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{{Voir paronyme|Terre adélice}}
{{Voir homonymes|Adélie}}
{{Infobox Secteur de l'Antarctique
 | nom        = District de terre Adélie
 | drapeau    = Flag of the French Southern and Antarctic Lands.svg
 | image      = Adelie Land in Antarctica.svg
 | légende    = Situation de la terre Adélie sur le continent.
 | statut     = District administratif des {{drapeau|ATF}} [[Terres australes et antarctiques françaises]]
 | chef-lieu  = [[Base antarctique Dumont-d'Urville|Dumont-d'Urville]]
 | population = 30
 | année_pop  = environ
 | superficie = 351000
 | limites    = 136° et 142° de [[longitude]] est, du pôle Sud à la côte
 | latitude   = -66.663027
 | longitude  = 140.001837
}}

La '''terre Adélie''' est une région côtière d'[[Antarctique oriental]] découverte en [[1840]] par l'explorateur français [[Jules Dumont d'Urville]] au sud de l'Australie. De la côte au [[pôle Sud]], et entre 136 et 142° de longitude est, la France revendique une aire de {{unité|351000|km|2}} qui, sous le même nom, est l'un des cinq districts des [[Terres australes et antarctiques françaises]] (TAAF). Cette [[Revendications territoriales en Antarctique|revendication]], non reconnue par certains pays – dont les États-Unis et la Russie –, s'est trouvée suspendue en 1961 par l'entrée en vigueur du [[traité sur l'Antarctique]]. Depuis 1956, la terre Adélie abrite la base antarctique française de [[Base antarctique Dumont-d'Urville|Dumont-d'Urville]], initialement construite pour l'[[Année géophysique internationale]] (1957-1958), mais occupée depuis de façon permanente. Elle est rattachée au fuseau horaire [[UTC+10:00]].

== Géographie ==

=== Localisation ===
Après les prises de possession faites en 1929-1931 par l'Australien [[Douglas Mawson]] lors de son [[expédition BANZARE]] tout au long de la côte antarctique, de la [[terre de George V]] à la [[terre de Mac. Robertson]], d'interminables négociations eurent lieu entre la France et l'Australie<ref>Voir à ce sujet la longue liste des notes diplomatiques échangées avec le Royaume-Uni, puis avec l'Australie jusqu'en 1938 : {{Lien web |titre=National Antarctic Documents |url=https://sparc.utas.edu.au/index.php/correspondence-concerning-the-limits-of-adelie-land |site=University of Tasmania |date=26 août 2019 |consulté le=4 août 2023}}.</ref>. À leur terme, c'est un décret du [[Albert Lebrun|président Lebrun]] qui a fixé, le {{date-|1 avril 1938}}, les « limites des territoires français de la région antarctique dite « Terre Adélie » »<ref>{{Article |titre=Limites des territoires français de la région antarctique dite « Terre Adélie » |périodique=Journal officiel de la République française |date=6 avril 1938 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2031300j/f2.item |passage=4098-4099 |consulté le=1 mai 2023}}.</ref>. Dans son article premier, « les îles et territoires situés au Sud du {{60e}} degré parallèle de latitude Sud et entre les {{136e}} et {{142e}} degrés méridiens de longitude Est de Greenwich relèvent de la souveraineté française ». Le décret ne revendiquant que « les îles et territoires » de ce domaine, seules les terres englacées du continent antarctique et les îlots côtiers sont à prendre en compte : le secteur antarctique de la terre Adélie se réduit ainsi à un triangle sphérique quasi isocèle de sommet le [[pôle Sud]], et de base la portion de côte située entre le point de coordonnées {{Coord|66|10|S|136|0|E|scale:1000000}} (proche de la [[pointe du Pourquoi-Pas ?]]), sur la frontière avec la [[terre de Wilkes]], et le point de coordonnées {{Coord|66|50|S|142|0|E|scale:1000000}} (proche de la [[pointe Alden]]), sur la frontière avec la terre de {{noble-|George V}}. La superficie de ce triangle sphérique est de {{Unité|351000|km|2}}<ref>{{Ouvrage |titre=Petit Larousse illustré 2011 |lieu=Paris |éditeur=Larousse |année=2010 |passage=1094}}.</ref>, soit un peu plus des 3/5{{e}} de la superficie de la France métropolitaine ({{Unité|552000|km|2}}).

À cheval sur le [[Cercle antarctique|cercle polaire antarctique]] entre la pointe du Pourquoi-Pas ? et la pointe Alden, les {{Unité|350|km}} de côtes de la terre Adélie sont baignés par la [[mer Dumont-d'Urville]], une mer côtière de l'[[océan Austral]].

=== Pôle Sud magnétique ===
[[File:South pole historical map.png|thumb|left|upright=1.35|<center>Positions du pôle Sud magnétique au cours des siècles. Carrés jaunes : positions '''mesurées''' ''in situ'' ; cercles progressant du bleu au jaune : positions '''modélisées''' entre 1590 et 2020<ref name=SMP>{{Lien web |titre=Wandering of the Geomagnetic Poles |url=http://www.ngdc.noaa.gov/geomag/GeomagneticPoles.shtml |auteur=National Oceanic and Atmospheric Administration |site=National Centers for Environmental Information |consulté le=30 janvier 2024}}.</ref>.]]

L'une des particularités de la terre Adélie est de se trouver à proximité du [[pôle Sud magnétique]], dont la position varie avec le temps. Ce lieu est celui où une aiguille aimantée se dresserait verticalement dans une [[boussole d'inclinaison]]. Si ce type d'observation est difficile à faire ''in situ'', il est plus aisé de localiser le pôle par des mesures de [[Déclinaison magnétique|déclinaison]] et d'[[Inclinaison magnétique|inclinaison]] suivies de calculs, à condition d'en être suffisamment proche. C'est ce que fit l'hydrographe [[Clément Adrien Vincendon-Dumoulin|Adrien Vincendon-Dumoulin]] en débarquant sur un iceberg le {{date-|23 janvier 1838}} alors que l'[[expédition Dumont d'Urville]] se trouvait dans le nord de la [[mer de Weddell]]<ref>{{harvsp|Dumont d'Urville|1842b|p=55}}. Voir aussi, dans le même {{nobr|tome 2}} de l'''Histoire du Voyage'', la note {{numéro|32}} de Vincendon-Dumoulin, {{p.|221}}. Les icebergs étaient des lieux d'observation incomparablement plus stables qu'un navire à voiles.</ref>. Cette localisation de janvier 1838 est de qualité très médiocre, étant donné la distance à laquelle l'expédition se trouvait du pôle magnétique (près de {{unité|5000|km}}). Deux ans après presque jour pour jour ({{date|22|janvier|1840}}), en vue de la terre Adélie et plus proche du pôle (moins de {{unité|1000|km}}), Vincendon-Dumoulin séjournera de nouveau trois heures sur un iceberg pour améliorer la précision de sa localisation<ref>{{harvsp|Vincendon-Dumoulin|1845|p=146-147}}.</ref>{{,}}<ref name=NLA/>. Il situe alors le pôle par {{coord|71.957|S|136.916|E|format=dec|scale:10000000}}, soit dans l'actuel secteur antarctique de la terre Adélie, à {{unité|530|km}} de la position maintenant modélisée pour 1840 ({{coord|74.003|S|151.768|E|format=dec|scale:10000000}}<ref name=SMP/>).

Ce pôle a été l'objet d'une recherche ''in situ'' par plusieurs expéditions au début du {{s-|XX}} lorsqu'il se trouvait en [[terre Victoria]], puis en [[terre de George V]]. Il fallut attendre l'hivernage français de 1951 à [[Port-Martin]] pour que, le pôle se trouvant alors beaucoup plus proche de la côte, le [[Pierre-Noël Mayaud|R.P. Pierre-Noël Mayaud]] parvienne à le localiser plus précisément grâce à un appareil permettant de mesurer la composante horizontale du [[champ magnétique terrestre]] (magnétomètre horizontal à fil de quartz muni d'un [[théodolite]]<ref>{{Lien web |url=http://musee-sismologie.unistra.fr/collections/les-collections-de-magnetisme/qhm-la-cour-sur-theodolite-dietzgen/ |site=Musée de sismologie et collections de géophysique |titre=Q.H.M. La Cour sur théodolite Dietzgen |consulté le=30 janvier 2024}}.</ref>). En 1962, le pôle était encore situé sur le continent, proche de la [[base antarctique Dumont-d'Urville|base Dumont-d'Urville]]. Depuis, il évolue en mer un peu au nord du [[cercle polaire antarctique]] en se déplaçant vers le nord-ouest à la vitesse de 10 à {{unité|15|km}} par an. En 2025, sa position modélisée est {{coord|63.851|S|135.061|E|format=dec|scale:10000000|name=SMP}}<ref name=SMP/>, soit au large de la [[Côte de Clarie|côte Clarie]], dans le secteur antarctique australien de la [[terre de Wilkes]]. À moins de {{unité|400|km}} de distance, la [[base antarctique Dumont-d'Urville|base Dumont-d'Urville]] reste cependant l'endroit habité le plus proche du pôle Sud magnétique.

=== Climat ===
La terre Adélie est caractérisée par un climat d'[[inlandsis]] (catégorie [[Climat polaire|EF]] dans la [[classification de Köppen]]), avec des pressions atmosphériques toute l'année très basses sur la côte (985 à {{unité|995|hPa}}) qui favorisent des vents parmi les plus violents au monde<ref>D'où le titre du livre de [[Douglas Mawson]] relatant ses hivernages au [[cap Denison]] (est de la terre Adélie, du moins considérée comme telle en 1912-1913) : ''The Home of the Blizzard''.</ref> soufflant presque en continu ({{unité|36|km||h|-1}} en moyenne). Sur une année, les jours sans vent se comptent sur les doigts de la main, et des rafales de plus de {{unité|170|km||h|-1}} sont observées chaque mois<ref>{{Lien web |auteur=Samuel Blanc |url=https://terreadelie.sblanc.com/pages/vent-catabatique.htm |titre=Le vent catabatique en Terre Adélie |site=terreadelie.sblanc.com |consulté le=3 février 2024 }}.</ref>. Ces [[Vent catabatique|vents catabatiques]] soufflent préférentiellement du sud-est en suivant la topographie descendante de la calotte glaciaire antarctique. Un record de vitesse a été atteint le {{date-|16|juin|1972}} avec une valeur de {{unité|320|km||h|-1}}. Les [[Blizzard (météorologie)|blizzards]] associés sont chargés de particules de neige et de glace qui sont pratiquement les seules précipitations observées<ref name=Pettré>{{Article |auteur1=Paul Pettré |auteur2=Christophe Périard |titre=Aspects du climat de Dumont-d'Urville et de l'Antarctique |périodique=La Météorologie |série=8 |numéro=13 |date=mars 1996 |passage=55-62 |lire en ligne=https://lameteorologie.fr/admin/api/public/api/meteo/website/downloadArticlePDF/meteo_1996_13_55 |format=PDF }}.</ref>.

Sur la côte, le climat est cependant adouci par la présence de l'[[océan Austral]], avec des températures moyennes de l'ordre de {{tmp|-5|°C}} pendant un court été (novembre à janvier) et de {{tmp|-15|°C}} en hiver (mai à octobre)<ref name=Pettré/>. Le secteur antarctique de la terre Adélie se prolongeant jusqu'au [[pôle Sud|pôle]], le climat du sud du territoire, à près de {{unité|3000|m}} d'altitude, est beaucoup plus rigoureux (températures moyennes de l'ordre de {{tmp|-30|°C}} en été et de {{tmp|-60|°C}} en hiver).

La météo de terre Adélie peut être consultée en temps réel par l'intermédiaire de la station [[Météo-France]] de Dumont-d'Urville intégrée au réseau [[Infoclimat]]<ref>{{Lien web |url=https://www.infoclimat.fr/observations-meteo/temps-reel/terre-adelie-dumont-d-urville/89642.html |titre=Météo temps réel à Dumont-d'Urville |site=www.infoclimat.fr |consulté le=3 mai 2024 }}.</ref>.

== Histoire ==
=== Découverte ===
{{article détaillé|Expédition Dumont d'Urville}}

[[Fichier:Atlas_pittoresque_pl_169.jpg|vignette|<center>Découverte de la terre Adélie par Dumont d'Urville.</center>]]

Le [[Capitaine de vaisseau (France)|capitaine de vaisseau]] [[Jules Dumont d'Urville]] à bord de l'''[[Coquille (bateau)|Astrolabe]]'', secondé par le [[Capitaine de corvette (France)|capitaine de corvette]] [[Charles Hector Jacquinot|Charles Jacquinot]] à bord de la ''[[la Zélée (bateau)|Zélée]]''{{sfn|Dumont d'Urville|1842a|p=xxxv-xlvii}}, découvre cette région en janvier 1840 au cours d'une circumnavigation de plusieurs années (1837-1840) mandatée par le roi [[Louis-Philippe]]. Dans ses instructions d'août 1837 qui concernaient principalement l'exploration du Pacifique, le ministre de la Marine et des Colonies [[Claude du Campe de Rosamel|Claude de Rosamel]] avait aussi demandé à Dumont d'Urville de pousser aussi loin que possible, au delà des [[Sandwich du Sud]] et des [[Shetland du Sud]], en direction de la [[péninsule Antarctique]]{{sfn|Dumont d'Urville|1842a|p=v-xiii}}, ce qui fut fait en janvier-février 1838 ; mais il n'avait rien dit de tel concernant la découverte d'un hypothétique continent au sud de l'Australie. Dumont d'Urville prend cette initiative en apprenant l'intention de l'Américain [[Charles Wilkes]] d'explorer ces parages. Les deux corvettes françaises quittent [[Hobart]] ([[Tasmanie]]) le {{date-|2|janvier|1840}}.

[[Fichier:Roquemaurel Roches Terre Adélie MHNT MIN 2013 0 1-5.jpg|vignette|left|<center>Roches rapportées par l'expédition Dumont d'Urville ([[Muséum de Toulouse]]).</center>]]

C'est le {{date|20 janvier 1840}}<ref name=19-20>{{harvsp|Vincendon-Dumoulin|1845|p=138}}, se fondant sur le journal de Dumont d'Urville, conserve pour cet événement la date du {{date|19 janvier 1840}}. Mais Dumont d'Urville, dans sa circumnavigation d'est en ouest à travers le Pacifique sud, a négligé d'ajouter un jour en passant le 180{{e}} méridien le {{date|14 octobre 1838}}. Une note de bas de page du volume « Physique » du ''Voyage au pôle Sud'' indique, à la date du {{date|24 juin 1840}} et alors que l{{'}}''Astrolabe'' est à l'ancre dans la baie de [[Kupang|Coupang]] ([[Timor]]) : « Nous reprenons la date d'Europe. » (Voir {{Chapitre |auteurs=François Barlatier-Demas, Louis Tardy de Montravel, Charles Kosmann {{et al.}} |titre chapitre=Routes des corvettes, déclinaisons de l'aiguille aimantée et observations météorologiques faites à bord de l{{'}}''Astrolabe'' |auteur ouvrage=Clément-Adrien Vincendon-Dumoulin et Aimé Coupvent-Desbois |titre ouvrage=Voyage au pôle Sud et en Océanie – Physique |date=1842 |éditeur=Gide |lieu=Paris |tome={{1er}} |pages totales=xxi-387 |passage=342 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97703g/f366.item }}) C'est donc seulement cinq mois après la découverte de la terre Adélie que la date correcte a été rétablie, et donc toutes les dates des livres de bord comprises entre le {{date|14 octobre 1838}} et le {{date|22 juin 1840}} sont à incrémenter d'un jour. Ce problème de date est particulièrement difficile à démêler en raison d'erreurs typographiques jalonnant le volume « Physique » cité en référence, en particulier en haut du tableau de la {{p.|342}} où il faut lire « juin » à la place de « mai ».

Autre preuve irréfutable de ce décalage d'un jour tout au long de la relation du voyage de découverte de la terre Adélie : dans son rapport daté de mars 1840, [[Charles Wilkes]] indique que le brick ''Porpoise'' a aperçu l'''Astrolabe'' et la ''Zélée'' le {{date-|30 janvier 1840}} {{harv|Vincendon-Dumoulin|1845|p=201-202}} alors que Vincendon-Dumoulin conserve la date du 29 pour cette rencontre {{harv|Vincendon-Dumoulin|1845|p=171-173}}.</ref> au coucher du soleil ({{heure|22|50}}) que la terre est aperçue au large d'un lieu correspondant à l'actuel {{Lien |langue=en |trad=Cape Découverte |fr=cap de la Découverte}}<ref name=NLA>{{Lien web |url=https://nla.gov.au/nla.obj-230727928/view |titre=Carte des explorations exécutées par les corvettes l'Astrolabe et la Zélée dans les régions circum-polaires / levée et dressée par Mr. Vincendon-Dumoulin, ingénieur hydrographe de la marine, janvier et février 1841 |site=National Library of Australia |consulté le=30 janvier 2024 }}.</ref>. Après une journée de calme plat, les deux corvettes tentent le {{date-|22 janvier}} de se rapprocher de la côte dans un labyrinthe d'« îles de glace » — c'est-à-dire d'icebergs — vêlées par le [[glacier de l'Astrolabe]]. Des îlots rocheux ayant été repérés en soirée, l'enseigne de vaisseau Joseph Duroch et le lieutenant de vaisseau Joseph Dubouzet, second de la ''Zélée'', embarquent sur deux canots avec [[Pierre Marie Alexandre Dumoutier|Pierre-Marie Dumoutier]], préparateur d'anatomie, et [[Louis Le Breton]], chirurgien et dessinateur. Ils mettent pied à {{heure|21}} sur le « [[rocher du Débarquement]] »<ref>{{harvsp|Vincendon-Dumoulin|1845|p=148-153}}. Voir aussi, à la fin du même tome, la note 19 de [[César Desgraz]], secrétaire de Dumont d'Urville (p. 336-337).</ref>, le plus élevé et le plus septentrional du groupe d'îles qui sera ultérieurement dénommé [[îles Dumoulin]], du nom de l'hydrographe [[Clément Adrien Vincendon-Dumoulin|Adrien Vincendon-Dumoulin]], véritable cheville ouvrière de l'expédition. Ils y prélèvent des échantillons de roches et un [[fucus]] desséché, capturent quelques manchots, boivent une bouteille de bordeaux, et prennent possession des lieux en plantant le drapeau français ({{coord|66|36|19|S|140|03|46|E|scale:50000}}). Dumont d'Urville attend le retour des deux canots à {{heure|23}} pour annoncer que cette terre portera désormais le nom de « terre Adélie »<ref>En hommage à son épouse, née [[Adèle Dumont d'Urville|Adèle Pépin]].</ref>.

[[Fichier:Map Archipel Pointe Geologie.jpg|vignette|upright|<center>Carte de l'archipel de Pointe-Géologie.</center>]]

Les îles Dumoulin font partie de l'[[archipel de Pointe-Géologie]], situé au nord-ouest du [[glacier de l'Astrolabe]] — non identifié comme tel par Dumont d'Urville. Il est probable que l'[[île des Pétrels]], la plus élevée et la plus visible du large des îles de l'archipel, était alors peu discernable du continent lui-même<ref>D'autant plus que les deux corvettes ne se sont jamais approchées à moins de {{unité|13|km}} du continent.</ref>, ce qui justifie le toponyme de « pointe Géologie » sur les cartes de l'époque<ref name=Godard>{{Article |langue=en |auteur1=Gaston Godard |auteur2=Julien Reynes |auteur3=Jérôme Bascou |auteur4=René-Pierre Ménot |auteur5=Rosaria Palmeri |titre=First rocks sampled in Antarctica (1840): Insights into the landing area and the Terre Adélie craton |revue=Comptes Rendus Geosciences |volume=349 |numéro=1 |date=janvier 2017 |passage=12-21 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1631071316301158}}.</ref>. L'îlot où eut lieu le débarquement a fait l'objet d'un levé détaillé par Vincendon-Dumoulin<ref>{{Site web |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525087374 |site=Gallica |titre=Carte de la Terre Adélie. Régions circum-polaires |consulté le=30 janvier 2024 }}.</ref>. Sa forme est similaire à celle du rocher du Débarquement actuellement situé à {{unité|11|km}} du continent<ref>{{Site web |url=http://www.ats.aq/documents/ATCM29/att/ATCM29_att026_f.gif |format=gif |titre=Carte des îles Dumoulin et du « rocher du Débarquement » (Paul-Émile Victor, ''Pilote de terre Adélie'') |site=Secrétariat du traité sur l'Antarctique }}.</ref>. La comparaison entre les spécimens de roches déposés en 1840 au [[Muséum national d'histoire naturelle]] de Paris et des échantillons prélevés sur le terrain en 1993 et 2004 confirme que le débarquement a bien eu lieu à cet endroit<ref name=Godard/>.

Poursuivant ensuite son exploration, Dumont d'Urville progresse vers l'ouest le long de la côte en doublant le [[cap Pépin]] et le {{Lien |langue=en |trad=Cape Robert |fr=cap Robert}}, jusqu'à atteindre un point situé par 136° de longitude est. Il rencontre là le {{date-|24|janvier}} une banquise compacte qui lui interdit de poursuivre plus loin vers l'ouest. Il la contourne par le nord dans une tempête de neige, puis met le cap au sud-ouest le {{date-|29|janvier}}, se rapprochant à nouveau de la côte. Le {{date-|30 janvier}}, l'équipage est surpris par l'apparition d'un bâtiment sortant de la brume et courant vers l’''Astrolabe'' vent arrière : c'est le {{USS|Porpoise|1836|2}}, l'un des six navires constituant la flottille de l'[[expédition Wilkes]], et qui croit apercevoir devant lui le {{USS|Vincennes|1826|2}} — le vaisseau-amiral de Wilkes — et le ''Peacock''{{sfn|Vincendon-Dumoulin|1845|p=201-202|ps=(Rapport de Wilkes.)}}. Revenant de sa méprise et interprétant mal les intentions de Dumont d'Urville, celui-ci ayant fait reprendre de la voile à son vaisseau car le brick américain arrivait à grande vitesse, le commandant du ''Porpoise'' change subitement de cap{{sfn|Vincendon-Dumoulin|1845|p=171-173}}. Aucun contact n'a donc lieu entre les deux expéditions. Le {{date-|31|janvier}}, l'''Astrolabe'' et la ''Zélée'' longent toute une journée une véritable muraille de glace<ref name=NLA/>. Ce que Dumont d'Urville croit être une nouvelle portion du continent austral reçoit le nom de [[côte de Clarie|côte Clarie]]<ref>En hommage à l'épouse de Charles Jacquinot, née Clara Roze.</ref>. En réalité, l'expédition se trouve au nord du {{65e}} parallèle, alors que le continent antarctique se trouve {{unité|150|km}} plus au sud<ref name=NLA/> : c'est probablement l'énorme {{Lien |langue=en |trad=Dibble Iceberg Tongue |fr=langue de glace Dibble}} qui vient d'être longée<ref>Le nom de [[côte de Clarie|côte Clarie]] a cependant été maintenu pour désigner la côte orientale de la [[terre de Wilkes]] (secteur australien de l'Antarctique) située entre 130° et 136° de longitude est.</ref>. L'expédition atteint le lendemain la longitude de 130° est, avant de mettre le cap au nord pour rallier Hobart.

Une controverse opposera Dumont d'Urville à Wilkes concernant la découverte du « continent austral ». De retour à Sydney en mars 1840, et apprenant que Dumont d'Urville avait découvert la terre Adélie dans la soirée du {{date-|19|janvier}}<ref name=19-20/>, Wilkes prétendra alors avoir aperçu la côte antarctique dans la matinée du même jour, et consignera cette date dans un rapport officiel{{sfn|Vincendon-Dumoulin|1845|p=196|ps=(Rapport de Wilkes.)}}{{,}}{{sfn|Vincendon-Dumoulin|1845|p=205|ps=(Minutes du procès.)}}. Lors de son passage en cour martiale à son retour aux États-Unis — principalement pour les mauvais traitements infligés aux officiers et à l'équipage, mais aussi pour « cartographie immorale » [''immoral mapping''] —, cette falsification sera longuement évoquée. La plus grande confusion règne finalement sur le jour exact où l'expédition Wilkes a pu voir l'Antarctique, la flottille opérant en ordre dispersé. Pour le vaisseau-amiral ''Vincennes'', la date du {{date-|25|janvier}} est la plus probable{{sfn|Vincendon-Dumoulin|1845|p=205-221|ps=(Minutes du procès.)}}. Toujours est-il que Wilkes semble être le premier à avoir eu la prescience de la continuité du continent Antarctique depuis les [[îles Balleny]] jusqu'à la terre qui porte maintenant son nom. En dépit des falsifications de Wilkes, les États-Unis n'ont jamais reconnu le bien-fondé de la revendication française sur la terre Adélie.

=== Des premiers hivernages aux bases permanentes ===
{{article détaillé|Port-Martin|Base de Pointe-Géologie|Base antarctique Dumont-d'Urville|Base Charcot}}

Après la [[Seconde Guerre mondiale]], plusieurs pays, dont la France, envisagent de créer sur le continent Antarctique des bases pour mieux asseoir leurs revendications territoriales. Les [[Expéditions polaires françaises]] - Missions [[Paul-Émile Victor]] (E.P.F.), fondées en 1947, organisent une expédition préparatoire en 1948-1949 dans l'est de la terre Adélie. La base de [[Port-Martin]] y est établie en janvier 1950, et deux hivernages successifs ont lieu (1950 et 1951). À la suite d'un incendie qui survient en janvier 1952, Port-Martin est évacué et la mission qui devait y hiverner est rapatriée. Sept hommes décident de rester cependant dans la [[Base de Pointe-Géologie|base annexe de Pointe-Géologie]] alors en cours de construction sur l'[[île des Pétrels]], à {{unité|65|km}} à l'ouest de Port-Martin. Ils sont rapatriés en janvier 1953, et la terre Adélie reste pour un temps vierge de toute occupation.

[[Fichier:Abri observatoire en Terre Adélie- Archives nationales- 20110210-143.jpg|vignette|left|<center>Ancien abri pour l'observation du ciel nocturne (1957-1958).</center>]]

En prévision de la participation active de la France à l'[[Année géophysique internationale]] qui, de 1957 à 1958, va développer une large coopération et un échange de données sans précédent, une nouvelle base est établie en janvier 1956 sur l'île des Pétrels, au même endroit que la base éphémère de 1952-1953. Celle-ci, dénommée [[base antarctique Dumont-d'Urville|base Dumont-d'Urville]], est prévue pour accueillir une trentaine d'hivernants, et le double pendant l'été. Dans le même temps, la petite [[base Charcot]], établie sur le continent à {{unité|320|km}} de la côte, va servir de 1957 à 1959 d'avant-poste pour les glaciologues et les géomagnéticiens.

Depuis 1959, année de la signature du [[traité sur l'Antarctique]], Dumont-d'Urville est la seule base française de terre Adélie occupée de façon permanente. La logistique en a été longtemps assurée par les [[Expéditions polaires françaises|E.P.F.]], avec le soutien scientifique de la Mission de recherche des [[Terres australes et antarctiques françaises]]. En 1992, l'Institut français de recherche et technologie polaire (I.F.R.T.P.) prend le relais de ces deux organismes. Depuis 2002, c'est l'[[Institut polaire français Paul-Émile-Victor]] (IPEV) qui coordonne les activités réalisées en terre Adélie ou à proximité ([[base antarctique Concordia|base franco-italienne Concordia]], située sur la calotte antarctique, dans le secteur australien de la [[terre de Wilkes]]).

== Transports ==

=== Mer ===
[[Fichier:Arrivée de l'astrolabe.jpg|thumb|<center>Arrivée de ''L'Astrolabe'' à la base Dumont-d'Urville.</center>]]

Le transport maritime reste le principal moyen d'accès en terre Adélie. Entre 1948 et 1960, c'est d'abord un ancien bâtiment militaire américain, le {{navire|Commandant Charcot|1947}} qui a été affrété par les [[Expéditions polaires françaises|E.P.F.]], puis un baleinier norvégien, le ''Tottan'', suivi d'un phoquier norvégien, le {{lien|langue=en|trad=MV Norsel (1945)|texte=''Norsel''}}. Le ''Magga Dan'' et le ''[[MV Thala Dan|Thala Dan]]'', deux navires polaires danois spécialement conçus pour naviguer dans les glaces, ont longtemps assuré la relève de la base Dumont-d'Urville, de 1961 à 1982. Ils effectuaient habituellement deux rotations, en début et en fin d'été (début décembre et fin février). Ils étaient affrétés conjointement par les E.P.F. et l'[[Département australien de l'Antarctique|ANARE]] australienne pour relever leurs bases respectives. Depuis 1982, se sont succédé dans cette même fonction de ravitaillement d'autres navires polaires : le bâtiment canadien ''Lady Franklin'', le norvégien [[MV Arctic Sunrise|''Polarbjørn'']] et le français ''[[L'Astrolabe (navire polaire)|L'Astrolabe]]''<ref>{{Lien web |url=http://philadelie.free.fr/bateaux.htm |site=philadelie.free.fr |titre=Les bateaux de relève |auteur=Maurice Bacher |année=2002-2005 |consulté le=28 janvier 2024}}.</ref>. Depuis 2017, un second ''[[L'Astrolabe (patrouilleur et navire logistique polaire)|L'Astrolabe]]'' assure le ravitaillement de la terre Adélie. Ce petit brise-glace, capable de fendre une banquise d'un mètre d'épaisseur, permet d'effectuer, entre novembre et mars, jusqu'à cinq rotations entre l'Australie et Dumont-d'Urville<ref name=Astrolabe>{{Lien web |url=https://taaf.fr/collectivites/lastrolabe/ |site=taaf.fr |titre=L'Astrolabe |consulté le=28 janvier 2024}}.</ref>.

La durée de la traversée dépend de l'état des glaces, et peut être très variable : échec en janvier 1949, la côte étant bloquée par une cinquantaine de kilomètres de banquise ; près de 35 jours en 1976-1977 ; 5 jours dans le meilleur des cas si la mer est libre de glaces<ref name=Astrolabe/>.

=== Glace ===
[[Fichier:DomeCTraverse.jpg|vignette|left|<center>Convoi de ravitaillement sur la « route du Raid » ({{Date-|janvier 2005}}).</center>]]

La base Dumont-d’Urville est reliée par convoi d'engins chenillés à la [[Base antarctique Concordia|base franco-italienne Concordia]] implantée sur la calotte antarctique dans le secteur australien. Cette « route du Raid », longue de {{unité|1100|km}}, ne peut cependant être parcourue qu’en 10 jours au minimum, à raison de 60 à {{unité|120|km}} par jour. Trois aller-retours permettent d’acheminer chaque été jusqu’à {{unité|500|tonnes}} de matériel et de ravitaillement<ref>{{Lien web |url=https://institut-polaire.fr/fr/antarctique/la-station-concordia/ |titre=La station Concordia |site=Institut polaire français Paul-Émile-Victor |consulté le=28 janvier 2024}}.</ref>.

=== Air ===
[[Fichier:LC-130R VXE-6 in Antarctica 1996.JPEG|thumb|<center>LC-130 Hercules en Antarctique.</center>]]

Une piste sur neige, établie sur le continent à D21 ({{unité|20|km}} de Dumont-d'Urville) et aplanie à la demande, a été utilisée de façon sporadique pour l'atterrissage d'avions gros-porteurs sur skis. Il s'agissait, dans les années 1970 à 1980, de quadrimoteurs de l'[[United States Navy|US Navy]] du type [[Lockheed LC-130 Hercules|LC-130 Hercules]] dotés de fusées assistant les moteurs au décollage. Mais cette procédure s'est avérée très hasardeuse, précisément au décollage<ref>{{Lien web |url=https://www.gdargaud.net/Antarctica/Onraet/DomeC-LC130H.pdf |format=pdf |auteur=Guillaume Dargaud |site=Guillaume & Jennifer Dargaud's website |titre=Les LC 130 au service des EPF |consulté le=29 janvier 2024}}.</ref>.

Depuis les années 2000, une autre piste sur neige plus proche de Dumont-d'Urville ({{unité|8|km}}) est maintenant utilisée régulièrement pendant l'été austral (novembre à février). Située sur le continent à [[Liste des aérodromes en Antarctique|D10]], cette piste nécessite cependant d'être entretenue après chaque blizzard.
Elle accueille généralement des appareils bimoteurs sur skis du type [[Basler BT-67]] (une version modernisée du [[Douglas DC-3]]) ou [[de Havilland Canada DHC-6 Twin Otter|DHC-6 Twin Otter]], qui effectuent en été des liaisons avec les bases antarctiques les plus proches : [[Base antarctique McMurdo|McMurdo]] (USA), [[Base antarctique Mario-Zucchelli|Mario-Zucchelli]] (I) et [[Base antarctique Concordia|Concordia]] (F/I)<ref>{{Lien web |langue=fr+en |titre=Notifications d'activités françaises en Antarctique - 2006/2007 |url=https://documents.ats.aq/ie/frpre07e.pdf |format=PDF |année=octobre 2006 |site=Secrétariat du traité sur l'Antarctique |passage=17 |consulté le=11 mars 2024 }}.</ref>.

Au début des années 1980, les E.P.F. ont cherché, pour des raisons logistiques et des impératifs sanitaires, à disposer d'une piste en dur sur laquelle faire atterrir des avions gros-porteurs de type [[Transall]]. L'[[aérodrome Dumont-d'Urville]], aussi connu sous le nom de « piste du [[île du Lion|Lion]] », a été construit entre 1983 et 1993 en arasant plusieurs îlots de l'archipel de Pointe-Géologie, et en les reliant par une chaussée. Ce désastre écologique, abondamment critiqué à l'époque, s'est doublé d'un désastre financier : en partie détruite par une tempête en 1994, la piste n'a jamais été mise en service<ref>{{Lien web |url=http://philadelie.free.fr/piste.htm |site=philadelie.free.fr |titre=La piste aérienne |auteur=Maurice Bacher |année=2002-2005 |consulté le=29 janvier 2024}}.</ref>.

L'hélicoptère — dans les dernières décennies du {{s-|XX}}, souvent une [[SNCASE SE.3130 Alouette II|Alouette II]] mise à disposition par l'[[Aviation légère de l'Armée de terre|ALAT]] — a longtemps été utilisé, en particulier lors du déchargement du bateau ravitailleur, ou pour effectuer des liaisons entre celui-ci et Dumont-d'Urville lorsque l'état des glaces retardait son accès à la côte. En février 1999, un hélicoptère [[Sud-Aviation SA315B Lama|Lama]] effectuant la liaison entre ''[[L'Astrolabe (navire polaire)|L'Astrolabe]]'' et la base s'écrase, faisant trois morts<ref>{{Lien web |url=http://antarctica.online.fr/ta47/accident.html |site=antarctica.online.fr |titre=Trois morts dans un accident d'hélicoptère en terre Adélie |date=2 mai 2016 |consulté le=30 janvier 2024 }}.</ref>.
En octobre 2010, alors que ''L'Astrolabe'' est immobilisé par les glaces à {{unité|370|kilomètres}} de distance, un hélicoptère [[Aérospatiale AS350 Écureuil|Écureuil]] effectuant la même navette s'écrase sur la banquise à {{unité|100|km}} de la base ; les quatre occupants, un pilote, un mécanicien et deux membres de l'[[Institut polaire français Paul-Émile-Victor|IPEV]] sont tués<ref>{{article |auteur= |titre=Antarctique. Accident d'hélicoptère de l'institut polaire : des débris et trois corps repérés |périodique=[[Le Télégramme]] |date=29 octobre 2010 |lire en ligne=https://www.letelegramme.fr/france/spanantarctiquespan-accident-dhelicoptere-de-linstitut-polaire-des-debris-et-trois-corps-reperes-1032707.php |consulté le=29 janvier 2024}}.</ref>.

== Patrimoine ==
{{Article général|Liste des sites et monuments historiques de l'Antarctique}}

La terre Adélie compte quatre sites et monuments historiques (SMH) officiellement répertoriés par le secrétariat du traité sur l’Antarctique<ref>{{Lien web |url=https://taaf.fr/collectivites/presentation-des-territoires/la-terre-adelie/ |site=taaf.fr |titre=La Terre Adélie (Antarctique) |consulté le=29 janvier 2024}}.</ref> :
* le [[rocher du Débarquement]], lieu de la prise de possession de la terre Adélie, le {{date-|22|janvier|1840}} (SMH 81) ;
* les vestiges de la base de [[Port-Martin]], lieu des deux premiers hivernages de 1950 et 1951, détruite par un incendie le {{date-|23|janvier|1952}} (SMH 46) ;
* la [[base de Pointe-Géologie]], plus connue sous le nom de « base Marret », dans le sud de l'[[île des Pétrels]], baraque d'hivernage de [[Mario Marret]] et de ses six camarades en 1952 (SMH 47) ;
* la croix Prud'homme, à la pointe nord-ouest de l'île des Pétrels, probable lieu de la disparition accidentelle du météorologue [[André Prud'homme]] le {{date-|7|janvier|1959}} (SMH 48).

== Écosystème ==
L'Antarctique est la seule grande région froide du globe qui soit de nos jours dans un état voisin de son état d’origine, contrairement à l'[[Arctique]]. En signant la [[Convention sur la diversité biologique|Convention de Rio]] en [[1992]], la France s’est engagée à {{Citation|préserver la diversité biologique pour satisfaire les besoins et les aspirations des [[générations futures]]}} en prenant toutes les mesures nécessaires, dans le cadre national. En matière de [[protection de l'environnement]], elle a surtout ratifié le protocole au « traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique » (dit [[protocole de Madrid]]). Signé en 1991 à Madrid, et entré en vigueur en 1998, ce protocole définit notamment des [[Zone spécialement protégée de l'Antarctique|zones spécialement protégées]]. La loi du {{date-|15 avril 2003}} relative à la protection de l’environnement en Antarctique met en œuvre le protocole de Madrid. Elle a été précisée par un décret du {{date-|25 avril 2005}}. Toute activité française en Antarctique et toute activité menée en terre Adélie doivent faire l'objet d'une [[Autorisation environnementale unique|procédure de déclaration ou d'autorisation]], en fonction de leur impact sur l'environnement.

Deux « zones spécialement protégées de l'Antarctique » (ZSPA) sont officiellement reconnues en terre Adélie :
* l'[[archipel de Pointe-Géologie]] (ZSPA-120) ;
* les environs de l'ancienne base de [[Port-Martin]] (ZSPA-166).

=== Faune aviaire ===
Les [[oiseau]]x, dont les [[Sphenisciformes|manchots]] en particulier, y sont abondants. Deux espèces sont particulièrement bien représentées : le [[Manchot empereur]] et le [[Manchot Adélie]]. Ce dernier a été observé pour la première fois en 1840 par les naturalistes de l'expédition Dumont d'Urville [[Jacques Bernard Hombron|Bernard Hombron]] et [[Honoré Jacquinot]], d'où le nom de cet oiseau qui peuple en fait la totalité des rivages antarctiques, de la terre Adélie à la [[mer de Ross]] et la [[mer de Weddell]].

<gallery>
Emperor Penguin Manchot empereur.jpg|[[Manchot empereur]]
Manchot Adelie - Adelie Penguin.jpg |[[Manchot Adélie]]
Manchot 01.jpg|[[Manchot à jugulaire]]
Skua antarctique - South Polar Skua.jpg|[[Labbe antarctique]]
Damier du Cap - Cape Petrel.jpg|[[Damier du Cap]]
Southerngiantpetrel flight.jpg|[[Pétrel géant|Pétrel géant antarctique]]
Pétrel des neiges - Snow Petrel.jpg|[[Pétrel des neiges]]
Fulmar antarctique - Fulmarus glacialoides.jpg|[[Fulmar argenté|Fulmar antarctique]]
</gallery>

=== Mammifères marins ===
{{Article général|Mammifère marin}}
<gallery>
Phoque de Weddell - Weddell Seal.jpg|[[Phoque de Weddell]]
Phoque crabier - Crabeater Seal.jpg|[[Phoque crabier]]
Hydrurga leptonyx.JPG|[[Léopard de mer]]
Tysfjord orca 1.jpg|[[Orque]] épaulard
</gallery>

== Souveraineté française ==

=== Administration ===
Le secteur antarctique de la Terre Adélie fait partie des [[Terres australes et antarctiques françaises]] (TAAF) dont elle est un district<ref name="présentation">{{Lien web |url=https://taaf.fr/collectivites/presentation/ |site=taaf.fr |titre=Présentation |consulté le=28 janvier 2024}}.</ref>. Les TAAF sont placées sous l'autorité de l'administrateur supérieur (« Adsup » en [[taafien]]) qui exerce les fonctions de chef du territoire<ref name=présentation/> et jouit du rang de préfet. Un chef de district est le représentant de l'administrateur supérieur en Terre Adélie<ref>{{Lien web |url=https://taaf.fr/recrutement/chef-de-district/ |site=taaf.fr |titre=Chef de district |consulté le=22 décembre 2024}}.</ref>. Baptisé « Dista » en taafien, il siège à la base Dumont-d'Urville.

{{Boîte déroulante/début|largeur=50%|titre=Chefs d'expédition et de district en Terre Adélie<ref>{{lien web|lang=en|url=http://www.worldstatesmen.org/Fr_Antarctic_lands.html|titre=French Southern and Antarctic Lands|site=www.worldstatesmen.org |date=novembre 2024 |consulté le=22  décembre 2024}}.</ref>}}
{| class="wikitable centre"
| colspan="3" |Navires ''Astrolabe'' et ''Zélée''
|-
|Expédition
|Année
|Chef d'expédition
|-
|TA 01
|1840
|[[Capitaine de vaisseau (France)|CV]] [[Jules Dumont d'Urville]] 
|-
| colspan="3" |
|-
| colspan="3" |Navire ''Commandant Charcot''
|-
|Expédition
|Année
|Chef d'expédition
|-
|TA 02
|1949
|[[Capitaine de frégate (France)|CF]] [[Max Douguet]]
|-
| colspan="3" |
|-
| colspan="3" |Base de [[Port-Martin]]
|-
|Expédition
|Année
|Chef d'expédition
|-
|TA 03
|1950
|[[André-Frank Liotard]]
|-
|TA 04
|1951
|[[Capitaine de corvette (France)|CC]] [[Michel Barré]]
|-
| colspan="3" |
|-
| colspan="3" |[[Base de Pointe-Géologie]] (base Marret)
|-
|Expédition
|Année
|Chef d'expédition
|-
|TA 05
|1952
|[[Mario Marret]]
|-
| colspan="3" |
|-
| colspan="3" |[[Base antarctique Dumont-d'Urville|Base Dumont-d'Urville]]
|-
|Expédition
|Année
|Chef d'expédition
|-
|TA 06
|1956
|[[Robert Guillard]]*
|-
|TA 07
|1957
|[[Lieutenant de vaisseau#Marine nationale française|LV]] [[Bertrand Imbert]]
|-
|TA 08
|1958
|[[Gaston Rouillon]]
|-
|TA 09
|1959
|René Merle*
|-
| colspan="3" |
|-
|Expédition
|Prise  de fonction
|Chef de district
|-
|TA 10
|05-02-1960
|[[Alfred Faure (météorologue)|Alfred Faure]]
|-
|TA 11
|02-02-1961
|Fernand Digeon
|-
|TA 12
|01-02-1962
|René Merle**
|-
|TA 13
|23-01-1963
|Robert Guillard**
|-
|TA 14
|05-01-1964
|Jean Morin
|-
|TA 15
|02-03-1965
|[[Claude Lorius]]
|-
|TA 16
|01-03-1966
|René Merle***
|-
|TA 17
|01-03-1967
|André Hougron
|-
|TA 18
|24-02-1968
|Fernand d'Amato
|-
|TA 19
|05-03-1969
|Jean-François Guyader
|-
|TA 20
|15-01-1970
|Claude Volck*
|-
|TA 21
|01-01-1971
|Bernard Barriquand*
|-
|TA 22
|20-02-1972
|Robert Guillard***
|-
|TA 23
|28-12-1972
|Jean-Pierre Jacquin
|-
|TA 24
|26-12-1973
|Bernard Barriquand**
|-
|TA 25
|15-02-1975
|Claude Volck**
|-
|TA 26
|28-12-1975
|Alain Duret*
|-
|TA 27
|13-01-1977
|Robert Guillard****
|-
|TA 28
|15-01-1978
|Jean-Claude Chacun
|-
|TA 29
|29-12-1978
|Alain Duret**
|-
|TA 30
|13-01-1980
|Bernard Stanguenec
|-
|TA 31
|31-12-1980
|[[Robert Chauchon]] 
|-
|TA 32
|30-12-1981
|Bernard Pontoizeau
|-
|TA 33
|31-12-1982
|Claude Chaufriasse*
|-
|TA 34
|20-12-1983
|Michel Engler
|-
|TA 35
|15-01-1985
|Francis-Alain de Montaigne
|-
|TA 36
|19-12-1985
|Jean-Paul Stefanini
|-
|TA 37
|01-01-1987
|Christian Grevisse
|-
|TA 38
|13-01-1988
|Jacques Durieux
|-
|TA 39
|27-12-1988
|Jean-François Houssin
|-
|TA 40
|28-12-1989
|Claude Chaufriasse**
|-
|TA 41
|03-01-1991
|Bernard Lefebvre
|-
|TA 42
|06-01-1992
|Georges Reverte
|-
|TA 43
|08-01-1993
|Gilles Kerlidou
|-
|TA 44
|15-12-1993
|Jacques Durieux
|-
|TA 45
|03-01-1995
|{{Dr}} Jean-Baptiste Seigneuric
|-
|TA 46
|17-12-1995
|Charles-Gilles Testa
|-
|TA 47
|23-12-1996
|{{Dr}} Gilles Chanet
|-
|TA 48
|15-12-1997
|{{Dr}} Richard Gaud*
|-
|TA 49
|09-01-1999
|Jean-Claude Laval
|-
|TA 50
|01-01-2000
|Michel Galliot
|-
|TA 51
|02-03-2001
|Didier Drouet
|-
|TA 52
|01-03-2002
|{{Dr}} Philippe Marcille
|-
|TA 53
|03-01-2003
|{{Dr}} Richard Gaud**
|-
|TA 54
|01-01-2004
|{{Dr}} Frédéric Champly
|-
|TA 55
|29-12-2004
|{{Dr}} Didier Belleoud
|-
|TA 56
|01-01-2006
|{{Dr}} Ariane Richasse
|-
|TA 57
|04-01-2007
|Franck Gérard
|-
|TA 58
|12-12-2007
|Thierry Delès
|-
|TA 59
|12-12-2008
|[[Laurence de La Ferrière]]
|-
|TA 59
|05-11-2009
|Bernard Beghadid (par intérim)
|-
|TA 60
|11-12-2009
|Marie-France Roy
|-
|TA 61
|17-12-2010
|Marion François
|-
|TA 62
|27-12-2011
|Arnaud Quiniou
|-
|TA 63
|12-12-2012
|Maxime Aimetti
|-
|TA 64
|17-12-2013
|Stéphane Cottereau
|-
|TA 65
|13-12-2014
|François Grosvalet
|-
|TA 66
|06-12-2015
|Olivier Delclos
|-
|TA 67
|23-12-2016
|Serge Fuster*
|-
|TA 68
|13-01-2018
|Hélène Larmet
|-
|TA 69
|12-12-2018
|Alain Quivoron
|-
|TA 70
|06-12-2019
|Régis Glière
|-
|TA 71
|17-11-2020
|Serge Fuster**
|-
|TA 72
|18-11-2021
|Jean-Philippe Guérin
|-
|TA 73
|16-11-2022
|Laurent Le Guiniec
|-
|TA 74
|17-11-2023
|Geoffrey Houpert
|-
|TA 75
|17-11-2024
|Pierre Bascelli
|}
{{Boîte déroulante/fin}}

La Terre Adélie, comme les autres territoires d’outre-mer français, est associée à l'[[Union européenne]] en tant que P.T.O.M. ([[pays et territoire d'outre-mer]])<ref>{{Lien web |url=https://taaf.fr/collectivites/union-europeenne-et-ptom/ |site=taaf.fr |titre=L’Europe et les pays et territoires d’outre-mer |consulté le=28 janvier 2024}}.</ref>.

=== Contexte de la souveraineté ===
En [[Antarctique]], la souveraineté française sur la terre Adélie s'exerce dans le contexte du [[traité sur l'Antarctique]] signé à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] en 1959, qui établit un « gel » des prétentions territoriales et affirme la liberté de la recherche scientifique sur tout le continent. Elle doit donc être compatible avec les exigences du traité qui a été complété en 1991 par le [[protocole de Madrid]] sur la protection de l'environnement et qui fait de ce continent « une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». La France s'intègre dans ce système international en étant à la fois :
* signataire dès l'origine du [[traité sur l'Antarctique]], avec onze autres États ; reconnue par ce traité comme un État « possessionné » en raison de la revendication du secteur antarctique de la terre Adélie (il y a six autres États possessionnés qui sont l'[[Australie]], la [[Nouvelle-Zélande]], le [[Chili]], l'[[Argentine]], le [[Royaume-Uni]] et la [[Norvège]]) ;
* partie consultative : vingt-huit États sont parties consultatives et bénéficient à ce titre d'un droit de vote lors des réunions des parties consultatives. Ce groupe comprend les signataires du traité (dont les États possessionnés) et les États qui ont acquis ce statut en démontrant l'intérêt qu'ils portent à l'Antarctique en y menant des activités substantielles de recherche scientifique telles que l'établissement d'une station ou l'envoi d'une expédition (article 9 du traité sur l'Antarctique).

Les États-Unis et la Russie ne reconnaissent aucune souveraineté d'un autre État en Antarctique.

=== Zones maritimes sous juridiction française ===
La France n'a pas explicitement revendiqué de [[zone économique exclusive]] au titre de la terre Adélie ; toutefois, elle réserve ses droits quant à l'éventuelle revendication d'un [[Plateau continental (droit)|plateau continental]] étendu (qui lui permettrait de prétendre à des droits souverains sur l'exploitation des ressources potentielles du sous-sol, comme les hydrocarbures).

== Notes et références ==
{{Références}}

== Annexes ==

=== Bibliographie chronologique ===
{{légende plume}}
* {{Ouvrage |auteur=Jules Dumont d'Urville |titre=Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'« Astrolabe » et la « Zélée » |sous-titre=Histoire du Voyage |lieu=Paris |éditeur=Gide |année=1842a |tome=1 |pages totales=lxxxii-391 |passage=xxxv-xlvii |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k976783/f39.item }}.
* {{Ouvrage |auteur=Jules Dumont d'Urville |titre=Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'« Astrolabe » et la « Zélée » |sous-titre=Histoire du Voyage |lieu=Paris |éditeur=Gide |année=1842b |tome=2 |pages totales=363 |passage=55 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97679f/f58.item }}.
* {{Ouvrage |auteur=Adrien Vincendon-Dumoulin |titre=Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'« Astrolabe » et la « Zélée » |sous-titre=Histoire du Voyage |lieu=Paris |éditeur=Gide et {{Cie}} |année=1845 |tome=8 |pages totales=295 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97685c |plume=oui |commentaire=Dumont d'Urville ayant trouvé accidentellement la mort en 1842, l'''Histoire du Voyage'' a paru, à partir du {{nobr|tome 4}}, sous la « direction supérieure » de Jacquinot, commandant de la ''Zélée''. Mais c'est Vincendon-Dumoulin qui a fait tout le travail… }}
* {{Article |auteur=[[Marthe Emmanuel]] |titre=La « Saga » antarctique et la Terre Adélie. I. — Historique des expéditions passées |périodique=L'Information Géographique |année=1951 |volume=15 |numéro=3 |passage=100-104 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1951_num_15_3_1072 |consulté le=29 janvier 2024 }}.
* {{Article |auteur=Michel Tabuteau |titre=La « Saga » antarctique et la Terre Adélie. II. — Expéditions françaises actuelles |périodique=L'Information Géographique |année=1951 |volume=15 |numéro=3 |passage=104-109 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1951_num_15_3_1073 |consulté le=29 janvier 2024 }}.
* {{Article |auteur=Michel Tabuteau |titre=Le littoral et le pack dans l'Antarctique français |périodique=L'Information Géographique |année=1952 |volume=16 |numéro=2 |passage=54-64 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1952_num_16_2_1138 |consulté le=15 février 2024 }}.
* {{Ouvrage |langue=en |auteur=Janet Martin-Nielsen |titre=A Few Acres of Ice: Environment, Sovereignty, and ''Grandeur'' in the French Antarctic |année=2023 |pages totales=276 |lieu=[[Ithaca (New York)]] |éditeur=[[Cornell University Press]] |isbn=978-1-5017-7210-8}}.

=== Articles connexes ===
* [[Terres australes et antarctiques françaises]]
* [[Expéditions polaires françaises]]
* [[Institut polaire français Paul-Émile-Victor]]
* [[Antarctique]]
* [[Base antarctique Dumont-d'Urville]]

=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Adélie Land}}
{{Liens}}
* [http://terreadelie-antarctique.blogspot.fr/ Blog officiel de la Terre-Adélie]
* [http://www.taaf.fr/ Site des TAAF]
* [http://www.institut-polaire.fr/ Institut polaire français Paul-Émile Victor]
* [http://www.ats.aq/index_f.htm Secrétariat du traité sur l'Antarctique]
* {{Lien web |url=https://www.infoclimat.fr/observations-meteo/temps-reel/terre-adelie-dumont-d-urville/89642.html |titre=Météo temps réel à Dumont-d'Urville |site=www.infoclimat.fr |consulté le=3 mai 2024 }}
* [http://www.ccamlr.org/pu/f/gen-intro.htm Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique]
* [http://droit.antarctique.free.fr Droit de l'Antarctique]
* [http://terreadelie.sblanc.com/ Ressources sur la Terre-Adélie]

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