Aller au contenu

« Anthropologie juridique » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Navigation interactive dans l’historique
← Modification précédente
Contenu supprimé Contenu ajouté
VisuelWikicode
Pippobuono (discuter | contributions)
21 838 modifications
m syntaxe
 
(40 versions intermédiaires par 26 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Discipline
|image=Miles Ehrlich, judge.jpg
|légende=Un [[tribunal]], un [[juge]] et un [[Avocat (métier)|avocat]] aux [[États-Unis]] : l'[[anthropologie]] juridique est l'une des [[science]]s invoquées en [[droit]].
}}

L''''anthropologie juridique''' est une [[science]] qui tente d'aborder les [[droit|phénomènes juridiques]] avec une approche sociale, culturelle et symbolique. C'est un domaine particulier de l'[[ethnologie]].
L''''anthropologie juridique''' est une [[science]] qui tente d'aborder les [[droit|phénomènes juridiques]] avec une approche sociale, culturelle et symbolique. C'est un domaine particulier de l'[[ethnologie]].


== Historique ==
== Historique ==
Un précurseur de l'anthropologie juridique est [[Jacob Grimm]], qui a pratiqué la [[germanistique juridique]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Tomáš|nom1=Ledvinka|titre=The disenchantment of the lore of law: Jacob Grimm's legal anthropology before anthropology|périodique=The Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law|volume=52|numéro=2|pages=203–226|date=2020-05-03|issn=0732-9113|issn2=2305-9931|doi=10.1080/07329113.2020.1755577|lire en ligne=https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07329113.2020.1755577|consulté le=2024-05-20}}</ref>.


[[Henry Sumner Maine]] a joué un rôle de premier plan dans l'émergence des problématiques de cette discipline, notamment lorsqu'il publie ''Ancient Law'' en [[1861]]. Pour la première fois le droit n'est plus seulement considéré comme le système normatif nécessaire à toute société, mais on commence à lui reconnaître une dimension explicative de l'ensemble des phénomènes sociaux et culturels.
[[Henry Sumner Maine]] a joué un rôle de premier plan dans l'émergence des problématiques de cette discipline, notamment lorsqu'il publie ''Ancient Law'' en [[1861]]. Pour la première fois le droit n'est plus seulement considéré comme le système normatif nécessaire à toute société, mais on commence à lui reconnaître une dimension explicative de l'ensemble des phénomènes sociaux et culturels.
Ligne 7 : Ligne 13 :
Le domaine particulier de l'anthropologie juridique a lui été institué par [[Marcel Mauss]], le droit ayant été totalement inclus dans le social, lors de la théorisation de la notion de ''fait social total''.
Le domaine particulier de l'anthropologie juridique a lui été institué par [[Marcel Mauss]], le droit ayant été totalement inclus dans le social, lors de la théorisation de la notion de ''fait social total''.


[[Bronislaw Malinowski]] dans son ouvrage ''Crime and Custom in Savage Society'' (1926) assimile pour sa part les notions de ''juridicité'' et de contrôle social. Il considère en effet avant tout le caractère coercitif du système juridique, notamment dans le [[droit primitif]]. Face à cette conception simplifiée, les anthropologues américains et britanniques ont vivement réagi. Par exemple [[Radcliffe-Brown]] qui rappelle que tout système de normes n'est pas nécessairement synonyme de [[droit]], et qui propose de n'utiliser ce terme que lorsque, dans une société donnée, l'existence d'une institution chargée de l'appliquer est avérée (par exemple : un tribunal judiciaire).
[[Bronislaw Malinowski]] dans son ouvrage ''Crime and Custom in Savage Society'' (1926) assimile pour sa part les notions de ''juridicité'' et de contrôle social. Il considère en effet avant tout le caractère coercitif du système juridique, notamment dans le [[droit primitif]]. Face à cette conception simplifiée, les anthropologues américains et britanniques ont vivement réagi. Par exemple [[Radcliffe-Brown]] qui rappelle que tout système de normes n'est pas nécessairement synonyme de [[droit]], et qui propose de n'utiliser ce terme que lorsque, dans une société donnée, l'existence d'une institution chargée de l'appliquer est avérée (par exemple : un tribunal judiciaire).


[[Max Herman Gluckman]] se consacre pour sa part à l'étude particulière des conflits, notamment dans les sociétés où il existe ce type d'instance spécialisée dans la résolution judiciaire de ceux-ci. Ainsi il décrit la procédure et les mises en place des [[jurisprudence]]s chez les [[Barotse]] d'[[Afrique du Sud]].
[[Max Herman Gluckman]] se consacre pour sa part à l'étude particulière des conflits, notamment dans les sociétés où il existe ce type d'instance spécialisée dans la résolution judiciaire de ceux-ci. Ainsi il décrit la procédure et les mises en place des [[jurisprudence]]s chez les [[Barotse]] d'[[Afrique du Sud]].

Récemment en [[France]], c'est [[Pierre Bourdieu]] qui constitue la figure de proue de la réflexion anthropologique sur le droit. Il s'interroge notamment sur la pertinence des catégories juridiques occidentales lorsqu'elles sont naïvement appliquées à la description des sociétés exotiques.


Puis, dans les années [[1980]], [[Clifford Geertz]] initiant le courant [[Post-modernisme|post-moderniste]] en anthropologie, considère le droit non pas comme témoin du savoir local, mais comme façon de penser le réel.
Puis, dans les années [[1980]], [[Clifford Geertz]] initiant le courant [[Post-modernisme|post-moderniste]] en anthropologie, considère le droit non pas comme témoin du savoir local, mais comme façon de penser le réel.


L'Étasunienne [[Laura Nader]] joue un rôle important en maintenant le focus de la discipline sur les situations de conflits au sein des différentes sociétés, qui peuvent révéler les règles, les relations de pouvoir et les transformations des sociétés.
== Champs de recherche ==

* [[Anthropologie juridique du travail social]]
=== En France ===

En [[France]] comme dans les autres empires coloniaux, l'étude ethnologique des systèmes de droit autochtones a eu lieu tout au long de l'histoire coloniale, en tant que science auxiliaire du [[droit colonial français]]. Après la Seconde Guerre mondiale, ces travaux ont été rejetés, notamment ceux de [[René Maunier]]. À partir des années 60, plusieurs universitaires dont notamment [[Michel Alliot]] ont tenté de refonder la discipline de l'anthropologie juridique en ne se référant plus aux travaux de l'époque coloniale<ref>{{chapitre| éditeur = Oxford University Press|passage=228-242| isbn = 978-0-19-884053-4| auteur ouvrage = Marie-Claire Foblets, Mark Goodale, Maria Sapignoli, Olaf Zenker (eds.)| nom1 = Audren| prénom1 = Frédéric| nom2 = Guerlain| prénom2 = Laetitia| titre ouvrage= The Oxford Handbook of Law and Anthropology|titre chapitre = Legal Uses of Anthropology in France in the Nineteenth and Twentieth Centuries| consulté le = 2024-04-29| date = 2022-04-01| lire en ligne= https://doi.org/10.1093/oxfordhb/9780198840534.013.3}}</ref>. Le sociologue [[Pierre Bourdieu]] a critiqué l'anthropologie du [[droit kabyle]], s'interrogeant notamment sur la pertinence des catégories juridiques occidentales lorsqu'elles sont – naïvement, selon lui – appliquées à la description des sociétés autochtones. À Paris, un ''Laboratoire d'anthropologie juridique'' comptant notamment [[Étienne Le Roy]] est créé, se spécialise dans le droit africain et reste en activité jusque dans les années 2010<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Boris|nom1=Barraud|titre ouvrage=La recherche en droit|éditeur=L'Harmattan|date=2016|lire en ligne=https://amu.hal.science/hal-01367781|consulté le=2024-05-20|titre chapitre = L'anthropologie juridique}}</ref>.

=== Au Brésil ===

Au Brésil, l'anthropologie a davantage de considération au sein des facultés de droit, notamment en ce qui concerne les approches [[Zététique en droit|zététiques en droit]].

== Débats ==
Un des débats classiques de l'anthropologie juridique est celui qui a opposé [[Max Gluckman]] et {{lien|Paul Bohannan}}. La question est de savoir si pour décrire les pratiques d'un peuple étranger, il faut conserver les termes techniques dans la langue utilisée là-bas, ou s'il faut les traduire en utilisant des équivalents tirés de la langue de l'anthropologue<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Anthony|nom1=Good|titre=Folk models and the law|périodique=The Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law|volume=47|numéro=3|pages=423–437|date=2015-09-02|issn=0732-9113|issn2=2305-9931|doi=10.1080/07329113.2015.1113645|lire en ligne=http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07329113.2015.1113645|consulté le=2024-05-20}}</ref>.

Une autre question qui a fait couler beaucoup d'encre est celle de ce que cela doit signifier d'étudier le [[pluralisme juridique]] d'un point de vue anthropologique. Certains, comme [[Leopold Pospíšil]], préfèrent se concentrer sur l'étude des différentes manières de faire du droit au sein d'une même société autochtone. D'autres, comme [[Rodolfo Stavenhagen]], favorisent l'étude des manières dont le droit étatique et le droit autochtone s'entremêlent et entrent en relation.

==Références==
{{Références}}


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==


* {{fr}} Alliot Michel, Le droit et le service public au miroir de l’anthropologie. Textes choisis et édités par Camille Kuyu, Paris, Karthala, 2003, 400 p
* {{fr}} Alliot Michel, Le droit et le service public au miroir de l’anthropologie. Textes choisis et édités par Camille Kuyu, Paris, Karthala, 2003, 400 p
* {{fr}} Eberhard Christoph, Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation, Paris, LGDJ, Col. Droit et Société, 2006,199 p
* {{fr}} Eberhard Christoph, Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation, Paris, LGDJ, . Droit et Société, 2006,199 p
* {{fr}} Bonte P., Izard M., « Juridique (anthropologie) » in Dictionaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, PUF, Quaridge, 1991.
* {{fr}} Bonte P., Izard M., Juridique (anthropologie) in de l'ethnologie et de l'anthropologie, PUF, Quaridge, 1991.
* {{fr}} Le Roy Étienne, Le jeu des lois. Une anthropologie « dynamique » du Droit, France, LGDJ, Col. Droit et Société, Série anthropologique,1999, 415 p
* {{fr}} Le Roy Étienne, Le jeu des lois. Une anthropologie dynamique du Droit, , LGDJ, . Droit et Société, Série anthropologique,1999, 415 p
* {{fr}} Maunier R. (ed.), Études de sociologie et d'ethnologie juridiques, vol. 1, Paris, 1931.
* {{fr}} Maunier R. (ed.), Études de sociologie et d'ethnologie juridiques, vol. 1, Paris, 1931.
*{{Ouvrage|prénom1=Norbert|nom1=Rouland|titre=L'anthropologie juridique:|éditeur=Presses Universitaires de France|collection=Que sais-je ?|date=1995-12-01|isbn=978-2-13-042995-1|doi=10.3917/puf.roula.1995.01|lire en ligne=http://classiques.uqac.ca/contemporains/rouland_norbert/anthropologie_juridique_que_sais_je/anthropo_juridique_que_sais_je.pdf}}
* {{fr}} Rouland Norbert, L'anthropologie juridique, PUF, Que sais-je ?, 1995. (ISBN 2130429955)
* {{fr}} Vanderlinden Jacques, Anthropologie Juridique, Dalloz, France, 1996, 123 p
* {{fr}} Vanderlinden Jacques, Anthropologie Juridique, , , 1996, 123 p
(fr) Nicolau Gilda, Pignarre Geneviève, Lafargue, Régis, Ethnologie juridique - Autour de trois exercices, Dalloz, méthodes du droit, 2007, 423 p.
fr Nicolau Gilda, Pignarre Geneviève, Lafargue Régis, Ethnologie juridique - Autour de trois exercices, Dalloz, du droit, 2007, 423 p.
* {{fr}} Kohlhagen Dominik, "[http://www.eurac-network.org/web/uploads/documents/burundi.-oser-une-refondation-de-la-justice.-attentes-citoyennes-et-alternatives-30-10-12-.pdf Oser une refondation de la Justice en Afrique]" in ''Le courage des alternatives'', Paris, Karthala, coll. Cahiers d'Anthropologie du Droit, 2012, pp. 177-195.
* {{fr}} Lafargue Régis, ''La Coutume face à son destin - Réflexions sur la coutume judiciaire en Nouvelle-Calédonie et la résilience des ordres juridiques infra-étatiques'', Paris, LGDJ, Coll. Droit et Société, 2010, 420 p.
* {{fr}} Cherfa-Turpin Fatima, ''La condition de la femme rurale en kabylie à la lumière de l'anthropologie juridique'', Paris, Editions Apopsix, Coll. Anthropologie du droit, 2011, 274 p.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
cf, Leibnitz Le droit de la raison
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===


* En sciences sociales : [[Anthropologie]] - [[Ethnologie]] - [[Sociologie du droit]]
* En sciences sociales : [[Anthropologie]] [[Ethnologie]] [[Sociologie du droit]]
* En droit : [[Principes généraux du droit]] - [[Branches du droit]]
* En droit : [[Principes généraux du droit]] [[Branches du droit]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.acaj.org/lajp/ L.A.J.P] : Laboratoire d'anthropologie juridique de Paris
* [http://www..//. 'anthropologie de
* [https://www.eth.mpg.de/2951631/department_foblets Département 'Law & Anthropology' de l'Institut Max Planck à Halle]
* [http://www.dhdi.org DHDI] : Droits de l'Homme et Dialogue Interculturel
* {{Article|auteur1=Le Roy Étienne|titre=Pour une anthropologie du droit|périodique=Revue interdisciplinaire d'études juridiques|volume=1|numéro=1|date=1978|doi=10.3917/riej.001.0071|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-d-etudes-juridiques-1978-1-page-71.htm|pages=71-100}}
* [https://univ-droit.fr/specialites/sociologie-et-anthropologie-du-droit Sociologie et anthropologie du droit], rubrique du ''Portail Universitaire du droit'' (France) (Consulté le 28 Novembre 2021).


{{Portail|droit|sociologie}}
{{Portail|droit|}}


[[Catégorie:Anthropologie sociale et culturelle]]
[[Catégorie:Anthropologie sociale et culturelle]]

Dernière version du 29 octobre 2024 à 21:24

Anthropologie juridique
Un tribunal, un juge et un avocat aux États-Unis : l'anthropologie juridique est l'une des sciences invoquées en droit.
Partie de
Anthropologie, théorie du droit (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

L'anthropologie juridique est une science qui tente d'aborder les phénomènes juridiques avec une approche sociale, culturelle et symbolique. C'est un domaine particulier de l'ethnologie.

Historique

[modifier | modifier le code]

Un précurseur de l'anthropologie juridique est Jacob Grimm, qui a pratiqué la germanistique juridique[1].

Henry Sumner Maine a joué un rôle de premier plan dans l'émergence des problématiques de cette discipline, notamment lorsqu'il publie Ancient Law en 1861. Pour la première fois le droit n'est plus seulement considéré comme le système normatif nécessaire à toute société, mais on commence à lui reconnaître une dimension explicative de l'ensemble des phénomènes sociaux et culturels.

Le domaine particulier de l'anthropologie juridique a lui été institué par Marcel Mauss, le droit ayant été totalement inclus dans le social, lors de la théorisation de la notion de fait social total.

Bronislaw Malinowski dans son ouvrage Crime and Custom in Savage Society (1926) assimile pour sa part les notions de juridicité et de contrôle social. Il considère en effet avant tout le caractère coercitif du système juridique, notamment dans le droit primitif. Face à cette conception simplifiée, les anthropologues américains et britanniques ont vivement réagi. Par exemple Radcliffe-Brown qui rappelle que tout système de normes n'est pas nécessairement synonyme de droit, et qui propose de n'utiliser ce terme que lorsque, dans une société donnée, l'existence d'une institution chargée de l'appliquer est avérée (par exemple : un tribunal judiciaire)[2].

Max Herman Gluckman se consacre pour sa part à l'étude particulière des conflits, notamment dans les sociétés où il existe ce type d'instance spécialisée dans la résolution judiciaire de ceux-ci. Ainsi il décrit la procédure et les mises en place des jurisprudences chez les Barotse d'Afrique du Sud.

Puis, dans les années 1980, Clifford Geertz initiant le courant post-moderniste en anthropologie, considère le droit non pas comme témoin du savoir local, mais comme façon de penser le réel.

L'Étasunienne Laura Nader joue un rôle important en maintenant le focus de la discipline sur les situations de conflits au sein des différentes sociétés, qui peuvent révéler les règles, les relations de pouvoir et les transformations des sociétés.

En France

[modifier | modifier le code]

En France comme dans les autres empires coloniaux, l'étude ethnologique des systèmes de droit autochtones a eu lieu tout au long de l'histoire coloniale, en tant que science auxiliaire du droit colonial français. Après la Seconde Guerre mondiale, ces travaux ont été rejetés, notamment ceux de René Maunier. À partir des années 60, plusieurs universitaires dont notamment Michel Alliot ont tenté de refonder la discipline de l'anthropologie juridique en ne se référant plus aux travaux de l'époque coloniale[3]. Le sociologue Pierre Bourdieu a critiqué l'anthropologie du droit kabyle, s'interrogeant notamment sur la pertinence des catégories juridiques occidentales lorsqu'elles sont – naïvement, selon lui – appliquées à la description des sociétés autochtones. À Paris, un Laboratoire d'anthropologie juridique comptant notamment Étienne Le Roy est créé, se spécialise dans le droit africain et reste en activité jusque dans les années 2010[4].

Au Brésil

[modifier | modifier le code]

Au Brésil, l'anthropologie a davantage de considération au sein des facultés de droit, notamment en ce qui concerne les approches zététiques en droit.

Débats

[modifier | modifier le code]

Un des débats classiques de l'anthropologie juridique est celui qui a opposé Max Gluckman et Paul Bohannan (en). La question est de savoir si pour décrire les pratiques d'un peuple étranger, il faut conserver les termes techniques dans la langue utilisée là-bas, ou s'il faut les traduire en utilisant des équivalents tirés de la langue de l'anthropologue[5].

Une autre question qui a fait couler beaucoup d'encre est celle de ce que cela doit signifier d'étudier le pluralisme juridique d'un point de vue anthropologique. Certains, comme Leopold Pospíšil, préfèrent se concentrer sur l'étude des différentes manières de faire du droit au sein d'une même société autochtone. D'autres, comme Rodolfo Stavenhagen, favorisent l'étude des manières dont le droit étatique et le droit autochtone s'entremêlent et entrent en relation.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. ↑ (en) Tomáš Ledvinka, « The disenchantment of the lore of law: Jacob Grimm's legal anthropology before anthropology », The Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law, vol. 52, no 2,‎ , p. 203–226 (ISSN 0732-9113 et 2305-9931, DOI 10.1080/07329113.2020.1755577, lire en ligne, consulté le )
  2. ↑ Kaius Tuori, Lawyers and Savages: Ancient History and Legal Realism in the Making of Legal Anthropology, Routledge, (ISBN 978-1-317-81620-1, DOI 10.4324/9781317816201/lawyers-savages-kaius-tuori, lire en ligne)
  3. ↑ Frédéric Audren et Laetitia Guerlain, « Legal Uses of Anthropology in France in the Nineteenth and Twentieth Centuries », dans Marie-Claire Foblets, Mark Goodale, Maria Sapignoli, Olaf Zenker (eds.), The Oxford Handbook of Law and Anthropology, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-884053-4, lire en ligne), p. 228-242
  4. ↑ Boris Barraud, « L'anthropologie juridique », dans La recherche en droit, L'Harmattan, (lire en ligne)
  5. ↑ (en) Anthony Good, « Folk models and the law », The Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law, vol. 47, no 3,‎ , p. 423–437 (ISSN 0732-9113 et 2305-9931, DOI 10.1080/07329113.2015.1113645, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (fr) Alliot Michel, Le droit et le service public au miroir de l’anthropologie. Textes choisis et édités par Camille Kuyu, Paris, Karthala, 2003, 400 p.
  • (fr) Eberhard Christoph, Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation, Paris, LGDJ, Coll. Droit et Société, 2006,199 p.
  • (fr) Bonte P., Izard M., "Juridique (anthropologie)" in Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, PUF, Quaridge, 1991.
  • (fr) Le Roy Étienne, Le jeu des lois. Une anthropologie "dynamique" du Droit, Paris, LGDJ, Coll. Droit et Société, Série anthropologique, 1999, 415 p.
  • (fr) Maunier R. (ed.), Études de sociologie et d'ethnologie juridiques, vol. 1, Paris, 1931.
  • Norbert Rouland, L'anthropologie juridique:, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 978-2-13-042995-1, DOI 10.3917/puf.roula.1995.01, lire en ligne)
  • (fr) Vanderlinden Jacques, Anthropologie Juridique, Paris, Dalloz, 1996, 123 p.
  • (fr) Nicolau Gilda, Pignarre Geneviève, Lafargue Régis, Ethnologie juridique - Autour de trois exercices, Paris, Dalloz, Coll. Méthodes du droit, 2007, 423 p.
  • (fr) Kohlhagen Dominik, "Oser une refondation de la Justice en Afrique" in Le courage des alternatives, Paris, Karthala, coll. Cahiers d'Anthropologie du Droit, 2012, pp. 177-195.
  • (fr) Lafargue Régis, La Coutume face à son destin - Réflexions sur la coutume judiciaire en Nouvelle-Calédonie et la résilience des ordres juridiques infra-étatiques, Paris, LGDJ, Coll. Droit et Société, 2010, 420 p.
  • (fr) Cherfa-Turpin Fatima, La condition de la femme rurale en kabylie à la lumière de l'anthropologie juridique, Paris, Editions Apopsix, Coll. Anthropologie du droit, 2011, 274 p.

Voir aussi

[modifier | modifier le code]

cf, Leibnitz Le droit de la raison

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Anthropologie_juridique&oldid=219863584 ».