex-comptable de Liliane Bettencourt mise en examen pour faux témoignage|url = https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/28/l-ex-comptable-de-bettencourt-mise-en-examen-pour-faux-temoignage_4531260_3224.html|site = lemonde.fr|date = 28-11-2014|consulté le=30 novembre 2014}}.</ref>.
Le {{Date|9|juillet|2010}}, la brigade financière a perquisitionné le domicile de [[Patrice de Maistre]] et le siège social de la société Clymène<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/0101646066-l-ex-comptable-des-bettencourt-a-retire-380-000-euros-en-liquide-avant-la-presidentielle-de-2007|titre=Des perquisitions en cours chez de Maistre et au siège de Clymène|site=Libération.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. La police a notamment saisi le dossier professionnel de [[Florence Woerth]]<ref name="france2" />.


[[Françoise Bettencourt Meyers]] est finalement mise en examen le {{date-|7 juillet 2016}} pour subornation de témoin, notamment du fait d'un prêt de {{formatnum:300000}} euros accordé à Claire Thibout en {{date-|novembre 2012}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Françoise Bettencourt Meyers mise en examen pour subornation de témoin|périodique=Le Monde.fr|date=2016-07-07|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/07/07/francoise-bettencourt-meyers-mise-en-examen-pour-subornation-de-temoin_4965825_1653578.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>.
Le {{Date|15|juillet|2010}}, Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Fabrice Goguel, ancien avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt et Carlos Vejarano, le gérant de l'[[île d'Arros]], sont placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête préliminaire concernant les soupçons de fraude fiscale<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/15/01016-20100715ARTFIG00364-affaire-bettencourt-quatre-personnes-en-garde-a-vue.php|titre=Affaire Bettencourt : Banier et de Maistre en garde à vue|site=Le Figaro.fr|en ligne le=15 juillet 2010|consulté le=15 juillet 2010}}</ref>.


En mai 2019, une ordonnance de non-lieu est rendue, mettant fin aux poursuites contre Claire Thibout et Françoise Bettencourt Meyers<ref name=ClapFin>{{Lien web|langue = fr|titre = Clap de fin pour l’affaire Bettencourt, 11 ans après son éclatement|url = https://www.leparisien.fr/faits-divers/clap-de-fin-pour-l-affaire-bettencourt-11-ans-apres-son-eclatement-05-05-2019-8066169.php|site = leparisien.fr|date = 5/05/2019|consulté le=12 juillet 2020}}.</ref>.
Le {{Date|17|juillet|2010}}, ''[[Le Monde]]'' divulgue des procès-verbaux d'audition de Patrice de Maistre, où celui-ci déclare avoir appelé Éric Woerth en 2006 à la demande d'André Bettencourt, qui souhaitait financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy : {{citation|Je l'ai ''[M. Woerth]'' vu ensuite deux ou trois fois début 2007 parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite}}<ref>{{Lien web|auteur=Gérard Davet|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/17/l-audition-de-patrice-de-maistre-met-eric-woerth-en-difficulte_1389184_823448.html|titre=L'audition de Patrice de Maistre met Éric Woerth en difficulté|en ligne le=17 juillet 2010|consulté le=17 juillet 2010|site=Le Monde.fr}}</ref>.


=== Perquisitions, auditions et gardes à vue ===
Toujours selon ''Le Monde'', Carlos Vejarano a indiqué au cours de son audition que François-Marie Banier et le couple Bettencourt avaient fait part de leur intention d'acheter l'île d'Arros en [[1998]]<ref name="LMD">{{Lien web|auteur=Gérard Davet|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/19/l-ile-d-arros-appartient-bien-a-mme-bettencourt_1389577_823448.html|titre=L'île d'Arros appartient bien à Mme Bettencourt|en ligne le=19 juillet 2010|consulté le=19 juillet 2010|site=Le Monde.fr}}</ref>. Le journal affirme que l'île appartient à Liliane Bettencourt et que les bénéficiaires en sont François-Marie Banier et trois associations médicales<ref name="LMD" />. François-Marie Banier a déclaré au cours de son audition: {{Citation|Cette île ''[d'Arros]'', je la déteste, elle est bourrée de moustiques, elle est minuscule, et il y fait très humide}}<ref name="LMD" />.
Le {{Date|9|juillet|2010}}, la brigade financière a perquisitionné au domicile de [[Patrice de Maistre]] et au siège social de la société Clymène<ref>{{Lien web |titre=Des perquisitions en cours chez de Maistre et au siège de Clymène |url=http://www.liberation.fr/politiques/0101646066-l-ex-comptable-des-bettencourt-a-retire-380-000-euros-en-liquide-avant-la-presidentielle-de-2007 |site=Libération.fr|date=9 juillet 2010 |consulté le=9 juillet 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>. La police a notamment saisi le dossier professionnel de [[Florence Woerth]]<ref name="france2" />.


Le {{Date|15|juillet|2010}}, Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Fabrice Goguel, ancien avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt, et Carlos Vejarano, le gérant de l'[[île d'Arros]], sont placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête préliminaire concernant les soupçons de fraude fiscale<ref>{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : Banier et de Maistre en garde à vue |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/15/01016-20100715ARTFIG00364-affaire-bettencourt-quatre-personnes-en-garde-a-vue.php |site=Le Figaro.fr|date=15 juillet 2010 |consulté le=15 juillet 2010}}.</ref>.
Le {{Date|26|juillet|2010}}, la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) auditionne Claire Thibout pour deux motifs. D'abord pour l'interroger au sujet d'une note présente dans l'agenda 2007 indiquant un rendez-vous avec un {{citation|monsieur X}}<ref name="MEDIAPART280710" />. Mais également pour qu'elle s'explique sur la révélation qu'elle a faite à la juge et non à eux sur la somme que lui a versée la fille de Liliane Bettencourt<ref name="MEDIAPART280710">«[http://www.mediapart.fr/journal/france/280710/l-ex-comptable-des-bettencourt-claire-thibout-de-nouveau-interrogee-par-la-pol L’ex-comptable des Bettencourt de nouveau interrogée par la police]»</ref>.


Le {{date|17|juillet|2010}}, ''[[Le Monde]]'' divulgue des procès-verbaux d'audition de Patrice de Maistre, où celui-ci déclare avoir appelé Éric Woerth en 2006 à la demande d'André Bettencourt, qui souhaitait financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy : {{citation|Je l'ai ''[Éric Woerth]'' vu ensuite deux ou trois fois début 2007 parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite}}<ref>{{Lien web|auteur=Gérard Davet|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/17/l-audition-de-patrice-de-maistre-met-eric-woerth-en-difficulte_1389184_823448.html|titre=L'audition de Patrice de Maistre met Éric Woerth en difficulté|date=17 juillet 2010|consulté le=17 juillet 2010|site=Le Monde.fr}}.</ref>.
Le {{Date|27|juillet|2010}}, Lilianne Bettencourt est entendue à son domicile par la brigade financière. Elle affirme ne pas se souvenir d'un rendez-vous avec sa comptable ou avec Éric Woerth au cours duquel elle aurait reçu ou remis de l'argent liquide<ref name="Fig27">{{Lien web|auteur=Cyrille Louis|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/27/01016-20100727ARTFIG00531-les-souvenirs-diffus-de-liliane-bettencourt.php|titre=Les souvenirs diffus de Liliane Bettencourt|en ligne le=27 juillet 2010|consulté le=28 juillet 2010|site=Le Figaro.fr}}</ref>. Au sujet de l'île d'Arros, elle déclare : {{Citation|Je pense qu'elle m'appartient mais je ne peux pas le confirmer<ref name="Fig27" />}}.


[[Fichier:Neuilly-sur-Seine rue Delabordère 1.jpg|thumb|upright=0.8|Le domicile de Liliane Bettencourt à Neuilly-sur-Seine.]]
Le {{Date|28|juillet|2010}}, la brigade financière perquisitionne le domicile de Françoise Bettencourt-Meyers dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements clandestins réalisés au domicile de sa mère<ref>{{Lien web|auteur=Cyrille Louis|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/28/01016-20100728ARTFIG00350-perquisition-en-cours-chez-francoise-bettencourt-meyers.php|titre=Perquisition en cours chez Françoise Bettencourt-Meyers|en ligne le=28 juillet 2010|consulté le=28 juillet 2010|site=Le Figaro.fr}}</ref>.


Le {{Date|21|juillet|2010}}, Florence Woerth est auditionnée par les policiers de la brigade financière<ref>{{Lien web |titre=« Pas de conflit d'intérêts » chez les Woerth |url=https://www.europe1.fr/politique/Pas-de-conflit-d-interets-chez-les-Woerth-283132 |site=Europe 1.fr|date=21 juillet 2010}}.</ref>. Antoine Beauquier, avocat de Florence Woerth affirme que « si les époux Woerth ont une obligation de vigilance, ils n'ont pas de conflit d'intérêts »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Bettencourt: Eric Woerth ne s'est "jamais" occupé de la carrière de sa femme |url=https://www.ladepeche.fr/article/2010/07/21/877032-bettencourt-eric-woerth-est-jamais-occupe-carriere-femme.html |site=ladepeche.fr |consulté le=2024-01-12}}.</ref>.
== ''Mediapart'' mis en cause par la majorité ==

Le {{Date|26|juillet|2010}}, la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) auditionne Claire Thibout pour deux motifs. D'abord pour l'interroger au sujet d'une note présente dans l'agenda 2007 indiquant un rendez-vous avec un {{citation|monsieur X}}<ref name="MEDIAPART280710" />. Mais également pour qu'elle s'explique sur la révélation qu'elle a faite à la juge et non à eux sur la somme que lui a versée la fille de Liliane Bettencourt<ref name="MEDIAPART280710">{{Lien web |auteur=[[Fabrice Arfi]], Fabrice Lhomme |titre=L'ex-comptable des Bettencourt de nouveau interrogée par la police |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/280710/l-ex-comptable-des-bettencourt-claire-thibout-de-nouveau-interrogee-par-la-pol |site=Mediapart|date=28 juillet 2010 |consulté le=29 juillet 2010}}.</ref>. Il s'agit de la neuvième audition de l'ex-comptable<ref>{{Lien web |auteur=Cyrille Louis |titre=La police enquête sur les motivations de Claire Thibout |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/28/01016-20100728ARTFIG00581-la-police-enquete-sur-les-motivations-de-claire-thibout.php |site=Le Figaro|date=28 juillet 2010 |consulté le=29 juillet 2010}}.</ref>.

Le {{date|27|juillet|2010}}, Liliane Bettencourt est entendue à son domicile par la brigade financière. Elle affirme ne pas se souvenir d'un rendez-vous avec sa comptable ou avec Éric Woerth au cours duquel elle aurait reçu ou remis de l'argent liquide<ref name="Fig27">{{Lien web |auteur=Cyrille Louis |titre=Les souvenirs diffus de Liliane Bettencourt |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/27/01016-20100727ARTFIG00531-les-souvenirs-diffus-de-liliane-bettencourt.php |site=Le Figaro.fr|date=27 juillet 2010 |consulté le=28 juillet 2010}}.</ref>.

Le {{date|29|juillet|2010}}, Éric Woerth est auditionné par les enquêteurs au [[Ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique|Ministère du Travail]] et rejette toutes les accusations portées contre lui<ref>{{Lien web |auteur=Marion Brunet |titre=Devant les policiers, Woerth rejette les accusations |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/29/01016-20100729ARTFIG00318-bettencourt-l-audition-d-eric-woerth-par-la-police-a-debute.php |site=Le Figaro.fr|date=29 juillet 2010 |consulté le=29 juillet 2010}}.</ref>. Contrairement à la première audition de Claire Thibout, dont les procès-verbaux auraient été communiqués au ''Monde'' et au ''Figaro'' par une source proche du secrétaire général de l'Élysée [[Claude Guéant]]<ref>{{Lien web |titre=Quand l'Elysée fait circuler les PV |url=https://www.liberation.fr/societe/2010/07/12/quand-l-elysee-fait-circuler-les-pv_665522/ |site=Libération.fr|date=12 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, les auditions de Liliane Bettencourt, Florence Woerth et Éric Woerth ne font l'objet d'aucune diffusion de procès-verbaux.

Le {{date|30|juillet|2010}}, Patrice de Maistre est de nouveau placé en garde à vue pendant quelques heures<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/30/01016-20100730ARTFIG00397-patrice-de-maistre-de-nouveau-en-garde-a-vue.php|titre=Patrice de Maistre de nouveau en garde à vue|date=30 juillet 2010|consulté le=30 juillet 2010|site=Le Figaro.fr}}.</ref>.

Le domicile de Liliane Bettencourt est perquisitionné le {{date|1er|septembre|2010}}, pendant sept heures, dans le cadre d'une commission rogatoire délivrée par [[Isabelle Prévost-Desprez]]. La première actionnaire du groupe L'Oréal, en vacances en Espagne, s'est déclarée « outrée et choquée, blessée et triste de voir [sa] vie privée étalée et violée de nouveau » ; elle dénonce le comportement de la juge Prévost-Desprez et les conditions dans lesquelles a été menée cette perquisition pour laquelle elle avait donné son accord (les serrures de ses coffres ont été forcées et les chambres de ses salariés fouillées)<ref>{{Lien web |titre=Perquisition et coffres forcés chez Liliane Bettencourt |url=http://www.lexpress.fr/actualites/2/perquisition-et-coffres-forces-chez-liliane-bettencourt_916286.html |site=L'Express.fr|date=01-09-2010 |consulté le=01-09-2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|8|septembre|2010}}, trois enquêteurs de la brigade financière se rendent au siège de l'UMP afin de consulter des archives, dans le cadre de l'enquête préliminaire portant sur les conditions d'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre<ref name="Fig99">{{Lien web |titre=Bettencourt : enquête des policiers au siège de l'UMP |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/09/97001-20100909FILWWW00447-bettencourt-perquisition-a-l-ump.php |site=Le Figaro.fr|date=9 septembre 2010 |consulté le=9 septembre 2010}}.</ref>. La direction de l'UMP avait été prévenue de ce {{Citation|transport d'enquêteurs sur place}} 24 heures à l'avance<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/09/affaire-woerth-bettencourt-perquisition-au-siege-de-l-ump_1408754_823448.html|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : des enquêteurs se déplacent au siège de l'UMP|site=Le Monde.fr|date=9 septembre 2010|consulté le=9 septembre 2010}}.</ref>, ce qui est autorisé, et assure que les enquêteurs {{Citation|n'ont rien trouvé et n'ont emporté aucune pièce}}<ref name=Fig99/>.

=== Cambriolage du ''Monde'', du ''Point'' et de ''Mediapart'' ===
Au mois d'{{date-|octobre 2010}}, les locaux de trois journaux — ''[[Le Monde]], [[Le Point]]'' et ''[[Mediapart]]'' — ont fait état d'un cambriolage : les ordinateurs portables des journalistes chargés de l'affaire Woerth-Bettencourt, [[Hervé Gattegno]] (''Le Point'') et [[Gérard Davet]] (''Le Monde''), ont été dérobés au siège du journal du premier et au domicile du second<ref>{{Lien web|titre=Un journaliste du Point travaillant sur l'affaire Bettencourt se fait voler son ordinateur |url=http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/Breves/2010/10/26/article_un-journaliste-du-point-travaillant-sur.shtml |site=lavoixdunord.fr|date=30 décembre 2011 |consulté le=30 décembre 2011 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref name="fig27oct">{{Lien web |auteur=Jim Jarrassé |titre=Bettencourt : trois médias victimes de cambriolages |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/27/01016-20101027ARTFIG00577-les-enregistrements-de-liliane-bettencourt-voles-a-mediapart.php |site=Le Figaro.fr|date=27 octobre 2010 |consulté le=30 décembre 2011}}.</ref>. ''Mediapart'' pour sa part indique la disparition des cédéroms contenant les écoutes illégales de Liliane Bettencourt<ref>{{Lien web |titre=Avant « Le Point » et « Le Monde », un cambriolage à Mediapart |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/261010/avant-le-point-et-le-monde-un-cambriolage-mediapart |site=Mediapart|date=27 octobre 2010 |consulté le=30 décembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref name="fig27oct" />. ''Le Monde'' porte plainte le {{date-|20 septembre 2010}} en invoquant la violation du secret des sources<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Secret des sources : ce que dit la plainte du "Monde"|périodique=Le Monde.fr|date=Septembre 2010|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/20/la-plainte-du-monde-pour-violation-du-secret-des-sources-deposee-au-parquet-de-paris_1413744_823448.html|consulté le=25 septembre 2018|pages=}}.</ref>.

== Plaintes pour atteinte à la vie privée ==
=== Enquête initiale ===
À la suite de la plainte de Liliane Bettencourt, son ancien majordome, auteur des enregistrements, est placé en garde à vue pendant 48 heures tout comme l'informaticien qui a transféré les enregistrements sur CD-ROM<ref>{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : fin des gardes à vue |url=http://www.lepost.fr/article/2010/06/20/2121247_affaire-bettencourt-plus-personne-en-garde-a-vue.html |site=Le Post.net|date=20 juin 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>. [[François-Marie Banier]] porte également plainte pour atteinte à la vie privée<ref>{{Lien web |titre=Enregistrements : Bettencourt et Banier portent plainte |url=https://www.challenges.fr/entreprise/enregistrements-bettencourt-et-banier-portent-plainte_357219 |site=Challenges.fr|date=18 juin 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Liliane Bettencourt, ainsi que [[Patrice de Maistre]], ont également porté plainte en référé contre [[Mediapart]] pour la publication de ces enregistrements<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/club/blog/edwy-plenel/220610/affaire-bettencourt-mediapart-assigne-en-justice|titre=Affaire Bettencourt : Mediapart assigné en justice|site=Médiapart, blog d'[[Edwy Plenel]]|date=22 juin 2010}}.</ref>.

=== Affirmation d'un « intérêt général » ===
Le [[Palais de Justice de Paris|Tribunal de Paris]] rejette, le {{date|1|juillet|2010}}, cette dernière plainte en estimant que les révélations faites par ''Mediapart'' relèvent « de la publication d'informations légitimes et intéressant l'[[intérêt général]] » et que vouloir ordonner le retrait des documents tirés des enregistrements clandestins réalisés chez Liliane Bettencourt « reviendrait à exercer une censure contraire à l'intérêt public, sauf à ce que soit contesté le sérieux de la reproduction des enregistrements — ce qui n'est pas le cas en l'espèce »<ref>{{Lien web |titre=Pour la justice, nos informations sont « d'intérêt public » |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/010710/pour-la-justice-nos-informations-sont-dinteret-public |site=Mediapart|date=01-07-2010}}.</ref>{{,}}<ref name="référé_1010-07-01">Tribunal de grande instance de Paris, [http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/files/2010/07/bettencourt.1277999467.pdf Ordonnance de référé rendue le {{1er}} juillet 2010 (affaire 10/55839)], 10 p., 428 Ko, document en annexe du billet [http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2010/07/01/affaire-bettencourt-sujet-dinteret-general/ « Affaire Bettencourt, sujet d'intérêt général »], {{1er}} juillet 2010, sur le blog « Chroniques judiciaires », de Pascale Robert Diard, journaliste et chroniqueuse judiciaire au ''[[Le Monde|Monde]]''.</ref>.
Cette décision de [[Tribunal de grande instance (France)|première instance]] est confirmée par la [[Cour d'appel (France)|cour d'appel]] dans un arrêt le {{date-|23 juillet 2010}}<ref>{{Lien web |titre=Enregistrements pirates: Médiapart gagne en appel |url=http://info.france2.fr/affaire-bettencourt/enregistrements-pirates-mediapart-gagne-en-appel-64212252.html |site=France2.fr|date=25 juillet 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>.

=== Cassation, condamnation et censure ===
La première chambre civile de la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]], dans un arrêt rendu le {{date-|6 octobre 2011}}<ref>Page [http://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/premiere_chambre_civile_568/899_6_21185.html « Arrêt {{numéro|899}} du 6 octobre 2011 (10-21.823) - Cour de cassation - Première chambre civile], 6 octobre 2011, [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]], consulté le 5 juillet 2013.</ref>, casse l'arrêt du {{date-|23 juillet 2010}} et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Versailles, dont le procureur général, Philippe Ingall-Montagnier, est mentionné par Patrick de Maistre comme étant {{citation|(quelqu'un qu')on connaît très, très bien}} sur un enregistrement datant d'{{date-|avril 2010}} révélé par Mediapart<ref>[https://www.marianne.net/Justice-pour-etre-magistrat-sous-Sarkozy-faut-il-mieux-connaitre-la-droite-que-le-droit_a208662.html Justice: pour être magistrat sous Sarkozy, faut-il mieux connaître la droite que le droit ?] ''Marianne.net'', jeudi 21 juillet 2011 (lien brisé)</ref>.

Le {{date-|4 juillet 2013}}, la cour d'appel de Versailles ordonne aux sites ''[[Mediapart]]'' et ''lepoint.fr'' (émanation de l'hebdomadaire ''[[Le Point]]''), sous astreinte de {{unité|10000|euros}} par jour et par infraction constatée<ref>Michel Deléan, [http://www.mediapart.fr/journal/france/040713/bettencourt-la-justice-censure-mediapart brève « Bettencourt: la justice censure Mediapart »], 4 juillet 2013, ''[[Mediapart]]'', consulté le 5 juillet 2013.</ref>{{,}}<ref>Cécile Dehesdin, [http://www.slate.fr/france/74865/affaire-bettencourt-mediapart-le-point-condamne-enregistrement « Lisez l'arrêt qui condamne Mediapart à retirer les enregistrements Bettencourt de son site »], 4 juillet 2013, ''[[Slate (magazine)|Slate]]'', consulté le 5 juillet 2013.</ref>, de cesser sous huit jours {{citation|toute publication de tout ou partie de la retranscription des enregistrements illicites réalisés au domicile de Liliane Bettencourt}} ainsi que {{citation|tout ou partie de ces enregistrements sur tous supports, électroniques, papier ou autre}}. En réaction à cet arrêt du {{date-|4 juillet 2013}}, un mouvement de diffusion des enregistrements et retranscription d'enregistrements commence : le site ''[[Arrêt sur images]]'' se déclare {{citation|prêt à héberger (en accès libre) les documents Bettencourt de Mediapart}}<ref>{{Lien web |auteur=Sébastien Rochat |titre=Bettencourt : Mediapart et Le Point obligés de retirer les enregistrements |url=https://www.arretsurimages.net/articles/bettencourt-mediapart-et-le-point-obliges-de-retirer-les-enregistrements |site=[[Arrêt sur images]] |date=2013-07-04 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, tandis que [[Pascal Riché]], sur ''[[Rue89]]'', conclut son propre article en indiquant que {{citation|Si les enregistrements censurés demandent l’asile politique à Rue89, ils seront les bienvenus !}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Pascal Riché |titre=Affaire Bettencourt : la cour d’appel de Versailles impose une censure |url=https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-medias/20130704.RUE7500/affaire-bettencourt-la-cour-d-appel-de-versailles-impose-une-censure.html |site=[[Rue89]] |date=2013-07-04 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> et que, par ailleurs, dans une esquisse d'application de l'[[effet Streisand]] est mise en route une diffusion en [[pair à pair]], via le [[BitTorrent (protocole)|protocole BitTorrent]], des contenus sonores et textuels interdits de publication par la justice<ref>Florent Deligia, [https://www.lyoncapitale.fr/Technologies/Mediapart-les-enregistrements-sur-Pirate-Bay-et-ailleurs « Mediapart : les enregistrements sur Pirate Bay et ailleurs »], 5 juillet 2013, ''[[Lyon Capitale]]'', consulté le 5 juillet 2013.</ref>.

Poursuivis sur le plan pénal pour la publication de ces enregistrements, les journalistes de ''Mediapart'' et du ''Point'' sont relaxés en septembre 2017 par la cour d’appel de Bordeaux<ref name="Jacquin2021">Jean-Baptiste Jacquin, [https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/14/selon-la-cedh-la-publication-des-enregistrements-de-mme-bettencourt-par-mediapart-etait-illegale_6066265_3224.html Selon la Cour européenne des droits de l’homme, la publication des enregistrements de Mme Bettencourt par « Mediapart » était illégale], lemonde.fr, 14 janvier 2021</ref>.

Mediapart avait par la suite saisi la [[Cour européenne des droits de l'homme]] (CEDH) contre la décision de la cour d'appel de Versailles. En janvier 2021, la Cour européenne des droits de l'homme juge que la publication des enregistrements de Liliane Bettencourt par ''Mediapart'' était bien illégale. Selon la CEDH, les journalistes de ''Mediapart'' {{Citation|n’ignoraient pas que la divulgation des enregistrements réalisés à l’insu de Mme Bettencourt constituait un [[délit]], ce qui devait les conduire à faire preuve de prudence et de précaution, indépendamment du fait qu’ils auraient agi en vue, entre autres, de dénoncer l’abus de faiblesse dont était victime Mme Bettencourt}}. La Cour estime que la liberté de recevoir et communiquer des informations devait s’effacer devant le [[droit à la vie privée]] de Mme Bettencourt<ref name="Jacquin2021"/>.

== Des médias mis en cause par l'UMP et par Nicolas Sarkozy ==
=== ''Mediapart'' ===
[[Fichier:Edwi Plenel - Huma 2008, 6366.jpg|thumb|upright=0.8|[[Edwy Plenel]], le [[directeur de publication]] de ''[[Mediapart]]''.]]
[[Fichier:Edwi Plenel - Huma 2008, 6366.jpg|thumb|upright=0.8|[[Edwy Plenel]], le [[directeur de publication]] de ''[[Mediapart]]''.]]


[[Xavier Bertrand]] dénonce ce qui seraient les « méthodes fascistes » de ''[[Mediapart]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00645-bertrand-critique-mediapart.php|titre=Xavier Bertrand critique Médiapart|site=Le Figaro.fr|en ligne le=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref group=Note>[[Edwy Plenel]] a réagi à ces propos en [http://lci.tf1.fr/lci-radio/le-mix-infos/edwy-plenel-une-diffamation-envers-le-journalisme-5917591.html annonçant] qu'il allait porter plainte en [[Diffamation en droit français|diffamation]] contre [[Xavier Bertrand]].</ref>. Faisant allusion aux écoutes dont [[Edwy Plenel]] avait fait l'objet dans les années 1980, [[Nicolas Sarkozy]] accuse le directeur de publication de ''Mediapart'' de « s'être drapé dans le rôle de martyr des écoutes de Mitterrand et, maintenant, il les utilise sans réserve éthique ni méthodologique »<ref name="monde9-2">{{article|prénom1=Xavier|nom1=Ternisien|titre=Le pouvoir sonne l'hallali contre Mediapart|périodique=Le Monde|numéro=20359|jour=9|mois=juillet|année=2010|pages=10}}</ref>.
[[Xavier Bertrand]] dénonce les « méthodes fascistes » de ''[[Mediapart]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/06/97001-20100706FILWWW00645-bertrand-critique-mediapart.php|titre=Xavier Bertrand critique Médiapart|site=Le Figaro.fr|=6 juillet 2010|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref group=Note>[[Edwy Plenel]] a réagi à ces propos en [http://lci.tf1.fr/lci-radio/le-mix-infos/edwy-plenel-une-diffamation-envers-le-journalisme-5917591.html annonçant] qu'il allait porter plainte en [[Diffamation en droit français|diffamation]] contre [[Xavier Bertrand]].</ref>. Faisant allusion aux écoutes dont [[Edwy Plenel]] avait fait l'objet dans les années 1980, [[Nicolas Sarkozy]] accuse le directeur de publication de ''Mediapart'' de « s'être drapé dans le rôle de martyr des écoutes de Mitterrand et, maintenant, il les utilise sans réserve éthique ni méthodologique »<ref name="monde9-2">{{article|prénom1=Xavier|nom1=Ternisien|titre=Le pouvoir sonne l'hallali contre Mediapart|périodique=Le Monde|numéro=20359|jour=9|mois=juillet|année=2010|pages=10}}</ref>.


Après que l'ex-comptable de Liliane Bettencourt a accusé ''Mediapart'' d'avoir « romancé » une partie de ses propos, [[Laurent Wauquiez]] déclare : « ''Mediapart'' n'a pas pratiqué un journalisme d'investigation mais de calomnie. Il n'y a pas eu de confrontation des sources ni de vérifications. Il y a eu une manipulation des propos, et visiblement, la démarche n'était pas une recherche de la vérité, mais une volonté de déformer<ref>{{Lien web|url=http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gygLolljO3kfVNCBwx_syfwb56KQ|titre=v|site=AFP|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>. » [[Nadine Morano]] dénonce quant à elle « une opération [consistant] à renflouer les caisses de ''Mediapart'' parce qu'ils ne sont pas à l'équilibre financier »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/08/01002-20100708ARTFIG00695-l-ump-denonce-les-methodes-de-mediapart.php|titre=L'UMP dénonce les « méthodes » de Mediapart|site=Le Figaro.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Jean-Baptiste Garat}}</ref>.
Après que l'ex-comptable de Liliane Bettencourt accusé ''Mediapart'' d'avoir « romancé » une partie de ses propos, [[Laurent Wauquiez]] déclare : « ''Mediapart'' n'a pas pratiqué un journalisme d'investigation mais de calomnie. Il n'y a pas eu de confrontation des sources ni de vérifications. Il y a eu une manipulation des propos, et visiblement, la démarche n'était pas une recherche de la vérité, mais une volonté de déformer<ref =: />. » [[Nadine Morano]] dénonce quant à elle « une opération [consistant] à renflouer les caisses de Mediapart parce qu'ils ne sont pas à l'équilibre financier »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/08/01002-20100708ARTFIG00695-l-ump-denonce-les-methodes-de-mediapart.php|titre=L'UMP dénonce les « méthodes » de Mediapart|site=Le Figaro.fr|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Jean-Baptiste Garat}}</ref>.


Pour le [[Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne]] (Spiil), « les attaques lancées contre les informations du site ''Mediapart'', accusé de colporter des ragots et des rumeurs par le seul fait qu'il est diffusé sur l'internet, sont donc irresponsables, et montrent une méconnaissance totale du statut de la presse en ligne »<ref>[http://www.spiil.org/20100708/la-presse-en-ligne-solidaire-de-mediapart « La presse en ligne solidaire de Mediapart »], communiqué du [[Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne]], 8 juillet 2010.</ref>. Le [[Groupement des éditeurs de services en ligne]] (Geste) parle quant à lui dans un communiqué d'« agressions [qui] tentent à décrédibiliser notre profession en nous faisant passer pour des irresponsables, colporteurs de ragots, bien loin de la réalité d'une profession organisée et parfaitement responsable »<ref>[http://www.geste.fr/spip.php?article283 « Non, nous ne sommes pas des irresponsables ! »], communiqué du [[Groupement des éditeurs de services en ligne]]</ref>.
Pour le [[Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne]] (Spiil), « les attaques lancées contre les informations du site Mediapart, accusé de colporter des ragots et des rumeurs par le seul fait qu'il est diffusé sur l'internet, sont donc irresponsables, et montrent une méconnaissance totale du statut de la presse en ligne »<ref>[http://www.spiil.org/20100708/la-presse-en-ligne-solidaire-de-mediapart « La presse en ligne solidaire de Mediapart »], communiqué du [[Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne]], 8 juillet 2010.</ref>. Le [[Groupement des éditeurs de services en ligne]] (Geste) parle quant à lui dans un communiqué d'« agressions [qui] tentent à notre profession en nous faisant passer pour des irresponsables, colporteurs de ragots, bien loin de la réalité d'une profession organisée et parfaitement responsable »<ref>[http://www.geste.fr/spip.php?article283 « Non, nous ne sommes pas des irresponsables ! »], communiqué du [[Groupement des éditeurs de services en ligne]]</ref>.


Selon l'hebdomadaire ''[[Marianne (magazine)|Marianne]]'' et le journal ''[[Le Figaro]]'', la mise en cause de ''Mediapart'' fait partie de la stratégie de défense adoptée par l'[[Palais de l'Élysée|Élysée]]<ref>{{Lien web|url=http://www.marianne2.fr/Affaire-Bettencourt-anatomie-de-la-defense-de-l-Elysee_a194969.html|titre=Affaire Bettencourt : anatomie de la défense de l'Elysée|site=Marianne2.fr|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www5.lefigaro.fr/politique/2010/07/08/01002-20100708ARTFIG00632-pour-l-elysee-la-verite-est-retablie.php|titre=Bettencourt : pour l'Élysée, «la vérité est rétablie»|auteur=Charles Jaigu, Bruno Jeudy|site=Le Figaro.fr|en ligne le=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.
Selon l'hebdomadaire ''[[Marianne (magazine)|Marianne]]'' et le journal ''[[Le Figaro]]'', la mise en cause de ''Mediapart'' fait partie de la stratégie de défense adoptée par l'[[Palais de l'Élysée|Élysée]]<ref>{{Lien web|url=://www../Affaire-Bettencourt-anatomie-de-la-defense-de-l-Elysee_a194969.html |site=|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www5.lefigaro.fr/politique/2010/07/08/01002-20100708ARTFIG00632-pour-l-elysee-la-verite-est-retablie.php|titre=Bettencourt : pour l'Élysée, «la vérité est rétablie»|auteur=Charles Jaigu, Bruno Jeudy|site=Le Figaro.fr|=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.

Le {{date|6|novembre|2010}}, [[Claude Guéant]], [[secrétaire général de la présidence de la République française|secrétaire général de l'Élysée]], annonce son intention de porter plainte contre ''Mediapart'' pour {{citation|diffamation par voie de citation directe}}, à la suite des révélations l'accusant avec Nicolas Sarkozy, de superviser eux-mêmes l'espionnage de journalistes chargés de dossiers sensibles. En réponse, Edwy Plenel déclare que {{citation|si Claude Guéant maintient cette décision}}, ça allait être {{citation|une superbe occasion d'un procès où la liberté de l'information mettra en évidence la part d'ombre de cette présidence}}<ref>{{Lien web|url=http://www.leparisien.fr/faits-divers/espionnage-des-journalistes-accuse-claude-gueant-porte-plainte-contre-mediapart-06-11-2010-1138774.php|titre=Espionnage des journalistes : accusé, Claude Guéant porte plainte contre Mediapart|site=Le Parisien.fr|date=6 novembre 2010|consulté le=7 novembre 2010}}.</ref>. Le {{date|12|novembre|2010}}, Claude Guéant dépose plainte et ce pour la {{citation|première fois de [sa] vie}}, devant la [[dix-septième chambre du tribunal de grande instance de Paris]], spécialisée dans les affaires de presse<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Espionnage de journalistes : l'attaque de Guéant contre Mediapart |url=https://www.nouvelobs.com/politique/20101112.OBS2797/espionnage-de-journalistes-l-attaque-de-gueant-contre-mediapart.html |site=L'Obs |date=2010-11-12 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

La plainte est instruite, et un procès devait se tenir en {{date-|octobre 2011}} devant la {{17e}} chambre du tribunal correctionnel de Paris, mais, le {{date|30|juin|2011}}, Claude Guéant retire sa plainte. Mediapart avait l'intention de citer une trentaine de témoins lors du procès, dont le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, qui toutefois ne peut être contraint à témoigner<ref>[http://www.lepoint.fr/medias/claude-gueant-retire-sa-plainte-pour-diffamation-contre-mediapart-30-06-2011-1348037_260.php « Claude Guéant retire sa plainte pour diffamation contre Mediapart »], ''Le Point'', 30 juin 2011.</ref>.

=== ''Le Canard enchaîné'' ===
Le {{date|10|novembre|2010}}, [[Bernard Squarcini]], [[Direction centrale du Renseignement intérieur|directeur du Renseignement intérieur]], a également déposé plainte pour [[Diffamation en droit français|diffamation]] mais contre ''[[Le Canard enchaîné]]''. À la suite d'un article paru le [[3 novembre]], le journal indiquait que [[Nicolas Sarkozy]] lui aurait personnellement demandé de {{citation|surveiller des journalistes gênants pour le pouvoir}}<ref>{{Lien web |titre=Le patron de la DCRI porte plainte pour diffamation |url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20101110.FAP0804/le-patron-de-la-dcri-porte-plainte-pour-diffamation.html |site=nouvelobs.com|date=10 novembre 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>. Des accusations aussitôt démenties par l'Élysée et par Squarcini mais confirmées par l'hebdomadaire satirique<ref>{{Lien web|url=http://www.leparisien.fr/politique/journalistes-espionnes-l-elysee-dement-le-canard-enchaine-persiste-03-11-2010-1134143.php|titre=Journalistes espionnés : l'Elysée dément, «Le Canard enchaîné» persiste|site=Le Parisien.fr|date=6 novembre 2010}}.</ref>.

== Violations du secret des sources d'information des journalistes et du secret de l'enquête ==
Le principe de [[protection des sources d'information des journalistes]] a été rudoyé durant toute l'enquête. Début {{date||septembre|2010}}, Fabrice Goguel, ex-avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt, porte plainte pour {{Citation|violation du secret de l'enquête}}. Le parquet de Paris charge l'[[Inspection générale de la police nationale|IGS]] de mener une enquête<ref name=NOfuites>{{Lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100912.OBS9727/fuites-dans-l-affaire-bettencourt-le-monde-a-t-il-ete-ecoute.html|titre="Fuites" dans l'affaire Bettencourt : ''Le Monde'' a-t-il été "écouté" ?|site=nouvelobs.com|consulté le=13 septembre 2010|date=13 septembre 2010}}.</ref>.

Le {{date|13|septembre|2010}}, ''[[Le Monde]]'' porte [[plainte contre X]] pour {{citation|violation du principe de [[protection des sources d'information des journalistes]]}}<ref>[https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/13/affaire-woerth-le-monde-va-deposer-une-plainte-contre-x-pour-violation-du-secret-des-sources_1410327_823448.html Affaire Woerth : "Le Monde" va déposer une plainte contre X pour violation du secret des sources] ''Le Monde'', 13 septembre 2019</ref>. Le journal affirme que l'Élysée a utilisé la [[Direction centrale du Renseignement intérieur|DCRI]] afin de localiser une des « sources » de Gérard Davet, journaliste travaillant au ''Monde'' sur l'affaire Woerth. L'Élysée nie avoir commandité une enquête<ref>{{Lien web |titre=''Le Monde'' va porter plainte contre X |url=http://www.leparisien.fr/affaire-bettencourt/secret-des-sources-le-monde-porte-plainte-l-elysee-se-defend-13-09-2010-1066541.php |site=Le Parisien.fr|date=13 septembre 2010 |consulté le=13 septembre 2010 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>. Le patron de la DCRI, [[Bernard Squarcini]], reconnaît l'existence d'un {{Citation|éclairage DCRI}}<ref name=NOfuites/>. Les {{Citation|vérifications téléphoniques}} auraient permis d'identifier {{Citation|une taupe}} au sein du [[Ministère de la Justice (France)|ministère de la Justice]], ce que les services de ce dernier démentent d'abord<ref name=JDDf>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Woerth-la-taupe-et-la-cour-de-justice-219810/|titre=Woerth, la taupe et la cour de justice|site=lejdd.fr|consulté le=13 septembre 2010|date=12 septembre 2010}}.</ref>. Pourtant, le [[Direction générale de la Police nationale|directeur général de la police nationale]], [[Frédéric Péchenard]], confirme que ses services ont mené une enquête qui a conduit à identifier {{Citation|un haut fonctionnaire, membre d'un cabinet ministériel}} comme étant la source des fuites, ce qui a conduit la DCRI à saisir le parquet de Paris le {{date|2|septembre|2010}}, {{Citation|uniquement à [sa] demande}}<ref name=figpech>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/13/01016-20100913ARTFIG00503-bettencourt-l-elysee-dement-les-accusations-du-monde.php|titre=Affaire Bettencourt : la police a bien enquêté sur les fuites|site=lefigaro.fr|consulté le=13 septembre 2010|date=13 septembre 2010}}.</ref>. Il affirme en outre que la DGPN a agi {{Citation|dans le cadre de sa mission de protection de la sécurité des institutions}} et après consultation d'une {{Citation|personnalité qualifiée}} désignée par le président de la [[Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité]] (CNCIS)<ref name=figpech />. Cette version et la légalité de la demande sont rapidement démenties par le délégué général de la CNCIS<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/14/01016-20100914ARTFIG00486-fuites-du-monde-la-legalite-de-l-enquete-contestee.php|titre=Fuites du ''Monde'' : la légalité de l'enquête contestée|site=lefigaro.fr|consulté le=14 septembre 2010|date=14 septembre 2010}}.</ref>.

Le {{date|14|septembre|2010}}, le ministère de la Justice indique que [[David Sénat]], le magistrat explicitement désigné comme étant la taupe, par les médias autres que ''Le Monde''<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100910.OBS9674/info-obs-affaire-bettencourt-une-plainte-deposee-et-le-conseiller-penal-de-mam-vire.html Affaire Bettencourt : une plainte déposée et le conseiller pénal de MAM viré] NouvelObs.com 11 septembre 2009</ref>, a été déchargé début septembre de ses fonctions pour prendre en charge {{Citation|une mission de préfiguration du tribunal d'appel de [[Cayenne]]}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/politique/david-senat-aurait-ete-suspendu-du-cabinet-de-mam-s-il-ne-l-avait-pas-deja-quitte-14-09-2010-1236157_20.php|titre=David Sénat « aurait été suspendu » du cabinet de MAM s'il ne l'avait pas déjà quitté|site=Le Point.fr|date=14 septembre 2010}}.</ref>. Selon [[LCI]], lors d'une perquisition au domicile de David Sénat concernant une autre enquête judiciaire, les enquêteurs auraient trouvés « des rapports et des copies de rapports portant sur l'affaire Bettencourt et qui correspondraient aux éléments transmis à la presse »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fuites: documents saisis chez Sénat |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/28/97001-20100928FILWWW00598-fuitesle-monde-documents-chez-senat.php |site=lefigaro.fr |date=2010-09-28 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|22|octobre|2010}}, ''Le Monde'' révèle que le procureur Courroye a transmis à Philippe Ingall-Montagnier des éléments pouvant entraîner le dessaisissement du juge Prévost-Deprez pour {{Citation|violation du secret de l'enquête}}<ref name=Fig23>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/22/01016-20101022ARTFIG00501-affaire-bettencourt-enquete-sur-la-juge-prevost-desprez.php|titre=Affaire Bettencourt : le tribunal de Nanterre dessaisi ?|site=lefigaro.fr|date=23 octobre 2010|consulté le=23 octobre 2010}}.</ref> ou {{Citation|violation du secret professionnel}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/10/22/m-courroye-a-mene-une-enquete-contre-la-juge-prevost-desprez-sur-la-base-de-releves-telephoniques-de-journalistes-du-monde_1429648_823448.html|titre=M. Courroye a mené une enquête contre la juge Prévost-Desprez sur la base de relevés téléphoniques de journalistes du "Monde"|site=lemonde.fr|date=22 octobre 2010|consulté le=23 octobre 2010}}.</ref> selon les sources. À la suite de la plainte déposée par Georges Kiejman au sujet d'un article ''[[Le Monde|Monde]]'' sur une perquisition chez [[Liliane Bettencourt]]<ref name=Fig23 />, [[Philippe Courroye]] affirme que l'IGS a découvert des échanges de SMS entre Isabelle Prévost-Deprez et deux journalistes du quotidien avant la publication de l'article, en étudiant les relevés téléphoniques de ces derniers<ref name=Fig23 />. Les journalistes et leur directeur annoncent une nouvelle fois leur intention de porter plainte<ref name=Mon23>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/10/22/affaire-woerth-bettencourt-le-monde-depose-une-nouvelle-plainte_1430101_823448.html|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : « Le Monde » dépose une nouvelle plainte|site=lemonde.fr|date=23 octobre 2010|consulté le=23 octobre 2010}}.</ref>. Ils affirment que le procureur a violé l'article 77-1-1 du [[Code de procédure pénale (France)|code de procédure pénale]]<ref>[http://droit-finances.commentcamarche.net/legifrance/45-code-de-procedure-penale/2991636/article-77-1-1 Article 77-1-1 du code de procédure pénale]</ref> en ne demandant pas leur autorisation avant de procéder à ces vérifications<ref name=Mon23 />{{,}}<ref>[http://droit-finances.commentcamarche.net/legifrance/45-code-de-procedure-penale/2991634/article-56-2 Article 56-2 du code de procédure pénale]</ref>. Selon [[Christophe Régnard]], président de l'[[Union syndicale des magistrats]], cette nouvelle mise en cause de la juge Prévost-Desprez est {{citation|procéduralement très douteuse et ressemble à une manipulation. C'est une nouvelle tentative de déstabilisation, une forme de pression}}<ref>{{Lien web|url=http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20101023trib000565442/affaire-woerth-bettencourt-reglement-de-compte-entre-le-procureur-et-la-juge.html|titre=Affaire Woerth - Bettencourt : règlement de comptes entre le procureur et la juge|site=La Tribune.fr|consulté le=23 octobre 2010}}.</ref>.

Début {{date||mai|2011}}, la [[cour d'appel (France)|cour d'appel]] de [[Bordeaux]], chargée des différents dossiers de l'affaire après leur dépaysement du tribunal de Nanterre, invalide l'enquête du procureur Courroye sur la juge Prévost-Desprez. La Cour estime notamment que la consultation des factures détaillées des journalistes du ''Monde'' était illégale<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : l'enquête du procureur Courroye sur la juge Prevost-Desprez annulée |url=https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/affaire-woerth-bettencourt-l-enquete-du-procureur-courroye-sur-la-juge-prevost-desprez-annulee_1671199.html |site=Franceinfo |date=2011-11-01 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Les deux plaintes initialement déposées par ''[[Le Monde]]'' en septembre et octobre 2010 auprès du parquet de Paris ayant été classées sans suite par ce dernier en {{date||janvier|2011}}, deux nouvelles plaintes avec constitution de partie civile sont déposées auprès du tribunal de Paris. L'instruction en a été confiée à la juge Sylvia Zimmermann. Le {{date|1|septembre|2011}}, dans plusieurs de ses articles<ref>{{Lien web|url= https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/09/01/affaire-bettencourt-les-services-secrets-ont-viole-le-secret-des-sources_1566033_3224.html|titre= Affaire Bettencourt : Les services secrets ont espionné un journaliste du "Monde"|site=Le Monde.fr|date=01-07-2011|consulté le=3 septembre 2011|auteur=Fabrice Lhomme}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/09/01/affolees-par-les-fuites-dans-l-enquete-bettencourt-les-autorites-se-sont-affranchies-de-la-loi_1566229_3224.html#ens_id=1566031|titre= Affolées par les fuites dans l'enquête Bettencourt, les autorités se sont affranchies de la loi|site=Le Monde.fr|date=01-07-2011|consulté le=3 septembre 2011|auteur=Fabrice Lhomme}}.</ref>, ainsi que dans son éditorial « Liberté de la presse et mensonge d'État »<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/09/01/liberte-de-la-presse-et-mensonge-d-etat_1566298_3232.html|titre= Liberté de la presse et mensonge d'État |site=Le Monde.fr|date=01-07-2011|consulté le=3 septembre 2011}}.</ref>, ''Le Monde'' indique que la juge a obtenu la preuve que, le {{date|19|juillet|2010}}, un commissaire divisionnaire de la [[DCRI]] est intervenu auprès de l'opérateur Orange pour obtenir les factures téléphoniques détaillées liées de [[Gérard Davet]]. ''[[Le Monde]]'' souligne que {{citation|Ce faisant, les services secrets ont violé la loi du {{date-|4 janvier 2010}} sur la [[protection des sources d'information des journalistes]] interdisant de porter {{citation|atteinte, directement ou indirectement, au secret des sources}}}}<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?dateTexte=&categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000021601325&fastPos=1&fastReqId=872588262&oldAction=rechExpTexteJorf LOI {{numéro|2010-1}} du 4 janvier 2010 relative à la protection du secret des sources des journalistes]</ref>.

Le {{date|28|septembre|2011}}, [[Philippe Courroye]], ainsi que son adjointe, Marie-Christine Daubigney, sont convoqués par la juge d'instruction Sylvia Zimmermann pour être mis en examen pour « atteinte au secret des correspondances par personne dépositaire de l'autorité publique » et « collecte de données à caractère personnel par moyen frauduleux, déloyal ou illicite »<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/28/01016-20110928ARTFIG00445-bettencourt-mise-en-examen-annoncee-de-courroye.php|titre=Bettencourt : mise en examen annoncée de Courroye|site=Le Figaro.fr|date=28 septembre 2011}}.</ref>. L'avocat de Marie-Christine Daubigney présente une demande en nullité de procédure<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Laurence |nom=Neuer |titre=Enquête sur les "fadettes" : Philippe Courroye et son adjointe veulent faire annuler la procédure |url=https://www.lepoint.fr/editos-du-point/laurence-neuer/enquete-sur-les-fadettes-philippe-courroye-et-son-adjointe-veulent-faire-annuler-la-procedure-29-09-2011-1378730_56.php |site=Le Point |date=2011-09-29 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Philippe Courroye conteste la validité de la convocation, en rappelant également que la violation du secret des sources «n'est pas assortie de sanctions pénales», et affirmant que «la malveillance est manifeste» et qu'on veut lui barrer la route d'un autre poste, celui de procureur de Paris<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=«On veut me transformer en délinquant pour me nuire» |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/30/01016-20110930ARTFIG00944-on-veut-me-transformer-en-delinquant-pour-me-nuire.php |site=lefigaro.fr |date=2011-09-30 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date-|03 octobre 2011}}, Sylvia Zimmermann fait savoir que «l'interrogatoire de M. Philippe Courroye est reporté à une date ultérieure»<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La convocation du procureur Courroye reportée sine die |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/10/03/01016-20111003ARTFIG00700-la-convocation-du-procureur-courroye-reportee-sine-die.php |site=lefigaro.fr |date=2011-10-03 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date-|14 octobre}}, lors du Congrès de l'[[Union syndicale des magistrats]], en présence du Garde des Sceaux [[Michel Mercier (homme politique, 1947)|Michel Mercier]], Christophe Régnard défend Isabelle Prévost-Desprez et prononce un discours d'une rare virulence contre Philippe Courroye<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le président de l'USM attaque le procureur Courroye |url=https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/le-president-de-l-usm-attaque-le-procureur-courroye_1040892.html |site=LExpress.fr |date=2011-10-14 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|15|octobre|2011}}, Michel Mercier propose la candidature de son directeur de cabinet François Molins au poste de procureur de Paris<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un proche de Michel Mercier proposé comme procureur de Paris |url=https://www.challenges.fr/top-news/un-proche-de-michel-mercier-propose-comme-procureur-de-paris_334836 |site=Challenges |date=2011-10-15 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|17|octobre|2011}}, [[Bernard Squarcini]] est entendu puis mis en examen par Sylvia Zimmermann, ce qui provoque de nombreuses réactions politiques, notamment de Claude Guéant excluant la démission ou la suspension du directeur du DCRI<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Squarcini mis en examen |url=https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Fadettes-Bernard-Squarcini-mis-en-examen-408265-3227999 |site=lejdd.fr |date=2011-10-17 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Cette mise en examen sera en partie annulée par la cour d'appel de Paris en {{date||décembre|2012}}<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Fadettes : la mise en examen de Squarcini partiellement annulée |url=https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/affaire/fadettes-la-mise-en-examen-de-squarcini-partiellement-annulee_186679.html |site=Franceinfo |date=2012-12-13 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|28|octobre|2011}}, Frédéric Péchenard se rend à son tour à la convocation de Sylvia Zimmermann. Il affirme avoir demandé l'enquête à la DCRI « de son propre chef » en « partant du principe que l'enquête sera[it] faite de manière légale ». Il n'est pas mis en examen<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Affaire des fadettes: Péchenard n'a pas été mis en examen, Guéant réagit |url=https://www.lexpress.fr/actualite/societe/affaire-des-fadettes-pechenard-n-a-pas-ete-mis-en-examen-gueant-reagit_1045907.html |site=LExpress.fr |date=2011-10-28 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|6|décembre|2011}}, la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]], confirmant un arrêt rendu en mai par la cour d'appel de Bordeaux, déclare illégales les réquisitions de [[Philippe Courroye]] demandant à la police l'examen des factures détaillées<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fadettes : la Cour de cassation annule l'enquête du procureur Courroye |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/12/06/97001-20111206FILWWW00444-fadettes-la-cour-de-cassation-annule-l-enquete-du-procureur-courroye.php |site=lefigaro.fr |date=2011-12-06 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. La Cour estime que {{Citation|L'atteinte portée au secret des sources n'était pas justifiée par l'existence d'un impératif prépondérant d'intérêt public et la mesure n'était pas strictement nécessaire et proportionnée au but légitime poursuivi}}. L'enquête sur les sources du ''Monde'' est donc invalidée. Philippe Courroye et Marie-Christine Daubigney sont convoqués par Sylvia Zimmermann le {{date|17|janvier|2012}} et mis en examen ; ils contestent fermement cette mise en examen<ref>{{Article|langue=fr|titre="Fadettes" : mis en examen, le procureur Philippe Courroye refuse de démissionner|périodique=Le Monde.fr|date=2012-01-17|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/17/affaire-des-fadettes-le-procureur-philippe-courroye-mis-en-examen_1630853_3224.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|15|février|2012}}, le procureur général de Paris François Falletti, ancien supérieur de Philippe Courroye au parquet général de Lyon en 1996-1998, estime que les charges {{Citation|ne sont pas constituées juridiquement}}, et requiert l'annulation de la mise en examen. Le parquet général, dont dépendent hierarchiquement François Falletti et Philippe Courroye, et lui-même sous la dépendance hiérarchique du pouvoir exécutif, parle d'analyse « strictement technique »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le parquet demande l'annulation des poursuites contre Courroye |url=https://www.lepoint.fr/societe/le-parquet-demande-l-annulation-des-poursuites-contre-courroye-16-02-2012-1432026_23.php |site=Le Point |date=2012-02-16 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|22|mars|2012}}, la cour d'appel de Paris annule les mises en examen du procureur Courroye et de Marie-Christine Daubigney<ref>[http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/22/97001-20120322FILWWW00565-la-mise-en-examen-de-courroye-annulee.php La mise en examen de Courroye annulée] ''Le Figaro'', 22/03/2012</ref>, selon l'article 6-1 du code de procédure pénale qui stipule que «l'action publique ne peut être exercée que si le caractère illégal (d'une) poursuite ou de l'acte accompli à cette occasion a été constaté par une décision devenue définitive de la juridiction répressive saisie»<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000024496766&cidTexte=LEGITEXT000006071154&categorieLien=id&dateTexte=20120325 Code de procédure pénale Article 6-1] Légifrance, version en vigueur au 12 août 2011</ref>, «alors que (selon la cour d'appel) à la date du versement de consignation (pour plainte par ''Le Monde''), le caractère illégal des actes incriminés n'avait pas été constaté par une décision devenue définitive de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux». ''Le Monde'' se pourvoit en cassation<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=La mise en examen du procureur Courroye annulée |url=https://www.sudouest.fr/2012/03/23/la-mise-en-examen-du-procureur-courroye-annulee-666996-7.php |site=SudOuest.fr |date=2012-03-23 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, mais la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]] rejette, le {{date|25|juin|2013}}, la demande de maintien de la mise en examen initiale. Le Monde indique que sa plainte reste valide, mais que Philippe Courroye {{citation|devrait ainsi gagner près d'un an avant une nouvelle mise en examen}}<ref>[https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/25/affaire-des-fadettes-rejet-du-pourvoi-contre-philippe-courroye_3436297_3224.html « Affaire des "Fadettes" : rejet du pourvoi contre Philippe Courroye »], ''Le Monde'', 25 juin 2013.</ref>.

== Dépaysement des enquêtes sur les délits potentiels à Bordeaux ==
=== Dépaysement de Nanterre à Bordeaux ===
Le {{date|29|octobre|2010}}, à la demande du [[Procureur général (France)|procureur général]] de [[Versailles]] Philippe Ingall-Montagnier<ref>{{Lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Affaire-Bettencourt-Ces-dossiers-doivent-quitter-Nanterre-228766/|titre=Affaire Bettencourt : « Ces dossiers doivent quitter Nanterre »|site=lejdd.fr|date=23 octobre 2010|consulté le=23 octobre 2010}}.</ref>, [[Philippe Courroye]] annonce sur [[Europe 1]] qu'une [[information judiciaire]]<ref group=Note>En cas de crime ou de délit (affaire complexe), le procureur de la République déclenche l'action publique et ouvre une information judiciaire, confiée à un [[juge d'instruction]]. L'information judiciaire est la phase de la procédure pénale qui précède un jugement et au cours de laquelle le juge d'instruction, sous le contrôle de la chambre de l'instruction, procède aux recherches permettant la manifestation de la vérité, rassemble et apprécie les preuves, entend les personnes impliquées ou poursuivies et les témoins, décide de mettre en examen une personne et de la suite à donner à l'action publique.</ref> allait être ouverte. Ce dernier explique qu'il va {{citation|prendre un réquisitoire introductif qui va entraîner la [[Saisine (appel)|saisine]] d'un ou plusieurs [[Juge d'instruction|juges d'instruction]] au tribunal de Nanterre, à qui va être confiée provisoirement cette affaire, en attendant que la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]] statue sur un éventuel dessaisissement}}<ref>{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : Courroye ouvrira une information judiciaire |url=https://www.lepoint.fr/societe/le-procureur-courroye-ouvre-une-information-judiciaire-dans-l-affaire-bettencourt-29-10-2010-1256287_23.php |site=Le Point.fr|date=29 octobre 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Cette procédure est le préalable au dépaysement de l'affaire dans un autre tribunal. Le procureur Courroye précise avoir mené une enquête {{citation|modèle}}, ses investigations ayant nécessité la mobilisation de soixante-dix enquêteurs, la réalisation de trente-sept perquisitions et transports, la confection de plus de neuf cent cinquante procès-verbaux et trois cent cinquante-trois scellés<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La "symphonie inachevée" de Courroye |url=https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Affaire-Bettencourt-Woerth-Le-procureur-de-Nanterre-Philippe-Courroye-a-annonce-la-saisie-d-un-ou-plusieurs-juges-d-instructions-230005-3249269 |site=lejdd.fr |date=2010-10-28 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|17|novembre|2010}}, la Cour de cassation transfère l'ensemble des dossiers au tribunal de Bordeaux<ref name=Fig11711>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/11/17/97001-20101117FILWWW00599-bettencourt-transfert-a-bordeaux.php|titre=Bettencourt: dépaysement à Bordeaux|site=lefigaro.fr|date=17 novembre 2010|consulté le=17 novembre 2010}}.</ref>. L'avocat général avait requis un dépaysement plus proche, au tribunal de Paris<ref name=Fig11711 />. Les procédures concernées sont l'abus de faiblesse ([[affaire Banier-Bettencourt]]), la violation du secret professionnel imputée à Isabelle Prévost-Desprez et l'information judiciaire ouverte par Philippe Courroye<ref name=Fig21711>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/11/16/01016-20101116ARTFIG00827-les-multiples-procedures-de-l-affaire-bettencourt.php|titre=Les multiples procédures de l'affaire Bettencourt|site=lefigaro.fr|date=17 novembre 2010|consulté le=17 novembre 2010}}.</ref>.

L'information judiciaire est composée de quatre volets, correspondants aux quatre enquêtes préliminaires menées par le [[Ministère public (France)|parquet]] de [[Nanterre]] :
* pour [[Vie privée|atteinte à la vie privée]], au sujet des enregistrements clandestins<ref name=Fig21711 /> ;
* pour [[escroquerie]] et [[abus de confiance]], sur les conditions d'acquisition de l'île d'Arros<ref name=Fig21711 /> ;
* pour [[Financement des partis politiques français|financement illégal de partis politiques]], à la suite du témoignage de Claire Thibout<ref name=Fig21711 /> ;
* pour [[fraude fiscale]] et [[blanchiment d'argent]], qui concerne l'argent non déclaré des comptes suisses de Liliane Bettencourt<ref name=Fig21711 />.

Début {{date-|février 2011}}, les domiciles d'[[Éric Woerth]] et de [[Patrick Ouart]] sont perquisitionnés et la police auditionne ce dernier<ref name="Pama110211">{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : Perquisition chez Woerth |url=https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Affaire-Bettencourt-Perquisition-chez-Woerth-145938 |site=parismatch.com|date=11 février 2011 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le début de l'année 2012 est marqué par plusieurs mises en examen dans les différents volets de l'affaire.

=== Atteinte à la vie privée ===
Pascal Bonnefoy, les journalistes [[Fabrice Arfi]], [[Fabrice Lhomme]], [[Hervé Gattegno]] et les directeurs des rédactions - à l'époque des faits - de Mediapart et du Point [[Edwy Plenel]] et [[Franz-Olivier Giesbert]] ont été [[Mise en examen|mis en examen]] et poursuivis pour atteinte à l'intimité de la vie privée<ref>{{Article|langue=fr|titre=L’ex-majordome de Liliane Bettencourt mis en examen|périodique=Le Monde.fr|date=2012-04-02|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/04/02/l-ex-majordome-de-liliane-bettencourt-mis-en-examen_1678953_3224.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Ils ont été finalement relaxés, le {{date-|12 janvier 2016}}, par un jugement du tribunal correctionnel de Bordeaux<ref>{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt: Relaxe générale pour le majordome et les journalistes |url=https://www.20minutes.fr/bordeaux/1764271-20160112-affaire-bettencourt-relaxe-generale-majordome-journalistes |site=20minutes.fr |date=2016-01-12 |consulté le=25 janvier 2016}}.</ref>.

=== Financement illégal supposé de la campagne présidentielle de 2007 ===
[[Éric Woerth]] est [[Mise en examen|mis en examen]] pour [[trafic d'influence]] passif le {{date|8|février|2012}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Eric Woerth mis en examen |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/02/08/97001-20120208FILWWW00690-eric-woerth-mis-en-examen.php |site=lefigaro.fr|date=2012-02-08 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, puis pour [[recel]] de [[Financement des partis politiques français|financement illicite de parti politique]] le lendemain<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Affaire Bettencourt : nouvelle mise en examen pour Eric Woerth |url=https://www.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle-2012/20120209.OBS0961/affaire-bettencourt-nouvelle-mise-en-examen-pour-eric-woerth.html |site=nouvelobs.com|date=2012-02-10 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le juge [[Jean-Michel Gentil]], qui instruit au [[tribunal de grande instance (France)|tribunal de grande instance]] de [[Bordeaux]] les principaux volets de l'affaire Bettencourt, soupçonne un financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de [[Nicolas Sarkozy]]<ref name="Bettencourt">{{Article|langue=fr|titre=L'affaire Bettencourt se rapproche de Nicolas Sarkozy|périodique=Le Monde.fr|date=2012-03-27|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/03/27/affaire-bettencourt-le-juge-gentil-vise-le-chef-de-l-etat_1676249_3224.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Selon une ordonnance du {{date|22|mars|2012}}, deux retraits d'espèces de {{unité|400000|euros}} chacun auraient été effectués par l'intermédiaire du gestionnaire de fortune. Le premier est intervenu le {{date|5|février|2007}}, soit deux jours avant un rendez-vous entre [[Patrice de Maistre]] (l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt) et Éric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy<ref name=Bettencourt/>. Le deuxième a lieu le {{date|26|avril|2007}}, le même jour que la mention par François-Marie Banier d'une conversation de Liliane Bettencourt qui lui aurait confié : « De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent. J'ai dit oui. »<ref name="Maistre">{{Lien web |langue=fr |titre=De Maistre écroué pour le financement de l’UMP |url=https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/De-Maistre-ecroue-pour-le-financement-de-la-campagne-de-Nicolas-Sarkozy-en-2007-497320-3222725 |site=lejdd.fr |date=2012-03-25 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Ces deux retraits bancaires sont effectués en [[Suisse]] au premier semestre 2007. Le transfert de l'argent en France ne se faisait pas par virement bancaire mais grâce à un système de « compensation » bancaire<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |titre=André Bettencourt a-t-il rencontré Nicolas Sarkozy le 24 février 2007? |url=https://www.lexpress.fr/actualite/societe/andre-bettencourt-a-t-il-rencontre-nicolas-sarkozy-le-4-fevrier-2007_1100297.html |site=LExpress.fr |date=2012-04-02 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Ce système permettant de ne pas attirer l'attention du fisc existait depuis 40 ans dans la famille Bettencourt<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Bettencourt : un avocat confie les secrets suisses de la famille |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/04/10/01016-20120410ARTFIG00389-bettencourt-un-avocat-confie-les-secrets-suisses-de-la-famille.php |site=lefigaro.fr |date=2012-04-10 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Les sommes proviendraient d'une société domiciliée au [[Panama]], un [[paradis fiscal]], et auraient été prélevées sur un compte, {{citation|Noblesse}}, ouvert à la banque Hyposwiss au nom d'une [[société écran]] panaméenne, Noblesse trading Inc<ref name="Europe1_Courroye">{{Lien web |langue=fr |titre=Bettencourt : la justice au courant dès 2010 ? |url=https://www.europe1.fr/societe/Bettencourt-la-justice-au-courant-des-2010-361010 |site=Europe 1 |date=2012-04-05 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> dont le directeur, Me René Merkt, fut pendant plus de trente ans l'avocat d'affaires en Suisse de la famille Bettencourt. Ces fonds venus de l'étranger s'ajoutaient aux retraits en liquide, déjà connus, que l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, effectuait régulièrement sur les comptes que la famille possédait en France<ref name=":2">{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : ce financier qui peut faire tomber Sarkozy |url=https://web.archive.org/web/20140819180032/https://www.marianne.net/Affaire-Bettencourt-ce-financier-qui-peut-faire-tomber-Sarkozy_a216642.html |site=marianne.net (web.archive.org) |date=2012-03-27 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Patrice de Maistre admet les deux retraits en Suisse de {{unité|400000|euros}}, mais affirme tout ignorer d'un éventuel financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et de l'usage de cet argent<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=De Maistre dit ignorer tout financement de Sarkozy |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/04/02/01016-20120402ARTFIG00518-l-ex-majordome-de-liliane-bettencourt-mis-en-examen.php |site=lefigaro.fr |date=2012-04-02 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Il est mis en examen, puis écroué, le {{date|23|mars|2012}}, à la [[maison d'arrêt de Gradignan]], où il reste trois mois, pour abus de faiblesse et abus de biens sociaux<ref name="Europe1_Courroye"/>{{,}}<ref name=Maistre/>. Les avocats de Patrice de Maistre dénoncent cette incarcération et rappellent qu'en [[droit de l'Union européenne|droit européen]], les mesures coercitives doivent être proportionnées et justifiées<ref>[https://www.20minutes.fr/politique/1038220-affaire-bettencourt-enregistrements-mandats-amener-contestes « Affaire Bettencourt: Les enregistrements et les mandats d'amener contestés »], ''20 minutes'', 8 novembre 2012.</ref>. François-Marie Banier, ainsi que l'ancien chauffeur du couple Bettencourt et Claire Thibout affirment qu'Éric Woerth et Nicolas Sarkozy se sont rendus au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Fabrice Lhomme, Fabrice |nom=Arfi |titre=Bettencourt: un nouveau témoignage désigne Nicolas Sarkozy |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/071110/bettencourt-un-nouveau-temoignage-designe-nicolas-sarkozy |site=Mediapart |date=2010-11-08 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=[[Fabrice Arfi]], Fabrice |nom=Lhomme |titre=L'ex-comptable des Bettencourt accuse: des enveloppes d'argent à Woerth et à Sarkozy |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/060710/lex-comptable-des-bettencourt-accuse-des-enveloppes-dargent-woerth-et-sarkozy |site=Mediapart |date=2010-07-06 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/11/08/97001-20101108FILWWW00426-bettencourt-sarkozy-mis-en-cause.php|titre=Bettencourt : Sarkozy mis en cause ?|site=lefigaro.fr|date=8 novembre 2010}}.</ref>{{,}}<ref name=Bettencourt/>. L'agenda de Liliane Bettencourt, versé au dossier d'instruction, semble attester d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et [[André Bettencourt]] en {{date-|février 2007}} ; en date du {{date|24|février|2007}}, celui-ci indique : « À 12 heures pour Monsieur Nicolas S. Pour information »<ref>[http://www.lepoint.fr/societe/affaire-bettencourt-l-audition-de-nicolas-sarkozy-chez-le-juge-s-annonce-mouvementee-10-11-2012-1527421_23.php « Affaire Bettencourt : l'audition de Nicolas Sarkozy chez le juge s'annonce mouvementée »], ''Le Point'', 10 novembre 2012.</ref>.

Nicolas Sarkozy reconnaît avoir rencontré ce jour-là André Bettencourt, mais dément s'être rendu une autre fois au domicile du couple pendant la campagne présidentielle et avoir reçu le moindre argent de la famille Bettencourt<ref>{{Article|langue=fr|titre=JUSTICE Nicolas Sarkozy nie avoir reçu de l'argent des Bettencourt|périodique=La Croix|date=2012-11-26|issn=0242-6056|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Archives/2012-11-26/JUSTICE-Nicolas-Sarkozy-nie-avoir-recu-de-l-argent-des-Bettencourt-_NP_-2012-11-26-880603|consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|22|novembre|2012}}, il est convoqué à Bordeaux par le juge [[Jean-Michel Gentil]] et est placé sous le statut de [[Témoin assisté (droit français)|témoin assisté]] à la suite d'une longue audition<ref>{{Article|langue=fr|titre=Affaire Bettencourt : Nicolas Sarkozy placé sous statut de témoin assisté|périodique=Le Monde.fr|date=2012-11-22|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/11/22/affaire-bettencourt-nicolas-sarkozy-place-sous-statut-de-temoin-assiste_1794923_3224.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Le {{date|21|mars|2013}}, à l'issue d'une nouvelle audition, au cours de laquelle il est notamment confronté à Pascal Bonnefoy, Nicolas Sarkozy est [[mise en examen|mis en examen]] pour [[abus de faiblesse]]<ref>[http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/03/21/97001-20130321FILWWW00712-nicolas-sarkozy-mis-en-examen-pour-abus-de-faiblesse.php « Nicolas Sarkozy mis en examen pour abus de faiblesse »], ''Lefigaro.fr'' du 21 mars 2013</ref>.

=== Demande de dessaisissement des juges de Bordeaux et de nouveau dépaysement du dossier ===
Au début du mois de {{date||juin|2013}}, la Cour de cassation est saisie d'une requête en récusation contre chacun des trois juges bordelais, Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, par l'avocat [[Patrice Spinosi]], au nom des six personnes mises en examen (dont Nicolas Sarkozy, Éric Woerth, Patrice de Maistre, François-Marie Banier), notamment après la révélation de liens privilégiés entre le juge Jean-Michel Gentil et une experte mandatée lors de l'instruction, Sophie Gromb<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Violette |nom=Lazard |titre=Le dossier Bettencourt entre les mains de la Cour de cassation |url=https://www.liberation.fr/france/2013/06/17/le-dossier-bettencourt-entre-les-mains-de-la-cour-de-cassation_911659/ |site=Libération |date=2013-06-17 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Violette |nom=Lazard |titre=Dossier Bettencourt : l’invitation au voyage |url=https://www.liberation.fr/societe/2013/06/18/dossier-bettencourt-l-invitation-au-voyage_912004/ |site=Libération |date=2013-06-18 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Dans son avis, l'avocat général près la Cour de cassation, Gilles Lacan, recommande d'accepter la requête en [[suspicion légitime]] et de dessaisir la juridiction de Bordeaux en raison d'un « doute objectif sur l'impartialité » des juges chargés du dossier. Il explique que si le fait que Jean-Michel Gentil ait confié une expertise à un médecin qui est son témoin de mariage n'est « prohibé par aucun texte », cette désignation portant « sur une personne appartenant à l'intimité familiale du magistrat mandant n'en est pas moins maladroite », et ajoute que « le fait d'avoir tu cette difficulté [à ses collègues] paraît en contradiction avec l'article b. 20 du Recueil des [[Code de déontologie|obligations déontologiques]] des magistrats ». Il indique également que le juge Gentil a contourné à deux reprises le parquet pour ordonner les expertises sur Liliane Bettencourt et qu'il n'a pas attendu de recevoir les résultats de l'analyse médicale de la milliardaire pour demander au procureur une extension de sa saisine, ce qui fait dire aux avocats des mis en examen qu'il s'est concerté avec Sophie Gromb au cours de la rédaction de cette expertise, en 2011. Or, c'est cette expertise déclarant Liliane Bettencourt en situation de faiblesse psychologique depuis {{date-|septembre 2006}} qui fonde l'essentiel du dossier des juges. En outre, l'avocat général écrit que pour garantir l'image d'une justice impartiale, une forme de discrétion et de réserve s'impose aux magistrats. Or il relève des déclarations des juges Cécile Ramonatxo et Valérie Noël s'inscrivant dans la « polémique publique » et donnant l'image de juges n'acceptant pas « sereinement l'exercice par les justiciables des voies de recours contre ses actes ou décisions ». Il mentionne également les déclarations de l'avocat du juge Gentil, qui a qualifié Nicolas Sarkozy de « monarque » et Éric Woerth de « proche du monarque », ce qui peut, d'après lui, faire naître « plus qu'un doute sur les conditions d'objectivité, de sérénité et d'impartialité dans lesquels l'un au moins des mis en examen est jugé »<ref>[http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/06/17/01016-20130617ARTFIG00646-bettencourt-le-document-qui-plaide-pour-le-dessaisissement-du-juge-gentil.php « Bettencourt : le document qui plaide pour le dessaisissement du juge Gentil »], ''Le Figaro'', 17 juin 2013.</ref>. Dans le même temps, la presse se fait l'écho d'un dépassement d'honoraires reçu par Sophie Gromb sans l'autorisation du procureur et de la possibilité que le juge Gentil ait produit « un [[Faux en droit pénal français|faux]] » afin d'emmener pour l'expertise deux neurologues ne figurant pas sur la liste des experts de la Cour d'appel de Bordeaux en prétendant que ceux-ci n'étaient pas disponibles alors qu'il ne les a jamais contactés<ref>[https://www.20minutes.fr/societe/1182951-20130702-bettencourt-procedure-methodes-juge-devant-cour-appel « Bettencourt: Procédure et méthodes du juge devant la Cour d'appel »], ''20 minutes'', 2 juillet 2013.</ref>.

La Cour de cassation se déclare, le {{date|20|juin|2013}}, incompétente pour décider du dessaisissement des trois juges bordelais qui instruisent cette affaire<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Bettencourt : la Cour de cassation se déclare incompétente |url=https://www.liberation.fr/societe/2013/06/20/bettencourt-la-cour-de-cassation-se-declare-incompetente_912368/ |site=Libération |date=2013-06-20 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. Ce sera donc à la cour d'appel de Bordeaux de se prononcer.

Le {{date-|13 septembre 2013}}, certaines des personnes mises en examen ont formé une requête en récusation des juges [[Jean-Michel Gentil]], [[Cécile Ramonatxo]] et [[Valérie Noël]] auprès du premier président de la Cour d'appel de Bordeaux<ref>{{Article|langue=fr|titre=Affaire Bettencourt : deux mis en cause demandent la récusation des trois juges|périodique=Le Monde.fr|date=2013-09-17|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/09/17/affaire-bettencourt-deux-mis-en-cause-demandent-la-recusation-des-trois-juges_3478818_3224.html|consulté le=2021-12-30}}.</ref>

== Clôture de l'enquête et jugements ==
Le {{date|28|juin|2013}}, le vice-procureur Gérard Aldigé, magistrat du parquet de Bordeaux, annonce avoir requis des non-lieux, en l'absence de charges, en faveur de six personnes : [[Nicolas Sarkozy]], [[Éric Woerth]], [[Stéphane Courbit]], Pascal Wilhelm, ancien mandataire et avocat de Liliane Bettencourt, Patrice Bonduelle, un de ses notaires, et Alain Thurin, son infirmier. Il requiert en revanche le renvoi devant le tribunal correctionnel de six autres personnes : [[Patrice de Maistre]], [[François-Marie Banier]] et son compagnon Martin Le Barrois d'Orgeval<ref>{{Lien web|titre=Exclusif : le compagnon de Banier se dévoile|url=http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Exclusif-le-compagnon-de-Banier-se-devoile-157932|site=parismatch.com|date=24/09/2010|consulté le=03 octobre 2017}}.</ref>, Carlos Cassina Vejarano, qui gérait l'île d'Arros, Jean-Michel Normand, notaire, et Fabrice Goguel, avocat fiscaliste<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Richard|titre=Affaire Bettencourt : le non-lieu requis pour Nicolas Sarkozy et Éric Woerth|périodique=Sud Ouest|date=2013-06-29|issn=1760-6454|lire en ligne=https://www.sudouest.fr/2013/06/29/le-non-lieu-requis-pour-nicolas-sarkozy-et-eric-woerth-1100526-2780.php?nic|consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|4|juillet|2013}}, l'AFP annonce le renvoi en correctionnelle de Patrice de Maistre et Éric Woerth pour « trafic d’influence »<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Bettencourt : Woerth et de Maistre renvoyés devant le tribunal pour trafic d'influence |url=https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/2013/07/04/bettencourt-woerth-et-de-maistre-renvoyes-devant-le-tribunal-pour-trafic-dinfluence-XOT7YRZG4BAYDIPR7E65QIFGSA/ |site=La Libre.be |date=2013-07-04 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> dans le volet de la légion d'honneur, confirmant une information du journal Sud-Ouest. Les juges Gentil, Noël et Ramonaxto décident donc de ne pas suivre l'avis du parquet concernant Eric Woerth<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Yann Saint-Sernin avec Jean-Michel|nom1=Desplos|titre=Affaire Bettencourt : Woerth et de Maistre renvoyés en correctionnelle|périodique=Sud Ouest|date=2013-04-07|issn=1760-6454|lire en ligne=https://www.sudouest.fr/2013/07/04/woerth-et-de-maistre-renvoyes-en-correctionnelle-1104708-2780.php?nic|consulté le=2021-12-30}}.</ref>.

Le {{date|7|octobre|2013}}, les juges renvoient Éric Woerth en correctionnelle dans le volet principal du dossier<ref>{{Lien web |titre=Affaire Bettencourt : non-lieu pour Sarkozy |url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/10/07/affaire-bettencourt-non-lieu-pour-nicolas-sarkozy_3491099_3224.html |site=lemonde.fr |date=07/10/2013 |consulté le=03 octobre 2017}}.</ref>.

Le {{date-|28 mai 2015}}, le tribunal correctionnel de Bordeaux relaxe l'ex-ministre UMP dans les deux volets de l'affaire Bettencourt (trafic d'influence et abus de faiblesse). En revanche, sont condamnés pour abus de faiblesse [[François-Marie Banier]] (trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350 000 € d'amende et 158 millions d'euros de dommages et intérêts à Liliane Bettencourt) et son compagnon Martin d'Orgeval (18 mois de prison avec sursis), [[Patrice de Maistre]] (30 mois de prison dont 18 mois ferme, mais relaxé dans le volet trafic d'influence), [[Stéphane Courbit]] (250 000 € d'amende), Pascal Wilhelm (30 mois de prison dont 18 mois ferme) et les notaires Jean-Michel Normand (12 mois de prison avec sursis et 50 000 € d’amende, et déchu de l’honorariat en mars 2018<ref>{{Ouvrage|titre=Arrêté du 9 mars 2018 retirant l'honorariat à un notaire (officiers publics ou ministériels)|lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000036701455|consulté le=17 mai 2021}}.</ref>)<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Procès Bettencourt : Derrière l’abus de faiblesse, les usages du grand capital |url=https://www.humanite.fr/proces-bettencourt-derriere-labus-de-faiblesse-les-usages-du-grand-capital-565705 |site=L'Humanité |date=2015-02-15 |consulté le=17 mai 2021}}.</ref>et Patrice Bonduelle (six mois de prison avec sursis et 80 000 € d'amende)<ref>{{Lien web|url= https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/05/28/proces-bettencourt-les-prevenus-vont-etre-fixes-sur-leur-sort_4641993_1653578.html|titre= Procès Bettencourt : Eric Woerth relaxé, François-Marie Banier condamné à trois ans de prison|site= lemonde.fr|jour= 28|mois= 05|année= 2015|consulté le=03 octobre 2017}}.</ref>.

En appel, par jugement du {{date-|28 août 2016}}, les peines de [[François-Marie Banier]] sont réduites (quatre ans de prison mais intégralement avec sursis (375 000 € d'amende, et la confiscation d'une part de ses biens immobiliers) ; néanmoins, un euro de dommages et intérêts doit être versé à Liliane Bettencourt et à la famille Meyers. La peine de son compagnon Martin d'Orgeval est confirmée (18 mois de prison avec sursis), Pascal Wilhelm est condamné à 12 mois de prison avec sursis plus une amende et trois millions de dommages et intérêts. Le notaire Patrice Bonduelle est relaxé<ref>{{Lien web|titre=Affaire Bettencourt : François-Marie Banier condamné à quatre ans de prison avec sursis|url=https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/08/24/affaire-bettencourt-francois-marie-banier-condamne-a-4-ans-de-prison-avec-sursis_4987300_1653578.html|site=lemonde.fr|date=24/08/2016|consulté le=03 octobre 2017}}.</ref>.

Le rejet des pourvois en cassation, en janvier 2019, rend le jugement d’appel définitif<ref name="ClapFin" />.


== Répercussions politiques ==
== Répercussions politiques ==
Cette affaire intervient dans un climat difficile pour le [[Gouvernement François Fillon (2)|gouvernement François Fillon II]] — [[Christian Blanc]] et [[Alain Joyandet]] ont en effet annoncé leur démission le {{date|4|juillet|2010}}<ref>{{Lien web |url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/04/01002-20100704ARTFIG00143-alain-joyandet-annonce-sa-demission-du-gouvernement.php |titre=Joyandet et Blanc quittent le gouvernement |site=Le Figaro.fr|date=5 juillet 2010 |auteur=Bastien Hugues}}.</ref>{{,}}<ref group=Note>{{Unité|12000|euros}} de cigares, achetés sur le budget de son secrétariat d'État, ont été reprochés à Christian Blanc tandis qu'Alain Joyandet a loué un jet privé pour une somme jugée excessive ({{Unité|116500|euros}}) et est soupçonné d'avoir obtenu un permis de construire illégal.</ref> —, et son image ainsi que celle de l'ensemble du monde politique, s'est significativement dégradée<ref name="LA times">{{Lien web |langue=en |url=http://articles.latimes.com/2010/jul/05/world/la-fg-france-resign-20100705 |titre=French officials resign amid spending scandals|site=Los Angeles Time.com|date=5 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|prénom1=Nabil|nom1=Wakim|titre=Après les démissions de Blanc et Joyandet, Woerth peut-il tenir ?|périodique=Le Monde|numéro=20355|jour=5|mois=juillet|année=2010|date=|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/05/apres-les-demissions-de-blanc-et-joyandet-woerth-peut-il-tenir_1383325_823448.html}}.</ref> ; le {{date-|5 juillet}}, ''[[Libération (journal)|Libération]]'' publie un sondage dans lequel 64 % des Français estiment que {{Citation|les politiques sont plutôt corrompus}}<ref>Sondage Viavoice publié dans l'édition de ''Libération'' du 5 juillet 2010.</ref>. [[Ségolène Royal]], l'ancienne candidate de l'opposition à l'[[Élection présidentielle française de 2007|élection présidentielle de 2007]], considère que « le système Sarkozy est corrompu »<ref>{{Lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/systeme-sarkozy-corrompu-aubry-soutient-royal_903268.html|titre=« Système Sarkozy corrompu » : Aubry soutient Royal|site=L'Express.fr|date=01-07-2010}}.</ref>. [[Martine Aubry]], première secrétaire du PS, a cependant dénoncé la tentation du {{Citation|[[tous pourris]]}} et a réclamé des preuves avant de demander la démission du ministre du Travail<ref>{{article|prénom1=Béatrice|nom1=Jérôme|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : quand le PS fait profil bas|périodique=Le Monde|numéro=20360|jour=10|mois=juillet|année=2010|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/10/affaire-woerth-bettencourt-quand-le-ps-fait-profil-bas_1386196_823448.html}}.</ref>. De nombreux responsables socialistes (Jean-Marc Ayrault, Jean Glavany, Christian Eckert, Claude Bartolone, Benoît Hamon…) attaquent Eric Woerth<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Eric Woerth blanchi dans l'affaire Bettencourt, retour sur commentaires |url=http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1381057-.html |site=L'Obs - Le Plus |date=6 juin 2015 |brisé le=2021-12-30}}.</ref>.


[[Alexandre Bompard]], président-directeur général d'[[Europe 1]], qui était pressenti depuis [[avril 2010]]<ref>{{Lien web |auteur=Augustin Scalbert |titre=Alexandre Bompard, un « bébé Sarko » vite monté en graine |url=https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-medias/20101124.RUE6020/bompard-bebe-sarko-passe-d-europe-1-a-la-fnac.html |site=Rue89, nouvelobs.com|date=13 avril 2010 |consulté le=29 juillet 2010 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20100415035530/http://www.rue89.com/2010/04/13/alexandre-bompard-un-bebe-sarko-vite-monte-en-graine-147316}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=France Télévisions : Pflimlin choisi par l'Elysée |url=https://www.arretsurimages.net/articles/france-televisions-pflimlin-choisi-par-lelysee?id=8561 |site=Arrêt sur images|date=5 juillet 2010 |consulté le=29 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Laurent Mauduit |titre=France Télévisions : panique et conciliabules à l'Elysée |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/120410/france-televisions-panique-et-conciliabules-l-elysee |site=Mediapart|date=12 avril 2010 |consulté le=29 juillet 2010}}.</ref> pour succéder à [[Patrick de Carolis]] à la présidence de [[France Télévisions]], est écarté en {{date-|juillet 2010}} par [[Nicolas Sarkozy]] au profit de [[Rémy Pflimlin]], président de [[Presstalis]], au profil plus consensuel<ref name="Lib">{{Lien web |titre=Le second choix du Président |url=https://www.liberation.fr/medias/2010/07/06/le-second-choix-du-president_664129/ |site=Libération.fr|date=7 juillet 2010 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>, ce qui conduit ''[[Libération (journal)|Libération]]'' à affirmer qu'{{Citation|après Christian Blanc et Alain Joyandet, [Alexandre Bompard] est la troisième victime de l'affaire Woerth}}<ref name=Lib />.
Cette affaire intervient dans un climat difficile pour le [[Gouvernement François Fillon (2)|gouvernement]] — [[Christian Blanc]] et [[Alain Joyandet]] ont en effet annoncé leur démission le 4 juillet 2010<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/2010/07/04/01002-20100704ARTFIG00143-alain-joyandet-annonce-sa-demission-du-gouvernement.php|titre=Joyandet et Blanc quittent le gouvernement|site=Le Figaro.fr|en ligne le=5 juillet 2010|auteur=Bastien Hugues}}</ref>{{,}}<ref group=Note>{{Unité|12000|€}} de cigares, achetés sur le budget de son secrétariat d'État, ont été reprochés à Christian Blanc tandis qu'Alain Joyandet a loué un jet privé pour une somme jugée excessive ({{Unité|116500|€}}) et est soupçonné d'avoir obtenu un permis de construire illégal.</ref> —, et son image ainsi que celle de l'ensemble du monde politique, s'est significativement dégradée<ref name="LA times">{{Lien web|url=http://articles.latimes.com/2010/jul/05/world/la-fg-france-resign-20100705|titre=French officials resign amid spending scandals]|site=Los Angeles Time.com|en ligne le=5 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{article|prénom1=Nabil|nom1=Wakim|titre=Après les démissions de Blanc et Joyandet, Woerth peut-il tenir ?|périodique=Le Monde|numéro=20355|jour=5|mois=juillet|année=2010|page=}}</ref> ; le 5 juillet, ''[[Libération (journal)|Libération]]'' publie un sondage dans lequel 64 % des Français estiment que {{Citation|les politiques sont plutôt corrompus}}<ref>Sondage [[Viavoice]] publié dans l'édition de ''Libération'' du 5 juillet 2010.</ref>. [[Ségolène Royal]], l'ancienne candidate de l'opposition à l'[[Élection présidentielle française de 2007|élection présidentielle de 2007]], considère que « le système Sarkozy est corrompu »<ref>{{Lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/systeme-sarkozy-corrompu-aubry-soutient-royal_903268.html|titre=« Système Sarkozy corrompu » : Aubry soutient Royal|site=L'Express.fr|en ligne le=1 juillet 2010}}</ref>. [[Martine Aubry]], première secrétaire du PS, a cependant dénoncé la tentation du {{Citation|tous pourris}} et a réclamé des preuves avant de demander la démission du ministre du Travail<ref>{{article|prénom1=Béatrice|nom1=Jérôme|titre=Affaire Woerth-Bettencourt : quand le PS fait profil bas|périodique=Le Monde|numéro=20360|jour=10|mois=juillet|année=2010|page=}}</ref>.


''[[Mediapart]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/190610/bettencourt-notre-dossier-complet-et-des-extraits-denregistrements|titre=Bettencourt: notre dossier complet et des extraits d'enregistrements|site=Mediapart|en ligne le=19 juin 2010}}</ref>, ''[[Libération]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/affaire-bettencourt,99912|titre=Comprendre le feuilleton Woerth-Bettencourt, si vous avez raté le début|site=Libération.fr|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref>, l'ancienne Garde des Sceaux [[Élisabeth Guigou]]<ref>{{Lien web|url=http://elisabeth-guigou.fr/afp-guigou-ps-reclame-laudition-au-plus-vite-de-woerth-a-lassemblee/|titre=« Guigou (PS) réclame l'audition « au plus vite » de Woerth à l'Assemblée »|site=elisabeth-guigou.fr|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref> ou encore le député Verts [[Noël Mamère]]<ref>{{Lien web|url=http://www.lcpan.fr/Bettencourt-une-possible-affaire-d-05028.html|titre=Bettencourt : « une possible affaire d'Etat » selon Noël Mamère|site=LCP|en ligne le=22 juin 2010}}</ref> dénoncent une véritable « affaire d'État ». Le quotidien ''[[Le Monde]]'' estime que désormais, « l'Élysée est dépassé par l'affaire Bettencourt »<ref name="mond">{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/06/l-elysee-depasse-par-l-affaire-bettencourt_1383853_823448.html#ens_id=1373579|titre=L'Élysée dépassé par l'affaire Bettencourt|site=Le Monde.fr|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref> et l'on évoque un remplacement d'Éric Woerth par [[Xavier Bertrand]]<ref name="mond" />. Plusieurs anciens premiers ministres de l'UMP ont aussi manifesté leur préoccupation : [[Jean-Pierre Raffarin]] a souhaité un « remaniement profond du gouvernement »<ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/08/jean-pierre-raffarin-il-faut-un-remaniement-profond-du-gouvernement_1385096_3232.html|titre=Jean-Pierre Raffarin : « Il faut un remaniement profond du gouvernement »|site=Le Monde.fr|en ligne le=8 juillet 2010}}</ref> et [[Alain Juppé]] a estimé qu'Éric Woerth « doit choisir » entre ses fonctions de ministre et celles de trésorier de l'UMP<ref>{{Lien web|url=http://www.europe1.fr/Politique/Ministre-ou-tresorier-Woerth-doit-choisir-224489/|titre=Ministre ou trésorier, Woerth « doit choisir »|site=Europe1.fr|en ligne le=28 juin 2010|auteur=Stéphane Place}}</ref>.
''[[Mediapart]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.mediapart.fr/journal/france/190610/bettencourt-notre-dossier-complet-et-des-extraits-denregistrements|titre=Bettencourt: notre dossier complet et des extraits d'enregistrements|site=Mediapart|=19 juin 2010}}</ref>, ''Libération''<ref>{{Lien web|titre=Comprendre le feuilleton Woerth-Bettencourt, si vous avez raté le début|site=Libération.fr|=6 juillet 2010}}</ref>, ancienne Garde des Sceaux ]]<ref>{{Lien web|url=http://elisabeth-guigou.fr/afp-guigou-ps-reclame-laudition-au-plus-vite-de-woerth-a-lassemblee/|titre=« Guigou (PS) réclame l'audition « au plus vite » de Woerth à l'Assemblée »|site=elisabeth-guigou.fr|=6 juillet 2010}}</ref> ou encore député [[ ]]<ref>{{Lien web|url=http://www.lcpan.fr/Bettencourt-une-possible-affaire-d-05028.html|titre=Bettencourt : «une possible affaire d'» selon Noël Mamère|site=LCP|=22 juin 2010}}</ref> dénoncent une véritable «affaire d'État». Le quotidien ''[[Le Monde]]'' estime que désormais, «l'Élysée est dépassé par l'affaire Bettencourt»<ref name="mond">{{Lien web|url=://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/06/l-elysee-depasse-par-l-affaire-bettencourt_1383853_823448.html#ens_id=1373579|titre=L'Élysée dépassé par l'affaire Bettencourt|site=Le Monde.fr|=6 juillet 2010}}</ref> et l'on évoque un remplacement d'Éric Woerth par [[Xavier Bertrand]]<ref name="mond" />. Plusieurs anciens ministres de l'UMP ont aussi manifesté leur préoccupation : [[Jean-Pierre Raffarin]] a souhaité un «remaniement profond du gouvernement»<ref>{{Lien web|url=://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/08/jean-pierre-raffarin-il-faut-un-remaniement-profond-du-gouvernement_1385096_3232.html|titre=Jean-Pierre Raffarin : «Il faut un remaniement profond du gouvernement»|site=Le Monde.fr|=8 juillet 2010}}</ref> et [[Alain Juppé]] a estimé qu'Éric Woerth «doit choisir» entre ses fonctions de ministre et celles de trésorier de l'UMP<ref>{{Lien web|url=http://www.europe1.fr/Politique/Ministre-ou-tresorier-Woerth-doit-choisir-224489/|titre=Ministre ou trésorier, Woerth «doit choisir»|site=Europe1.fr|=28 juin 2010|auteur=Stéphane Place}}</ref>.


[[Dominique de Villepin]] a réclamé « l'indépendance de la Justice, une totale liberté de la presse et l'impartialité de l'État », souhaitant « la nomination d'un juge d'instruction » — et non pas la poursuite de l'enquête par le parquet de Nanterre — et considérant « tout-à-fait dommageables les critiques intempestives faites à l'endroit de la presse »<ref>{{Lien web|url=http://www.dailymotion.com/video/xdyygn_dominique-de-villepin-france-info-l_news?start=135#from=embed|titre=Dominique De Villepin, france-info, l'invité|site=Dailymotion|en ligne le=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.
[[Dominique de Villepin]] a réclamé «l'indépendance de la , une totale liberté de la presse et l'impartialité de l'État», souhaitant «la nomination d'un juge d'instruction» — et non pas la poursuite de l'enquête par le parquet de Nanterre — et considérant «toutàfait dommageables les critiques intempestives faites à l'endroit de la presse»<ref>{{Lien web|url=://www.dailymotion.com/video/xdyygn_dominique-de-villepin-france-info-l_news?start=135#from=embed|titre=Dominique De Villepin, france-info, l'invité|site=Dailymotion|=9 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010}}</ref>.


Plusieurs personnalités politiques, de tous partis, exhortent le président de la République à s'exprimer sur l'affaire ; [[Jean-Luc Mélenchon]], président du [[Parti de gauche (France)|Parti de gauche]], estime que « le chef de l'État doit rendre des comptes » car les accusations de l'ex-comptable de la famille Bettencourt « mettent en cause non seulement la probité de son ministre du Travail, mais la légitimité de sa propre élection »<ref>{{Lien web|url=http://www.liberation.fr/politiques/0101645442-affaire-bettencourt-on-est-entre-dans-un-mecanisme-dangereux|titre=Affaire Woerth : « Ça pue et nous n'avons pas à nous en réjouir »|site=Libération.fr|en ligne le=6 juillet 2010}}</ref>.
Plusieurs personnalités politiques, de tous partis, exhortent président de la République à s'exprimer sur l'affaire ; [[Jean-Luc Mélenchon]], président du [[Parti de gauche (France)|Parti de gauche]], estime que « le chef de l'État doit rendre des comptes » car les accusations de l'ex-comptable de la famille Bettencourt « mettent en cause non seulement la probité de son ministre du Travail, mais la légitimité de sa propre élection »<ref>{{Lien web|titre=Affaire Woerth : « Ça pue et nous n'avons pas à nous en réjouir »|site=Libération.fr|=6 juillet 2010}}</ref>.


Un sondage [[Ipsos]] publié le {{date|21|juillet|2010}} indique que 49 % des personnes interrogées estiment qu'Éric Woerth peut continuer à conduire la réforme des retraites malgré les accusations dont il fait l'objet, 47 % étant d'un avis contraire<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/sarkozy-et-woerth-peu-handicapes-par-les-affaires-selon-ipsos-21-07-2010-1217338_19.php|titre=Sarkozy et Woerth peu handicapés par les affaires, selon Ipsos|site=Le Point.fr|en ligne le=21 juillet 2010|consulté le=21 juillet 2010|auteur=Gérard Bon}}</ref>.
Un sondage [[Ipsos]] publié le {{date|21|juillet|2010}} indique que 49 % des personnes interrogées estiment qu'Éric Woerth peut continuer à conduire la réforme des retraites malgré les accusations dont il fait l'objet, 47 % étant d'un avis contraire<ref>{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/sarkozy-et-woerth-peu-handicapes-par-les-affaires-selon-ipsos-21-07-2010-1217338_19.php|= Woerth les |site=Le Point.fr| le= 2010 le= 2010|= }}</ref>.


L'incarcération de Patrice de Maistre en mars 2012 ainsi que des allégations au sujet d'un possible rendez-vous entre [[André Bettencourt]] et Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007, démenti par ce dernier, relance le traitement médiatique de l'affaire, les médias s'interrogeant sur une possible incidence de l'affaire sur le résultat de l'[[élection présidentielle française de 2012]]<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":2" />.
== Réactions internationales ==


Le {{date|3|avril|2012}}, Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale, qualifie ces accusations de {{citation|boule puante}} et nie tout financement illégal de sa campagne de 2007 en rappelant que ses comptes de campagne ont été validés par la [[Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques]] et par le [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Affaire Bettencourt : Sarkozy dénonce une «boule puante» |url=https://www.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/04/03/01039-20120403ARTFIG00364-affaire-bettencourt-sarkozy-denonce-une-boule-puante.php |site=LEFIGARO |date=2012-04-03 |consulté le=2021-12-30}}.</ref>. [[Eva Joly]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Joly dénonce l'immunité de Sarkozy |url=http://example.com/LeJDD/Politique/Eva-Joly-denonce-l-immunite-de-Nicolas-Sarkozy-498740-3123137 |site=lejdd.fr |date=2012-03-30 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> et Ségolène Royal<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Ségolène Royal: "Sarkozy veut être réélu pour l'immunité présidentielle" |url=https://www.lexpress.fr/actualite/politique/segolene-royal-sarkozy-veut-etre-reelu-pour-l-immunite-presidentielle_1094953.html |site=LExpress.fr |date=2012-03-18 |consulté le=2021-12-30}}.</ref> critiquent l'immunité protégeant le président en fonction et affirment que la candidature de Nicolas Sarkozy vise à lui permettre d'être réélu dans le but de se protéger contre d'éventuelles poursuites judiciaires.
''[[Le Monde]]'' s'est intéressé aux retentissements de l'affaire dans la presse internationale et relève que « de l'Inde à l'Afrique du Sud en passant par l'Argentine, l'affaire Woerth-Bettencourt, et surtout ses retentissements sur la présidence française, intrigue les médias étrangers ». Le magazine ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' dresse un parallèle avec le [[scandale du Watergate]] tandis que ''[[La Tribune de Genève]]'' évoque une ambiance de fin de règne et prédit « un automne social aussi chaud que cet été politique ». En Allemagne, le ''[[Frankfurter Allgemeine Zeitung]]'' parle d'un « président en détresse »<ref>{{Lien web|url=http://lamouette.blog.lemonde.fr/2010/07/07/nicolas-sarkozy-a-perdu-la-bataille-de-lopinion/#xtor=RSS-32280322|titre=Nicolas Sarkozy a perdu la bataille de l'opinion|site=Le Monde.fr|en ligne le=7 juillet 2010|consulté le=7 juillet 2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/07/pour-la-presse-internationale-sarkozy-est-comme-nixon-pendant-le-watergate_1384831_823448.html|titre=Pour la presse internationale, Sarkozy est comme « Nixon pendant le Watergate »|site=Le Monde.fr|en ligne le=7 juillet 2010}}</ref>. Pour le ''[[The New York Times|New York Times]]'', il pourrait s'agir d'un {{citation étrangère|lang=en|French Watergate}}<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.nytimes.com/2010/07/09/business/global/09mediapart.html?_r=1|titre=French News Web Site Shakes Sarkozy Camp|site=The New York Times.com|en ligne le=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Eric Pfanner}}</ref>. Pour le [[Financial Times]], il s'agirait de « la pire crise politique que Nicolas Sarkozy ait connu en trois ans de mandat »<ref>{{Lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pour-la-presse-etrangere-le-woerthgate-cree-une-atmosphere-toxique_904930.html|titre=Pour la presse étrangère, le « Woerthgate » crée « une atmosphère toxique »|site=L'Express.fr|en ligne le=8 juillet 2010|auteur=Marie Simon, Emilie Lévêque, Marie Amélie Putallaz, Pierre Gastineau}}</ref>.


Le {{date|29|mai|2015}}, à la suite de la relaxe d'Éric Woerth, Benoît Hamon (ancien porte-parole du Parti socialiste) exprime ses regrets de l'avoir accusé<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = |titre = Woerth relaxé : Hamon regrette de l'avoir accusé|périodique = Le Parisien|jour = 29|mois = mai|année = 2015|lire en ligne = http://www.leparisien.fr/affaire-bettencourt/woerth-relaxe-hamon-regrette-de-l-avoir-accuse-29-05-2015-4813707.php|pages = }}.</ref>. Claude Bartolone lui présente ses excuses<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = |titre = Blanchi, Eric Woerth pratique le "pardon des offenses"|périodique = Le Figaro|jour = 1er|mois = juin|année = 2015|lire en ligne = http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2015/06/01/25001-20150601ARTFIG00107-blanchi-eric-woerth-pratique-le-pardon-des-offenses.php|pages = }}.</ref>.
Le ''[[The New York Times|New York Times]]'' du 19 juillet 2010 consacre sa page 3 a un long article analysant les retombées de cette affaire ; {{citation|Une héritière âgée. Une fille en colère. Un photographe mondain. Un maître d'hôtel rebelle et une comptable mécontente. Des enregistrements secrets. Une société célèbre avec un passé ambigu, et des relations politiques de longue date. Un président impopulaire, un ministre qui a le goût de l'argent, et des histoires de donations d'argent liquide dans des enveloppes. Ce mélange très romantique est connu sous le nom « d'affaire Bettencourt »}} résument les premières lignes de l'article<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.nytimes.com/2010/07/19/world/europe/19france.html|titre=French Heiress vs. Daughter and Political Intrigue|site=The New York Times.com|en ligne le=18 juillet 2010|consulté le=19 juillet 2010|auteur=Steven Erlanger}}</ref>.


== Notes et références ==
== ==
''[[Le Monde]]'' s'est intéressé aux retentissements de l'affaire dans la presse internationale et relève que « de l'[[Inde]] à l'[[Afrique du Sud]] en passant par l'[[Argentine]], l'affaire Woerth-Bettencourt, et surtout ses retentissements sur la présidence française, intrigue les médias étrangers ». Le magazine ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' dresse un parallèle avec le [[scandale du Watergate]] tandis que ''[[La Tribune de Genève]]'' évoque une ambiance de fin de règne. En [[Allemagne]], le ''[[Frankfurter Allgemeine Zeitung]]'' parle d'un « président en détresse »<ref>{{Lien web|url=http://lamouette.blog.lemonde.fr/2010/07/07/nicolas-sarkozy-a-perdu-la-bataille-de-lopinion/|titre=Nicolas Sarkozy a perdu la bataille de l'opinion|site=Le Monde.fr|date=7 juillet 2010|consulté le=7 juillet 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/07/pour-la-presse-internationale-sarkozy-est-comme-nixon-pendant-le-watergate_1384831_823448.html|titre=Pour la presse internationale, Sarkozy est comme « Nixon pendant le Watergate »|site=Le Monde.fr|date=7 juillet 2010}}.</ref>.


Le {{date|8|juillet|2010}}, pour le ''[[The New York Times|New York Times]]'', il pourrait s'agir d'un {{citation étrangère|lang=en|French Watergate}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.nytimes.com/2010/07/09/business/global/09mediapart.html?_r=1|titre=French News Web Site Shakes Sarkozy Camp|site=The New York Times.com|date=8 juillet 2010|consulté le=9 juillet 2010|auteur=Eric Pfanner}}.</ref>. Pour le ''[[Financial Times]]'', il s'agirait de « la pire crise politique que Nicolas Sarkozy ait connu en trois ans de mandat »<ref>{{Lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pour-la-presse-etrangere-le-woerthgate-cree-une-atmosphere-toxique_904930.html|titre=Pour la presse étrangère, le « Woerthgate » crée « une atmosphère toxique »|site=L'Express.fr|date=8 juillet 2010|auteur=Marie Simon, Emilie Lévêque, Marie Amélie Putallaz, Pierre Gastineau}}.</ref>.

Le {{date|18|juillet|2010}}, le ''New York Times'' consacre sa page trois à un long article analysant les retombées de cette affaire : {{citation|Une héritière âgée. Une fille en colère. Un photographe mondain. Un maître d'hôtel rebelle et une comptable mécontente. Des enregistrements secrets. Une société célèbre avec un passé ambigu, et des relations politiques de longue date. Un président impopulaire, un ministre qui a le goût de l'argent et des histoires de donations d'argent liquide dans des enveloppes. Ce mélange très romantique est connu sous le nom d'« affaire Bettencourt<!-- Ne pas ajouter de guillemet fermant pour respecter la typographie wikipedia. -->}} résument les premières lignes de l'article<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.nytimes.com/2010/07/19/world/europe/19france.html|titre=French Heiress vs. Daughter and Political Intrigue|site=The New York Times.com|date=18 juillet 2010|consult�� le=19 juillet 2010|auteur=Steven Erlanger}}.</ref>.

Le {{date|24|août|2010}}, le journal [[Québec|québécois]] ''[[Le Devoir]]'', évoque les liens<ref>{{Lien web |titre=Affaire Woerth-Bettencourt: des ramifications jusqu'au Québec |url=https://www.ledevoir.com/politique/quebec/294898/affaire-woerth-bettencourt-des-ramifications-jusqu-au-quebec |site=Le Devoir.com |date=2010-08-24}}.</ref> d'[[Éric de Sérigny]], un des conseillers d'Éric Woerth, qui est apparenté avec [[Paul Desmarais (père)|Paul Desmarais]] et [[André Desmarais]], propriétaires de [[Power Corporation du Canada|Power Corporation]] et copropriétaires d'[[Imerys]], société dans laquelle il siège au conseil d'administration.

== Dans la culture populaire ==
* Les véritables écoutes du maître d'hôtel, {{cita|savamment distillées au long des trois épisodes de 50 minutes, servent de base au documentaire de Baptiste Etchegaray et Maxime Bonnet}}, "[[L'affaire Bettencourt: scandale autour de la femme la plus riche du monde]]"<ref name="chesnaud">"Affaire Bettencourt : pourquoi il faut absolument regarder la série documentaire de Netflix" par Philippe Chesnaud le 12/11/2023 dans ''[[Le Point]]'' [https://www.lepoint.fr/culture/affaire-bettencourt-pourquoi-il-faut-absolument-regarder-la-serie-documentaire-de-netflix-12-11-2023-2542756_3.php] </ref>, {{cita|qui se dévore comme une série à suspense}}<ref name=chesnaud/>, où {{cita|les reconstitutions sont soignées et légères avec le parti pris intelligent d'une caméra en surplomb}}<ref name=chesnaud/> pour raconter {{cita|une évasion fiscale massive}}<ref name=chesnaud/>, avec {{cita|des sommes considérables en jeu}}<ref name=chesnaud/>. Cette série de trois épisodes, diffusée sur la plateforme [[Netflix]] à la fin 2023, se base entièrement {{cita|sur les enregistrements réalisés par le maitre d'hôtel}} au domicile de [[Liliane Bettencourt]]<ref>« L’Affaire Bettencourt : scandale chez la femme la plus riche du monde », sur Netflix : un soap opéra d’après les écoutes. Article dans ''Le Monde '' en novembre 2023 [https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/11/17/l-affaire-bettencourt-scandale-chez-la-femme-la-plus-riche-du-monde-sur-netflix-un-soap-opera-d-apres-les-ecoutes_6200800_3246.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default]</ref>{{,}}<ref>"Netflix explore avec bonheur les dessous de « L’Affaire Bettencourt »", par Vincent Monnier le 8 novembre 2023 dans ''L'Obs'' [https://www.nouvelobs.com/teleobs/20231108.OBS80587/netflix-explore-avec-bonheur-les-dessous-de-l-l-affaire-bettencourt.html]</ref>{{,}}<ref>"Liliane Bettencourt et François-Marie Banier, la vénéneuse relation qui a fait vaciller la famille la plus riche de France" article par Ségolène Forgar dans ''Le Figaro'' le 14/11/2023 [https://madame.lefigaro.fr/societe/actu/liliane-bettencourt-et-francois-marie-banier-la-relation-veneneuse-qui-a-fait-vaciller-la-famille-la-plus-riche-de-france-20231114]</ref>{{,}}<ref>"Pourquoi il faut absolument regarder la mini-série Netflix sur l'affaire Bettencourt", article dans ''Madmoizelle'' [https://www.madmoizelle.com/pourquoi-il-faut-absolument-regarder-la-mini-serie-netflix-sur-laffaire-bettencourt-1594611]</ref>. Grâce à {{cita|un format dense et rythmé en 3 épisodes}}<ref>"L’Affaire Bettencourt" cartonne sur Netflix" par le dans ''[[L'Echo]]'' [https://www.lecho.be/culture/dossiers/l-echo-des-series/l-affaire-bettencourt-cartonne-sur-netflix/10509469.html] </ref>, rapidement, ce documentaire Netflix {{cita|rencontre le succès}} et {{cita|s’est hissé à la tête des audiences de la plateforme de streaming en l’espace de cinq jours.}} au point de figurer en deuxième position dans le top 10 mondial des séries non anglo-saxonnes et d'avoir été visionnée 3,8 millions de fois en quatre jours, pour une durée de 9,5 millions d’heures<ref>"Le succès surprise du documentaire sur l’affaire Bettencourt, en France et dans le monde" par Thibaut Lescuyer le 21/11/2023 dans ''[[Ouest-France]]'' [https://programmetv.ouest-france.fr/plateformes/netflix/netflix-le-succes-surprise-du-documentaire-sur-laffaire-bettencourt-en-france-et-dans-le-monde-6ba20aac-8872-11ee-a1c0-8cef14bedf93] </ref>.

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=== Liens internes ===
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* [[Fabrice Arfi]] et [[Fabrice Lhomme]], ''L'Affaire Bettencourt : un scandale d'État'', éditions Don Quichotte, 2010
* [[élite#Les rapports entre élites et démocratie|Les rapports entre élites et démocratie]], thème repris par [[Marcel Gauchet]] dans un article en marge de l'affaire ''([[Le Monde]] du dimanche 18 juillet 2010, page 8)''.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric |nom1= Monier|lien auteur1= Frédéric Monier|titre=Corruption et politique |sous-titre= rien de nouveau ? |éditeur=Armand Colin|collection= Éléments de réponse. Série Libertés d'historien|lieu= Paris|année=2011|pages totales=184 |isbn= 978-2-200-24860-4 |présentation en ligne= http://www.armand-colin.com/corruption-et-politique-rien-de-nouveau-9782200248604}}.


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* [[Affaire Banier-Bettencourt]]
* [[élite#Rapports entre élites et démocratie|Les rapports entre élites et démocratie]], thème repris par [[Marcel Gauchet]] dans un article en marge de l'affaire ''([[Le Monde]] du dimanche {{date-|18 juillet 2010}}, page 8)''.


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* [http://www.rue89.com/entretien/2010/07/04/affaire-woerth-comment-on-se-rend-service-dans-le-gotha-157378 « Affaire Woerth : comment on se rend service dans le gotha »], entretien avec les sociologues [[Monique Pinçon-Charlot]] et [[Michel Pinçon]], ''[[Rue89]]'', {{date|4|juillet|2010}}.
* [http://www.rue89.com/entretien/2010/07/04/affaire-woerth-comment-on-se-rend-service-dans-le-gotha-157378 « Affaire Woerth : comment on se rend service dans le gotha »], entretien avec les sociologues [[Monique Pinçon-Charlot]] et [[Michel Pinçon]], ''[[Rue89]]'', {{date|4|juillet|2010}}
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* [http://www.tsr.ch/video/info/journal-19h30/2439011-le-regard-de-jacob-berger-sur-l-affaire-bettencourt.html#id=2439011 Journal Télévisé de la TSR], l'[[Affaire Bettencourt]] vue par la [[Télévision suisse romande|TSR]]
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L'affaire Woerth-Bettencourt est une affaire politico-financière, impliquant principalement l'homme politique Éric Woerth, trésorier de l'UMP jusqu'en 2007, et la milliardaire Liliane Bettencourt.

Elle est rendue publique le lorsque Mediapart et le journaliste Hervé Gattegno publient des enregistrements de la milliardaire Liliane Bettencourt, première actionnaire de L'Oréal. Ces enregistrements, réalisés clandestinement par son majordome, mettent en lumière de possibles conflits d'intérêts entre Liliane Bettencourt et Éric Woerth, via son épouse Florence Woerth. Auditionnée par la justice, l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, évoque également l'existence d'un possible financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy.

Cette affaire met en lumière des pratiques intenses de fraude fiscale et d'évasion fiscale. La milliardaire Liliane Bettencourt aurait près de 100 millions d'euros cachés sur 12 comptes situés dans des banques en Suisse[1].

Les différentes poursuites et procédures judiciaires qui s'ensuivent durent près de 10 ans. Françoise Bettencourt Meyers, sa comptable Claire Thibout et Nicolas Sarkozy bénéficient en 2013 d'un non-lieu alors que Éric Woerth, en tant que trésorier de l'UMP, est renvoyé en correctionnelle. Il est finalement relaxé en 2015.

Dans l'affaire Banier-Bettencourt, volet distinct relatif à l'abus de faiblesse de la milliardaire âgée par son entourage, les principaux protagonistes sont condamnés.

L'affaire Woerth-Bettencourt débute en marge du conflit juridique opposant Françoise Bettencourt-Meyers, fille de Liliane Bettencourt, au photographe François-Marie Banier pour « abus de faiblesse ». Elle est révélée deux mois après qu'Éric Woerth ait été chargé de la réforme des retraites en France en 2010.

Divulgation des enregistrements pirates

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Contenu des enregistrements

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L'île d'Arros (en bas à gauche) dans les Seychelles, dont on pense qu'elle appartient à Liliane Bettencourt.

Les enregistrements ont été effectués en 2009 et 2010 par Pascal Bonnefoy, majordome de Liliane Bettencourt, au domicile de cette dernière. Ils ont été réalisés grâce à un dictaphone-espion placé sur une desserte, caché sous une feutrine, au premier étage de l'hôtel particulier de Liliane Bettencourt, à Neuilly-sur-Seine[2].

Ces enregistrements révèlent de nombreuses informations, et notamment que de nombreux actifs de Liliane Bettencourt pourraient échapper au fisc[3] ; il est question de deux comptes en Suisse, et de l'île d'Arros, aux Seychelles, que Liliane Bettencourt aurait achetée en 1999[4]. Un extrait de l'enregistrement mentionne une conversation entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune[Note 1], Patrice de Maistre, où ce dernier déclare qu'« il faut qu'[ils arrangent] les choses avec [les] comptes en Suisse » et qu'« il ne faut pas [qu'ils se fassent] prendre avant Noël »[3].

Ces enregistrements mettent également en lumière les liens entre Liliane Bettencourt et la famille Woerth : Florence Woerth, épouse d'Éric Woerth (ministre du Budget et trésorier de l'UMP à la date des enregistrements), est en effet directrice des investissements de Clymène, société gérant la fortune de madame Bettencourt, domiciliée a Neuilly-sur-Seine. Les conversations enregistrées entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre laissent supposer qu'Éric Woerth aurait facilité l'acquisition d'un bâtiment de l'hôtel de la Monnaie en vue de construire un auditorium André-Bettencourt au sein de l'Institut de France[5].

Toujours selon les enregistrements, Patrice de Maistre assure avoir embauché Florence Woerth au sein de Clymène à la demande de son mari et « aurait fait accepter à Liliane Bettencourt un versement d'argent pour Éric Woerth mais aussi pour Valérie Pécresse et pour Nicolas Sarkozy »[6], lors de la campagne pour les élections régionales de mars 2010, d'un montant de 7 500 [Note 2]. La presse s'interrogera ainsi sur la transparence de l'activité de l'Association de soutien à l'action d'Éric Woerth, micro-parti politique déclaré à la sous-préfecture de Senlis (Oise), à laquelle auraient pu être versés les 7 500 [7],[8]. Selon Le Monde, « construire et maintenir de bonnes relations avec […] le ministre chargé du budget et de la lutte contre l'évasion fiscale [étaient] le cœur de la stratégie de Patrice de Maistre »[5].

Enfin, dans les enregistrements, Patrice de Maistre apprend à Lilanne Bettencourt le que, selon Patrick Ouart, alors conseiller juridique auprès de Nicolas Sarkozy, la demande de Françoise Meyers-Bettencourt sera déclarée irrecevable en par le procureur Philippe Courroye[9].

Ces enregistrements ont confirmé des éléments sur les libéralités de la milliardaire avancés dès 2008 par Hervé Gattegno, ainsi que l'implication de l’entourage de Lilanne Bettencourt[10].

Réactions des personnes impliquées

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Liliane Bettencourt porte plainte le concernant l'enregistrement clandestin, pour atteinte à la vie privée, vol et faux témoignages[11].

Par ailleurs, elle annonce dans un communiqué du qu'elle s'est résolue à procéder, en collaboration avec l'administration fiscale française, « à la régularisation de l'ensemble des avoirs familiaux qui seraient encore aujourd'hui à l'étranger », et notamment un compte en Suisse qu'elle a « transféré sur un contrat d'assurance vie au bénéfice d'un de [ses] petits-fils »[12],[13].

Quant à Patrice de Maistre, dans un entretien accordé au magazine Challenges à propos des deux comptes en Suisse, il affirme ne « jamais avoir eu accès direct à l'un des deux » et n'avoir « découvert [l']existence [du second] qu'en novembre dernier ». Il n'aurait cependant pas rapatrié l'argent de ce second compte en France faute de temps dans son emploi du temps[14].

Éric Woerth dans « la tourmente »

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Conflit d'intérêts reproché à Éric Woerth

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Éric Woerth, ministre du Budget entre mai 2007 et mars 2010.

Après la divulgation des enregistrements, et à la suite des déclarations du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, le , où il affirme avoir alerté l'administration fiscale en sur de possibles fraudes de Liliane Bettencourt, plusieurs élus PS se sont interrogés sur l'éventuelle connaissance d'Éric Woerth (ou de sa femme) de la fraude fiscale. D'autant que ce dernier menait, entre 2009 et 2010, en tant que ministre du Budget, « une chasse publique aux fraudeurs fiscaux »[15],[16].

Éric Woerth affirme quant à lui depuis le ne jamais avoir reçu d'argent de Liliane Bettencourt[17] ni avoir eu connaissance du dossier fiscal de Liliane Bettencourt, en ajoutant que « c'est l'administration fiscale qui a connaissance des dossiers fiscaux »[15]. Florence Woerth, pour sa part, affirme avoir appris l'existence de la fraude fiscale « par la presse »[18].

Toujours le , de nouvelles suspicions sont portées à l'égard d'Éric Woerth à la suite de la publication d'un communiqué par son cabinet au ministère du Travail expliquant que « c'est sous son autorité qu'a été lancé un contrôle fiscal sur Monsieur Banier », sans néanmoins en préciser la date[15],[16]. La question de savoir pourquoi une procédure identique n'a pas été engagée à l'encontre de Liliane Bettencourt s'est alors posée[Note 3], soulevant l'éventualité d'une prise illégale d'intérêts si Éric Woerth est intervenu d'une quelconque manière pour empêcher un éventuel contrôle fiscal concernant Liliane Bettencourt[15].

En plus du potentiel conflit lié à l'emploi de son épouse, Éric Woerth est également attaqué pour avoir cumulé la fonction de Ministre du Budget et celle de trésorier de l'UMP. Bien avant que l'affaire n'éclate, des députés s'étaient déjà interrogés sur les possibles conflits d'intérêts suscités par cette double casquette. Le , à la question du député PS Christian Eckert sur ce sujet, Éric Woerth a répondu que c'était une question stupide[19].

Sur les conseils de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth annonce le qu'il démissionnera le de son poste de trésorier de l'UMP[20]. Le président annonce de plus la création d'une commission multipartite pour éviter les conflits d'intérêts[21]. Les réactions au sein des partis concernés, notamment au Parti socialiste, sont réservées, Benoît Hamon déclarant que « quand on veut enterrer un dossier, on crée une commission »[22].

Dans une interview réalisée à Chantilly par l'hebdomadaire Oise-Hebdo[Note 4], Éric Woerth précise sa vision sur l'origine des accusations dont il fait l'objet ; « Il y a des intérêts suisses auxquels j'ai fait très, très mal. Des gens qui m'ont mis au premier rang des hommes à abattre en priorité »[23]. Il est persuadé que sa politique de lutte contre l'évasion fiscale, lorsqu'il était ministre du budget, est à l'origine, pour partie, de sa mise en cause. Il s'en prend aussi à la presse : « Ce que je comprends le moins, c'est que la presse me tape dessus en permanence dès qu'il est question d'évasion fiscale… Déjà l'an dernier quand j'ai sorti les listes d'évadés fiscaux, tout ce qu'on a trouvé à dire, c'est que je n'avais pas le droit, que ce que je faisais était illégal »[23]. Il précise enfin les motivations qui avaient poussé son épouse à travailler pour le cabinet chargé de l'optimisation fiscale de la fortune Bettencourt : « entre nous, nous avions trouvé plus sûr que ma femme travaille pour une grande fortune française, établie dans ce pays depuis plus de quarante ans, que de travailler pour une banque. Et puis c'était l'Oréal, pas un oligarque russe »[23].

Entre soutien et mise en cause

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Au moment où Éric Woerth, ministre du Travail, est chargé du difficile dossier de la réforme des retraites, et que la presse révèle qu'un chèque de 30 millions d'euros a été adressé par le fisc en 2009 à Liliane Bettencourt au titre du controversé bouclier fiscal[24], l'affaire Woerth-Bettencourt suscite de nombreuses réactions autour de son statut au sein du gouvernement.

La majorité défend le ministre, en déplorant la « calomnie » (Nicolas Sarkozy) et la « chasse à l'homme » (François Fillon) dont il serait victime. Lors des questions au gouvernement, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, a rappelé le principe de la présomption d'innocence, tandis que François Baroin a accusé les députés socialistes de « faire le jeu de l'extrême-droite »[25]. Le député PS Julien Dray a déclaré comprendre « la souffrance » du ministre du Travail, ayant vécu lui aussi « une charge médiatique forte »[26].

Plusieurs personnalités de l'opposition — Eva Joly (Europe Écologie), Olivier Besancenot (NPA) —, mais aussi de droite — Alain Madelin, Nicolas Perruchot (Nouveau Centre), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) —, ont estimé qu'Éric Woerth devait démissionner[27]. Arnaud Montebourg (PS) a d'ailleurs accusé Éric Woerth de collusion[28]. Benoît Hamon, porte-parole du PS, a estimé le que le ministre du Travail n'avait plus la légitimité d'exercer ses fonctions[29]. François Hollande, ancien premier secrétaire du PS, tout en rappelant la « présomption d'innocence », a lui demandé que la lumière soit faite, que les enquêtes se poursuivent et ajoute qu'il « ne [sait] pas si Éric Woerth pourra continuer » à occuper ses fonctions « dès lors que des enquêtes judiciaires vont avoir lieu »[30].

Rapport de l'Inspection générale des finances

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Le ministre du Budget François Baroin annonce le avoir saisi l'Inspection générale des finances (IGF), dans le but d'établir l'éventuel rôle joué par Éric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt et d'organiser « les contrôles à l'intérieur des dispositifs de l'administration fiscale pour mettre tout sur la place publique »[31]. Nicolas Sarkozy se dit « assez confiant » sur le fait que l'IGF « ne trouvera pas de faute » imputable au ministre du Travail[32].

Avant même la remise du rapport d'enquête, cette mission se voit contestée, y compris au sein de l'administration fiscale, de par les conditions dans lesquelles elle serait menée ; en effet, François Baroin n'a pas déposé la requête proprement dit à l'IGF, comme il est d'usage, mais à son chef, Jean Bassères[33] qui a été nommé à cette fonction par Éric Woerth[34],[35]. Selon un ancien chef, l'« IGF n'a pas travaillé selon les méthodes habituelles, collectives, contradictoires et inquisitoriales » et « [il est] rarissime, et sans doute inapproprié de travailler seul sur une affaire de cette importance »[33]. Un autre expert de l'IGF souligne qu'il n'est pas possible d'établir la vérité dans des délais aussi courts[33].

Lors de la publication du rapport de douze pages[36], le , Jean Bassères et trois de ses subordonnés concluent que « M. Éric Woerth, durant la période où il était ministre du Budget, n'est pas intervenu auprès des services placés sous son autorité pour demander, empêcher ou orienter une décision ou un contrôle portant sur Mme Bettencourt, MM. Banier et de Maistre, ainsi que sur les sociétés Téthys et Clymène ». Ils concluent également que « les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de M. Banier » — dont Éric Woerth a reconnu avoir été informé par ses services[37] — « n'étaient pas de nature à conduire l'administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de Mme Bettencourt »[38]. Le rapport note néanmoins qu'« il conviendrait de s'interroger [sur l'existence] au sein du cabinet du ministre d'une équipe dédiée au traitement de situations fiscales individuelles [qui] nourrit la suspicion » et fait par ailleurs état d'une intervention de Patrice de Maistre auprès d'Éric Woerth sur la situation d'un contribuable auquel Patrice de Maistre est associé tout en restant toutefois silencieux sur son identité[39].

Si, lors d'une allocution télévisée le , le président Nicolas Sarkozy indique qu'« avec le rapport extrêmement bien fouillé de l'IGF, [Éric Woerth] est lavé de tout soupçon »[40], certaines personnalités de l'opposition relativisent l'objectivité de celui-ci, le député socialiste Bruno Le Roux le qualifiant de « partiel et partial »[37]. Jean Bassères et trois autres inspecteurs des finances se sont en effet vu transmettre 6 247 dossiers à exploiter pendant une dizaine de jours[37]. Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi assure sur RTL que l'« IGF a travaillé de manière indépendante »[41],[42] en affirmant par ailleurs que l'« administration par essence est indépendante ». Or pour Daniel Lebègue, président de l'association Transparence Internationale France, au contraire « l'IGF opère sous l'autorité directe [du Ministère du Budget], elle ne dispose d'aucun des attributs d'une autorité d'enquête indépendante »[42]. Le Premier ministre François Fillon déclare que le président socialiste de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, peut à tout moment « vérifier la véracité de ce rapport, se faire produire tous les documents, toutes les pièces nécessaires »[43].

Espionnage des journalistes et « lapidation médiatique » ?

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L'affaire n'est pas interrompue par la trêve estivale. Dans un article du , Libération révèle qu'Éric Woerth est intervenu lors de la succession du sculpteur César[44]. « Le ministre avait certifié qu'il avait pour doctrine de ne pas intervenir dans les contrôles fiscaux, et son courrier, que nous publions ici, prouve exactement l'inverse : il est intervenu. » Le journal révèle par ailleurs qu'Alain-Dominique Perrin, exécuteur testamentaire du sculpteur César, est un riche donateur de l'UMP[45]. Le ministre du Travail affirme qu'il a agi en toute légalité, ne faisant qu'appliquer des propositions de l'administration fiscale, tandis qu'Alain-Dominique Perrin affirme que la lettre n'a pas été retranscrite dans son intégralité[46]. L'ancien ministre socialiste Jack Lang précise que la décision d'Éric Woerth « était légitime, et ses prédécesseurs de droite comme de gauche ont été appelés à rendre des décisions semblables en toute équité »[47].

Éric Woerth affirme le au Parisien être l'objet d'une « chasse à l'homme » et d'une « lapidation médiatique » analogue à celle subie par Georges Pompidou en 1968 lors de l'affaire Markovic[48]. Certains observateurs, y compris non partisans tels que l'avocat général Philippe Bilger, regrettent que l'enquête sur les actes d'Éric Woerth ne soit pas encadrée par une information judiciaire en bonne et due forme[49].

De fait, les révélations médiatiques s'accélèrent. Le , le site internet de L'Express annonce qu'une lettre adressée place Beauvau au début du mois de et signée de la main d'Éric Woerth, alors trésorier de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, a été retrouvée mi-août par les enquêteurs de la Brigade financière lors d'une perquisition. Dans ce courrier, Éric Woerth intervient auprès de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, afin de lui demander d'attribuer la Légion d'honneur à Patrice de Maistre[50]. Interrogé par des journalistes sur l'existence de cette lettre, Éric Woerth déclare, le  : « Je n'ai jamais dit qu'elle n'avait pas existé » et assure n'avoir « menti sur rien, à qui que ce soit »[51]. Le cabinet d'Éric Woerth avait affirmé au Nouvel Observateur en que le ministre « a remis la décoration à Maistre, mais ne l'a pas proposée »[52]. Le , Le Journal du dimanche révèle, de source policière, l'existence de deux lettres de remerciements envoyés par Patrice de Maistre au ministre. L'une, datée de , précède d'un mois l'annonce de la promotion des légions d'honneur et le remercie de son soutien, tandis qu'il demande au ministre de lui remettre personnellement la décoration dans la seconde[53]. Éric Woerth avait affirmé en « connaître peu » Patrice de Maistre[53].

L'affaire a donné lieu à un viol du principe de protection des sources d'information des journalistes en droit français. Le directeur de Médiapart Edwy Plenel a affirmé en novembre 2010 que Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, ses deux journalistes chargés des affaires Karachi et Bettencourt, ont eu droit, selon des sources recoupées, « au même traitement que leur confrère du Monde, Gérard Davet, ou que la juge d'instruction de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, dont les « fadettes » (factures détaillées) des téléphones portables ont été explorées par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) »[54].

Départ du gouvernement

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Quatre jours après la promulgation par Nicolas Sarkozy de la loi portant réforme des retraites, Éric Woerth est remplacé le par Xavier Bertrand dans le gouvernement Fillon III. Plusieurs journalistes estiment que l'affaire est la cause de son départ[55],[56],[57].

Enquêtes menées à Nanterre sur les délits financiers potentiels

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Ouverture d'enquêtes préliminaires

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À la suite de la publication des enregistrements, le parquet de Nanterre annonçait le qu'il pourrait poursuivre son enquête préliminaire — initialement menée pour faits d'atteinte à la vie privée — et investiguer sur les liens entre la famille Bettencourt et le couple Woerth. Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, faisait ainsi part, dans un rapport destiné à sa hiérarchie, qu'« il pourrait être envisageable […] de faire vérifier les éléments révélés dans [les] conversations »[58]. Selon Philippe Courroye, outre la possible fraude fiscale de Liliane Bettencourt, les enregistrements laissent planer le doute sur les « conditions d'embauche de Mme Florence Woerth » ou sur une éventuelle « question de blanchiment de fraude fiscale ainsi que de prise illégale d'intérêts », étant donné les versements d'argent à différentes personnalités politiques de droite allégués[58].

C'est également dans le cadre de cette enquête préliminaire que la direction centrale de la Police judiciaire a interrogé Claire Thibout, l'ex-comptable des époux Bettencourt. Celle-ci affirme notamment, sans néanmoins pouvoir étayer ses propos par des preuves matérielles, que Patrice de Maistre aurait remis 150 000 euros en liquide à Éric Woerth, en tant que trésorier de l'UMP, pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy[59]. Claire Thibout a également affirmé aux policiers que de l'argent liquide avait été remis à Nicolas Sarkozy lorsqu'il était maire de Neuilly-sur-Seine, ainsi qu'à d'autres personnalités et partis de droite, sans jamais avoir assisté à ces prétendues rencontres[60]. Les principaux intéressés ont contesté ces accusations[61],[62],[63].

À la date du , outre l'enquête pour faits d'atteinte à la vie privée, deux autres enquêtes préliminaires ont été ouvertes pour « les allégations de versement d'enveloppes d'argent à des hommes politiques » et pour « blanchiment de fraude fiscale »[64]. Une quatrième enquête est ouverte le pour « dénonciation calomnieuse » à la suite de la plainte contre X déposée le par Éric Woerth[65].

Rivalités au tribunal de Nanterre

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Après les déclarations de Claire Thibout, le Parti socialiste réclame d'urgence par la voix de Jean-Marc Ayrault, son président de groupe à l'Assemblée nationale, une commission d'enquête parlementaire[66] sur cette affaire politico-financière, que le gouvernement souhaiterait pourtant différer à l'automne[66]. Le PS demande également, par la voix de Martine Aubry, première secrétaire du parti, que la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, saisisse le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour que l'affaire Bettencourt soit « dépaysée dans un autre tribunal » que celui de Nanterre, cette affaire opposant le procureur Philippe Courroye — lui-même mis en cause dans les écoutes — à Isabelle Prévost-Desprez, présidente de la 15e chambre au TGI de Nanterre[67]. Cette chambre examine la citation directe pour abus de faiblesse déposée par Françoise Bettencourt-Meyers[Note 5].

Selon Le Point, « Philippe Courroye, qui n'a jamais caché sa proximité avec le président Nicolas Sarkozy, est un magistrat contesté dans la profession »[67] et s'oppose régulièrement, depuis plusieurs mois, à Mme Prévost-Desprez « sur de nombreux dossiers au sein de leur juridiction »[67], et notamment sur la procédure judiciaire opposant Françoise Bettencourt-Meyers à François-Marie Banier. Mme Prévost-Desprez a déclaré sa formation compétente pour expertiser les écoutes, alors que le parquet de Nanterre avait déjà ouvert une enquête pour atteinte à la vie privée concernant les enregistrements pirates. Le Monde qualifie même de « guerre d'ego »[58] leur opposition ; Mme Prévost-Desprez semble « se poser un peu plus en défenseure des juges d'instruction[58],[Note 6] » tandis que Philippe Courroye aime « à prouver son indépendance de pensée[58] ».

Le , Philippe Courroye refuse de transmettre à Isabelle Prévost-Deprez les retranscriptions des enregistrements clandestins[68]. Lors d'un entretien au Figaro, le magistrat n'a pas souhaité s'exprimer sur les raisons de son refus[69].

Le , la cour d'appel de Versailles autorise Isabelle Prévost-Deprez à poursuivre ses investigations en confirmant la décision prise par le tribunal de Nanterre de mener un supplément d'enquête[70]. Dix jours plus tard, la Cour de cassation rejette le pourvoi de Me Georges Kiejman, ce qui oblige Philippe Courroye à transmettre toutes les pièces du dossier à la juge d'instruction[71].

Le , le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, estime qu'il faut « que les nombreuses investigations qui restent à effectuer soient accomplies » afin de juger s'il y a lieu de saisir la Cour de justice de la République[72]. Il recommande au procureur général de Versailles, Philippe Ingall-Montagnier, supérieur hiérarchique de Philippe Courroye, de charger un juge d'instruction de poursuivre les enquêtes à la place du procureur de Nanterre[72]. Jean-Louis Nadal a également demandé au procureur général près la cour d'appel de Paris des éléments concernant l'affaire de l'hippodrome de Compiègne[72]. Philippe Courroye, dont la qualité de l'enquête a été soulignée par Jean-Louis Nadal, a fait savoir qu'il comptait continuer à mener les investigations[73].

Témoignage de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt

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Le , à l'occasion d'un nouvel interrogatoire mené par la brigade financière à Nîmes[74], Claire Thibout, qui a été interceptée pendant ses vacances dans le sud de la France, revient sur certaines des accusations rapportées par Mediapart en affirmant que le site d'information a « romancé » une partie de ses propos, notamment concernant Nicolas Sarkozy lorsqu'il était maire de Neuilly-sur-Seine[75],[76].

Revenant sur ses premières déclarations, Claire Thibout reconnaît avoir pu se tromper de date et que les 50 000 euros retirés sur le compte des Bettencourt le n'ont pas été remis à Éric Woerth. Le Parisien et Libération indiquent que ce retrait a servi à de nombreux remboursements[77]. Elle maintient en revanche que Patrice de Maistre aurait bien remis 150 000 euros à Éric Woerth pour la campagne présidentielle de 2007[78]. Mediapart assure que les propos de Claire Thibout ont été retranscrits fidèlement en présence de témoins[79], conteste la nouvelle version de Claire Thibout[80] et publie, le , le verbatim de son interview[81]. La majorité réclame les enregistrements de son témoignage[82].

Le , Me Georges Kiejman, avocat de Liliane Bettencourt, s'interroge sur la crédibilité des déclarations de Claire Thibout, l'estimant « blessée d'avoir été licenciée », et affirme être en possession d'une photocopie de carnets prouvant que les retraits effectués étaient destinés aux dépenses courantes (médecins, amis, cuisiniers, etc.)[83]. Six jours plus tôt, Me Kiejman avait affirmé que les carnets n'avaient pas été remis à sa cliente[84] et avait accusé Claire Thibout de les avoir volés[85].

Selon Me Antoine Gillot, l'avocat de Claire Thibout, sa cliente « a été soumise ces derniers jours à un harcèlement du parquet, astreinte à une pression hallucinante, avec des interrogatoires permanents », et il souligne qu'il n'a pas accès au dossier « puisqu'il s'agit d'une enquête préliminaire, non contradictoire, placée sous le seul contrôle du procureur de Nanterre »[86]. Il affirme en outre que Claire Thibout « ne s'est pas du tout rétractée » mais a seulement « nuancé » ses propos et suspecte le ministère de l'Intérieur ou le parquet d'avoir fait fuiter de façon orientée les PV d'auditions de sa cliente afin de tenter de la discréditer[87]. Concernant le PV publié par Le Figaro, Christophe Jakubyszyn, directeur de la rédaction de RMC, affirme qu'il a été transmis au journal par Claude Guéant[88]. La société des journalistes du Figaro parle, à propos de celui-ci, de « PV tronqué, assorti d'un article non signé, qui participait à l'évidence de la stratégie de communication de l'Élysée »[89],[90].

Les affirmations de Claire Thibout concernant le versement d'argent à des personnalités politiques ont été confirmées le par Chantal Trovel, l'ancienne secrétaire d'André Bettencourt ainsi que par Pascal Bonnefoy, l'ancien majordome ayant réalisé les enregistrements clandestins[91]. Elles sont néanmoins contestées par un ancien maître d'hôtel, entendu par la brigade financière, qui affirme par ailleurs que Nicolas Sarkozy s'est rendu au domicile des Bettencourt « à deux ou trois reprises, toujours dans le cadre de déjeuners officiels […], avec la présence de 12 ou 15 personnes »[92]. Pour sa part, la baronne Eva Ameil[93],[94], amie proche de la sœur de Patrice de Maistre et ancienne gestionnaire du compte de Liliane Bettencourt à la BNP Paribas, dont la famille Bettencourt est toujours cliente, a contredit les affirmations de l'ex-comptable concernant la demande de dépassement de son « accréditif » (ou « accréditation »)[95].

Le , témoignant pour la première fois devant la juge Isabelle Prévost-Desprez, Claire Thibout renouvelle ses accusations, déclarant que de l'argent liquide était fréquemment distribué à des hommes politiques, dont Éric Woerth[96]. Le témoignage de Claire Thibout est contesté par Georges Kiejman, qui accuse la comptable, qui a reçu 400 000  de Françoise Bettencourt-Meyers lors de son licenciement, d'avoir être payée afin de « dire du mal » de la mère de celle-ci[97]. Par un courrier « confidentiel » en date du [98], révélé par Le Figaro le , Françoise Bettencourt-Meyers s'engage en effet à compléter l'indemnité de Claire Thibout à hauteur de 800 000 euros en cas de licenciement, et la remercie de lui avoir fait part d'informations qui « corroborent [ses] soupçons s'agissant notamment de l'attitude abusive de certaines personnes de l'entourage de Mme Bettencourt » et de l'engagement « de [lui] apporter, le moment venu, [son] concours[99] ».

L'avocat de Patrice de Maistre dénonce « les mensonges et les contrevérités assénés par Mme Thibout et son avocat », et pointe le fait que les carnets de l'ex-comptable indiquent qu'elle a effectué un retrait bancaire de 50 000 euros le , le jour même de la rencontre supposée entre Éric Woerth et Patrice de Maistre. Or, Claire Thibout affirme avoir remis l'enveloppe à Patrice de Maistre la veille[100].

Le , Claire Thibout est mise en examen pour faux témoignages, attestation mensongère et usage d'attestation mensongère dans le cadre d'une information judiciaire du juge Roger Le Loire[101].

Françoise Bettencourt Meyers est finalement mise en examen le pour subornation de témoin, notamment du fait d'un prêt de 300 000 euros accordé à Claire Thibout en [102].

En mai 2019, une ordonnance de non-lieu est rendue, mettant fin aux poursuites contre Claire Thibout et Françoise Bettencourt Meyers[103].

Perquisitions, auditions et gardes à vue

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Le , la brigade financière a perquisitionné au domicile de Patrice de Maistre et au siège social de la société Clymène[104]. La police a notamment saisi le dossier professionnel de Florence Woerth[64].

Le , Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Fabrice Goguel, ancien avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt, et Carlos Vejarano, le gérant de l'île d'Arros, sont placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête préliminaire concernant les soupçons de fraude fiscale[105].

Le , Le Monde divulgue des procès-verbaux d'audition de Patrice de Maistre, où celui-ci déclare avoir appelé Éric Woerth en 2006 à la demande d'André Bettencourt, qui souhaitait financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy : « Je l'ai [Éric Woerth] vu ensuite deux ou trois fois début 2007 parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite »[106].

Le domicile de Liliane Bettencourt à Neuilly-sur-Seine.

Le , Florence Woerth est auditionnée par les policiers de la brigade financière[107]. Antoine Beauquier, avocat de Florence Woerth affirme que « si les époux Woerth ont une obligation de vigilance, ils n'ont pas de conflit d'intérêts »[108].

Le , la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) auditionne Claire Thibout pour deux motifs. D'abord pour l'interroger au sujet d'une note présente dans l'agenda 2007 indiquant un rendez-vous avec un « monsieur X »[109]. Mais également pour qu'elle s'explique sur la révélation qu'elle a faite à la juge et non à eux sur la somme que lui a versée la fille de Liliane Bettencourt[109]. Il s'agit de la neuvième audition de l'ex-comptable[110].

Le , Liliane Bettencourt est entendue à son domicile par la brigade financière. Elle affirme ne pas se souvenir d'un rendez-vous avec sa comptable ou avec Éric Woerth au cours duquel elle aurait reçu ou remis de l'argent liquide[111].

Le , Éric Woerth est auditionné par les enquêteurs au Ministère du Travail et rejette toutes les accusations portées contre lui[112]. Contrairement à la première audition de Claire Thibout, dont les procès-verbaux auraient été communiqués au Monde et au Figaro par une source proche du secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant[113], les auditions de Liliane Bettencourt, Florence Woerth et Éric Woerth ne font l'objet d'aucune diffusion de procès-verbaux.

Le , Patrice de Maistre est de nouveau placé en garde à vue pendant quelques heures[114].

Le domicile de Liliane Bettencourt est perquisitionné le , pendant sept heures, dans le cadre d'une commission rogatoire délivrée par Isabelle Prévost-Desprez. La première actionnaire du groupe L'Oréal, en vacances en Espagne, s'est déclarée « outrée et choquée, blessée et triste de voir [sa] vie privée étalée et violée de nouveau » ; elle dénonce le comportement de la juge Prévost-Desprez et les conditions dans lesquelles a été menée cette perquisition pour laquelle elle avait donné son accord (les serrures de ses coffres ont été forcées et les chambres de ses salariés fouillées)[115].

Le , trois enquêteurs de la brigade financière se rendent au siège de l'UMP afin de consulter des archives, dans le cadre de l'enquête préliminaire portant sur les conditions d'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre[116]. La direction de l'UMP avait été prévenue de ce « transport d'enquêteurs sur place » 24 heures à l'avance[117], ce qui est autorisé, et assure que les enquêteurs « n'ont rien trouvé et n'ont emporté aucune pièce »[116].

Cambriolage du Monde, du Point et de Mediapart

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Au mois d', les locaux de trois journaux — Le Monde, Le Point et Mediapart — ont fait état d'un cambriolage : les ordinateurs portables des journalistes chargés de l'affaire Woerth-Bettencourt, Hervé Gattegno (Le Point) et Gérard Davet (Le Monde), ont été dérobés au siège du journal du premier et au domicile du second[118],[119]. Mediapart pour sa part indique la disparition des cédéroms contenant les écoutes illégales de Liliane Bettencourt[120],[119]. Le Monde porte plainte le en invoquant la violation du secret des sources[121].

Plaintes pour atteinte à la vie privée

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Enquête initiale

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À la suite de la plainte de Liliane Bettencourt, son ancien majordome, auteur des enregistrements, est placé en garde à vue pendant 48 heures tout comme l'informaticien qui a transféré les enregistrements sur CD-ROM[122]. François-Marie Banier porte également plainte pour atteinte à la vie privée[123]. Liliane Bettencourt, ainsi que Patrice de Maistre, ont également porté plainte en référé contre Mediapart pour la publication de ces enregistrements[124].

Affirmation d'un « intérêt général »

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Le Tribunal de Paris rejette, le , cette dernière plainte en estimant que les révélations faites par Mediapart relèvent « de la publication d'informations légitimes et intéressant l'intérêt général » et que vouloir ordonner le retrait des documents tirés des enregistrements clandestins réalisés chez Liliane Bettencourt « reviendrait à exercer une censure contraire à l'intérêt public, sauf à ce que soit contesté le sérieux de la reproduction des enregistrements — ce qui n'est pas le cas en l'espèce »[125],[126]. Cette décision de première instance est confirmée par la cour d'appel dans un arrêt le [127].

Cassation, condamnation et censure

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La première chambre civile de la Cour de cassation, dans un arrêt rendu le [128], casse l'arrêt du et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Versailles, dont le procureur général, Philippe Ingall-Montagnier, est mentionné par Patrick de Maistre comme étant « (quelqu'un qu')on connaît très, très bien » sur un enregistrement datant d' révélé par Mediapart[129].

Le , la cour d'appel de Versailles ordonne aux sites Mediapart et lepoint.fr (émanation de l'hebdomadaire Le Point), sous astreinte de 10 000 euros par jour et par infraction constatée[130],[131], de cesser sous huit jours « toute publication de tout ou partie de la retranscription des enregistrements illicites réalisés au domicile de Liliane Bettencourt » ainsi que « tout ou partie de ces enregistrements sur tous supports, électroniques, papier ou autre ». En réaction à cet arrêt du , un mouvement de diffusion des enregistrements et retranscription d'enregistrements commence : le site Arrêt sur images se déclare « prêt à héberger (en accès libre) les documents Bettencourt de Mediapart »[132], tandis que Pascal Riché, sur Rue89, conclut son propre article en indiquant que « Si les enregistrements censurés demandent l’asile politique à Rue89, ils seront les bienvenus ! »[133] et que, par ailleurs, dans une esquisse d'application de l'effet Streisand est mise en route une diffusion en pair à pair, via le protocole BitTorrent, des contenus sonores et textuels interdits de publication par la justice[134].

Poursuivis sur le plan pénal pour la publication de ces enregistrements, les journalistes de Mediapart et du Point sont relaxés en septembre 2017 par la cour d’appel de Bordeaux[135].

Mediapart avait par la suite saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) contre la décision de la cour d'appel de Versailles. En janvier 2021, la Cour européenne des droits de l'homme juge que la publication des enregistrements de Liliane Bettencourt par Mediapart était bien illégale. Selon la CEDH, les journalistes de Mediapart « n’ignoraient pas que la divulgation des enregistrements réalisés à l’insu de Mme Bettencourt constituait un délit, ce qui devait les conduire à faire preuve de prudence et de précaution, indépendamment du fait qu’ils auraient agi en vue, entre autres, de dénoncer l’abus de faiblesse dont était victime Mme Bettencourt ». La Cour estime que la liberté de recevoir et communiquer des informations devait s’effacer devant le droit à la vie privée de Mme Bettencourt[135].

Des médias mis en cause par l'UMP et par Nicolas Sarkozy

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Edwy Plenel, le directeur de publication de Mediapart.

Le , Xavier Bertrand dénonce les « méthodes fascistes » de Mediapart[136],[Note 7]. Faisant allusion aux écoutes dont Edwy Plenel avait fait l'objet dans les années 1980, Nicolas Sarkozy accuse le directeur de publication de Mediapart de « s'être drapé dans le rôle de martyr des écoutes de Mitterrand et, maintenant, il les utilise sans réserve éthique ni méthodologique »[137].

Après que l'ex-comptable de Liliane Bettencourt eut accusé Mediapart d'avoir « romancé » une partie de ses propos, Laurent Wauquiez déclare : « Mediapart n'a pas pratiqué un journalisme d'investigation mais de calomnie. Il n'y a pas eu de confrontation des sources ni de vérifications. Il y a eu une manipulation des propos, et visiblement, la démarche n'était pas une recherche de la vérité, mais une volonté de déformer[82]. » Nadine Morano dénonce quant à elle « une opération [consistant] à renflouer les caisses de Mediapart parce qu'ils ne sont pas à l'équilibre financier »[138].

Pour le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil), « les attaques lancées contre les informations du site Mediapart, accusé de colporter des ragots et des rumeurs par le seul fait qu'il est diffusé sur l'internet, sont donc irresponsables, et montrent une méconnaissance totale du statut de la presse en ligne »[139]. Le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) parle quant à lui dans un communiqué d'« agressions [qui] tentent à discréditer notre profession en nous faisant passer pour des irresponsables, colporteurs de ragots, bien loin de la réalité d'une profession organisée et parfaitement responsable »[140].

Selon l'hebdomadaire Marianne et le journal Le Figaro, la mise en cause de Mediapart fait partie de la stratégie de défense adoptée par l'Élysée[141],[142].

Le , Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, annonce son intention de porter plainte contre Mediapart pour « diffamation par voie de citation directe », à la suite des révélations l'accusant avec Nicolas Sarkozy, de superviser eux-mêmes l'espionnage de journalistes chargés de dossiers sensibles. En réponse, Edwy Plenel déclare que « si Claude Guéant maintient cette décision », ça allait être « une superbe occasion d'un procès où la liberté de l'information mettra en évidence la part d'ombre de cette présidence »[143]. Le , Claude Guéant dépose plainte et ce pour la « première fois de [sa] vie », devant la dix-septième chambre du tribunal de grande instance de Paris, spécialisée dans les affaires de presse[144].

La plainte est instruite, et un procès devait se tenir en devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, mais, le , Claude Guéant retire sa plainte. Mediapart avait l'intention de citer une trentaine de témoins lors du procès, dont le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, qui toutefois ne peut être contraint à témoigner[145].

Le Canard enchaîné

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Le , Bernard Squarcini, directeur du Renseignement intérieur, a également déposé plainte pour diffamation mais contre Le Canard enchaîné. À la suite d'un article paru le 3 novembre, le journal indiquait que Nicolas Sarkozy lui aurait personnellement demandé de « surveiller des journalistes gênants pour le pouvoir »[146]. Des accusations aussitôt démenties par l'Élysée et par Squarcini mais confirmées par l'hebdomadaire satirique[147].

Violations du secret des sources d'information des journalistes et du secret de l'enquête

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Le principe de protection des sources d'information des journalistes a été rudoyé durant toute l'enquête. Début , Fabrice Goguel, ex-avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt, porte plainte pour « violation du secret de l'enquête ». Le parquet de Paris charge l'IGS de mener une enquête[148].

Le , Le Monde porte plainte contre X pour « violation du principe de protection des sources d'information des journalistes »[149]. Le journal affirme que l'Élysée a utilisé la DCRI afin de localiser une des « sources » de Gérard Davet, journaliste travaillant au Monde sur l'affaire Woerth. L'Élysée nie avoir commandité une enquête[150]. Le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, reconnaît l'existence d'un « éclairage DCRI »[148]. Les « vérifications téléphoniques » auraient permis d'identifier « une taupe » au sein du ministère de la Justice, ce que les services de ce dernier démentent d'abord[151]. Pourtant, le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, confirme que ses services ont mené une enquête qui a conduit à identifier « un haut fonctionnaire, membre d'un cabinet ministériel » comme étant la source des fuites, ce qui a conduit la DCRI à saisir le parquet de Paris le , « uniquement à [sa] demande »[152]. Il affirme en outre que la DGPN a agi « dans le cadre de sa mission de protection de la sécurité des institutions » et après consultation d'une « personnalité qualifiée » désignée par le président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS)[152]. Cette version et la légalité de la demande sont rapidement démenties par le délégué général de la CNCIS[153].

Le , le ministère de la Justice indique que David Sénat, le magistrat explicitement désigné comme étant la taupe, par les médias autres que Le Monde[154], a été déchargé début septembre de ses fonctions pour prendre en charge « une mission de préfiguration du tribunal d'appel de Cayenne »[155]. Selon LCI, lors d'une perquisition au domicile de David Sénat concernant une autre enquête judiciaire, les enquêteurs auraient trouvés « des rapports et des copies de rapports portant sur l'affaire Bettencourt et qui correspondraient aux éléments transmis à la presse »[156].

Le , Le Monde révèle que le procureur Courroye a transmis à Philippe Ingall-Montagnier des éléments pouvant entraîner le dessaisissement du juge Prévost-Deprez pour « violation du secret de l'enquête »[157] ou « violation du secret professionnel »[158] selon les sources. À la suite de la plainte déposée par Georges Kiejman au sujet d'un article Monde sur une perquisition chez Liliane Bettencourt[157], Philippe Courroye affirme que l'IGS a découvert des échanges de SMS entre Isabelle Prévost-Deprez et deux journalistes du quotidien avant la publication de l'article, en étudiant les relevés téléphoniques de ces derniers[157]. Les journalistes et leur directeur annoncent une nouvelle fois leur intention de porter plainte[159]. Ils affirment que le procureur a violé l'article 77-1-1 du code de procédure pénale[160] en ne demandant pas leur autorisation avant de procéder à ces vérifications[159],[161]. Selon Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats, cette nouvelle mise en cause de la juge Prévost-Desprez est « procéduralement très douteuse et ressemble à une manipulation. C'est une nouvelle tentative de déstabilisation, une forme de pression »[162].

Début , la cour d'appel de Bordeaux, chargée des différents dossiers de l'affaire après leur dépaysement du tribunal de Nanterre, invalide l'enquête du procureur Courroye sur la juge Prévost-Desprez. La Cour estime notamment que la consultation des factures détaillées des journalistes du Monde était illégale[163].

Les deux plaintes initialement déposées par Le Monde en septembre et octobre 2010 auprès du parquet de Paris ayant été classées sans suite par ce dernier en , deux nouvelles plaintes avec constitution de partie civile sont déposées auprès du tribunal de Paris. L'instruction en a été confiée à la juge Sylvia Zimmermann. Le , dans plusieurs de ses articles[164],[165], ainsi que dans son éditorial « Liberté de la presse et mensonge d'État »[166], Le Monde indique que la juge a obtenu la preuve que, le , un commissaire divisionnaire de la DCRI est intervenu auprès de l'opérateur Orange pour obtenir les factures téléphoniques détaillées liées de Gérard Davet. Le Monde souligne que « Ce faisant, les services secrets ont violé la loi du sur la protection des sources d'information des journalistes interdisant de porter « atteinte, directement ou indirectement, au secret des sources » »[167].

Le , Philippe Courroye, ainsi que son adjointe, Marie-Christine Daubigney, sont convoqués par la juge d'instruction Sylvia Zimmermann pour être mis en examen pour « atteinte au secret des correspondances par personne dépositaire de l'autorité publique » et « collecte de données à caractère personnel par moyen frauduleux, déloyal ou illicite »[168]. L'avocat de Marie-Christine Daubigney présente une demande en nullité de procédure[169]. Philippe Courroye conteste la validité de la convocation, en rappelant également que la violation du secret des sources «n'est pas assortie de sanctions pénales», et affirmant que «la malveillance est manifeste» et qu'on veut lui barrer la route d'un autre poste, celui de procureur de Paris[170]. Le , Sylvia Zimmermann fait savoir que «l'interrogatoire de M. Philippe Courroye est reporté à une date ultérieure»[171]. Le , lors du Congrès de l'Union syndicale des magistrats, en présence du Garde des Sceaux Michel Mercier, Christophe Régnard défend Isabelle Prévost-Desprez et prononce un discours d'une rare virulence contre Philippe Courroye[172]. Le , Michel Mercier propose la candidature de son directeur de cabinet François Molins au poste de procureur de Paris[173].

Le , Bernard Squarcini est entendu puis mis en examen par Sylvia Zimmermann, ce qui provoque de nombreuses réactions politiques, notamment de Claude Guéant excluant la démission ou la suspension du directeur du DCRI[174]. Cette mise en examen sera en partie annulée par la cour d'appel de Paris en [175]. Le , Frédéric Péchenard se rend à son tour à la convocation de Sylvia Zimmermann. Il affirme avoir demandé l'enquête à la DCRI « de son propre chef » en « partant du principe que l'enquête sera[it] faite de manière légale ». Il n'est pas mis en examen[176].

Le , la Cour de cassation, confirmant un arrêt rendu en mai par la cour d'appel de Bordeaux, déclare illégales les réquisitions de Philippe Courroye demandant à la police l'examen des factures détaillées[177]. La Cour estime que « L'atteinte portée au secret des sources n'était pas justifiée par l'existence d'un impératif prépondérant d'intérêt public et la mesure n'était pas strictement nécessaire et proportionnée au but légitime poursuivi ». L'enquête sur les sources du Monde est donc invalidée. Philippe Courroye et Marie-Christine Daubigney sont convoqués par Sylvia Zimmermann le et mis en examen ; ils contestent fermement cette mise en examen[178]. Le , le procureur général de Paris François Falletti, ancien supérieur de Philippe Courroye au parquet général de Lyon en 1996-1998, estime que les charges « ne sont pas constituées juridiquement », et requiert l'annulation de la mise en examen. Le parquet général, dont dépendent hierarchiquement François Falletti et Philippe Courroye, et lui-même sous la dépendance hiérarchique du pouvoir exécutif, parle d'analyse « strictement technique »[179]. Le , la cour d'appel de Paris annule les mises en examen du procureur Courroye et de Marie-Christine Daubigney[180], selon l'article 6-1 du code de procédure pénale qui stipule que «l'action publique ne peut être exercée que si le caractère illégal (d'une) poursuite ou de l'acte accompli à cette occasion a été constaté par une décision devenue définitive de la juridiction répressive saisie»[181], «alors que (selon la cour d'appel) à la date du versement de consignation (pour plainte par Le Monde), le caractère illégal des actes incriminés n'avait pas été constaté par une décision devenue définitive de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux». Le Monde se pourvoit en cassation[182], mais la Cour de cassation rejette, le , la demande de maintien de la mise en examen initiale. Le Monde indique que sa plainte reste valide, mais que Philippe Courroye « devrait ainsi gagner près d'un an avant une nouvelle mise en examen »[183].

Dépaysement des enquêtes sur les délits potentiels à Bordeaux

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Dépaysement de Nanterre à Bordeaux

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Le , à la demande du procureur général de Versailles Philippe Ingall-Montagnier[184], Philippe Courroye annonce sur Europe 1 qu'une information judiciaire[Note 8] allait être ouverte. Ce dernier explique qu'il va « prendre un réquisitoire introductif qui va entraîner la saisine d'un ou plusieurs juges d'instruction au tribunal de Nanterre, à qui va être confiée provisoirement cette affaire, en attendant que la Cour de cassation statue sur un éventuel dessaisissement »[185]. Cette procédure est le préalable au dépaysement de l'affaire dans un autre tribunal. Le procureur Courroye précise avoir mené une enquête « modèle », ses investigations ayant nécessité la mobilisation de soixante-dix enquêteurs, la réalisation de trente-sept perquisitions et transports, la confection de plus de neuf cent cinquante procès-verbaux et trois cent cinquante-trois scellés[186].

Le , la Cour de cassation transfère l'ensemble des dossiers au tribunal de Bordeaux[187]. L'avocat général avait requis un dépaysement plus proche, au tribunal de Paris[187]. Les procédures concernées sont l'abus de faiblesse (affaire Banier-Bettencourt), la violation du secret professionnel imputée à Isabelle Prévost-Desprez et l'information judiciaire ouverte par Philippe Courroye[188].

L'information judiciaire est composée de quatre volets, correspondants aux quatre enquêtes préliminaires menées par le parquet de Nanterre :

Début , les domiciles d'Éric Woerth et de Patrick Ouart sont perquisitionnés et la police auditionne ce dernier[189].

Le début de l'année 2012 est marqué par plusieurs mises en examen dans les différents volets de l'affaire.

Atteinte à la vie privée

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Pascal Bonnefoy, les journalistes Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme, Hervé Gattegno et les directeurs des rédactions - à l'époque des faits - de Mediapart et du Point Edwy Plenel et Franz-Olivier Giesbert ont été mis en examen et poursuivis pour atteinte à l'intimité de la vie privée[190]. Ils ont été finalement relaxés, le , par un jugement du tribunal correctionnel de Bordeaux[191].

Financement illégal supposé de la campagne présidentielle de 2007

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Éric Woerth est mis en examen pour trafic d'influence passif le [192], puis pour recel de financement illicite de parti politique le lendemain[193]. Le juge Jean-Michel Gentil, qui instruit au tribunal de grande instance de Bordeaux les principaux volets de l'affaire Bettencourt, soupçonne un financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy[194].

Selon une ordonnance du , deux retraits d'espèces de 400 000 euros chacun auraient été effectués par l'intermédiaire du gestionnaire de fortune. Le premier est intervenu le , soit deux jours avant un rendez-vous entre Patrice de Maistre (l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt) et Éric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy[194]. Le deuxième a lieu le , le même jour que la mention par François-Marie Banier d'une conversation de Liliane Bettencourt qui lui aurait confié : « De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent. J'ai dit oui. »[195]. Ces deux retraits bancaires sont effectués en Suisse au premier semestre 2007. Le transfert de l'argent en France ne se faisait pas par virement bancaire mais grâce à un système de « compensation » bancaire[196]. Ce système permettant de ne pas attirer l'attention du fisc existait depuis 40 ans dans la famille Bettencourt[197]. Les sommes proviendraient d'une société domiciliée au Panama, un paradis fiscal, et auraient été prélevées sur un compte, « Noblesse », ouvert à la banque Hyposwiss au nom d'une société écran panaméenne, Noblesse trading Inc[198] dont le directeur, Me René Merkt, fut pendant plus de trente ans l'avocat d'affaires en Suisse de la famille Bettencourt. Ces fonds venus de l'étranger s'ajoutaient aux retraits en liquide, déjà connus, que l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, effectuait régulièrement sur les comptes que la famille possédait en France[199].

Patrice de Maistre admet les deux retraits en Suisse de 400 000 euros, mais affirme tout ignorer d'un éventuel financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et de l'usage de cet argent[200]. Il est mis en examen, puis écroué, le , à la maison d'arrêt de Gradignan, où il reste trois mois, pour abus de faiblesse et abus de biens sociaux[198],[195]. Les avocats de Patrice de Maistre dénoncent cette incarcération et rappellent qu'en droit européen, les mesures coercitives doivent être proportionnées et justifiées[201]. François-Marie Banier, ainsi que l'ancien chauffeur du couple Bettencourt et Claire Thibout affirment qu'Éric Woerth et Nicolas Sarkozy se sont rendus au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale[202],[203],[204],[194]. L'agenda de Liliane Bettencourt, versé au dossier d'instruction, semble attester d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et André Bettencourt en  ; en date du , celui-ci indique : « À 12 heures pour Monsieur Nicolas S. Pour information »[205].

Nicolas Sarkozy reconnaît avoir rencontré ce jour-là André Bettencourt, mais dément s'être rendu une autre fois au domicile du couple pendant la campagne présidentielle et avoir reçu le moindre argent de la famille Bettencourt[206]. Le , il est convoqué à Bordeaux par le juge Jean-Michel Gentil et est placé sous le statut de témoin assisté à la suite d'une longue audition[207]. Le , à l'issue d'une nouvelle audition, au cours de laquelle il est notamment confronté à Pascal Bonnefoy, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour abus de faiblesse[208].

Demande de dessaisissement des juges de Bordeaux et de nouveau dépaysement du dossier

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Au début du mois de , la Cour de cassation est saisie d'une requête en récusation contre chacun des trois juges bordelais, Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, par l'avocat Patrice Spinosi, au nom des six personnes mises en examen (dont Nicolas Sarkozy, Éric Woerth, Patrice de Maistre, François-Marie Banier), notamment après la révélation de liens privilégiés entre le juge Jean-Michel Gentil et une experte mandatée lors de l'instruction, Sophie Gromb[209],[210].

Dans son avis, l'avocat général près la Cour de cassation, Gilles Lacan, recommande d'accepter la requête en suspicion légitime et de dessaisir la juridiction de Bordeaux en raison d'un « doute objectif sur l'impartialité » des juges chargés du dossier. Il explique que si le fait que Jean-Michel Gentil ait confié une expertise à un médecin qui est son témoin de mariage n'est « prohibé par aucun texte », cette désignation portant « sur une personne appartenant à l'intimité familiale du magistrat mandant n'en est pas moins maladroite », et ajoute que « le fait d'avoir tu cette difficulté [à ses collègues] paraît en contradiction avec l'article b. 20 du Recueil des obligations déontologiques des magistrats ». Il indique également que le juge Gentil a contourné à deux reprises le parquet pour ordonner les expertises sur Liliane Bettencourt et qu'il n'a pas attendu de recevoir les résultats de l'analyse médicale de la milliardaire pour demander au procureur une extension de sa saisine, ce qui fait dire aux avocats des mis en examen qu'il s'est concerté avec Sophie Gromb au cours de la rédaction de cette expertise, en 2011. Or, c'est cette expertise déclarant Liliane Bettencourt en situation de faiblesse psychologique depuis qui fonde l'essentiel du dossier des juges. En outre, l'avocat général écrit que pour garantir l'image d'une justice impartiale, une forme de discrétion et de réserve s'impose aux magistrats. Or il relève des déclarations des juges Cécile Ramonatxo et Valérie Noël s'inscrivant dans la « polémique publique » et donnant l'image de juges n'acceptant pas « sereinement l'exercice par les justiciables des voies de recours contre ses actes ou décisions ». Il mentionne également les déclarations de l'avocat du juge Gentil, qui a qualifié Nicolas Sarkozy de « monarque » et Éric Woerth de « proche du monarque », ce qui peut, d'après lui, faire naître « plus qu'un doute sur les conditions d'objectivité, de sérénité et d'impartialité dans lesquels l'un au moins des mis en examen est jugé »[211]. Dans le même temps, la presse se fait l'écho d'un dépassement d'honoraires reçu par Sophie Gromb sans l'autorisation du procureur et de la possibilité que le juge Gentil ait produit « un faux » afin d'emmener pour l'expertise deux neurologues ne figurant pas sur la liste des experts de la Cour d'appel de Bordeaux en prétendant que ceux-ci n'étaient pas disponibles alors qu'il ne les a jamais contactés[212].

La Cour de cassation se déclare, le , incompétente pour décider du dessaisissement des trois juges bordelais qui instruisent cette affaire[213]. Ce sera donc à la cour d'appel de Bordeaux de se prononcer.

Le , certaines des personnes mises en examen ont formé une requête en récusation des juges Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël auprès du premier président de la Cour d'appel de Bordeaux[214]

Clôture de l'enquête et jugements

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Le , le vice-procureur Gérard Aldigé, magistrat du parquet de Bordeaux, annonce avoir requis des non-lieux, en l'absence de charges, en faveur de six personnes : Nicolas Sarkozy, Éric Woerth, Stéphane Courbit, Pascal Wilhelm, ancien mandataire et avocat de Liliane Bettencourt, Patrice Bonduelle, un de ses notaires, et Alain Thurin, son infirmier. Il requiert en revanche le renvoi devant le tribunal correctionnel de six autres personnes : Patrice de Maistre, François-Marie Banier et son compagnon Martin Le Barrois d'Orgeval[215], Carlos Cassina Vejarano, qui gérait l'île d'Arros, Jean-Michel Normand, notaire, et Fabrice Goguel, avocat fiscaliste[216].

Le , l'AFP annonce le renvoi en correctionnelle de Patrice de Maistre et Éric Woerth pour « trafic d’influence »[217] dans le volet de la légion d'honneur, confirmant une information du journal Sud-Ouest. Les juges Gentil, Noël et Ramonaxto décident donc de ne pas suivre l'avis du parquet concernant Eric Woerth[218].

Le , les juges renvoient Éric Woerth en correctionnelle dans le volet principal du dossier[219].

Le , le tribunal correctionnel de Bordeaux relaxe l'ex-ministre UMP dans les deux volets de l'affaire Bettencourt (trafic d'influence et abus de faiblesse). En revanche, sont condamnés pour abus de faiblesse François-Marie Banier (trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350 000 € d'amende et 158 millions d'euros de dommages et intérêts à Liliane Bettencourt) et son compagnon Martin d'Orgeval (18 mois de prison avec sursis), Patrice de Maistre (30 mois de prison dont 18 mois ferme, mais relaxé dans le volet trafic d'influence), Stéphane Courbit (250 000 € d'amende), Pascal Wilhelm (30 mois de prison dont 18 mois ferme) et les notaires Jean-Michel Normand (12 mois de prison avec sursis et 50 000 € d’amende, et déchu de l’honorariat en mars 2018[220])[221]et Patrice Bonduelle (six mois de prison avec sursis et 80 000 € d'amende)[222].

En appel, par jugement du , les peines de François-Marie Banier sont réduites (quatre ans de prison mais intégralement avec sursis (375 000 € d'amende, et la confiscation d'une part de ses biens immobiliers) ; néanmoins, un euro de dommages et intérêts doit être versé à Liliane Bettencourt et à la famille Meyers. La peine de son compagnon Martin d'Orgeval est confirmée (18 mois de prison avec sursis), Pascal Wilhelm est condamné à 12 mois de prison avec sursis plus une amende et trois millions de dommages et intérêts. Le notaire Patrice Bonduelle est relaxé[223].

Le rejet des pourvois en cassation, en janvier 2019, rend le jugement d’appel définitif[103].

Répercussions politiques

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Cette affaire intervient dans un climat difficile pour le gouvernement François Fillon IIChristian Blanc et Alain Joyandet ont en effet annoncé leur démission le [224],[Note 9] —, et son image ainsi que celle de l'ensemble du monde politique, s'est significativement dégradée[225],[226] ; le , Libération publie un sondage dans lequel 64 % des Français estiment que « les politiques sont plutôt corrompus »[227]. Ségolène Royal, l'ancienne candidate de l'opposition à l'élection présidentielle de 2007, considère que « le système Sarkozy est corrompu »[228]. Martine Aubry, première secrétaire du PS, a cependant dénoncé la tentation du « tous pourris » et a réclamé des preuves avant de demander la démission du ministre du Travail[229]. De nombreux responsables socialistes (Jean-Marc Ayrault, Jean Glavany, Christian Eckert, Claude Bartolone, Benoît Hamon…) attaquent Eric Woerth[230].

Alexandre Bompard, président-directeur général d'Europe 1, qui était pressenti depuis avril 2010[231],[232],[233] pour succéder à Patrick de Carolis à la présidence de France Télévisions, est écarté en par Nicolas Sarkozy au profit de Rémy Pflimlin, président de Presstalis, au profil plus consensuel[234], ce qui conduit Libération à affirmer qu'« après Christian Blanc et Alain Joyandet, [Alexandre Bompard] est la troisième victime de l'affaire Woerth »[234].

Selon Mediapart[235], Libération[236], Élisabeth Guigou, ancienne Garde des Sceaux[237] ou encore Noël Mamère, député des Verts[238] dénoncent une véritable « affaire d'État ». Le quotidien Le Monde estime que, désormais, « l'Élysée est dépassé par l'affaire Bettencourt »[239] et l'on évoque un remplacement d'Éric Woerth par Xavier Bertrand[239]. Plusieurs anciens Premiers ministres de l'UMP ont aussi manifesté leur préoccupation : Jean-Pierre Raffarin a souhaité un « remaniement profond du gouvernement »[240] et Alain Juppé a estimé qu'Éric Woerth « doit choisir » entre ses fonctions de ministre et celles de trésorier de l'UMP[241].

Dominique de Villepin a réclamé « l'indépendance de la justice, une totale liberté de la presse et l'impartialité de l'État », souhaitant « la nomination d'un juge d'instruction » — et non pas la poursuite de l'enquête par le parquet de Nanterre — et considérant « tout à fait dommageables les critiques intempestives faites à l'endroit de la presse »[242],[243].

Plusieurs personnalités politiques, de tous partis, exhortent Nicolas Sarkozy, président de la République à s'exprimer sur l'affaire ; Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, estime que « le chef de l'État doit rendre des comptes » car les accusations de l'ex-comptable de la famille Bettencourt « mettent en cause non seulement la probité de son ministre du Travail, mais la légitimité de sa propre élection »[244].

Un sondage Ipsos publié le indique que 49 % des personnes interrogées estiment qu'Éric Woerth peut continuer à conduire la réforme des retraites malgré les accusations dont il fait l'objet, 47 % étant d'un avis contraire[245]. En revanche, un sondage Harris Interactive paru début indique que 60 % des personnes interrogées pensent qu'Éric Woerth ne doit pas rester chargé de la réforme des retraites[246]. Les syndicats refusent de débattre avec le ministre du Travail tandis que François Fillon s'implique davantage dans le dossier[247].

L'incarcération de Patrice de Maistre en mars 2012 ainsi que des allégations au sujet d'un possible rendez-vous entre André Bettencourt et Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007, démenti par ce dernier, relance le traitement médiatique de l'affaire, les médias s'interrogeant sur une possible incidence de l'affaire sur le résultat de l'élection présidentielle française de 2012[196],[199].

Le , Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale, qualifie ces accusations de « boule puante » et nie tout financement illégal de sa campagne de 2007 en rappelant que ses comptes de campagne ont été validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques et par le Conseil constitutionnel[248]. Eva Joly[249] et Ségolène Royal[250] critiquent l'immunité protégeant le président en fonction et affirment que la candidature de Nicolas Sarkozy vise à lui permettre d'être réélu dans le but de se protéger contre d'éventuelles poursuites judiciaires.

Le , à la suite de la relaxe d'Éric Woerth, Benoît Hamon (ancien porte-parole du Parti socialiste) exprime ses regrets de l'avoir accusé[251]. Claude Bartolone lui présente ses excuses[252].

Écho international

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Le Monde s'est intéressé aux retentissements de l'affaire dans la presse internationale et relève que « de l'Inde à l'Afrique du Sud en passant par l'Argentine, l'affaire Woerth-Bettencourt, et surtout ses retentissements sur la présidence française, intrigue les médias étrangers ». Le magazine Vanity Fair dresse un parallèle avec le scandale du Watergate tandis que La Tribune de Genève évoque une ambiance de fin de règne. En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung parle d'un « président en détresse »[253],[254].

Le , pour le New York Times, il pourrait s'agir d'un « French Watergate »[255]. Pour le Financial Times, il s'agirait de « la pire crise politique que Nicolas Sarkozy ait connu en trois ans de mandat »[256].

Le , le New York Times consacre sa page trois à un long article analysant les retombées de cette affaire : « Une héritière âgée. Une fille en colère. Un photographe mondain. Un maître d'hôtel rebelle et une comptable mécontente. Des enregistrements secrets. Une société célèbre avec un passé ambigu, et des relations politiques de longue date. Un président impopulaire, un ministre qui a le goût de l'argent et des histoires de donations d'argent liquide dans des enveloppes. Ce mélange très romantique est connu sous le nom d'« affaire Bettencourt » résument les premières lignes de l'article[257].

Le , le journal québécois Le Devoir, évoque les liens[258] d'Éric de Sérigny, un des conseillers d'Éric Woerth, qui est apparenté avec Paul Desmarais et André Desmarais, propriétaires de Power Corporation et copropriétaires d'Imerys, société dans laquelle il siège au conseil d'administration.

Dans la culture populaire

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  • Les véritables écoutes du maître d'hôtel, « savamment distillées au long des trois épisodes de 50 minutes, servent de base au documentaire de Baptiste Etchegaray et Maxime Bonnet », "L'affaire Bettencourt: scandale autour de la femme la plus riche du monde"[259], « qui se dévore comme une série à suspense »[259], où « les reconstitutions sont soignées et légères avec le parti pris intelligent d'une caméra en surplomb »[259] pour raconter « une évasion fiscale massive »[259], avec « des sommes considérables en jeu »[259]. Cette série de trois épisodes, diffusée sur la plateforme Netflix à la fin 2023, se base entièrement « sur les enregistrements réalisés par le maitre d'hôtel » au domicile de Liliane Bettencourt[260],[261],[262],[263]. Grâce à « un format dense et rythmé en 3 épisodes »[264], rapidement, ce documentaire Netflix « rencontre le succès » et « s’est hissé à la tête des audiences de la plateforme de streaming en l’espace de cinq jours. » au point de figurer en deuxième position dans le top 10 mondial des séries non anglo-saxonnes et d'avoir été visionnée 3,8 millions de fois en quatre jours, pour une durée de 9,5 millions d’heures[265].

Notes et références

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  1. Définition de l'expression « de fortune » sur le Wiktionnaire..
  2. 7 500  est le montant maximum autorisé par la loi sur le financement des partis.
  3. C'est le 27 juin 2010 que François Baroin, successeur d'Éric Woerth au ministère du Budget, lance une enquête fiscale sur l'ensemble des actifs de Liliane Bettencourt.
  4. L'interview est réalisé le 10 juillet et publié le 14 juillet 2010.
  5. Cette citation directe est intervenue à la suite du non-lieu opposé par Philippe Courroye.
  6. Nicolas Sarkozy a proposé la suppression de la fonction de juge d'instruction en janvier 2009.
  7. Edwy Plenel a réagi à ces propos en annonçant qu'il allait porter plainte en diffamation contre Xavier Bertrand.
  8. En cas de crime ou de délit (affaire complexe), le procureur de la République déclenche l'action publique et ouvre une information judiciaire, confiée à un juge d'instruction. L'information judiciaire est la phase de la procédure pénale qui précède un jugement et au cours de laquelle le juge d'instruction, sous le contrôle de la chambre de l'instruction, procède aux recherches permettant la manifestation de la vérité, rassemble et apprécie les preuves, entend les personnes impliquées ou poursuivies et les témoins, décide de mettre en examen une personne et de la suite à donner à l'action publique.
  9. 12 000 euros de cigares, achetés sur le budget de son secrétariat d'État, ont été reprochés à Christian Blanc tandis qu'Alain Joyandet a loué un jet privé pour une somme jugée excessive (116 500 euros) et est soupçonné d'avoir obtenu un permis de construire illégal.

Références

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  260. « L’Affaire Bettencourt : scandale chez la femme la plus riche du monde », sur Netflix : un soap opéra d’après les écoutes. Article dans Le Monde en novembre 2023 [2]
  261. "Netflix explore avec bonheur les dessous de « L’Affaire Bettencourt »", par Vincent Monnier le 8 novembre 2023 dans L'Obs [3]
  262. "Liliane Bettencourt et François-Marie Banier, la vénéneuse relation qui a fait vaciller la famille la plus riche de France" article par Ségolène Forgar dans Le Figaro le 14/11/2023 [4]
  263. "Pourquoi il faut absolument regarder la mini-série Netflix sur l'affaire Bettencourt", article dans Madmoizelle [5]
  264. "L’Affaire Bettencourt" cartonne sur Netflix" par le dans L'Echo [6]
  265. "Le succès surprise du documentaire sur l’affaire Bettencourt, en France et dans le monde" par Thibaut Lescuyer le 21/11/2023 dans Ouest-France [7]

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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