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Cette hausse du prix a motivé [[Jimmy Carter]] à mettre de côté le projet de construction des navires ''Nimitz'', et de reprendre la construction des navires à propulsion classique, beaucoup moins onéreux. Cette décision fut très mal reçue par son gouvernement, et le [[Congrès des États-Unis|Congrès]] en a décidé autrement, en votant en 1980 la construction du quatrième porte-avions ''Nimitz''. L'élection de [[Ronald Reagan]] et sa politique vis-à-vis de la marine seront très profitables à la classe ''Nimitz'', notamment grâce au plan « [[Marine de 600 navires]] » de [[John Lehman]], [[Secrétaire à la Marine des États-Unis|Secrétaire à la Marine]]. L'US Navy commanda deux nouveaux navires fin 1982, et deux autres supplémentaires en 1988, ce qui ramena à 8 le nombre de navires de la classe ''Nimitz''. Les deux dernières unités ont été commandées en 1994 et 2001, pour un montant respectif de 4,3 milliards et 6,2 milliards de dollars. |
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La mise en service de l'''Enterprise'' et la construction des trois premiers navires ''Nimitz'' en 1973 mirent la [[marine soviétique]] en alerte. En effet, à cette même période, celle-ci ne possédait rien de plus que deux [[porte-hélicoptères]] de la classe ''[[Classe Moskva|Moskva]]''. En 1973, le Secrétaire à la Défense Russe [[Andrei Gretchko]] initia le ''Projet 1153 Orel'', programme qui proposait la construction de porte-avions géants nucléaires similaires à ceux de la classe ''Nimitz'', mais en version plus courte et ne pouvant emporter que 70 avions à bord. Le coût de construction étant trop important, le programme fut modifié afin d'être moins ambitieux, et devait aboutir à la construction d'un porte-avions géant nucléaire ne pouvant embarquer que 50 avions. Mais le navire coûtait encore trop cher |
La mise en service de l'''Enterprise'' et la construction des trois premiers navires ''Nimitz'' en 1973 mirent la [[marine soviétique]] en alerte. En effet, à cette même période, celle-ci ne possédait rien de plus que deux [[porte-hélicoptères]] de la classe ''[[Classe Moskva|Moskva]]''. En 1973, le Secrétaire à la Défense Russe [[Andrei Gretchko]] initia le ''Projet 1153 Orel'', programme qui proposait la construction de porte-avions géants nucléaires similaires à ceux de la classe ''Nimitz'', mais en version plus courte et ne pouvant emporter que 70 avions à bord. Le coût de construction étant trop important, le programme fut modifié afin d'être moins ambitieux, et devait aboutir à la construction d'un porte-avions géant nucléaire ne pouvant embarquer que 50 avions. Mais le navire coûtait encore trop cher le projet sera définitivement abandonné en 1983<ref name="russiafile">{{en}} |
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Toutefois, il est impossible de construire de tels porte-avions ''entièrement'' sur place : le chantier n'est pas assez vaste et ne dispose pas des capacités logistiques nécessaires. C'est pour cette raison que les navires fraîchement construits quittent le chantier naval dès que possible et sont remorqués le long {{Lang|en|texte=[[James River (Virginie)|James River]]}}. À ce moment, le navire est à moitié construit (sa structure métallique est entièrement achevée). {{formatnum:2600}} dockers ont alors pour mission de transporter à bord tout l'équipement nécessaire à la complétion du navire et à son armement. Celui-ci entame ensuite une croisière de tests pour déceler les éventuelles failles (électronique de bord, tenue en mer, armes, systèmes de sécurité, etc.), et retourne au chantier naval pour y subir les corrections nécessaires. Enfin, le navire est baptisé sur place et entre en service actif. |
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L'opération ''{{Lang|en|texte=[[Opération Eagle Claw|Eagle Claw]]}}'' est la première offensive à laquelle le ''Nimitz'' a pris part, en avril 1980. La première victoire aérienne remportée par le ''Nimitz'' eut lieu en 1981, dans le [[golfe de Syrte]], lorsque deux [[Soukhoï Su-17|Soukhoï Su-22]] ouvrent le feu sur le navire. Ils seront abattus par une escadre de [[Grumman F-14 Tomcat|F-14]]. Depuis lors, les navires de la classe ''Nimitz'' sont régulièrement employés pour résoudre les conflits du [[golfe Persique]]. Une première réussite dans l'opération ''{{Lang|en|texte=[[Opération Earnest Will|Earnest Will]]}}'' en 1998, puis une démonstration de force durant la [[Guerre du Golfe (1990-1991)|deuxième guerre du Golfe]] démontrèrent le rôle décisif des porte-avions ''Nimitz'' au cœur d'un conflit. Les ''Nimitz'', de plus en plus nombreux, se sont rapidement démocratisés dans les conflits des années 1990. Ils furent massivement utilisés dans l'opération ''{{Lang|en|texte=[[Opération Southern Watch|Southern Watch]]}}'' (1992-2003), chacun d'entre eux se relayant à tour de rôle pour assurer une présence aérienne permanente sur le 32{{e}} et le 33{{e}} parallèle nord de l'[[Irak]]. Ils se révèleront également d'une aide précieuse lors des conflits des années 2000 en [[Afghanistan]] et en [[Irak]]. |
Version du 30 juin 2009 à 10:19
erreur du modèle {{langue}} : texte absent (« ») Modèle:Infobox Navire de guerre
La classe Nimitz est une classe de porte-avions géants à propulsion nucléaire actuellement en service dans l'US Navy. Avec 88 000 tonnes de déplacement, les porte-avions de la classe Nimitz sont les plus imposants navires de guerre jamais construits, détenant le record du monde des navires militaires pour le poids en déplacement. Cependant, s'ils sont les navires les plus lourds de la flotte américaine, ne sont pas les plus longs ; ce record est détenu par l'USS Enterprise (CVN-65).
L'USS Nimitz, premier porte-avions de la classe, a été mis en service en 1975 et porte le numéro CVN-68. Lui et les deux suivants (le Dwight D. Eisenhower et le Carl Vinson) étaient destinés à remplacer les trois porte-avions de la classe Midway (le Midway, le Coral Sea et le Franklin D. Roosevelt), datant de la Seconde Guerre mondiale. En 2006, l'USS George H. W. Bush (CVN-77), le dixième et dernier de la classe, a été construit comme tous ses prédécesseurs au chantier naval Northrop Grumman de Newport News et est en service depuis 2009. Le Bush marquera la transition vers les porte-avions de classe Gerald R. Ford : il intègre de nouvelles technologies dont un radar multi-fonctions, un radar de recherche de volume, un réseau informatique en architecture ouverte pour un équipage significativement plus réduit. Pour baisser les coûts, certaines de ces nouvelles technologies ont aussi été incorporées à l'USS Ronald Reagan (CVN-76), le porte-avions construit juste avant le Bush.
Outre l'appui direct aux actes de guerre, ces porte-avions peuvent également jouer un rôle de dissuasion, par leur simple présence au large des côtes d'un État, ou bien de participer à des opérations humanitaires.
Histoire
De la planification à la conception
L'idée de la construction d'une classe de super porte-avions vis le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le 29 juillet 1948, le Président Harry S. Truman approuva le projet de construction d'une toute nouvelle génération de porte-avions, avec la mise en chantier de la quille de l'USS United States le 18 avril 1949. Avec un déplacement de 59 000 tonnes et une longueur de 330 mètres[1], ce navire devait inaugurer l'avènement des porte-avions géants. Toutefois, sa construction fut annulée, en partie à cause d'une mauvaise entente entre l'US Air Force et l'US Navy (voir « Revolt of the Admirals »).
Lorsque la Guerre de Corée éclata (1950–1953), l'attitude du gouvernement Truman changea. La construction de l'USS Forrestal débuta dès juillet 1952, navire tête de série de la classe Forrestal. Les navires suivants firent rapidement leur apparition. L'entrée en service des 4 navires de la classe Forrestal et de l'USS Kitty Hawk (navire de tête de la classe Kitty Hawk) marqueront dès 1961 la démocratisation des porte-avions géants. L'entrée en service de l'USS Enterprise fin 1961, porte-avions géant à propulsion nucléaire (8 réacteurs A2W), quant à lui, démontrera la supériorité des navires à technologie nucléaire.
Cependant, le recours à la propulsion nucléaire systématique fut freiné par son coût prohibitif. La politique de Robert McNamara, Secrétaire à la Défense de 1961 à 1968, visait justement à limiter les dépenses de l'armée. Il fit bloc contre la construction de porte-avions géants à propulsion nucléaire, qu'il considérait comme des dépenses superflues. L'US Navy ne sera autorisée qu'à construire deux porte-avions géants à propulsion classique jusqu'en 1967, date à laquelle la politique de McNamara commença à devenir plus flexible. L'USS Nimitz, le navire tête de série, sera commandé en 1967 et mis en chantier dès juin 1968.
Ce premier navire reposait sur le design SCB-102, un design dérivé du SBC-127C (l'USS John F. Kennedy), modifié pour permettre l'installation de deux réacteurs A4W nouvelle génération à la place des 8 chaudières classiques. Le gain de place obtenu par la suppression de ces 8 chaudières et du réservoir à carburant qui les alimentait était un avantage considérable pour ce nouveau porte-avions, plus encore que pour l'USS Enterprise.
À la fin des années soixante, les chantiers navals de l'État américain étaient en déclin et ne pouvaient plus répondre à l'augmentation sans cesse croissante du nombre d'opérations de maintenance à effectuer sur chaque porte-avions. Seule l'entreprise privée Newport News Shipbuilding disposait de la technologie et du savoir-faire nécessaires à la construction d'un porte-avions à propulsion nucléaire. Initialement, ce sont trois navires qui étaient prévus à la construction : Nimitz, Dwight D. Eisenhower et Carl Vinson. Newport News Shipbuilding avait déjà construit un porte-avions géant à propulsion nucléaire par le passé : l'USS Enterprise. Sa construction avait duré 4 ans, il était prévu de faire de même pour ces trois porte-avions. Toutefois, la construction du premier navire fut ralentie par de nombreux problèmes et accidents, et les ouvriers finirent par entamer une grève. De ce fait, la construction du premier navire prit deux ans de retard. Le chantier naval étant dans l'incapacité de construire deux navires en même temps, c'est tout le projet qui a dû être décalé de deux ans. À cause de l'inflation des années 70, le prix de construction des navires fut rapidement revu à la hausse, trop rapidement même, par rapport à la durée de construction : pour un coût inférieur à 700 millions de dollars en 1973, l'US Navy a estimé que le prix atteindraient les 2 milliards de dollars en 1977[réf. nécessaire]. Le prix ne cessera d'augmenter, et culmine aujourd'hui à 6 milliards de dollars.
Cette hausse du prix a motivé Jimmy Carter à mettre de côté le projet de construction des navires Nimitz, et de reprendre la construction des navires à propulsion classique, beaucoup moins onéreux. Cette décision fut très mal reçue par son gouvernement, et le Congrès en a décidé autrement, en votant en 1980 la construction du quatrième porte-avions Nimitz. L'élection de Ronald Reagan et sa politique vis-à-vis de la marine seront très profitables à la classe Nimitz, notamment grâce au plan « Marine de 600 navires » de John Lehman, Secrétaire à la Marine. L'US Navy commanda deux nouveaux navires fin 1982, et deux autres supplémentaires en 1988, ce qui ramena à 8 le nombre de navires de la classe Nimitz. Les deux dernières unités ont été commandées en 1994 et 2001, pour un montant respectif de 4,3 milliards et 6,2 milliards de dollars.
La mise en service de l'Enterprise et la construction des trois premiers navires Nimitz en 1973 mirent la marine soviétique en alerte. En effet, à cette même période, celle-ci ne possédait rien de plus que deux porte-hélicoptères de la classe Moskva. En 1973, le Secrétaire à la Défense Russe Andrei Gretchko initia le Projet 1153 Orel, programme qui proposait la construction de porte-avions géants nucléaires similaires à ceux de la classe Nimitz, mais en version plus courte et ne pouvant emporter que 70 avions à bord. Le coût de construction étant trop important, le programme fut modifié afin d'être moins ambitieux, et devait aboutir à la construction d'un porte-avions géant nucléaire ne pouvant embarquer que 50 avions. Mais le navire coûtait encore trop cher ; le projet sera définitivement abandonné en 1983[2]. Entre temps, à la mort de Gretchko en 1976, son successeur Dmitri Oustinov entreprit la construction des 4 porte-avions de la classe Kiev, à propulsion classique et pouvant embarquer 30 aéronefs.
Peu avant la fin de la Guerre froide, la marine soviétique lança sa deuxième tentative de construction d'un porte-avions nucléaire. En 1984, le Projet 1153 Orel est recyclé en Projet 1143.7, qui vise la construction de l'Oulianovsk et d'un second navire similaire. Le premier est mis en chantier en 1988, mais sa construction est abandonnée à 40 % d'avancement en 1991, à cause de l'effondrement de l'URSS[2],[3],[4]. Le second navire ne verra jamais le jour. Aucun porte-avions à propulsion nucléaire n'aura jamais servi dans la marine soviétique ; à ce jour, le plus grand porte-avions russe est l’Amiral Kouznetsov (Projet 1143.5)
Unités
Nom | Signature du contrat | Mise en chantier | Lancement | Entrée en service actif | Fin de vie |
---|---|---|---|---|---|
USS Nimitz (CVN-68) | 31 mars 1967 | 22 juin 1968 | 13 mai 1972 | 3 mai 1975 | ~2025 |
USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) | 29 juin 1970 | 15 août 1970 | 11 octobre 1975 | 18 octobre 1977 | ~2027 |
USS Carl Vinson (CVN-70) | 5 avril 1974 | 11 octobre 1975 | 15 mars 1980 | 13 mars 1982 | ~2030 |
USS Theodore Roosevelt (CVN-71) | 30 septembre 1980 | 31 octobre 1981 | 27 octobre 1984 | 25 octobre 1986 | ~2034 |
USS Abraham Lincoln (CVN-72) | 27 décembre 1982 | 3 novembre 1984 | 13 février 1988 | 11 novembre 1989 | ~2039 |
USS George Washington (CVN-73) | 27 décembre 1982 | 25 août 1986 | 21 juillet 1990 | 4 juillet 1992 | ~2042 |
USS John C. Stennis (CVN-74) | 29 mars 1988 | 13 mars 1991 | 11 novembre 1993 | 9 décembre 1995 | ~2045 |
USS Harry S. Truman (CVN-75) | 30 juin 1988 | 29 novembre 1993 | 7 septembre 1996 | 25 juillet 1998 | ~2048 |
USS Ronald Reagan (CVN-76) | 8 décembre 1994 | 12 février 1998 | 4 mars 2001 | 12 juillet 2003 | ~2053 |
USS George H. W. Bush (CVN-77) | 26 janvier 2001 | 6 septembre 2003 | 7 octobre 2006 | 10 janvier 2009 | ~2059 |
Construction
Tous les bâtiments ont été construits dans le plus grand chantier naval des États-Unis d'Amérique : Northrop Grumman de Newport News (anciennement appelé Newport News Shipbuilding). Long de 670 mètres, la cale n°12 aura servi de forme de construction pour tous les navires Nimitz, et dispose d'un portique de manutention de 900 tonnes[5]. La construction d'un bâtiment commence par la mise en place des blocs de béton et de bois qui soutiendront la quille. Ensuite, les blocs d'acier sont taillés et mis en forme, avant de pouvoir entamer la pose de la quille. La construction dure en générale 33 mois, après quoi le navire est lancé. La cale est alors renflouée et le navire remorqué vers l'extérieur.
Ces navires sont construits selon une technique modulaire, innovation que l'on doit au chantier naval Litton-Ingalls (qui sera par ailleurs fusionnée avec Northrop Grumann en 2001). Les modules du navire (superlift en anglais) sont construits séparéments et soudés les uns aux autres dans la cale. Ils y sont acheminés par le portique de 900 tonnes. Chaque module pèse plusieurs centaines de tonnes ; par exemple, l'étrave du Bush pèse 700 tonnes[6]. Chaque navire est composé de plus d'un centaine de modules ; le Bush en possède 162 à lui seul[7].
Toutefois, il est impossible de construire de tels porte-avions entièrement sur place : le chantier n'est pas assez vaste et ne dispose pas des capacités logistiques nécessaires. C'est pour cette raison que les navires fraîchement construits quittent le chantier naval dès que possible et sont remorqués le long du fleuve James River. À ce moment, le navire est à moitié construit (sa structure métallique est entièrement achevée). 2 600 dockers ont alors pour mission de transporter à bord tout l'équipement nécessaire à la complétion du navire et à son armement. Celui-ci entame ensuite une croisière de tests pour déceler les éventuelles failles (électronique de bord, tenue en mer, armes, systèmes de sécurité, etc.), et retourne au chantier naval pour y subir les corrections nécessaires. Enfin, le navire est baptisé sur place et entre en service actif.
La construction d'un tel bâtiment requiert approximativement 40 millions d'heures de travail[8]. La construction dure au total 6 ans, soit 72 mois (depuis la pose des blocs de béton jusqu'à l'entrée en service actif), dont 33 seront passés dans le chantier naval.
Dénomination
Le nom de la première unité, ainsi que le nom de la classe elle-même, honorent l'amiral Chester Nimitz, célèbre stratège à qui l'on doit la victoire américaine dans le Pacifique lors de la Seconde Guerre mondiale. Tous les autres navires furent nommés en l'honneur d'une personnalité politique. Aux côtés des Présidents Eisenhower, Roosevelt, Lincoln, Washington, Truman, Reagan et Bush senior, se trouvent également deux sénateurs du Congrès, qui se distinguent par leur engagement dans le renforcement des forces navales américaines : Carl Vinson (représentant de la Géorgie) et John C. Stennis (représentant du Mississipi).
Avec quatre de ses unités (Vinson, Stennis, Reagan et Bush), la Navy a brisé la tradition selon laquelle un navire devait être baptisé en l'honneur d'une personne défunte.
L'indicatif d'un porte-avions est CVN. C pour « Cruiser », car les porte-avions étaient conçus à l'origine pour étendre la capacité de projection de puissance et de contrôle maritime, tâche habituellement remplie par les croiseurs. V pour « Volplane » qui, lui, semble provenir du verbe français « voler »[9] (mais la véritable origine de la lettre V n'a jamais été élucidée). Enfin, N pour « Nuclear ». Il est possible de lire des articles classant le Nimitz et l'Eisenhower sous la désignation CVAN (A pour « Attack »), mais cette désignation a été abandonnée au profit de l'acronyme « CVN » le 30 juin 1975 (tous les navires CVAN sont dès lors devenus des CVN). Le numéro de coque (68 pour le premier Nimitz) est un numéro qui s'incrémente à chaque nouveau porte-avions de la Navy.
Modernisation
Tout au long de leur vie, les navires doivent régulièrement subir des opérations de maintenance et de modernisation ; chaque nouvelle construction apporte son lot d'innovations. Le premier bond technologique est survenu sur le Theodore Roosevelt ; on y révisa, entre autres, la dureté des plaques de Kevlar dans la coque. Les deux derniers bâtiments (Reagan et Bush) sont eux-aussi en rupture avec les précédents navires, notamment au niveau de l'armement de bord, bien plus performant, et quelques modifications dans la structure de la coque et de l'îlot. Le Bush servira d'ailleurs de modèle pour une nouvelle génération de porte-avions à venir : la classe Gerald R. Ford.
Les innovations apportées à chaque nouveau porte-avions sont automatiquement répercutées sur les navires précédents. Ces remises à niveau (Planned Incremential Availability en anglais) peuvent prendre de quelques mois à un an suivant leur amplitude et peuvent être opérées dans n'importe quel chantier naval agréé. De nombreux bâtiments sont remis à niveau au chantier Puget Sound Naval Shipyard, ou directement au chantier de leur port d'attache.
En contraste avec ces « petites » innovations, chaque porte-avions doit, arrivé à sa date de demi-vie (soit 25 ans, la période de service étant de 50 ans), subir une lourde remise à niveau (RCOH, Refueling and Complex Overhaul en anglais). Cette remise à niveau immobilise le bâtiment dans le chantier de Newport News, pour une durée pouvant atteindre 4 ans. Durant cette remise à niveau, le combustible nucléaire est renouvelé, la structure de l'îlot et celle de la coque sont partiellement modifiées, les systèmes de catapultage et les systèmes d'arme sont révisés et remplacés si nécessaire, les hélices de propulsion sont remplacées et les dortoirs sont ré-aménagés. Tout élément défectueux ou obsolète est automatiquement remplacé. Une telle opération coûte près de 2 milliards de dollars[10]. Depuis fin 2005, le Carl Vinson est le troisième porte-avions à être en RCOH.
Exploitation
Service
En parallèle à l'entrée en service des bâtiments Nimitz en 1975, les bâtiments de la classe Essex furent progressivement retirés de la flotte. En 1976, il subsistait encore les trois navires de la classe Midway, les quatre Forrestal, les quatre Kitty Hawk et l'USS Enterprise. L'Eisenhower a remplacé l'USS Franklin D. Roosevelt en 1977 (de la classe Midway). En 1982, la flotte totalisait 14 porte-avions géants grâce à l'arrivée du Vinson, et en totalisait 15 en 1986 avec le Roosevelt.
Dans les années 1990, les deux derniers Midway, les quatre Forrestal et un Kitty Hawk furent retirés du service, mais seulement quatre Nimitz sont apparus, ce qui fit chuter le nombre de porte-avions géants actifs à 12. Il ne restait plus que les trois derniers bâtiments de la classe Kitty Hawk ; l'USS Constellation fut remplacé en 2003 par le Reagan, mais le départ prématuré de l'USS John F. Kennedy en 2007 n'a pas pu être comblé. Le dernier, l'USS Kitty Hawk, fut remplacé en 2009 par le Bush, ce qui ramène le nombre de porte-avions géants à 11[11].
Dans un futur proche, la classe Gerald R. Ford viendra compléter la flotte de porte-avions géants. La première unité, l'USS Gerald R. Ford, viendra remplacer l'USS Enterprise en 2015. Deux unités supplémentaires sont prévues, et devraient entrer en service actif à l'horizon 2020. Peu après, en 2025, c'est l'USS Nimitz qui arrivera en fin de vie, après 50 années de service. Toutefois, il n'y a pas de porte-avions prévus pour remplacer les premiers bâtiments de la classe Nimitz après 2025. Une option envisagée par la Navy est de réduire le nombre de porte-avions géants à neuf ou dix unités[11].
Station navale de San Diego, l'un des principaux ports d'attache pour porte-avions, en 2002. Il est rare de voir trois porte-avions Nimitz regroupés au même endroit. De gauche à droite : USS Constellation (classe Kitty Hawk), Carl Vinson, Nimitz et John C. Stennis.
Coût
- Les montants ci-dessous sont exprimés en dollars de 1997.
La construction d'un navire Nimitz coûte 4 milliards de dollars en 1997, auxquels s'ajoutent 2 milliards pour le RCOH. Les travaux de maintenance et d'entretien, ainsi que le coût d'utilisation, s'élèvent à 14 milliards de dollars. Le démantèlement coûte 900 millions de dollars, principalement à cause du retraitement du combustible usagé et de la destruction des moteurs atomiques contaminés. Le coût total est donc de 22 milliards de dollars par navire, pour une durée de vie de 50ans. À titre de comparaison, un porte-avions géant à propulsion classique revient à 14 milliards de dollars[12].
Le coût d'utilisation d'un navire Nimitz reste élevé, et est en partie dû à son activité en mer (exercices, croisières, batailles, etc.). Un navire à quai consomme 250 000 dollars par jour, tandis qu'il consomme 2,5 millions de dollars par jour passé en mer, soit dix fois plus[13]. Ces chiffres ont été obtenus en rapportant les 22 miliards de dollars sur le nombre de mois qu'un navire passe en mer, durant toute sa période d'activité.
Des navires multi-rôles
L'opération Eagle Claw est la première offensive à laquelle le Nimitz a pris part, en avril 1980. La première victoire aérienne remportée par le Nimitz eut lieu en 1981, dans le golfe de Syrte, lorsque deux Soukhoï Su-22 ouvrent le feu sur le navire. Ils seront abattus par une escadre de F-14. Depuis lors, les navires de la classe Nimitz sont régulièrement employés pour résoudre les conflits du golfe Persique. Une première réussite dans l'opération Earnest Will en 1998, puis une démonstration de force durant la deuxième guerre du Golfe démontrèrent le rôle décisif des porte-avions Nimitz au cœur d'un conflit. Les Nimitz, de plus en plus nombreux, se sont rapidement démocratisés dans les conflits des années 1990. Ils furent massivement utilisés dans l'opération Southern Watch (1992-2003), chacun d'entre eux se relayant à tour de rôle pour assurer une présence aérienne permanente sur le 32e et le 33e parallèle nord de l'Irak. Ils se révèleront également d'une aide précieuse lors des conflits des années 2000 en Afghanistan et en Irak.
À côté de cela, les porte-avions Nimitz sont régulièrement envoyés manœuvrer à proximité de Taïwan. Lorsque les tensions entre Taïwan et la République populaire de Chine se ravivèrent en 1995, le Nimitz fut envoyé sur place pour traverser le détroit de Taïwan. Cette opération fut considérée comme une tentative d'intimidation par la République populaire de Chine. Le Nimitz se rendra ensuite dans le golfe Persique, mais sera à nouveau envoyé dans les eaux taïwanaises au bout de trois mois seulement (en mars 1995), pour assurer une présence de deux semaines suite aux tirs de missiles chinois contre Taïwan. La République populaire de Chine fit une annonce au gouvernement américain, leur demandant de ne plus faire naviguer le moindre porte-avions dans les eaux taïwanaises[14]. Mais en mars 2008, lors des élections présidentielles de Taïwan, la Navy enverra les deux porte-avions géants Nimitz et Kitty Hawk patrouiller dans la région[15].
Les porte-avions Nimitz ont également été utilisés pour soutenir des opérations d'aide humanitaire. En 1991, lors de l'éruption du volcan Pinatubo aux Philippines, l'USS Abraham Lincoln dévia sa route et participa à l'opération Fiery Vigil, en évacuant 4 300 personnels militaires des bases américaines proches du volcan[16]. Après le tremblement de terre du 26 décembre 2004, l'Abraham Lincoln participa à l'effort humanitaire international en faisant route vers la côte la plus durement touchée, à l’est de Sumatra, pour y offrir son assistance (opération Unified Assistance). Lors du désastre de l'ouragan Katrina le 1er septembre 2005, le Harry S. Truman fut envoyé dans le golfe du Mexique pour porter secours aux victimes ; il servit de base aérienne mobile à une quarantaine d'hélicoptères, qui avaient pour mission de fournir des vivres et de l'eau potable aux populations touchées par l'ouragan[17].
Caractéristiques techniques
Coque
Architecture
Pont d'envol et hangar
Îlot
Aviation embarquée
avions multirôle F/A-18 Hornet, avions de guerre électronique EA-6 Prowler, avions de reconnaissance ou de surveillance E-2 Hawkeye, avions de transport embarqués C-2 Greyhound, avions de lutte anti-sous-marine S-3 Viking, hélicoptères SH-60 Seahawk
Propulsion
Armement
2 lanceurs de missiles surface-air RIM-116 Rolling Airframe Missile (sur les USS Nimitz, George Washington et Ronald Reagan), 3 ou 4 lanceurs RIM-7 Sea Sparrow, 3 systèmes de défense anti-missile antinavire Phalanx CIWS (4 sur les USS Carl Vinson, Abraham Lincoln, John C. Stennis, Harry S. Truman, Ronald Reagan et George H. W. Bush)
Capteurs et contre-mesures
Détection électronique
radars AN/SPS-48E 3-D, AN/SPS-49(V)5 2-D, AN/SPQ-9B, 2 × AN/SPN-46, AN/SPN-43B, AN/SPN-44, 4 × Mk 91 NSSM systèmes de guidage, 4 × Mk 95, suite de contre-mesures SLQ-32A(V)4 et SLQ-25A Nixie
Autre électronique
Équipage
La vie à bord
Risques
Profil de l'utilisation
Voir aussi
- Porte-avions de l'US Navy
- Porte-avions actuels de l'US Navy
- Porte-avions et porte-aéronefs
- Construction navale
Bibliographie
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Nimitz-Klasse » (voir la liste des auteurs). (Dans sa version du 11 juin 2009.)
- Les porte-avions modernes, vol. 2 (page 467), Éditions Atlas, coll. « L'encyclopédie des armes : les forces armées du monde. » (ISBN 2-7312-0337-3[à vérifier : ISBN invalide])
Notes et références
- (en) Département de la Marine des États-Unis, « USS United States (CVA-58), Fiscal Year 1949 Building Program. Cancelled April 1949 », sur www.history.navy.mil, (consulté le ). Conversion : 1 short ton = 0,907 tonnes métriques.
- (en) auteur(s) inconnu(s), « Lang », sur www.russiafile.com, date inconnue (consulté le )
- (en) Andrew Toppan, « Ulyanovsk nuclear powered multirole aircraft carrier », sur www.hazegray.org, date inconnue (consulté le )
- (en) John Pike, « Project 1143.7 Orel Ul'yanovsk class », sur GlobalSecurity.org, dernière mise à jour le 10 décembre 2008 (consulté le )
- (en) auteur(s) inconnu(s), « 900-Ton Gantry Crane », sur sur WikiMapia, dernière mise à jour en février 2007 (consulté le )
- (en) service de presse de Northrop Grumman Newport News, « The 700-ton bow unit », sur www.navy.mil, (consulté le )
- (en) Robert J. Stratchko, « Super lift aboard George H.W. Bush (CVN 77) », sur www.navy.mil, (consulté le )
- (en)
- [PDF] (en)
(en) Roy A. Grossnick et al., United States Naval Aviation 1910-1995, Washington D.C., Naval Historical Center, , 777 p. (ISBN 0–945274–34��3[à vérifier : ISBN invalide], lire en ligne) 4e édition. Voir appendice 16 :
« The use of the “V” designation with fix-wing heavier-than-air squadron designations has been a question of debate since the 1920s. However, no conclusive evidence has been found to identify why the letter “V” was chosen. It is generally believed the “V” was in reference to the French word volplane. » - (en) Northrop Grumann, « Northrop Grumman Awarded $1.94 Billion Contract for Work on USS Carl Vinson », sur www.nn.northropgrumman.com, (consulté le )
- (en) Ronald O'Rourke, « Navy CVN-21 Aircraft Carrier Program: Background and Issues for Congress », sur www.history.navy.mil, dernière mise à jour le 25 mai 2005 (consulté le ). Consulter la section Summary pour les informations concernant la relève des anciens porte-avions par les Nimitz et la planification des 9 ou 10 unités pour ~2030.
- [PDF] (en) (en) Richard Davis et al., NAVY AIRCRAFT CARRIERS: Cost-Effectiveness of Conventionally and Nuclear-Powered Carriers, Washington D.C., United States General Accounting Office, , 196 p. (lire en ligne) Voir p. 74.
- (en)
- (en) Patrick E. Tyler, « China Warns U.S. to Keep Away From Taiwan Strait », sur The New York Times, (consulté le )
- (en) Kyodo News Service, « 2 carriers in W. Pacific ahead of Taiwan vote », sur www.navytimes.com, (consulté le )
- (en) . Paragraphe « 17–23 Jun 1991 ».
- (en) « Truman Continues Preparations to Aid Hurricane Relief », sur navy.mil, (consulté le )