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« Altermondialisme » : différence entre les versions

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Version du 23 mars 2006 à 16:27

L'altermondialisme (ou mouvement altermondialiste) est un mouvement social hétérogène revendiquant la volonté qu'un ensemble de valeurs humanistes (comme la démocratie[1], la justice économique[2], l'autonomie des peuples[3], la protection de l'environnement[4] et les droits humains fondamentaux[5]) prenne le pas sur ce qu'il analyse comme les "logiques économiques de la mondialisation néolibérale".

Ces thèmes se retrouvent dans des textes de divers mouvements altermondialistes : plateforme proposée par ATTAC, manifestes ou rapports élaborés durant les forums sociaux mondiaux, dont le manifeste de Porto Alegre, des textes de l'ONU de déclarations de droit et d'autonomie dont les altermondialistes "réformateurs" veulent l'application concrète.[6] (voir aussi le chapitre Propositions)

Le préfixe alter fut introduit pour se différencier du terme d'antimondialisation, appellation qui a subsisté dans d'autres langues que le français, bien que dans le monde anglophone, il soit aussi mis en question [7].

Politiquement, le mouvement oscille entre un réformisme (par exemple à travers la revendication d'une Taxe Tobin[8] par Attac) et un « imaginaire de la rupture », mais se rassemble autour du slogan « Un autre monde est possible ». Il consiste en :

  • une contestation de l'organisation interne, du statut et des politiques des institutions mondiales telles que l'OMC, le FMI, l'OCDE, le G8 et la Banque mondiale.
  • une recherche d'alternatives, globales et systémiques, à l'ordre international de la finance et du commerce.


Historique et structure

Le mouvement prend racine au début des années 1980 dans les pays du Sud avec la lutte contre la dette, l'OMC et les plans d'ajustement structurels du FMI; mais il reste alors inaperçu en Occident. Il apparaît en Europe, aux États-Unis et en Corée à partir de 1994, dans le cadre d'une critique du chômage, de la précarisation du travail et la remise en cause de la protection sociale. Les manifestations de Seattle en 1999 sont les premières manifestations médiatisées altermondialistes. Elles sont suivies par le rassemblement de Gênes en 2001 (avec la mort d'un manifestant tué par balle par la police italienne) contre le sommet du G8 et les Forums sociaux mondiaux de Porto Alegre de 2001 à 2003 et de Mumbai en 2004. En novembre 2002 s'est également tenu le premier Forum social européen à Florence, au cours duquel 450.000 à 1 million de personnes ont défilé contre la guerre en Irak et pour un autre monde. En tant que lieux d'échanges et évènements médiatiques, les forums sont les espaces et les moments privilégiés du mouvement.

Composition

Le mouvement altermondialiste résulte de la convergence et de la multiplicité de mouvements. Il regroupe des personnes d'horizons très divers[9]: paysannerie, couches populaires et petite bourgeoisie du Sud, pauvres et salariés précaires des pays industrialisés, syndicats ouvriers et enseignants, associations de consommateurs, de chercheurs, de jeunes, mouvements écologistes, anti-militaristes, féministes, communistes, marxistes, nationalistes, keynésiens et anarchistes... Pour marquer cette raison, cette mouvance est appelée parfois le mouvement des mouvements [10].

Cette diversité se reflète dans le grand nombre d'organisations se revendiquant altermondialistes. Le point de vue altermondialiste connaît également un écho parmi certains dirigeants des PMA, ainsi que certains l'ont exprimé dans la déclaration de Dhaka ou dans leur appartenance au mouvement des non-alignés.

Convergence d'une multiplicité de mouvements et d'associations, la mouvance altermondialiste n'a pas d'organisation en elle-même. Elle constitue un réseau au fonctionnement "horizontal", refusant les hiérarchies verticales. Les associations réunies au sein du mouvement peuvent d'ailleurs être organisées suivant ce modèle (ainsi dans l'Union syndicale Solidaires en France), mais certaines organisations comme ATTAC France reproduisent dans leur structure une hiérarchie pyramidale en octroyant un pouvoir décisionnel important à une minorité, comme le collège des fondateurs d'ATTAC.

Les altermondialistes cherchent à développer des réseaux internationaux (cf: la structure des mouvements ATTAC, ou Indymedia), notamment à travers des forums mondiaux, tel le Forum Social Mondial de Porto Alegre, afin d'y développer des synergies internationales entre les différents mouvements.

Orientations

Le terme anti-mondialisation a été le premier utilisé par les journalistes pour désigner le mouvement contestataire. En 1999, le terme altermondialisme ou altermondialisation, d'origine belge, fut introduit dans la francophonie pour mettre en avant le caractère favorable d'une partie du mouvement à une forme de mondialisation. Malgré l'attribution de tendances nationalistes et/ou anti-capitalistes au terme anti-mondialisation, la spécificité des deux termes reste assez imprécise.

La pluralité des orientations politiques au sein du mouvement est difficile à synthétiser. Il est possible de décrire un certain nombre d'orientations spécifiques au sein du mouvement :

Aucune de ces positions ne fait l'unanimité dans le mouvement altermondialiste.

Toutefois, la plupart des tendances s'accordent sur un compromis que l'on retrouve aussi dans la tendance modérée, celle des «réformateurs modérés» qui sont partisans du libre-échange mais souhaitent que le marché soit régulé selon des impératifs sociaux et environnementaux. Ils sont par exemple généralement favorables à l'établissement de barrières douanières sur l'agriculture pour les pays du Sud en invoquant le principe de souveraineté alimentaire.

Positions

Positions présentées comme altermondialistes

Si la diversité du mouvement s'avère efficace en tant que front de contestation, le manque d'homogénité et de capacité à produire un programme politique clair empêche le mouvement de canaliser ses partisans dans une voie unique. Cependant, une orientation commune se dégage sur des thèmes généraux comme la lutte pour le développement, les droits fondamentaux comprenant la souveraineté alimentaire, la paix et la démocratie. Avec un discours souvent idéaliste, l'altermondialisme se veut un moteur de lutte sociale. Il a désigné comme son principal adversaire idéologique le néo-libéralisme.

Leur critique part des rapports de pauvreté et de domination grandissant entre le Nord, principalement l'Amérique du nord et l'Europe, et une partie des pays du Sud dont l'Afrique subsaharienne et les PMA. Les altermondialistes sont aussi préoccupés par la croissance des inégalités entre la proportion mondiale la plus riche et la plus pauvre, ainsi que par l'insécurité écologique comme la pollution industrielle, l'effet de serre, les OGM (voir Lutte anti-OGM), les armes chimiques et nucléaires…

Les altermondialistes accusent également les grandes oligarchies transcontinentales et les organes financiers et commerciaux internationaux de favoriser, directement ou indirectement, des intérêts privés plutôt que l'intérêt général par la recherche de profits au détriment des facteurs sociaux et écologiques (voir externalité négative et les difficultés à appliquer le protocole de Kyoto ou la Bourse du carbone).

En particulier, ils critiquent la valorisation des politiques de délocalisations qui sont selon eux négatives à la fois pour les pays développés (car menaçant la stabilité et le volume de l'emploi, la sécurité sociale ou le minimum salarial) et pour les pays du Sud (car favorisant le dumping social et l'exploitation par le Nord plutôt que le développement local des pays du Sud).

La pensée altermondialiste veut, d'une part, faire prendre conscience des méfaits qu'elle attribue au néo-libéralisme, déconstruire ce qu'elle appelle le "dogme néo-libéral", et, d'autre part, proposer des réformes ou du moins des alternatives.

Critiques

Critique du marché mondial

Les altermondialistes considèrent que la mondialisation par le marché n'est pas un synonyme de progrès humain, celle-ci ne profitant, selon eux, pas équitablement à tous. Ils estiment que la croissance des inégalités et la pauvreté permanente dans le monde sont des effets pervers du libre marché mondialisé .

Les altermondialistes dénoncent particulièrement l'inégalité croissante entre la proportion des plus riches et des plus pauvres de la planète, qui a augmenté depuis 1960, qu'ils attribuent à la mondialisation plutôt qu'aux causes internes à ces pays. Selon le rapport 2001 du PNUD, 1% des plus riches mondiaux disposent d'un revenu cumulé égal à celui des 57% les plus pauvres. De plus, pour 45 des 77 pays disposant d'une statistique sur l'inégalité de revenu, celle-ci a cru à l'intérieur des pays entre 1960 et 1990, renforçant les inégalités intra-nationales.

Ils pointent également que entre 1990 et 2000, malgré l'accroissement des forces productives, illustré par le doublement du PNB mondial, le nombre des victimes de la faim n'a pas évolué significativement (+/- 810 millions de personnes).

Est également critiquée la libéralisation des flux financiers et monétaires mondiaux qui a, selon eux, un effet déstabilisateur sur les économies locales et des conséquences humaines néfastes. Ils attribuent par exemple la crise argentine et la crise asiatique du sud-est à la fin des années 90 à cette libéralisation.

Position vis-à-vis des États et des organismes internationaux

Les altermondialistes considèrent que l'économie n'est pas régie par des lois économiques naturelles et immuables mais est le fruit de politiques conscientes des gouvernements qui concèderaient de plus en plus leur pouvoir au marché (voir Consensus de Washington).

De leur point de vue, le marché réduirait l'homme et la nature à sa valeur marchande. Ils voient comme contrepoids des instances externes aux marchés, comme les États, certaines organisations internationales ou, sans trop de précision sur sa représentation, la société civile. Bien que se disant favorables au développement d'organisations internationales, ils s'attaquent à celles qui cherchent à privatiser ou à réduire l'accès aux services publics, ainsi qu'à celles qui visent à libéraliser l'économie.

L'organisation ATTAC résume le souhait des altermondialistes de modifier les règles des grandes institutions internationales comme suit:

"Une réforme radicale des institutions financières internationales, fondée sur une remise en cause de l’organisation actuelle des pouvoirs au sein du système financier international, constitue une condition politique préalable à la construction d’un mondialisme alternatif fondé sur le pouvoir des peuples et sur une nouvelle conception du développement durable."

Les altermondialistes souhaitent une plus grande démocratisation des institutions supra-nationales, non démocratiquement élues au suffrage universel direct, comme l'OMC, FMI, la banque mondiale ou le G8 (voir également: Controverses sur la Banque Centrale Européenne). Posant les conditions idéologiques sur ce que devraient décider ces instances, le mouvement est cependant critiqué pour le manque de précisions sur les modalités de la démocratisation.

Critique de l'OMC

Certaines organisations comme Oxfam dénoncent le fait que les intérêts des pays développés prennent le pas sur le développement dans les négociations commerciales (Communiqué Oxfam). La majeure partie des altermondialistes vont beaucoup plus loin en accusant l'OMC de prendre systématiquement des décisions non-équitables et partiales parce que favorables aux intérêts des entreprises transnationales et aux intérêts nationaux des pays riches. Par exemple, les accords régis par l'OMC seraient déséquilibrés en ce qu'ils permettraient aux produits des pays industrialisés d'accèder aux marchés du Sud, alors que les produits d'exportation principaux de ces derniers, comme l'agriculture, ne profitent pas de la réciprocité. Les altermondialistes y voient une destruction du marché intérieur des pays concernés et une dépendance accrue dans l'industrie des pays avancés, dans un climat d'hypocrisie générale. Certains membres protectionnistes soutiennent néanmoins la Politique Agricole Commune qui subventionne les exportations agricoles des pays riches. Les altermondialistes reprochent les délocalisations vers les pays en développement, les considérant comme une source d'exploitation plutôt que comme une possibilité de développement local du secteur industriel ou des services.

Les négociations en huis clos sont également pointées du doigt, ainsi que le système de négociation per se, géré par des comités techniques non élus démocratiquement et accusés de dissimuler des lobbies d'intérêt privés. D'autre part, la domination des pays industrialisés dans le commerce mondial est pointée comme raison de l'impossibilité pour les pays pauvres et les groupes minoritaires de s'opposer aux décisions de l'OMC.

Principalement, les altermondialistes appellent à plus de démocratie, plus de transparence et un nouveau rapport de forces plus favorables aux pays en développement et aux politiques locales.

Aussi, ayant une gouvernance basée principalement sur les ministres du Commerce des pays adhérents, l'OMC est critiqué pour son manque de préoccupation dans les domaines sociaux et environnementaux qui sont pourtant influencés par ses décisions.

Les accords concernant la propriété intellectuelle comme les ADPIC sont également critiqués lorsqu'ils sont relatifs aux biens « vitaux » (aliments, médicaments, eau) ou aux organismes vivants. Sont en particulier visés les OGM et le prix élevé de certains médicaments comme ceux contre le SIDA. Certains groupes ont par exemple développé le concept alternatif de brevet positif pour y remédier. Les altermondialistes sont généralement favorables aux logiciels libres.

Critique du FMI

Pour les altermondialistes, les politiques menées par le FMI ont contribué de façon dramatique à des échecs économiques, sociaux et politiques dans un grand nombre de situations : notamment la crise asiatique de 1997, les transitions des économies russes et est-européennes à l'économie de marché, les réformes sud-américaines et la gestion des pays africains. Ils en veulent pour preuve la comparaison entre le bilan des économies qui ont suivi les prescriptions du FMI et celles qui les ont rejetées (cfr par ex. Les non alignés).

Les causes de l'échec sont attribuées à plusieurs facteurs, dont les intérêts de la communauté financière internationale, l'aveuglement des dirigeants par ce qu'ils appellent le dogme du marché néo-libéral et l'application de règles immuables ignorant les spécificités de chaque pays. Plus précisément, les altermondialistes dénoncent que les remèdes usuels prescrits par le FMI (libéralisation forcée avec privatisations et réduction du pouvoir de l'État) reposent sur l'hypothèse, qu'ils rejettent, que le marché aboutit à l'optimum, même après une période de transition douloureuse.

À travers les crises asiatiques et latino-américaines, le FMI est accusé également d'avoir menacé l'équilibre de l'économie par sa politique de libéralisation des capitaux, qui a permis les mouvements déstabilisants des capitaux spéculatifs. Les altermondialistes en appellent à une régulation des capitaux financiers.

Enfin, le FMI étant d'une part dirigé par des ministres de l'économie et des banquiers habitués au secret, et d'autre part, fortement influencé par les pays riches du Nord, les altermondialistes considèrent qu'il y a un manque de transparence et de démocratie dans l'institution.

Critiques des grandes firmes multinationales

L'altermondialisme s'oppose au grandes multinationales comme Monsanto (producteur de graines génétiquement modifiées, ou OGM), qui ont tenté d'interdire l'étiquetage sur les produits. La figure emblématique de cette lutte est José Bové. Plus généralement, les altermondialistes s'opposent à tous les brevets sur le code génétique (ADN), au motif qu'on ne saurait breveter les êtres vivants.

Ils s'opposent aussi aux multinationales du médicament (Roche, Pfizer, etc.), qui, par leurs brevets et le prix de vente de leur médicament, empêcheraient les pays pauvres d'avoir accès aux soins. Les médicaments Diflucan® ou Triflucan® notamment de Pfizer permettraient de sauver des dizaines de millions de personnes malades du SIDA en Afrique [[2]].

Ils dénoncent certaines multinationales qui, grâce à la libéralisation des échanges et aux avantages liés aux zones franches industrielles, délocalisent et sous-traitent à bon marché en violant les droits humains ou en provoquant des désastres écologiques. Par exemple, Shell est accusé de refuser d’assainir le site du plus grand déversement souterrain d’hydrocarbures en zone urbaine, à Durban, en Afrique du Sud, où plus d’un million de litres de pétrole auraient été répandus.

Propositions

Les altermondialistes soutiennent souvent des idées réformatrices dans le domaine économique comme celles d'un allègement ou de l'annulation de la dette des pays pauvres, d'une taxation sur les transactions financières (Taxe Tobin), et promeuvent aussi un commerce équitable où le consommateur a la garantie que le producteur auquel il achète un bien possède un revenu qu'il considère comme « équitable ».

Les propositions concernant les droits de l'homme et de l'environnement sont également présentes chez beaucoup d'entre eux. En particulier, la question de la durée est posée : à quoi sert de se développer en exploitant de plus en plus intensivement des ressources qui ne se renouvellent pas et dont l'épuisement est prévisible si ce n'est à aller plus vite dans le mur ? Le concept de développement durable est souvent employé, questionné et mis en débat en le comparant avec le concept de décroissance soutenable.

Les altermondialistes aspirent également à plus de démocratie mais les propositions concrètes sont très éparses, allant de la réforme des organisations internationales à l'instauration d'un parlement mondial par une mondialisation démocratique.

Plus précisément, une liste de propositions couramment avancées par les altermondialistes, dont particulièrement le mouvement ATTAC[11], a été synthétisée dans le Manifeste de Porto Alegre [3]. On distingue les :

Propositions liées à des réformes économiques

  • Annuler la dette publique des pays du Sud. L'argumentaire altermondialiste consiste à dire qu'ils l'ont déjà remboursée plusieurs fois via les intérêts, qu'elles ont été souvent contractées par un gouvernement précédent non démocratique afin de maintenir son pouvoir ou qu'elles sont le pendant de la dette écologique ou coloniale.
  • Tirer un bilan exhaustif et indépendant des conséquences des décisions de l'OMC, du FMI et de la Banque mondiale.
  • Instaurer des taxes internationales sur les transactions financières, dont la taxe Tobin sur le marché des devises. D'autres variantes existent comme celles sur les investissements étrangers, sur les bénéfices consolidés des transnationales, sur les ventes d'armes ou sur les activités à forte émission de gaz à effet de serre.
  • Démanteler les paradis fiscaux afin de contrer les évasions fiscales et le crime financier.
  • Interdire toute forme de brevetage du vivant et de privatisation de biens communs de l'humanité, l'eau notamment.

liées à la justice et à la paix

  • Mettre en place un système international respecté de prévention et règlement des conflits.
  • Appliquer la charte des Droits de l'homme contre toute forme de discrimination, de sexisme et de racisme et condamner de manière égale les différents pays qui ne la respectent pas.

liées au développement de la démocratie

  • Garantir le droit à l'information par des législations mettant fin à la concentration des médias dans des groupes de communication géants, et garantissant l'autonomie des journalistes par rapport aux actionnaires.
  • Réformer et démocratiser en profondeur les organisations internationales régies par le consensus de Washington (FMI, Banque mondiale, OMC) et y faire prévaloir les droits humains, économiques, sociaux et culturels, dans le prolongement de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Incorporer également ces organisations dans le système et les mécanismes de décision des Nations unies.

Réalisations

  • L'annulation de la dette des pays pauvres a été partiellement mis en œuvre mais faisait déjà partie des pratiques des chefs d'États (Club de Paris)
  • La revendication historique d'une taxation des capitaux patine ; la plus grande avancée a consisté en une initiative législative du Parlement européen, repoussée dès avant la première lecture grâce aux pressions de Tony Blair sur les députés travaillistes anglais, mais aussi et paradoxalement aux abstentions ou votes contre des députés de LO/LCR. Voir [4]
  • Le rejet du référendum sur la Constitution européenne en France est en partie du aux critiques altermondialistes. Ce résultat satisfaisant pour les altermondialistes, lui vaut en revanche l'hostilité d'une partie des partis de gauche social-démocrates français (PS) et européens (SPD en Allemagne, Parti Travailliste au Royaume-Uni notamment), ainsi que de la droite européenne modérée, ce que les altermondialistes interprètent comme une pensée unique pro-Union Européenne, nonobstant que leur courant de pensée soit loin d'etre le seul à s'y opposer (conservateurs britanniques, souverainistes en France et ailleurs, droite religieuse en Espagne, en Bavière ou en Pologne, libéraux notamment anglais…).
  • Certains boîtes à idées altermondialistes (comme le CADTM) s'accordent à penser que les décisions de transformer des plans drastiques du FMI en FPRC(facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance), ou encore l'émergence de l'initiative pour les pays fortement endettés ont été favorisées par les pressions altermondialistes.
  • les actions des institutions financières internationales qualifieés par les alter de "néolibérale" feraeint désormais l'objet de davantage de critiques.
  • certaines avancées (telles que la mise à disposition à prix réduit des médicaments anti-sida) peuvent être en partie due à l'activité et la pression des altermondialistes.

Critique des thèses altermondialistes

Le mouvement a été énormément critiqué sur plusieurs fronts par des politiciens, des membres des think tanks ou des économistes favorables au libre marché. Ils reprochent au mouvement une mauvaise analyse des indicateurs économiques. Ils dénoncent également le fait que, au-delà d'un discours humaniste, la motivation réelle de certains activistes réside dans le repli national.

Concernant les réalisations,le politologue français Zaki Laïdi, dans son ouvrage La grande perturbation analysant la mondialisation comme une nouvelle expression du changement social dans son ensemble, arrive à la conclusion que « La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée »[5]

Critique de l'analyse économique

Les détracteurs du mouvement affirment que les altermondialistes ne voient pas l'évidence des corrélations entre l'action du libéralisme et la croissance des richesses ou l'amélioration des indicateurs sociaux. Les altermondialistes dénoncent par ailleurs l’écart croissant des richesses entre pays pauvres et pays riches, écart qu’ils imputent à la mondialisation. Toutefois les pays pauvres ont connu une croissance économique supérieure à celle des pays riches tout au long des 50 dernières années marquées par cette mondialisation, alors qu’elle avait été largement inférieur jusque là. L’écart des revenus par tête entre pays du Nord et du Sud ne semble donc imputable qu’à une cause interne : l’explosion démographique.

Un argument souvent avancé par les opposants au mouvement est que le rapport de pauvreté entre les pays industrialisés et ceux du Tiers-Monde peut être expliqué en termes de la Dégradation des termes de l'échange, des problèmes internes des pays du Tiers-Monde et du manque de libre marché.

Ils soutiennent également que les différentes crises en Argentine ou dans les pays asiatiques peuvent être expliquées en termes de déséquilibres internes et aux politiques économiques de ces pays.

Critique des motivations du mouvement

Pour certains des opposants à l'altermondialisme, la priorité du mouvement, loin de vouloir faire avancer la mondialisation dans des domaines positifs, est surtout de promouvoir une théorie économique et sociale proche du socialisme, voire nationalisme.

C'est ainsi que certains discours généreux pourraient être de simples rationalisations, couvrant d'un vernis éthique la défense corporatiste de catégories sociales apparaissant excessivement protégées et subventionnées. Par exemple:

  • les agriculteurs des pays du Nord, chercheraient, en utilisant cette plate-forme, à conserver des barrières douanières empêchant aux agricultures du Sud d'exporter, une voie essentielle de leur développement.
  • les membres du mouvement qui dénoncent les importations du Sud "non éthiques " (cf. les produits chinois), chercheraient à restreindre la concurrence des travailleurs du Sud à des "niches" très limitées et simplement symboliques, comme le commerce équitable.

La diffusion des idées altermondialistes contribue par ailleurs à permettre à certains gouvernements de mettre en place des politiques mercantilistes visant à défavoriser les pays en développement dans leur effort de rattrapage. On voit par exemple le gouvernement américain tenter de freiner les importations de produits étrangers sur la base de revendications altermondialistes telles la protection de l’environnement (les pêcheurs mexicains seraient moins respectueux des dauphins que leurs homologues américains) ou la lutte contre la pauvreté (les Etats-Unis et l’Union Européenne dénoncent les conditions de travail dans certains pays pauvres afin, selon certains, de trouver un prétexte à la protection de leur marché national).

Critiques de l'altermondialisme

Effets sur le commerce international critiqué

Sur la question des échanges mondiaux, les altermondialistes dénoncent la logique ultra-libérale du libre-échange. Toutefois les principes du libre-échange sont couramment admis et approuvés par la très grandes majorité des économistes, libéraux ou non qui en soulignent les aspects positifs. Selon Paul Krugman[12], les confusions et la remise en cause du libre-échange auxquelles contribuent les revendications altermondialistes tendent à donner à l’opinion l’illusion d’un conflit commercial planétaire qui menacerait à terme le développement harmonieux des échanges mondiaux. Dans leur analyse de l’OMC, les altermondialistes montrent par ailleurs une apparente incompréhension des principes du libre-échange. Considérer le libre-échange comme profitable uniquement lorsqu’il prend la forme de concessions réciproques relève d’un « mercantilisme éclairé ». Selon la théorie du libre-échange, certes le protectionnisme des pays riches en matière agricole nuit au pays pauvres (et aux pays riches par la même occasion), mais ce n’est pas pour autant que la libre circulation des produits industriels se fait en leur défaveur.

Conséquences politiques selon les détracteurs

Les altermondialistes souhaitent par ailleurs refonder la logique économique sur des bases morales et sociales. Cette logique est celle qu’avait décrite Friedrich August Von Hayek dans son ouvrage La Route de la Servitude en 1944. Chercher à fonder l’activité économique sur une base morale ou sociale mène à un certain contrôle de l’Etat sur le travail des hommes et sur leurs consommations. Cette concentration de pouvoir dans les mains de certains, légitimée par des choix moraux et sociaux (arbitraires qu’ils soient démocratiques ou non) et propagés par la propagande, mène nécessairement au totalitarisme selon Hayek.

De fait, on remarque que le langage altermondialiste s’enrichit régulièrement de concepts parmi lesquels la « mal bouffe » par exemple. Devons nous lutter contre la consommation de hamburgers et démonter des restaurants parce que les « défenseurs du terroir » la voient comme une dégradation des pratiques alimentaires ?

De même la dénonciation de la recherche des intérêts particuliers par les grands acteurs capitalistes de la mondialisation sous-entend qu’il pourrait exister un consensus sur l’intérêt général, qui justement, se manifesterait dans ce mouvement social et donc non représenté au plan politique. Cette idée que la plupart des acteurs de la mondialisation actuelle favorisent leur intérêt personnel tandis que les altermondialistes viennent offrir des propositions allant dans le sens de l’intérêt général peut être perçue comme démagogique.

De fait, on reproche souvent à l’altermondialisme de favoriser des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. On a par exemple du mal à comprendre que la mise en place de quotas d’importation sur le textile chinois afin de protéger une industrie ayant déjà pratiquement disparu et impliquant une hausse des prix de ces produits pour l’ensemble des consommateurs puisse servir l’intérêt général. De même la revendication de protections douanières pour les agricultures du Nord au prétexte d’une souveraineté alimentaire parait étrange dans la mesure où ce sont précisément ces pays qui constituent les grandes puissances agricoles largement excédentaires et qu’on voit mal les pays d’Afrique subsaharienne les supplanter. L’histoire économique semble par exemple montrer que la fin des famines en Europe occidentale coïncide avec la libre circulation des grains. En raison des climats et des autres avantages naturels des différents pays, il est logique que certains d’entre eux obtiendront davantage de blé en produisant du café et en l’échangeant, qu’en produisant eux même du blé. De ce point de vue, le protectionnisme complet en contradiction avec la logique du libre-échange semble inadéquat dans un monde où s’annoncent des pénuries croissantes.

Manipulation de l'opinion ?

Autre aspect qualifié de démagogique par les détracteurs, l’insistance des altermondialistes sur des phénomènes marginaux telles que les délocalisations. Celles ci concernent selon la plupart des économistes des quantités tout à fait négligeables d’emplois au vu du chômage dans certains pays (inférieurs le plus souvent à 1% de la population active). Les altermondialistes oublient aussi de préciser que ces délocalisations se font la plupart du temps en direction de pays riches et non des pays pauvres.[13]

Enfin nombre d’économistes soulignent que les pays pauvres ne souffrent pas d’être exploités mais souffrent du protectionnisme des pays riches. Les phénomènes de flux migratoires contredisent aussi les thèses altermondialistes tel que le dumping social. Ainsi les mexicains affluent-ils source sur les Etats-Unis alors qu’on prétend au même moment que les emplois américains se déversent vers le Mexique[14]. Selon les libéraux, on retrouverait cet esprit dans certaines protestations, contre la directive Bolkenstein en Europe par exemple, qui selon les altermondialistes menacerait les conditions de travail des pays d’Europe occidentale. Les libéraux, qui défendent cette directive, dénoncent l'analyse qui consiste à faire de celle ci un danger majeur alors qu’elle n’est, selon eux, susceptible de concerner que de rares activités du fait de la proximité nécessaire à la prestation de la plupart des services.

Médias, groupes de pression citoyens et autres structures

Les structures hétéroclites constituant la mouvance altermondialisme sont organisées en réseau, où les médias qualifiés d'altermondialistes jouent un grand rôle. Parmi ces médias, on peut citer le Le Monde diplomatique, Indymedia, Le Plan B, journal de l'association de critique des médias Acrimed, Bellaciao ou encore Le bretzel.

Les médias relais de cette pensée peuvent parfois prendre des chemins curieux, Le Monde diplomatique est détenu à 51% par le groupe de presse La Vie - le Monde, dont le quotidien Le Monde est loin d'être dans l'esprit altermondialiste.

Les documents des structures onusiennes comme les rapports du PNUD jouent aussi un rôle important, comme l'étude critique des documents produits par des institutions contestées (FMI, OMC, Banque Mondiale).

Débats internes et déficits du mouvement

Le mouvement altermondialiste est confronté aujourd’hui à des débats d'orientation en son sein.

Certains de ses acteurs s’interrogent sur la place du mouvement dans l'ensemble des luttes sociales d'émancipation. L’altermondialisme doit-il jouer un rôle antagoniste du néo-libéralisme comme l’était le communisme face au capitalisme, ou bien doit-il être une force d’opposition et d’adaptation à l’intérieur du système actuel ?

D’autre part, la question de la représentation politique est posée. La plupart des organisations altermondialistes refusant de créer un parti, le mouvement s'est axé comme un contre-pouvoir, un mouvement social et fait appel à l'opinion publique, créant des groupes de pression et organisant des mouvements citoyens.

La question des alliances est constante. Les affinités sont grandes avec les mouvements anti-guerre et anti-fascistes. Certains altermondialistes, plus radicaux, sont alliés aux anti-capitalistes, d'autres encore aux anti-productivistes. Certaines organisations sont également proches de la pensée néo-keynésienne.

La question des résultats obtenus se pose aussi ; en quelques années d'existence les avancées obtenues sur les grandes propositions altermondialistes (dette du Tiers-Monde, Taxe Tobin, droit à l'existence d'autres régulations que le marché, etc.) paraissent peu satisfaisantes.

Questions ouvertes

La pensée altermondialiste constitue une importante réflexion intellectuelle sur le monde d’aujourd’hui. La réforme de l’ONU, le débat ouvert à la Banque mondiale par les néo-keynésiens (dont son ancien directeur Joseph E. Stiglitz), la montée des opinions publiques des pays du Sud, et l'organisation d'un groupe de pression du Sud (le G22) à l’OMC sont autant d’occasions de penser autrement la société moderne.

Quelques questions très générales alimentent les débats de fond :

  • Quels sens peuvent avoir les concepts de droits humains fondamentaux, de responsabilité mondiale, d’intérêt général mondial dans le respect et la non-discrimination des minorités?
  • Comment mondialiser la démocratie, abstraitement définie comme la souveraineté populaire ?
  • Comment définir un patrimoine commun de l’humanité ? Faut-il mettre en place des instruments juridiques pour le protéger ?
  • Quelle est la place de l’économie dans la société ? Faut-il une régulation mondiale plus forte ? Les institutions existantes peuvent-elles servir à une régulation ou faudrait-il les renverser?
  • Quel est l’avenir de la société civile que certains considèrent représentée par ses ONG ?
  • Comment éviter que l'altermondialisation, en diabolisant la mondialisation, ne crée des replis identitaires nationaux et ethniques?

Notes et références

  1. L'association ATTAC souhaite par exemple que l'OMC, le FMI, et la Commission européenne fassent l'objet d'élections démocratiques (sans que les processus électifs ne soient clairement décidés); le manifeste de Porto Alegre plaide pour la démocratisation des instances internationales et l'intégration de la BM/FMI et de l'OMC dans l'Organisation des Nations unies ; une des revendications de la marche mondiale des femmes est la mise sur pied d'une organisation politique mondiale avec une parité entre pays pauvres et pays riches, et avec représentativité des femmes.
  2. Voir, par exemple, cette déclaration au FSM de 2002
  3. On peut par exemple citer l'intérêt du mouvement pour l'EZLN, pour Vandana Shiva et sa lutte pour le développement des semences libres en Inde, et contre les graines payantes des semenciers comme Monsanto
  4. Par exemple, soutien du Protocole de Kyoto
  5. Voir la proposition 4 de la Marche mondiale des femmes. Ces exemples sont illustrés par les reportages de Michael Moore sur les conditions de travail en Asie du Sud-Est dans les compagnies travaillant pour les grandes firmes multinationales occidentales, comme Nike
  6. voir notamment les propositions de la Marche mondiale des femmes
  7. voir l'article (en) en:anti-globalisation#Appropriateness of the term
  8. Cet économiste s'oppose au mouvement altermondialiste et s'est plaint du détournement de son nom et de sa proposition
  9. voir un début de "recensement" dans l'article organisations se revendiquant altermondialistes
  10. Voir samizdat
  11. par exemple socle de 8 séries de mesures [1]
  12. Paul Krugman, La mondialisation n'est pas coupable, 1996
  13. A titre d'exemple, selon l'INSEE,sur la période 1995-2001 «ce sont 13 500 emplois industriels qui auraient été « délocalisés » en moyenne chaque année, soit 0,35% du total de l’emploi industriel. Un peu plus de la moitié des emplois délocalisés l’auraient été à destination des pays développés, notamment des pays limitrophes de la France et des États-Unis.» L’Économie française, Comptes et dossiers 2005-2006, Rapport sur les comptes de la Nation de 2004, INSEE
  14. Ce point a été largement développé par les adversaires de l'ALENA au milieu des années 1990 et fait toujours débat aux Etats-Unis

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes