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Version du 11 décembre 2007 à 10:17

Milton Friedman

Nationalité américaine
Domaines Économie
Institutions Université de Chicago, Hoover Institution

Milton Friedman est un économiste, commentateur politique et essayiste américain né le 31 juillet 1912 à New York et décédé le 16 novembre 2006 à San Francisco. Il reçut en 1976 le « Prix Nobel » d'économie pour ses travaux sur « l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de stabilisation »[1]. L'un des économistes les plus influents du XXe siècle, il fut un ardent défenseur du libéralisme. Il est membre fondateur de la fameuse École de Chicago dont plusieurs autres membres recevront également le « Prix Nobel » d'économie.

Né dans une famille d'immigrants ukrainiens juifs, il obtint un doctorat en économie à l'Université Columbia en 1946 et est alors partisan des idées keynésiennes. Il s'éloigna progressivement des idées de contrôle central de l'économie dans les années 1950, suivant le même parcours que son ami George Stigler. En 1962 il publie son ouvrage majeur Capitalisme et liberté, dans lequel il défend la réduction du rôle de l'état dans une économie de marché comme seul moyen d'atteindre la liberté politique et économique. Dans sa série d'interventions télévisées dans Free to Choose en 1980, Friedman insiste le rôle du marché libre pour régler les problèmes que les autres systèmes économiques n'ont pas su résoudre.

Alors que jusqu'aux années 1970 ses idées étaient minoritaires, elles furent progressivement reprises par de nombreux politiques et influencèrent profondément les mouvements conservateur et libertarien américains, en particulier dans les années 1980 : ses idées sur le monétarisme, l'imposition fiscale, les privatisations et la dérèglementation furent mises en place par de nombreux gouvernements à travers le monde comme Ronald Reagan aux États-Unis, Brian Mulroney au Canada ou Margaret Thatcher au Royaume-Uni.

Biographie

Né à New York d'une famille ouvrière d'immigrants juifs aux États-Unis venue d'Autriche-Hongrie (dans l'actuelle Ukraine), Milton Friedman est le quatrième et dernier fils de Sarah Ethel Landau et de Jeno Saul Friedman. Après la mort de son père, sa famille déménagea à Rahway, New Jersey. Il fit d'abord des études en mathématiques, puis en économie à la Rutgers University puis à l'Université de Chicago. Se destinant au départ à une profession d'actuaire, il se tourne vers la recherche et en 1946, il obtient un doctorat en économie à l'Université Columbia à New York, et obtient un poste d'enseignant d'économie à l'Université de Chicago, où il restera toute sa carrière.

Son fils David Friedman, lui aussi de formation scientifique et professeur d'économie, est pour sa part anarcho-capitaliste.

Milton Friedman est mort le 16 novembre 2006, à l'âge de 94 ans.

Travaux

Chercheur au National Bureau of Economic Research de 1937 à 1981, il écrivit avec Anna Schwartz une Histoire monétaire des États-Unis en 1963 dans laquelle il explique l'aggravation de la crise de 1929 par une baisse - évitable - de la masse monétaire.

Il fut surtout professeur à l'Université de Chicago de 1946 à 1976, où il est devenu le plus connu des chefs de file de ce qu'on appelle l'École de Chicago. Quoiqu'il ait aussi inspiré des réformes étatistes comme le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu et l'impôt négatif, il passe pour un grand défenseur du libéralisme, qu'il a popularisé par des conférences et des ouvrages comme Capitalism and Freedom (1962, en français Capitalisme et liberté) et Free to Choose (écrit avec sa femme Rose, en français La Liberté du choix, 1980).

On associe principalement Milton Friedman au monétarisme, approche de la conjoncture qui met l'accent sur l'ajustement monétaire global à partir de données agrégées d'activité et de prix, dont elle cherche à tirer une estimation de la demande de monnaie.

Milton Friedman affirme également que les interventions discrétionnaires d'une banque centrale ne peuvent qu'ajouter à l'incertitude sur la demande ; il a donc, tout en admettant qu'on pourrait fermer les banques centrales, prôné une politique monétaire dont tout le monde pourrait raisonnablement prévoir les effets, par exemple la hausse régulière d'un indicateur de masse monétaire jugé représentatif. Dans Inflation et systèmes monétaires (1968), il popularisa l'idée de « chômage naturel » qui cherche à faire abstraction des effets temporaires de la politique monétaire sur le marché du travail ; cette notion s'oppose au taux de chômage sans accélération de l'inflation des keynésiens.

Milton Friedman fit partie, en avril 1947, des premiers membres et fondateurs de la Société du Mont Pèlerin, réunie à l'initiative de Friedrich Hayek puis, de 1970 à 1972, fut président de cette association.

Influence

Chili

Il exerça une influence importante sur les économistes chiliens surnommés les « Chicago Boys » comme José Piñera ou Hernán Büchi : formés à l'Université pontificale catholique du Chili dans le cadre d'un partenariat signé en 1956 avec l'Université de Chicago, nombre d'entre eux obtinrent leur doctorat en économie à Chicago. Milton Friedman et Arnold Harberger eurent une influence intelectuelle déterminante et la politique économique qu'ils mirent en place lors du régime d'Augusto Pinochet s'inspira des idées de Friedman : retraite par capitalisation, chèque éducation, privatisations, etc[2]. Friedman se rendit au Chili en 1975 à l'invitation d'une fondation privée; il donna une conférence au cours de laquelle il déclara que « le marché libre allait détruire la centralisation et le contrôle politique »[3] et à la suite laquelle il rencontra Augusto Pinochet[4]. Critiqué régulièrement pour cette visite, il y répondait en arguant du fait que la liberté économique avait permis le rétablissement de la liberté politique en 1988[5], reprenant les idées qu'il avait énoncées quinze ans plus tôt dans Capitalisme et liberté:

« L'histoire suggère uniquement que le capitalisme est une condition nécessaire à la liberté politique. Clairement ce n'est pas une condition suffisante. »

— Milton Friedman, Capitalisme et liberté

Il insista également sur le fait qu'il avait donné des conférences similaires en Chine et dans d'autres états socialistes[6]. Dans le documentaire The commanding heights, diffusé en 2000 sur PBS, il nota également que ces critiques étaient déplacées selon lui puisque l'exemple chilien montrait justement que l'économie de marché débouchait sur la démocratie[7].

Islande

Friedman se rendit en Islande à l'automne 1984 et donna une conférence à l'Université d'Islande à la suite de laquelle il rencontra des intellectuels socialistes dont le président actuel Olafur Ragnar Grimsson au cours d'une débat télévisé[8]. Au cours de ce débat il lui fut reproché le fait que sa conférence soit payante, ce à quoi il répondit qu'il y avait des coûts pour toute conférence et qu'il préférait que cela soit ceux qui en profitent directement qui les supportent plutôt que l'ensemble de la population. L'idée reprend celle développée dans le titre d'un de ses ouvrages publié en 1975 : « There's no such thing as a free lunch », c'est à dire « il n'y a pas de repas gratuit », les coûts sont toujours payés par quelqu'un.

Friedman eut une grande influence sur un groupe d'intellectuels du Parti de l'indépendance, en particulier Davíð Oddsson qui devint premier ministre en 1991 et mit en place un programme radical reprenant nombre d'idées de Milton Fridman : stabilisation fiscale et monétaire, privatisations importantes, forte réduction de la pression fiscale (l'imposition sur les bénéfices des entreprises passa de 45% à 18%), libéralisation des marchés de capitaux et de devises. Il resta au pouvoir pendant treize ans, jusqu'en 2004. Geir Haarde qui l'a remplacé a adopté des politiques dans la continuité[9]. Entre 1975 et 2004, l'Islande est passée du 53e rang au 9e rang au classement des économies les plus libres selon l'Economic Freedom Index de l'Institut Fraser. Selon l'indice de l'Heritage Foundation, l'Islande est désormais la 5e économie la plus libre au monde.

Estonie

Bien que Friedman ne se soit jamais rendu en Estonie, il a exercé par son ouvrage Free to Choose une influence importante sur celui qui allait devenir à deux reprises le premier ministre du pays, Mart Laar. Ce dernier affirme que c'est le seul ouvrage d'économie qu'il ait lu avant de prendre ses fonctions et lui attribue la paternité des réformes qui ont fait de l'Estonie un des « tigres baltiques ». Laar mit en place en particulier la flat tax, fit des privatisations importantes et lutta contre la corruption.

Pour les réformes libérales qu'il mit en place, Laar reçut en 2006 le prix Milton Friedman pour l'avancement des libertés décerné par le Cato Institute[10]. A la suite des réformes de Laar, l'Estonie était 12e au classement de l'Heritage Foundation distinguant les économies les plus libres du monde en 2007[11].

Reconnaissance internationale

Milton Friedman a reçu de nombreux prix récompensant son travail : en 1951, la Médaille John Bates Clark, un prix qui récompense tout les deux ans un économiste américain de moins de quarante ans « qui a apporté une contribution significative à la pensée et à la connaissance économique ». Elle fut suivie en 1976 du « prix Nobel » d'économie pour ses travaux sur « l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de stabilisation »[1]. En 1988 il reçut la Presidential Medal of Freedom et la même année la National Medal of Science.

Selon l'hebdomadaire britannique The Economist, Friedman « fut l'économiste le plus influent de la seconde moitié du XXe siècle et peut être de tout le XXe siècle »[12]. Le directeur de la Fed, Alan Greenspan, affirma pour sa part qu'« il y a très peu de personnes dont les idées sont suffisament originales pour changer la direction d'une civilisation. Milton Friedman était l'un deux »[13].

Le Cato Institute a donné avec son accord son nom à un prix en 2001; il est décerné tous les deux ans à une personnalité qui a fait avancer les libertés dans le monde et a récompensé l'économiste britannique Peter Thomas Bauer en 2002, l'économiste péruvient Hernando de Soto en 2004 et l'ancien premier ministre estonien Mart Laar en 2006.

Selon Harry Girvetz et Kenneth Minogue, rédacteurs de l'article libéralisme de l'Encyclopædia Britannica, Friedman avec Friedrich Hayek l'un des acteurs qui permit la renaissance du libéralisme classique au XX[14]

Le 29 janvier 2007 a été déclaré Milton Friedman Day par Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie pour honorer sa vie, ses travaux et réalisations comme son influence sur l'économie contemporaine et les politiques publiques[15][16].

Critiques

Ses idées ont par ailleurs fait de lui l'objet d'une intense[réf. nécessaire] critique[17]. Nonobstant, son apport scientifique et son influence intellectuelle sont incontestés des spécialistes, comme le montre l'attribution de prix Nobel à lui-même puis à ses élèves ainsi que les hommages rendus après son décès.

Paul Krugman a par ailleurs été critique envers les idées de Friedman, en particulier sur le monétarisme qui n'a pas eu les résultats escomptés selon lui tandis que les banquiers centraux ont agi bien mieux que ne l'anticipait Friedman[18].

Bibliographie

Friedman a écrit de nombreux livres, mais aussi de nombreux articles. La liste suivante n'est pas exhaustive et les articles ne sont pas cités :

  • Essays in Positive Economics, 1953 ;
  • A Theory of the Consumption Function, 1957 ;
  • A Program for Monetary Stability, 1959 ;
  • Capitalism and Freedom, 1962 ;
  • Inflation: Causes and Consequences, 1963 ;
  • The Optimum Quantity of Money and Other Essays, 1969 ;
  • The Counter-Revolution in Monetary Theory, 1970 ;
  • Free to Choose: A Personal Statement avec Rose Friedman, 1980.
  • Analytical and Continental Traditions in Perspective, pp. 145-159, Friedman, M. en A Parting of the Ways. Carnap, Cassirer, And Heidegger. Chicago: Open Court Publishing, 2000.

Citations

  • « Rien n'est moins important que la monnaie… quand elle est bien gérée. »
  • « L'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire, et il n'y a pas par conséquent, de lutte contre l'inflation sans politique monétaire restrictive. »
  • « La responsabilité sociale de l'entreprise est d'accroître son bénéfice. »
  • « Je ne crois pas en la démocratie absolue ; personne ne croit en la démocratie absolue. Personne ne croit qu'il est approprié de tuer 49 % de la population quand bien même 51 % voterait cette décision. »[19]
  • « J'ai la conviction que nous serons capables de préserver et d'élargir la liberté malgré la taille des programmes militaires et malgré les pouvoirs économiques concentrés à Washington. Mais nous serons capables de le faire seulement si nous sommes conscients de la menace à laquelle nous devons faire face ; seulement si nous persuadons nos semblables de ce que les institutions libres offrent une route plus sûre, même si parfois plus lente, que le pouvoir coercitif de l'État vers les objectifs auxquels nous aspirons. Et les étincelles de changement qui apparaissent dans le climat intellectuel sont un augure d'espoir. », in Capitalisme et liberté.
  • « En un sens, nous sommes tous keynésiens aujourd'hui ; en un autre sens, plus personne n'est keynésien. » Cette citation ayant été tronquée par un journaliste qui n'en avait gardé que la première partie, Milton Friedman avait précisé ultérieurement : « Nous utilisons tous le langage et l'appareil d'analyse keynésiens, mais plus personne n'accepte les conclusions keynésiennes originelles. »[20]
  • « Personne ne dépense l'argent de quelqu'un d'autre aussi consciencieusement que le sien. »

Notes et références

  1. a et b (en)Milton Friedman sur la page du Prix Nobel
  2. La solution chilienne, Guy Sorman, 16 novembre 2007
  3. Interview avec Jeffery Sachs sur "le miracle chilien", PBS.org
  4. (en)(es)Lettre de Milton Friedman à Pinochet, telle que rapportée dans Two Lucky People, mémoires de Rose & Milton Friedman, 1998
  5. Up for Debate: Reform Without Liberty: Chile's Ambiguous Legacy, Milton Friedman, PBS
  6. Milton Friedman et Rose Friedman : Two Lucky People:Memoirs, p.600-601
  7. (en)Interview de Milton Friedman interview, PBS.org
  8. (en)Vidéo du débat télévisé
  9. Miracle on Iceland, Hannes Hólmsteinn Gissurarson, The Wall Street Journal, 29 janvier 2004
  10. (en)Mart Laar's biography, Cato Institute, 2006
  11. (en)Executive summary du classement 2007 de l'Heritage Foundation
  12. (en)Milton Friedman, a giant among economists, The Economist
  13. The Power of Choice, extrait de Free to Choose Media
  14. Girvetz, Harry K. et Minogue Kenneth. Liberalism, Encyclopedia Britannica (online), p. 16
  15. (en)"'Milton Friedman Day' marked", James Hohmann, The Stanford Daily, 30 janvier 2007
  16. (en)MiltonFriedmanDay.org
  17. Capitalisme et liberté : une critique des thèses de Milton Friedman par le physicien Arjun Makhijani, Président du Institute for Energy and Environmental Research (en)
  18. (en)Who was Milton Friedman, Paul Krugman, The New York Review of Books, février 2007
  19. (I don't believe in pure democracy; nobody believes in pure democracy. Nobody believes that it's appropriate to kill 49 percent of the population even if 51 percent of the people vote to do so.) , dans un discours intitulé The Real Free Lunch: Markets and Private Property [1].
  20. Le Monde, 26 mai 1996, rectificatif

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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