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Selon le ''Gekoe'' Lobsang Samdup, un ancien ''dob-dob'' du monastère de [[Ganden]], les ''dob-dob'' formaient une communauté monastique qui remplissait diverses tâches, comme jouer du [[Dungchen]], et d'autres instruments de musique religieux, et la plupart des travaux lourds autour du monastère, par exemple pour terminer des construction ou des réparations. Au moment des festivals religieux, ils décoraient aussi le monastère. Quand des pic-niques étaient organisés, ils mettaient en place des tentes pouvant accueillir jusqu'à 100 moines. Quand le [[dalaï-lama]] se rendait à [[Ganden]], les ''dob-dob'' lui préparaient une tente élaborée. Dans les collèges des monastères, des moines riches leurs demandaient certaines tâches contre de l'argent, et ils devenaient finalement assez riches, formant une communauté efficace. La mauvaise réputation des ''dob dob'' venait d'un groupe agressif de moines qui prenait rang entre les dob-dob et les moines occupés à l'étude mais dès qu'ils rejoignaient Ganden, ils apprenaient à se maîtriser et se discipliner<ref>{{cite book|last=Samdup|first=Gekoe Lobsang|coauthors= Brian Harris, Heather Wardle|title=Tibetan Voices|publisher=Pomegranite|year=1996|pages=103|url=http://books.google.com/books?id=9KHaQS2BRrQC&pg=PT103.}}</ref>. |
Selon le ''Gekoe'' Lobsang Samdup, un ancien ''dob-dob'' du monastère de [[Ganden]], les ''dob-dob'' formaient une communauté monastique qui remplissait diverses tâches, comme jouer du [[Dungchen]], et d'autres instruments de musique religieux, et la plupart des travaux lourds autour du monastère, par exemple pour terminer des construction ou des réparations. Au moment des festivals religieux, ils décoraient aussi le monastère. Quand des pic-niques étaient organisés, ils mettaient en place des tentes pouvant accueillir jusqu'à 100 moines. Quand le [[dalaï-lama]] se rendait à [[Ganden]], les ''dob-dob'' lui préparaient une tente élaborée. Dans les collèges des monastères, des moines riches leurs demandaient certaines tâches contre de l'argent, et ils devenaient finalement assez riches, formant une communauté efficace. La mauvaise réputation des ''dob dob'' venait d'un groupe agressif de moines qui prenait rang entre les dob-dob et les moines occupés à l'étude mais dès qu'ils rejoignaient Ganden, ils apprenaient à se maîtriser et se discipliner<ref>{{cite book|last=Samdup|first=Gekoe Lobsang|coauthors= Brian Harris, Heather Wardle|title=Tibetan Voices|publisher=Pomegranite|year=1996|pages=103|url=http://books.google.com/books?id=9KHaQS2BRrQC&pg=PT103.}}</ref>. |
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[[File:Bundesarchiv Bild 135-S-10-09-36, Tibetexpedition, Neujahrsfest Lhasa, Mönche.jpg|thumb|Un moine-policier lors des festivités du [[Losar]] en 1939 à Lhassa]] |
[[File:Bundesarchiv Bild 135-S-10-09-36, Tibetexpedition, Neujahrsfest Lhasa, Mönche.jpg|thumb|Un moine-policier lors des festivités du [[Losar]] en 1939 à Lhassa]] |
Version du 13 septembre 2011 à 23:12
Les dob-dob (tibétain : ལྡོབ་ལྡོབ་ ; wylie :ldob ldob) sont des moines tibétains entraînés aux arts martiaux, qui avaient pour rôle d'assurer la sécurité dans les trois principaux monastères gélougpa de Lhassa (Sera, Ganden et Drépung)[1]. Ils mettaient des épaulettes pour avoir l'air plus impressionnant[2].
Histoire
L'histoire des dob-dobs remonte au moins au 5e dalaï-lama.
Il se produit un incident majeur en 1954, l'année où pour la première fois, l'administration chinoise au Tibet interdit aux dob-dobs d'assurer la sécurité lors des fêtes de Mönlam[3].
Activités
Selon Tashi Khedrup du monastère de Sera, ils assuraient la sécurité dans les monastères et la fonction de garde du corps de grands lamas lors de leurs déplacements au Tibet[4].
Selon le Gekoe Lobsang Samdup, un ancien dob-dob du monastère de Ganden, les dob-dob formaient une communauté monastique qui remplissait diverses tâches, comme jouer du Dungchen, et d'autres instruments de musique religieux, et la plupart des travaux lourds autour du monastère, par exemple pour terminer des construction ou des réparations. Au moment des festivals religieux, ils décoraient aussi le monastère. Quand des pic-niques étaient organisés, ils mettaient en place des tentes pouvant accueillir jusqu'à 100 moines. Quand le dalaï-lama se rendait à Ganden, les dob-dob lui préparaient une tente élaborée. Dans les collèges des monastères, des moines riches leurs demandaient certaines tâches contre de l'argent, et ils devenaient finalement assez riches, formant une communauté efficace. La mauvaise réputation des dob dob venait d'un groupe agressif de moines qui prenait rang entre les dob-dob et les moines occupés à l'étude mais dès qu'ils rejoignaient Ganden, ils apprenaient à se maîtriser et se discipliner[5].
Moines-policiers[Interprétation personnelle ?]
Selon The Tibet Album, certains membres de cette communauté faisaient fonction de policiers devant le Jokhang durant le festival de Mönlam. Ils portaient des vêtements rembourrés et tenaient une longue barre de bois ou une branche servant à maîtriser la foule[6].
Moines-gardes du corps
Sir Charles Bell rapporte qu'on louait les services des dob-dob à des fins d'attaque ou de défense. Ainsi, les hauts lamas qui avaient à voyager dans des régions infestées de brigands engageaient des dob-dob comme gardes du corps[7].
Moines-soldats
Selon le spécialiste des religions Odon Vallet, le bouddhisme tibétain n'a pas toujours été un modèle de non-violence et les rivalités entre écoles se sont souvent réglées de manière musclée, par l'intermédiaire de moines-soldats[8]. Selon Lydia Aran, des monastères tibétains entretenaient des armées privées qui étaient déployées en cas de conflit avec le gouvernement local ou avec d'autres monastères ou parfois même entre différentes écoles à l'intérieur d'un même monastère[9].
Importance numérique
Les moines de combat dob-dob représentaient 15% des moines des grands monastères gélougpa à l'intérieur et aux alentours de Lhassa[10].
Tenue
L'ancien instructeur sportif autrichien Heinrich Harrer, qui allait souvent à Drépung s'entraîner avec les dob-dob, décrit ces derniers comme une organisation interdite mais tolérée de moines-soldats portant un brassard rouge, se grimant le visage avec de la suie, portant à la ceinture une énorme clé servant de matraque ou de projectile, et souvent armés d'un couteau de cordonnier. Ils avaient une démarche provocatrice et avaient vite fait de frapper, il valait mieux s'effacer sur leur passage[11]. Sir Charles Bell indique qu'ils portaient des cheveux longs[12].
Compétitions athlétiques
Selon Heinrich Harrer, les dob-dob des divers monastères étaient toujours en guerre les uns contre les autres, ce qui constituait un exutoire pour leur trop-plein d'énergie. Leur pugnacité s'épuisait aussi dans des compétitions athlétiques entre monastères rivaux. Ayant un plus grand éventail d'athlètes que les autres monastères, Drépung était généralement vainqueur[13]
Références
- ↑ Kunzang Dechen Lingpa Rinpoche, extrait de biographie.
- ↑ Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, 1954, p. 160 : « Pour augmenter encore leur carrure, ils ne dédaignent pas de rembourrer leur robe aux épaules. »
- ↑ Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, traduction de l'anglais Sylvie Carteron et Catherine Béranger, postface Jean-Paul Ribes, Editeur Claire Lumière, 1993, (ISBN 2905998261).
- ↑ Tashi Khedrup et Hugh E. Richardson, Mémoires d'un moine aventurier tibétain, Picquier, 1998, (ISBN 2-87730-397-7)
- ↑ (en) Gekoe Lobsang Samdup, Brian Harris, Heather Wardle, Tibetan Voices, Pomegranite, , 103 p. (lire en ligne)
- ↑ Dobdob monk policemen outside the Jokhang : « Monk policemen, dobdob (ldob ldob) outside the entrance to the Shira gate on the south side of the Jokhang during Monlam Torgyap. They are wearing padded clothing and holding long wooden staves and branches used to control the crowds during the Great Prayer Festival (Monlam Chenmo). »
- ↑ (en) Charles Bell, Portrait of a Dalai Lama: The Life and Times of the Great Thirteenth, Wisdom Publications, 1987, p. 312 : « People hire them for purposes of attack and defense; in fact, lamas travelling in places infested with robbers may take some of them as bodyguards. »
- ↑ Philippe Couanon (PRAG histoire) & Laetitia Luzzi (doctorante en anthropologie à Nanterre, ex-étudiante à Lhassa), Le Tibet contemporain, 12 mai 2009 : « "Le bouddhisme tibétain n'a pas toujours été un modèle de non-violence et les écoles rivales ont souvent réglé leurs comptes de manière musclée, par l'intermédiaire des (...) moines-soldats" (Odon Vallet, in Le Monde, 1995). »
- ↑ (en) Lydia Aran, Inventing Tibet, Commentarymagazine.com, January 2009 : « Tibetan monasteries maintained private armies that were deployed in conflicts with the local government, with other monasteries, and sometimes even among schools within the same monastery. »
- ↑ Lyndia Aran, op. cit. : « Fighting “dobdos” were known to constitute 15 percent of the monks of the great Gelugpa monasteries in and around Lhasa ».
- ↑ (en) Seven years in Tibet, translated from the German by Richard Graves; with an introduction by Peter Fleming; foreword by the Dalai Lama, E. P. Dutton, 1954 : « The red-cowled forms are not all gentle and learned brothers. Most of them are rough, tough fellows for whom the whip is not discipline enough. The worst of them belong to the unauthorized but tolerated organization of the Dob-Dobs, or monkish soldiery. They wear a red armband and blacken their faces with soot. In their belts they stick a huge key, which they can use as a cosh or a missile, and they often have a sharp cobbler's knife in their pockets. Many of them are well-known bullies. Their gait is provocative, and they are quick to strike. Sensible people give them a wide berth. »
- ↑ Charles Bell, op. cit., p. 224 : « They keep their hair long and their skirts short [...]. »
- ↑ Heinrich Harrer, Seven Yars in Tibet, op. cit. : « In peacetime, too, they have opportunities for getting rid of their superfluous energy, as the Dob-Dobs of the different monasteries are always at war with one another. It is fair to add that their differences are not always settled by violence, and that some of their pugnacity is expended in athletic contests between rival monasteries. Drebung is usually the victor, having a larger choice of athletes than its competitors. As a former sports instructor, I often used to go to Drebung, and the monks were always glad to have me taking part in their training. This was the only place in Tibet where I found men with athletic figures and trained muscles. »