« Sœur Emmanuelle » : différence entre les versions
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Quelques années plus tard, Madeleine Cinquin souhaite aller à l'[[université catholique de Louvain]] mais sa mère s'y oppose car elle estime qu'elle y serait trop oisive. Elle remarque alors que sa fille fait preuve d'une certaine vocation pour le [[Christ]] et elle tente de l'en détourner en lui faisant rencontrer une supérieure d'un couvent de Notre-Dame de Sion à [[Londres]]. Ceci ne fait que renforcer ses convictions et accentue la quête de toute sa vie, l'aide à l'enfance malheureuse. Après avoir voulu initialement rejoindre les [[Filles de la Charité]], Madeleine entre finalement comme postulante à la congrégation [[Notre-Dame de Sion]] le {{date|6|mai|1929}}. Après des études de sciences philosophiques et religieuses, elle prononce ses [[Vœux religieux|vœux de religieuse]] le {{date|10|mai|1931}} et choisit le nom de Sœur Emmanuelle, qui signifie « [[Dieu]] avec nous » en [[hébreu]]<ref name="LaLibre"/>. |
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D'origine [[Histoire des Juifs en Alsace|juive alsacienne]] par son arrière grand-père, [[Herz-Löwel Dreyfus]], né au début du [[XVIIIe siècle]], avait été "[[prévôt des Juifs]]", autrement dit représentant de la communauté juive. [http://michelle-goldstein.blogspot.com/2008/10/sur-emmanuelle-descendante-dun-juif.html] |
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Version du 23 octobre 2008 à 13:10
Sœur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin et souvent surnommée la « petite sœur des chiffonniers » ou « petite sœur des pauvres », est une religieuse et écrivain née le à Bruxelles (Belgique) et morte le à Callian (Var, France). Elle est connue pour ses œuvres caritatives en Égypte auprès des enfants et des plus démunis et est un symbole, dans l'opinion française, de la cause des déshérités[1]. Née d'une mère belge et d'un père français, elle possède ces deux nationalités. En 1991, le président Moubarak lui a remis la nationalité égyptienne en remerciement de son œuvre au Caire[2].
À son entrée chez les religieuses de Notre-Dame de Sion, elle prend le nom de Sœur Emmanuelle mais se fait appeler Mère Emmanuelle par ses élèves. C'est sous ce nom qu'elle se fait connaître des médias et devient très populaire dans l'opinion publique, apparaissant régulièrement en tête des classements des personnalités préférées des français.
Biographie
Jeunesse
Madeleine Cinquin est née le d'un père français, originaire de Calais, et d'une mère belge, originaire de Bruxelles[3]. Elle grandit dans une famille aisée de trois enfants ayant fait fortune dans la lingerie fine[4] et partage ses jeunes années entre Paris, Londres et Bruxelles. En 1914, alors qu'elle n'a que six ans, elle est fortement marquée par la mort de son père, noyé sous ses yeux sur la côte d'Ostende. Cette expérience la traumatise profondément et la fait se rapprocher de Dieu. Elle déclare que, dans son inconscient, sa vocation de religieuse date de cet accident[5].
Quelques années plus tard, Madeleine Cinquin souhaite aller à l'université catholique de Louvain mais sa mère s'y oppose car elle estime qu'elle y serait trop oisive. Elle remarque alors que sa fille fait preuve d'une certaine vocation pour le Christ et elle tente de l'en détourner en lui faisant rencontrer une supérieure d'un couvent de Notre-Dame de Sion à Londres. Ceci ne fait que renforcer ses convictions et accentue la quête de toute sa vie, l'aide à l'enfance malheureuse. Après avoir voulu initialement rejoindre les Filles de la Charité, Madeleine entre finalement comme postulante à la congrégation Notre-Dame de Sion le . Après des études de sciences philosophiques et religieuses, elle prononce ses vœux de religieuse le et choisit le nom de Sœur Emmanuelle, qui signifie « Dieu avec nous » en hébreu[3].
D'origine juive alsacienne par son arrière grand-père, Herz-Löwel Dreyfus, né au début du XVIIIe siècle, avait été "prévôt des Juifs", autrement dit représentant de la communauté juive. [1]
Enseignement
La carrière d'enseignante de sœur Emmanuelle commence tout d'abord à Istanbul en Turquie, dans une école pour jeunes filles d'un quartier pauvre de la ville. Sœur Emmanuelle attrape alors la typhoïde et toutes les autres sœurs lui proposent leur sang afin de l'aider à combattre la maladie. Une fois rétablie, en guise de remerciement, sœur Emmanuelle donne une conférence sur la vie de Soliman le Magnifique et impressionne la directrice du collège, Mère Elvira, qui décide alors de l'affecter dans son établissement. Bien que celle-ci se soit engagée à affecter Sœur Emmanuelle chez les pauvres, elle la convainc qu'elle sera plus efficace si elle enseigne à des jeunes filles aisées, appelées à avoir un rôle influent dans la vie turque[6]. Elle enseigne alors les lettres au Lycée Notre-Dame de Sion. Après la mort de sa supérieure, Sœur Emmanuelle ne s'entend pas avec sa remplaçante et elle est envoyée à Tunis[3].
De 1954 à 1959, elle enseigne en Tunisie pendant cinq ans où elle s'occupe de filles de français installés dans le pays[5] mais ce nouveau poste ne lui convient pas. En pleine décolonisation du pays, les filles dont elle a la charge lui semblent plus superficielles et l'environnement général la fait doucement sombrer dans une dépression. Ce n'est qu'au bout de trois ans que les responsables de Sion se rendent compte de son état et se décident à la déplacer[3].
Après avoir décroché sa licence ès lettres à la Sorbonne à Paris, Sœur Emmanuelle est de nouveau affectée à Istanbul en 1959 pour une courte durée[3].
De 1964 à 1971, elle est envoyée en Égypte pour enseigner au collège de Sion à Alexandrie. Cette expérience s'avère de nouveau négative pour elle car les élèves dont elle est en charge sont peu ouverts sur la pauvreté. Elle décide donc d'arrêter d'enseigner la philosophie et s'occupe à la place des filles du quartier défavorisé de Bacos. C'est durant cet épisode qu'elle tombe amoureuse de l'Égypte[3].
Engagement auprès des chiffonniers du Caire
En 1971, à l'âge de la retraite, elle décide de partir, à l'instar du Père Damien qu'elle vénère[3], s'occuper des lépreux au Caire mais doit renoncer face à des complications administratives car le lazaret se trouve en zone militarisée[5]. Elle décide alors de partager la vie des plus démunis et, avec l'autorisation de sa congrégation, part s'installer à Ezbet-Al-Nakhl, un des bidonvilles les plus pauvres du Caire en Égypte, au sein de la communauté majoritairement copte chrétienne des zabbalines, chargée de la récupération des déchets[5]. En collaborant avec plusieurs églises locales, elle parvient à établir une communauté et lance de nombreux projets de santé, d'éducation et de protection sociale visant à améliorer les conditions de vie[7].
En 1976, elle rencontre Sarah Ayoub Ghattas (sœur Sarah), alors supérieure de la congrégation copte-orthodoxe des Filles de Marie de Béni-Souef. Francophone et issue d'une famille de la bourgeoisie, elle obtient l'autorisation de l'évêque Athanasios, fondateur de la congrégation, pour rejoindre Sœur Emmanuelle à Ezbet-Al-Nakhl dont elle partage la cabane. En 1977, Sœur Emmanuelle publie son premier livre Chiffonnière avec les chiffonniers dans lequel elle raconte son combat. En compagnie de Soeur Sarah, elle part en 1978 aux États-Unis afin de récolter des fonds. A leur retour, avec l'argent amassé, elles peuvent investir et en 1980, le Centre Salam est inauguré par l'épouse du président Sadate et propose des dispensaires, des écoles, des jardins d'enfants, des centres de formation et un club social[8].
En 1982, après avoir confié la gestion d'Ezbet-Al-Nakhl à des jeunes religieuses de l'ordre des filles de Sainte-Marie, elle s'occupe des chiffonniers de Mokattam représentant, avec plus de 23 000 personnes vivant au milieux des détritus, la plus grande communautés de zabbalines du Caire[8]. En 1984, Sœur Emmanuelle vient en aide à cinq familles pauvres et leur permet à chacune de se construire un abri, séparé du lieu où sont triés les déchets. Elle fera plus tard construire ce même type d'abris à plus grande échelle afin d'accueillir le plus de monde possible[7]. Elle continue à utiliser son charisme afin de récolter des dons et mobiliser les pouvoirs. Elle permet de raccorder le bidonville à l'eau et l'électricité et poursuit la construction de nombreuses habitations et d'une usine de compost[8]. En 1985, elle s'installe dans le bidonville de Meadi Tora puis se rend à Khartoum (Soudan) la même année pour créer des foyers, écoles, fermes-écoles et dispensaires.
En 1991, à l'occasion de la célébration des « noces de diamant » de sa vie religieuse, le président Moubarak lui remet la nationalité égyptienne en reconnaissance de son œuvre en Égypte, [9]. En 1993, à la demande de sa congrégation, Sœur Emmanuelle quitte définitivement l'Égypte et rejoint sa communauté en France. Sœur Sarah dirige alors l'entreprise caritative et continue seule le développement du bidonville de Mokattam. Depuis, un lycée pour filles a été créé grâce à l'opération Orange et des écoles techniques ont été ouvertes pour les garçons. Un hôpital a même été construit grâce au prince Albert de Monaco. En 22 années de présence, l'œuvre de Sœur Emmanuelle a permis de scolariser 85 % des enfants, de faire diminuer la violence et de permettre aux femmes de se libérer[8].
Retraite
A son retour en France, Sœur Emmanuelle continue de se battre pour plus de solidarité. Elle écrit des livres, rencontre des jeunes dans les lycées et les écoles, s'occupe également de l'association Les Amis de Paola à Fréjus en aide aux SDF et donne des conférences aux côtés de son association pour sensibiliser le public à l'engagement solidaire.
Parallèlement, Sœur Emmanuelle continue à donner « un souffle » à son association. Elle lui transmet ses principes d'actions qui sont chaque jour mis en pratique sur le terrain. « éduquer un homme c'est éduquer un individu, éduquer une femme, c'est éduquer un peuple ».
En 1995, avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, elle est à l'origine de l'orientation de la campagne présidentielle de Jacques Chirac sur le thème de la fracture et de l'exclusion sociale[10].
Le , Sœur Emmanuelle est promue par Jacques Chirac au grade de commandeur de la Légion d'honneur avant d'être élevée, par Nicolas Sarkozy, le grand officier de la Légion d'honneur. En Belgique elle devint en 2005 grand officier dans l'Ordre de la Couronne[11].
Depuis 1993, elle vivait à la Maison de repos des religieuses de Notre Dame de Sion à Callian dans le département du Var, où elle est décédée le à l'âge de 99 ans. Elle fut inhumée dans la plus stricte intimité, selon ses propres volontés, le au cimetière de Callian. Le même jour eut lieu à Paris en la cathédrale Notre Dame une messe pour lui rendre un hommage collectif.
Sœur Emmanuelle aurait fêté ses 100 ans le .
Association et fondation
Afin de poursuivre son œuvre à plus grande échelle, Sœur Emmanuelle a fondé l'association « Les Amis de Sœur Emmanuelle » (ASMAE) et à l'initiative des Amis de Sœur Emmanuelle Belge (ASBL) a été créée la « Fondation Sœur Emmanuelle ».
Les Amis de Sœur Emmanuelle
Afin de la soutenir dans son œuvre, de développer des actions humanitaires en Egypte et dans d'autres pays comme le Sénégal, le Liban, le Soudan, etc, et d'assurer sa relève, Sœur Emmanuelle a fondé deux associations, Les Amis de sœur Emmanuelle en 1980 et ASMAE et 1985, qui ont fusionné en 1987.
Fondation Sœur Emmanuelle
Fondation créée en 1993 à l'initiative des Amis de Sœur Emmanuelle, de l'Université Catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven. Un prix est donné tous les deux ans à une œuvre qui va dans le sens de l'action de Sœur Emmanuelle en faveur des femmes, des enfants et des plus défavorisés.
Le prochain prix sera décerné en novembre 2008.
Engagement humanitaire et popularité
Sœur Emmanuelle était une personnalité très aimée de l'opinion publique en raison de son engagement humanitaire, de sa personnalité, de son caractère exubérant et de son franc-parler, souvent en contraste avec le ton employé par l'Église ou la simplicité d'autres religieux comme l'Abbé Pierre ou Mère Teresa qui s'étaient eux aussi engagés en faveur de plus pauvres et bénéficiaient d'un fort soutien populaire.
Elle était très médiatisée depuis son passage en 1990 à l'émission La Marche du siècle de Jean-Marie Cavada[12] et s'était construite une image caractéristique avec sa blouse, son fichu, ses baskets noires et son habitude de tutoyer les journalistes.
Œuvres
Œuvres écrites par Sœur Emmanuelle
- Sœur Emmanuelle (préf. Jean-Marie Cavada), Chiffonnière avec les chiffonniers, Editions de l'Atelier, 1989 et 2007 (ISBN 978-2708239005)
- Sœur Emmanuelle, Une vie avec les pauvres, Editions de l'Atelier, (ISBN 978-2708228979)
- Sœur Emmanuelle, Yalla, en avant les jeunes, LGF - Livre de Poche, (ISBN 9782253145677)
- Sœur Emmanuelle, Un pauvre a crié, le Seigneur l'écoute, Emmanuel, (ISBN 978-2915313505)
- Sœur Emmanuelle, Les mots du Rosaire, Actes Sud, (ISBN 978-2742734429)
- Sœur Emmanuelle, Agenda 2009. Une année avec Sœur Emmanuelle, Presses de la Renaissance, (ISBN 978-2750904364)
- Sœur Emmanuelle, 365 Méditations de Sœur Emmanuelle, Presses de la Renaissance, (ISBN 978-2750904357)
- Sœur Emmanuelle, Je Te Salue Marie, Elytis, (ISBN 978-2356390073)
- Sœur Emmanuelle, Les Confessions d'une religieuse, Flammarion, (ISBN 978-2082125192)
Œuvres en collaboration avec Sœur Emmanuelle
- Matthieu Ricard (préf. Sœur Emmanuelle), Enfants du Tibet : De cœur à cœur avec Jetsun Pema et Sœur Emmanuelle, Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2220048109)
- Edmond Blattschen, L'Evangile des chiffonniers, Alice, (ISBN 978-2930182308)
- Philippe Asso, Richesse de la pauvreté, Flammarion, (ISBN 9782082100540)
- Marlène Tuininga, Jésus tel que je le connais, J'ai lu, (ISBN 9782290328736)
- Philippe Asso, Vivre, à quoi ça sert ?, Flammarion, (ISBN 9782082103411)
- Marlène Tuininga, Le Paradis, c'est les autres, J'ai lu, (ISBN 9782290343159)
- Sœur Emmanuelle, La Folie d'Amour. Entretiens avec Sœur Emmanuelle, Flammarion, (ISBN 978-2082105286)
- Jacques Duquesne, Annabelle Cayrol, J'ai 100 ans et je voudrai vous dire..., Plon, (ISBN 978-2259209212)
Œuvres consacrées à Sœur Emmanuelle
- Pierre Lunel (préf. Bernard Kouchner), Sœur Emmanuelle, la biographie, Anne Carrière, (ISBN 978-2843373640)
- Sœur Emmanuelle, Mille et Un bonheurs : Méditations de Sœur Emmanuelle, Carnets Nord, (ISBN 978-2355360046)
Distinction
- 1980 : Ordre du Mérite
- 1987 : doctorat honoris causa de l'université catholique de Louvain
- 1991 : Remise de la nationalité egyptienne par le Président Moubarak en remerciement de son oeuvre
- 1993 : Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
- 1995 : Médaille d'Or de l'Académie de Médecine
- 1996 : Officier de la Légion d'Honneur
- 2002 : Commandeur de la Légion d'Honneur (France)
- 2005 : Grand officier dans l'Ordre de la couronne (Belgique)
- 2008 : Grand officier de la Légion d'Honneur (France)
Bibliographie
- Frédérique Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle-Anthonioz: L'autre de Gaulle, Editions du CERF, (ISBN 9782204075770)
- (en) Midhat J. Gazalé, Pyramids Road: An Egyptian Homecoming, American University in Cairo Press, (ISBN 9789774248320)
Notes et références
- ↑ Frédérique Neau-Dufour 2004, p. 226
- ↑ Midhat J. Gazalé 2004, p. 189
- Chiffonnière de Dieu parmi les parias, La Libre, .
- ↑ "Sœur Emmanuelle est morte", Le Figaro, .
- Soeur Emmanuelle est décédée, La Croix, .
- ↑ Le siècle de soeur Emmanuelle, L'Express, .
- Wael Salah Fahmia and Keith Sutton, Cairo's Zabaleen garbage recyclers: Multi-nationals' takeover and state relocation plans, Habitat International, Volume 30, Issue 4, December 2006, Pages 809-837
- Les « zabbalines » du Caire n'oublieront pas leur chiffonnière, Soeur Emmanuelle, La Croix, .
- ↑ Midhat J. Gazalé 2004, p. 189
- ↑ Frédérique Neau-Dufour 2004, p. 12
- ↑ (nl) « Zuster Emmanuelle Grootofficier in de Kroonorde » dans De Standaard on line.
- ↑ Sœur Emmanuelle : mort d'une icône médiatique, Le Monde, .
Liens externes
- ASMAE - Association Sœur Emmanuelle
- Les Amis de Sœur Emmanuelle : en Belgique, en Suisse
- Association Opération Orange