Voir la source de Herculanum

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{{Voir homonymes}}
{{En-tête label|AdQ|année=2010}}
{{Infobox Patrimoine mondial
| nom = Zones archéologiques de [[Pompéi]], Herculanum et [[Oplontis|Torre Annunziata]]
| image = Cardo V de Herculano.jpg
| taille image = 250
| légende =
| latitude = 40/48/21/N
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| géolocalisation= Campanie/Italie
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'''Herculanum''' (en [[latin]] ''Herculaneum'', en [[italien]] ''Resina'' puis ''[[Ercolano]]'' depuis 1969) était une ville [[Rome antique|romaine]] [[Antiquité|antique]] située dans la [[Régions d'Italie|région italienne]] de [[Campanie]], détruite par l'[[Éruption du Vésuve en 79|éruption du Vésuve en l'an 79 {{ap JC}}]], conservée pendant des siècles dans une gangue volcanique et remise au jour à partir du {{s-|XVIII|e}} par les [[Maison de Bourbon-Siciles|Bourbon-Deux-Siciles]] qui régnaient sur [[Naples]].

La cité était petite avec une superficie estimée à vingt hectares, dont environ {{nobr|4,5 ha}} ont été dégagés, et une population estimée à quatre mille habitants. La cité n'est qu'en partie connue, la plupart des édifices publics ou [[lieu de culte|cultuels]]<!--SIC ! Pour prévenir les modifications inopportunes, on précise que les édifices CULTUELS sont les lieux de culte, et non des édifices culturels--> étant inconnus à ce jour.

À partir de 1738, les premiers fouilleurs creusèrent des tunnels dans la gangue qui emprisonne la cité, à la recherche d'œuvres d'art et de [[marbre]]. Le [[royaume des Deux-Siciles|roi des Deux-Siciles]] organisa les fouilles de ce premier chantier archéologique du monde occidental, dont les produits contribuèrent à la diffusion du [[néoclassicisme]] dans la seconde moitié du siècle. La décision de faire les fouilles à ciel ouvert fut prise en 1828, celles-ci prenant une ampleur particulière au {{s-|XX}}, qui vit des découvertes importantes dont un grand nombre de squelettes dans les abris à bateaux bordant la plage (permettant de mieux appréhender le destin de la population), et le dégagement de la grande [[villa des Papyrus]].

Ces remarquables vestiges apportèrent une considérable connaissance de terrain sur la [[civilisation romaine]] au {{s-|I}} car ils ont livré un matériel archéologique exceptionnel, en particulier en bois, et également des [[Papyrus d'Herculanum|œuvres littéraires inconnues]] jusqu'alors dans la bibliothèque de la Villa des Papyrus.

La notoriété d'Herculanum est éclipsée par celle de [[Pompéi]], mais le site offre pourtant sur un périmètre concentré des vestiges très évocateurs, grâce à leur élévation et la restauration de nombreuses couvertures. Elle est moins célèbre, moins vaste, et moins visitée que sa voisine. Pourtant, de toutes les cités ensevelies par l'éruption du Vésuve, c'est la mieux préservée.

Herculanum offre un témoignage inestimable sur l'architecture, les objets du quotidien et sa population avec le groupe de cadavres retrouvés sur la plage antique. Ce site à ciel ouvert subit aujourd'hui les assauts de la pluie, du soleil, du vent. Il souffre en outre des remontées d'humidité : le sol de la cité se trouve tout près de la nappe phréatique, à {{nobr|25 mètres}} de profondeur.

Moins d'un quart de la cité antique a été tiré de terre. Les fouilles se sont arrêtées là où commence l'habitat de la commune actuelle d'[[Ercolano]], sur le territoire de laquelle se trouve le site. La majorité des monuments publics et religieux sont toujours recouverts par la ville moderne.

À l'occasion du tricentenaire de la découverte du site, une importante exposition s'est tenue au [[Musée archéologique national de Naples|musée archéologique de Naples]] d'{{date||octobre|2008}} à {{date||avril|2009}}, qui a fait sortir des réserves de magnifiques statues trouvées dans la villa des Papyrus.

== Origine et histoire ==
=== Fondation et développement ===
Comme le révèle son nom, l’origine d’Herculanum est liée à la figure mythique du demi-dieu [[Héraclès|Hercule]]. D’après la légende (rapportée par [[Denys d'Halicarnasse]]), c’est lui qui  fonda la ville lors de son passage en Italie, de retour d'Espagne avec les bœufs de [[Géryon]]<ref>[[Denys d'Halicarnasse]], ''Les Origines de Rome'', livre I, 44, 1990, Les Belles Lettres, {{ISBN|2251339019}}</ref>.

La région fit l'objet d'une active [[colonisation grecque]], avec la prépondérance régionale de [[Cumes]], fondée en [[-740|740 av. J.-C.]]. La poussée [[étrusques|étrusque]] vers le sud, marquée par la fondation de [[Capoue]] en -524, se heurte à la présence grecque. Les Étrusques sont défaits en -474 par la coalition de Cumes et de [[Hiéron de Syracuse]], Herculanum et [[Pompéi]] retrouvent l'influence grecque jusqu'en -420 (d'après [[Diodore de Sicile]]<ref>[[Diodore de Sicile]], ''Histoire universelle'', livre XII, 31 et 76</ref> et [[Tite-Live]])<ref>[[Tite-Live]], ''Histoire romaine'', livre IV, 37</ref>, ou des montagnards [[samnites]], sous le nom de [[Campaniens]], s'emparent de Cumes et des cités de la baie de Naples, dont Herculanum et Pompéi, s'y installent à la place des anciens habitants et y exercent une influence durable<ref>{{Harvsp|Étienne|1989|p=84-94}}</ref>.

Si les premiers aménagements du {{latin|decumanus maximus}} sont datés du {{-s-|II}}{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=41}}, les témoignages archéologiques de l'occupation préromaine sont peu évidents. Ils se discernent essentiellement dans certaines techniques de construction, maçonnerie, décors de sol et de mur visibles dans des habitations comme la maison à la Cloison de bois ou la maison samnite{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=77}}. Sur l'Aire sacrée, le premier temple de Vénus surplombant le rivage est un exemple d'architecture hellenistique similaires aux sanctuaires sur terrasse en Italie centrale{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=78}}.

Après l'annexion romaine de cette région, Herculanum et Pompéi passent dans l'alliance romaine, qui se maintient lors des incursions en Italie de [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus]] et d'[[Hannibal Barca]]. Mais malgré leur fidélité à Rome, les habitants d'Herculanum et de Pompéi se voient refuser le [[citoyenneté romaine|droit de cité romaine]], ce qui les pousse à la révolte en [[-90|90 av. J.-C.]] lors de la [[guerre sociale (Rome)|guerre sociale]]. D'après un fragment de l'écrivain [[Lucius Cornelius Sisenna]], Herculanum est une place samnite dotée d'une petite fortification, un [[oppidum]] sur un plateau volcanique dominant la mer entre deux vallons{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=41 et 48}}. En juin -89, [[Titus Didius]], légat de [[Sylla]], prend d'assaut Herculanum<ref>[[Velleius Paterculus]], ''Histoire romaine'', II, 16</ref> qui reçoit ensuite le peuplement de vétérans{{sfn|Étienne|1989|p=105-106}}. La cité devient un [[municipe]] rattaché à la [[tribu (Rome antique)|tribu]] rustique [[Tribu Menenia|Menenia]]{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=77}}.

Herculanum et [[Pompéi]] connaissent une phase de remarquable développement urbain entre les époques d'[[Auguste]] et de [[Claude (empereur romain)|Claude]], et si à Rome le fonctionnement républicain s'est arrêté, Herculanum continue d'élire chaque année ses magistrats, les [[duumvirs]]. L'[[évergétisme]] de certains de ces magistrats se manifeste par les installations publiques dont ils dotent la ville à leurs frais, ainsi qu'en témoignent les statues honorifiques et les inscriptions trouvées sur le site : [[Marcus Nonius Balbus]] qui fait une belle carrière sénatoriale sous Auguste, fait bâtir une [[basilique civile|basilique]] et effectuer des travaux de réparations sur les remparts de la cité<ref name=CIL101425>{{CIL|10|1425|R=}}.</ref>. En retour, la cité lui érige des statues, dont une statue équestre à l'entrée de la Basilique, un autel de marbre sur sa sépulture et dédia des jeux gymniques à son nom<ref name="AE0144">{{AE|1976|0144}}</ref>{{,}}{{sfn|Barbet|2001|p=136}}. M. Spurius Rufus construit un marché ({{latin|[[macellum]]}}, non découvert), rénové par L. Mammius Maximus<ref name="Mamm">{{CIL|10|1450|R=}}</ref>, qui a vécu sous Tibère<ref>{{AE|1979|173}}</ref>. Annius Mammianus Rufus construit le [[théâtre romain|théâtre]]<ref>{{CIL|10|1443|R=}}, {{CIL|10|1444|R=}} et {{CIL|10|1445|R=}}.</ref> et M. Remmius Rufus équipe la ville d'une balance publique ({{latin|pondera}}), et d'un lieu de réunion ou d'un siège public ({{latin|schola}})<ref>{{CIL|10|1453|R=}}.</ref>. Les riches [[affranchi]]s ne sont pas en reste, et les frères Lucii financent un petit sanctuaire ({{latin|sacellum}}) en l'honneur d'[[Auguste]]{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=49}}. Les deux mille places du théâtre laissent estimer par extrapolation une population d'environ quatre à cinq mille habitants, moitié moindre que celle de Pompéi, chiffre qui doit être considéré avec prudence selon A. Barbet{{sfn|Barbet|2001|p=134}}.

=== Une cité tranquille ===
Selon certains ouvrages<ref>Par exemple, Le ''Pompéi, guide à la ville archéologique'', Marius Edizioni, 2002, {{ISBN|88-88419-10-1}}</ref>, Herculanum se développe comme [[station balnéaire]] très appréciée par les riches [[Rome antique|Romains]] et comme ville résidentielle des grandes familles [[patriciens|patriciennes]], attirées par la splendide position panoramique du promontoire sur lequel elle est bâtie, par son climat et par les produits typiques de la campagne environnante. Cette interprétation doit être nuancée : toute la [[baie de Naples]] était un lieu de villégiature pour l'aristocratie romaine, la {{latin|[[nobilitas]]}}, et les auteurs antiques consacrent [[Baïes]] comme la station balnéaire réputée.

La cité, outre ce visage de lieu de villégiature, possède aussi les caractères d'une cité provinciale de [[Campanie]]{{sfn|Barbet|2001|p=136}}. Le site archéologique n'offre qu'une vue partielle d'Herculanum, un quartier où se côtoient des modestes habitations d'artisans et de pêcheurs, des petites demeures bourgeoises et des riches maisons luxueusement décorées avec vue panoramique sur la mer<ref name="Bleu86">{{Ouvrage|titre=Guide bleu Italie du Sud, Sicile, Sardaigne|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1986|pages totales=768|passage=286-293|isbn=2010119371}}</ref>.

L'ambiance des quartiers dégagés paraît tranquille : assez peu de boutiques, de petits ateliers, pas d'usure de chaussée qui refléterait un trafic intense des rues menant à la mer, pas de trace dans les [[graffiti]] de campagne électorale enfiévrée comme à [[Pompéi]]{{sfn|Maiuri|1932|p=46-47 et 77}}. Herculanum apparait éloigné des grands échanges commerciaux et des luttes politiques, l'exiguïté de la cité n'a pas aboli la mixité sociale, et les belles demeures sont un agréable refuge pour les riches citoyens de la proche [[Naples|métropole napolitaine]]{{sfn|Storti|1978|id=Storti|p=53-54}}.

=== Destruction ===
{{Article détaillé|Éruption du Vésuve en 79}}
[[Fichier:M. Nonio Balbo.jpg|vignette|gauche|alt=Homme à cheval, de profil|Statue équestre de [[Marcus Nonius Balbus]], désormais au [[Musée archéologique national de Naples]], inv. 6211]]

Comme Pompéi, Herculanum fut partiellement détruite lors du [[tremblement de terre]] de {{date|62|apJC=oui}}<ref>[[Tacite]], ''Annales'', Livre XV, 22-23</ref> ou du 5 février 63<ref>[[Sénèque]], ''Questions Naturelles'', Livre VI, 1</ref>. On reconstruisit ou on répara avec des techniques nouvelles comme l’{{latin|[[opus reticulatum]]}}, ou plus rapides, employant la brique ({{latin|[[opus latericium]]}}){{sfn|Étienne|1989|p=19}}, c'est pourquoi on retrouvera tant de colonnes en briques revêtues de stuc. L'[[empereur romain|empereur]], accaparé par la reconstruction après le [[grand incendie de Rome]], puis par les guerres civiles, n'intervient qu'en 76 : [[Vespasien]] contribue à la restauration du temple de la [[Cybèle|Grande Mère]]<ref>Selon l'inscription du {{CIL|10|1406|R=}}</ref>.

[[Fichier:082 refection Magna Mater.jpg|vignette|alt=Majuscules gravées sur plaque de marbre|upright=1.5|Inscription trouvée dans la Grande palestre, honorant la restauration du temple de la Grande Mère par Vespasien]]
[[Fichier:Vesuvius 79 AD eruption-la.svg|vignette|alt=Carte de la côte, zone touchée en gris foncé|upright=1.5|L’éruption de 79.]]

Mais en [[79]] Herculanum est totalement détruite comme [[Pompéi]], [[Stabies]] et [[Oplontis]] par l’[[destruction de Pompéi|éruption du Vésuve]]{{sfn|Storti|1978|id=Storti|p=55}}. Herculanum fut ensevelie sous une couche de matériaux volcaniques de plus de quinze mètres d'épaisseur. Pendant longtemps, l'insuffisance des connaissances en [[volcanologie]] fit qu'on se ramena à des interprétations classiques, une [[coulée de lave]] aurait englouti Herculanum<ref>par exemple de ces interprétations anciennes, le dictionnaire Mourre, édition 1978, Bordas, {{ISBN|2040065148}}</ref>.

Selon l'[[Géologie et histoire éruptive du Vésuve|hypothèse qui fait désormais consensus]], l'éruption s'est déroulée en deux phases<ref>{{article|langue=en |auteur1= Haraldur Sigurdsson |auteur2= Stanford Cashdollar |auteur3= Stephen R. J. Sparks |titre=The eruption The Eruption of Vesuvius in A. D. 79: Reconstruction from Historical and Volcanological Evidence |périodique= American Journal of Archaeology |numéro=86 |mois= janvier |année=1982 |passage=39-51}}</ref> : une [[éruption plinienne]] qui a généré une pluie de [[ponce]]s poussée par des vents soufflant vers le sud-est, ce qui a préservé la cité ; puis une [[éruption péléenne]] marquée par l'effondrement de l'édifice volcanique et associée à une série de six [[Déferlante pyroclastique|déferlantes pyroclastiques]]. Une avalanche de roches et de cendres mêlées à un gaz à très haute température (300 à 500&nbsp;°C) a dévalé la pente, carbonisé les arbres, les poutres, le mobilier, et enseveli Herculanum sous une couche d'une vingtaine de mètres. L'[[stratigraphie|étude stratigraphique]] des dépôts volcaniques lors des fouilles des années 1980 sur l'ancien rivage d'Herculanum confirme ces deux étapes : les strates inférieures sont composées de matériaux légers, cendres et éclats de roches avec des inclusions de petits débris, tels que des morceaux de [[tegula|tuiles]] et des fragments de [[Enduit (bâtiment)|crépi de mur]]. Les couches supérieures témoignent d'une force de charriage beaucoup plus puissante, entraînant des tronçons de colonnes et des blocs de maçonnerie issus de murs fracassés. Par ailleurs, lors de l'[[éruption du mont Saint Helens en 1980]], on a pu observer que l'écoulement des nuées ardentes se dissociait en deux flux de vitesses différentes, le ''{{langue|en|[[Surge volcanique|surge]]}}'' (terme anglais pour « vague »), [[coulée pyroclastique]] fluide et rapide et un flot puissant (en anglais ''{{langue|en|flow}}''). Selon l'observation stratigraphique du rivage d'Herculanum, on reconstitue le scénario suivant : en quelques minutes, une vague pyroclastique atteint Herculanum par le côté est. Son écoulement sur le sol abaisse sa température, qui reste suffisante pour calciner les matériaux organiques, mais plus pour les vaporiser. Charriant des débris légers et très fluides, elle noie Herculanum sous plusieurs mètres, enrobe mobilier et victimes, mais ne les volatilise pas. Le flot pyroclastique principal suit peu après, massif et dévastateur, il achève l'enfouissement de la ville<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Wilhelmina Mary Feemster Jashemski|auteur2=Frederick Gustav Meyer|titre=The natural history of Pompeii|lieu=Cambridge/New York|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2002|pages totales=528|isbn=0521800544}}</ref>, sous 15 à {{unité|30|mètres}} de cendres{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=18}}. L'étude de la carbonisation des bois permet d'estimer à environ {{nobr|400 degrés}} la température de la vague pyroclastique{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=14 et 163}}.

La dure croûte de [[tuf volcanique]] qui recouvrit l’antique Herculanum permit de construire la nouvelle ville de [[Ercolano|Résina]] au-dessus de l'ancienne cité<ref name="Bleu86"/>.

== Redécouverte ==
=== Premières explorations ===
Herculanum fait l'objet des toutes premières fouilles avant celles de [[Pompéi]]. En 1709, [[Emmanuel Maurice d'Elbeuf|Emmanuel-Maurice de Lorraine, duc d'Elbeuf]] fait forer un puits dans sa villa à Resina et tombe par hasard sur un mur et des vestiges antiques, qu'il identifie à tort comme un temple d'Hercule, en réalité le [[théâtre romain|théâtre antique]]. Il profite de cette découverte en pillant, arrachant les marbres, remontant des colonnes et trois statues antiques, qu'il offre au [[Victor-Amédée II de Savoie|prince de Savoie]]. Cette dispersion provoque les protestations de la papauté, qui mettent un terme aux extractions{{sfn|Étienne|1989|p=47-60}}.

Des fouilles mieux organisées reprennent de 1738 à 1745 sous l'impulsion de [[Charles III d'Espagne|Charles de Bourbon]], nouveau [[royaume des Deux-Siciles|roi des Deux-Siciles]]. Il en confie l'exclusivité à l'ingénieur arpenteur espagnol [[Roque Joaquín de Alcubierre]], lui met à disposition une équipe de forçats, et soumet toute visite, dessin ou prise de notes à l'autorisation royale. Le théâtre est identifié par une inscription, on découvre des gradins, le secteur de la [[basilique civile|basilique]] est sondé, on exhume les restes d'un [[quadrige]] de bronze (dont un cheval est exposé au [[Musée archéologique national de Naples]]), la statue équestre de [[Marcus Nonius Balbus]], une peinture représentant [[Thésée]] et le [[Minotaure]]. À l'époque, les méthodes archéologiques n'existent pas, les chercheurs travaillent comme des [[Galerie (mine)|mineurs]] : en remplacement du puits d'accès, ils aménagent une galerie d'accès oblique, ils creusent péniblement des tunnels dans un [[tuf volcanique]] très dur, avancent au hasard, percent les murs sans précaution pour continuer d'avancer, extraient laborieusement les plus belles œuvres, procèdent à des relevés rapides et parfois rebouchent un tunnel avec les déblais du suivant{{sfn|Grell|1990|p=84-86}}. En 1746 [[Ottavio Antonio Bayardi]] est chargé d'établir le catalogue des découvertes en vue de la publication officielle.

[[Fichier:Herculanum-plan-LaVega.jpg|vignette|alt=plan, zone antique série de rectangles rouges|En rouge, plan d'Herculanum établi par La Vega ({{s-|XVIII|e}})]]

Mais les premières découvertes en 1748 sur le site de Civita (identifié comme Pompéi en 1763), aussi riche en vestiges et beaucoup plus facile à dégager, concurrencent les travaux sur Herculanum, aux conditions de fouilles extrêmement difficiles. Herculanum n'est plus explorée qu'irrégulièrement, malgré la fondation de l'[[Académie d'Herculanum]] par [[Charles III (roi d'Espagne)|Charles III]] en 1755. Néanmoins, quelques découvertes remarquables ont lieu comme la maison des Papyrus fouillée de 1750 à 1761, ou la [[basilique civile|Basilique]]{{sfn|Étienne|1989|p=47-60}}. Des dizaines de statues de bronze et de marbre, et surtout, {{formatnum:1784}} rouleaux de papyrus renfermant des textes grecs sont alors exhumés. La synthèse des explorations souterraines permet à l'ingénieur espagnol [[Francesco La Vega]] de dresser un relevé sommaire et partiel d'Herculanum, qui situe quelques temples et huit îlots construits ({{latin|[[insula]]e}}) dans un quadrillage de cinq rues recoupées par deux autres<ref>{{Harvsp |Maiuri|1932|p=27-28}}</ref>.

En 1748, l'humaniste toscan [[Marcello Venuti]] publie la ''{{langue|it|Descrizione delle prime scoperte della antica città d'Ercolano}}'' (''Description des premières découvertes de l'antique cité d'Herculanum''), que le Français [[Charles de Brosses]] présente en 1749 à l'[[Académie des inscriptions et belles-lettres]] de Paris. ''{{langue|it|Le Antichità di Ercolano}}'' (''Les Antiquités d’Herculanum'') de [[Francesco Valletta]], publiées en 1757 sous le patronage de Charles III, exposent enfin aux amateurs impatients des copies des peintures, sous forme de gravures, que l'ambassadeur de France à Naples communique au directeur de l'[[Académie de France à Rome]], puis à Paris. Les pensionnaires sont autorisés à aller à Naples pour s'imprégner d'art antique et en rapporter l'inspiration pour leurs futures réalisations. D'autres amateurs passionnés comme l'Allemand [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] visitent aussi les fouilles et les collections du musée des Bourbons. Winckelmann par ses publications et son enthousiasme impulse le mouvement [[Néoclassicisme|néoclassique]]. En France même, les premières et rares informations sur les découvertes ne suscitent guère d'écho. L'Académie des inscriptions se concentre sur les monnaies antiques, les gens de lettres ne prennent en considération que les textes anciens, et comme [[Pline le Jeune]] n'a pas fait mention d'Herculanum dans son récit de l'éruption du Vésuve, l'indifférence persiste plusieurs années en dépit de l'intérêt manifesté par de Brosse ou par le [[Anne-Claude de Tubières, comte de Caylus|comte de Caylus]]<ref>Chantal Grell, Christian Michel, ''Erudits, hommes de lettres et artistes en France au {{s-|XVIII}} face aux découvertes d'Herculanum'', dans ''Ercolano 1738-1988: 250 anni di ricerca archeologica'', {{p.}}133 et suiv.</ref>. Malgré ce dédain pour les « antiquaires », l'[[Encyclopédie]] produit en 1758 un article enthousiaste de quatre pages sur Herculanum<ref>[[Louis de Jaucourt]], ''Herculanum'', L'Encyclopédie, tome VIII, pp [[:s:Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/152|150]] - [[:s:Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/156|154]]</ref>. L'inspiration néoclassique se diffuse en Europe, et de façon plus limitée en France dans la mode à l'antique et l'art de la décoration. À la fin du {{s-|XVIII}}, les motifs propres à Herculanum font leur apparition sur l'ameublement, les tapisseries, les tables et les tasses à thé{{sfn|Étienne|1989|p=47-60}}.

De 1828 à 1835 et de 1869 à 1875, les fouilles, conduites finalement à ciel ouvert et jusqu'au sol antique, donnent des résultats modestes. Elles mettent au jour un tronçon de rue, correspondant au {{latin|[[Cardo maximus|Cardo III]]}}, et des portions de maisons dans le secteur des {{latin|Insulae II et VII}} d'un côté du Cardo, et de l'autre le bord de l'{{latin|insula III}} et la [[palestre]] des grands thermes, mais la présence des immeubles de Resina restreint le périmètre dégagé. Plus grave, l'abandon du site sans protection pendant un demi-siècle provoque des destructions irrémédiables, comme l'effondrement de galeries, l'effacement de la fresque d'Argus ou la destruction des charpentes carbonisées qui se contractent et se fragmentent au contact de l'air, entraînant l'effondrement d'étages sur les pièces dégagées{{sfn|Maiuri|1932|p=51-52}}.

=== Nouvelles fouilles (1927-1958) ===
Les fouilles d'Herculanum reprennent à partir de 1927, sous la direction d'[[Amedeo Maiuri]] et avec un esprit nouveau : à la quête exclusive des œuvres d'art du siècle précédent succède la volonté d'appréhender la vie antique dans chaque maison en la fouillant dans ses moindres recoins, qu'elle soit humble ou luxueuse{{sfn|Maiuri|1932|p=52-53}}. Les méthodes mises au point sur Pompéi sont appliquées : dégagement complet à ciel ouvert jusqu'au niveau romain, comptes-rendus de fouilles précis<ref>Base des chroniques des fouilles d'Herculanum (Amedeo Maiuri, ''{{langue|it|Cronache degli scavi di Ercolano}} 1927-1961'')</ref>, préservation sur place des peintures et des décorations, restauration de couvertures de protection. Maiuri étend la zone fouillée vers le sud-est en détruisant de vieux immeubles. Dès 1932, le dégagement de l'insula III est achevé, ainsi que celui de l'insula IV. Suivent les insulae V et VI, une partie de la [[Palestre]] occidentale et du {{latin|[[decumanus]]}}. Grâce à une méthode de conservation efficace des bois carbonisés, un mobilier antique varié est pour la première fois récupéré : une grande cloison en bois, des lits, des [[commode (meuble)|commodes]], un [[guéridon]] à trois pieds, un [[berceau]] à bascule{{sfn|Stephan T.A.M. Mols|1999|id=Mols}}.

Finalement, au sud-ouest on dégage au pied des remparts des édifices suburbains, dont des [[thermes romains|thermes]], en tout une surface de quatre [[hectare]]s et demi, pour une agglomération estimée à une vingtaine d'hectares{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=7}}.

=== Dégagement de l'ancien bord de mer (à partir de 1980) ===
[[Fichier:Herculaneum Bootshaeuser.jpg|vignette|gauche|upright=1.2|alt=série d'ouvertures en grandes arcades|Les abris entreposant les bateaux où de nombreux squelettes furent découverts]]
[[Fichier:Scheletri-ercolano-dettaglio.jpg|vignette|alt=Crânes et troncs humains grisâtres|Squelettes de victimes]]

Les recherches antérieures n'avaient mis au jour qu'une dizaine de restes humains, appuyant l'hypothèse selon laquelle la majeure partie de la population s'était mise en sécurité en quittant la cité.
Les fouilles réalisées depuis 1980 jusqu'en 1992 par Giuseppe Maggi sur l'ancien littoral proche des remparts ont prouvé que la population d'Herculanum n'avait pas fui, mais s'était en partie regroupée dans des locaux proches de la plage, pensant probablement être ainsi protégée contre un tremblement de terre similaire à celui de l'année 62{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=13}}.

En dégageant l'ancienne plage, on découvrit une dizaine d'individus, le [[squelette]] d'un cheval et à proximité des thermes suburbains les restes d'une barque de neuf mètres chavirée. Selon une première interprétation, on supposa que des réfugiés avaient été précipités à bas du rempart par la vague de matériaux volcaniques qui submergea la cité. En dégageant ensuite l'intérieur de la douzaine de voûtes (''{{langue|it|Fornici}}'' en italien) qui servaient d'abris à bateaux, on découvrit {{nobr|270 [[squelette humain|squelettes humains]]}}, un nombre qui en fait une découverte exceptionnelle sur un site antique{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=13 et 18-19}}.

À partir de 1982 le support scientifique de la [[National Geographic Society]] fut décisif, particulièrement pour l'étude des squelettes, confiée à la [[paléopathologue]] Sara Bisel de la [[Smithsonian Institution]]. Le dégagement complet et l'examen de la position des ossements démontrèrent que les victimes n'avaient pas été précipitées en vrac par la vague volcanique, mais avaient trouvé la mort en position allongée, réfugiées à l'abri au fond des salles voûtées ouvertes sur le rivage. De nombreux squelettes étaient dans leur posture d'origine, les os encore connectés les uns aux autres, sans marque de fractures ou de traumatismes. Certains portaient des bijoux en or, bagues ornées de pierres dures, bracelets, boucles d'oreilles et colliers, et l'un d'eux avait une trousse d'instruments chirurgicaux dans son étui<ref>''Pompéi, guide à la ville archéologique'', Marius Edizioni, 2002, ouvrage précité</ref>. Des moulages en résine des squelettes ont été installés en 2011 sous les arcades 7 à 12, où ils offrent aux visiteurs une image impressionnante de la catastrophe{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=26}}.

=== Dernières excavations (1996-1998) ===
[[fichier:Herculanum Scavi Novi 1996-1998 plans.png|vignette|alt=Plan, en gris et jaune, parties mises à ciel ouvert|Secteur mis à ciel ouvert par les excavations de 1996-1998.]]
Après des siècles d'abandon du site de la [[Villa des Papyri|villa des Papyrus]], des fouilles sont menées dans les années 1996-1998, enfin à ciel ouvert (''{{langue|it|Novi Scavi}}''). Le dégagement du littoral antique est prolongé, dégageant le front de mer de l'Insula I. Le plan de la villa des Papyrus établi au milieu du {{s-|XVIII}} par Charles Weber permet d'orienter les recherches sur le corps principal de cette villa. Elles dégagent l'atrium et les pièces qui l'entourent, entre le portique de façade et le bord du grand péristyle. Cependant, les restrictions de crédits et la nécessité de privilégier les actions de conservation sur l'ensemble du site d'Herculanum interrompent de 2000 à 2007 les travaux de fouilles{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=92}}.

Des explorations plus modestes se poursuivent néanmoins dans la villa des Papyrus, avec une découverte exceptionnelle, les fragments d'un siège d'apparat en bois, deux pieds et une partie du dossier, uniquement connu jusqu'ici par des représentations sur des fresques. Ces meubles sont recouverts d'un placage d'ivoire sculpté, figurant des motifs religieux, dionysiaques pour la plupart{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=163-164}}.

== Exploitation du site archéologique ==
=== Gestion du site ===
La Surintendance archéologique de Pompéi (''{{langue|it|Soprintendenza archeologica di Pompei}}'') est un organisme public rattaché au [[Ministère de la Culture (Italie)|ministère italien de la Culture]] qui est responsable de la protection et la valorisation des quatre sites antiques de [[Pompéi]], Herculanum, [[Stabies]] et [[Oplontis]] et du musée de [[Boscoreale]]. Elle employait en 1997 un millier de personnes dont une douzaine d'archéologues<ref name="ICOMOS">{{mul|en|fr}} {{pdf}} [http://whc.unesco.org/archive/advisory_body_evaluation/829.pdf Rapport d'évaluation de l'ICOMOS pour UNESCO], septembre 1997</ref>. Elle jouit depuis 1998 de l'autonomie financière, administrative, organisationnelle et scientifique<ref>{{Lien web |langue=en,it | url = http://www.pompeiisites.org/Sezione.jsp?idSezione=1703| titre = The Surintendance |consulté le = 31 mai 2012}}</ref>.

Outre les tâches administratives, les actions de préservation des sites représentent une part importante de son activité, face aux menaces que représentent l'érosion et la prolifération naturelle (le désherbage des lieux n'est pas un moindre problème), ainsi que la pollution, voire le [[vandalisme]], induit par une fréquentation touristique massive. Plus spécifiquement, le site d'Herculanum, cuvette de 20 à {{nobr|25 mètres}} de fond, subit des contraintes de [[drainage (environnemental)|drainage]] compliquées par un niveau élevé de la [[nappe phréatique]]. Depuis 2001, la Surintendance a établi avec le [[Packard Humanities Institute]] et la [[British School at Rome]] un projet commun de préservation du site, l'''{{langue|en|Herculaneum Conservation Project}}''{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=10}}, qui a réalisé des opérations de drainage et de restauration et rendu accessibles aux touristes deux tiers de la zone archéologique, contre seulement un tiers il y a dix ans<ref>{{article |titre=Herculanum |périodique=[[GEO (magazine)|GEO]] |numéro=398 |mois=avril |année= 2012 |passage=92, 93 et 94}}.</ref>.

Depuis le 9 avril 2016, la gestion du site d'Herculanum est séparée de celle de Pompéi, à la suite de l'institution du ''{{langue|it|Parco archeologico di Ercolano}}'', autonome<ref>{{Lien web |langue= it|titre= Il parco / Organizzazione |url= https://ercolano.beniculturali.it/organizzazione/|date= |site= Parco archeologico di ercolano|consulté le=6 juillet 2022}}</ref>.

=== Classement au patrimoine mondial ===
Les sites d'Herculanum et de Pompéi ont été évalués en 1997 par le [[Conseil international des monuments et des sites]] (ICOMOS) qui a recommandé leur classement au [[patrimoine mondial de l'UNESCO]]. Le périmètre classé inclut le théâtre et la villa des Papyrus, mais ne retient pas les zones encore recouvertes par l'habitat moderne. Dans ses conclusions, l'ICOMOS souligne que ces ruines {{citation|n'ont leurs pareilles nulle part au monde en termes d'intégralité et d'étendue. Elles offrent une illustration vivante et complète de la [[vie romaine]] de leur époque. Aucun [[site archéologique]] ne peut être comparé, fût-ce de loin, à ces deux cités antiques}}<ref name="ICOMOS" />.

=== Ouverture au public ===
[[Fichier:Herculanum pano 2.jpg|vignette|upright=1.4|alt=panorama sur hauts de murs en ruine, au fond bâtiments modernes et arbres|Panorama d'Herculanum et vue sur le Vésuve]]
La fréquentation touristique à Herculanum est concurrencée par la notoriété de Pompéi : en 1997, Pompéi recevait annuellement environ deux millions de visiteurs, tandis qu'Herculanum en accueillait dix fois moins<ref name="ICOMOS"/>.

La zone archéologique ouverte au public, les ''{{langue|it|Scavi Ercolano}}'' en italien, comprend les quartiers d'habitations. Les vestiges du [[théâtre romain|théâtre]], séparé par l'habitat moderne, peuvent être visités par une entrée distincte plus loin sur le {{langue|it|corso Ercolano}}<ref name="Bleu86"/>. Enfin la [[Villa des Papyri|villa des Papyrus]], somptueuse [[villa suburbaine]] au-delà du rempart antique, reste fermée au public. Néanmoins les nombreuses statues trouvées dans cette villa ont été présentées lors de l'exposition sur le tricentenaire des découvertes à Herculanum, tenue en 2008-2009 au [[Musée archéologique national de Naples]]. La statue de l'[[Amazones|Amazone]] fut la figure emblématique de l'exposition<ref name="Walker">Julie Walker, ''Herculanum, une bibliothèque sous les cendres'', film documentaire de 55 min, États-Unis, 2003</ref>.

En complément du site, la commune d'Herculanum et la province de Naples ont financé un musée à Herculanum, qui présente avec les technologies audiovisuelles d'animation interactive un parcours en [[réalité virtuelle]] dans les rues et les maisons de la cité antique, en présence de Romains simulés. Ce musée, le MAV (''{{langue|it|Museo Archeologico Virtuale Ercolano}}'') a été inauguré le 9 juillet 2008<ref>{{Lien web |langue= it, en |titre= Museo Archeologico Virtuale Ercolano |url= https://www.museomav.it/ |site= MAV 5.0 |consulté le=24 novembre 2023}}.</ref>.

== Aperçu d'ensemble ==
[[Fichier:Herculanum plan fouilles.jpg|vignette|upright=1.5|alt=plan d'ensemble, ilots rectangulaires d'habitation en jaune, voirie en gris|Herculanum, plan schématique de la partie antique fouillée jusqu'en 1980 et visible.]]
Herculanum n'apparaît aujourd'hui que pour une partie, celle voisine de la mer, tandis que restent encore ensevelis sous l'habitat moderne une partie du forum, les temples, de nombreuses maisons et les nécropoles<ref name="GEO p.94">[[GEO (magazine)|GEO]] {{Numéro avec majuscule|398}} d'avril 2012 {{p.|94}}</ref>. Cette connaissance partielle est pour beaucoup sur la relative méconnaissance de la ville par rapport à sa voisine Pompéi{{sfn|Barbet|2001|p=134}}.

Les huit [[insula|îlots d'habitation rectangulaires]] ({{latin|insulae}}) repérés au {{s-|XVIII}} ont été numérotés en partant de I, au coin nord-ouest et en continuant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. La partie orientale, interprétée lors de premières fouilles comme une grande [[villa suburbaine|villa]] et dégagée ultérieurement, suit une désignation particulière, {{latin|insula orientalis}} I et II. La partie visitée est constituée des quatre {{latin|insulae}} III, IV, V et VI, d'environ {{Unité|40|m}} sur {{Unité|90|m}}, complètement dégagées et délimitées par des rues à peu près perpendiculaires, selon la norme du [[plan hippodamien]] grec. Chaque {{latin|insula}} est divisée en parcelles rectangulaires, occupées chacune par une maison. Malgré l'absence de respect de l'orientation de la voirie selon les axes cardinaux, rituelle chez les Romains, ces axes ont été nommés par les archéologues selon la dénomination romaine : {{latin|[[decumanus|decumanus maximus]]}}, {{latin|decumanus inferior}}, recoupés par les {{latin|[[cardo maximus|cardines]]}} numérotés de I à V, dont seuls sont dégagés les III, IV et V{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=41}}.

L'ensemble est limité au sud-est par une [[palestre]] partiellement dégagée et au sud-ouest par les remparts qui avaient perdu toute fonction défensive à l'époque de l'éruption, et diverses installations au pied de ces murs. Ce quartier est visible en vue panoramique lorsqu'on commence la visite du site. Le trajet d'entrée des visiteurs longe le site du côté de la palestre puis des remparts par un cheminement au niveau moderne, ce qui offre une spectaculaire vue surplombante sur les vestiges. De nombreux intérieurs de maison sont toutefois fermés à la visite{{sfn|texte = Plan d'ensemble de 2017|id=Pianta}}.

Les vestiges offrent une vision évocatrice de l'[[Habitation de la Rome antique|habitat romain]], avec sa voirie soignée, ses « fontaines à bouche »<ref group=alpha>Appelées aussi « fontaines à [[gargouille]] » ou ''laci'' (pluriel de ''lacus'' en latin), il s'agit de simples bassins quadrangulaires alimentés par une [[bouche (homonymie)|]] insérée dans une borne-pilier qui dissimule le tuyau en plomb l'alimentant. Cf {{Chapitre |auteur1=Sandrine Agusta-Boularot |titre chapitre=Le lacus de la rue romaine : un exemple de "mobilier urbain" antique ? |auteurs ouvrage= Pascale Ballet, Nadine Dieudonné-Glad, Catherine Saliou |titre ouvrage=La rue dans l'antiquité |éditeur= Presses universitaires de Rennes|année= 2008|passage= 93-95}}</ref>, ses maisons à étage aux façades ouvertes de portes monumentales et de fenêtres rares et hautes, inaccessibles au regard extérieur. L'intérieur des maisons capte parcimonieusement la lumière du jour tout en évitant l'ensoleillement direct grâce aux [[puits de lumière]] constitués par l'atrium et les petites cours intérieures, qui sont parfois luxueusement décorées de [[Fontaine (bassin)|fontaines]] monumentales ([[nymphée]]s).

Les formes d'habitat sont plus variées qu'à [[Pompéi]]. La maison dite patricienne ({{latin|[[domus]]}}) s'organise selon un axe central, formé par un vestibule d'entrée qui mène à l'{{latin|[[atrium (architecture)|atrium]]}} et au {{latin|[[tablinum]]}}, pièces où le maître de maison recevait ses [[client (Rome)|clients]]. Plusieurs de ces maisons ont évolué et transformé leur étage en pièces de location accessibles par un escalier indépendant. D'autres plans moins classiques apparaissent : maisons modestes où une cour remplace l'atrium, immeuble collectif de [[#L'insula orientalis II – La Grande Palestre|l'{{latin|insula orientalis}}]], vastes [[#Les insulae du front de mer|villas du front de mer]] avec leur jardin intérieur et leur [[belvédère (architecture)|belvédère]] aménagé pour jouir de la vue sur la baie{{sfn|Barbet|2001|p=134}}. Des formes d'architecture nouvelles apparaissent avec les premiers [[cryptoportique]]s dans [[#La maison de l'Atrium en mosaïque|la maison de l'Atrium en mosaïque]] et [[#La maison des Cerfs|la maison des Cerfs]]<ref name=Tran>Tram Tan Tinh, ''Quelques réflexions sur la Casa dei Cervi à Herculanum'', dans ''Ercolano 1738-1988: 250 anni di ricerca archeologica'', {{p.|253}} et suivantes</ref>. Les intérieurs des demeures ont livré un matériel archéologique exceptionnel, en particulier en bois{{sfn|Barbet|2001|p=134-135}}.

La description ci-après suit le plan d'ensemble de droite à gauche, et haut en bas, en partant de l'emplacement supposé du forum et de l'[[#L'insula VIl, la maison dite de Galba|insula VII]].

== Centre-ville ==
Conformément à l'organisation des cités antiques, le centre d'Herculanum est le lieu où se trouvent les bâtiments publics et les espaces de réunion : le [[forum romain|forum]] et son annexe couverte, la [[Basilique civile|basilique]], le [[théâtre romain|théâtre]]. En revanche, le [[temple romain|temple]] qui mettait la cité sous la protection d'un dieu majeur fait défaut en l'état des fouilles. Le seul édifice cultuel découvert est une sorte de chapelle intégrée dans l'insula VI, le ''Sacellum des Augustales'', fort différent du classique temple à colonnes isolé sur son aire sacrée.

=== Decumanus et forum ===
[[Fichier:I08 306 Decumanus maximus, Herkulesbrunnen.jpg|vignette|alt=large voie bordée de trottoirs et de bâtiments à un étage|Le {{latin|Decumanus maximus}} avec à gauche la maison du Bicentenaire, à l'avant-plan la fontaine au masque d'Hercule. L'eau coulait en permanence, des entailles (appelées surverses) pratiquées dans la partie supérieure des dalles permettent d'évacuer le [[trop-plein]] et nettoyer les chaussées<ref>{{Chapitre |auteur1=Sandrine Agusta-Boularot |titre chapitre=Le lacus de la rue romaine : un exemple de "mobilier urbain" antique ? |auteurs ouvrage= Pascale Ballet, Nadine Dieudonné-Glad, Catherine Saliou |titre ouvrage=La rue dans l'antiquité |éditeur= Presses universitaires de Rennes|année= 2008|passage= 95}}</ref>. Au fond, l'arc tétrapyle.]]
[[Fichier:Taverne à Herculanum avec liste et prix des vins.jpg|vignette|alt=pan de façade décorée de peintures, entre deux entrées|Après l'angle avec le cardo IV, un montant de la façade de la ''bottega ad cucumas''<ref group=alpha>Littéralement la « boutique aux pichets » pratiquant des activités de débit de vin ([[caupona]]).</ref> sur lequel est peinte une [[Enseigne (signal)|enseigne]]<ref group=alpha>Cette enseigne représente quatre pichets avec leurs prix en [[As (monnaie)|as]] au-dessous (respectivement 4, 3, 4.5 et 2 selon les qualités de vins vendus au détail).</ref>, en-dessous [[Nola (Italie)|NOLA]]<ref group=alpha>Publicité pour un spectacle dans cette cité.</ref> et, au-dessus la divinité [[Semo Sancus]], divinité qui personnifie la bonne foi.]]

Le {{latin|[[decumanus|Decumanus maximus]]}} est la principale voie transversale et commerçante d'Herculanum, dont le [[Cardo maximus|cardo]] V, avec ses nombreuses boutiques et ateliers, est l'extension logique{{sfn|Maiuri|1958|p=40}}. Située dans la partie la plus élevée de ce qui a été dégagé de la cité, elle dessert le cœur d'Herculanum et mène au [[théâtre romain|théâtre]]. Contrairement à l'[[image d'Épinal]] des [[Voie romaine|voies romaines pavées ou dallées]], la [[chaussée]] en usage en 79 est rudimentaire, faite de terre battue, d'éclats de tuf et de mortier, par-dessus une couche de graviers liés au mortier. Elle est bordée de hauts trottoirs et de rigoles d'écoulement garnies de tuiles. Des sondages plus profonds ont atteint la chaussée la plus ancienne, reposant sur le sol originel vierge et montrant des ornières creusées par les roues des véhicules. Elle est datée du {{-s-|II}} d'après le matériel archéologique associé{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=41}}.

Le [[forum romain|forum]], centre traditionnel de toute ville romaine, ne suit pas à Herculanum le schéma classique d'une place rectangulaire où trône un [[temple romain|temple]] sur [[podium (architecture)|podium]], comme à Pompéi. À la place, le {{latin|decumanus}} s'élargit pour atteindre 12-14 mètres, et il est délimité comme l'espace piétonnier propre à un forum par des bornes en pierre et par des marches au raccordement avec les {{latin|[[Cardo maximus|Cardines]]}}, qui interdisent l'accès des véhicules{{sfn|Maiuri|1955|p=50}}. Ce caractère similaire à la situation qu'on trouve aux abords du forum de Pompéi a permis à Maiuri de supposer la présence du forum dans cette zone{{sfn|Maiuri|1955|p=51}}.

La partie du forum consacrée aux activités civiques était séparée de la zone marchande par un grand arc [[tétrapyle]] recouvert à l'origine de marbre et de stuc, et décoré de statues. Cette partie civique était bordée par des bâtiments généralement identifiés comme la curie, le {{latin|Sacellum}} des Augustales, et à l'extrémité qui n'est pas dégagée, la [[Basilique civile|basilique]] et le [[théâtre romain|théâtre]]{{sfn|Pappalardo|2001|p=935}}.

La partie occidentale du forum, réservée au secteur commercial, se présente avec une architecture disparate : d'un côté, les entrées de maisons et les boutiques des {{latin|insulae}} VI et V s'alignent sans régularité le long d'un trottoir, parfois abritées d'un auvent, de l'autre un [[portique (architecture)|portique]] à colonnes donne son unité à la série de boutiques qu'il abrite. Ces boutiques sont surmontées de deux étages avec des logements en location<ref>{{Harvsp|Storti|1978|id=Storti|p=70}}</ref>.

=== Théâtre ===
[[Fichier:Theatre herculanum G.B. Piranese.jpg|vignette|gauche|alt=plan, gradins hémisphérique, orchestre en noir, scène en gris foncé.|Plan du théâtre dressé par [[Giovanni Battista Piranesi]] au {{s|XVIII}}]]
Le [[théâtre romain d'Herculanum]] est le premier vestige d'Herculanum découvert par hasard en [[1709]] par le [[Emmanuel Maurice d'Elbeuf|comte d'Elbeuf]], qui l'exploita pendant des années comme une carrière de marbres précieux, et en extrait des statues dont deux statues féminines<ref group=alpha>La ''Grande Herculanaise'' et de la ''Petite Herculanaise''.</ref> qui furent immédiatement vendues et prirent la direction de [[Dresde]] à la cour de Saxe{{sfn|Maiuri|1955|p=72}}, où elles suscitèrent plus tard l'enthousiasme de [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] par leur {{citation|noble simplicité et sereine grandeur}}. Les fouilles officielles menées de 1738 à 1777 permirent par de nombreuses galeries en tous sens de connaître l'architecture du théâtre et de récupérer une partie des nombreuses statues qui le décoraient.

De nos jours, il n'est que très partiellement dégagé et l'on y accède encore par les tunnels creusés à l'époque des Bourbons{{sfn|Maiuri|1955|p=74}}. Il n'est pas raccordé au site principal, et comme il se situe dans l'axe du {{latin|decumanus}}, on pense qu'il devait être relié au forum. Il demeure l'unique vestige des anciennes fouilles encore visible{{sfn|Maiuri|1955|p=71}}.

Le théâtre est typique du [[Architecture du théâtre romain|théâtre romain]] à l'hémicycle construit et ne profitant pas du relief{{sfn|Maiuri|1955|p=71-72}}. Les inscriptions que l'on découvrit permirent d'apprendre que l'édifice a été construit ou restauré à l'époque d'Auguste par L. Annius Mammianus Rufus selon les plans de l'architecte P. Numisius<ref name="Mamm"/>, le décor datant des règnes de Claude et Néron{{sfn|Maiuri|1955|p=73}}. D'un diamètre de {{nobr|53 mètres}}, il est structuré en trois séries de gradins en [[tuf volcanique]], 4 gradins pour la partie proche de l'orchestre, 16 gradins en 6 secteurs pour la partie médiane, et 3 gradins en haut. Sa capacité est évaluée à deux mille places ({{nobr|2500}} selon Maiuri){{sfn|Maiuri|1932|p=31}}.
[[Fichier:Theatre herculanum Mazais.jpg|vignette|alt=Dessin d'une façade à deux étages décorée de colonnes et de statues|Mur de scène selon [[François Mazois]] (1783-1826).]]
Le mur qui fermait la scène était richement décoré de placages de marbre, tous pillés, et sur deux niveaux, de 9 et 6 niches contenant des statues toutes brisées, dont on n'a récupéré qu'un torse d'Hercule. À chaque extrémité de la scène, un piédestal présentait les statues de deux personnalités marquantes d'Herculanum, identifiées par les dédicaces<ref>{{CIL|10|1423|R=}}.</ref> : Nonius Balbus et Appius Claudius Pulcher, peut-être un des consuls de {{date|-38}}. Ces deux statues ont été perdues à cause de l'inorganisation des premières fouilles, probablement à l'époque du [[Emmanuel Maurice d'Elbeuf|Prince d'Elbeuf]]{{sfn|Maiuri|1955|p=75}}.
 
Le pourtour arrondi du mur extérieur du théâtre était également orné de statues en bronze plus grandes que nature comme celles de deux notables en toge, M. Calatorius Quartius et L. Mammius Maximus. S'y ajoutaient les statues impériales d'[[Agrippine la jeune]], de [[Tibère]], de [[Livie]]. Toutes ces œuvres furent regroupées au musée royal de [[Portici]], puis à Naples<ref>{{Harvsp |Maiuri|1932|p=32}}</ref>.

Dans le secteur proche du théâtre et dès le début des fouilles, on découvre des fragments de bronze dispersés de ce qui est identifié comme un [[quadrige]] grâce au moyeu d'une roue et au timon d'un char. L'envoi de premiers débris découverts à la fonte provoqua une telle indignation que les fouilleurs reconstituèrent un cheval à partir de quelques éléments disponibles, ce que Maiuri qualifie ironiquement d'habile union entre fonderie antique et sculpture contemporaine. Une autre tête de cheval et plusieurs morceaux du conducteur furent également sauvés. Ce matériel ayant été visiblement démantelé et charrié par la vague volcanique, on ignore quel bâtiment ornait cette statue d'apparat, peut-être le mur du théâtre ou un autre monument{{sfn|Maiuri|1932|p=37-38}}.

<gallery caption="Statues décorant le théâtre, transférées au Musée de Naples">
Fichier:Theatre-statue-Tibere.JPG|alt=homme debout drapé d'une toge, tête couverte|L'empereur [[Tibère]]
Fichier:Theatre-statue-Calatorius.JPG|alt=homme debout drapé d'une toge|Marcus Calatorius Quartius
Fichier:Theatre-statue-matrona.JPG|alt=femme debout en robe longue, bras levé|Dame d'Herculanum
Fichier:Agrippina Minor Herculaneum MAN Napoli Inv5612.jpg|alt=femme debout en robe et drapé, tête couverte|[[Agrippine la Jeune]]
</gallery>

== Insulae du centre ==
À partir de 1985, des chercheurs du département d'Archéologie classique de l'[[Université Radboud de Nimègue|université de Nimègue]] ont mené des [[métrologie|études métrologiques]] des maisons des Insulae VI et V, puis des Insulae III et IV. Outre l'établissement de plans plus précis que ceux disponibles à l'époque, l'étude cherchait à établir des métriques en unités antiques exprimées soit en pied osque, employé pendant la période pré-romaine, soit en pied romain, dont l'usage se généralise en [[Campanie]] à partir du {{s-|I|}}{{sfn|Gros|2003|p=634-635}}. Ces unités n'ont jamais été une mesure fixée, et pouvaient varier en même lieu et une même période, mais leurs fourchettes d'évaluation diffèrent suffisamment pour être distinguées : un [[pied (unité)|pied]] [[osques|osque]] observé à Herculanum mesure en moyenne {{unité|27.5|cm}}, contre {{unité|29.5|cm}} en moyenne pour le [[pied (unité)#Le pied romain|pied romain]]. Les chercheurs convertirent leurs mesures [[mètre|métriques]] en valeurs antiques en choisissant entre le pied osque ou romain celui qui donnait des longueurs en chiffres ronds, par exemple des multiples de 10. Comme l'emploi du pied osque était plus ancien, les chercheurs disposaient d'une approche chronologique des diverses constructions, qui peut recouper et compléter celles déduites des [[style pompéien|styles picturaux]] ou des méthodes d'édification. Ainsi, sur les parcelles d'époque préromaine, furent observés deux plans type de maison, un large de {{nobr|30 pieds}} osques pour la [[#La maison de l'Édicule de bois|maison de l'édicule de bois]], l'autre de {{nobr|40 pieds osques}}, pour la [[#La maison au salon noir|maison au salon noir]], la [[#La maison de l'Atrium corinthien|maison de l'atrium corinthien]], la [[#La maison à la colonnade toscane|maison de la colonnade toscane]], la [[#La maison de Neptune et d’Amphitrite et sa boutique|maison de Neptune et d'Amphitrite]] et la [[#La maison du Mobilier carbonisé|maison du mobilier carbonisé]]. La profondeur de ces maisons mesure dans tous les cas {{nobr|75 pieds osques}}, soit exactement la moitié de la largeur de l'insula{{sfn|Kind|1993|p=219-220|id=Kind}}.

=== Insula VII, basilique Noniana ===
[[Fichier:Chiron instructs young Achilles - Ancient Roman fresco.jpg|gauche|vignette|alt=fresque, un centaure assis à côté d'un jeune homme nu tenant une lyre|Le centaure Chiron et le jeune Achille, au fond de la basilique]]

Un grand édifice public occupe l'angle nord-est de l'insula VII non dégagée, desservi par le Cardo III. Quoiqu'elle soit encore ensevelie, elle a été intensivement explorée par des tunnels sous les Bourbons, de 1739 à 1761. À partir des explorations souterraines, des plans contradictoires ont été tracé au {{s-|XVIII}} par [[Jérôme Charles Bellicard]] et [[Charles-Nicolas Cochin]] d'une part P. Bardet d'autre part. Une fouille à ciel ouvert au début des années 1960 a dégagé le mur est de l'édifice et une petite salle y donnant accès. Des travaux de sécurisation en 2006 ont permis de préciser le plan de l'édifice{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=35-38}}.

Le centre du bâtiment reste toutefois inconnu, car non exploré en raison des risques d'effondrement du terrain. Ce qui est repéré est un grand espace rectangulaire ({{dunité|15.5|29|m}}) avec au fond une abside et une petite salle ouverte sur le cardo III. Les murs latéraux étaient rythmés par dix demi-colonnes sur deux ordres, ionique et corinthien{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=35-38}}, encadrant des niches exposant des statues, dont un certain nombre ont été retrouvées intactes et ont été identifiées par les inscriptions sur leur piédestal. Elles représentaient Marcus Nonius Balbus et des membres de sa famille, son père, sa mère et ses filles et quelques statues impériales, [[Néron]] et [[Germanicus]]. Sous le portique de l'entrée, on récupéra deux autres statues de Nonius Balbus et de son fils{{sfn|Maiuri|1955|p=13-14}}.

Le mur du fond avait une [[exèdre]] encadrée de deux niches plus petites, où étaient représentés [[Thésée]] et le [[Minotaure]], [[Hercule (mythologie)|Hercule]] retrouvant son fils [[Télèphe]], le [[centaure]] [[Chiron (mythologie)|Chiron]] initiant [[Achille]] au jeu de la lyre, [[Pan]] enseignant la flûte à [[Olympos (mythologie)|Olympos]]{{sfn|Pappalardo|2001|p=937-939}}. A. Maiuri qualifie ces peintures de {{citation|quelques-unes des plus belles œuvres de l'antiquité}}{{sfn|Maiuri|1955|p=14}}. Quelques-unes, dont celles précitées, ont été détachées et se trouvent au [[Musée archéologique national de Naples|Musée archéologique de Naples]], tandis que les autres se sont irrémédiablement perdues au fil du temps{{sfn|Maiuri|1932|p=37}}.

L'identification de ce monument a été débattue : on pouvait y voir une [[palestre]], espace ouvert consacré à l'exercice entouré d'une colonnade, ou au contraire une [[basilique civile|basilique]] à trois nefs, lieu de réunion couvert, voire un temple du culte impérial. Une inscription dans un autre endroit de la ville honore Balbus pour avoir restauré la basilique d'Herculanum à ses frais<ref name=CIL101425/>. Les fragments d'une tablette de cire calcinée mentionnent une {{latin|basilica noniana}}<ref>Inscription et photographie sur {{AE|2006|00307}}.</ref>. Maiuri en déduisit que la ''Basilique Noniana'' était ce monument que décoraient autant de statues de Balbus et de sa famille{{sfn|Maiuri|1932|p=34}}. Cette interprétation, un temps contestée par certains archéologues qui y voyaient un {{latin|[[Augusteum]]}} dédié au [[culte impérial]]{{sfn|Guadagno|1993|p=77}}, est définitivement admise{{sfn|Pagano|2001|p=913}}.

=== Insula VIl, maison dite de Galba ===
Située le long du Cardo III, l'Insula VII reste dans sa majeure partie ensevelie sous l'habitat moderne. La maison dite de Galba{{incise|nommée du fait de la découverte d'un buste de cet empereur dans la route lui faisant face}} est un des deux seuls bâtiments dégagés{{sfn|Maiuri|1955|p=24}}. Son vestibule, son atrium et les pièces attenantes ne sont pas dégagés. Une entrée secondaire sur le Cardo à côté d'une taverne donne sur un couloir qui dessert à sa gauche une cuisine et sa [[latrine]], puis plusieurs pièces, et accède dans l'angle d'un remarquable [[péristyle]] carré. Au milieu de cet espace ouvert se trouve un bassin ornemental en forme de [[croix grecque]]. Un grand salon ou [[exèdre]] s'ouvre largement face à ce péristyle, décoré en partie de fresques du {{IVe|style}}. Le péristyle est considéré comme une construction préromaine, car il fut construit à l'origine en tuf. Ses [[ordre dorique|colonnes doriques]] en tuf furent par la suite stuquées, tandis que les espaces entre les colonnes étaient fermés par un podium{{sfn|Maiuri|1955|p=24}}.

=== Insula VI ===
[[Fichier:Herculanum Insula VI.jpg|vignette|alt=plan, ilot rectangulaire, logements en jaune, parties publiques en rose et rouge|Herculanum Plan sommaire de l'insula VI]]
Le tiers de la superficie de cette insula est occupé par des [[thermes romains|thermes]], le reste se répartit entre plusieurs grandes habitations, la maison à la colonnade toscane, la maison aux deux {{latin|atria}} et la maison au salon noir, quelques boutiques dont un {{latin|[[thermopolium]]}} qui donnent sur le {{latin|decumanus maximus}} et le sanctuaire des Augustales, dernière partie de l'insula dégagée dans les années 1970{{sfn|texte = Plan d'ensemble de 2017|id=Pianta}}.

==== Thermes urbains ====
[[Fichier:Herculanum terme.jpg|vignette|gauche|alt=plan, cour centrale en jaune clair entourée de pièces|Plan des Thermes urbains]]
Repérés par les tunnels des premières explorations qui laissèrent penser à un vaste établissement, ils furent partiellement dégagés dans la période 1869 à 1875, durant laquelle on excava la [[palestre]], flanquée le long du Cardo III d'un bâtiment de plusieurs pièces à la destination indéterminée. Le dégagement complet de l'insula par Amedeo Maiuri amena à constater que ces thermes étaient plus petits que ce que l'on avait supposé{{sfn|Maiuri|1932|p=40}}. Occupant toute la largeur de l'insula VI, les thermes se situent à {{nobr|100 mètres}} seulement de l'autre établissement thermal connu, les thermes suburbains{{sfn|Barbet|2001|p=140}}. Ils comportent deux sections. Construits à l'époque augustéenne selon Maiuri, la construction a vu sa décoration refaite sous les règnes des deux derniers Julio-Claudiens{{sfn|Maiuri|1955|p=36}}.

===== Section masculine =====
Sur le Cardo III, l'entrée s'ouvre dans la façade en {{latin|[[opus reticulatum]]}} et donne sur un couloir flanqué de [[latrine]]s publiques, prévues selon la coutume romaine pour un usage collectif. Sur le conduit de vidange, que l’on peut encore voir, était placée une file de sièges en marbre troués, emportée lors des premières fouilles ({{s-|XVIII}}). Le couloir conduit à la cour intérieure de la [[palestre]], bordée d'un [[portique (architecture)|portique]] sur trois côtés. Au fond, on pénètre dans l’{{latin|[[apodyterium]]}} ou vestiaire, avec des étagères pour poser les vêtements et une niche destinée à abriter une petite fontaine{{sfn|Maiuri|1955|p=38-39}}. La succession régulière des salles thermales est en partie modifiée : le {{latin|[[frigidarium]]}} est isolé, à gauche du vestiaire. Il est rond, vivement coloré de bleu au niveau de la vasque et de la voûte ; cette dernière étant décorée d’animaux marins, et de rouge sur les murs où quatre niches sont décorées de jaune aux angles. À droite du vestiaire, on trouve le {{latin|[[tepidarium]]}}, avec le sol à double épaisseur assez vallonné, orné d’une mosaïque blanche et noire analogue à celle des thermes féminins, représentant [[Triton (mythologie)|Triton]] entouré de [[dauphin]]s, d'un [[poulpe]], d'une [[seiche (animal)|seiche]] et d'un petit [[amour (figure)|amour]] muni d'un fouet{{sfn|Maiuri|1955|p=39}}. Suit le {{latin|[[caldarium]]}} avec son grand bassin d'eau chaude.

===== Section féminine =====
[[Fichier:Ercolano terme femminili mos.JPG|vignette|upright=0.8|alt=dessin noir sur fonc blanc, Triton nu aux jambes enroulées|Mosaïque de Triton du vestiaire de la section féminine.]]
[[Fichier:Herculaneum Terme Urbane Caldarium Femminile.jpg|vignette|gauche|alt=grand bassin rectangulaire au fond de la pièce|Bassin du {{latin|caldarium}}.]]
Comme souvent, la partie des thermes destinée aux femmes est de moindre dimension et moins soignée que la section masculine, mais elle présente l'avantage d’un meilleur état de conservation{{sfn|Maiuri|1955|p=40}}. L’entrée actuelle n’est pas celle de l’époque, elle se faisait depuis le Cardo IV, à l'opposé de l'entrée des hommes. Elle ne donnait pas accès à la palestre, car l'exercice physique était une activité uniquement masculine. On pénétrait dans un vestibule qui servait de salle d'attente avec son pourtour muni de sièges de maçonnerie. De là on gagnait les vestiaires ou {{latin|apodyterium}}, bien conservés, possédant une voûte en berceau avec des [[strigile]]s (rainures ondulées parallèles) en [[stuc]], un sol en mosaïque blanche et noire représentant Triton avec des dauphins, et de grandes étagères pour y déposer les vêtements{{sfn|Maiuri|1932|p=41}}.

Le {{latin|tepidarium}} présente des caractères analogues ; son sol est décoré d’une bande à motifs géométriques, tandis que le {{latin|caldarium}} est reconnaissable à son sol à double épaisseur ({{latin|suspensura}}), visible grâce à une ouverture protégée par une grille, à l’intérieur duquel circulait l’air chaud. En plus du grand bassin pour les immersions, la pièce est munie d’un soubassement circulaire destiné à soutenir le {{latin|labrum}} pour les ablutions et deux beaux sièges en marbre, l’un en marbre blanc, l’autre en marbre rouge antique.

===== Locaux techniques =====
Derrière les salles thermales se trouvent les locaux de service, les réservoirs d'eau et les chaufferies ({{latin|praefurnium}}), repérées par l'épaisse trace de suie. Un escalier permettait de monter sur les terrasses de l'établissement{{sfn|Maiuri|1955|p=40-41}}. Le chauffage des deux {{latin|caldaria}} se faisait par une circulation d'air chaud sous le sol, qui remontait ensuite par quelques tubulures noyées dans le gros œuvre du mur, système moins perfectionné que les murs à double paroi observés dans les derniers thermes de Pompéi{{sfn|Maiuri|1932|p=41}}.

==== Sacellum des Augustales ====
[[Fichier:Herculaneumpainting.jpg|vignette|gauche|alt=mur avec fresque de panneaux illustrés sur fond rouge |Mur gauche du {{latin|Sacellum}}. Tableau d'Hercule, Minerve et Junon]]
[[Fichier:College of the Augustali.jpg|vignette|alt=mur avec fresque de panneaux illustrés sur fond rouge |Mur droit du {{latin|Sacellum}}. Tableau d'Hercule face à Achéloos]]

Également dénommé {{latin|Aedes Augustalium}}, c'est le sanctuaire des prêtres du [[culte impérial]], des affranchis regroupés dans le collège des {{latin|[[seviri augustales]]}}, et le seul édifice dédié à un culte public que l'on connaisse de nos jours à Herculanum. D'après les inscriptions qu'on y a trouvées, sa construction est datée de la fin du règne d'Auguste, au plus tard en [[11]]. Elle est faite en partie en brique ({{latin|[[opus testaceum]]}}), d'usage encore exceptionnel à cette date{{sfn|Monteix|2006|p=44-45}}. Il possède de magnifiques peintures. Cet édifice est remarquable par l'inscription en marbre où figurent les noms des deux frères, A. Lucius Proculus et A. Lucius Iulianus, ayant financé la construction du lieu et offert le repas le jour de l'ouverture de la salle :

<center>{{citation|<small>AVGVSTO SACR</small>(um)<small> A. A. LVCII A. FILII MEN</small>(enia)<small> PROCVLVS ET IULIANVS </small>(de) <small>P</small>(ecunia) <small>S</small>(ua)<br /> <small>DEDICATIONE DECVRIONIBVS ET AVGVSTALIBVS CENAM DEDERVNT</small><ref>{{AE|1979|169}}</ref>}}</center>
<center>{{citation|À Auguste, A. Proculus et A. Iulianus, fils de A. Lucius, de la [[tribu (Rome)|tribu]] Menenia, firent ce lieu sacré de leurs finances<br /> Lors de la dédicace, ils offrirent un repas aux [[Ordre décurional|décurions]] et aux augustales}}</center>

L’intérieur se présente comme une grande salle rectangulaire, au centre de laquelle se dressent quatre colonnes, situées aux angles d’une ouverture quadrangulaire soutenue par un [[entablement]] constitué de grandes travées en bois, évidemment carbonisées. Les deux colonnes postérieures ont été englobées dans deux cloisons qui, s’appuyant sur le fond de la salle, ont constitué une petite pièce carrée formant une sorte de chapelle ; au fond de cette pièce, une base était destinée à accueillir la statue d’Auguste, comme l’indique clairement la colonne de laurier peinte sur le mur, ornement typiquement impérial<ref>{{Lien web |langue=it|url=http://www.ercolano.unina.it/ercolano.php?id_ist=30&id_namespace=8&padre_nodo=5&admin=visitatore
 | titre = Insulae VI, Collegio degli Augustali  | site = Ercolano, Scavi archeologici  | consulté le = 14/12/2009}}</ref>. Les deux colonnes qui bordaient l’entrée étaient flanquées de socles qui portaient des statues de [[Jules César|César]] et d’[[Auguste]], aujourd’hui perdues{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=313}}. Le sol est richement revêtu d'une marqueterie en marbre coloré ({{latin|[[opus sectile]]}}). Les murs latéraux sont décorés de fresques du [[style pompéien|{{IVe|style}}]], avec deux scènes centrales dédiées au héros mythologique qui donna son nom à Herculanum et représentant d'une part [[Hercule]] dans l'[[Mont Olympe|Olympe]] en compagnie de [[Minerve (mythologie)|Minerve]], de [[Junon]] et de [[Jupiter (mythologie)|Jupiter]] symbolisé par un arc-en-ciel, et d'autre part l'affrontement entre Hercule et le [[dieu fleuve]] [[Achéloos (mythologie)|Achéloos]] pour la main de [[Déjanire]]. Le décor du {{latin|sacellum}} combine ainsi le culte impérial avec le buste de l'empereur et le culte du fondateur Hercule, divinisé et bienfaiteur de l'humanité{{sfn|Pappalardo|2001|p=940-943}}.

==== Maison à la colonnade toscane ====
Cette maison est antique et aristocratique : elle fut érigée à l'[[Samnites|époque samnite]] en grands blocs de [[tuf volcanique]] ({{latin|[[opus quadratum]]}}), et restaurée par la suite. Après le tremblement de terre de 62, elle dut néanmoins perdre un peu de son caractère aristocratique, car deux pièces contiguës à la rue furent transformées en boutiques. La maison se distingue par la [[ordre toscan|colonnade toscane]] de son splendide péristyle, sur laquelle s'ouvrent le {{latin|triclinium}}, quelques pièces de réception et les appartements. La décoration des pièces date de deux périodes différentes, du [[style pompéien|{{IIIe}} et du {{IVe|style}}]]<ref>{{article|auteur1=Jacques Debergh |titre=Notes de lecture de l'ouvrage de Maria Manni {{langue|it|Le pitture della Casa del Colonnato Tuscanico}} |périodique=Revue belge de philologie et d'histoire | tome =58 |numéro= 4 |année= 1980 |passage= 1007-1008 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1980_num_58_4_5713_t1_1007_0000_3 }}.</ref>. On a trouvé dans cette maison une grosse somme en [[aureus|monnaie d'or]] (équivalent à {{nobr|1400 [[sesterces]]}}) cachée par le propriétaire, vraisemblablement avant d'évacuer la maison<ref>{{Lien web |langue=it |url=http://www.ercolano.unina.it/ercolano.php?id_ist=136&id_namespace=11&padre_nodo=5&admin=visitatore  | titre  = Insulae VI, Casa del collonnato tuscanico | site = Ercolano, Scavi archeologici  | consulté le = 14/12/2009}}</ref>.

==== Maison aux deux ''{{latin|atria}}'' ====
[[Fichier:Herculanum Casa dei due atrii.jpg|vignette|alt=plan d'habitation longue et étroite |Un plan adapté à une parcelle étroite]]

Après les thermes sur le Cardo III, on rejoint la maison aux deux {{latin|[[atrium (architecture)|atria]]}} au plan original, probablement choisi pour tirer le meilleur parti d'un espace disponible rectangulaire, mais resserré. La construction est contemporaine de celle des thermes et la maison mesure 30 [[pied (unité)#Le pied romain|pieds romains]] de large, pour une profondeur inhabituelle, qui empiète au-delà de la moitié de la largeur de l'insula, standard de toutes les autres maisons{{sfn|Kind|1993|p=219-220|id=Kind}}. La façade de la maison, assez simple, présente une porte avec une architrave en tuf et une corniche en tuiles qui marque extérieurement la séparation en deux étages. Cette porte est ornée d'un masque en terre cuite à fonction [[apotropaïque]] figurant la [[Gorgone]]. Le premier atrium au toit soutenu par quatre colonnes est suivi du {{latin|[[tablinum]]}}, puis d'un autre atrium et enfin d'une vaste salle, les logements sont disposés le long du côté gauche<ref>{{Lien web |langue=it |url=http://www.ercolano.unina.it/ercolano.php?id_ist=119&id_namespace=10&padre_nodo=5
 | titre = Insulae VI, Casa dei due Atri | site = Ercolano, Scavi archeologici | consulté le = 14/12/2009}}</ref>.

==== Maison au salon noir ====
[[Fichier:7 Ercolano017.JPG|vignette|gauche|alt=pièce, mur du fond peint de panneaux noirs encadrés de rouge|Le salon noir]]
[[Fichier:CasaSaloneNero.jpg|vignette|alt=cour entourée de colonnes blanches|Péristyle de la maison au salon noir]]

De l'autre côté du {{latin|decumanus maximus}}, entre des boutiques et des ateliers, dont un atelier de métallurgie du plomb<ref>
{{article|auteur1=Monteix Nicolas|titre= Pompéi et Herculanum : recherches sur les productions artisanales |périodique= Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité | tome= 116 |numéro=1 |année= 2004 |pages= 624-626 |url texte=https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_2004_num_116_1_10780}}.</ref>, on pénètre dans une demeure, la maison au salon noir  qui conserve encore un des battants en bois de sa porte. Elle doit son nom à une grande pièce décorée de [[pilastre]]s et de [[candélabre]]s peints en rouge sur fond noir et qui s'ouvre sur le péristyle{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=237}}.

La forme architecturale canonique est respectée, on pénètre dans la maison à travers le vestibule, puis ''l'atrium'', le {{latin|[[tablinum]]}} et enfin le péristyle. La disposition de la maison donne à voir le jardin à partir de toutes les pièces. Ouverte sur deux rues, elle laisse également entrer une abondance de lumière et une aération constante<ref>{{lien web|titre=Herculanum|date=14/03/2017|url=https://mprovost0.wixsite.com/herculanum/les-villae |consulté le=2017-04-14}}</ref>. À l'étage, un [[laraire]] en bois, bien conservé, en forme de temple miniature, avec des colonnettes surmontées de petits chapiteaux en marbre a été découvert{{sfn|Maiuri|1955|p=41}}.

=== Insula V ===
[[File:Herculanum Insula V.jpg|thumb|Herculanum Plan sommaire de l'insula V]]
L'insula V est divisée en parcelles plus régulières et plus homogènes que les ''insulae'' voisines, dans un découpage qui rassemble les statuts sociaux les plus divers : l'opulente maison du Bicentenaire, ouverte sur le forum, voisine avec des habitations modestes et des boutiques, le raffinement de la luxueuse maison de Neptune et d’Amphitrite et de la maison samnite contraste avec la modestie de la maison du Métier à tisser qu'elles encadrent. Un peu partout, on constate le développement d'un habitat populaire, par l'ajout aux demeures bourgeoises de pièces et d'étages en location{{sfn|texte = Plan d'ensemble de 2017|id=Pianta}}.

==== Maison du bicentenaire ====
[[Fichier:Herculanum Casa Bicentenario.jpg|vignette|gauche|alt=plan, bassin intérieur en bleu, jardin en vert, multiples pièces autour|Maison du Bicentenaire : le plan d'une riche ''domus'']]

Découverte en [[1938]], soit deux siècles après le début des fouilles archéologiques à Herculanum, cette maison est l'une des plus somptueuses et des plus grandes maisons du quartier{{sfn|Maiuri|1955|p=47-48}}. Elle s'ouvre sur le {{latin|decumanus maximus}} entre plusieurs boutiques et, longue d'une quarantaine de mètres, elle s'enfonce au cœur de l'insula entre des maisons modestes, comme la maison de la Belle Cour<ref name="Storti58">{{Harvsp |Storti|1978|id=Storti|p=58}}</ref>.

Son plan suit le modèle de la {{latin|[[domus]]}} classique : le couloir d'entrée matérialise l'axe central, l'atrium est vaste et carré avec son toit en {{latin|compluvium}} et un {{latin|impluvium}} de marbre entouré d'un sol en mosaïque noire et blanche ; les pièces ({{latin|cubiculae}}) et les ailes ({{latin|alae}}) sont réparties à gauche et à droite de l'atrium ; au fond le {{latin|tablinium}} est richement décoré avec un sol en mosaïque blanche et noire entourant un rectangle central en {{latin|[[opus sectile]]}} et des peintures du [[style pompéien|{{IVe|style}}]]. Au-dessus d'une plinthe noire aux motifs végétaux, la paroi à fond rouge montre des tableaux de [[Dédale]] et [[Pasiphaé]] d'une part, Vénus et Mars de l'autre, et des médaillons de [[Satyres]], de [[Bacchantes]] et de [[Silène (mythologie)|Silènes]] ; la frise supérieure combine des [[Amour (figure)|Amours]] chasseurs sur fond noir et des éléments d'architecture en trompe-l'œil. Au fond de l'atrium, un couloir mène à des salons ({{latin|oecus}}) et à un petit jardin intérieur entouré d'une colonnade sur deux côtés. Un escalier dessert un étage supérieur plus modeste, divisé en plusieurs appartements devant servir à la location{{sfn|Maiuri|1955|p=48}}. L'un d'eux est visible depuis la rue, à la suite de la disparition de sa façade<ref name="Storti58"/>.

Dans une des pièces de l'étage a été retrouvée une marque particulière sur un mur, empreinte d'un objet disparu : dans le centre d'un rectangle plus clair de l'enduit du mur, on distingue la gravure d'un tracé cruciforme de plusieurs centimètres de large, entouré de marques de trous de fixation sensiblement alignés en deux colonnes verticales. Une petite armoire en bois a été trouvée dans la même pièce. Leur interprétation comme support d'une [[croix (christianisme)|croix chrétienne]] de bois incrustée dans le mur, dissimulable par deux volets latéraux, et comme petit autel ou prie-Dieu, qui en feraient les indices les plus précoces de présence du [[christianisme]] en [[Campanie]], a été l'objet de nombreuses polémiques{{sfn|Maiuri|1955|p=48-49}}. Maria-Paola Guidobaldi considère qu'il s'agit plutôt d'éléments d'accrochage d'une armoire ou d'une étagère murale{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=248}}. Toujours à l'étage, un coffre en bois carbonisé contenait les archives de Calatoria Themis, constituée d'environ 150 tablettes relatives au procès contestant la naissance libre de Petronia Iusta, affranchie de Petronius Stephanus, époux de Calatoria{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=247}}.

==== Maison de la Belle Cour ====
[[Fichier:House of the Beautiful Courtyard.jpg|vignette|alt=cour intérieure pavée, escalier à droite, balcon à l'étage|La cour, l'escalier et la galerie]]

La maison de la Belle Cour, articulée sur deux niveaux et avec une disposition des pièces insolite : on entre par une grande pièce basse de plafond qui joue le rôle de vestibule. À sa droite, trois petites pièces rustiques, tandis qu'au fond on accède à la cour intérieure qui remplace l'atrium et éclaire les pièces du rez-de-chaussée et de l'étage. Là un escalier extérieur en maçonnerie avec un garde-corps et une galerie, qui rappelle l'architecture italienne du [[Moyen Âge]], mène à l'étage supérieur et aux logements, mis en communication l'un avec l'autre par la galerie et un balcon de bois en saillie sur la façade{{sfn|Maiuri|1955|p=46}}. Cette disposition qui rompt avec le plan de la {{latin|[[domus]]}} classique permettait de loger plusieurs familles<ref>{{Harvsp |Storti|1978|id=Storti|p=64-65}}</ref>.

==== Maison de Neptune et d'Amphitrite et sa boutique ====
[[Fichier:010319 36 Ercolano bottega della casa di Nettuno e Anfitrite.JPG|gauche|vignette|alt=étagères en quatre compartiments contenant des amphores|Vestiges des étagères en bois carbonisé de la taverne.]]

La maison de Neptune et d’Amphitrite (''{{langue|it|Casa di Nettuno e Anfitrite}}'') communique avec une vaste boutique de denrées alimentaires qui s'ouvre sur le Cardo, et qui se situe sur la même parcelle de terrain. On suppose donc que le propriétaire de la maison était un commerçant qui possédait aussi cette taverne. Cet établissement n'est pas le seul de ce type que l'on ait découvert à Herculanum, mais c'est le plus spectaculaire : le comptoir et le mobilier en bois sont exceptionnellement bien conservés, avec des amphores alignées sur leurs étagères (elles ne proviennent toutefois pas de cet espace commercial){{sfn|Maiuri|1955|p=44-45}}. Cette boutique exerçait comme traiteur vendant des plats cuisinés et comme restaurant où l'on mangeait sur le pouce des mets préparés sur l'une des deux tables de cuisson<ref name="Storti63">{{Harvsp | Storti|1978|id=Storti|p=63}}</ref>.

La répartition des pièces de la maison proprement dite est simple. De l'atrium central on accède au {{latin|tablinum}}, et par un couloir qui longe le {{latin|tablinum}}, au {{latin|triclinium}} d'été. Au-dessus du [[laraire]] situé dans l’angle de l’atrium furent retrouvés deux tableaux monochromes sur marbre, exposés au [[Musée archéologique national de Naples|musée archéologique de Naples]]. Une statuette de Jupiter également trouvée dans l'atrium confirme l'intérêt artistique du propriétaire et son raffinement{{sfn|Maiuri|1955|p=45}}.

[[Fichier:Ercolano03.jpg|vignette|alt=mur au fondcouvert de mosaïques colorés, à gauche niche arrondie. Devant, une grande banquette en U|Triclinium d'été décoré d'un nymphée et de mosaïques]]

La pièce la plus remarquable est le {{latin|triclinium}} d'été, installé dans une petite cour au fond de la maison. La banquette destinée aux convives est en maçonnerie en forme de U, revêtue de marbre, et s'appuie sur deux murs dotés de magnifiques mosaïques murales, décoration mise à la mode sous les [[Julio-Claudiens]] et plus particulièrement [[Néron]], et qui est ici un très bel exemple. Au fond du {{latin|triclinium}} se trouve un [[nymphée]] (fontaine décorative), avec une grande niche centrale en abside, encadrée de deux niches rectangulaires plus petites, toutes revêtues de mosaïques en pâte de verre coloré et encadrées de coquilles et de mousse de lave. Des [[rinceau]]x de vigne issus de vases ronds dessinent leurs volutes sur les panneaux bleus qui entourent les niches. Au-dessus des petites niches, deux scènes de chasses sur fond bleu outremer montrent des chiens qui poursuivent des cerfs. Festons, fruits et guirlandes de feuillage surmontent ces tableaux. L'[[architrave]] qui couronne l'ensemble a perdu sa mosaïque, mais est encore couronnée de trois masques de théâtre. Le mur perpendiculaire au nymphée est décoré d’un beau panneau en mosaïque, représentant les noces de [[Neptune (mythologie)|Neptune]] et d'[[Amphitrite]], qui a donné son nom à la maison. Ce panneau est entouré d'une décoration foisonnante et colorée, figurant une voûte en trompe-l'œil et des [[pilastre]]s soutenant une [[frise (architecture)|frise]]{{sfn|Maiuri|1955|p=45-46}}.

Les chambres de l'étage supérieur dont l'intérieur est visible de la rue par suite de l'écroulement partiel de la façade, conservent une partie de leurs peintures murales et de leur mobilier<ref name="Storti63"/>.

==== Maison du mobilier carbonisé ====
Cette demeure élégante quoique de dimension modeste, dite ''{{langue|it|Casa del Mobilio Carbonizzato}}'' fut bâtie à l'époque pré-romaine, comme en témoigne un atrium haut et ouvert d'un côté par une galerie en dessous du toit comme dans la maison samnite un peu plus loin. Elle fut entièrement décorée de peintures du [[style pompéien|{{IIIe}} et {{IVe|style}}]] à l'époque de [[Claude (empereur romain)|Claude]]{{sfn|Maiuri|1955|p=43}}. L'imposante entrée mène à un couloir et sur sa droite au {{latin|triclinium}}, dont tous les murs sont peints en {{IVe|style}} : de fines architectures où s'insèrent des tableaux réalistes d'un coq et d'une [[nature morte]]{{sfn|Maiuri|1955|p=44}}. Au fond de l'atrium s'ouvrent deux pièces : le {{latin|tablinium}} et une chambre dont la fenêtre donne sur la cour. De cette cour centrale, une petite salle prend la lumière par trois fenêtres ; on peut y voir un mobilier que la gangue volcanique a carbonisé, mais aussi conservé : un canapé ou un lit de {{latin|triclinium}} et un [[guéridon]] en bois à trois pieds galbés, ainsi que de la vaisselle en terre cuite et en verre. La cour qui pouvait aussi faire fonction de petit jardin, avec une plate-bande centrale et quelques plantes, servait à recueillir les eaux de pluie, conservées dans une citerne. Au fond, un [[laraire]] orné de stuc et de peintures, en forme de temple avec un gracieux [[tympan (architecture)|tympan]] entre deux petites colonnes{{sfn|Maiuri|1955|p=44}}.

==== Maison du métier à tisser ====
Également dénommée la maison du Tailleur (''{{langue|it|Casa del Telaio}}''), la maison suivante sur le Cardo IV est une demeure modeste d'artisans qui y vivaient et y travaillaient : on a retrouvé dans une des pièces des morceaux de bois et des poids appartenant à un [[métier à tisser]]. Sur la façade, une avancée de toit surplombe le trottoir et protégeait les passants des intempéries{{sfn|Maiuri|1955|p=43}}. À l'intérieur, les pièces sont rustiques, l'atrium, sombre pièce de réception des maisons patriciennes, est remplacé par une cour intérieure entourée d'un portique aux colonnes de briques, forme plus ouverte qui offre une lumière propice au travail<ref name="Bleu86"/>.

==== Maison samnite ====
La maison samnite (''{{langue|it|Casa Sannitica}}'') fait l'angle de l'insula V. Elle évoque l'architecture pré-romaine de la ville. La dénomination de Samnite vient de son mode de construction en gros blocs rectangulaires de [[tuf volcanique]] ({{latin|[[opus quadratum]]}}), appareil correspondant à la période de présence samnite. Celui-ci est notamment visible dans les blocs d'encadrement de l'entrée de la maison sur le Cardo IV{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=81-82}}. Le couloir d'entrée témoigne également de l'ancienneté de la maison : c'est un des derniers exemples de décoration du [[style pompéien|{{Ier|style}}]], avec ses imitations de plaques de marbre en stuc peint et un graffiti en langue [[osque]]. L'atrium, très haut, montre des formes remarquables : son {{latin|impluvium}} revêtu de marbre clair, son sol revêtu de noir moucheté de blanc, ses murs peints en noir, et, dans la partie au niveau de l'étage, une galerie aux [[ordre ionique|colonnes ioniques]] reliées par des balustrades en croisillon{{sfn|Maiuri|1955|p=42}}. Le côté de cette galerie qui fait face à l'entrée est entièrement ouvert sur l'extérieur et procure une large source de lumière indirecte pour l'intérieur. La fine décoration des pièces du rez-de-chaussée témoigne du caractère aisé de la maison, comme une petite pièce décorée d'un petit tableau de l'[[Europe fille d'Agénor|Enlèvement d'Europe]] sur une paroi au fond vert<ref>{{Lien web |langue=en |url= https://sites.google.com/site/ad79eruption/herculaneum-1/insula-v/samnite-house |titre = Samnite House | site  = AD79 | consulté le = 15/11/2013}}</ref>.

Comme d'autres maisons de l'insula, la maison samnite subit des transformations qui réduisirent l'espace autrefois réservé à une seule famille : le jardin fut rattaché à la maison voisine, dite maison du Grand Portail. Les entrecolonnements de la galerie de l'atrium furent murés, pour transformer l'étage supérieur en petits logements indépendants en surplomb, accessibles depuis la rue par un raide escalier de bois{{sfn|Maiuri|1955|p=42}}.
<gallery caption="Maison Samnite">
File:Herculanum Casa Sannitica.png|alt=plan trapézoïdale, pièces sur trois côtés d'une cour avec bassin |Plan de la maison samnite.
File:Casa Samnita Herculano 05.jpg|alt=mur décoré de grands rectangles colorés|Couloir d'entrée, décor [[style pompéien|premier style pompéien]].
File:Casa Sannitica (Ercolano) WLM 011.JPG|alt=sous un plafond de poutres, murs décoré de pilatres et balustrades en croisillons|Atrium, partie haute, galerie supérieure murée.
File:Casa Sannitica 4.JPG|alt=cour intérieure, bassin carré au sol, mur du fond percé de portes et d'une fenêtre intérieure|Atrium, partie basse, galerie ouverte et impluvium.
File:Casa Samnita Herculano 12.jpg|alt=fresque fragmentaire, fronton violet sur fond noir|Salon noir.
</gallery>

==== Maison du Grand Portail ====
[[Fichier:GranPortale.jpg|vignette|alt=entrée encadrée de deux colonnes supportant une architrave en briques|Le grand portail]]

Depuis le {{latin|decumanus minor}}, on pénètre dans la maison du Grand Portail (''{{langue|it|Casa del Gran Portale}}'') par son élégante entrée flanquée de deux demi-colonnes de briques autrefois stuquées et peintes en rouge, surmontées de chapiteaux corinthiens en pierre, avec des figures de [[Victoire (allégorie)|Victoires ailées]]. Au-dessus des chapiteaux, l'architrave en briques est surmontée d'une corniche dentelée. À l'intérieur, la disposition des pièces est inhabituelle : l'atrium manque, et les diverses chambres s'ouvrent sur un vestibule étiré en longueur, et communiquent avec une courette dont elles tirent leur éclairage{{sfn|Maiuri|1955|p=53}}.

Les murs des chambres sont couverts de peintures du {{IVe|style}}, parmi lesquelles un tableau [[Dionysos|dionysiaque]] sur la paroi au fond du {{latin|triclinium}}. Au fond du vestibule, on remarque une paroi aux élégantes architectures peintes sur fond noir, encadrant un tableautin gracieux avec des papillons et des oiseaux qui picorent des cerises. Dans le même édifice, une boutique ouverte sur le {{latin|decumanus minor}} et entièrement indépendante du reste de la maison, était probablement concédée en location{{sfn|Maiuri|1955|p=53}}.

==== Maison de l'Édicule de bois ====
Sur le Cardo V, la maison de l'Édicule de bois (''{{langue|it|Casa del Sacello di Legno}}''), est une demeure ancienne et bourgeoise, malgré ses dimensions réduites. Elle conserve des fragments de décoration du {{Ier}} et du {{IIIe|style}}, et doit son nom à un autel domestique ({{latin|sacellum}}) en bois en forme de temple miniature {{latin|in antis}} sous une armoire, trouvé dans une pièce à droite de l'entrée. En outre, à l'étage supérieur, ont été trouvées des [[Tablette de cire|tablettes]] destinées à l'écriture, dont certaines étaient utilisées{{sfn|Maiuri|1955|p=52}}.

==== Maison de l'Atrium corinthien ====
[[Fichier:Herculanum Casa del atrio corinzio.jpg|vignette|alt=plan montrant une cour centrale en vert entourée de pièces|Maison de l'atrium corinthien, un plan original]]
[[Fichier:Corinzio.jpg|vignette|gauche|alt=trois et deux colonnes soutenant un rectangle de poutres en pierre|L'atrium corinthien et son bassin]]

La maison de l'Atrium corinthien (''{{langue|it|Casa dell'Atrio Corinzio}}'') occupe une parcelle de 40 pieds osques sur 75. L'architecture de la maison de l'Atrium corinthien  offre des aspects originaux : sa façade sur la rue est agrémentée d'un [[portique (architecture)|portique]], ainsi que les maisons voisines. Cas unique à Herculanum, son atrium à la romaine est remplacé par une cour-jardin à péristyle plus typique des maisons grecques : l'ouverture du toit est rectangulaire, beaucoup plus ample que celles des atriums des autres maisons, et repose sur six colonnes revêtues de stuc. L'{{latin|impluvium}} destiné habituellement à recueillir les eaux de pluie est remplacé par un bassin d'agrément, long et étroit, élargi en son milieu par un carré où se dressait une fontaine{{sfn|Maiuri|1955|p=51}}. L'atrium n'est pas dans l'axe de l'entrée et ne donne pas sur un {{latin|tablinium}}, ce qui rompt avec l'architecture traditionnelle destinée à la réception d'une [[client (Rome)|clientèle]]. Les diverses pièces ont été identifiées d'après leur emplacement et leur décoration, quand il y en a. Leurs fresques sont homogènes, partout du [[style pompéien|{{IVe|style}}]]. À gauche du couloir d'entrée, une cuisine est équipée d'un foyer, d'un recoin latrines et d'une annexe de stockage. Voisine de la cuisine, une pièce dépourvue de porte et de décoration, séparée de l'atrium par une cloison légère en {{latin|[[opus craticium]]}}, paraît être un local de service. À droite de l'entrée, une vaste pièce décorée de fresques et dotée d'un sol en mosaïque noire et blanche avec un motif central doit être un salon ({{latin|oecus}}), mais son emplacement près de l'entrée est inusité. Un grand {{latin|[[triclinium]]}} ouvert sur l'atrium est clairement identifié par les divisions de l'espace au sol réservant l'emplacement des lits de banquet, il est richement décoré de panneaux peints en dominante noire, et d'un [[plafond à caissons]] en stuc. Les trois chambres à coucher sont plus petites et sobrement décorées. Une dernière pièce assez grande pouvait être un séjour, avec un sol en mosaïque blanche et un plafond en voûte finement stuqué. Un escalier dans la cuisine menait à l'étage, dont l'agencement reste inconnu{{sfn|Binnebeke|1993|p=230-231|id=Binnebeke}}.

=== {{latin|Insula orientalis II}} – La Grande Palestre ===
[[Fichier:Herculaneum Macine.jpg|vignette|gauche|alt=cylindre de pierre grise d'extrémité en cône, sur un massif de maçonnerie|Meules de la boulangerie.]]

==== Un témoin d'une innovation architecturale urbaine ====
Depuis le {{latin|decumanus maximus}} et le long du Cardo V se trouve l'{{latin|Insula Orientalis II}}, remarquable témoin de l'innovation architecturale entamée au {{s-|I}} à Herculanum, que l'on retrouvera plus tard à [[Ostie]], et qui marque l'abandon de la forme traditionnelle de la [[domus|maison à atrium]]<ref name="Bleu86"/>. Toute l'insula est constituée par un corps de bâtiment unique de plus de {{nobr|80 mètres}} de long édifié sur une même période en {{latin|[[opus reticulatum]]}}, avec des boutiques et des maisons de rapport à plusieurs étages, qui s'ouvrent sur le Cardo V{{sfn|Maiuri|1955|p=54-55}}.

==== Boulangerie et boutiques ====
La plus remarquable des boutiques est une [[boulangerie]] ({{latin|pistrinum}}) avec son four et dans une courette deux [[meule à grains|meules]] en pierre, qui étaient actionnées par un âne dont on a retrouvé les ossements ainsi que l'étable. Les affaires devaient être relativement prospères, comme en témoigne l'annexion de pièces d'une ancienne maison patricienne voisine{{sfn|Maiuri|1955|p=57}}. À la série de boutiques, s'ajoutent une étable, deux [[latrine]]s et en étage des logements élégamment décorés.

À l'étage de la boutique 5, on a retrouvé en 1936 la trace d'une dévotion populaire à la déesse égyptienne Isis : une statuette de {{nobr|29 cm}} de haut en terre cuite rouge figurant [[Isis]] allaitant [[Harpocrate]]. D'après son style, elle est datée de la fin du {{-s-|I}}, ou du début du {{s-|I}}. Elle est exposée à l'Antiquarium d'Herculanum sous le numéro d'inventaire 1446{{sfn|Tran Tam Tinh|1973|p=73}}.

==== Palestre ====
[[Fichier:Herculaneum (39517803612).jpg|vignette|alt=allée avec un bâtiment à gauche, des colonnes à droite et au fond, étage en arcades|La Palestre, à gauche entrée monumentale traversant l'insula, portique du côté ouest de la palestre. Au fond, la galerie en étage accessible depuis le {{latin|decumanus}}.]]
Toute la partie orientale de l'insula est occupée par une grande [[palestre]], partiellement dégagée. La création de cette palestre est le fruit d'une grande intervention publique pour doter la jeunesse d'Herculanum d'une institution sportive et paramilitaire, sur le principe des {{latin|collegia juvenum}} instaurés par Auguste{{sfn|Pappalardo|2001|p=932-934}}. Elle avait une entrée monumentale dans l'axe du {{latin|decumanus}} inférieur dont elle interrompt le tracé, reporté plus bas par une ruelle. En son centre un grand espace ouvert, doté d'une piscine cruciforme de {{Unité|35|mètres}} de long avec des bras plus courts, alimentée par une magnifique fontaine en bronze en forme de tronc d'arbre entouré d'un serpent à cinq têtes. Cette statue évoque l'[[hydre de Lerne]], monstre neutralisé par Hercule au prix d'efforts répétés, et constitue un exemple stimulant pour la jeunesse{{sfn|Pappalardo|2001|p=935}}. L'espace découvert est entouré par un [[portique (architecture)|quadriportique]] à colonnes où s'ouvrent diverses pièces d'usage indéterminé dont une grande salle en [[abside]]. Sur le dernier côté, un [[cryptoportique]] supporte une [[loggia|galerie couverte]] accessible depuis le {{latin|decumanus maximus}}. Cette galerie pouvait donc accueillir des spectateurs lors des exercices ou des jeux qui se déroulaient sur la palestre en contrebas{{sfn|Maiuri|1955|p=55-57}}.

== Insulae du front de mer ==
=== Insula I ===
Le sud de l'insula I a été dégagé lors des fouilles à ciel ouvert des années 1996-1998. Elles ont révélé un grand complexe résidentiel au bord de l'antique rivage, étagé sur plusieurs terrasses, nommé la Maison des reliefs dionysiaques d'après la décoration des murs d'un grand salon{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=151-154}}.

=== Insula II ===
[[Fichier:Herculanum Insula II.jpg|vignette|alt=plan, ilôt vertical divisé en quatre secteurs|Herculanum Plan sommaire de l'insula II.]]
[[Fichier:Herculaneum view 2.jpg|vignette|gauche|alt=comptoir en U avec une série d'ouvertures rondes|{{latin|Thermopolium}} de l'Insula II, face au {{latin|decumanus}}.]]
Cette insula n'est qu'en partie dégagée, jusqu'à la limite de la moderne via Mare qui la surplombe. Bornée par le {{latin|decumanus}} mineur et le {{latin|Cardo III}}, et proche de l'ancien rivage, elle comporte plusieurs belles demeures. La plus proche du rivage est la maison d'Aristide, bâtie sur la crête du promontoire antique. En remontant le {{latin|Cardo III}}, on trouve ensuite la maison d'Argus, puis la maison du Génie, et enfin un {{latin|[[thermopolium]]}} au carrefour, avec un comptoir en forme de U.

==== Maison d'Aristide ====
La maison d'Aristide (''{{langue|it|Casa di Aristide}}'') a reçu son nom par un concours de circonstances hasardeuses : lors des premières explorations, elle était le point de départ d'un tunnel menant à la grande villa suburbaine. Celle-ci avait été nommée maison d'Aristide, après l'identification d'une statue comme représentant [[Aristide le Juste|Aristide]], identification erronée par ailleurs{{sfn|Maiuri|1955|p=22}}. Lorsque cette villa fut renommée [[Villa des Papyri|villa des Papyrus]], l'appellation maison d'Aristide se reporta à la maison au départ du tunnel de liaison{{sfn|Maiuri|1932|p=52}}.

==== Maison d'Argus ====
[[Fichier:7 Ercolano042.JPG|vignette|alt=pelouse bordée d'une haie basse et d'une colonnade|Maison d'Argus, le jardin et son péristyle.]]

La maison d'Argus (''{{langue|it|Casa d'Argo}}''), découverte en 1828-1835, doit son nom à un tableau mythologique, [[Io (mythologie)|Io]] gardée par [[Argos (Panoptès)|Argus]], peint sur un des murs de la grande salle qui s'ouvre sur le péristyle, mais totalement effacé de nos jours{{sfn|Maiuri|1955|p=22}}. Ce devait être une belle et riche demeure, qui abandonne le plan traditionnel (elle n'a pas d'atrium), pour privilégier un grand jardin entouré sur trois côtés d'un péristyle à colonnes et à [[pilastre]]s<ref name="Bleu86"/>. Autour du portique, en hauteur, ont été trouvés des locaux d'habitation et de stockage qui reposaient sur une charpente de bois hélas perdue{{sfn|Maiuri|1955|p=23}}.

==== Maison du Génie ====
La maison du Génie (''{{langue|it|Casa del Genio }}''), dégagée en 1828, reste en partie enfouie, mais la partie visible limitée à une entrée secondaire sur le Cardo III, quelques pièces et une partie du péristyle témoignent de sa richesse. L'appellation de la maison vient d'une statuette en marbre d'un [[Amour (figure)|Amour]] ou d'un [[Genius (religion romaine)|Génie]], qui décorait un [[candélabre]]{{sfn|Maiuri|1955|p=23}}. Au centre d'un jardin soigné on voit encore la vasque d'une fontaine, en forme de rectangle allongé avec deux absides sur les petits côtés{{sfn|Maiuri|1955|p=24}}.

=== Insula III ===
[[File:Herculanum Insula III.jpg|thumb|alt=plan de l'îlot, rectangulaire avec un appendice au sud|Herculanum Plan sommaire de l'insula III.]]
L'insula III fut dégagée en deux temps : les travaux de la période 1828-1835 dégagèrent le Cardo III et partiellement les bâtiments adjacents sur une profondeur de six à huit mètres. Suivit une longue période d'abandon du site et il fallut attendre la reprise des travaux archéologiques en 1927 pour que l'insula soit mise au jour dans son intégralité{{sfn|Maiuri|1932|p=51}}.

==== Maison du Squelette ====
[[Fichier:Wall decorations, House of the Skeleton.jpg|vignette|gauche|alt=paroi avec abside en cul-de-four et panneaux décoratifs colorés en haut du mur|Maison du Squelette.]]

Sur le Cardo III, cette habitation où les premiers chercheurs de 1831 trouvèrent à l'étage des restes humains reçut de ce fait le nom de maison du Squelette (''{{langue|it|Casa dello Scheletro}}''){{sfn|Maiuri|1955|p=34}}. Cette maison présentait un atrium à la forme très particulière dit en tortue ({{latin|atrium testudinatum}}) au toit entièrement fermé et dépourvu de bassin d'{{latin|impluvium}} au sol, tandis que des fenêtres murales en dessous du toit procuraient lumière et aération. Au grand regret de Maiuri, les fouilleurs du {{s-|XVIII}} ne prirent aucune mesure de consolidation, laissant s'écrouler cet atrium unique : il ne reste de cette construction à l'origine à deux étages que le rez-de-chaussée{{sfn|Maiuri|1955|p=35}}.

La maison est exiguë, dépourvue de jardin ou de péristyle, mais décorée avec soin et luxe. Son {{latin|triclinium}} est pourvu d'un élégant [[nymphée]]. Dans une courette qui donne air et lumière à une grande pièce avec abside se trouve un autre nymphée avec un {{latin|sacellum}} finement décoré de mosaïques en perles de verre{{sfn|Maiuri|1955|p=35}}.

==== Maison à la cloison de bois ====
[[Fichier:Casa del tramezzo di legno.jpg|vignette|alt=sol avec un bassin carré bordé de dalles blanches et une table en pierre blanche|L'{{latin|[[impluvium]]}} de la maison à la cloison de bois.]]

La maison à la cloison de bois (''{{langue|it|Casa del Tramezzo di Legno}}''), remonte à l'époque samnite, mais a été quelque peu transformée à l'époque d'Auguste. La façade blanche est particulièrement intéressante, elle présente deux étages dans un excellent état de conservation, et un grand portail entouré de blocs de tuf, entre des petites fenêtres qui rappellent que dans les maisons romaines, lumière et air provenaient surtout des cours intérieures. Cette maison était à l'origine et selon A. Maiuri une élégante demeure aristocratique, qui occupait toute la largeur de l'insula, d'un cardo à l'autre. Elle fut divisée sur les côtés nord et ouest au milieu du {{s-|I}} en appartements de location pour plusieurs familles, qui pouvaient aussi profiter des espaces communs{{sfn|Maiuri|1955|p=32-33}}. Pour réaliser cette transformation, il fallut construire un étage au-dessus de l'atrium, tandis que les chambres contiguës au {{latin|Cardo III}} et au {{latin|decumanus minor}} furent transformées en boutiques. Dans l'une de ces boutiques, on récupéra et on restaura une presse en bois, carbonisée, mais complète avec ses hauts montants et sa vis de serrage. On suppose qu'un artisan l'employait pour le pressage des étoffes{{sfn|Maiuri|1932|p=60}}.
[[Fichier:Herculaneum Casa del Tramezzo di Legno Letto.jpg|alt=dans un angle de pièce, sommier en forme de grille|vignette|Lit carbonisé.]]
L'atrium toscan, très spacieux, conserve jusqu'à l'étage une décoration du [[style pompéien|{{IVe|style}}]]. En son centre le traditionnel {{latin|[[impluvium]]}} recueillait les eaux de pluie de l'ouverture du toit par des [[gargouille]]s en terre cuite en forme de tête de chien. On conserve dans l'atrium une table trouvée à l'étage, échappée par chance aux tunnels des premiers fouilleurs. Elle est formée d'une mince tablette de marbre clair supportée par un pied en colonne décoré d'une statuette de la divinité phrygienne [[Attis]]{{sfn|Maiuri|1932|p=59}}. Dans les vitrines disposées dans l'atrium sont exposés les objets trouvés dans la maison, dont des légumes secs. Autour de l'atrium sont distribuées plusieurs chambres à coucher ({{latin|cubicula}}). Dans l’une d’elles a été retrouvé un lit en bois carbonisé. Une chambre située à droite du couloir garde un pavement en mosaïque géométrique noire et blanche.

[[Fichier:Herculaneum Casa del Tramezzo di Legno -8.jpg|vignette|gauche|alt=grande pièce divisée par deux pans de cloison sombre|La cloison de bois, vue depuis l'atrium.]]

La maison doit son nom à la grande cloison de bois ornée de clous en bronze qui sépare l'atrium du {{latin|tablinium}} ; quoique carbonisée, elle a conservé sa forme aux deux tiers : il ne manque qu'une des trois portes à deux battants. Ce devait être un élément de mobilier relativement courant dans les maisons romaines, mais la facilité avec laquelle ce meuble pouvait finir comme bois d'œuvre ou de chauffage rend exceptionnelle cette découverte{{sfn|Maiuri|1955|p=33}}.

Le {{latin|tablinium}}, décoré de belles fresques sur fond rouge, servait de pièce de passage menant au jardin, entouré sur trois côtés d’un péristyle avec piliers et demi-colonnes, tandis que le quatrième côté était fermé par un mur orné de fresques de vues de jardin, surmonté d’une galerie très suggestive{{sfn|Maiuri|1955|p=33}}. Plusieurs pièces donnent sur le jardin : à droite une salle de passage conduit à la zone de service, avec côté à côte la cuisine et les latrines. Cette salle communique aussi avec la boutique donnant sur le {{latin|Cardo III}} où sont visibles deux {{latin|[[Typologie de la céramique grecque|dolia]]}} destinées à la conservation des denrées.

==== Maison en {{latin|opus craticium}} ====
[[Fichier:Graticcio.jpg|vignette|gauche|alt=rue avec balcon sur colonnade|Façade de la maison en {{latin|opus craticium}}.]]

La maison en {{latin|opus craticium}} (''{{langue|it|Casa a Graticcio}}'', traduit en « Maison en treillis » ou « Maison à clayonnage ») est un édifice de type populaire remarquable par sa technique construction, l’{{latin|opus craticium}}, uniquement connu jusqu'ici par [[Vitruve]]<ref>[[Vitruve]], ''De architectura'', livre II, 8, 20</ref>, et dont c'est l'exemple le mieux conservé qui soit parvenu depuis l'Antiquité : entre des piliers formés de lits de pierre et de briques alternés qui montent sur les deux niveaux de la maison, la trame des murs est constituée d'un [[colombage]] en bois, rempli par un treillis de bois et de roseaux noyé dans la maçonnerie en {{latin|[[opus incertum]]}}. Ces parois sont ensuite enduites et peintes. Cette méthode économique et rapide à réaliser semble attestée pour la construction de boutiques, mais devait être assez répandue pour les maisons des couches plus populaires{{sfn|Maiuri|1955|p=31}}.

La façade sur le Cardo IV est précédée d'un [[portique (architecture)|portique]] qui soutient une [[loggia]]. La disposition des locaux laisse supposer que plusieurs familles cohabitaient ici. En effet, le rez-de-chaussée et la petite boutique attenante et l'étage supérieur constituent deux appartements indépendants{{sfn|Penino|1989|p=89}}. Le couloir d'entrée mène, non à un atrium, mais à une petite cour à ciel ouvert qui donne sa lumière aux appartements des deux niveaux. Cette cour contient aussi un puits commun. Les chambres du premier appartement qui sont à l'étage supérieur sont intéressantes par le modeste mobilier encore en place : le châssis de bois des lits, une armoire avec de la vaisselle et quelques autres objets, les statuettes des [[Lares (mythologie)|Lares]], qui rendent proches les personnes qui habitèrent ici{{sfn|Maiuri|1955|p=32}}. La maison comprenait un autre appartement indépendant, accessible par un escalier dans la cour et chichement éclairé, à l'exception de la chambre en façade, où se trouvaient un {{latin|biclinium}}, lit à deux places, et un petit [[laraire]] domestique avec un portrait de femme sculpté dans le bois, de facture artisanale{{sfn|Maiuri|1932|p=66}}.

{{refnec|Les derniers travaux en particulier ceux de Monteix, à partir des carnets de fouilles de Maiuri, démontrent que la restitution de la maison effectuée sous la direction de ce dernier ne correspond pas aux observations faites lors du dégagement. La restitution obéissait à une volonté de rendre visitable le lieu tout en tenant compte de paramètres de faisabilité technique et de conservation dans le temps|date=22 décembre 2017}}.

==== Maison de l'Hermès de bronze ====
[[Fichier:Erma.jpg|vignette|alt=buste masculin de couleur vert bronze|L'Hermès de bronze.]]
[[Fichier:Herculanum Casa erma di bronzo.jpg|vignette|gauche|alt=plan de l'appartement en rectangle long et étroit|Plan de la petite maison de l'Hermès de bronze.]]

Donnant sur le Cardo IV, la maison de l'Hermès de bronze (''{{langue|it|Casa dell'Erma di Bronzo}}'') peut être considérée comme un exemple de maison [[Samnites|samnite]], par l'emploi de gros blocs de tuf dans les montants de portes et pour le bassin de l'impluvium, et ses dimensions réduites. L'atrium étroit et élevé dessert d'un côté deux pièces à l'entrée, de l'autre le {{latin|tablinium}} et un {{latin|triclinium}} au fond. Il divise l'étage en deux parties indépendantes, accessibles chacune par un escalier de bois. Dans le {{latin|tablinium}} est exposé un [[hermès (sculpture)|hermès]], trouvé dans une pièce de l'étage. Ce buste, aux traits vigoureux, mais de facture un peu grossière, pourrait être un portrait du propriétaire{{sfn|Maiuri|1955|p=29}}.

==== Maison de l'Auberge ====
La maison de l'Auberge (''{{langue|it|Casa dell'Albergo}}''), est ainsi nommée sur une déduction erronée pour sa proximité d'une entrée de la ville, ses nombreux locaux et sa dimension considérable, puisqu'elle s'étendait sur plus de la moitié de la surface de l'Insula III et sur le promontoire qui dominait le rivage. En réalité, c'était une riche et élégante demeure privée. Comme le constate Maiuri, elle est malheureusement dans un mauvais état de conservation, causé par le déferlement volcanique qui l'a balayée et par les tunnels creusés par les premiers fouilleurs{{sfn|Maiuri|1932|p=52 et 54}}.

Édifiée après le milieu du {{-s-|I}} et remaniée à la fin du {{-s-|I}}, la maison montre un niveau de luxe inégalé dans Herculanum : elle comprend de nombreuses pièces autour de son atrium ; elle dispose d'un [[thermes romains|bain privé]], unique cas connu à Herculanum, décoré de fresques du [[style pompéien|{{IIe|style}}]]{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=119-121}} et en état d'abandon au moment de la destruction{{sfn|Maiuri|1955|p=25-26}} ; elle enclot dans un péristyle un grand jardin, situé à un niveau inférieur à celui du portique et entouré d'une rigole d'irrigation. Les restes d'un arbre carbonisé ont été identifiés comme un [[poirier]], ce jardin intérieur devait donc être un [[verger]], qui est reconstitué de nos jours. Enfin sur l'avancée du [[promontoire]] par-dessus les remparts, un vaste [[Belvédère (architecture)|belvédère]] entouré de colonnes offrait un panorama splendide sur la mer. Pour aménager une terrasse pour ce belvédère, les constructeurs compensèrent la pente du promontoire en aménageant sous la terrasse des locaux en partie enterrés{{sfn|Maiuri|1955|p=26}}.

D'après certaines transformations en cours dans la maison, il semblerait que, endommagée par le tremblement de terre de 62, elle ait été vendue à un nouveau propriétaire, qui la transforma en immeuble commercial avec des boutiques et des ateliers{{sfn|Maiuri|1955|p=25}}.
<gallery caption="Maison de l'auberge">
File:Casa dell'Albergo (Ercolano) WLM 001.JPG|alt=Panorama sur une terrasse, avec ville moderne et Vésuve en fond|Vue d'ensemble de la maison.
Fichier:Albergo.jpg|alt=deux colonnes devant un espace vert en contre-bas|Grand péristyle entourant le jardin.
File:Casa dell'Albergo 12.JPG|alt=pièce aux murs peints de panneaux noirs encadrés de bandes rouges|L'{{latin|apodyterium}} (vestiaire des thermes). Décor du IIe style.
File:Herculaneum - Ercolano - Campania - Italy - July 9th 2013 - 25.jpg|alt=hautes arcades soutenant une terrasse|L'avancée du belvédère et ses sous-structures.
</gallery>

=== Insula IV ===
[[File:I08 309 Cardo V, große Taverne.jpg|alt=fontaine sur un angle de rues dallées brodées de trottoirs|vignette|Carrefour de la Grande taverne et son thermopolium.]]
Cette {{latin|insula}} borde la terrasse des remparts, ce qui offre une vue sur la mer pour les deux vastes demeures, maison des Cerfs et maison de l'Atrium en mosaïque qui occupent plus de la moitié de l'îlot. Une demi-douzaine de maisons plus modestes se partagent le reste de l'îlot. La '''Grande taverne''' derrière la fontaine de Neptune<ref group=alpha>Fontaine publique à double jet, elle est implantée à cheval sur le trottoir et la chaussée de façon à ne pas gêner la circulation piétonne et routière.</ref>, a été aménagée à l'angle du {{latin|decumanus minor}} et du Cardo V dans une ancienne demeure. Elle correspond à un {{latin|[[thermopolium]]}} qui présente un comptoir en forme de L : dans sa maçonnerie revêtue de marbre, sont insérés des {{latin|[[Dolium|dolia]]}} qui servaient au stockage des denrées en vrac. Il subsiste en haut des parois une fine décoration de la fin du [[style pompéien|IIIe style]]{{sfn|Guidobaldi|Esposito|2012|p=179}}.

Sur le Cardo V, la '''maison de l'Étoffe''' (''{{langue|it|Casa della Stoffa}}''), ancienne demeure bourgeoise dont il reste dans un salon des restes de la décoration d'origine du {{IIIe|style}}, devint l'atelier et la demeure d'une famille d'artisans et de marchands de tissus, comme en témoignent les nombreuses pièces de tissus trouvées dans une petite pièce du rez-de-chaussée{{sfn|Esposito|2005|p=131}}.

La '''maison du Foulon''' (''{{langue|it|Casa della Fullonica}}'') est ainsi identifiée grâce aux cuves de trempage qui s'y trouvent, contenant de la [[terre à foulon]] blanchâtre. Elle servait d'atelier et de demeure à une famille de [[foulonnier|foulons]], artisans spécialisés dans la finition des tissus. Le travail du foulon est connu par les fresques dans un atelier similaire de Pompéi, la ''{{langue|it|Fullonica di Stephano}}'', et consistait à faire tremper et à piétiner les étoffes ([[Foulage (textile)|foulage]]) dans les cuves, pour les rétrécir et les [[Feutre (textile)|feutrer]], ce qui avait pour effet de resserrer la trame et de donner moelleux et imperméabilité aux tissus. La teinture et le nettoyage des vêtements faisaient aussi partie de l'activité des foulons<ref>Nicolas Monteix, ''Les fullonicae de Pompéi. Reconstitution d'une chaîne opératoire à partir des sources littéraires, iconographiques et archéologiques'', Séminaire ''Sources historiques, sources archéologiques : apport réciproques'' 4 mai 2007 [http://www.college-de-france.fr/media/reg_ins/UPL40663_UPL48487_S_minaire.pdf]</ref>.

==== Maison de l'Alcôve ====
La maison de l'Alcôve (''{{langue|it|Casa dell'Alcova}}'') est contiguë de la maison du Foulon. Elle est formée par la réunion de deux habitations qui ont gardé leur caractère propre{{sfn|Maiuri|1955|p=29}}, la première comportant des pièces modestes, tandis que l'autre était une demeure aisée, richement décorée. L'atrium est couvert et conserve son pavement en {{latin|[[opus tessellatum]]}} et en {{latin|[[opus sectile]]}}. Il s'ouvre sur un {{latin|biclinium}} aux peintures du [[style pompéien|{{IVe|style}}]] et sur un grand {{latin|triclinium}} dallé de marbre à l'origine. Un couloir mène aux autres pièces, dont une alcôve en abside, qui reçoivent la lumière du jour par une petite cour{{sfn|Maiuri|1955|p=30}}.

==== Maison de l'Atrium en mosaïque ====
[[Fichier:Herculanum Casa Atrio a Mosaico.jpg|vignette|gauche|alt=plan, série de pièces sur trois côtés d'un espace vert central|Plan de la maison de l'Atrium en mosaïque.]]

La maison de l'Atrium en mosaïque (''{{langue|it|Casa dell'Atrio a Mosaico}}'') est une maison patricienne, voisine de la précédente. On y pénètre par le Cardo IV, et l'on débouche sur un vaste atrium au pavement en mosaïque très bien conservé, malgré l'ondulation de sa surface causée par le poids de la boue volcanique{{sfn|Maiuri|1955|p=28}}. Le visiteur se trouve alors face à un {{latin|tablinium}} plus vaste que la tradition, car divisé en trois nefs par deux colonnades. Ces pièces de réception et de travail, atrium et {{latin|tablinium}}, occupent à eux seuls une surface de terrain qui correspond à la parcelle d'une habitation courante. Il est probable que des réaménagements ont agrandi l'atrium et le {{latin|tablinium}} d'origine, et que les appartements privés furent reportés lors d'une extension de cette propriété sur la ou les parcelles voisines<ref name=Tran/>.

À droite de l'atrium, une porte et quelques marches permettent de descendre dans un péristyle d'une forme nouvelle, dit à fenêtres ou [[cryptoportique]], car ses entrecolonnements sont fermés par un mur percé de baies dont certaines boiseries carbonisées ont subsisté. Ce péristyle entoure un jardin intérieur et dessert deux blocs de bâtiments : sur un grand côté quatre chambres se répartissent symétriquement de part et d'autre d'une exèdre, décorée de fresques dont les motifs architecturaux encadrent de petits tableaux à thème mythologique teinté d'érotisme : [[Diane (mythologie)|Diane]] au bain, et le [[Dirce|Supplice de Dirce]], traînée par un taureau furieux. Le second ensemble de bâtiments forme le fond du péristyle ; il groupe plusieurs chambres autour d'une grande salle centrale de réception, ouverte d'un côté sur le péristyle et de l'autre sur une terrasse qui domine les anciens remparts, face à la mer. Deux petits [[belvédère (architecture)|belvédères]] sur la terrasse complètent un aménagement conçu pour jouir du panorama sur la baie{{sfn|Maiuri|1955|p=28-29}}.

L'ensemble de la demeure combine les éléments traditionnels alignés sur l'axe entrée – atrium – tablinium, mais son étendue principale suit un principe nouveau de maison centrée sur son jardin entouré d'un cryptoportique. Toutefois la symétrie autour des axes du jardin n'est pas équilibrée, avec des pièces sur deux côtés adjacents, tandis que le belvédère est en biais. La maison des Cerfs montre un plan plus achevé<ref name=Tran/>.
<gallery mode="packed" caption="Maison de l'Atrium en mosaïque">
Fichier:7 Ercolano010.JPG|alt=terrasse bâtie sur arcade, surmontée d'une seconde terrasse en retrait|Terrasse portant les deux belvédères et le bâtiment du {{latin|triclinium}}, au-dessus de la terrasse du front de mer.
File:Antigua ciudad de Herculano, Italia, 2023-03-27, DD 132.jpg|alt=couloir au sol de mosaique, deux pièces l'une derrière l'autre|Entrée, l'atrium et son bassin, au fond le {{latin|tablinium}}.
File:Casa dell'Atrio a Mosaico WLM23 001.JPG|alt=jardin entouré de batiments, en premier plan vestige de colonnades|jardin central, au fond, pièces encadrant l'exèdre, à droite, le {{latin|triclinium}}.
File:Casa dell'Atrio a Mosaico 5.JPG|alt=batiment cubique avec grande ouverture|bâtiment du {{latin|triclinium}} et pièce latérale, côte jardin.
</gallery>

==== Maison des Cerfs ====
La maison des Cerfs (''{{langue|it|Casa dei Cervi}}'') fait partie du groupe des maisons dites « panoramiques », construites de façon à profiter au maximum du splendide panorama du golfe. Construite à l'époque de [[Claude (empereur romain)|Claude]] et [[Néron]], elle suit un plan équilibré qui rompt avec l'architecture fermée et centrée autour de l'atrium de la maison traditionnelle ; elle s'ordonne autour d'un jardin, en deux zones : les appartements d'hiver, dont l'entrée avec l'atrium et un {{latin|triclinium}} d'hiver, les appartements d'été face à la mer avec un {{latin|triclinium}} d'été, des pièces de repos et la terrasse panoramique{{sfn|Maiuri|1955|p=64-65}}. Ces deux parties sont mises en relation par un portique autour du jardin. Ce portique, ou [[cryptoportique]] selon la dénomination qu'emploie [[Pline le Jeune]] pour cette innovation architecturale<ref>[[Pline le Jeune]], ''[[Lettres (Pline)|Lettres]]'', II, 17, 16 et 19</ref>, n'a pas de colonnes comme le modèle grec, mais est constitué de quatre sections d'un corridor couvert et fenêtré, entourant en son centre le jardin, un grand {{latin|triclinium}} et deux pièces de repos. La série de fenêtres d'un cryptoportique permettait ainsi que Pline le décrit de ventiler et rafraîchir les appartements, ou en mauvaise saison de les isoler des vents froids, tout en profitant de la vue sur l'extérieur. Enfin, le positionnement des {{latin|triclinia}} dans le grand axe du jardin matérialise la symétrie recherchée par l'architecture romaine, et offre de belles perspectives sur le jardin et le paysage marin<ref name=Tran/>.

On entre par le Cardo V. Le couloir d'entrée mène dans un atrium de modeste dimension et dépourvu d'ouverture de toit ({{latin|compluvium}}) et du bassin de recueil des eaux ({{latin|impluvium}}). Il est suivi d'un grand {{latin|triclinium}} aux parois décorées de grands panneaux noirs encadrés de fines architectures rouges du [[style pompéien|{{IIIe|style}}]] et pavé d'un dallage de différentes sortes de marbre<ref name="Bleu86"/>. Toujours dans cette partie de bâtiment se trouvent deux petites salles, dont une est finement décorée de peintures du {{IVe|style}} sur fond rouge. Une antichambre mène à la cuisine et à une latrine.

Le vaste portique central n'a pas de colonnes, mais est constitué de quatre sections d'un  [[cryptoportique]] (corridor couvert et fenêtré), entourant en son centre le jardin, un grand {{latin|triclinium}} et deux salons. L'intérieur de ce cryptoportique était décoré de façon variée avec plus de soixante tableaux de paysages et d'amours, dont un grand nombre ont été détachés au {{s-|XVIII}} et se trouvent au musée national de Naples{{sfn|Maiuri|1955|p=65}}. Le jardin était agrémenté de sculptures et de tables en marbre, qui ont été à l'époque moderne exposées dans diverses pièces, puis remises dans le jardin. Là on peut admirer les deux célèbres groupes en marbre figurant des [[cerf]]s assaillis par des chiens (hauteur de chaque groupe : {{unité|60|cm}}, longueur {{unité|54|cm}}<ref>Archéologia n° 301, mai 1994</ref>), une statue en marbre d'un [[satyre]] portant une outre sur l'épaule, et enfin une statue d'Hercule ivre, selon l'anecdote de sa rencontre avec Bacchus<ref name=Tran/>.

Le vaste portail qui menait du cryptoportique au jardin était décoré de mosaïques : au centre du fronton on voit encore la figuration de l'[[Océan (mythologie)|Océan]], symbolisé par une grande tête barbue ; sur l'[[architrave]] se déroule une frise d'[[Amour (figure)|amours]] chevauchant des [[hippocampe (mythologie)|hippocampes]]. Le grand {{latin|triclinium}} d'été s'ouvre sur le jardin, il conserve une petite partie de sa décoration somptueuse, et est flanqué de deux salles de repos spacieuses. La partie sud du cryptoportique s'ouvre sur une magnifique loggia panoramique comprenait au centre une [[pergola]] dont le toit repose sur quatre piliers et deux chambres sur les côtés. Devant, une grande terrasse découverte sert de solarium au-dessus des anciens remparts{{sfn|Maiuri|1932|p=73-76}}.
<gallery mode="packed" caption="Maison des Cerfs">
Fichier:Antigua ciudad de Herculano, Italia, 2023-03-27, DD 90.jpg|alt=pièce, murs peints en carrés noirs entourés de rouge|{{latin|Triclinium}} aux panneaux noirs.
Fichier:Casa dei Cervi WLM23 004.JPG|alt=couloir au sol en mosaïque|Couloir du cryptoportique.
Fichier:Antigua ciudad de Herculano, Italia, 2023-03-27, DD 98.jpg|alt=mur à enduit rouge et bleu, avec deux tableaux|Petits tableaux décorant le cryptoportique.
Fichier:I08 312 »Haus der Hirsche«.jpg|alt=jardin décoré de sculptures blanches, au fond mur avec ouverture sous un fronton triangulaire|Vue sur le {{latin|triclinium}} depuis le jardin. Sculptures : au premier plan, les Cerfs assaillis par les chiens ; au centre guéridon ; au fond à gauche, Satyre portant une outre, à droite, Hercule ivre et pissant.
Fichier:Casa-dei-Cervi.jpg|alt=série de petits édifices sur une terrasse|Terrasse au-dessus des anciens remparts.
</gallery>

=== Insula orientalis I ===
Borné par le Cardo V qui descend vers la porte Marine, par une ruelle perpendiculaire au Cardo d'un côté et par le tracé des remparts de l'autre, placé sur une surface en déclivité, cet îlot est le plus ramassé et le moins régulier de ceux que l'on connaît. Comme dans les autres parcelles qui dominaient la mer, une somptueuse demeure, la maison du Relief de Télèphe, occupe la majeure partie de l'emplacement, savamment agencée pour profiter de la vue sur la baie{{sfn|texte = Plan d'ensemble de 2017|id=Pianta}}.

==== Maison du Relief de Télèphe ====
[[Fichier:Herculaneumruins1.jpg|vignette|gauche|alt=bassin carré devant trois colonnes rouges|Atrium, {{latin|oscilla}} pendus entre les colonnes.]]
[[Fichier:Relief of Telephus.jpg|vignette|alt=bas-relief, à gauche, Hercule nu debout devant une femme assise ; à droite, un soignant penché au-dessus de la cuisse d'un blessé assis|Le bas-relief de Télèphe. Achille soigne Télèphe en grattant la rouille de sa lance sur la blessure à la cuisse{{sfn|Pappalardo|2001|p=931}}.]]

La maison du Relief de Télèphe, propriété du patron de la cité Nonius Balbus{{sfn|Pappalardo|2001|p=931}}, est une des plus belles habitations de la partie méridionale de la cité, malgré les nombreuses irrégularités de son plan, dues à la nature du terrain sur lequel elle est édifiée et au respect des constructions préexistantes voisines, dont la maison de la Gemme{{sfn|Maiuri|1955|p=67}}. Le décor peint de cette maison date de la période [[Flaviens|flavienne]]. En traversant un ample vestibule, on entre dans l'atrium, de forme assez originale, voisine du modèle typique de l'architecture privée du monde grec : il est divisé en trois nefs par deux séries de colonnes, et dans les entrecolonnements sont pendus des {{latin|oscilla}} de marbre représentant des masques de théâtre et des figures de satyres. L'atmosphère suggestive de l'habitation est accrue par la couleur rouge vif des colonnes et des murs. Au fond de l'atrium s'ouvre le {{latin|tablinium}} ; sur la gauche, deux petites portes conduisent au quartier domestique, doté d'une étable au plafond bas. La partie restante de la maison suit une orientation différente et se trouve sur un niveau plus bas. On la rejoint par un couloir en descente raide situé sur le côté du {{latin|tablinium}}. Un grand péristyle avec des colonnes en briques entoure un jardin spacieux, qui conserve encore en son centre une vasque rectangulaire et sur lequel s'ouvrent trois pièces de réception, richement décorées de [[marbre]]{{sfn|Maiuri|1955|p=67-68}}. Par un autre couloir on rejoint une terrasse panoramique, sur laquelle s'ouvrent d'autres pièces, dont une luxueusement décorée de marbre polychrome. Dans une petite pièce voisine, on trouva le [[bas-relief]] néo-attique du mythe de [[Télèphe]], un fils d'Hercule, qui a donné son nom à la maison{{sfn|Penino|1989|p=103}}{{,}}{{sfn|Maiuri|1955|p=69}}.

==== Maison de la Gemme ====
La maison de la Gemme (''{{langue|it|Casa della Gemma}}'') doit son nom au joyau d'[[Claude (empereur romain)|époque claudienne]] qu'on y découvrit. L'atrium de [[ordre toscan|type toscan]] a des murs peints en noir et en rouge et est séparé du {{latin|tablinium}} par des colonnes médiantes ; du {{latin|tablinium}} on accède à une chambre à coucher et à un grand balcon autrefois fermé de fenêtres. Depuis le fond de l'atrium, on rejoint par un vestibule et un couloir les pièces ouvertes sur la terrasse panoramique : la grande salle servant de {{latin|triclinium}} conserve encore au sol sa fine décoration au dessin géométrique. Par un couloir étroit à la droite de l'entrée on atteint la cuisine et une latrine. On y a trouvé un [[graffiti]] qui rappelle avec effronterie le passage du médecin de l'empereur [[Titus (empereur romain)|Titus]] : {{latin|Apollinaris medicus Titi imp(eratoris) hic cacavit bene}}<ref>{{CIL|04|10619|R=}}.</ref>{{,}}{{sfn|Maiuri|1955|p=66-67}}.

== Constructions extra-muros ==
=== Porte marine et Aire sacrée ===
[[Fichier:Old waterfront.jpg|vignette|gauche|alt=Vue en enfilade de la terrasse, à gauche, et de l'ancien rivage, en vert|L'aire sacrée, entre les remparts et l'ancien front de mer]]
[[Fichier:Senator M. Nonius Balbus.jpg|vignette|alt=Haut de statue, homme bras levé, torse en cuirasse|La statue de Nonius Balbus (copie)]]

Le Cardo V descend vers le rempart, et débouche sur la Porte Marine. Accolée au rempart, une rampe mène à une terrasse aménagée sur les hangars qui bordaient le rivage. Là, sur une esplanade en marbre se dresse la statue d'un des plus influents citoyens d'Herculanum, Nonius Balbus, érigée par ses concitoyens après sa mort. De là, partait chaque année une procession en son honneur<ref name="AE0144"/>. L'emplacement fut identifié en 1939 par la base de la statue avec son inscription honoraire. La tête a été retrouvée en 1942 par [[Amedeo Maiuri]], et une partie du corps en cuirasse d'apparat en 1981. Le reste du corps est probablement encore pris dans les sédiments volcaniques. Après un long travail préparatoire sur les moulages en résine des fragments, ceux-ci ont été réassemblés. La statue ainsi rénovée a rejoint les collections du musée tandis qu'une copie est exposée à sa place originelle.

L'esplanade de Nonius est encadrée d'un côté par les Thermes suburbains, de l'autre par une seconde terrasse, dite « l'Aire sacrée » (''{{langue|it|Area Sacra}}''). Cette aire comporte plusieurs bâtiments, et au moins deux temples construits durant la période augustéenne. Depuis la relecture d'une inscription trouvée sur la plage, il est possible d'attribuer à Vénus le temple occidental (ex ''{{langue|it|Sacello B}}''), réparé par Vibidia Saturnina et son fils Aulus Furius Saturninus<ref>{{AE|2008|358}}</ref> dans les années 70<ref>{{article|langue=it |auteur1=G. Camodeca |titre= Evergeti ad Ercolano: le iscrizioni di dedica del tempio di Venere |périodique=Rendiconti della Pontificia Accademia di Archeologia |numéro= 81 |année= 2008 | passage= 47‑67}}.</ref>. Il est possible que le temple A soit également à attribuer à Vénus et non plus aux quatre divinités représentées sur un autel également découvert sur la plage<ref>{{chapitre|langue=it | auteur1=M.P. Guidobaldi, A. Balasco, G. Camodeca |titre= Il Tempio di Venere nell’Area Sacra di Ercolano: anastilosi e ricostruzione dell’epigrafe dedicatoria |titre ouvrage=Nuove ricerche archeologiche nell’area vesuviana (scavi 2003-2006) |lieu= Naples |éditeur= Electa Napoli |collection= Studi della Soprintendenza archeologica di Pompei |numéro dans la collection= 25 |année= 2008 |passage= 560‑563}}.</ref>.

=== Thermes suburbains ===
[[File:Termas Suburbanas Herculano.jpg|vignette|alt=escalier menant dans une pièce à colonnes|Escalier d'entrée du vestibule des thermes.]]
Sur l'esplanade de Nonius s'ouvre l'entrée principale des [[thermes romains|thermes]] suburbains, plus récents que les thermes du forum{{sfn|Maiuri|1955|p=71}}, et datés de l'[[Flaviens|époque flavienne]]<ref name="Bleu86"/>. Les thermes suburbains n'avaient pas, comme c'était l'usage, une section pour les hommes et une pour les femmes. L'espace réduit entre les remparts et le rivage ne permettait pas un tel développement, pas plus que la présence d'une [[palestre]]. Ces thermes étaient probablement réservés aux hommes ou servaient alternativement aux deux sexes.

L'entrée est constituée d'un portail dont les colonnes soutiennent un [[tympan (architecture)|tympan]] triangulaire. Quelques marches mènent dans un vestibule éclairé comme un puits par une lucarne au-dessus d'une structure de quatre colonnes à [[fût (architecture)|fût]] lisse sur lesquelles reposent des petits arcs en plein cintre. Dans ce vestibule, on peut admirer le beau et mélancolique buste en marbre d'[[Apollon]], soutenu par un [[pilastre]] d'où jaillissait l'eau que recueillait une [[lavabo|vasque]] ronde placée sur un pilier{{sfn|Storti|1978|id=Storti|p=72, 79}}. De ce vestibule on accède aux diverses parties, toutes parfaitement conservées. Une salle unique, en grande partie occupée par la piscine, faisait fonction soit d'{{latin|[[apodyterium]]}} (vestiaire) soit de {{latin|[[frigidarium]]}}. Entre le {{latin|[[tepidarium]]}} et le {{latin|frigidarium}} se trouve une pièce élégamment décorée de [[stuc]]s et de marbres et dotée de sièges de marbre disposés le long des murs : ce pouvait être une sorte de salle d'attente.

Des [[graffiti]]s ont été découverts sur les murs des thermes. Quelqu'un a fait le compte de ses achats dans une [[cursive romaine|écriture cursive]] abrégée : <br /><center>{{citation|{{latin|Nuc(es?) {{nobr romains|biber(es) XIIII}} singa(m) II panem III {{nobr romains|orrellas III XII}} {{nobr romains|thymatla IIII VIII LI}}}}.}}</center>
ce qui peut se traduire par {{citation|Noix(?) ; boissons 14 ; saindoux 2 ; pain 3 ; 3 boulettes 12 ; 4 saucisses 8. Total 51}}<ref>{{CIL|04|10674|R=}}.</ref>

D'autres ont pérennisé leur avis de consommateurs :
<center>{{citation|{{latin|duo sodales hic fuerunt et cum diu malum<br />ministrum in omnia haberent<br />nomine Epaphroditum vix tarde<br />eum foras exigerunt<br />consumpserunt persuavissime cum futuere {{nobr romains|HS CVS}}}}.}}</center>
<center>{{citation|On était ici deux compagnons, et comme on a eu longtemps un mauvais serveur pour tout, un nommé Epaphrodite, on l'a fichu dehors et on a dépensé très agréablement, baise comprise, 105 [[sesterce]]s et demi}}<ref>{{CIL|04|10675|R=}}</ref>.</center>

=== Villa des Papyrus ===
{{Article détaillé|Villa des Papyrus}}
[[Fichier:Maison des Papyrus.jpg|vignette|alt=plan montrant un grand rectangle avec un bassin en bleu, groupe de pièces à droite|Plan de la villa des Papyrus, dressé au {{s-|XVIII}} par Charles Weber.]]
[[Fichier:Pool at Getty Villa.JPG|vignette|gauche|alt=long bassin rectangulaire entouré d'un jardin et d'un péristyle|Piscine de la [[Villa Getty]], musée californien se voulant une reconstitution de la villa des papyrus.]]
Cette grande villa suburbaine fut découverte de façon fortuite en 1750 lors du creusement d'un puits. Elle se situait à quelque distance de l'Herculanum antique, dont elle était séparée par le lit d'un ancien ruisseau. Face à la mer, dans un espace très salubre, la villa était parfaitement reliée aux villes et installations situées à proximité{{sfn|Maiuri|1955|p=76-78}}.

Explorée laborieusement par des galeries souterraines, elle révèle rapidement des trésors artistiques : des séries de statues et de bustes magnifiques en bronze et en marbre en sont extraites, et en 1753 on découvre une bibliothèque contenant quelque {{formatnum:1800}} rouleaux de papyrus carbonisés. Malgré le grand intérêt du site, les explorations furent abandonnées en 1761 en raison de l'accumulation dangereuse dans les galeries de gaz carbonique d'origine volcanique{{sfn|Maiuri|1932|p=84-87}}{{,}}{{sfn|Maiuri|1955|p=76}}. La reprise de fouilles, à ciel ouvert cette fois, a été organisée dans les années 1996-1998. Elles ont permis de mettre au jour l'atrium et un niveau inférieur situé sous les fouilles des Bourbons, que les plans du {{s-|XVIII}} ne signalaient pas. {{citation|Entre 2007 et 2009, nous avons mis en évidence une salle couverte de fresques, précise la directrice du site, Maria Paola Guidobaldi. La pièce porte les traces de plusieurs phases décoratives : un plafond de stuc datant de la construction de la villa, autour de l'an 40 avant notre ère, une rénovation sous l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]], et de nouveaux embellissements, encore en cours le jour de l'éruption}}<ref name="GEO p.94"/>.

[[Fichier:Seneca.JPG|vignette|alt=tête masculine, cheveux en mèches|''Pseudo-Sénèque'', bronze et pâte de verre, hauteur {{unité|33|cm}}, [[Musée archéologique national de Naples]].]]

Cette villa a été reconnue comme étant la résidence au bord de mer de [[Lucius Calpurnius Piso Caesoninus (consul en -58)|Lucius Calpurnius Piso Caesoninus]], beau-père de [[Jules César]]. Piso, érudit qui a patronné des poètes et des philosophes, y constitua une [[bibliothèque]], la seule retrouvée depuis l’[[Antiquité]]{{sfn|Maiuri|1955|p=78}}. Les rouleaux de [[papyrus (papier)|papyrus]], carbonisés, sont conservés à la [[Biblioteca nazionale Vittorio Emanuele III|Bibliothèque nationale de Naples]]. Les rouleaux sont particulièrement fragiles, mais certains ont pu être déroulés, avec des degrés variables de succès et des destructions. Ce qui a été déchiffré montre des traités philosophiques d'un auteur [[épicurisme|épicurien]], [[Philodème]]. Une lecture assistée par ordinateur dans la gamme des [[infrarouge]]s, fournit un contraste qui permet de rendre l’encre lisible<ref name="Walker"/>.

Le plan de la villa est conforme au type de la villa suburbaine répandu dans la baie de Naples : l'atrium ne sert que de vestibule contrairement à la maison traditionnelle. Les pièces à vivre sont réparties autour de péristyles et terrasses, pour des raisons de luminosité. La villa possède également un vaste jardin où sont présents espaces à couvert et dégagés afin de profiter du soleil{{sfn|Maiuri|1955|p=78-80}}. L'entrée du côté de la mer possédait un portique à colonnes. Elle permettait d'accéder à l'atrium richement orné : l'{{latin|impluvium}} était orné de statuettes, de même pour des niches aménagées{{sfn|Maiuri|1955|p=80}}.

Le premier péristyle de forme carrée entourait une piscine aux angles ornés d'une fontaine en forme de coquille et de statuettes de bronze. À l'est de cet espace se situaient des pièces destinées à l'habitat et aux loisirs, et dans une de celles-ci furent trouvés les papyrus ayant donné leur nom à la villa{{sfn|Maiuri|1955|p=80}}. À l'ouest se situait un vaste péristyle de {{unité|100|mètres}} de long sur {{unité|37|mètres}} de large, avec une piscine de dimensions {{dunité|66|7|mètres}}{{sfn|Maiuri|1955|p=80-81}}. Le long de l'ambulacrum et dans tout l'espace lié à ce grand péristyle les fouilleurs découvrirent « une véritable galerie d'œuvres d'art » témoignant du goût du maître des lieux : groupes d'animaux, de danseuses, représentations de faunes, de philosophes (dont le célèbre ''Pseudo-Sénèque'', portrait d'un vieil homme émacié identifié au philosophe [[Sénèque]], mais daté de la fin de l'époque hellénistique){{etc.}}{{sfn|Maiuri|1955|p=81}}. Vers l'ouest, au-delà du grand péristyle, une allée conduit à un kiosque rond situé sur un belvédère surplombant de {{unité|4|mètres}} la campagne. La villa était alimentée en eau par un aqueduc souterrain{{sfn|Maiuri|1955|p=81}}.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références| groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références nombreuses| taille=30}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets| commons=Category:Herculaneum | wikt=Herculanum}}

=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* {{Ouvrage | titre=Pompéi, Herculanum et Stabies, les villes ensevelies | lieu=Venise | éditeur=Edizioni Storti | année=1978 | pages totales=80 | isbn= | id=Storti}} {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=it+en |auteur1=Gina Carla Ascione |titre={{langue|it|L’Antiquarium di Ercolano}}, {{langue|en|The Antiquarium of Herculaneum}} |éditeur=Electa Napoli, Soprintendenza archeologica di Pompei |année=2000 |pages totales=134 |isbn=8843586750}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=it|auteur1=Maria-Paola Guidobaldi|auteur2=Domenico Esposito|traducteur=Denis-Armand Canal|titre=Herculanum|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie nationale|année=2012|pages totales=352|isbn=978-2-330-01193-2}} {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Alix Barbet]] |titre=Les cités enfouies du Vésuve |sous-titre=Pompéi, Herculanum, Stabies et autres lieux |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=2001 |pages totales=232 |isbn=2213609896}} {{plume}}
* [[Jérôme Charles Bellicard]], ''Observations sur les antiquités de la ville d'Herculanum, avec quelques réflexions sur la peinture et la sculpture des anciens, et une courte description de quelques antiquités des environs de Naples'', première édition en 1754, réédition par les Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1997, {{ISBN|2862720941}}112 pages
*{{Ouvrage |langue=it |auteur1=Domenico Esposito |titre=Thèse sur la peinture à Herculanum {{langue|it|La pittura di Ercolano}} |éditeur=Università degli studi di Napoli Frederico II |année=2005 |pages totales=245 |isbn= |lire en ligne=http://www.fedoa.unina.it/1085/1/Tesi_Esposito_Domenico.pdf}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Robert Étienne]] |titre=La Vie quotidienne à Pompéi |lieu=Paris |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]] |année=1989 |pages totales=440 |isbn=2010153375}}{{plume}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Arnold de Vos|auteur2=Mariette de Vos|titre=Pompei, Ercolano, Stabia|lieu=Rome, Bari|éditeur=[[Éditions Laterza]]|année=1982|pages totales=380|isbn=}}
* {{article|auteur1= Chantal Grell |titre=Les voyageurs à Herculanum |périodique= Dix-huitième Siècle |numéro=22 |année= 1990 | pages= 83-94 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1990_num_22_1_1743 |plume=oui}}.
* Françoise Gury, ''La découverte de Télèphe à Herculanum'', KJVFG (Kölner Jahrbuch für Vor- und Frühgeschichte / Römisch-Germanisches Museum, Amt für Archäologische Bodendenkmalspflege und Archäologische Gesellschaft Köln - Berlin), {{numéro|24}}, 1991
* Wilhelmina Mary Feemster Jashemski, Stanley A Jashemski, ''gardens of Pompeii, Herculaneum and the villas destroyed by Vesuvius '', 1979 - 1993
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Richard de Kind |titre=Houses in Herculaneum. A New View on the Town Planning and the Building of Insulae III and IV |lieu=Amsterdam |éditeur= |année=1998 |pages totales=VII-332 |isbn=90-5063-517-2}}.
:{{article |auteur1=Pierre Gros |titre=Notes de lecture de l'ouvrage de Richard de Kind |périodique=L'antiquité classique |tome= 72 |année= 2003 |pages= 634-636 |url texte=https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_2003_num_72_1_2530_t1_0634_0000_3}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Amedeo Maiuri]] |titre=Herculanum |éditeur=Alpina |année=1932 |pages totales=108 }}{{plume}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Amedeo Maiuri|titre=Ercolano. I nuovi scavi (1927–1958)|éditeur=Libreria dello Stato|année=1958|pages totales=108}}
* {{Ouvrage|langue=it|auteur1=Amedeo Maiuri|titre=Cronache degli scavi di Ercolano|sous-titre=1927-1961|lieu=Sorrento (Napoli)|éditeur=Franco di Mauro|année=2008|pages totales=158|isbn=9788887365627}}
* {{Ouvrage |auteur1=Amedeo Maiuri |titre=Herculaneum |lieu=Rome |éditeur=Libreria dello Stato |année=1955 |numéro d'édition=4 }}{{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Stephan T.A.M. Mols |titre=Wooden furniture in Herculanum |lieu=Amsterdam |éditeur=J.C. Gieben |année=1999 |pages totales=321 |isbn=905063317X |id=Mols}}.
* {{chapitre|auteur1=Nicolas Monteix |titre= Les boutiques et les ateliers de l'insula VI à Herculanum |titre ouvrage= {{langue|it|Contributi di archeologia vesuviana. I}} |lieu= Rome |éditeur= « L'Erma » di Bretschneider |année= 2006 |passage=7-76 
 |isbn=8882653773 |plume=oui}}. 
* Nicolas Monteix, « Amedeo Maiuri et les boutiques d'Herculanum : approche historiographique », in E. C. De Sena et H. Dessales (éd.), ''Metodi e approcci archeologici : l’industria e il commercio nell’Italia antica – Archaeological Methods and Approaches : Industry and Commerce in Ancient Italy'', [[Oxford]], [[Archaeopress]], 2004 (« British Archaeological Reports – International Series », 1262), p.&nbsp;291-299 {{ISBN|1841716200}}.
* {{article |langue=it|auteur1=Mario Pagano |titre=Rappresentazioni di imprese di Ercole ad Ercolano : alcune novità |périodique= Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité | tome= 113 |numéro=2 |année= 2001 |pages= 913-923 |url texte=https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_2001_num_113_2_9663}}.
* {{article|auteur1= Umberto Pappalardo |titre= Le mythe d’Héraclès à Herculanum |périodique= Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité |tome= 113 |numéro=2 |année= 2001|passage= 925-945|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_2001_num_113_2_9664 |plume=oui}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Luciano Penino |titre=Les Villes ensevelies par le Vésuve |éditeur=Matonti-Salerne |année=1989 |isbn= |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Tran Tam Tinh |titre=Le culte des divinités orientales à Herculanum |lieu=Leyde, Pays-Bas |éditeur=[[Éditions Brill]] |année=1971 |isbn= |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Tran Tam Tinh |titre=Isis lactans |sous-titre=Corpus des monuments gréco-romains d'Isis allaitant Harpocrate |éditeur= |année=1973 |isbn=9004037462}}
* {{Ouvrage| langue=fr, it, en| auteur1=Collectif| titre=Ercolano 1738-1988: 250 anni di ricerca archeologica. Atti del Convegno internazionale (Ravello-Ercolano-Napoli-Pompei 30 ottobre-5 novembre 1988)''| lieu=Rome| éditeur=L'Erma di Bretschneider| année=1993| pages totales=692| isbn=8870628078| plume=oui}}
**{{chapitre|langue=it|auteur1=Giuseppe Guadagno |titre= Ercolano. Eredità di cultura et nuovi dati |titre ouvrage= Ercolano 1738-1988 |année= 1993 |passage= 77}}.
**{{chapitre |auteur1=Chantal Grell|auteur2= Christian Michel |titre= Erudits, hommes de lettres et artistes en France au {{s-|XVIII}} face aux découvertes d'Herculanum|titre ouvrage= Ercolano 1738-1988 |année= 1993 |passage= 133 et suiv.}}
**{{chapitre|langue=en |auteur1=Richard de Kind |titre= The houses dell'Atrio Corinzio and del Sacello di Legno at Herculanum. Metrological analysis and Building history|titre ouvrage= Ercolano 1738-1988 |année= 1993 |passage= 219-220 |id=Kind }}.
**{{chapitre|langue=en |auteur1=Marie Christine van Binnebeke |titre= The houses dell'Atrio Corinzio and del Sacello di legno in Herculanum, the use of space |titre ouvrage= Ercolano 1738-1988 |année= 1993 |passage= 230-231|id=Binnebeke}}.
**{{chapitre |auteur1=Tram Tan Tinh,|titre= Quelques réflexions sur la Casa dei Cervi à Herculanum |titre ouvrage= Ercolano 1738-1988 |année= 1993 |passage= 253 et suivantes |id=Tinh}}.

=== Articles connexes ===
==== Sites ====
* [[Boscoreale]]
* [[Oplontis]]
* [[Pompéi]]
* [[Stabies]]

==== Éruption de 79 ====
* [[Éruption du Vésuve en 79]] 
* [[Géologie et histoire éruptive du Vésuve]]

==== Ressources ====
* [[Style pompéien]]
* [[Musée archéologique national de Naples]]
* [[Peinture romaine]]
* [[Mosaïque romaine]]
* [[Villa romaine]]
* [[Villa suburbaine]]
* [[Villa urbana]]
* [[Domus]]

==== Autres cités antiques ensevelies par des éruptions ====
* [[Akrotiri (Santorin)|Akrotiri]]
* [[Joya de Cerén]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{lien web |langue=en + it | format=PDF | titre=Pianta del Parco Archeologico di Ercolano |url=https://ercolano.beniculturali.it/wp-content/uploads/2018/07/mappa_scavi_ercolano_2017.pdf |site= ercolano.beniculturali.it |date=2017 |id=Pianta |libellé=Plan du parc archéologique d'Herculanum |consulté le=2 décembre 2023}}.
* {{lien web |langue=en |titre= Herculanum panorama |url=https://web.archive.org/web/20100220195607/http://www.proxima-veritati.auckland.ac.nz/Herculaneum/index.html |date=2001-2009 | consulté le=2 décembre 2023 | libellé=Herculanum, plans et photos}}.
* {{lien web |langue=en |titre= The Herculanum society |url= http://www.herculaneum.ox.ac.uk/ |date= 2017 |consulté le=2 décembre 2023}}.

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