Voir la source de Erreur scientifique

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[[Fichier:Ptolomaeus.jpg |vignette |350px |Représentation simplifiée du modèle de l'univers ptoléméen parue dans l'atlas d'[[Andreas Cellarius (astronome)|Andreas Cellarius]], [[Harmonia Macrocosmica]], publié en 1660.]]

L''''erreur scientifique''' consiste en un raisonnement, une théorie ou une affirmation se réclamant de la science mais qui se trouve [[Réfutation|réfuté]] par la [[communauté scientifique]]. À la différence de la [[fraude scientifique]], l'erreur est involontaire. Elle peut se retrouver dans tous les domaines des sciences, à toutes les époques et sous de multiples formes. Certaines erreurs scientifiques peuvent avoir des conséquences très négatives, notamment celles pouvant altérer la [[santé]] humaine, la [[biodiversité]] ou l'équilibre de l'[[environnement]].

== Méthode et erreur scientifiques ==
La définition et la caractérisation de la [[Méthode scientifique|méthode (ou démarche) scientifique]] fait l'objet de très nombreux ouvrages et études depuis les premières mentions dans les écrits d'[[Aristote]], en passant par le [[Discours de la méthode|Discours de la Méthode]] de [[René Descartes]] jusqu'aux écrits des {{XXe}} et {{XXIe}} siècles de [[Henri Poincaré|Poincaré]], [[Gaston Bachelard]], [[Thomas Kuhn]] ou encore [[Karl Popper]]. Elle peut être résumée comme<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=CEA |titre=La démarche scientifique |url=https://www.cea.fr/comprendre/Pages/physique-chimie/essentiel-sur-demarche-scientifique.aspx |site=CEA/Découvrir & Comprendre |date=2018-09-19 |consulté le=2023-12-11}}.</ref> :

* une suite ordonnée d'étapes : observation<ref group="Note">En mathématiques, l'idée initiant le questionnement peut ne pas être une observation, mais, par exemple, l'intuition d'un problème non résolu, ou de la possibilité d'élargir un sujet déjà traité à un champ d'application plus vaste.</ref>, formulation d'un questionnement, émission et tests d'[[hypothèse]]s, construction d'un [[modèle]], d'une [[théorie]] ou, plus généralement, d'un résultat (affirmation, nombre, etc.). Chacune de ces étapes peut être parcourue plusieurs fois, notamment pour tester les hypothèses, ou encore confronter le modèle, la théorie ou le résultat à d'autres observations, ou d'autres modèles concurrents.
* un raisonnement méthodique : logique, induction et déduction, etc.
* l'emploi d'outils scientifiques adéquats, physiques (thermomètres, balance, interféromètre, etc.) ou immatériels (par exemple théories et formules mathématiques ou physiques) réputés  éprouvés dans la communauté scientifique.

En sciences expérimentales, il est en outre considéré que la méthode employée et le résultat obtenu doivent être reproductibles.

Au {{s-|XXI}}, certaines définitions sont complétées par la nécessité d'une revue par les pairs et la publication dans des revues spécialisées.

Par [[Proposition contraposée|contraposée]], une erreur scientifique est un modèle, une théorie ou, plus généralement, un résultat qui se réclame d'une démarche scientifique mais s'avère erroné.

== La nature des erreurs scientifiques ==
Des erreurs scientifiques ont été constatées dans tous les domaines de la science, et à toutes les époques. Elles peuvent être de plusieurs natures<ref name=":2" /> :
* erreur triviale : calcul faux, erreur dans les unités ou les formules utilisées, hypothèses incohérentes, logique déductive ou inductive défaillante, etc. Une telle erreur peut être très difficile à détecter si les outils ou raisonnements employés sont très sophistiqués.
* erreur expérimentale : le protocole visant à tester des hypothèses a été mal défini ou perturbé durant son déroulement (pollution d'échantillons, etc.).
* erreur par interprétation : les résultats obtenus sont interprétés trop rapidement (sans chercher de contre exemples, etc.) ou leur signification étendue en dehors du champ des hypothèses retenues.
* erreur par ignorance : c'est très généralement le cas lorsque des non spécialistes (grand public, politiques, scientifiques d'autres domaines, etc.) s'emparent d'un résultat scientifique et en font eux-mêmes une interprétation plus vaste ou l'appliquent à des sujets très différents de ceux que les scientifiques ont définis et traités.

Une autre catégorie d'erreur par ignorance, est celle due à l ' "ignorance de faits non encore connus ou établis révélés par les progrès ultérieurs de la science, notamment par la création de nouveaux outils"<ref name=":2" /> : de très nombreux exemples de ce type ont émaillé la progression de la science, et nombreux sont les scientifiques et philosophes qui considèrent que ce type d'erreur est consubstantiel de la progression de la science. Ainsi, selon Albert Einstein : {{Citation|La seule façon d'éviter de faire des erreurs, c'est la mort<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=de |titre=[[Correspondance entre Albert Einstein et Max Born|Albert Einstein Max Born correspondance 1916-1955]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Science Ouverte |année=1972 |pages totales=255 |passage=86 |isbn=2-02-002813-1}}.</ref>.}}; pour [[Jean-François Bach]] : {{Citation|Une personne qui n'a jamais commis d'erreur n'a jamais tenté d'innover.}}<ref name=":2">{{article|auteur=[[Jean-François Bach]]|titre=L'erreur scientifique|périodique=[[Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences]]|éditeur=[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]]|date=21 juin 2011|lire en ligne=http://www.academie-sciences.fr/archivage_site/academie/membre/s210611_bach.pdf|consulté le=19 mars 2018|format=pdf}}.</ref>; pour [[James Joyce]] {{Citation|les erreurs sont les portes de la découverte}}<ref>{{Lien web |titre=les erreurs sont les portes de la découverte. |url=http://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-7720.php |site=dicocitations.lemonde.fr |consulté le=27 octobre 2018}}.</ref>; pour Gaston Bachelard, {{Citation|l'esprit scientifique se constitue comme un ensemble d'erreurs rectifiées}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Gaston Bachelard]]|titre=[[La Formation de l'esprit scientifique]]. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective|lieu=Paris|éditeur=Vrin|année=1938|pages totales=256|isbn=2-7116-1150-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=E1iPyMlagS8C&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}{{note|Gaston Bachelard a été l'un des philosophes qui a insisté sur cette prise de conscience. Entre autres formulations sur ce thème dont il est l'auteur, on peut encore citer : {{Citation |L'erreur est un des temps de la dialectique qu'il faut nécessairement traverser. Elle suscite des enquêtes plus précises, elle est l'élément moteur de la connaissance.}}, {{Citation |Il ne saurait y avoir des vérités premières, il n'y a que des erreurs premières.}}, {{Citation |... il n'y a pas de démarche objective sans la conscience d'une erreur intime et première.}}, {{Citation |Scientifiquement, on pense le vrai comme rectification historique d'une longue erreur.}}, {{Citation |L'esprit scientifique est essentiellement une rectification du savoir.}}<ref>Cité dans {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-François Minko M'Obame |titre=La Conception bachelardienne de la connaissance scientifique |sous-titre=Le rationalisme de Gaston Bachelard |lieu=Paris |éditeur=Maison d’édition universitaire |collection=Connaissances et Savoirs |année=2012 |pages totales=700 |passage=254 |isbn=9782753901803 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=S-29DAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.|groupe=Note}}; et selon Geoffrey E. R. Lloyd : {{Citation|Il fallait d'abord aux Grecs de l'Antiquité avoir des idées, fussent-elles inexactes, pour orienter les observations. Ensuite ces observations ont elles-mêmes conduit à remettre en question certains présupposés et à formuler de nouveaux problèmes.}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Goeffrey Ernest Richard Lloyd|titre=''Les débuts de la science en Grèce'' in ''La recherche en histoire des sciences''|passage=27|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=1983|mois=octobre|pages totales=304|isbn=2-02-006595-9}}.</ref>.

Plusieurs grandes figures de la science ont d'ailleurs commis des erreurs : [[Johannes Kepler|Kepler]], [[Galilée (savant)|Galilée]], [[René Descartes|Descartes]], [[Isaac Newton|Newton]], Lavoisier, Darwin, Hilbert, Einstein, Fermi, von Neumann, Hawking, etc{{Référence souhaitée}}. Elles appartiennent souvent à  deux grandes catégories{{Référence souhaitée}} : celles qui consistent à développer de fausses conceptions et celles qui consistent à considérer comme fausses des théories qui rendent compte de la réalité.

Toute [[discipline scientifique]] faisant l'objet d'un enseignement, on retrouve parfois dans son enseignement des erreurs bien après que les scientifiques les ont corrigées :  les programmes n'intègrent pas toujours suffisamment rapidement le dernier état de la connaissance.

Les chapitres suivants, organisés par domaine scientifique, donnent quelques exemples de ces différentes catégories d'erreurs, du contexte dans lequel elles sont survenues et de leurs conséquences.

== Historique ==
{{Section rédaction à revoir|date=décembre 2023}}
[[Fichier:Venus Tablet of Ammisaduqa.jpg |vignette |gauche |175px |Tablette d'[[Ammi-ṣaduqa]]]]Même si une histoire générale des erreurs scientifiques reste à écrire, les contours peuvent en être esquissés. Afin de pouvoir rechercher ces erreurs le plus loin possible dans le passé, la constitution d'une science, aussi primitive soit-elle, parmi les lointains précurseurs de la science moderne ne suffit pas. Encore faut-il que les témoignages de leurs travaux aient subsisté au fil des siècles voire des millénaires jusqu'à aujourd'hui. D'autre part, il faut pouvoir les déchiffrer espérer en identifier d'éventuelles erreurs, qu'il s'agisse d'observations, de calculs ou encore de conceptions et de théories sous-jacentes. C'est sans doute par le biais de l'astronomie qu'ont subsisté jusqu'à nos jours les plus vieux témoignages précurseurs de travaux scientifiques. De fait, l'un de ces artefacts, mis à la disposition des spécialistes, ne contient aucune écriture à déchiffrer. Ainsi, la [[Tablette d'Ammisaduqa|tablette d'Ammi-ṣaduqa]], datant du {{-s |VII}}, est la plus ancienne copie d'un texte plus ancien<ref>{{Ouvrage |prénom1=Russell |nom1=Hobson |titre=The Exact Transmission of Texts in the First Millennium B.C. |éditeur=[[University of Sydney]] |nature ouvrage=thèse de doctorat |année=2009 |isbn= |lire en ligne=http://ses.library.usyd.edu.au/bitstream/2123/5404/1/r-hobson-2009-thesis.pdf}}.</ref>: retrouvée dans la [[bibliothèque d'Assurbanipal]] de [[Ninive]] elle fait partie des collections du [[British Museum]] et contient un registre des [[Lever héliaque|levers et couchers héliaques]] de [[Vénus (planète)|Vénus]] sur une période de {{nobr|21 ans}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=John David |nom1=Nort |titre=Cosmos |sous-titre=an illustrated history of astronomy and cosmology |lieu=Chicago |éditeur=[[University of Chicago Press]] |année=2008 |pages totales=876 |passage=41 |isbn=978-0-226-59441-5 |isbn2=0-226-59441-6 |lire en ligne={{Google Livres|id=qq8Luhs7rTUC}}}}.</ref>. Cette [[tablette d'argile]] recouverte d'[[Cunéiforme|écriture cunéiforme]] renvoie à l'un des documents scientifiques les plus anciens sur lequel il est possible d'en évaluer le contenu.
== Erreurs commises dans les sciences empiriques ==
Dans le domaine des [[Recherche empirique|sciences empiriques]], de nombreuses erreurs proviennent de l'interprétation soit d'observations soit de résultats.

=== Géographie ===
{{article détaillé |Histoire de la géographie}}
Les débuts de la [[Sciences grecques|science grecque]] voient se développer, entre autres, les [[mathématiques]], l'[[astronomie]], et la [[géographie]]. Dans sa [[Géographie (Ptolémée)|Géographie]] datant de l'an 150, [[Claude Ptolémée|Ptolémée]] propose un système de [[Coordonnées géographiques|coordonnées]] qui remonte au moins à l'époque d'[[Eudoxe de Cnide|Eudoxe]]<ref name="C.Ronan">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p. |159-160}}, édition originale, ''{{langue |en |The Cambridge Illustrated History of the World's Science}}'', [[Cambridge University Press]], 1983</ref> et plusieurs cartes contenant de nombreuses erreurs : l'[[Océan Indien]], par exemple, y est représenté comme une mer fermée{{note |groupe=Note |Les premières cartes connues à rectifier cette erreur de Ptolémée sont celles de [[Henricus Martellus Germanus]] avec sa carte du monde réalisée aux environs de 1490 [https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Martellus-Yale.jpg Cf.], aujourd'hui conservée à la [[bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits]] de l'[[université Yale]], et celle du globe terrestre de [[Martin Behaim]] réalisé vers 1492 et aujourd'hui exposé au [[Germanisches Nationalmuseum]] de [[Nuremberg]] (Voir [[Erdapfel]]). Bien que comportant encore de nombreuses erreurs, toutes les deux montrent que l'océan Indien n'est pas une mer fermée.}}.

Plus tard, une autre erreur, selon laquelle la [[Californie]] serait une île, perdure sur des représentations de l'[[Amérique du Nord]] datant des {{s2-|XVII|XVIII}}, comme celle du [[Cartographie|cartographe]] [[Nicolas Sanson (cartographe)|Nicolas Sanson]], alors même que cette partie du territoire nord-américain avait été correctement cartographiée comme une péninsule dès 1570 dans le [[Theatrum Orbis Terrarum]] sur une carte du monde d'[[Abraham Ortelius]] figurant dans cet [[atlas géographique|atlas]]{{Référence souhaitée}}.

<gallery>
Fichier:Ptolemy Cosmographia 1467 - world map.jpg|lien=|Carte du monde de Ptolémée par {{Lien|trad=Nicolaus Germanus|fr=Nicolaus Germanus|texte=Nicolaus Germanus}} avec l'Océan Indien fermé (reconstitution publiée en 1467<ref>Halina Tchórzewska-Kabata et Maciej Dąbrowski, ''More precious than gold: treasures of the Polish National Library'', Biblioteka Narodowa, {{p.|68}} {{ISBN|83-70093-00-0}}.</ref>).
Fichier:Carte Ortelius 1570.jpg|''Typus Orbis Terrarum'', avec la Californie correctement représentée, selon le [[Cartographie|cartographe]] [[Abraham Ortelius]] (1570).
Fichier:Insel Kalifornien 1650.jpg|La Californie comme une île par Nicolas Sanson (1650).
</gallery>

Un autre exemple de ces erreurs de localisation géographique est publié dans l'un des ouvrages les plus connus de l'histoire des sciences : le ''[[Des révolutions des sphères célestes|De revolutionibus orbium coelestium]]'' de [[Nicolas Copernic]]. [[Arthur Koestler]] relevé le fait que, dans son ouvrage majeur, Copernic, pourtant familier de cette région, situe Frauenburg ([[Frombork]]) sur l'estuaire de la [[Vistule]] alors que la Vistule se jette dans la [[mer Baltique]], près de [[Gdańsk]]{{note |groupe=Note |Koestler commet une erreur pour cette référence en mentionnant qu'on trouve cette information dans le livre V alors qu'il doit s'agir du livre IV (chap. 7).}}. Il situe aussi cette dernière sur le [[méridien]] de [[Cracovie]] alors que ce n'est pas le cas<ref name="AK">''[[De revolutionibus orbium coelestium]]'', Livre IV, chap. 7, cité dans ''[[Les Somnambules]]'', Éd. Calmann-Lévy, 1960, {{p.|113}}.</ref>.

=== Paléontologie ===
{{Article connexe|Histoire de la paléontologie}}
L'étude des fossiles a conduit à de nombreuses reprises des scientifiques même expérimentés à proposer des conclusions erronées, notamment lorsque ces fossiles étaient peu nombreux ou fragmentaires.

==== Bathybius et Eozoon ====
[[Fichier:Eozoon canadense.JPG |vignette |[[Eozoon canadense]], [[collection paléontologique de l'université de Tübingen]]|200x200px]]
En 1868, [[Thomas Henry Huxley]] crut reconnaître une forme de vie primitive dans un échantillon de [[sédiment]]s du [[Plaine abyssale|fond marin]], prélevé en 1857 dans l'[[océan Atlantique]]. Il nomma les restes de ce prétendu organisme fossile, [[Bathybius|Bathybius haeckelii]]. Trois ans plus tôt, en 1865, était parue une série d'articles sur un autre prétendu organisme fossile, découvert lui dans des roches du [[Précambrien]] : [[John William Dawson]] qui en était le principal promoteur l'avait nommé [[Eozoon canadense]]. Dans un cas comme dans l'autre, il fut démontré plus tard que les structures observées étaient non pas des fossiles organiques mais le résultat de processus inorganiques. Il est intéressant de constater les réactions toutes différentes des deux protagonistes: alors que Huxley admit rapidement son erreur, Dawson campa sur sa conception initiale jusqu'à sa mort<ref name="HSQ">Luc Chartrand, Raymond Duchesne et [[Yves Gingras]], ''Histoire des sciences au Québec'', Montréal, Éditions du Boréal, 1987, {{p. |140-144}}.</ref>.

==== Anomalocaris ====
[[Fichier:Anomalocaris BW.jpg |vignette|gauche |Représentation d'{{latin |Anomalocaris canadensis}}]]
{{latin |[[Anomalocaris]]}} est un [[Arthropodes|arthropode]] ayant vécu au [[Miaolingien|Cambrien moyen]]. Son identification a longtemps dérouté les paléontologues qui furent induits en erreur parce que les fossiles étudiés n'étaient en fait que certaines parties de cet organisme. Ainsi ce qui sera reconnu plus tard comme un appendice préhenseur de l'animal a été décrit par [[Joseph Frederick Whiteaves]] en 1892 comme une créature distincte ressemblant à un [[Crustacés|crustacé]]<ref name="WL">[[Stephen Jay Gould]], ''La vie est belle : les surprises de l'évolution'', Seuil, Paris, 1991, {{p.|211-225}}.</ref>. La bouche fossilisée de l'animal, découverte par [[Charles Doolittle Walcott]], fut considérée comme une méduse<ref name=WL/>. Le corps, découvert séparément fut classé parmi les [[Holothurie]]s. Cette série d'erreurs perdura jusqu'à ce que [[Harry Whittington (paléontologue)|Harry Whittington]] découvre sans équivoque l'appendice et la bouche d'un même organisme dans ce que l'on croyait être jusque-là respectivement une crevette et une méduse<ref name="WL" />, puis il fallut encore plusieurs années aux chercheurs pour réaliser que {{latin|Peytoia}}, {{latin|Laggania}} et les appendices préhenseurs correctement juxtaposés constituaient une seule et énorme créature<ref name="WL" />. Selon Desmond Collins du [[Musée royal de l'Ontario]]  {{Citation |La longue histoire de reconstruction inexacte et d'identification erronée d'Anomalocaris... illustre notre grande difficulté à visualiser et à classifier, à partir de restes fossiles, les nombreux animaux du [[Cambrien]] sans descendants vivants apparents<ref name="1996_D._Collins" />.}}

==== Micropaléontologie ====

[[Fichier:Blaschka-Lampromitra schultzei.jpg|vignette|gauche|220x220px|Modèle en verre de l'espèce de radiolaire ''Lampromitra schultzei'' exposé au [[musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg]].]]

L'étude des [[microfossile]]s de [[micro-organisme]]s, parmi lesquels on compte les [[Foraminifera|foraminifères]], les [[Bacillariophyta|diatomées]] et les [[Radiolaria|radiolaires]], a conduit à la naissance de la [[micropaléontologie]]. Les radiolaires ont été étudiés dès le milieu du {{XIXe|s}} siècle par [[Johannes Peter Müller]] qui en établit la nature [[Organisme unicellulaire|unicellulaire]] et les baptisa [[Radiolaria]] en 1858<ref name="Wever">{{Lien web | auteur = [[Patrick De Wever]] | titre = La découverte des radiolaires et leur utilisation | date = 20 juillet 2020 | url = https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/zoologie-radiolaires-bijoux-microscopiques-788/page/3/ | site = Futura | consulté le = 1 août 2020}}.</ref>. Pendant près d'un siècle, les biologistes ont toutefois considéré que les fossiles de ces micro-organismes n'avait aucune utilité en [[stratigraphie]]. [[Ernst Haeckel]] dans un ouvrage de {{nombre|1800|pages}} et 140 illustrations, publié en 1887<ref>{{Lien web | langue = en | titre = Report on the Radiolaria - Wikisource, the free online library | url = https://en.wikisource.org/wiki/Report_on_the_Radiolaria | site = en.wikisource.org | consulté le = 1 août 2020}}.</ref>, décrit 785 nouvelles espèces<ref name="Wever"/>. Il propose une classification basée sur les formes géométriques de ces organismes : {{Citation|Ainsi, deux formes très différentes, mais possédant chacune deux sphères et trois épines par exemple, sont classées à tort dans un même genre qui semble de ce fait avoir une répartition sur des dizaines ou des centaines de millions d'années<ref name="Wever"/>.}}. Les travaux de William Riedel dans les années 1950 puis ceux de Maria Petrushevskaya dans les années 1960 et 1970 ont conduit à revoir complètement cette classification et mis en évidence l'évolution de la structure de l'[[endosquelette]] de ces micro organismes<ref name="Wever"/>.

=== Médecine ===
{{article connexe |Histoire de la médecine}}L'histoire de la médecine fournit de très nombreux exemples de successions de théories qui s'avèrent, au fil des découvertes, des observations et des expérimentations, être erronées et sont remplacées par d'autres. Ce remplacement ne se fait pas toujours rapidement, deux théories différentes et incompatibles pouvant coexister durablement avant que la communauté médicale finisse par ne plus admettre que l'une d'entre elles, souvent après de longues controverses. Les sections suivantes donnent des exemples de telles évolutions dans des disciplines médicales et à des époques différentes.

==== Physiologie et origine des maladies ====
[[Fichier:Quinta Essentia (Thurneisse) illustration Alchemic approach to four humors in relation to the four elements and zodiacal signs.jpg |vignette |Mise en relation des [[Théorie des humeurs|quatre humeurs]] avec les [[quatre éléments]] et les [[signe du zodiaque|signes du zodiaque]]. Illustration tirée du livre ''Quinta Essentia'' de [[Leonhard Thurneisser]].]]
La [[Médecine en Grèce antique|médecine de la Grèce antique]] s'était dotée d'un cadre théorique avec la [[théorie des humeurs]] du [[corpus hippocratique]], qui sera reprise par [[Hérophile]] et développée par [[Claude Galien|Galien]] en théorie du pneuma<ref name="Ronan3">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p. |148-149}}, Édition originale, ''{{langue |en |The Cambridge Illustrated History of the World's Science}}'', [[Cambridge University Press]], 1983.</ref>. Selon cette approche, la santé humaine était conditionnée par quatre humeurs (sang, flegme, bile jaune, bile noire), associées aux quatre éléments (air, eau, feu, terre), et aux organes (cœur, cerveau, foie, rate), dont le déséquilibre influençait le caractère du patient et pouvait engendrer les maladies<ref>{{Article|prénom1=Jean-Marie|nom1=Jacques|titre=La bile noire dans l'antiquité grecque : médecine et littérature|périodique=Revue des Études Anciennes|volume=100|numéro=1|pages=217–234|date=1998|doi=10.3406/rea.1998.4727|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1998_num_100_1_4727|consulté le=2023-12-18}}</ref>.

D'autres explications étaient données pour certaines maladies : ainsi l'[[hystérie]] était censée résulter d'un déplacement de l'[[utérus]] à l'intérieur du corps de la femme. Cette conception erronée perdura jusqu'au milieu des années 1800 : certains [[gynécologue]]s continuaient de considérer l'hystérie comme une maladie féminine qu'ils traitaient par l'[[Ablation (médecine)|ablation]] du [[clitoris]] ou de l'utérus<ref>Jacqueline Carroy, ''hypnoses et hystérie à la fin du {{s-|XIX}}'', Les cahiers de [[Science et Vie]], {{n° |22}}, août 1994, {{p. |8}}.</ref>.

==== Circulation sanguine et fonctionnement du cœur ====
[[Fichier:Galenus - De pulsibus. Greek manuscript with latin translation. Venice, ca. 1550..jpg |vignette|Manuscrit de Galien intitulé ''De pulsibus'' (Du pouls).]]
L'observation de l'[[isochrone#Biologie|isochronisme]] du [[pouls]] et des battements cardiaques est très ancienne mais depuis Galien les médecins pensaient que le [[sang]] sortait du [[cœur]] lors de la [[diastole]], le moment où il est en expansion : la théorie était que lorsque le cœur se dilatait, la paroi des [[artère]]s se dilatait aussi créant un mouvement d'aspiration du sang<ref name="Ronan">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p.|323-324}}, Édition originale, ''{{langue|en|The Cambridge Illustrated History of the World's Science}}'', [[Cambridge University Press]], 1983</ref>. Le français [[Jean Fernel]]  montrera en 1542 qu'en fait le sang sort du cœur avec la [[systole]], au moment de sa contraction<ref>[[William Harvey]], ''[[Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus|De motu cordis]]'', [[Christian Bourgois éditeur|Éd. Chrisitan Bourgois]], 1990, postface, [[Mirko Grmek]], {{p.|290}}.</ref>. Galien fut, en revanche, à l'origine de la découverte du fait que le sang circulait dans toutes les artères, mais, pour l'expliquer, imagina que le sang devait circuler à travers la paroi séparant les deux [[Ventricule cardiaque|ventricules]] à travers des pores<ref name="Ronan" />. {{unité|1300|ans}} plus tard, Léonard de Vinci admettait toujours lui aussi l'existence de tels pores. En réalité, la [[Septum interventriculaire|paroi inter-ventriculaire]] ne permet pas une telle circulation.

==== Anatomie ====
{{Article connexe |Histoire de l'anatomie}}

Les [[Papyrus médicaux de l'Égypte antique|médecins de l'Égypte antique]] pensaient que le cœur était un organe qui pouvait se déplacer dans le corps<ref name="Bardinet2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Bardinet|langue originale=grc|titre=Les papyrus médicaux de l'Égypte pharaonique|sous-titre=traduction intégrale et commentaire|passage=pp. 81-82|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1995|pages totales=590|isbn=2-213-59280-2|présentation en ligne=http://www.silland.com/EgypteEnMajeste/papyrus_medicaux_fichiers/index_papyrus_medicaux.htm}}.</ref>{{,}}<ref name="Assmann2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jan|nom1=Assmann|lien auteur1=Jan Assmann|langue originale=de|titre=Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne|passage=pp. 54-56|lieu=Monaco|éditeur=Le Rocher|collection=Champollion|année=2003|pages totales=684|isbn=2-268-04358-4|titre chapitre=La mort, dissociation : la personne du mort et ses composantes}}.</ref> et que ses déplacements pouvaient causer des maladies qu'on diagnostique en tâtant le pouls<ref name="Bardinet2" />{{,}}<ref name="Assmann2" />. Par ailleurs, ils ne faisaient pas de différence entre vaisseaux sanguins, nerfs et ligaments<ref>Bardinet 1995, {{p.|234-235}}</ref>.

[[Aristote]] s'est trompé sur le nombre de [[Côte (os)|côtes]] de la [[cage thoracique]] humaine et, pour lui, le [[cerveau]] ne contenait pas de sang<ref name="Lloyd2">Goeffrey E. R. Lloyd, ''Les débuts de la science grecque, de Thalès à Aristote'', Éd. La Découverte, 1990, {{p.|138-139}},{{ISBN|2-7071-1943-1}}- édition originale: ''Early Greek Science: Thales to Aristotle''. New York: W.W. Norton & Co., 1970,{{ISBN|0-393-00583-6}}.</ref>. [[Léonard de Vinci]], dont les études ont fait faire de très grands progrès à l'anatomie, pensait initialement que le [[cœur]] n'était constitué que de deux [[Ventricule cardiaque|ventricules]], puis décrivit un cœur à quatre cavités. Mais il n'observa et ne décrivit ni le [[péricarde]] ni le [[pancréas]]<ref name="Mathé2">Jean Mathé, ''Léonard de Vinci, Dessins anatomiques'', Éd. Liber, 1984, {{p.|60 et 74}},{{ISBN|9783880593541}}.</ref>. Quant à [[Hérophile]], il écrivit avoir observé chez l'homme le [[rete mirabile]], un ensemble de [[Vaisseau sanguin|vaisseaux sanguins]] et de [[nerf]]s qu'on retrouve chez diverses espèces animales mais non chez l'homme<ref name="Ronan32">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p.|148-149}}, Édition originale, ''{{langue|en|The Cambridge Illustrated History of the World's Science}}'', [[Cambridge University Press]], 1983.</ref>. Cette erreur ne sera corrigée qu'avec [[Thomas Willis]] au {{s-|XVII}} et l'observation de ce que l'on nomme le [[polygone de Willis]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mirko Grmek]]|nom2=Bernardino Fantini|langue originale=it|titre=Histoire de la pensée médicale en Occident, t.2, De la Renaissance aux Lumières|passage=27-28|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=1997|pages totales=376|isbn=978-2-02-115707-9}}.</ref>.

Au {{s-|XVIII}}, l'arrivée du [[Microscope optique|microscope]] ne met pas un terme aux erreurs d'observation et de description des structures anatomiques : ainsi par exemple, [[Antoni van Leeuwenhoek]], qui fut l'un des premiers à observer des fibres nerveuses au microscope, considère que les nerfs sont des vaisseaux, tout comme les artères et les veines, donc creux<ref name="1983_Changeux_page36">{{ouvrage |auteur=[[Jean-Pierre Changeux]] |titre=[[L'Homme neuronal]] |éditeur=Fayard |lieu=Paris |année=1983 |passage=36 |isbn1=2213012474  |isbn2=978-2213012476}}.</ref>.

Encore au {{s-|XXI}}, des découvertes corrigent des erreurs passées. Ainsi les scientifiques ont-ils longtemps pensé que le [[système lymphatique]] était absent du cerveau de même que du reste du [[système nerveux central]]<ref name="Kipnis">{{Lien web |auteur=Jonathan Kipnis |titre=Cerveau et immunité : un dialogue insoupçonné |url=https://www.pourlascience.fr/sd/immunologie/cerveau-et-immunite-un-dialogue-insoupconne-14542.php |site=Pourlascience.fr |date=29 août 2018 |consulté le=13 octobre 2018}}.</ref>. Mais certains chercheurs se demandaient pourquoi le cerveau ne signalerait pas au [[système immunitaire]] s'il était infecté par un intrus microbien. Après la mise en évidence d'une activité immunitaire dans les [[méninges]], des chercheurs découvrirent, en 2014, l'existence de vaisseaux lymphatiques dans ces membranes chez la souris<ref>{{article|prénom1=Antoine|nom1=Louveau|prénom2=Igor|nom2=Smirnov|prénom3=Timothy J.|nom3=Keyes|prénom4=Jacob D.|nom4=Eccles|titre=Structural and functional features of central nervous system lymphatic vessels|périodique=Nature|volume=523|numéro=7560|pages=337–341|date=16 juillet 2015|pmid=26030524|pmc=4506234|doi=10.1038/nature14432|url=http://www.nature.com/nature/journal/v523/n7560/nature14432/metrics|consulté le=22 décembre 2016|prénom5=Sherin J.|nom5=Rouhani|prénom6=J. David|nom6=Peske|prénom7=Noel C.|nom7=Derecki|prénom8=David|nom8=Castle|prénom9=James W.|nom9=Mandell|prénom10=Kevin S.|nom10=Lee|prénom11=Tajie H.|nom11=Harris|prénom12=Jonathan|nom12=Kipnis}}.</ref>. D'autres équipes ont par la suite observé la présence de vaisseaux lymphatiques similaires chez le poisson, la souris, le rat, le primate non humain et l'humain<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Salli Antila|auteur2=Sinem Karaman|auteur3=Harri Nurmi|auteur4=Mikko Airavaara|auteur5=Merja H. Voutilainen|auteur6=Thomas Mathivet|auteur7=Dmitri Chilov|auteur8=Zhilin Li|auteur9=Tapani Koppinen|auteur10=Jun-Hee Park|auteur11=Shentong Fang|auteur12=Aleksanteri Aspelund|auteur13=Mart Saarma|auteur14=Anne Eichmann|auteur15=Jean-Léon Thomas|auteur16=Kari Alitalo|titre=Development and plasticity of meningeal lymphatic vessels|périodique=The Journal of Experimental Medicine|volume=214|numéro=12|pages=3645-3667|éditeur=Rockefeller University Press|jour=15|mois=novembre|année=2017|ISSN=0022-1007|doi=10.1084/jem.20170391|url=https://dx.doi.org/10.1084/jem.20170391}}.</ref>{{,}}<ref name="Kipnis" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Päivi Lehtinen |titre=Lymphatic vessels in the brain among the most significant scientific discoveries of the past year |url=https://www.helsinki.fi/en/news/health/lymphatic-vessels-in-the-brain-among-the-most-significant-scientific-discoveries-of-the-past-year |site=University of Helsinki |jour=22 |mois=décembre |année=2015 |consulté le=13 octobre 2018}}.</ref>.

==== Diagnostic et dépistage ====

Certaines maladies sont plus difficiles à diagnostiquer que d'autres; c'est notamment le cas du [[trouble bipolaire]] qui peut être confondu avec la [[Dépression (psychiatrie)|dépression]]<ref>{{Article |auteur=Mark Zimmerman |titre=A Review of 20 Years of Research on Overdiagnosis and Underdiagnosis in the Rhode Island Methods to Improve Diagnostic Assessment and Services (MIDAS) Project |périodique=The Canadian Journal of Psychiatry |éditeur=SAGE Publications |volume=61 |numéro=2 |jour=26 |mois=janvier |année=2016 |pages=71-79 |ISSN=0706-7437 |doi=10.1177/0706743715625935 |url=https://dx.doi.org/10.1177/0706743715625935}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Tanvir Singh, Muhammad Rajput |titre=Misdiagnosis of Bipolar Disorder |date=3 octobre 2006 |url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2945875/ |site=[[PubMed Central]] (PMC) |consulté le=15 septembre 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Russ Federman |titre=Misdiagnosis of Bipolar Disorder |date=13 février 2014 |url=https://www.psychologytoday.com/us/blog/bipolar-you/201402/misdiagnosis-bipolar-disorder |site=[[Psychology Today]] |consulté le=15 septembre 2018}}.</ref>.
==== Pronostic ====
Des erreurs concernant le développement futur de l'état d'une population ou d’une personne après un diagnostic correct sont également possibles. Sur le plan collectif, un exemple est celui de la fin annoncée des maladies infectieuses dans le monde sous la double pression du développement social (hygiène individuelle, assainissement public, éducation pour la santé, etc.) et du développement continu des médicaments antiinfectieux (antibiotiques, antiparasitaires, antiviraux), théorie qui a prévalu dans les années 1960-70{{Référence nécessaire}}, pour s’effondrer à partir des années 1980 avec l’émergence du [[sida]] suivi d’autres viroses humaines et animales, amenant même à définir le concept de [[maladie infectieuse émergente|maladies infectieuses émergentes]]<ref>{{Lien web |auteur=Jean-Paul Lévy |titre=Maladies infectieuses la fin des illusions |site=Pour la science |url=https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/maladies-infectieuses-la-fin-des-illusions-4886.php |date=1 octobre 2002 |consulté le= 20 octobre 2018}}.</ref>.

==== Premiers vaccins contre la poliomyélite aux États-Unis (années 1930) ====
En 1935 eurent lieu les premiers essais de [[vaccination]] contre la [[poliomyélite]] menés par deux équipes distinctes. L'une dirigée par le professeur John Kolmer, de l'[[Université Temple]] de [[Philadelphie]], et l'autre par {{Lien |langue=en |trad=Maurice Brodie |fr=Maurice Brodie}}, un jeune chercheur de l'[[Université de New York]]. L'équipe de Kolmer avait mis au point un [[Vaccin contre la poliomyélite|vaccin antipoliomyélitique]] atténué qui fut testé sur environ {{nombre |10000 |enfants}} aux États-Unis et au Canada<ref name=":0">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Paul A. |nom1=Offit |titre=The Cutter Incident |sous-titre=How America's First Polio Vaccine Led to the Growing Vaccine Crisis |éditeur=[[Yale University Press]] |année=2005 |pages totales=238 |passage=4–18 |isbn=0-300-13037-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=xNLtRglE0pYC}}.</ref>. Cinq de ces enfants moururent de la polio, 10 autres développèrent une paralysie, généralement dans le bras où le vaccin avait été injecté, et la maladie apparut dans des villes où aucune épidémie de polio ne s'était déclarée auparavant mais où des enfants avaient été vaccinés. En outre, il n'avait pas de groupe témoin, ce qui constituait une grave erreur de méthodologie<ref name=":0" />. Le vaccin de Brodie, basé sur un virus tué par le [[formaldéhyde]], fut testé sur {{nombre |7500 |enfants}} et adultes, avec un groupe témoin de {{Nbr|4500}} personnes<ref name=":0" />. Le vaccin fur annoncé comme efficace à 88%, mais des études ultérieures mirent en cause ces résultats, imputant même au vaccin la responsabilité, dans certains cas, de la transmission de la maladie<ref name=":0" />. Les deux vaccins furent rejetés et deux décennies s'écoulèrent avant la reprise des recherches dans ce domaine qui mèneront au développement du [[Vaccin contre la poliomyélite|vaccin Salk]].

==== Deuxième série d'erreurs relatives au vaccin contre la poliomyélite aux États-Unis (années 1950) ====
Après une très grave épidémie de [[poliomyélite]] survenue aux États-Unis en 1952, les autorités américaines lancent un plan d'urgence pour la mise au point d'un vaccin et la vaccination massive des enfants. Un biologiste, [[Jonas Salk]], met au point une formule vaccinale basée sur l'inactivation d'une variante du [[virus]]. Cinq sociétés sont mises en concurrence pour produire un vaccin, dont une remporte la plus grande part des commandes : la [[Laboratoires Cutter|firme Cutter]]. Entre fin 1954 et le printemps 1955, et malgré les réticences de Salk qui trouvait cette décision précipitée, {{Nbr|380000}} enfants sont vaccinés avec le vaccin Cutter. Des cas de plus en plus nombreux d'effets secondaires indésirables apparaissent : faiblesse musculaire persistante et même paralysie chez des enfants vaccinés, décès de quelques-uns, apparition de la polio chez les proches d'enfants vaccinés. La campagne de vaccination est suspendue au deuxième trimestre 1955. Les industriels concernés contestent initialement le lien entre la vaccination et ces problèmes, puis évoquent la possibilité de sabotages, avant de reconnaître leur implication<ref group="Note">Les enquêtes ultérieures montreront que de nombreuses doses de vaccin contenaient du virus non désactivé et extrêmement actif : {{Nbr|120000}} enfants reçurent une telle dose et transmirent la maladie à {{Nbr|100000}}  membres de leur entourage, {{Nbr|70000}} personnes souffrirent de faiblesse musculaire permanente, 164 de paralysie et il y eut 10 décès imputables à la vaccination.</ref>. Cette situation fut causée par un enchaînement d'erreurs : Salk n'avait pas défini suffisamment strictement le protocole d'inactivation à respecter par les industriels et ceux-ci l'avaient fait évoluer pour pouvoir produire à très grande échelle ; la décision de lancer la campagne de vaccination avait été prise alors que des essais cliniques sur des singes avaient montré un risque de transmission de la maladie ; les tests par prélèvement d'échantillons en production n'étaient pas adéquats ; etc<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paul A.|nom1=Offit|titre=The Cutter Incident: How America's First Polio Vaccine Led to the Growing Vaccine Crisis|éditeur=Yale University Press|date=2005-10-10|isbn=978-0-300-13037-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xNLtRglE0pYC&pg=PA44&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=2#v=onepage&q&f=false|consulté le=2023-12-16}}</ref>.

==== Campagnes d'injections de Lomidine dans certains pays d'Afrique (années 1950) ====
L'utilisation de la [[pentamidine]] à titre préventif dans les années 1950 dans le but d'éradiquer la [[maladie du sommeil]] s'est avérée être une autre erreur<ref name="Lachenal2014">{{Ouvrage |auteur1=Guillaume Lachenal |titre=Le médicament qui devait sauver l'Afrique |sous-titre=un scandale pharmaceutique aux colonies |éditeur=[[La Découverte]] |année=2014 |pages totales=240 |isbn=}}.</ref>{{,}}<ref name="Lachenal36">{{Article |auteur=Guillaume Lachenal |titre=Lomidine pour tous ! Une erreur médicale en Afrique coloniale |périodique=[[Les Génies de la science]] |éditeur=Pour la science |date=août - octobre 2008 |numéro=36 |passage=14-17 |url=https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/ilomidinei-pour-tous-une-erreur-medicale-en-afrique-coloniale-3445.php}}.</ref>. Sous le nom ''Lomidine'', plus de {{nobr|12 millions}} d'injections préventives furent administrées entre 1945 et 1960 à des personnes saines en [[Afrique centrale]] et [[Afrique de l'Ouest|de l'Ouest]]. Les effets du médicament sur les personnes non infectées n'ont fait l'objet que d'une seule étude n'ayant porté que sur deux personnes de [[Léopoldville (Congo)|Léopoldville]]. La maladie a bien reculé, mais pas sensiblement plus que dans les zones africaines où la vaccination n'a pas eu lieu et les populations vaccinées ont subi des effets secondaires souvent très graves. Certains médecins de l'époque semblaient déjà sceptiques quant à l'efficacité de l'injection, et recommandaient aux Européens de ne l'accepter qu'en cas de risque grave d'infection. En 1970, des études montrèrent en outre qu'une seule injection n'avait aucun effet durable de prévention<ref name="Lachenal36" />.

==== Pharmacologie ====
L'une des erreurs les plus marquantes de la [[pharmacologie]] moderne fut l'utilisation de la [[thalidomide]]. Cette molécule fut prescrite durant les années 1950 dans {{nobr|46 pays}} aux femmes enceintes comme médicament [[antiémétique]] pour contrer les [[vomissement]]s et les [[nausée]]s<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=ICI.Radio-Canada.ca |titre=La malformation des membres expliquée |jour=12 |mois=mars |année=2010 |url=https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/466507/thalidomide-explications |site=Radio-Canada.ca |consulté le=20 août 2018}}.</ref>. Ses effets [[tératogenèse|tératogènes]] sur l'embryon ne furent mis en évidence qu'après plusieurs années d'utilisation faisant des milliers de victimes atteintes de [[phocomélie]], révélant ainsi de graves lacunes dans le protocole lié à la [[pharmacovigilance]] des médicaments à usage humain et conduisant au retrait du produit. Les scientifiques n'étaient pas unanimes dans l'appréciation de cette molécule lors de sa demande de [[Autorisation de mise sur le marché|mise sur le marché]] : ainsi [[Frances Oldham Kelsey]], une experte de la [[Food and Drug Administration]], avait refusé que de médicament soit commercialisé aux États-Unis, estimant que son innocuité n'avait pas été suffisamment démontrée<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Changing the Face of Medicine. Frances Kathleen Oldham Kelsey |url=https://cfmedicine.nlm.nih.gov/physicians/biography_182.html |site=cfmedicine.nlm.nih.gov |consulté le=20 août 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre='Heroine' of FDA Keeps Bad Drug Off Market |url=https://www.washingtonpost.com/wp-srv/washtech/longterm/thalidomide/keystories/071598drug.htm?noredirect=on |site=washingtonpost.com |éditeur=The Washington Post |consulté le=20 août 2018}}.</ref>.

Malgré le renforcement des processus de tests de nouveaux médicaments<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Développement du médicament · Inserm, La science pour la santé |url=https://www.inserm.fr/dossier/medicament-developpement/ |site=Inserm |consulté le=2023-12-17}}.</ref>, il y a eu depuis plusieurs autres cas de médicaments q retirés du marché à la suite d'une révision scientifique de leurs bénéfices et de leurs inconvénients :

* en 2004, le [[Rofécoxib|Vioxx]] commercialisé par [[Merck & Co.|Merck]] dans le traitement de l'[[arthrose]] et de la [[dysménorrhée]] est retiré du marché après qu'une étude de la Food and Drug Administration (FDA) ait conclu que le produit a pu contribuer à {{nombre|27785|crises}} cardiaques et morts subites entre 1999 et 2003<ref>{{Lien web |langue=en |titre=FDA Estimates Vioxx Caused 27,785 Deaths |url=https://www.consumeraffairs.com/news04/vioxx_estimates.html |site=consumeraffairs.com |consulté le=20 août 2018}}.</ref>.
* en 2006, [[Pfizer]] doit retirer le {{Lien |langue=en |trad=torcetrapib |fr=torcétrapib}}<ref name="Pfizer" />. Administré pour la première fois chez l'homme en 1999<ref name="Pfizer" /> et produit à l'échelle industrielle à partir de 2005<ref name="Pfizer">{{lien web |titre=Pfizer Begins Production at Torcetrapib/Atorvastatin Manufacturing Facility |éditeur=Pfizer |date=22 juin 2005 |url=http://www.pfizer.com/pfizer/are/investors_releases/2005pr/mn_2005_0622.jsp |consulté le=2006-12-03 |deadurl=yes |archiveurl=https://web.archive.org/web/20061205085131/http://www.pfizer.com/pfizer/are/investors_releases/2005pr/mn_2005_0622.jsp |archivedate=2006-12-05 }}.</ref>, il fut retiré du marché l'année suivante<ref name="O'Riordan">{{Lien web |langue=en |auteur=Michael O'Riordan |titre=Pfizer terminates torcetrapib |jour=04 |mois=décembre |année=2006 |url=https://www.medscape.com/viewarticle/788917 |site=Medscape |consulté le=28 octobre 2018}}.</ref> : il provoquait un risque accru de mortalité de [[Maladie coronarienne|maladies coronariennes]]<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Mike Nagle |titre=Pfizer illustrates torcetrapib failure |date=27 mars 2007 |url=https://www.outsourcing-pharma.com/Article/2007/03/28/Pfizer-illustrates-torcetrapib-failure |site=outsourcing-pharma.com |consulté le=28 octobre 2018}}.</ref> chez les personnes traitées<ref name="O'Riordan" />{{,}}<ref>{{Article |auteur1=M J Forrest |auteur2=D Bloomfield |auteur3=R J Briscoe |auteur4=P N Brown |auteur5=A-M Cumiskey |auteur6=J Ehrhart |auteur7=J C Hershey |auteur8=W J Keller |auteur9=X Ma |auteur10=H E McPherson |auteur11=E Messina |auteur12=L B Peterson |auteur13=W Sharif-Rodriguez |auteur14=P K S Siegl |auteur15=P J Sinclair |auteur16=C P Sparrow |auteur17=A S Stevenson |auteur18=S-Y Sun |auteur19=C Tsai |auteur20=H Vargas |auteur21=M Walker |auteur22=S H West |auteur23=V White |auteur24=R F Woltmann |titre=Torcetrapib-induced blood pressure elevation is independent of CETP inhibition and is accompanied by increased circulating levels of aldosterone |périodique=British Journal of Pharmacology |éditeur=Wiley |volume=154 |numéro=7 |mois=août |année=2008 |pages=1465-1473 |ISSN=0007-1188 |doi=10.1038/bjp.2008.229 |url=https://dx.doi.org/10.1038/bjp.2008.229}}.</ref>.

==== Épidémiologie ====
L'[[épidémiologie]] est la discipline scientifique étudiant les maladies épidémiques, leur mode de contagion et les moyens de les combattre<ref>{{Lien web |titre=ÉPIDÉMIOLOGIE : Définition de ÉPIDÉMIOLOGIE |url=https://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9pid%C3%A9miologie |site=cnrtl.fr |consulté le=2023-12-16}}.</ref>. Pour cela l'épidémiologiste réalise des études, ou enquêtes sur des groupes de personnes et compare les résultats obtenus entre eux (les malades et les non-malades, les personnes traitées et les non-traitées, etc.). Comme dans toutes études portant sur des groupes, par exemple les enquêtes d'opinion, une grande attention doit être portée à la constitution des groupes, pour éviter les [[Biais (statistique)|biais statistiques]], et aux conclusions tirées des différences constatées, notamment en termes de [[causalité]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Milos Jenicek |auteur2=Robert Cléroux |titre=Épidémiologie. Principes.Techniques. Applications |lieu=Québec |éditeur=Edisem Inc |année=1982 |pages totales=454 |passage=121-1281 |isbn=2-89130-069-6}}.</ref> qui peuvent être sujettes à des [[biais de confusion]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Thierry Ancelle |titre=Statistique. Épidémiologie |lieu=Paris |éditeur=Maloine |année=2002 |pages totales=300 |passage=202-210 |isbn=2-224-02706-0}}.</ref>.
[[Fichier:Dr. John Snow Cholera Map.svg|vignette|gauche|Carte établie par John Snow localisant les habitations des personnes atteintes du choléra en 1854.|200x200px]]
Un exemple historique de ce type a été démontré par [[John Snow]], qui a étudié une [[Épidémie de choléra de Broad Street|épidémie de choléra]] en 1854 à Londres (voir aussi [[Troisième pandémie de choléra]]). Une corrélation entre la survenue du [[choléra]] et l'altitude était constatée : les quartiers les plus bas de la ville étaient les plus touchés. La qualité de l'air, meilleure dans les quartiers plus élevés, a alors été avancée comme cause des différences mesurées. Cette explication venait, de plus, renforcer la vieille conception de la [[théorie des miasmes]] qui imputait à la mauvaise qualité de l'air diverses maladies. Les études de Snow ont démontré qu'en réalité c'était la qualité de l'eau fournie par un distributeur qui devait être mise en cause{{note |groupe=Note |John Snow aurait bénéficié, en partie, pour cette étude du travail réalisé par [[William Farr]] qui a collecté des données dès 1848 permettant d'établir que des cas de décès attribués au choléra se trouvaient répartis, non pas par quartier, mais par réseau d’adduction d’eau et où il apparaissait déjà que les taux de mortalité les plus élevés étaient à déplorer dans les quartiers dont l’approvisionnement en eau était le plus pollué par la [[Tamise]]<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Alexandre Langmuir |titre=William Farr : founder of modern concepts of surveillance. |périodique=International Journal of Epidemiology |date=1976 |pages=13-18}}, [https://pdfs.semanticscholar.org/6279/7886dbdbf9cd1da8c3ff1c4ef892e742f374.pdf lire en ligne] {{PDF}}.</ref>.}}: les quartiers les plus bas de Londres étaient simplement ceux qui recevaient de l'eau de mauvaise qualité<ref>{{lien web |titre=Épidémiologie en bref |site=Faculté de Médecine Paris-Ile-de-France-Ouest |url=http://www.pifo.uvsq.fr/epideao/esp/chap_3/association_due__un_facteur_de_confusion_facteur_concomitant.html |consulté le= 18 décembre 2018}}.</ref>.

=== Biologie ===
{{Article connexe |Histoire de la biologie}}

==== Génération spontanée d'organismes vivants ====
[[Fichier:Ballons musée Pasteur.jpg|vignette|Ballons utilisés par Louis Pasteur pour réfuter la théorie de la génération spontanée.]]
De la Grèce antique au cœur du {{s-|XIX}}, une théorie selon laquelle des organismes vivants pouvaient [[Génération spontanée|apparaître spontanément]] à partir d'éléments chimiques dominait la biologie : [[Platon]], Aristote, [[Isaac Newton]] et [[René Descartes]], parmi bien d'autres grands savants, en furent des promoteurs. D'après certains tenants de cette théorie, l'apparition spontanée de mouches, d'asticots et même de souris avait été observée. En 1860, [[Félix Archimède Pouchet]], médecin biologiste français et chef de file de cette école de pensée appelée "hétérogénie", publie un traité dans lequel il relate des expériences prouvant scientifiquement, d'après lui, sa validité. Plusieurs chercheurs avaient pourtant, dès le {{s-|XVII}}, conduit des expériences mettant en doute la possibilité de cette génération spontanée d'organismes vivants. Ce sont les travaux de [[Louis Pasteur]] qui démontreront que les résultats avancés par Pouchet et autres étaient erronés car menés sur des échantillons contaminés par des micro organismes<ref>Les Cahiers de [[Science et Vie]], ''Les grandes controverses scientifiques'', août, 1991</ref>.

==== Embryologie ====

Dès l'Antiquité, Aristote reconnait deux possibilités pour un organisme de se développer à partir d'un œuf : soit il est déjà préformé, soit l'organisme se forme au cours du développement. La première donnera lieu à la [[théorie de la préformation]], la seconde à celle de l'[[Épigenèse (biologie)|épigenèse]]<ref name="Biologie1966">{{Ouvrage |auteur1=Claude Welch |auteur2=Charles Boticelli |auteur3=Frank Erk |auteur4=Jack Fishleder |auteur5=Gordon Peterson |auteur6=Francis Smith |auteur7=Dennis Strawbridge |auteur8=Richard van Norman |traducteur=Jean-Louis Tremblay, Gabriel Filteau et Louis-Philippe Audet |titre=Biologie |sous-titre=des molécules à l'homme |lieu=Montréal |éditeur=Centre de psychologie et de pédagogie |année=1966 |passage=pp. 295-300 }}, édition originale, {{Ouvrage |titre=Biological science |sous-titre=Molecules to Man |lieu=Boston |éditeur=The American Institut of Biological Sciences |année=1963 }}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Aristote adhéra à cette seconde conception à l'effet que l'organisme se développe à partir des matières premières présentes dans l’œuf. Aristote écrit dans son traité ''De la génération des animaux'' : {{Citation |Toutes les parties [du corps] ont d’abord leurs contours esquissés. Puis elles reçoivent leurs couleurs, leurs qualités de mollesse ou de dureté, absolument comme si elles étaient l’œuvre d’un peintre qui serait la nature. En effet, les peintres tracent une esquisse avec des lignes avant d’appliquer les couleurs sur leur tableau<ref>''De la génération des animaux'', Livre II, chap. 6, 743 b, pp. 80, Les Belles Lettres, trad. Louis, Paris, 1961</ref>.}} Près de {{nombre|2000|ans}} plus tard, William Harvey, qui adoptera aussi la conception épigénétique<ref name="Biologie1966"/>, écrit : {{Citation |La masse du corps est homogène au début ; elle apparaît comme une gelée séminale ; c’est en elle que toutes les parties s’ébauchent d’abord par une division obscure ; puis que les organes apparaissent et se distinguent. [...] C’est aux dépens de la même matière que, par voie de génération, ils naissent, se distinguent les uns des autres et deviennent dissemblables. [...] C’est de cette façon que, chaque jour, le poulet se crée dans l’œuf ; c’est aux dépens d’une même matière que tous les organes se créent, se nourrissent et s’accroissent<ref>W. Harvey, ''Exercitationes de generatione animalium'', 1651, p. 124, cité et trad. par [[Camille Dareste de La Chavanne]], ''Recherches sur la production artificielle des monstruosités, ou, Essais de Tératogénie expérimentale'', pp. 187-88)</ref>.}}}}.[[Fichier:9-Week Human Embryo from Ectopic Pregnancy.jpg |vignette |gauche |270x270px|Embryon humain de neuf semaines au cours d'une [[grossesse extra-utérine]].]]La théorie de la préformation avait des racines philosophiques dans la [[Métaphysique cartésienne|métaphysique de Descartes]], qui a introduit le concept de [[matérialisme]]. Ce concept considère que le monde est complètement mécaniste et déterministe, sans qu'aucune force immatérielle n'intervienne dans les interactions des objets physiques. Pour les matérialistes, l'épigenèse semblait nécessiter l'introduction d'une force vitale ou intelligence qui savait organiser les fluides parentaux dans la structure physique de la progéniture et devait donc être rejetée<ref name="Embryo Project Encyclopedia2013">{{Lien web |langue=en |titre=Preformationism in the Enlightenment. The Embryo Project Encyclopedia |url=https://embryo.asu.edu/pages/preformationism-enlightenment |site=embryo.asu.edu |date=25 septembre 2013 |consulté le=2 décembre 2018}}.</ref>.

Les erreurs des scientifiques des tenants du préformationisme se sont partagées en deux théories rivales : l'ovisme, considérant que les organismes préformés se trouvaient déjà entièrement constitués dans l’œuf<ref name="Embryo Project Encyclopedia2013" />; et l' animalculisme, apparu avec l'arrivée du microscope<ref name="Embryo Project Encyclopedia2013" /> qui permit à [[Antoni van Leeuwenhoek]] d'observer les [[spermatozoïde]]s et de prétendre y avoir vu des êtres préformés, appelés ''homunculus''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Heredity - Epistatic genes |url=https://www.britannica.com/science/heredity-genetics/Epistatic-genes#ref502807 |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2 décembre 2018}}.</ref>. Le préformationisme eut des défenseurs scientifiques jusqu'au  {{s-|XVIII}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Lazzaro Spallanzani |url=https://www.britannica.com/biography/Lazzaro-Spallanzani#ref202225 |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2 décembre 2018}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |La théorie de la préformation sera battue en brèche par plusieurs observations aux {{s-|XVIII}} et surtout {{s-|XIX}} notamment par celles de [[Caspar Friedrich Wolff]] (1768), [[Karl Ernst von Baer]] (1827) et [[Louis Agassiz]] (1877)<ref name="Biologie1966"/> et le triomphe de la [[théorie cellulaire]].}}.

==== Neurophysiologie / neuroanatomie ====
{{Article connexe |Histoire de la neurologie}}

===== Conceptions du fonctionnement cérébral =====
{{article détaillé |Histoire de la connaissance du cerveau}}
[[Fichier:Hirnventrikel mittelgroß.gif |vignette |Représentation schématique du [[système ventriculaire]], en bleu, du cerveau humain.]]
[[Hérophile]] et son successeur [[Érasistrate]] furent parmi les premiers neuroanatomistes dont les noms nous sont parvenus{{note |groupe=Note |Ils furent précédés par des médecins égyptiens dont l'un décrivit les circonvolutions du cerveau, les membranes qui l'enveloppent et le liquide qui l'entoure<ref>Ronan, op. cité, p. 37</ref>.}}. En étudiant le [[cerveau humain]] ils observèrent les [[Système ventriculaire|ventricules cérébraux]] et leur attribuèrent une fonction, distinguèrent le cervelet du reste du cerveau, et décrivent les membranes et les sinus veineux cérébraux<ref>{{Ouvrage |auteur1=Charles G. Gross |titre=''Early History of Neuroscience'' in ''Encyclopedia of Neuroscience'' |éditeur=George Adelman |année=1987 |format=pdf |passage=843-847 |isbn=978-3-7643-3333-1 |isbn2=3764333332 |lire en ligne=http://www.princeton.edu/~cggross/Hist_Neurosci_Ency_neurosci.pdf}}.</ref>. Pour certains médecins, comme [[Claude Galien|Galien]], ces cavités étaient remplies d'air, alors que pour d'autres, elles étaient remplies de liquide et jouaient un rôle pour le transport des [[esprits animaux]]<ref name="M.J.">Jeannerod, 1983, {{p.|11-15}}</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Le terme "esprits animaux" sera peu à peu délaissé au {{s-|XVIII}} pour être remplacé par celui de "vis nervosa" (force nerveuse) proposé par [[Albrecht von Haller]]<ref>Marc Jeannerod, op. cité (voir plus loin), p. 207, note 3</ref>}}. Jusqu'à Léonard de Vinci, qui eut l'idée d'injecter de la cire dans les cavités ventriculaires pour mieux les décrire, la description des ventricules cérébraux contenait des erreurs<ref name="Mathé27">Mathé op. cité, {{p.|27}}</ref>. Il y localise toutefois les {{Citation |principales fonctions de la pensée humaine : la mémoire, l'attention, la fantaisie, la connaissance, la pensée, l'imagination, l'application et même le siège de « l'âme » se voit attribuer un territoire précis du plancher du troisième ventricule qui reçoit « l'esprit vital » monté du cœur avec la « chaleur vitale » par deux canaux para-médullaires imaginaires<ref name="Mathé27"/>.}}. [[René Descartes]] explique le phénomène des stimulations sensorielles comme la mise en mouvement par le cœur des esprits animaux contenus dans le cœur et les artères se rendant jusque dans les cavités du cerveau par analogie aux soufflets des [[orgue]]s poussant l'air dans les tuyaux<ref name="M.J."/>. Descartes fait aussi de la [[glande pinéale]] le siège de l'imagination et du sens commun<ref name="M.J."/>. Vers 1730, alors que certains phénomènes liés à l'[[électricité]] commencent à être observés, [[Pieter van Musschenbroek]]  affirme que l'électricité n'est pas le phénomène expliquant le fluide nerveux mais que ce dernier est propulsé dans les nerfs par la systole du cerveau, tout comme le sang dans les artères par la systole du cœur<ref name="M.J."/>.
[[Fichier:Иван Павлов.jpg |vignette|gauche |Ivan Pavlov (1849 - 1936)]]
Au {{s-|XVII}}, [[Thomas Willis]] fait faire des progrès remarquables à la [[neuroanatomie]] ([[Thomas Willis#Neuroanatomie|Cf.]]) mais relie à tort certaines fonctions à diverses structures cérébrales: s'il localise correctement le siège de la [[Mémoire (psychologie)|mémoire]] dans le [[cortex cérébral]], Willis attribue au [[corps calleux]] celui de l'[[imagination]] tandis qu'il conçoit le [[cervelet]] comme étant le siège des mouvements involontaires<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Marc Jeannerod]] |titre=Le cerveau Machine |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Éditions Fayard]] |collection=Le temps des sciences |année=1983 |pages totales=225 |passage=18 |isbn=978-2-213-01308-4}}.</ref>.

À la suite des travaux d'[[Ivan Pavlov]] qui met en évidence les [[Conditionnement classique|réflexes conditionnés]] ou « réflexes conditionnels », plusieurs chercheurs concluent que ces derniers ne peuvent se manifester que chez les espèces pourvues d'un [[cortex cérébral]] jusqu'à ce qu'on observe ce phénomène chez certaines espèces de poissons qui en sont dépourvues<ref>Jeannerod, 1983, {{p. |67}}.</ref>.

Jusqu'aux travaux d'[[Eduard Hitzig]] et [[Gustav Fritsch]] en 1870, diverses expériences pour tenter de faire réagir le cortex du cerveau au moyen d'un [[courant électrique]] n'avaient donné aucun résultat. Il en résulta la théorie de l'inexcitabilité du cortex cérébral. Hitzig et Fritsch réussirent à provoquer chez le chien des mouvements involontaires du côté opposé de la stimulation au moyen de fines [[électrode]]s de [[platine]] séparées de quelques millimètres et d'un faible courant démontrant ainsi la fausseté de cette théorie<ref>Jeannerod, 1983, {{p. |81-82}}.</ref>.

===== Théorie de l'absence de plasticité cérébrale =====
[[Fichier:Hippocampus and seahorse.JPG |vignette |gauche |Hippocampe humain {{incise |dont l'étude a contribué à la mise en évidence de la plasticité cérébrale et de la neurogenèse dans le cerveau adulte}} en comparaison avec ''[[Hippocampe (poisson)|hippocampus]]''.]]Jusque dans les années 1970-1980, il était admis que le cerveau était incapable de se modifier lors des processus d'[[apprentissage]]. Pourtant, dès 1890, [[William James (psychologue)|William James]] écrivait dans ''[[The Principles of Psychology]]'' : {{Citation |...la matière organique, spécialement le tissu nerveux, semble doté d'un extraordinaire degré de plasticité<ref>{{Ouvrage |auteur1=William James |champ libre=cité dans ''Neurobiological Background of Exploration Geosciences: New Methods for Data Analysis Based on Cognitive Criteria'', Paolo Dell'Aversana, p. 204 |titre=The Principles of Psychology |lieu=New York |éditeur=Henry Holt and Company |année=1890 |pages totales=1393 }}.</ref>.}} En 1923, [[Karl Lashley]] mena des expériences sur des singes rhésus qui démontrèrent des changements dans les voies neuronales et qui lui firent conclure à une preuve de plasticité cérébrale<ref name="Dell'Aversana">{{Ouvrage |auteur1=Paolo Dell'Aversana |titre=Neurobiological Background of Exploration Geosciences |sous-titre=New Methods for Data Analysis Based on Cognitive Criteria |lieu=Cambridge, Massachusetts |éditeur=[[Academic Press]] |date=14 juillet 2017 |pages totales=250 |passage=204 |isbn=978-0-12-810480-4}}.</ref>. En dépit de ces premiers travaux, les [[Neurosciences|neuroscientifiques]] de l'époque rejetèrent l'idée de la [[Plasticité neuronale|neuroplasticité]]<ref name="Dell'Aversana" />. En 1949, l'hypothèse de la neuroplasticité reçut l'appui de [[Donald Hebb]]<ref name="Dell'Aversana" /> qui présenta la [[règle de Hebb]]. Cette règle concerne plus particulièrement la [[plasticité synaptique]] qui relie l'efficacité des [[synapse]]s lors de leurs stimulations répétées et propre à « induire un changement cellulaire persistant qui augmente sa stabilité »<ref>{{Ouvrage |auteur1=Donald Olding HEBB |titre=The Organization of Behavior |sous-titre=A Neuropsychological Theory |lieu=New York |éditeur=Wiley & Sons |année=1949 |pages totales=378 (édition 2002) |isbn=978-0-8058-4300-2}}.</ref>.
En 1964, la neuroanatomiste [[Marian Diamond]], de l'[[université de Californie à Berkeley]], réalisa une série de travaux chez le rat qui apporta les premières preuves scientifiques de la plasticité anatomique du cerveau<ref>{{Article |auteur1=Marian C. Diamond |auteur2=David Krech |auteur3=Mark R. Rosenzweig |titre=The effects of an enriched environment on the histology of the rat cerebral cortex |périodique=The Journal of Comparative Neurology |éditeur=Wiley |volume=123 |numéro=1 |mois=août |année=1964 |pages=111-119 |ISSN=0021-9967 |doi=10.1002/cne.901230110 |url=https://dx.doi.org/10.1002/cne.901230110}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=E. L. Bennett |auteur2=M. C. Diamond |auteur3=D. Krech |auteur4=M. R. Rosenzweig |titre=Chemical and Anatomical Plasticity of Brain: Changes in brain through experience, demanded by learning theories, are found in experiments with rats |périodique=Science |éditeur=American Association for the Advancement of Science (AAAS) |volume=146 |numéro=3644 |jour=30 |mois=octobre |année=1964 |pages=610-619 |ISSN=0036-8075 |doi=10.1126/science.146.3644.610 |url=https://dx.doi.org/10.1126/science.146.3644.610}}.</ref>. En 2000, des chercheurs purent établir sur le plan anatomique cette plasticité cérébrale chez l'être humain adulte, montrant que l’hippocampe postérieur chez les chauffeurs de taxi londoniens est plus développé que celui d'autres personnes observées à titre de sujets de contrôle<ref>{{Article |langue=en |auteur1=E. A. Maguire |auteur2=D. G. Gadian |auteur3=I. S. Johnsrude |auteur4=C. D. Good |auteur5=J. Ashburner |auteur6=R. S. J. Frackowiak |lien auteur6=Richard Frackowiak |auteur7=C. D. Frith |titre=Navigation-related structural change in the hippocampi of taxi drivers |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |éditeur=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume= 97 |numéro=8 |jour=14 |mois=mars |année=2000 |pages=4398-4403 |ISSN=0027-8424 |doi=10.1073/pnas.070039597 |url=https://dx.doi.org/10.1073/pnas.070039597}}.</ref>.

===== Théorie de l'absence de neurogenèse dans le cerveau adulte =====
[[Fichier:Neural stem-progenitor cells of the adult olfactory bulb.tif |vignette |250px |Image [[Microscope confocal|confocale]] de [[Cellule souche|cellules souches]] neuronales (vertes) positives à la [[Protéine fluorescente verte|GFP]] dans le [[bulbe olfactif]] du rat.]]
Pendant la plus grande partie du {{s-|XX}}, la majorité des chercheurs était convaincue que le cerveau adulte ne fait que perdre des neurones sans aucune possibilité de [[neurogenèse|régénération]]. Par exemple le célèbre neuroscientifique espagnol [[Santiago Ramón y Cajal]] affirmait que {{Citation |...les voies nerveuses sont quelque chose de fixe, de fini et d'immuable; tout peut mourir, rien ne peut renaître}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Santiago Ramón y Cajal|titre=Estudios sobre la degeneración y la regeneración del sistema nervioso. T.2, degeneración y regeneración de los centros nerviosos|lieu=Madrid|éditeur=Moya|année=1914|pages totales=401}}, traduction anglaise : ''Cajal's Degeneration and Regeneration of the Nervous System'', Javier DeFelipe, Edward G. Jones, Raoul M. May, Oxford University Press, 1991, {{nobr|769 pages}}, {{ISBN|978-0-19-506516-9}}.</ref>.

Les premiers résultats à contredire cette théorie ont été publiés en 1965 par [[Joseph Altman]] et Gopal Das du [[Massachusetts Institute of Technology]] (MIT). Travaillant avec des rats adultes, ils ont observé la naissance de nouvelles cellules dans deux régions du cerveau : le système olfactif et le [[gyrus denté]] de l’[[hippocampe (cerveau)|hippocampe]]<ref name="mcgill.ca"/>. Deux ans plus tard, ils obtiennent des résultats similaires chez le [[Cavia porcellus|cochon d'Inde]]<ref>{{Article |auteur1=Joseph Altman |auteur2=Gopal D. Das |titre=Postnatal Neurogenesis in the Guinea-pig |périodique=Nature |éditeur=Springer Nature |volume=214 |numéro=5093 |mois=juin |année=1967 |pages=1098-1101 |ISSN=0028-0836 |doi=10.1038/2141098a0 |url=https://dx.doi.org/10.1038/2141098a0}}.</ref>. Une incertitude demeurait toutefois quant à savoir s'il s'agissait bien de neurones ou de [[Cellule gliale|cellules gliales]]<ref name="mcgill.ca">{{Lien web |langue=en |titre=History Module: The Growth of New Neurons in the Adult Human Brain |url=http://thebrain.mcgill.ca/flash/capsules/histoire_bleu05.html |site=thebrain.mcgill.ca |consulté le=8 octobre 2018}}.</ref>.

Dans les années 1980, d'autres chercheurs mirent en évidence l'apparition de nouveaux neurones, cette fois dans le cerveau de [[canari]]s qui apprenaient de nouveaux [[Vocalisation des oiseaux|chants]]. Des indices commencèrent à s'accumuler avec d'autres expériences, comme l'augmentation du poids cérébral des rats après qu'ils ont été entraînés à retrouver leur chemin dans des labyrinthes<ref name="mcgill.ca"/>. Mais jusqu'aux années 1990, la plupart des scientifiques restèrent convaincus qu'aucun nouveau neurone ne se forme jamais dans le cerveau adulte<ref name="mcgill.ca"/>.

Les travaux d'{{Lien|langue=en|trad=Elizabeth Gould (psychologist)|fr=Elizabeth Gould (psychologue)|texte=Elizabeth Gould}} à la fin des années 1990 mettront en évidence que la genèse de plusieurs milliers de nouveaux neurones se produit chaque jour dans le gyrus denté de l'hippocampe chez le singe adulte<ref name="mcgill.ca"/>. Ces résultats chez les singes ont ensuite été observés chez l'homme<ref>{{Lien web |auteur=Serge Laroche |titre=De mémoire de neurone |date=2008 |url=https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/7333 |site=journals.openedition.org |consulté le=8 octobre 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=Peter S. Eriksson |auteur2=Ekaterina Perfilieva |auteur3=Thomas Björk-Eriksson |auteur4=Ann-Marie Alborn |auteur5=Claes Nordborg |auteur6=Daniel A. Peterson |auteur7=Fred H. Gage |titre=Neurogenesis in the adult human hippocampus |périodique=Nature Medicine |éditeur=Springer Nature |volume=4 |numéro=11 |mois=novembre |année=1998 |pages=1313-1317 |ISSN=1078-8956 |doi=10.1038/3305 |url=https://dx.doi.org/10.1038/3305}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Gerd Kempermann and Fred H. Gage |titre=New Nerve Cells for the Adult Brain |mois=܁mai |année=1999 |url=http://people.brandeis.edu/~teuber/newnerves.pdf |site=people.brandeis.edu |consulté le=8 octobre 2018}}.</ref>.

[[Fichier:Preserved sperm whale brain.jpg |vignette |gauche |350px |Cerveau de [[Grand cachalot|cachalot]] exposé au [[Miraikan]], musée national des sciences émergentes et de l'innovation de Tokyo, au Japon.]]

===== Neurones en fuseau chez les cétacés =====
Les chercheurs pensaient autrefois que les [[Neurone en fuseau|neurones en fuseau]], parfois appelés neurones de [[Constantin von Economo|von Economo]], ne se retrouvaient que dans le cerveau humain et celui des [[Hominoidea|grands singes]]<ref>Marc Bekoff, op. cité (voir plus loin), {{p.|20}}</ref>, dans des parties de cerveau associées à des fonctions cognitives telles que les interactions sociales, l'intuition et le traitement émotionnel<ref name="Frontiers in Neuroanatomy">{{Article|auteur1=Carlos Arturo González-Acosta|auteur2=Martha Isabel Escobar|auteur3=Manuel Fernando Casanova|auteur4=Hernán J. Pimienta|auteur5=Efraín Buriticá|titre=Von Economo Neurons in the Human Medial Frontopolar Cortex|périodique=Frontiers in Neuroanatomy|volume=12|éditeur=Frontiers Media SA|jour=6|mois=août|année=2018|ISSN=1662-5129|doi=10.3389/fnana.2018.00064|url=https://dx.doi.org/10.3389/fnana.2018.00064}}.</ref>. Pour cette raison, ces neurones étaient considérés comme distinguant les humains et les autres grands singes de tous les autres mammifères. Il s'avère que ces neurones en fuseau existent aussi dans les mêmes régions correspondantes du cerveau chez les [[baleine à bosse|baleines à bosse]], les [[Rorqual commun|rorquals communs]], les [[orque]]s et les [[Grand cachalot|cachalots]]<ref>{{lien web |url=https://www.newscientist.com/article.ns?id=dn10661&print=tru |titre=Whales boast the brain cells that 'make us human' |date=27 novembre 2006 |série=[[New Scientist]] |auteur=Andy Coghlan. |deadurl=yes |archiveurl=https://web.archive.org/web/20080416015627/http://www.newscientist.com/article.ns?id=dn10661 |archivedate=16 April 2008 }}.</ref>{{,}}<ref name="Hof/Gucht">{{Article |auteur1=Patrick R. Hof |auteur2=Estel Van Der Gucht |titre=Structure of the cerebral cortex of the humpback whale,Megaptera novaeangliae (Cetacea, Mysticeti, Balaenopteridae) |périodique=The Anatomical Record Part A: Discoveries in Molecular, Cellular, and Evolutionary Biology |éditeur=Wiley |année=2006 |ISSN=1552-4884 |doi=10.1002/ar.a.20407 |url=https://dx.doi.org/10.1002/ar.a.20407}}.</ref>.

===== Rôle du système immunitaire =====
Jusqu'au début des années 1990, les chercheurs croyaient que le rôle du [[système immunitaire]] se cantonnait à distinguer les constituants de l'organisme, le [[Soi (biologie)|soi]], de ce qui lui est étranger, le [[Non-soi (biologie)|non-soi]]<ref name="Matzinger"/>{{,}}<ref name="JK"/>. Les travaux de [[Polly Matzinger]] montrèrent que le système immunitaire avait pour rôle non seulement de combattre les organismes pathogènes mais aussi d'intervenir pour réparer les tissus endommagés lors d'une [[Lésion (médecine)|lésion]]<ref name="Matzinger">{{Lien web |langue=en |auteur=Polly Matzinger |titre=Tolerance, Danger, and the Extended Family. {{nobr|Vol. 12}} |pages=991-1045 |date=avril 1994 |url=https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev.iy.12.040194.005015 |site=Annual Reviews |consulté le=13 octobre 2018}}.</ref>. Des études ultérieures ont montré que lors d'une lésion, les tissus émettent des signaux qui sont captés par le système immunitaire : ce dernier, ainsi activé, intervient sur le tissu lésé<ref name="JK">{{article |auteur=Jonathan Kipnis |titre=Cerveau et immunité : un dialogue insoupçonné |périodique=Pour la science |date=septembre 2018 |lire en ligne=https://www.pourlascience.fr/sd/immunologie/cerveau-et-immunite-un-dialogue-insoupconne-14542.php}}, {{p.|32}}</ref>. Lors d'un coup violent, certaines molécules de l'organisme telles l'[[adénosine triphosphate|ATP]], l'[[Acide désoxyribonucléique|ADN]] et l'[[ARN]] se propagent dans l'[[Milieu extracellulaire|espace intercellulaire]]<ref name="Mehal"/> : elles deviennent alors détectables par les [[Récepteur de type Toll|récepteurs de type Toll]] et d'autres molécules présentes sur les cellules immunitaires qui réagissent à ces signaux de danger en déclenchant une réaction [[inflammation|inflammatoire]]<ref name="Mehal">{{Lien web |auteur=Wajahat Z. Mehal |titre=Comment les cellules s'enflamment |date=juin 2018 |périodique=Pour la Science |url=https://boutique.pourlascience.fr/anciens-numeros/pour-la-science-488-juin-2018.html}} {{p.|60}}.</ref>. D'autres expériences ont montré que si on supprime le fonctionnement du [[système immunitaire adaptatif]] chez un organisme, le développement et la croissance des [[tumeur]]s s'en trouve accélérés alors que la guérison des tissus s'en trouve ralentie<ref name="JK"/>{{,}}<ref>Aurélien Marabelle, ''L'Immunothérapie, un changement radical de paradigme en oncologie'', {{PDF}} [http://www.crio-immunotherapie.com/livre-blanc.pdf lire en ligne]</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Malgré les progrès dans ce domaine, il est bon de faire une mise en garde sachant que beaucoup de recherches restent à accomplir pour parvenir à vaincre les multiples formes du cancer.}}.

===== Système immunitaire et cerveau =====
La relation entre le cerveau et le système immunitaire est longtemps restée méconnue, les chercheurs pensaient qu'elle était inexistante mis à part dans certains cas pathologiques. Des recherches montrent en fait qu'ils sont intimement liés<ref>Kipnis {{p.|28}}</ref>. Les expériences menées à la fin des années 1990 par Michal Scwartz, de l'[[institut Weizmann]], mirent en évidence que l'élimination des [[Cellule immunitaire|cellules immunitaires]] du système nerveux central ayant subi une lésion aggrave la perte des neurones et les perturbations de fonctionnement du cerveau<ref name="K2">Kipnis {{p.|33}}</ref>. De même, des études de Stanley Appel, de l'{{Lien |langue=en |trad=Houston Methodist Hospital |fr=hôpital méthodiste de Houston}} et Mathew Blurton-Jones, de l'[[université de Californie à Irvine]], ont montré  que la [[sclérose latérale amyotrophique]] et la [[maladie d'Alzheimer]] se développent plus sévèrement et rapidement chez des souris privées du système immunitaire adaptatif que chez des souris normales<ref name="K2" />.

==== Génétique et biologie du développement ====
{{Article connexe |Histoire de la génétique}}

===== Fécondation =====
[[Fichier:Pink and yellow Mirabilis jalapa.jpg |vignette|300px |Fleur de Mirabilis jalapa, variété rose et jaune.]]

Les développements de la génétique et de la [[biologie du développement]] apportèrent les connaissances nécessaires à la correction de nombreuses erreurs dans ce domaine. Ainsi par exemple, [[Charles Darwin|Darwin]] partagea la croyance qu'il fallait plusieurs [[spermatozoïde]]s pour féconder un œuf et c'est avec les travaux d'[[Oscar Hertwig]], en 1875, que vit le jour l'idée que la [[fécondation]] consistait dans la fusion de deux [[Noyau (biologie)|noyaux]]<ref name="Gayon">[[Jean Gayon]], ''Les cahiers de Science et Vie'', {{n° |15}}, juin 1993, {{p. |40-41}}.</ref>. De même, Darwin, tout comme [[Charles Naudin]], soutenaient qu'un seul grain de [[pollen]] ne pouvait féconder l'ovule d'une plante, affirmation qui fut démentie par des expériences de [[Gregor Mendel|Mendel]] qui put obtenir avec [[Mirabilis jalapa]] plusieurs plantes viables dont la [[graine]] fut fécondée chaque fois par un unique grain de pollen<ref name="Giannini">Adriana Giannini, ''Mendel ignoré'', ''Les génies de la science'', [[Pour la science]], {{n° |35}}, mai-juillet 2008, {{p. |59}}.</ref>. Mendel, à son tour, se trompait en pensant que tous les caractères se transmettent indépendamment les uns des autres. [[Hugo de Vries]], [[Carl Correns]] et [[Erich von Tschermak-Seysenegg|Erich von Tschermak]], les redécouvreurs des [[lois de Mendel]], ont commis aussi la même erreur jusqu'à ce que le phénomène de linkage ou [[liaison génétique]] fut mis à jour permettant de découvrir que cette indépendance de transmission n'est vérifiée que pour des caractères dont les gènes sont situés sur des [[chromosome]]s différents<ref name="Gayon" />.

===== Affaire Lyssenko =====
À la fin des [[années 1920]] et début des [[années 1930]], après avoir conçu une nouvelle [[technique agricole]], la [[vernalisation]], le biologiste [[russes|russe]] [[Trofim Lyssenko]] élabore une théorie selon laquelle des [[plante]]s, notamment des [[taxon]]s de [[Poaceae|graminées]] [[céréale|céréalières]], pouvaient être génétiquement modifiées par leur [[environnement naturel]]. Sur la base de cette théorie, Lyssenko pense dès lors qu'il est possible de changer le [[blé]] en [[seigle]] ou encore l'[[orge commune|orge]] en [[avoine cultivée|avoine]]. Cette pseudo-théorie, qui ne s'appuyait alors sur aucune [[méthode expérimentale]] et [[méthode scientifique|scientifique]], n'a été qu'entièrement et unanimement démantelée et réfutée par l'ensemble de la [[communauté scientifique]] internationale (y compris par l'[[Académie des sciences de Russie|Académie des sciences soviétique]]) qu'à partir des années 1964-1965, après la destitution de [[Nikita Khrouchtchev#Chute|Nikita Khrouchtchev]]<ref name="Bach">[[Jean-François Bach]], ''L’erreur scientifique'', Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, 21 juin 2011, (consulté le 7 septembre 2018), [http://www.academie-sciences.fr/archivage_site/academie/membre/s210611_bach.pdf lire en ligne]</ref>{{,}}<ref name="Affaire-Lyssenko">{{article |auteur=Walter Gratzer |titre=L’affaire Lyssenko, une éclipse de la raison |périodique=[[Médecine/sciences]] |année=2005 |volume=21 |pages=203-206 |format=pdf |consulté le=20 mars 2018 |lire en ligne=http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/5455/MS_2005_2_203.pdf?sequence=1&isAllowed=y}}.</ref>{{,}}<ref name="Lyssenko1">{{Ouvrage |auteur1=Joël Kotek |auteur2=Dan Kotek |titre=L'affaire Lyssenko |éditeur=[[Éditions Complexe|Editions Complexe]] |année=1986 |pages totales=238 |isbn= |lire en ligne={{Google Livres |id=O3Ejz0Hs2MAC|surligné=L'affaire Lyssenko}} |consulté le=20 mars 2018}}.</ref>.

===== Correspondance gène-protéine =====
[[Fichier:Dogme-central-BioMol.svg |vignette|gauche |Schéma du dogme central de la biologie moléculaire.]]
À partir de 1941 et des travaux de [[George Wells Beadle|George Beadle]] et [[Edward Lawrie Tatum|Edward Tatum]] sur les chaînes de synthèse de [[métabolite]]s apparaît l'idée qu'à la synthèse d'une [[enzyme]] ne correspond qu'un seul [[gène]]. Vérifiée dans un premier temps chez les [[champignon]]s et les [[bactérie]]s<ref name="Gros">[[François Gros (biologiste)|François Gros]], ''Les secrets du gène'' [[Éditions Odile Jacob]], Seuil, 1986, {{p. |26-29}}, {{ISBN |2020093251}}.</ref>, elle fut plus tard étendue à toutes les [[protéine]]s. Avec la découverte de la structure de l'[[Acide désoxyribonucléique|ADN]] et du [[code génétique]], ce lien devient une certitude pour bon nombre de biologistes. Mais des découvertes ultérieures montrent la correspondance un gène - une protéine n'est pas parfaite : par exemple, l'[[hémoglobine]] humaine est composée de deux chaines α et de deux chaînes β alors que la synthèse de chacun de ces deux types de chaînes est dirigée par deux gènes distincts<ref name="Gros" />. D'autres biologistes découvrent ensuite le phénomène de l'[[épissage alternatif]] qui explique comment un nombre limité de gènes peut être à l'origine d'un nombre incomparablement plus élevé de protéines. En 2008, plusieurs études montrent qu'au moins 95 % des gènes sont assujettis à ce phénomène d'épissage alternatif si bien que  {{unité|22000|gènes}} coderaient de {{formatnum:100000}} à {{unité|1000000|de protéines}} distinctes<ref>[https://www.pourlascience.fr/sd/genetique/un-gene-combien-de-proteines-7574.php « Un gène, combien de protéines ? »], ''[[Pour la science]]'', Didier Aubœuf, {{date-|11 octobre 2013}}, consulté le {{date-|18 mars 2018}}.</ref>. Un des exemples extrêmes est le gène {{Lien |langue=en |trad=DSCAM |fr=DSCAM}} de la [[drosophile]] qui peut donner jusqu'à {{unité|38000|protéines}} de formes distinctes<ref>Gérard Lambert, ''Le gène en miettes'', ''Les génies de la science'', ''[[Pour la science]]'', {{n° |35}}, mai-juillet 2008, {{p. |95}}.</ref>{{,}}<ref>{{article |nom=Neves |prénom=G. |auteur2=Zucker J |auteur3=Daly M |auteur4=Chess A. |titre=Stochastic yet biased expression of multiple Dscam splice variants by individual cells. |journal=Nature Genetics |date=février 2004 |volume=36 |pages=240–246 |pmid=14758360 |doi=10.1038/ng1299 |numéro=3}}.</ref>{{,}}<ref name=Schmucker>{{article |prénom1=D. |nom1=Schmucker |prénom2=J. C. |nom2=Clemens |prénom3=H. |nom3=Shu |prénom4=C. A. |nom4=Worby |prénom5=J. |nom5=Xiao |prénom6=M. |nom6=Muda |prénom7=J. E. |nom7=Dixon |prénom8=S. L. |nom8=Zipursky |titre=Drosophila Dscam is an axon guidance receptor exhibiting extraordinary molecular diversity |journal=Cell |volume=101 |numéro=6 |pages=671–84 |date=juin 2000 |pmid=10892653 |doi=10.1016/S0092-8674(00)80878-8 |url=http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0092-8674(00)80878-8}}.</ref>.
===== Génome et modifications =====
Jusqu'à la découverte des [[rétrotransposon]]s et la mise en évidence de leur action dans les [[Cellule somatique|cellules somatiques]] dont les [[neurone]]s, les chercheurs pensaient que la séquence des [[nucléotide]]s du [[génome]] des cellules cérébrales dans le cerveau d'un mammifère adulte était la même pour toutes les cellules et restait inchangée durant toute la vie de l'organisme<ref name="Gage/Muotri">[[Fred Gage]], [[Alysson Muotri]], ''Des gènes sauteurs dans le cerveau'', ''[[Pour la science]]'', juillet 2012, {{p. |72-74}}.</ref>. Des biologistes découvrirent qu'en fait, chez la souris et chez l'humain, le phénomène de réinsertion des rétrotransposons avec les [[Long élément nucléaire intercalé|éléments longs nucléaires intercalés]] et les [[Petit élément nucléaire intercalé|éléments courts nucléaires intercalés]] modifie cette séquence d'un neurone à l'autre dans l'[[hippocampe (cerveau)|hippocampe]] et le [[noyau caudé]]<ref name="Gage/Muotri" />{{,}}<ref>{{en}} J. K. Baillie {{et al.}}, ''{{langue |en |Somatic retrotransposition alters the genetic landscape of the human brain}}'', ''[[Nature (revue)|Nature]]'', {{vol. |479}}, {{p. |534-537}}, 2011.</ref>{{,}}<ref>{{en}} N. Coufal {{et al.}}, ''L1 retrotransposition in human neural progenitor cells'', ''[[Nature (revue)|Nature]]'', {{vol. |460}}, {{p. |1127-1131}}, 2009.</ref>.

==== Biologie marine ====
{{Article détaillé|biologie marine|Histoire de la biologie marine|Faune abyssale}}

===== Absence de vie marine dans les profondeurs =====
[[Fichier:East Scotia Ridge - Plos Biol 03.tif |vignette |350px |[[Anémone de mer|Anémones de mer]] (A), (B), et (C) [[gastéropode]]s (D), [[étoile de mer|étoiles de mer]] (E) et [[pieuvre]] (F) vivant tous à une profondeur au-delà de {{unité|2000|m}}. (Observations faites entre {{formatnum:2394}} et {{unité|2608|m}})<ref>{{article|langue=en|auteur=Katrin Zwirglmaier {{et al.}}|titre=The Discovery of New Deep-Sea Hydrothermal Vent Communities in the Southern Ocean and Implications for Biogeography|périodique=[[PLOS Biology]]|éditeur=Public Library of Science|date=3 janvier 2012|issn=1545-7885|url=https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1001234|consulté le=4 octobre 2018}}.</ref>]]
En 1843, [[Edward Forbes]] a proposé l'{{Lien |langue=en |trad=Azoic hypothesis |fr=hypothèse azoïque}}  selon laquelle l'abondance et la variété de la vie marine diminuent avec la profondeur et calculé que la vie marine devait cesser d'exister au-delà de {{unité|300|[[Brasse (unité)|brasses]]}} ({{unité|1800|[[Pied (unité)|pieds]]}} ; {{nobr|550 mètres}}). Sa théorie était basée sur l'analyse d'échantillons de [[dragage]] à diverses profondeurs de l'océan qui montrait que plus grande était la profondeur, plus faible était la [[biodiversité]], avec des créatures généralement de plus petite taille<ref name="Forbes">{{article|titre=Deserts on the sea floor: Edward Forbes and his azoic hypothesis for a lifeless deep ocean|journal=Endeavour|volume=30|numéro=4|date=décembre 2006|doi=10.1016/j.endeavour.2006.10.003}}.</ref>. Le géologue {{Lien|langue=en|trad=David Page (geologist)|fr=David Page}} fit en outre valoir qu'avec l'augmentation de la profondeur, l'augmentation de la pression devait empêcher le développement de toute forme de vie du fait que, "selon l'expérience, l'eau à {{unité|1000|pieds}} de profondeur est comprimée à 1⁄340 de son propre volume<ref>{{Ouvrage|prénom1=David|nom1=Page|titre=Advanced Text-Book of Geology|lieu=Édimbourg|éditeur=William Blackwood|année=1867|pages totales=478|passage=43|lire en ligne=https://books.google.bi/books?id=R-44AAAAMAAJ&pg=PA43}}{{Citation bloc|According to experiment, water at the depth of 1000 feet is compressed 1/340th of its own bulk; and at this rate of compression we know that at great depths animal and vegetable life as known to us cannot possibly exist – the extreme depressions of seas being thus, like the extreme elevations of the land, barren and lifeless solitudes}}.</ref>".[[Fichier:Riftia tube worm colony Galapagos 2011.jpg |vignette |gauche |upright=1.3 |Colonie de [[Ver tubicole|vers tubicoles]] géants ''[[Riftia pachyptila]]'' observés avec des anémones et des [[Mytilida|moules]] lors de l'expédition du [[Point chaud des Galápagos|rift des Galápagos]] de la [[National Oceanic and Atmospheric Administration|NOAA]] en 2011<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Jeremy Potter |titre=Okeanos Explorer. Expeditions. Galapagos Rift 2011 |url=https://oceanexplorer.noaa.gov/okeanos/explorations/ex1103/welcome.html |site=oceanexplorer.noaa.gov |date=30 novembre 2012 |consulté le=7 octobre 2018}}.</ref>.]]
Cette théorie n'a été réfutée qu'à la fin des années 1860<ref name="noc">{{lien web |titre=UK Deep-Sea Image and Video Library |url=http://archive.noc.ac.uk/deepseascape/history.php |site=archive.noc.ac.uk |consulté le=16 novembre 2016}}.</ref> lorsque le biologiste [[Michael Sars]] découvrit la présence d'une vie animale à une profondeur supérieure à 300 brasses<ref name="Forbes" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Ludwig|nom1=Darmstaedter|titre=Handbuch zur Geschichte der Naturwissenschaften und der Technik|lieu=Berlin|éditeur=Springer|année=1908|pages totales=1262|passage=521|lire en ligne=https://archive.org/details/ludwigdarmstaedt02darmuoft/page/521/mode/1up}}.</ref>: {{nobr |427 espèces}} animales ont été trouvées le long de la côte [[Norvège|norvégienne]] à une profondeur de {{nobr|450 brasses}}<ref name="noc" />. En 1869, [[Charles Wyville Thomson]] découvrit de la vie marine à partir d'une profondeur de {{unité|2345|brasses}} ({{unité|14070|pieds}} ; {{unité|4289|m}})<ref name="noc" />.

Un siècle plus tard, en 1977, la découverte des [[Mont hydrothermal|monts hydrothermaux]] fit faire un nouveau bond dans l'exploration de la vie marine des [[Abysse|grands fonds océaniques]] avec l'observation d'espèces animales vivant dans des conditions que les biologistes avaient crues jusque-là impropres à toute vie<ref>{{lien web |titre=What is a hydrothermal vent? |url=https://oceanservice.noaa.gov/facts/vents.html |site=National Ocean Service |éditeur=National Oceanic and Atmospheric Administration |consulté le=10 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|prénom1=P.|nom1=Lonsdale|titre=Clustering of suspension-feeding macrobenthos near abyssal hydrothermal vents at oceanic spreading centers|journal=Deep-Sea Research|volume=24|numéro=9|pages=857–863|année=1977|doi=10.1016/0146-6291(77)90478-7|bibcode=1977DSR....24..857L}}.</ref> (Voir [[Origine de la vie]]).

===== Absence de vie microbienne dans les eaux de surface =====
[[Fichier:Prochlorococcus marinus.jpg |vignette |Photographie par [[microscopie électronique en transmission]] de la cyanobactérie ''[[Prochlorococcus]]''.]]
Jusque dans les années 1980, la communauté scientifique a considéré que les eaux de surface océaniques étaient dénuées de vie microbienne<ref name="Marlow, Braakman">{{Article|auteur=Jeffrey Marlow, Rogier Braakman|titre=L’esprit d’équipe des microbes|périodique=Pour la Science|pages=69|date=mai 2019}}.</ref>. À la fin des années 1980, des recherches montrèrent au contraire qu'une seule goutte d'eau de ce milieu contenait {{formatnum:1000000}} de microbes dont 10% sont constitués par la [[Cyanobacteria|cyanobactérie]] ''[[Prochlorococcus]]''<ref name="Marlow, Braakman" />, mettant au jour l'organisme [[Photosynthèse|photosynthétique]] le plus abondant du [[océan|milieu océanique]]<ref name="MITChisholm">{{Lien web |langue=en |auteur=Barbara Costa |titre=Sallie (Penny) W. Chisholm. MIT Infinite History |url=https://infinitehistory.mit.edu/video/sallie-penny-w-chisholm |site=infinitehistory.mit.edu |date=22 septembre 2015 |consulté le=20 juillet 2019 |champ libre=retranscription d'une présentation et d'une entrevue avec Sallie Chisholm}}.</ref>. Parmi les autres organismes de cet écosystème microbien, ''[[Candidatus Pelagibacter ubique|Pelagibacter]]'' est un des composants du [[bactérioplancton]] presque aussi abondant que ''Prochlorococcus''<ref>Marlow et Braakman, {{p.|71}}, op. cité</ref>. Ces deux types de microorganismes vivent en [[symbiose]] regroupés au sein de [[Biofilm|colonies]] riches en éléments nutritifs ([[carbone]], [[phosphore]], [[azote]], [[soufre]]...)<ref>{{Article|auteur=Ingrid Obernosterer|titre=L'extrême diversité des interactions microbiennes marines|périodique=Pour la Science|pages=72|date=mai 2019}}.</ref>.

===== Mixotrophes dans les réseaux trophiques =====
[[Fichier:Noctiluca scintillans varias.jpg |vignette |gauche |350px |[[Noctiluca scintillans]], un organisme mixotrophe non constitutif, spécialiste et [[Endosymbiose|endosynbiotique]]<ref>{{article|auteur=Aditée Mitra|titre=Le plancton animal qui voulait devenir végétal|périodique=[[Pour la science]]|numéro=496|passage=p. 55|date=février 2019}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Pedinomonas noctilucae est l'organisme [[endosymbiote]] vivant par milliers dans les [[vacuole]]s de Noctiluca scintillans<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Noctiluca |url=https://www.britannica.com/science/Noctiluca#ref1181948 |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=30 mars 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=Haruna Saito |auteur2=Ken Furuya |auteur3=Thaithaworn Lirdwitayaprasit |titre=Photoautotrophic growth of Noctiluca scintillans with the endosymbiont Pedinomonas noctilucae |périodique=Plankton and Benthos Research |éditeur=The Plankton Society of Japan/The Japanese Association of Benthology |volume=1 |numéro=2 |année=2006 |pages=97-101 |ISSN=1880-8247 |doi=10.3800/pbr.1.97 |url=http://dx.doi.org/10.3800/pbr.1.97}}.</ref>.}}.]]
Pendant longtemps, les spécialistes de [[biologie marine]] ont considéré que les [[réseau trophique|réseaux trophiques]] du [[Océan|milieu marin]] n'étaient constituées que de deux types d'organismes : le [[phytoplancton]] représentant les organismes [[Autotrophie|autotrophes]] et le [[zooplancton]] représentant les organismes [[Hétérotrophie|hétérotrophes]]<ref name="Mitra">{{article|auteur=Aditée Mitra|titre=Le plancton animal qui voulait devenir végétal|périodique=[[Pour la science]]|numéro=496|pages=50-59|date=février 2019}}.</ref>. Une troisième catégorie d'organismes était connue, les mixotrophes<ref group="Note">La [[mixotrophie]] désigne la capacité pour un organisme de se nourrir à la fois par [[photosynthèse]] et par l'ingestion de constituants organiques combinant ainsi l'autotrophie et l'hétérotrophie chez un même organisme.</ref>, considérés comme une simple curiosité sans grande importance dans les chaines alimentaires en milieu marin<ref name="Mitra" />. Plusieurs études publiées à partir des années 1980 réfutèrent cette conception<ref name="Mitra" />. et montrèrent qu'en fait la plupart des [[plancton|microorganismes planctoniques]] sont mixotrophes<ref name="10.1146">{{Article|auteur1=Diane K. Stoecker|auteur2=Per Juel Hansen|auteur3=David A. Caron|auteur4=Aditee Mitra|titre=Mixotrophy in the Marine Plankton|périodique=Annual Review of Marine Science|volume=9|numéro=1|pages=311-335|éditeur=Annual Reviews|jour=3|mois=janvier|année=2017|ISSN=1941-1405|doi=10.1146/annurev-marine-010816-060617|url=http://dx.doi.org/10.1146/annurev-marine-010816-060617}}.</ref>: répartis dans tous les milieux marins ils colonisent aussi les [[littoral|littoraux]], des pôles jusqu'à l'équateur<ref name="Mitra" />{{,}}<ref name="10.1146" />.

==== Biologie moléculaire ====

===== Détermination de la structure de l'ADN =====
{{Article connexe |Double hélice |ADN Z |Structure de l'ARN}}
[[Fichier:ABDNAxrgpj.jpg |vignette |Diagrammes de diffraction des rayons X de l'[[ADN A]] et de l'[[ADN B]].]]
Une série d'[[Expériences de Hershey et Chase|expériences réalisées en 1952]] par [[Alfred Hershey]] et [[Martha Chase]], démontrèrent que c'était l'[[Acide désoxyribonucléique|ADN]] et non les protéines qui constituait le support de l'[[hérédité]]<ref>{{Article |auteur1=Alfred Hershey |auteur2=Martha Chase |titre=Independent functions of viral protein and nucleic acid in growth of bacteriophage |périodique=The Journal of General Physiology |éditeur=Rockefeller University Press |volume=36 |numéro=1 |jour=20 |mois=septembre |année=1952 |pages=39-56 |ISSN=0022-1295 |doi=10.1085/jgp.36.1.39 |url=http://dx.doi.org/10.1085/jgp.36.1.39}}.</ref>. [[Linus Pauling]], ainsi que [[James Watson]] et [[Francis Crick]], de leur côté, tentèrent de déterminer la structure tridimensionnelle ou [[structure secondaire]] de cette molécule. Pauling, en collaboration avec proposa un modèle décrit par une triple hélice<ref name="PMC1063734">[[Linus Pauling]], [[Robert Corey|Robert B. Corey]], [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1063734/pdf/pnas01587-0028.pdf « A proposed structure for the nucleic acids »], ''[[Proceedings of the National Academy of Sciences]]'', {{date-|31 décembre 1952}}, {{PDF}}, consulté le {{date-|12 avril 2018}}.</ref>, plaçant en outre les atomes de [[phosphore]] des groupements [[phosphate]]s au centre de son modèle plutôt qu'à la périphérie<ref name="Kean170-175">Kean, op. cité, {{p.|170-175}}</ref>. Crick et Watson proposèrent un modèle où se retrouvaient dans les mêmes erreurs<ref name="Kean170-175"/>. Mais Watson et Crick élaborèrent ensuite la règle d'appariement des bases leur permettant d'affiner leur modèle de la structure de l'ADN<ref name=":1">{{Lien web |titre=Meet the 96-year-old Ottawa woman who contributed to the discovery of DNA's double helix |url=https://www.cbc.ca/radio/thesundayedition/meet-the-96-year-old-ottawa-woman-who-contributed-to-the-discovery-of-dna-s-double-helix-1.5157205 |série=CBC |consulté le=2019-06-04 }}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |L'article de Crick et Watson parut dans le numéro du {{date-|25 avril 1953}} de la revue [[Nature (revue)|Nature]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=James |nom1=Watson |lien auteur1=James D. Watson |prénom2=Francis |nom2=Crick |lien auteur2=Francis Crick |titre=[[Molecular Structure of Nucleic Acids: A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid]] |périodique=Nature |lien périodique=Nature (revue) |volume=171 |numéro=4356 |pages=737–738 |année=1953 |mois=04 |jour=25 |pmid=13054692 |doi= 10.1038/171737a0 |bibcode=1953Natur.171..737W |url=http://www.nature.com/nature/dna50/watsoncrick.pdf |format=pdf}}.</ref>}}. Lorsque Pauling prit conscience de son échec, son attitude fut des plus honorables en reconnaissant publiquement son erreur et allant jusqu'à faire la promotion de ses deux concurrents en invitant Watson et Crick à un congrès qu'il organisa à la fin de 1953<ref name="Kean170-175" />.

=== Zoologie ===
[[Fichier:沼津港深海水族館 シーラカンスミュージアム13 シーラカンス.jpg |vignette |gauche |400px |Cœlacanthe, spécimen présenté au Numazu Deepblue Aquarium Coelacanth Museum, [[Shizuoka]], [[Japon]]]]

==== Découverte du cœlacanthe parmi les espèces vivantes actuelles ====
L'une des plus grosses surprises au {{s-|XX}} dans le domaine de la [[zoologie]] fut la découverte de [[cœlacanthe]]s vivants alors qu'on croyait le groupe éteint depuis la fin du [[Crétacé]]<ref>{{lien web |titre=Coelacanth – Deep Sea Creatures on Sea and Sky |url=http://www.seasky.org/deep-sea/coelacanth.html |site=seasky.org |consulté le=2015-10-27}}.</ref>. Seules deux espèces vivantes sont connues : ''[[Latimeria chalumnae]]'' et ''[[Latimeria menadoensis]]''<ref name="ref1">{{Ouvrage |prénom1=Peter L |nom1=Forey |titre=History of the Coelacanth Fishes |lieu=Londres |éditeur=[[Chapman & Hall]] |année=1998 |pages totales=420 |isbn=978-0-412-78480-4 |lire en ligne={{Google Livres |id=wHZ6WwqbrmkC}}}}.</ref>{{,}}<ref name="ref6">{{Ouvrage |prénom1=Joseph S. |nom1=Nelson |titre=Fishes of the World |lieu=Hoboken, New Jersey |éditeur=John Wiley |année=2006 |pages totales=624 |isbn=978-0-471-75644-6 |lire en ligne={{Google Livres |id=exTV-GLnCB4C}}}}.</ref> nommées en l'honneur de [[Marjorie Courtenay-Latimer]], la [[Conservateur de musée|conservatrice du musée]] [[Afrique du Sud|sud-africain]], qui a découvert le premier spécimen en 1938<ref>{{lien web |titre=Smithsonian Institution – The Coelacanth: More Living than Fossil |url=http://vertebrates.si.edu/fishes/coelacanth/coelacanth_wider.html |site=vertebrates.si.edu |consulté le=2015-10-30}}.</ref> lequel avait été repêché dans l'estuaire du [[Chalumna River|fleuve Chalumna]] dans la province du [[Cap-Oriental]] en [[Afrique du Sud]]<ref name=Smith>{{Ouvrage |prénom1=J. L. B. |nom1=Smith |titre=Old Fourlegs |sous-titre=the Story of the Coelacanth |éditeur=Longmans Green |année=1956 }}.</ref>{{,}}<ref name="dinofish">{{lien web |url=http://www.dinofish.com/discoa.htm |titre='Discovery' of the Coelacanth}}.</ref>. Le cas du cœlacanthe est devenu un exemple emblématique de ce que l'on nomme un [[taxon Lazare]]<ref name="ref1" />.

==== Puissance des mâchoires chez les crocodiliens ====
{{Article détaillé |Crocodilia#Crâne et mâchoires}}
[[Fichier:Australia Zoo Crocodile Head-1and (3383273770).jpg |325px|vignette |L'une des espèces de [[crocodile]]s, dont le muscle [[muscle ptérygoïdien médial|ptérygoïde médian]], qui engendre 60% de la force de morsure, est l'une des caractéristiques des crocodiliens si on exclut le [[gavial]]<ref>Erikson, article cité, 2018, {{p.|40}}</ref>.]]
Au tournant des années 2010, {{Lien |langue=en |trad=Gregory M. Erickson |fr=Gregory Erickson}} et ses collègues réalisèrent une série d'expériences sur la [[biomécanique]] des mâchoires chez les [[Crocodilia|crocodiliens]] qui leur permirent de conclure que les proportions rostrales ont changé substantiellement tout au long de l'[[Crocodilia#Histoire évolutive|évolution crocodilienne]], mais pas en correspondance avec les forces de la morsure<ref>{{Article |auteur1=Gregory M. Erickson |auteur2=Paul M. Gignac |auteur3=Scott J. Steppan |auteur4=A. Kristopher Lappin |auteur5=Kent A. Vliet |auteur6=John D. Brueggen |auteur7=Brian D. Inouye |auteur8=David Kledzik |auteur9=Grahame J. W. Webb |auteur10=Leon Claessens |titre=Insights into the Ecology and Evolutionary Success of Crocodilians Revealed through Bite-Force and Tooth-Pressure Experimentation |périodique=PLoS ONE |éditeur=Public Library of Science (PLoS) |volume=7 |numéro=3 |jour=14 |mois=mars |année=2012 |pages=e31781 |ISSN=1932-6203 |doi=10.1371/journal.pone.0031781 |url=https://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0031781}}.</ref>. Les résultats de leurs travaux n'ont toutefois pas manqué de surprendre les spécialistes de ce domaine. Erikson écrit : {{Citation |Auparavant, les spécialistes de ces animaux prédisaient des différences importantes entre les forces de morsure de diverses espèces crocodiliennes. Les animaux dotés de museaux fins, de fines dents et qui se nourrissaient de proies tendres telles que les poissons étaient supposés mordre avec des forces plus faibles, tandis que ceux munis de crânes massifs et de dents capables de broyer os et coquilles étaient censés mordre avec des forces élevées. Au lieu de cela, nous avons constaté que tous les crocodiliens peuvent mordre très fortement. Nos chiffres révèlent que les crocodiliens présentent les mêmes forces de morsure par unité de masse corporelle, indépendamment du régime alimentaire et de la grosseur du museau<ref name="G.M.Erickson">{{Article |auteur=Gregory M. Erickson |titre=Les crocodiliens, champions de la morsure |périodique=Pour la science |éditeur=[[Belin Éditeur|Belin]] |numéro=492 |mois=octobre |année=2018 |page=38-39}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |À l'exception du [[gavial]], comme le précise l'auteur de ces lignes<ref name="G.M.Erickson"/>.}}.}}. Erikson poursuit : {{Citation |Tous les biologistes connaisseurs des crocodiliens [...] affirmaient que les alligators sauvages [...] mordaient avec une force supérieure à celle de leurs congénères en captivité [...] Au lieu de cela, nous avons découvert qu'à poids égal, ils serrent tous leurs mâchoires avec la même puissance<ref name="G.M.Erickson"/>.}}

=== Botanique ===
{{Article connexe |Histoire de la botanique}}
[[Fichier:Crassula rupestris x perforata (baby necklace)1.jpg |150px|vignette |Espèce du genre Crassula]]
Il est arrivé que les [[botanique|botanistes]] décrètent une espèce éteinte, ou à tout le moins soient convaincus de son [[Extinction des espèces|extinction]], mais que des spécimens vivants soient ensuite retrouvés (Voir [[Extinction des espèces#Pseudo-extinction|Pseudo-extinction]]). C'est ce qui s'est produit avec l'espèce ''[[Crassula micans]]'', une [[Tracheophyta|plante vasculaire]]<ref>{{Lien web |titre=Spécimen - isotype Crassula micans Vahl ex Baill. |url=https://science.mnhn.fr/institution/mnhn/collection/p/item/p00430895?lang=fr_FR |site=science.mnhn.fr |consulté le=7 septembre 2018}}.</ref> parmi les cinq du genre ''[[Crassula]]'' [[endémisme|endémiques]] à [[Madagascar]]<ref name="Lucile Allorge-Boiteau">Lucile Allorge-Boiteau, ''Redécouverte à Madagascar de Crassula micans Vahl ex Baill., récoltée par Commerson'', dans ''Succulentes'' {{n°|2}}, avril 2002, {{p.|32-35}}</ref>. Elle fut récoltée par le [[naturaliste]] français [[Philibert Commerson]]<ref name="Lucile Allorge-Boiteau"/> lors de son séjour à Madagascar<ref name=lenoble>{{article |nom=F. Lenoble-Prédine, P. Mioulane |titre=Le botaniste de Bougainville |périodique=Hommes & Plantes |volume=78 |année=2011 }}.</ref> alors qu'il explorait les environs de [[Colonie de Fort-Dauphin|Fort-Dauphin]] en 1770<ref>Philippe Oberlé, ''Madagascar, un sanctuaire de la nature'', Éd. Lechevallier, 1981, {{p.|98}}</ref>. Cette plante, conservée à Paris dans l'herbier Jussieu, n'avait jamais été retrouvée depuis et les botanistes la croyaient disparue définitivement<ref name="Allorge/Ikor"/>. Elle fut retrouvée en 2000 sur les rives du lac Andratoloharano par Lucile Allorge-Boiteau<ref name="Allorge/Ikor">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Lucile Allorge |prénom1=Lucile |nom1=Allorge |auteur2=Olivier Ikor |prénom2=Olivier |nom2=Ikor |titre=La fabuleuse odyssée des plantes |sous-titre=les botanistes voyageurs, les Jardins des plantes, les herbiers |lieu=Paris |éditeur=J.-C. Lattès |année=2003 |pages totales=727 |passage=419 |isbn=2-7096-2327-7 |isbn2=9782709623278 |oclc=319789454 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/319789454 |consulté le=2019-01-05}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Magrit Bischofberger |titre=International Crassulaceae Network |date=avril 2002 |url=http://www.crassulaceae.ch/de/artikel?akID=31&aaID=2&aiID=M&aID=2053 |site=crassulaceae.ch |consulté le=7 septembre 2018}}.</ref> (voir [[Flore de Madagascar]]).

=== Éthologie ===
[[Fichier:Hdr Squirrel With Acorn West Point Ny (40249984).jpeg |vignette |275px |L'[[écureuil gris]] (''Sciurus carolinensis''), une autre espèce cachant de la nourriture pour la reprendre plus tard.]]
Certains scientifiques persistent à communiquer au grand public certaines conceptions reconnues erronées concernant les [[Intelligence animale|capacités cognitives des animaux]] en dépit de l'accumulation d'expériences démontrant leur fausseté. Dans la préface d'un livre, [[Jane Goodall]] écrit : {{Citation |...un nombre incalculable de personnes (tant chez les scientifiques que chez les profanes) persistent à croire que les animaux ne sont que des objets mus par leurs réactions aux stimuli environnementaux. Mais ces gens, trop souvent, consciemment ou inconsciemment, restent sourds à toutes les tentatives que nous faisons pour les faire changer d'avis<ref>Jane Goodall, préface du livre de {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Marc Bekoff |traducteur=Nicolas Waquet |titre=Les émotions des animaux |lieu=Paris |éditeur=[[Payot et Rivages]] |collection=Petite Bibliothèque |année=2013 |pages totales=280 |passage=12-13 |isbn=978-2-7436-2443-9}}.</ref>.}}. Le psychologue {{Lien |langue=en |trad=Daniel Gilbert (psychologist) |fr=Daniel Gilbert (psychologue) |texte=Daniel Gilbert}}, par exemple, a écrit dans son livre ''Stumbling on Happiness'', publié en 2006, que {{Citation |...l'animal humain est le seul à penser à l'avenir et que c'est là un trait définitoire de notre humanité<ref>{{Ouvrage |auteur1=Daniel Gilbert |champ libre=cité dans ''Les émotions des animaux'', Marc Bekoff, pp 48-49 |titre=Stumbling on Happiness |lieu=New York |éditeur=[[Alfred A. Knopf]] |année=2006 |passage=4 |isbn=1-4000-4266-6}}.</ref>.}}. Ce à quoi, {{Lien |langue=en |trad=Marc Bekoff |fr=Marc Bekoff}} répond : {{Citation |On croule sous les données prouvant que des individus issus de nombreuses espèces se projettent dans l'avenir; on pense au [[geai du Mexique]], au [[renard roux]] et au [[Canis lupus|loup]] cachant de la nourriture pour la récupérer plus tard. Mais il y a aussi le chimpanzé subalterne et la louve feignant de ne pas voir leur nourriture favorite en présence d'un individu dominant et qui reviennent la prendre une fois l'autre parti<ref name="Bekoff">{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Marc Bekoff |traducteur=Nicolas Waquet |titre=Les émotions des animaux |lieu=Paris |éditeur=[[Payot et Rivages]] |collection=Petite Bibliothèque |année=2013 |pages totales=280 |passage=48-49 |isbn=978-2-7436-2443-9}}.</ref>.}}. Chez les [[corvidae|corvidés]], outre le geai du Mexique, le comportement du [[geai buissonnier]] (''Aphelocoma californica'') dans ce domaine a également fait l'objet d'études mettant en évidence le même type de comportement<ref>{{Article |auteur1=C. R. Raby |auteur2=D. M. Alexis |auteur3=A. Dickinson |auteur4=N. S. Clayton |titre=Planning for the future by western scrub-jays |périodique=Nature |éditeur=Springer Nature |volume=445 |numéro=7130 |mois=février |année=2007 |pages=919-921 |ISSN=0028-0836 |doi=10.1038/nature05575 |url=https://dx.doi.org/10.1038/nature05575}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur=J. M. Dally |titre=Food-Caching Western Scrub-Jays Keep Track of Who Was Watching When |périodique=Science |éditeur=American Association for the Advancement of Science (AAAS) |volume=312 |numéro=5780 |jour=16 |mois=juin |année=2006 |pages=1662-1665 |ISSN=0036-8075 |doi=10.1126/science.1126539 |url=https://dx.doi.org/10.1126/science.1126539}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=N. S Clayton |auteur2=J. M Dally |auteur3=N. J Emery |titre=Social cognition by food-caching corvids. The western scrub-jay as a natural psychologist |périodique=Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences |éditeur=The Royal Society |volume=362 |numéro=1480 |jour=29 |mois=avril |année=2007 |pages=507-522 |ISSN=0962-8436 |doi=10.1098/rstb.2006.1992 |url=https://dx.doi.org/10.1098/rstb.2006.1992}}.</ref>. (Voir aussi [[Éthologie cognitive]] et [[Mise en réserve (comportement animal)]])

==== Primatologie ====
{{Article détaillé |Utilisation d'outils chez les animaux}}
La communauté scientifique a longtemps fait de l'utilisation de l'outil l'une des caractéristiques qui définit l'[[Homo sapiens|espèce humaine]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Yves |nom1=Coppens |lien auteur1=Yves Coppens |directeur1=oui |auteur2=[[Pascal Picq]] |titre=Aux origines de l'humanite |tome=1 |titre tome=De l'apparition de la vie à l'homme moderne |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=2001 |pages totales=649 |isbn=978-2-213-60369-8 |oclc=314877320}}.</ref>. Jusqu'aux recherches de [[Jane Goodall]] à partir de 1960 dans une région de la [[Tanzanie]] qui allait devenir en 1968 le [[parc national de Gombe Stream]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-Luc Renck |auteur2=Véronique Servais |titre=L'éthologie |sous-titre=Histoire naturelle du comportement |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]] |collection=Points Sciences |année=2002 |pages totales=340 |isbn=2-02-039277-1}}, {{p.|235}}</ref>, selon ce qui était accepté d'emblée, seuls les humains pouvaient construire et utiliser des outils{{note |groupe=Note |[[Wolfgang Köhler]] avait déjà observé dès 1917 des chimpanzés se servir de divers instruments en captivité mais cette aptitude restait à être observée en milieu naturel<ref name="R.S."/>.}}. En observant à plusieurs reprises des [[chimpanzé]]s se nourrissant sur une [[termitière]], soit en plaçant des brins d'herbe dans les trous de la termitière soit en utilisant des brindilles en enlevant les feuilles pour la rendre plus efficace, Goudall observa ainsi dans ce dernier cas une forme de modification d'objet qui constitue le début rudimentaire de la fabrication d'outils<ref name="Chimp">Jane Goodall, ''Reason for Hope: A Spiritual Journey''. New York: Warner Books, 1999</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Il fallut 18 mois à Jane Goodall pour pouvoir approcher un chimpanzé à moins de cent mètres et six mois supplémentaires seulement pour recueillir les informations sur la plupart de leurs activités<ref name="RS2">Renck et Servais, 2002, pp. 236-240</ref>.}}
{{Multiple image
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 |header=[[Bonobo]] occupé à la pêche aux [[termite]]s au [[zoo de San Diego]]
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}}
{{clr}}
De même, les éthologistes croyaient les chimpanzés exclusivement [[Végétarisme|végétariens]] jusqu'à ce que Goodall les observe chasser et manger de petits mammifères<ref name="R.S.">Renck et Servais, 2002, {{p.|241}}</ref>. Les [[primatologie comparée|primatologues]] croyaient également à tort que les chimpanzés n'usaient pas de violence envers leurs congénères : les travaux de Goodall prouveront que certains individus tuent parfois les membres d'autres groupes de chimpanzés<ref>Renck et Servais, 2002, {{p.|241-242}}</ref>.

==== Éthologie équine ====
{{Article détaillé |Éthologie équine |Équitation éthologique |Intelligence du cheval}}Bien que l'étude des [[cheval|chevaux]] dans leur [[Biotope|milieu naturel]] n'ait pris son essor qu'à partir des [[années 1970]]<ref name="chevalmag">{{Ouvrage|titre=Éthologie, à la rencontre du cheval|sous-titre=l'éthologie, une histoire de courants|éditeur=|collection=Cheval magazine hors-série|numéro dans collection=19|date=oct/nov 2008|passage=10|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref name="talkhorse">{{article|prénom1=Lynda|nom1=Birke|titre=Talking about Horses: Control and Freedom in the World of "Natural Horsemanship"|journal=Society & Animals|volume=16|numéro=2|pages=107–126|date=1 avril 2008|doi=10.1163/156853008x291417|url=https://www.researchgate.net/publication/233649983_Talking_about_Horses_Control_and_Freedom_in_the_World_of_Natural_Horsemanship|consulté le=28 janvier 2016}}.</ref>, le comportement des chevaux a fait l'objet d'études dès le moment où l'idée de travailler en sympathie avec un cheval pour obtenir sa coopération s'est peu à peu développée{{note |groupe=Note |Le premier traité technique connu portant sur le dressage et l'entretien d'un cheval est celui de [[Xénophon]] intitulé ''[[De l'équitation]]'' (en [[grec ancien]] Περὶ ἱππικῆς, peri hippikēs), écrit vers le milieu du {{-s- |IV}}<ref name=sarton>[[George Sarton]] (1993 [1952]). [https://books.google.com/books?id=VcoGIKlHuZcC ''Ancient science through the golden age of Greece'']. Courier Dover Publications. {{ISBN |9781306356251}}, page 457</ref>.}}.
* Cas de Hans le Malin

{{Article détaillé |Hans le Malin |Effet Hans le Malin |Effet expérimentateur}}

[[Fichier:Hans am Tretbrett.jpg |vignette|350px |Hans le Malin lors d'une séance en 1909 durant laquelle le cheval est questionné.]]

Le cas de Hans le Malin, survenu au début du {{s-|XX}}, est un exemple d'une compréhension erronée du comportement du cheval{{note |groupe=Note |Le cas de Hans le malin est à rapprocher de celui des prestations d'un autre cheval nommé [[Beautiful Jim Key]]. Le cheval aurait été l'une des attractions populaires de l'[[Exposition universelle de 1904]] à [[Saint-Louis (Missouri)|Saint-Louis]] dans le [[Missouri (État)|Missouri]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=Mim Eichler Rivas |titre=Beautiful Jim Key : The Lost History of the World's Smartest Horse |éditeur=William Morrow |année=2005 |passage=155 |isbn=}}.</ref>. À la différence de Hans le malin, les performances cognitives du cheval ne semblent pas avoir fait l'objet d'investigations sérieuses de la part de scientifiques.}}. Cet [[Étalon (cheval)|étalon]] noir nommé « Hans » semblait pouvoir {{Citation|… additionner, soustraire, multiplier, diviser [de même que] épeler, lire, et résoudre des problèmes d’[[harmonie]] musicale}} lorsqu'on l'interrogeait<ref name="Rosenthal">[[Robert Rosenthal]], ''Le préjugé du maître et l'apprentissage de l'élève'', ''Revue française de pédagogie'', vol. 13, 1970, {{p.|39}}</ref>. En 1904, une première commission, comportant des scientifiques, étudia les prestations du cheval partant du principe qu'il pouvait s'agir soit d'une fraude soit d'un dressage comme pour les animaux de [[cirque]] : elle ne put conclure à aucune de ces possibilités<ref>[[Vinciane Despret]], ''Hans : Le cheval qui savait compter'', Les Empêcheurs de penser en rond, 2004, {{ISBN|9782846710978}}, {{p.|11-23}}</ref>. Le psychologue [[Oskar Pfungst]] résolut le mystère et fit faire du même coup des progrès à la méthodologie dans ce champ d'investigation en procédant à des [[Étude randomisée en double aveugle|tests en double aveugle]]<ref name="Rosenthal" />. Il découvrit que le cheval ne répondait correctement que lorsque les examinateurs connaissaient la réponse{{note |groupe=Note |Ce n'est pas le seul cas où un chercheur s'est laissé abuser par les performances d'un cheval. [[Joseph Banks Rhine]] était convaincu que « Lady Wonder », autre cheval répondant à des questions, manifestait des dons de [[perception extrasensorielle]]<ref name="Gardner">Gardner, Dick. (1962). ''The Impossible''. 1962. Ballantine Books. p. 94</ref> avant que l'illusionniste, {{Lien|trad=Milbourne Christopher|fr=Milbourne Christopher|texte=Milbourne Christopher}} ne remarque que le phénomène était le résultat de l'observation de son entraîneur : tout comme Hans le malin, le cheval ne répondait correctement aux questions que lorsque son entraîneur était au courant de la réponse<ref>Christopher, Milbourne. (1971). ''ESP, Seers & Psychics''. Crowell. pp. 39-54. {{ISBN|978-0690268157}}.</ref>.}}. À l'issue de cette nouvelle enquête, il mit ainsi en évidence deux phénomènes :
# D'une part, que les examinateurs transmettaient, à leur insu, des signaux non verbaux qui pouvaient indiquer à l'animal le moment où il devait arrêter de bouger pour donner la bonne réponse.
# D'autre part, la possibilité pour l'animal de percevoir ces signaux et de les interpréter correctement<ref name="Rosenthal"/>.

=== Chimie ===

==== Théorie du phlogistique ====
L'une des erreurs dont la jeune science de la [[chimie]] eut à se libérer fut la théorie du [[phlogistique]] initialement conçue par [[Johann Joachim Becher]] et développée par le médecin et chimiste allemand, [[Georg Ernst Stahl]]. Ainsi Stahl dans son traité ''Fondement de la chimie''<ref>[[Georg Ernst Stahl]], ''Fundamenta chymiae dogmaticae et experimentalis'', Nuremberg, 1723</ref> publié en 1723 jetait les bases de l'approche scientifique de la chimie en proposant un but et une méthode : réduire les corps composés en leurs éléments et étudier leur recomposition. Il propose dans ce traité l'idée du phlogistique, un fluide expliquant les phénomènes de combustion et lié à l'élément "feu". Bien qu'erronée, cette théorie proposait alors un premier principe unificateur fournissant une explication à divers phénomènes (combustion, calcination, respiration...)<ref name="Ronan2">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p. |501-502}}.</ref>.

==== Erreurs de Lavoisier ====
[[Fichier:Table of the Chymical Nomenclature.jpg|vignette|Nomenclature chimique de Lavoisier mentionnant la lumière et le calorique (1787).]][[Antoine Lavoisier]], dont les travaux ont fait énormément progresser la chimie, a commis certaines erreurs, lui aussi.

Lavoisier reprit à son compte la [[théorie du calorique]] proposée par le chimiste écossais [[Joseph Black]] selon laquelle la chaleur est un [[Fluide (matière)|fluide]]. En l'absence du concept d'[[énergie]], il conçut la lumière et la chaleur comme étant de la [[matière]], et les classa parmi les éléments chimiques.

Lavoisier donne une définition d'un corps simple : le « dernier terme auquel parvient l'analyse [chimique] », autrement dit une substance qui ne peut plus être décomposée<ref name="LavoisierFutura">{{Lien web |titre=Lavoisier : Traité élémentaire de chimie, définition des corps simples et expériences |date=23 juin 2016 |url=https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/chimie-introduction-chimie-atomes-molecules-fil-histoire-1456/page/9/ |site=Futura |consulté le=16 novembre 2018}}.</ref> qui correspond à la notion moderne d'[[élément chimique]]. Mais plusieurs substances de sa liste de trente-trois éléments chimiques simples étaient en réalité des [[oxyde]]s<ref name="LavoisierFutura" /> qui sont des [[composé chimique|composés chimiques]]{{note |groupe=Note |Lavoisier était toutefois bien conscient que parmi les substances qu'il présentait comme des corps simples certaines pourraient se révéler être plus tard des substances composées avec les progrès de l'analyse chimique. Il écrit : {{Citation |Nous ne pouvons donc pas assurer que ce que nous regardons comme simple aujourd'hui le soit en effet; tout ce que nous pouvons dire, c'est que telle substance est le terme actuel auquel arrive l'analyse chimique et qu'elle ne peut plus se subdiviser au-delà, dans l'état actuel de nos connaissances}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Antoine Lavoisier |champ libre=cité dans [[Jean Rosmorduc]], ''Une histoire de la physique et de la chimie : De Thalès à Einstein'', Seuil, 1985, p. 141 |titre=Traité élémentaire de chimie |lieu=Paris |éditeur=Cuchet |année=1789 }}.</ref>}}. On y retrouvait entre autres la [[Carbonate de sodium|soude]] et la [[Carbonate de potassium|potasse]]<ref name="Rosmorduc">{{Ouvrage |auteur1=[[Jean Rosmorduc]] |titre=Une histoire de la physique et de la chimie |sous-titre=De Thalès à Einstein |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points Sciences |année=1985 |passage=142 |isbn=}} {{ISBN|2020089904}}.</ref>

Lavoisier élabora également une théorie des [[acide]]s selon laquelle l'une des propriétés de l'[[oxygène]] est d'entrer dans la composition d'un acide. Cette conception fut invalidée lorsqu'on retrouva cet élément dans diverses [[Base (chimie)|substances basiques]]. Lavoisier considérait par exemple le [[chlore]] comme un acide encore plus oxygéné que l'[[acide chlorhydrique]] et non comme un corps simple<ref name="Rosmorduc"/>.

===== Tableau périodique des éléments =====
{{article détaillé |Tableau périodique des éléments}}
En 1869, année de la parution du système périodique de Mendeleïev, seulement les deux tiers des éléments avaient été découverts et certains de ces éléments occupèrent pendant de nombreuses années des cases placées au mauvais endroits<ref name="Kean">{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Sam Kean]] |titre=Quand les atomes racontent l'histoire du monde |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2013 |pages totales=442 |passage=71-72 |isbn=978-2-08-128277-3 |isbn2=2081282771}}.</ref>.

[[Dmitri Mendeleïev]] rencontra des difficultés avec le groupe des [[lanthanide]]s, particulièrement ceux qui suivent le [[cérium]]. Plusieurs de ces éléments nouveaux qui étaient en fait une combinaison d'éléments connus est l'une des raisons qui ont conduit le chimiste russe à les placer au mauvais endroit dans la classification<ref name="Kean"/>.

Le chimiste britannique [[William Odling]] est aussi l'un des scientifiques à avoir contribué à donner naissance à un arrangement systématique des éléments chimiques<ref name="Scerri"/>. En dépit de certains résultats justes auxquels il aboutit, Odling a commis l'erreur de penser que toutes les périodes du tableau périodique comptaient huit éléments<ref name="Scerri"/>{{,}}{{note |groupe=Note |Ce qui n'est vrai que pour les deux premières (mis à part les deux premiers éléments) : les rangées 3 et 4 exigent dix-huit éléments par période tandis que les rangées 5 et 6 en comptent trente-deux.}}.

==== Identification d'éléments chimiques ====
{{article détaillé |Histoire de la découverte des éléments chimiques}}
[[Fichier:Hafnium (72 Hf).jpg |vignette|gauche |150 px |Échantillon de hafnium d'un poids de {{nobr|22 grammes}}. Dimensions: {{unité|1|cm}} x {{unité|2|cm}} x {{unité|3|cm}}.]]
Divers éléments du [[tableau périodique des éléments|tableau périodique]] firent l'objet d'erreurs d'identification ou de classification. Certaines de ces erreurs survenues dans l'identification des éléments chimiques sont dues au fait que les chercheurs impliqués pensaient avoir découvert un nouvel élément qui avait déjà été découvert alors que d'autres sont dues au fait que des chimistes pensaient avoir isolé un élément pur alors qu'il s'agissait en fait d'un composé chimique.

En 1812, [[Thomas Thomson (chimiste)|Thomas Thomson]] pense avoir découvert un nouvel élément qu'il baptise "junonium"<ref>{{Article |auteur=Thom. Thomson |titre=Ein neues Metall, Junonium |périodique=Annalen der Physik |éditeur=Wiley |volume=42 |numéro=9 |année=1812 |pages=115-116 |ISSN=0003-3804 |doi=10.1002/andp.18120420910 |url=https://dx.doi.org/10.1002/andp.18120420910}}.</ref> alors qu'il s'agit du [[cérium]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Marco Fontani |auteur2=Mariagrazia Costa |auteur3=Mary Virginia Orna |champ libre=voir tableau II.3 |titre=The Lost Elements |sous-titre=The Periodic Table's Shadow Side |lieu=Oxford |éditeur=Oxford University Press, USA |année=2014 |pages totales=531 |isbn=978-0-19-938334-4 |isbn2=0199383340 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Ck9jBAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref> découvert en 1803<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, cerium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/58/cerium |site=rsc.org |consulté le=29 décembre 2018}}.</ref>.

En 1841, [[Carl Gustaf Mosander]] annonce avoir découvert dans une substance minérale qu'il appelle "lanthana" un nouvel élément qu'il nomme [[Didyme (chimie)|didyme]] alors que [[Carl Auer von Welsbach]] démontrera en 1885 que cette substance est en fait composée de deux éléments : le [[praséodyme]] et le [[néodyme]]<ref name=Ihde>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Aaron J. Ihde |titre=The Development of Modern Chemistry |lieu=New York |éditeur=Courier Corporation |année=1970 |pages totales=851 |passage=378 |isbn=0-486-64235-6 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=89BIAwAAQBAJ&pg=PA378}}.</ref>{{,}}<ref name="Baudet66">Baudet, op. cité, {{p.|66}}</ref>.

En 1844, [[Heinrich Rose]] annonce avoir découvert deux nouveaux éléments dans la [[Coltan|colombite]]. Le minéralogiste et chimiste allemand les nomme [[wikt:pélopium|pélopium]] et [[niobium]]<ref>{{Article |auteur=Heinrich Rose |titre=Sur deux nouveaux métaux le pélopium et le niobium |champ libre=cité dans ''Catalogue of scientific papers: Pra - Tiz'', vol. 5, p. 284 |périodique=Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences |éditeur=Académie des sciences |lieu=Paris |date=1844 |volume=XIX |page=1275-1279 }}.</ref> en référence à [[Pélops]] et [[Niobé fille de Tantale|Niobé]], le fils et la fille de [[Tantale fils de Zeus|Tantale]]<ref name="Baudet66"/>. Rose a cru avoir identifié deux nouveaux éléments là où, en réalité, il s'est avéré n'en avoir qu'un seul<ref name="Baudet66" />.

En 1851, [[Carl Bergmann]] annonça la découverte d'un nouveau métal dans de l'orangite, une variété minérale de [[thorite]]. Il baptisa ce métal "donarium"<ref>{{Ouvrage |langue=de |auteur1=Franz Luckenbacher |auteur2=Karl de Roth |auteur3=Julius Zoellner |titre=Die chemische Behandlung der Rohstoffe |sous-titre=Eine chemische Technologie |éditeur=Springer |année=1872 |passage=34 |isbn=978-3-662-33690-8 |isbn2=3662336901}}.</ref> qui s'est avéré être par la suite du [[thorium]]<ref name="Baudet66"/> découvert en 1829<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, cerium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/90/thorium |site=rsc.org |consulté le=30 décembre 2018}}.</ref>.

En 1862, Jön Fridrik Bahr publia l'article ''On a New Metal Oxide'' dans lequel il nomme "wasium" le nouveau métal qu'il affirme avoir découvert<ref name="Baudet66"/>{{,}}<ref name="The Lost Elements,138-139">Fontani, Costa et Orna, op. cité, {{p.|138-139}}</ref>. Moins d'un an plus tard, ses conclusions sont attaquées par Jérôme Nicklès (1820-1869)<ref name="The Lost Elements,138-139"/>. Bahr reconnaîtra son erreur tout en corrigeant lui-même l'erreur de Nicklès qui affirmait que le wasium était plutôt un mélange de divers éléments connus : l'yttrium, le terbium et le didyme. Bahr établira finalement qu'il s'agit en fait de thorium<ref name="The Lost Elements,138-139"/>.

En 1864, l'astronome britannique [[William Huggins]] annonce avoir découvert un nouvel élément inconnu sur Terre, grâce à une étude spectroscopique de la lumière émise par certaines nébuleuses planétaires et qu'il nomme pour cette raison, [[nébulium]]<ref>{{Article |auteur1=William Huggins |auteur2=William Allen Miller |titre=On the spectra of some of the nebulœ. A supplement to the paper “On the spectra of some of the fixed stars |périodique=Philosophical Transactions of the Royal Society of London |éditeur=The Royal Society |volume=154 |mois=janvier |année=1864 |pages=437-444 |ISSN=0261-0523 |doi=10.1098/rstl.1864.0013 |url=https://dx.doi.org/10.1098/rstl.1864.0013}}.</ref>. Ce n'est qu'en 1927 que l'astronome américain [[Ira Sprague Bowen]] démontrera que les raies des spectres observées par Huggins sont en fait celles de l'[[oxygène doublement ionisé]]<ref>{{Article |auteur=Ira Sprague Bowen |titre=The Origin of the Nebulium Spectrum |périodique=Nature |éditeur=Springer Nature |volume=120 |numéro=3022 |mois=octobre |année=1927 |pages=473-473 |ISSN=0028-0836 |doi=10.1038/120473a0 |url=https://dx.doi.org/10.1038/120473a0}}.</ref>.

En 1869, [[Charles Augustus Young]] commet une erreur similaire à celle de Huggins lorsqu'il affirme avoir détecter un nouvel élément dans la [[couronne solaire]] durant l'éclipse solaire du {{date-|7 août 1869}} et qu'il baptise [[coronium]]. [[Bengt Edlén]] montra en 1943 que les raies spectrales provenaient du [[fer]], ionisé treize fois (Fe<sup>13+</sup>) soumis à une température extrêmement élevée<ref>{{Article |langue=de |auteur=Bengt Edlén |titre=Die Deutung der Emissionslinien im Spektrum der Sonnenkorona |périodique=Zeitschrift für Astrophysik |volume=22 |date=1943 |page=30 |lire en ligne=http://articles.adsabs.harvard.edu/full/1943ZA.....22...30E}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Lors de l'observation de cette même éclipse, {{Lien |langue=en |trad=William Harkness |fr=William Harkness}} découvrit dans la couronne solaire la ligne spectrale K1474<ref>{{Article |auteur=Frank Bigelow |titre=William Harkness |périodique=Popular Astronomy |volume=11 |date=1903 |page=283 |lire en ligne=http://adsbit.harvard.edu//full/1903PA.....11..281B/0000283.000.html}}.</ref>.}}.

En 1878, le chimiste suisse [[Marc Delafontaine]] annonce avoir découvert deux nouveaux éléments qu'il nomme "philippium" et "décipium"<ref>{{Article |auteur=Marc Delafontaine |titre=Sur le décipium, métal nouveau de la samarskite |périodique=Journal de pharmacie et de chimie |volume=28 |page=540 |date=1878 |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k78100m.image.r=Decipium.f548.langEN}}.</ref> tandis que le chimiste américain [[John Lawrence Smith]] fait savoir qu'il a découvert, lui aussi cette année-là, un nouvel élément qu'il nomme "mosandrum" dans de la [[samarskite]] de la [[Caroline du Nord]]<ref>{{Article |langue=en |auteur=John Lawrence Smith |titre=Le Mosandrum; un nouvel élément |champ libre=cité dans ''Sketch of the Life and Scientific Work of Dr. John Lawrence Smith: Prepared by Appointment of the National Academy of Sciences'', [[Benjamin Silliman]], 1884, p. 31 |périodique=Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences |éditeur=Académie des sciences |date=1878 |volume=87 |page=148-151 }}.</ref>. Le mosandrum de Smith s'avérera être du [[terbium]] qui fut découvert en 1843 par Carl Gustaf Mosander<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, terbium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/65/terbium |site=rsc.org |consulté le=31 décembre 2018}}.</ref> alors que le philippium et le décipium de Delafontaine seront identifiés par la suite comme étant respectivement de l'[[holmium]] et du [[samarium]] (plus exactement un mélange de samarium et de [[Terre rare|terres rares]] dans le cas du décipium<ref>Fontani, Costa et Orna, op. cité, {{p.|122-123}}, [https://books.google.ca/books?id=Ck9jBAAAQBAJ&pg=PA122&redir_esc=y#v=onepage&q&f=true Lire en ligne]</ref>){{,}}{{note |groupe=Note |La [[Royal Society of Chemistry]] reconnaît, quant à elle, trois co-découvreurs pour l'holmium : [[Per Teodor Cleve]], Marc Delafontaine et Louis Soret<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, holmium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/67/holmium |site=rsc.org |consulté le=31 décembre 2018}}.</ref>.}}.

En 1907, [[Georges Urbain]]<ref name="1st">{{article <!-- |auteur=Georges Urbain--> |titre=Un nouvel élément, le lutécium, résultant du dédoublement de l'ytterbium de Marignac |périodique=Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences |volume=145 |date=1908 |url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3099v/f759.table |pages=759–762 |auteur=Urbain, M.G.}}.</ref>, [[Carl Auer von Welsbach]]<ref name="Emsley">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=John Emsley |titre=Nature's Building Blocks |sous-titre=An A-Z Guide to the Elements |lieu=Oxford |éditeur=[[Oxford University Press]] |année=2011 pages= 492–494 |pages totales=699 |isbn=978-0-19-960563-7 |isbn2=0199605637 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=2EfYXzwPo3UC&printsec=frontcover}}.</ref> et Charles James<ref name="Emsley"/>découvrent indépendamment les uns des autres que l'élément [[ytterbium]], découvert par le chimiste suisse [[Jean Charles Galissard de Marignac]], en 1878<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, ytterbium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/70/ytterbium |site=rsc.org |consulté le=31 décembre 2018}}.</ref>, à partir de l'[[Oxyde d'ytterbium(III)|ytterbine]], n'est pas pur et constitue en fait un mélange de deux éléments<ref name="Emsley"/>. Après une controverse opposant Urbain et von Welbach, c'est finalement la dénomination du chimiste français qui l'emporte pour la mise en évidence du nouvel élément qui porte le nom de [[lutécium]] (également orthographié lutétium)<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Periodic Table, terbium |éditeur=Royal Society of Chemistry |lieu=Londres |url=http://www.rsc.org/periodic-table/element/71/lut%C3%A9cium |site=rsc.org |consulté le=31 décembre 2018}}.</ref>.

En 1917, {{Lien|trad=Ненадкевич,_Константин_Автономович|lang=ru|fr=Konstantin Avtonomovich Nenadkevich|texte=Konstantin Avtonomovich Nenadkevich}} pensa avoir isolé l'élément 72 à partir d'[[orthite]], un [[minéral]] qui contient une quantité significative d'éléments du groupe des [[terre rare|terres rares]]. D'autres recherches n'ont malheureusement pu confirmer la présence de cet élément dans ce minéral<ref name=ft>{{The Lost Elements |passage=111-117}}.</ref>. Dix ans plus tôt, Georges Urbain annonce avoir identifié ce même élément et le nomme [[celtium]]. En mai 1922, Georges Urbain, en collaboration avec [[Alexandre Dauvillier]], annoncent avoir clairement identifié l'élément 72 à l'aide d'analyses [[spectroscopie|spectroscopiques]]. Toutefois, Urbain classe cet élément parmi les terres rares alors que [[Niels Bohr]] prédit qu'il doit plutôt faire partie du groupe des [[Métal de transition|métaux de transition]] au même titre que le [[zirconium]]. D'autres travaux expérimentaux auront été nécessaires, dont ceux de [[George de Hevesy]] et [[Dirk Coster]], réalisés à [[Copenhague]] en 1923, pour établir que, tout comme le zirconium, le hafnium est un métal de transition<ref name=gb1>{{The Lost Elements |passage=231-232}}.</ref>{{,}}<ref name=gb2>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Helge |nom1=Kragh |titre=Episodes from the History of the Rare Earth Elements |éditeur=Springer Netherlands |collection=Chemists and Chemistry |date=1996-01-01 |passage=67–89 |isbn=978-94-010-6614-3 |isbn2=9789400902879 |doi=10.1007/978-94-009-0287-9_5 |lire en ligne=https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-009-0287-9_5 |consulté le=2017-05-06}}.</ref>.

En 1926, la découverte de l'[[Prométhium|élément de numéro atomique 61]] à partir de [[Cristallisation fractionnée (chimie)|cristallisations fractionnées]] de dérivées de sable de [[monazite]] est annoncée par deux groupes distincts de chimistes. Le premier, affilié à l'[[université d'Illinois]] et mené par B. Smith Hopkins, adopte le nom illinium (de symbole Il) quand le second, de l'{{langue |it |texte=''Istituto di Studi Pratici e di Perfezionament''}} ([[université de Florence]]) et mené par [[Luigi Rolla]] propose le nom florentium (de symbole Fr). Une controverse concernant l'attribution de la découverte de l'élément émerge dans un contexte de tensions entre les [[États-Unis]] et l'[[Italie]]. Cependant, [[Walter Noddack]] et [[Ida Tacke]], étant incapables d'identifier l'élément 61 au sein de minéraux où il est attendu, suggèrent qu'il pourrait ne pas posséder d'[[isotope]] suffisamment [[Isotope stable|stable]] pour être présent dans le milieu naturel. La formulation de la {{Lien |langue=en |trad=Mattauch isobar rule |fr=loi de Mattauch}} renforce cette idée. Les découvertes de l'illinium et du florentium sont consécutivement rétractées. L'élément 61 est isolé par [[Jacob A. Marinsky]], {{Lien |langue=en |trad=Lawrence E. Glendenin |fr=Lawrence E. Glendenin}} et [[Charles D. Coryell]] en 1945 {{note |groupe=Note |En 1941, la découverte de deux isotopes de l'élément 61 qu'ils avaient nommés [[Prométhium#Cyclonium|cyclonium]] avait été annoncée par J. B. Kurbatov H. B. Law, M. L. Pool et L. L. Quill sans que leur spectre ait été déterminé<ref>{{The Lost Elements |passage=302-303}}.</ref>.}}, parmi les [[Produit de fission|produits de fission]] de l'uranium. Le groupe adopte le nom prométhéum (de symbole Pm), modifié plus tard en prométhium (le symbole est inchangé). Finalement, l'élément est identifié dans la nature en 1968, dans de la [[pechblende]] d'[[Réacteur nucléaire naturel d'Oklo|Oklo]], grâce à l'évolution des techniques d'analyse<ref>{{The Lost Elements |passage=289-309}}.</ref>.

=== Criminalistique et ADN ===
De nombreuses erreurs ont été commises en [[criminalistique]] notamment en ce qui concerne les résultats d'analyses d'ADN. Le travail de [[contre-expertise]] de Brandon L. Garrett, professeur à l’{{Lien |langue=en |trad=University of Virginia School of Law |fr=école de droit de l'université de Virginie}}, et {{Lien |langue=en |trad=Peter Neufeld |fr=Peter Neufeld}}, cofondateur de l’[[Innocence Project]], a permis, d’innocenter {{nobr|261 personnes}} qui avaient été condamnées. Les experts avaient conclu que l'analyse de leur ADN correspondait à celui recueilli sur les lieux de crimes commis. Garrett et Neufeld purent démontrer que leur ADN ne correspondait pas à celui du véritable coupable (« plus de la moitié d’entre eux avaient pourtant été, notamment, condamnés sur la foi de preuves apportées par la [[police scientifique]] et technique qui, par la suite, se sont en fait avérées erronées »). {{citation |Sur les 137 cas qu’ils ont analysés, en 2009, pour leur étude qu’ils ont consacrée aux erreurs des “experts” de la police scientifique et technique, Garrett et Neufeld ont découvert 11 [[Erreur judiciaire|erreurs judiciaires]] imputables, en partie, à une mauvaise interprétation ou exploitation de "la preuve par l’ADN"<ref name="Manach">{{Lien web |auteur=Jean-Marc Manach |titre=ADN : quand les "experts" se trompent |jour=10 |mois=décembre |année=2010 |url=https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/12/10/adn-quand-les-experts-se-trompent_1451949_651865.html |site=Le Monde.fr |issn=1950-6244 |consulté le=23 septembre 2018}}.</ref>.}}

Ces divergences d’expertises ne sont pas très étonnantes selon Raphaël Coquoz, chargé de cours à l’École des [[Criminologie|sciences criminelles]] de l’[[université de Lausanne]] et spécialiste de l’ADN:

{{citation |Un [[Empreinte génétique|profil ADN]] n’est pas quelque chose d’univoque. [...] L’analyse ADN donne une [[probabilité]] que telle ou telle personne ait été présente à un endroit. Le concept de probabilité est parfois difficile à entendre quand on aimerait voir les choses en blanc ou en noir. En présence d’un profil “faible”, lorsque les traces sont infimes ou mélangées, la probabilité diminue. Lorsque le profil est de bonne qualité, les certitudes sont élevées, mais on n’est jamais sûr à 100%. L’ADN n’est qu’un outil parmi d’autres, qui peut mener à des erreurs judiciaires<ref name="Manach"/>.}}

=== Archéologie ===
[[Fichier:Tesoro di priamo, grande diadema con pendenti, oro, cat. 10, 01.JPG |vignette |gauche |Grand [[diadème]] du [[trésor de Priam]], découvert lors des fouilles menées par Schliemann sur le site de Hissarlik, exposé au [[musée des Beaux-Arts Pouchkine]], à [[Moscou]].]]
; Heinrich Schliemann et les fouilles à Hissarlik
L'[[archéologie]] offre un exemple d'erreurs rencontrées lors de l'émergence d'une nouvelle discipline scientifique{{note |groupe=Note |Celle-ci a vraisemblablement pris son essor dans les années 1860 avec le travail de [[Giuseppe Fiorelli]] lors des fouilles du site de [[Pompéi]] mettant en place une méthode rigoureuse d'analyse par couches ou strates archéologiques, fondées sur la consignation des données, leur conservation, de mêmes que celle de tous les artefacts, et la publication de comptes rendus<ref name="Dessales">{{Lien web |auteur=Hélène Dessales |titre=GIUSEPPE FIORELLI |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/giuseppe-fiorelli/ |site=Encyclopædia Universalis |consulté le=10 décembre 2018}}.</ref>.}}. À la même époque que [[Giuseppe Fiorelli]], qui dirigea apparemment les premiers travaux méthodiques de fouilles archéologiques en Italie<ref name="Dessales"/>, [[Heinrich Schliemann]] entreprit des fouilles sur la colline d'[[Site archéologique de Troie|Hissarlik]] située à l'entrée du [[détroit des Dardanelles]], dans la [[Çanakkale (province)|province turque de Çanakkale]], dans une région qui s'appelait autrefois la [[Troade]]. Schliemann, qui avait été précédé sur ce site par le diplomate et archéologue amateur [[Frank Calvert]], entreprit de fouiller ce site à partir de 1870<ref name="Fourmont">{{Lien web |auteur=Martine Hélène Fourmont |titre=HEINRICH SCHLIEMANN |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/heinrich-schliemann/ |site=Encyclopædia Universalis |consulté le=10 décembre 2018}}.</ref>. Bien que les travaux sur le site de Hissarlik, qu'il fit considérablement avancer, firent progresser les connaissances de la région de l'époque préhomérique {{incise |époque dont les évènements se sont déroulés durant l'[[Helladique]] (de 3000 à {{nobr|1000 av. J.-C.}}) et les [[siècles obscurs]] (du {{-sp-|XII|au|VIII}})}} les méthodes de fouilles de Schliemann étaient différentes de celles de Fiorelli pour ne pas dire à l'opposé. Elles évoluèrent avec l'arrivée de [[Wilhelm Dörpfeld]] en 1882<ref name="Mahuzier">{{Lien web |auteur=Alain Mahuzier |titre=WILHELM DÖRPFELD |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/wilhelm-dorpfeld/ |site=Encyclopædia Universalis |consulté le=11 décembre 2018}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |C'est ce même Wilhelm Dörpfeld qui apporta les premières interprétations scientifiques de ce site y définissant neuf périodes d'occupation allant du ~ {{-m |III |e}} au {{s-|IV}}<ref name="Mahuzier"/>. La ville ayant dû subir à plusieurs reprises des assauts alors qu'elle fut une cité souvent florissante<ref name="Pieniazek">{{Lien web |auteur=Magda Pieniazek |titre=La guerre de Troie a bien un lieu |date=29 mars 2017 |url=https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/la-guerre-de-troie-a-bien-un-lieu-9580.php |site=Pourlascience.fr |consulté le=11 décembre 2018}}.</ref>.}}. Sur le plan strictement scientifique, la principale erreur de Schliemann fut de situer l'époque concernant le récit [[Homère|homérique]] de la [[guerre de Troie]], soit les {{12e}}, {{13e}} voire {{14e}} siècle {{av JC}} (voir [[Guerre de Troie#datation|Guerre de Troie (datation)]]), dans le mauvais niveau du site. Schliemann était convaincu que cette période se trouvait localisée dans le niveau II. Ce niveau {{Citation |...contenait les murs d'une fortification détruite par un incendie et de spectaculaires objets d'or, que Schliemann nomma le « trésor de Priam »<ref>{{Lien web |auteur=[[Heinrich Schliemann]] |titre=Antiquités Troyennes : rapport sur les fouilles de Troie |date=1874 |url=https://archive.org/stream/antiquitestroyen01schl/antiquitestroyen01schl_djvu.txt |site=archive.org |consulté le=11 décembre 2018}}.</ref>, [[Priam]] étant le roi de [[Troie]] dans le récit homérique de l{{'}}''[[Iliade]]''<ref name="Pieniazek"/>.}}. Wilhelm Dörpfeld aurait été le premier à constater l'erreur de Schliemann et de concevoir que l'époque en question se trouvait plutôt située au niveau VI ou VII, indépendamment de la cité antique dont l'identification restait à confirmer{{note |groupe=Note |Des études ultérieures vont dans le sens de cette estimation. L'époque du niveau VI aurait débuté après le début de l'[[Helladique|Helladique moyen]] (se terminant autour des [[années 1650 av. J.-C.]]) impliquant ainsi que les niveaux inférieurs sont encore plus anciens<ref>{{Lien web |titre=Lesson 23: Troy VI |date=18 mars 2000 |url=https://web.archive.org/web/20090131232632/http://projectsx.dartmouth.edu/history/bronze_age/lessons/les/23.html |site=web.archive.org |consulté le=11 décembre 2018}}.</ref>. Cette strate archéologique serait antérieure d'environ un millénaire à celle où fut découvert le « trésor de Priam »<ref name="Pieniazek"/>.}}.

[[Fichier:Tanis enceinte Amon elevation.jpg |vignette |gauche |Reconstitution des monuments de l'enceinte du [[Temple de l'Égypte antique|temple]] d'[[Amon]] à Tanis.]]
[[Fichier:Psusennes I mask by Rafaèle.jpg |vignette |droite |[[Masque funéraire]] de [[Psousennès Ier]] découvert sur son lieu de sépulture à Tanis.]]
;Localisation de Pi-Ramsès
Dans le domaine de l'[[archéologie]], une autre des erreurs notables a porté sur la localisation de l'antique cité de [[Pi-Ramsès]] que les archéologues [[William Matthew Flinders Petrie|Flinders Petrie]] dans les [[années 1880]] et [[Pierre Montet]] dans les [[années 1930]] ont cru avoir retrouvée sur le site de [[Tanis]]<ref>{{Article |id=TN |auteur=[[Pierre Montet]] |titre=Les nouvelles fouilles de Tanis |revue=Publication de la faculté des lettres de Strasbourg |numéro=20 |lieu=Paris |date=1933}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Pierre Montet]] |titre=Tanis, douze années de fouilles dans une capitale oubliée du delta égyptien |lieu=Paris |éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]] |année=1942 }}.</ref>. En dépit de statues de [[Ramsès II]] et d'inscriptions y faisant référence les ayant induit en erreur, les travaux de l'archéologue et [[égyptologue]] autrichien [[Manfred Bietak]] montrèrent que [[Qantir]] était le lieu où avait été édifiée la ville de Pi-Ramsès<ref>{{en}} Labib Habachi, Peter Jánosi, Eva-Maria Engel, Christa Mlinar et Ernst Czerny, Tell Al-dab'a I : ''{{langue|en|Tell Al-dab'a and Qantir the site and its connection with Avaris and Piramesse}}'', Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 2001</ref>. (Des hésitations demeureraient sur sa localisation précise. Il semblerait en fait que cette ville portuaire, dont la superficie aurait été estimée à {{unité|18|km|2}}, soit correspondrait à l’actuelle [[Tell el-Dab'a]], Qantir et Kathana, soit aurait été située entre ces trois sites<ref>[http://antikforever.com/Egypte/Villes/piramses.htm « Pi-Ramsès »], consulté le {{date-|18 mars 2018}}.</ref>{{,}}<ref>[https://ramses2architecture.wordpress.com/2011/03/11/larcheologie-a-pi-ramses/ « Ramsès II : Un pharaon bâtisseur »], consulté le {{date-|18 mars 2018}}.</ref>.)

=== Sciences de la Terre ===
{{article connexe |Histoire de la géologie |Figure de la Terre |Structure interne de la Terre |Unité structurale de la Terre}}
==== Âge de la Terre ====
[[Fichier:Globe4.jpg |vignette |upright=1.4 |Structure interne de la Terre :<br>(1) [[Croûte continentale]]<br>(2) [[Croûte océanique]]<br>(3) [[Subduction]]<br>(4) [[Manteau terrestre|Manteau supérieur]]<br>(5) [[Point chaud (géologie)|Point chaud]]<br>(6) [[Manteau terrestre|Manteau inférieur]]<br>(7) [[Panache (géologie)|Panache]]<br>(8) [[Noyau externe]]<br>(9) [[Noyau interne]]<br>(10) [[Convection mantellique|Cellule de convection]]<br>(11) [[Lithosphère]]<br>(12) [[Asthénosphère]]<br>(13) [[Discontinuité de Gutenberg]]<br>(14) [[Discontinuité de Mohorovicic]]<br>(?) Amande ?]]
Avant la découverte de la [[radioactivité]], diverses procédures furent imaginées par les scientifiques pour tenter d'obtenir une estimation de l'[[âge de la Terre]]. D'abord un débat qui ne prendra véritablement naissance sur le plan scientifique qu'au {{s-|XVIII}} avec [[Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]] et [[Edmond Halley|Halley]]<ref name="cnrs1">{{Lien web |titre=Histoire de l’âge de la Terre |mois=juin |année=2012 |url=http://www.cnrs.fr/publications/imagesdelaphysique/couv-PDF/IdP2011/03_Krivine.pdf |site=cnrs.fr |consulté le=7 octobre 2018}}.</ref>, ce débat finira par devenir une véritable controverse à partir des années 1860<ref name="Gingras">{{Lien web |auteur=Yves Gingras |titre=Mais quel âge a donc la Terre ? |périodique=La Recherche, no 434 |date=octobre 2009 |url=http://www.chss.uqam.ca/Portals/0/docs/articles/2010/La%20Recherche/Age_terre_no434_2010.pdf |site=chss.uqam.ca |consulté le=7 octobre 2018}}.</ref>. C'est à cette époque que physiciens, géologues et naturalistes aboutirent à des estimations inconciliables pour l'âge de notre planète.
[[Charles Darwin]], avec sa théorie de la [[sélection naturelle]], avait besoin de concevoir que la Terre avait au moins quelques centaines de millions d'années{{note |groupe=Note |Darwin aurait avancé le chiffre de 300 millions d'années, chiffre qu'il avait nuancé dès la deuxième édition de ''[[L'Origine des espèces]]'' (parue un mois seulement après la première) à la suite de certaines critiques. Il s'est par la suite abstenu de chiffrer, même approximativement, l'âge de la Terre dans les éditions ultérieures de son ouvrage. Darwin s'était basé sur un calcul simple fondé sur la vitesse d'[[érosion]] des [[Relief (géomorphologie)|reliefs géologiques]]<ref name="Gingras"/>.}}. Les géologues, à l'instar de Darwin, optaient pour une [[échelle des temps géologiques]] d'une durée comparable<ref name="Gingras"/>.

Le physicien [[William Thomson (Lord Kelvin)|William Thomson]], quant à lui, était d'un tout autre avis. Thomson fit appel à la [[thermodynamique]] pour établir une estimation située dans une fourchette de {{nobr|20-400 millions}} d’années en 1862, puis, en 1897<ref name="cnrs1"/>, il aboutit à un âge avoisinant les 20 à {{nobr|40 millions}} d’années<ref name="cnrs1"/>.

En 1895, [[John Perry (ingénieur)|John Perry]], qui fut l'un des assistants de Thomson à l'[[université de Glasgow]], contesta l'hypothèse de ce dernier sur la faible [[conductivité thermique]] à l'intérieur de la Terre à partir du même [[gradient de température]] et, par voie de conséquence, ses estimations. Son modèle le conduisit plutôt à suggérer un âge de {{nobr|2 milliards}} d’années<ref name="cnrs1"/>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteur=John Perry |titre=On the age of the earth |périodique=Nature |date=1895 |volume=51 |pages=224-227, 341-342, 582-585}}.</ref>.

En 1904, lors d'une conférence à la [[Royal Institution]] de Londres, en présence de Thomson lui-même, [[Ernest Rutherford]] montre que les calculs du physicien s'appuient sur une hypothèse fausse en présupposant l'absence d'une source de chaleur à l'intérieur de la Terre<ref name="Gingras"/>. Dès novembre 1905, [[Bertram Boltwood]] put dater, grâce à sa méthode de [[datation radiométrique]], l'âge de plusieurs minerais entre 92 et {{nobr|570 millions}} d'années<ref name="Gingras"/>. Quelques années plus tard, Boltwood, obtint comme valeurs des âges de plus de {{nobr|1,6 milliard}} d'années pour la datation de certaines roches<ref name="Gingras"/>. Et, en 1956, [[Clair Patterson]], parvint à estimer l'âge de notre planète à {{nobr|4,55 milliards}} d'années grâce à la méthode de [[datation par l'uranium-plomb]] qu'il développa<ref name="CEA">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Étienne Roth]] |directeur1=oui |auteur2=Bernard Poty |directeur2=oui |auteur3=Francis Albarède |et al.=oui |préface=[[Jean Coulomb]] |titre=Méthodes de datation par les phénomènes nucléaires naturels |lieu=Paris |éditeur=[[Elsevier Masson|Éditions Masson]] |collection=Collection [[Commissariat à l'Énergie atomique et aux Énergies alternatives|CEA]] |année=1985 |pages totales=631 |isbn=2-225-80674-8 |numéro chapitre=I-C |titre chapitre=L'âge de la Terre, des météorites et les radioactivités éteintes}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=George R. Tilton |titre=Clair Cameron Patterson, 1922-1995 : A Biographical Memoir |éditeur=The National Academy Press |mois=avril |année=1998 |url=http://www.nasonline.org/publications/biographical-memoirs/memoir-pdfs/patterson-clair-c.pdf |site=nasonline.org |consulté le=7 octobre 2018}}.</ref>.

==== Dérive des continents ====
{{Article connexe |Paléogéographie}}
Des erreurs de raisonnement dans les sciences empiriques sont également présentes. De nombreuses erreurs dans l'histoire des sciences ont consisté à maintes reprises à proclamer l'impossibilité d'un phénomène dont les raisonnements ont été réfutés par la suite. Ainsi, à la suite des travaux d'[[Alfred Wegener]], le mathématicien et [[Géophysique|géophysicien]] britannique [[Harold Jeffreys]] était convaincu d'avoir prouvé, chiffres à l'appui, que la Terre était trop rigide pour que la [[dérive des continents]] fut possible<ref>[[La Recherche (magazine)|La Recherche]], juin 1971, {{p. |551}}.</ref>{{,}}<ref name=CLewis2002>{{Ouvrage |auteur1=Cherry Lewis, |titre=The Dating Game |sous-titre=One Man's Search for the Age of the Earth |lieu=Cambridge, UK |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=2002 |pages totales=258 |isbn=0-521-89312-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=d2AZZ3NXuogC&printsec=frontcover |pages totales-doublon=159 <!--PARAMETRE 'pages totales-doublon' N'EXISTE PAS -->}}.</ref>.
[[Fichier:Pangea-y-el-genesis.jpg |centré |vignette |650px |Illustration de la dérive des continents avec le fractionnement de la [[Pangée]] alors que toutes les terres émergées étaient réunies pour former un seul [[supercontinent]] (à gauche).]]

==== Océanographie ====
{{Article détaillé |Océanographie |Océanographie physique}}
L'une des erreurs de Galilée fut de proposer une explication erronée au phénomène des [[marée]]s. Galilée rejetait l'explication, admise à son époque, selon laquelle la Lune est responsable de ce phénomène. Le savant italien traite de ce sujet dans un ouvrage qui s'était intitulé à l'origine ''Dialogue sur les marées''<ref>Stilman Drake, ''Cause Experiment and Science: A Galilean dialogue incorporating a new English translation of Galileo's ‘Bodies That Stay atop Water or Move in it'', University of Chicago Press, 1981, {{p.|210}}, {{ISBN|0-226-16228-1}}.</ref> et qui sera finalement connu sous le titre ''[[Dialogue sur les deux grands systèmes du monde]]''. Selon lui, le flux et le reflux de la mer était attribuable uniquement aux mouvements annuels et diurnes de la Terre<ref>Galilée, ''Dialogue sur les deux grands systèmes du monde'', {{p.|603}}, 606, 633-634, 644, 650</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Dans ses ''Études de la nature'', l'écrivain et botaniste français [[Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre]] expliquait quant à lui le phénomène des marées par la fonte partielle des glaces aux pôles nord et sud et à leur regel<ref name="C.D.C.">Clifford D. Conner, ''Histoire populaire des sciences'', traduit de l'anglais par Alexandre Freiszmuth, [[L'Échappée]], 2011, p. 491, note 2, titre original : ''A People's History of Science: Miners, Midwives, and Low Mechanicks'', Nation Books, 2005</ref>.}}.

=== Météorologie ===
{{Article connexe |Circulation atmosphérique |Convection atmosphérique |Climatologie}}
La [[météorologie]] est un domaine, parmi d'autres, très sensible aux erreurs. Les météorologues se doivent de fournir une image suffisamment précise de l'état de l'atmosphère lors de la [[modélisation]] sans quoi les erreurs introduites au début se propageront et iront en s'amplifiant<ref name="meteo.gc.ca">{{Lien web |auteur=[[Environnement Canada]] |titre=Cartes de prévisions numériques |date=24 septembre 2018 |url=https://meteo.gc.ca/model_forecast/about_these_products_f.html |site=meteo.gc.ca |consulté le=24 septembre 2018}}.</ref>.
[[Fichier:Blocage d'air froid dans le monde.png |vignette |gauche |300px |Exemple de [[carte météorologique]] illustrant les zones où il y a des [[blocage d'air froid|blocages d'air froid]] dans le monde.]]
Les modèles informatiques doivent intégrer des connaissances sur de nombreux phénomènes interagissant entre eux: vitesse et direction des vents; transformation de la chaleur reçue du Soleil par les océans, le sol, l'air, et les nuages; [[condensation]] de la [[vapeur d'eau]] en [[nuage]]s et transformation des gouttelettes d'eau en [[pluie]], en [[glace]], ou en [[neige]] et mélange de l'air près du sol, entre autres phénomènes. Les erreurs commises dans la prévision d'un de ces phénomènes peuvent se propager à la prévision des autres, ou peuvent amplifier les erreurs d'autres sous-systèmes du modèle<ref name="meteo.gc.ca"/>. Les spécialistes doivent donc s’assurer que le niveau d’erreur reste stable au cours de la simulation<ref name="EncyclopedieEnvironnement"/>.

Pour certaines modélisations, les erreurs peuvent croître très rapidement si certaines conditions ne sont pas respectées telle la contrainte classique de stabilité, connue sous le nom de condition de [[Richard Courant|Courant]]-[[Kurt Friedrichs|Friedrich]]-[[Hans Lewy|Lewy]] ou [[condition CFL]]<ref>Jean Coiffier, ''Éléments de prévision numérique du temps, concepts et méthodes pour le météorologiste'', [[Météo-France]], Cours et manuels {{n°|12}}, 1997, 84 p.</ref> qui « ...spécifie que le vent dans une maille ne doit pas transporter l’air présent dans cette maille de plus de la taille d’une maille en un pas de temps. Si cette condition n’est pas vérifiée dans un schéma, l’erreur grossit jusqu'à atteindre des nombres infiniment grands, le schéma devient instable, on dit que le modèle explose<ref name="EncyclopedieEnvironnement">{{Lien web |titre=Les modèles de prévision météorologique |jour=10 |mois=juillet |année=2018 |url=http://www.encyclopedie-environnement.org/air/modeles-de-prevision-meteorologique/#_ftnref3 |site=Encyclopédie de l'environnement |éditeur=EncyclopedieEnvironnement |consulté le=24 septembre 2018}}.</ref>. »

=== Astronomie ===

==== Atmosphère lunaire ====
L'une des erreurs d'[[Isaac Newton]] se trouve dans son traité d'[[optique]] intitulé [[Opticks|''Opticks : or a Treatise of the Reflexions, Refractions Inflexions and Colours of Light'']]. Dans la septième proposition de la première partie du livre premier, Newton mentionne que la lumière des étoiles nous apparaît ponctuelle. Il écrit : {{Citation |Or que la distance incommensurable des étoiles fixes les fasse paraître comme autant de points, c'est ce qu'on peut inférer de ce qu'étant éclipsées par la Lune, elles ne disparaissent et ne reparaissent point par degré comme le font les planètes mais instantanément ou presque instantanément car la réfraction de l'atmosphère de la Lune prolonge un peu la durée de leur disparition et réapparition<ref>{{Ouvrage |auteur1=Isaac Newton |traducteur=[[Jean-Paul Marat]] |titre=Optique |lieu=Paris |éditeur=Christian Bourgois |année=1989 |passage=108 |isbn=}} {{ISBN |226700562X}}.</ref>.}}. La Lune étant pratiquement dénuée d'atmosphère, l'explication proposée par Newton est incorrecte{{note |groupe=Note |En réalité, notre satellite naturelle possède une "[[Atmosphère de la Lune|atmosphère]]"<ref>{{Article |auteur1=M. Horányi |auteur2=J. R. Szalay |auteur3=S. Kempf |auteur4=J. Schmidt |auteur5=E. Grün |auteur6=R. Srama |auteur7=Z. Sternovsky |titre=A permanent, asymmetric dust cloud around the Moon |périodique=Nature |éditeur=Springer Science and Business Media LLC |volume=522 |numéro=7556 |mois=juin |année=2015 |pages=324-326 |ISSN=0028-0836 |doi=10.1038/nature14479 |url=http://dx.doi.org/10.1038/nature14479}}.</ref> {{nombre|10000000000000000000|fois}} moins dense que l'[[atmosphère terrestre]] : {{formatnum:1000000}} de molécules par cm³ contre {{formatnum:10000000000000000000000000}} de molécules par cm³<ref name="NASAmoon">{{Lien web |langue=en |auteur=NASA Administrator |titre=Is There an Atmosphere on the Moon? |date=12 avril 2013 |url=https://www.nasa.gov/mission_pages/LADEE/news/lunar-atmosphere.html |site=NASA |consulté le=26 juin 2019}}.</ref>. Cette densité est si faible que les molécules n'entrent presque jamais en collision, on parle alors d'[[exosphère]] (et plus particulièrement dans ce cas-ci d'"exosphère de surface"<ref name="NASAmoon"/>. La lumière n'est pas réfractée lorsqu'elle traverse l'exosphère dont l'[[indice de réfraction]] équivaut à 1,0 soit celui d'un vide de laboratoire{{refnec}}. Le phénomène proposé par Newton reste valable dans le cas de planètes possédant une atmosphère suffisamment dense qui [[Occultation|occultent]] une étoile.}}.

==== [[Lois de Kepler]] ====
[[Fichier:Astronomia Nova.jpg |vignette |Page frontispice de l{{'}}''[[Astronomia nova]]'' (1609), de [[Johannes Kepler]] dans lequel il publie ses deux premières [[Lois de Kepler|lois]].]]
Il arrive qu'un chercheur ou un savant fasse des erreurs et que celles-ci se compensent pour donner le bon résultat! L'un des exemples les plus édifiants à ce sujet est sans doute la démarche qu'a suivie [[Johannes Kepler|Kepler]] pour parvenir à la découverte de ses deux premières lois. Pour ce faire, Kepler a commis non pas une mais trois erreurs. Ce cas est suffisamment inusité pour qu'il vaille la peine de citer [[Arthur Koestler]] qui le détaille. Kepler découvre d'abord le rapport inverse des vitesses d'une planète aux points extrêmes de son orbite (le [[périhélie]] et l'[[aphélie]]). Toutefois... « en étendant [cette relation] à l'orbite toute entière il faisait une généralisation parfaitement injustifiée. Kepler le savait et l'admit... [Ensuite pour faciliter ses calculs, voici ce qu'il écrit dans son ''[[Astronomia nova]]''] : « Sachant qu'il y a un nombre infini de points sur l'orbite et un nombre infini de distances il me vint l'idée que la somme de ces distances est contenue dans l'aire de l'orbite. » C'est sa deuxième erreur car, comme le rappelle Koestler, « il n'est pas permis d'égaler une aire à la somme infinie de lignes [se trouvant à l'intérieur de celle-ci]. Et à nouveau, Kepler le sait et il explique même pourquoi ce n'est pas permis! Il ajouta qu'il avait fait une erreur en considérant une orbite comme circulaire. En concluant : « Mais ces deux erreurs {{incise |c'est comme un miracle}} s'annulent [...] comme je le prouverai ci-dessous »<ref>[[Johannes Kepler]], ''[[Astronomia nova]]'', 1609, III, chap. 40</ref>. Le résultat est encore plus miraculeux que ne le croyait Kepler car en expliquant pourquoi ses erreurs s'annulent il se trompa une fois de plus [...] Or par trois méthodes fausses défendues de façon encore plus fausse, il tomba sur la loi juste<ref>[[Arthur Koestler]], ''[[Les Somnambules]]'', Éd. [[Calmann-Lévy]], 1960, {{p. |, 310-313}}.</ref>. » Ses trois suppositions fausses étaient :
* la vitesse de la planète varie de façon inverse de la distance au [[Soleil]] ;
* l'orbite de la planète est circulaire ;
* la somme des vecteurs reliant la planète au Soleil est égale à l'aire dans laquelle ils se trouvent compris.

De même, des contradictions peuvent se glisser dans un ouvrage de vulgarisation écrit par un savant. [[Galilée (savant)|Galilée]] lui-même n'en a pas été exempt. Ainsi, dans son ouvrage ''[[Dialogue sur les deux grands systèmes du monde]]'', il tente d'expliquer pourquoi il ne serait pas possible à un corps céleste tel le Soleil de se déplacer autour d'un autre tout en maintenant son axe de rotation parallèle à lui-même alors que plus loin, dans le même ouvrage, Galilée explique que la [[Terre]] se déplace de cette façon<ref>Koestler, Op. cité, {{p.|460}}</ref>.

==== Trépidation des équinoxes ====
La {{Lien |langue=en |trad=Trepidation (astronomy) |fr=trépidation des équinoxes}} est une théorie selon laquelle à une oscillation accompagne le mouvement de [[précession des équinoxes]]. Les premières traces de cette théorie se retrouvent dans un écrit de [[Théon d'Alexandrie]] du {{s-|IV}} de notre ère : ''Petit commentaire sur les tables pratiques de Ptolémée''. L'auteur y mentionne que d'après certains astronomes anciens, la précession des équinoxes, plutôt que d'être un mouvement constant et sans fin, inverse sa direction tous les {{nobr|640 ans}}<ref name="evans276">James Evans, (1998), ''The History and Practice of Ancient Astronomy'', page 276. Oxford University Press. {{ISBN |0-19-509539-1}}.</ref>{{,}}<ref>A. Jones, ''Ancient Rejection and Adoption of Ptolemy’s Frame of Reference for Longitudes'' in ''Ptolemy in Perspective'', (ed) A. Jones, Springer, 2010, {{p.|11}}.</ref>. Les équinoxes, dans cette théorie, se déplacent à travers l'[[écliptique]] au rythme de {{nobr|1 degré}} en {{nobr|80 ans}} jusqu'à atteindre {{nobr|8 degrés}}, après quoi ils inversent soudainement la direction de leur mouvement et reviennent à leur position d'origine.

Au {{s-|IX}}, la description de ce mouvement est reprise avec les travaux de l'[[astronomie arabe|astronome arabe]] [[Thābit ibn Qurra]] dans son ouvrage ''De motu octavae sphaerae'' (Sur le mouvement des huit sphères)<ref>{{article encyclopédique |editor =Thomas Hockey |first= F. |last= Jamil Ragep |last2=Bolt |first2=Marvin |title=Ādamī: Abū ʿAlī al‐Ḥusayn ibn Muḥammad al‐Ādamī |encyclopedia=The Biographical Encyclopedia of Astronomers |publisher=Springer |date=2007 |location=New York |page=12 |url=http://islamsci.mcgill.ca/RASI/BEA/Adami_BEA.htm |isbn=9780387310220 |ref=harv |display-editors=etal}} ([http://islamsci.mcgill.ca/RASI/BEA/Adami_BEA.pdf PDF version])</ref>. Selon lui, l'écliptique était affecté d'un mouvement d'oscillation décrivant un cercle d'une amplitude de 8° avec une périodicité de {{nombre |4000 |ans}}<ref name="C.Ronan2">[[Colin Ronan]], ''Histoire mondiale des sciences'', 1988, {{p.|274}}, édition originale, ''{{langue |en |The Cambridge Illustrated History of the World's Science}}'', [[Cambridge University Press]], 1983</ref>. Pendant le [[Moyen Âge]] et jusqu'à la fin du {{s-|XVI}}, la précision des tables astronomiques fut affectée en tenant compte de ce mouvement d'oscillation<ref name="C.Ronan2"/>. L'astronome [[Al-Andalus|andalou]] [[Al-Zarqali]], entre autres, pris en compte ce mouvement dans l'établissement des [[tables de Tolède]]<ref>Ronan, Op. cité, {{p.|282}}</ref>. Il fallut attendre la précision des observations de [[Tycho Brahe]] pour que les astronomes réalisent que ce mouvement n'existe pas<ref name="C.Ronan2"/>.

==== Astrométrie ====
{{article détaillé |Astrométrie}}
[[Fichier:M51 Hubble Remix.jpg |vignette |gauche |250px |[[M51 (galaxie)|M51]] (NGC 5194) et [[NGC 5195]], image prise par le télescope spatial Hubble.]]
;Localisation extragalactique des nébuleuses
En 1750, l'astronome anglais [[Thomas Wright (astronome)|Thomas Wright]] émit l'idée que les étoiles de la [[Voie lactée]] seraient maintenues ensemble par des [[Gravitation|forces gravitationnelles]] et constituer un ensemble en rotation semblable au système solaire mais à une échelle beaucoup plus grande<ref>Thomas Wright, ''An Original Theory or New Hypothesis of the Universe'' … (London, England: H. Chapelle, 1750)</ref>{{,}}<ref name="our_galaxy">{{lien web |langue=en
 |auteur=Evans J. C.
 |date= 24 novembre 1998
 |url=http://physics.gmu.edu/~jevans/astr103/CourseNotes/ECText/ch20_txt.htm
 |titre=Our Galaxy |éditeur=George Mason University
 |consulté le=4 janvier 2007}}.</ref>. Dans un traité paru en 1755, [[Emmanuel Kant]] développe cette idée et va jusqu'à suggérer que certaines [[nébuleuse]]s sont aussi vastes que la Voie lactée et constituent elles aussi des "univers-îles", ce qu'on nommera plus tard des [[galaxie]]s<ref>Immanuel Kant, [https://books.google.com/books?id=nCcaAQAAMAAJ&pg=PP9 ''Allgemeine Naturgeschichte und Theorie des Himmels'' …] [Universal Natural History and Theory of the Heavens …], (Königsberg and Leipzig, (Germany): Johann Friederich Petersen, 1755).<br>Traduction anglaise par Ian Johnston: [http://records.viu.ca/~johnstoi/kant/kant2e.htm Vancouver Island University, British Columbia, Canada] {{lien brisé |url=https://web.archive.org/web/20140829071546/http://records.viu.ca/~johnstoi/kant/kant2e.htm |date=29 août 2014}}.</ref>.

Il faudra attendre le {{s-|XX}} pour que ces idées soient acceptées. Certaines observations s'y sont opposées dont celles de [[Heber Doust Curtis|Heber Curtis]] et d'[[Adriaan van Maanen]]. En se basant sur les vitesses radiales de certaines galaxies mesurées par [[Vesto Slipher]], Curtis en avait déduit qu'elles se situaient à environ {{unité|3000|[[parsec]]s}}, les situant ainsi à l'intérieur de la Voie lactée. Van Maanen, quant à lui, travailla pendant plus de dix ans à déterminer la période de rotation de certaines [[Galaxie spirale|galaxies spirales]] : la période moyenne qu'il obtint était de l'ordre de {{nombre |85000 |ans}} ce qui aurait donné une vitesse de rotation inconcevable si elles avaient été situées à l'extérieur de la Voie lactée<ref name="JRR">, [[Jean-René Roy]], ''L'Astronomie et son histoire'', Presses de l'Université du Québec, 1982, {{p.|407-408}}</ref>. Il s'avéra plus tard admettre que les résultats de Curtis et de van Maanen n'étaient pas valables<ref name="JRR"/>. Curtis admit son erreur et devint même un fervent défenseur de la thèse extragalactique<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Harlow Shapley, Heber Curtis |titre=NRC Transcripts of `Great Debate, The Scale of the Universe |date=mai 1921 |url=https://apod.nasa.gov/htmltest/gifcity/cs_nrc.html |site=apod.nasa.gov |consulté le=22 septembre 2018}}.</ref>. En 1922, [[John Charles Duncan]] découvrit des [[étoile variable|étoiles variables]] dans M31 (la [[galaxie d'Andromède]]) : onze des quinze étoiles étaient des [[céphéide]]s. Utilisant ces données, [[Edwin Hubble]] put calculer la distance de M31 et [[Galaxie du Triangle|M33]] à environ {{unité|250000|parsecs}}. La localisation extragalactique de ces nébuleuses était ainsi clairement établie<ref name="JRR" />.

==== Localisation du système solaire ====
Les travaux de Harlow Shapley à l'[[observatoire du Mont Wilson]] à partir de 1914 ont permis de corriger une erreur en localisant le système solaire à une certaine distance du centre de notre galaxie. Des travaux antérieurs basés sur des techniques de comptage d'étoiles indiquaient faussement que le Soleil se trouvait au centre de la Voie lactée<ref>Roy, 1982, {{p.|366-367}}</ref>.

==== Détermination de la trajectoire d'astéroïdes ====
{{article connexe |Sentry (astronomie) |Échelle de Turin |Échelle de Palerme}}
Il n'est pas rare que les astronomes doivent réviser leurs estimations concernant la trajectoire d'[[astéroïde]]s qu'ils observent et leur probabilité d'[[Impact cosmique|impact avec la Terre]] : {{Citation |...la raison [...] est que la détermination de l'orbite est basée sur des mesures erronées dues à l'[[atmosphère terrestre]] et d'autres facteurs (voir, entre autres, [[Effet YORP]], [[Effet Yarkovsky]] et [[Sensibilité aux conditions initiales]]). Cela limite la mesure de la position de l'astéroïde et se combine avec toutes les autres [[Erreur de mesure|erreurs de mesure]] pour créer l'espace d'incertitude original<ref name="Giorgini">{{Lien web |langue=de |auteur=Jon Giorgini |titre=Understanding Risk Pages |date=30 juillet 2002 |url=http://www.hohmanntransfer.com/by/giorgjon.htm |site=hohmanntransfer.com |consulté le=7 décembre 2018}}.</ref>.}} Ces erreurs se combinent avec celles provoquées par des données d'observation insuffisantes lorsqu'un nouvel astéroïde est détecté : deux ou trois semaines d'observations ne suffisent souvent pas pour déterminer de façon concluante la trajectoire d'un astéroïde observé pour la première fois<ref name="Giorgini"/>. À titre d'exemple, il faut deux à quatre ans de suivi pour un astéroïde avec une [[Période de révolution|période orbitale]] de {{nobr|2,29 ans}} pour prédire suffisamment précisément son orbite sur quelques décennies<ref name="Giorgini"/>. En juillet 2002, un risque de facteur d'impact positif sur l'[[échelle de Palerme]] avec la Terre impliquant l'astéroïde [[(89959) 2002 NT7]] a alerté les médias<ref>{{Lien web |auteur=David Whitehouse |titre=Space rock 'on collision course' |date=24 juillet 2002 |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/2147879.stm |site=news.bbc.co.uk |consulté le=7 décembre 2018}}.</ref>: les révisions de ses paramètres orbitaux permirent d'écarter tout risque de collision<ref name="passages-JPL">{{Lien web |langue=en |url=http://ssd.jpl.nasa.gov/sbdb.cgi?sstr=2002NT7;cad=1#cad |titre=Tableau des passages rapprochés de l'astéroïde 89959 (2002 NT7), sur le site du JPL |consulté le=28 juillet 2014 }}.</ref>.

==== Astrophysique ====
{{Article détaillé |Métrique de Schwarzschild |Rayon de Schwarzschild |Singularité de Schwarzschild |Trou noir de Schwarzschild}}
[[Albert Einstein]] publie sa formulation de la relativité générale dans l'édition du {{date-|15 novembre 1915}} des ''Comptes rendus de l'[[Académie royale des sciences de Prusse|Académie des sciences de Prusse]]''. Presque aussitôt, [[Karl Schwarzschild]] en prend connaissance, calcule, à partir de la nouvelle équation d'Einstein, la courbure de l'[[espace-temps]] pour une étoile sphérique sans mouvement de rotation et transmet ses résultats à Einstein<ref>[[Kip Thorne]], ''[[Trous noirs et distorsions du temps : l'héritage sulfureux d'Einstein]]'', Flammarion, coll. Champs, 1997, {{p.|126}}</ref>. D'après Shwarzschild, lorsque l'étoile poursuit son effondrement, une singularité apparaît à une certaine distance de l'étoile, dite [[rayon de Schwarzschild]]. La plupart des physiciens, y compris Einstein, pensent alors que la géométrie de l'espace-temps devient singulière à cet endroit. Or les études ultérieurs montrèrent que cette singularité n'apparait que dans le [[système de coordonnées]] stationnaires employé par Schwarzschild<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Roger Penrose]] |titre=La nouvelle physique de l'Univers |sous-titre=Mode, croyance, imaginaire |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Odile Jacob|Odile Jacob]] |année=2018 |pages totales=557 |passage=257-258 |isbn=978-2-7381-4152-1 |isbn2=2738141528}}.</ref>. En 1921, [[Paul Painlevé]] soutient qu'il est possible de prolonger cette solution à travers cette région jusqu'à la [[Singularité gravitationnelle|singularité réelle]] située au centre<ref>Paul Painlevé, ''La mécanique classique et la théorie de la relativité'', ''Comptes rendus de l'Académie des sciences'', vol. 173, {{p.|677-680}}</ref>. En 1932, [[Georges Lemaître]] démontre explicitement que de la matière en chute libre peut franchir ce rayon sans rencontrer de singularité<ref>Georges Lemaître, ''L'Univers en expansion'', in « Annales de la Société Scientifique de Bruxelles », volume 53A, {{page}}51-83, 1933</ref> et, en 1958, [[David Finkelstein]] propose une description simple de ce phénomène<ref>David Finkelstein, ''Past-Future Asymmetry of the Gravitational Field of a Point Particle'', Physical Review, vol. 110, {{p.|965-967}}</ref>.

==== Cosmologie ====
Nombreux sont les [[Modèle cosmologique|modèles cosmologiques]] qui ont été proposés depuis le début de l'astronomie moderne. Ceux proposés avant le {{s-|XX}} ne tiennent évidemment pas compte du mouvement de fuite des galaxies conduisant à l'idée d'[[expansion de l'Univers]]. Au {{s-|XX}} apparut une multitude de modèles pour décrire l'évolution de notre univers. Certains de ces modèles ont pu être écartés tels par exemple le modèle d'[[Univers d'Einstein|univers statique d'Einstein]] de 1917, le modèle d'[[Univers de Milne]] ou encore celui de la [[théorie de l'état stationnaire]] présentée par [[Fred Hoyle]], [[Thomas Gold (physicien)|Thomas Gold]] et [[Hermann Bondi]].

==== Détermination de la constante de Hubble ====
{{Article détaillé |Loi de Hubble |Volume de Hubble |Rayon de Hubble |Temps de Hubble}}

[[Fichier:Hubbleconstants.svg |vignette|Valeurs estimées de la constante de Hubble, 2001-2018.|200x200px]]

Lorsque [[Edwin Hubble]] établit la valeur de la relation entre la distance et la [[vitesse de récession]] apparente des [[galaxie]]s dans l'[[univers observable]], il obtint comme résultat une valeur avoisinant les {{nobr|500 km/s/Mpc}} ou environ {{nobr|160 km/s}} par million d'[[Année-lumière|années-lumière]] pour ce taux d'expansion, maintenant appelé la [[constante de Hubble]]. Ceci impliquait un [[âge de l'Univers]] de deux milliards d'années. Or, la [[datation radiométrique]] des roches démontra, dans les [[années 1930]], que l'[[âge de la Terre]] était d'au moins trois milliards d'années<ref name="Huchra">{{Lien web |langue=en |auteur=[[John Huchra]] |titre=The Hubble Constant |date=2008 |url=https://www.cfa.harvard.edu/~dfabricant/huchra/hubble/ |site=cfa.harvard.edu |consulté le=21 septembre 2018}}.</ref>. Des études ultérieures montrèrent que l'erreur venait non pas de la théorie de Hubble, mais de l'imprécision et de l'interprétation des observations qu'il avait faites. Ainsi, par exemple, ce que Hubble avait cru être des étoiles individuelles très distantes  étaient en fait des [[amas globulaire|amas d'étoiles]] : il pensait, à tort, avoir observé des [[Chandelle standard|chandelles standards]], objets dont la [[Magnitude absolue|luminosité absolue]] ne varie pas avec la distance<ref name="Huchra" />. Au {{s-|XXI}}, des mesures de plus en plus précises de la constante de Hubble donnent des valeurs comprises entre {{unité|69.8|et=76.5|km/s/Mpc}}<ref group="Note">Écart que les astronomes considèrent comme encore problématique.</ref>.

=== Physique ===
;Chute des corps
L'un des exemples notoire dans l'histoire des sciences concerne l'erreur d'[[Aristote]] qui affirmait que la vitesse d'un corps en [[chute libre (physique)|chute libre]] est proportionnelle à son [[poids]]. Il faudra attendre le {{s-|VI}} pour que [[Jean Philopon]] conteste cette relation liant vitesse de chute et poids<ref>Goeffrey E. R. Lloyd, ''Les débuts de la science grecque, de Thalès à Aristote'', [[La Découverte|Éd. La Découverte]], 1990, {{p. |136}}, {{ISBN |2-7071-1943-1}} - édition originale: ''{{langue |en |Early Greek Science: Thales to Aristotle}}''. New York: W.W. Norton & Co., 1970, {{ISBN |0-393-00583-6}}.</ref>. Dans un commentaire de la ''Physique'' d'Aristote publié en 1545, [[Domingo de Soto]] décrira explicitement le mouvement de chute libre comme un mouvement uniformément accéléré<ref>[[Pierre Thuillier (philosophe)|Pierre Thuillier]], ''D’Archimède à Einstein. Les faces cachées de l’invention scientifique'', [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 1988, {{p. |171}}.</ref>.

Sur le même sujet, Galilée commettra une erreur, puis la rectifiera lui-même. Dans sa formulation de la loi de la [[Chute libre (physique)|chute des corps]] en 1604, il affirme que la vitesse d'un corps en chute libre croit proportionnellement à l'espace parcouru. En 1632 qu'il rectifie cette formulation erronée et montre que la vitesse d'un corps en chute libre croit proportionnellement au temps de chute<ref>Vincent Julien, André Charrak, ''Chute des corps : l'impossible équation'', Les Cahiers de Science et Vie, décembre 2001, {{p.|58}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Carl B. |nom1=Boyer |titre=A History of the Calculus and Its Conceptual Development |éditeur=[[Dover Publications|Dover]] |année=1959 |pages totales=79–89 |isbn=978-0-486-60509-8 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=KLQSHUW8FnUC |titre chapitre=III. Medieval Contributions}}.</ref>.

[[Fichier:Galileo Galilei, Discorsi e Dimostrazioni Matematiche Intorno a Due Nuove Scienze.jpg |vignette|gauche |Page frontispice des ''Discorsi'' (''Discours concernant deux sciences nouvelles'') publié à Leyde en 1638.]]
;Chaînette
Les erreurs commises par des génies de la science n'ont pas toutes le même impact. Certaines se font plus discrètes que d'autres et certaines de ces erreurs commises par des grands noms de la science furent corrigées par des scientifiques bien moins connus de l'[[histoire des sciences]]. Dans son ouvrage ''[[Discours concernant deux sciences nouvelles]]'' publié en 1638, Galilée affirme de façon catégorique que la courbe formée par une corde attachée à deux clous et qui pend sous son propre poids est une parabole<ref>Galileo Galilei, ''[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94907p/f187.image.r=.langFR Discorsi e Dimostrazioni matematiche intorno a due Nuove Scienze]'' (1638), Le opere di Galileo Galilei : edizione nazionale sotto gli auspicii di sua maesta il re d'Italia. Vol. VIII, {{p.|186}}. Traduction française de Maurice Clavelin : Galilée, ''Discours concernant deux sciences nouvelles'', [[Presses universitaires de France|PUF]], 1995, {{p.|120}}.</ref>. [[Joachim Jung]] avait démontré, onze ans plus tôt dans sa ''Geometria empirica'' publié en 1627, qu'il n'en était rien<ref>Marc Parmentier, ''Leibniz, naissance du calcul différentiel'', Vrin (1989), {{p. |192}}.</ref>. Elle adopte plutôt la forme d'une [[courbe transcendante]] appelée [[chaînette]] dont l'équation est définie à l'aide de la fonction [[cosinus hyperbolique]], inconnue de Galilée<ref>[[Pierre Thuillier (philosophe)|Pierre Thuillier]], ''D’Archimède à Einstein. Les faces cachées de l’invention scientifique'', [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 1988, {{p. |186-188}}.</ref>.

;Relativité générale
De nombreux domaines pourraient contenir des exemples de grands scientifiques ayant commis des erreurs à un moment donné. En [[physique]], [[Albert Einstein|Einstein]] peut être cité en exemple. L'une d'elles a été d'affirmer que [[Alexandre Friedmann]] s'était trompé en affirmant que l'[[Équation d'Einstein|équation du champ d'Einstein]] de la [[relativité générale]] permettait la description d'un univers en évolution dont celle d'un [[Expansion de l'Univers|univers en expansion]]. Einstein reconnut plus tard s'être trompé, concédant que les calculs de Friedmann étaient corrects{{note |groupe=Note |Pour une brève présentation du travail de Friedmann en relativité générale, on peut consulter [[Jacques Merleau-Ponty]], ''Cosmologie du {{s-|XX}}'', Gallimard, 1965, pp. 66-72.}}. Les circonstances d'une autre de ses erreurs lui ont été plus salutaires. Ayant calculé en 1911 l'angle de déviation d'un rayon lumineux par la [[masse]] du [[Soleil]], il parvint à un résultat en désaccord avec l'expérience dû au fait que sa théorie, encore incomplète, contenait encore certaines erreurs qu'il corrigea par la suite. Heureusement, les observations pour confirmer ses prédictions ne survinrent qu'après qu'il eut apporté ces corrections nécessaires à sa théorie<ref>Hoffmann, 1975, {{p.|123}}, 142-147</ref>.

==== Erreurs commises en optique ====
[[Fichier:Fluorescence in calcite.jpg |vignette |300px |Phénomènes de [[fluorescence]] et de [[biréfringence]] dans un bloc de [[calcite]] traversé par un faisceau [[laser]] de longueur d'onde de {{nobr|445 nm}}.]]
En 1669, [[Rasmus Bartholin]] découvre le phénomène de [[biréfringence]]. Lorsqu'il observe des images à travers un [[spath d'Islande]], un [[minéral]] constitué de [[calcite]] dont la structure [[cristal]]line se rencontre souvent sous forme [[rhomboèdre|rhomboédrique]], il s'aperçoit que les images sont dédoublées. Il décide donc d'étudier ce phénomène et publie ses observations dans un ouvrage intitulé ''Experimenta crystalli islandici disdiaclastici quibus mira & insolita refractio detegitur''<ref>Erasmus Bartholin, ''Experimenta crystalli islandici disdiaclastici quibus mira & insolita refractio detegitur'' ([[Copenhague]] ("Hafniæ"), Denmark: Daniel Paulli, 1669), traduction française de Pierre Cuvelier, dans ''Revue d'histoire des sciences'', tome 30, {{n°|3}}, 1977. {{p.|193-224}}</ref>. Bartholin observe qu'un rayon de lumière traversant la calcite se dédouble et il constate que les deux rayons se [[réfraction|réfractent]] mais un seul obéit aux [[lois de Snell-Descartes]], l'autre subit une réfraction appelée réfraction extraordinaire. D'où le phénomène de biréfringence. Par le fait même, il nomme rayon extraordinaire celui subissant cette nouvelle réfraction. Bartholin affirme alors avoir observé que le chemin du rayon extraordinaire dans la calcite est toujours parallèle aux côtés du rhomboèdre. Quelques années plus tard, [[Christian Huygens]] démontrera qu'ils forment un angle de 2° 23'<ref>[[Bernard Maitte]], ''La lumière'', Seuil, Paris, 1981, {{p.|172}}, {{ISBN |9782020060349}}.</ref>.

=== Science des matériaux ===
[[Fichier:Carbon nanoribbon povray.PNG |vignette |Représentation de la structure [[monocristal]]line du graphène avec la [[Maille (cristallographie)|maille]] hexagonale de ses atomes de [[carbone]].]]
{{Article connexe |Science des matériaux}}
Jusqu'à l'obtention de la structure du [[graphène]] en 2004 par [[Andre Geim]], la plupart des physiciens pensaient qu'un [[cristal]] [[Matériau bidimensionnel|bidimensionnel]] ne pouvait exister<ref name="JNFMOG">{{Article |auteur=Jean-Noël Fuchs, Mark Oliver Goerbig |titre=Le graphène, premier cristal bidimensionnel |périodique=Pour la science |date=mai 2008 |pages=36-43}}.</ref>. Leur raisonnement s'appuyait sur le [[Brisure spontanée de symétrie#Théorème de Mermin-Wagner-Hohenberg-Coleman|théorème de Mermin-Wagner]] dont l'une des conséquences conduit à l'idée que la structure d'un cristal bidimensionnel ne peut subsister, même à basse [[Température thermodynamique|température]], à cause de l'[[Énergie thermique|agitation thermique]]<ref name="JNFMOG"/>. Ce théorème est valide lorsqu'une telle structure est considérée dans un espace bidimensionnel. L'erreur a été de ne pas prendre en considération les [[trois dimensions]] de l'espace dans lequel se trouve cette structure atomique. Cette dimension supplémentaire permet une [[Conduction thermique|diffusion]] de l'[[énergie thermique]] suffisante pour permettre à une structure cristalline monocouche d'exister<ref name="JNFMOG"/>{{,}}{{note |groupe=Note |Dès l'année suivante, de nouveaux [[matériau bidimensionnel|matériaux bidimensionnels]] cristallins furent réalisés<ref>{{Article |auteur1=K. S. Novoselov |auteur2=D. Jiang |auteur3=F. Schedin |auteur4=T. J. Booth |auteur5=V. V. Khotkevich |auteur6=S. V. Morozov |auteur7=A. K. Geim |titre=Two-dimensional atomic crystals |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |éditeur=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=102 |numéro=30 |jour=18 |mois=juillet |année=2005 |pages=10451-10453 |ISSN=0027-8424 |doi=10.1073/pnas.0502848102 |url=http://dx.doi.org/10.1073/pnas.0502848102}}.</ref> auxquels on a pu ajouter par la suite le [[germanène]], le [[phosphorène]], le [[silicène]] et le [[stanène]].}}.

=== Erreurs commises lors d'expériences ===
{{Article détaillé |Erreur de mesure |Erreur systématique}}
[[Fichier:Pythagoras in the Roman Forum, Colosseum.jpg |vignette |Buste de Pythagore, copie romaine du {{-sp-|I|-|II}}, [[musées du Capitole]].]]
;Pythagore, la hauteur des sons, les marteaux et les enclumes
Pour [[Boèce]], philosophe et commentateur du {{sap-|VI}}, cité par l'historien irlandais {{Lien |langue=en |trad=Benjamin Farrington |fr=Benjamin Farrington}}, l'une des premières expérimentations en science remonterait au moins à l'époque de [[Pythagore]], au {{s-|VI}} avant notre ère. Boèce raconte que Pythagore aurait découvert la relation entre la hauteur des sons produits par des marteaux de divers poids frappant une enclume. Il aurait découvert ainsi qu'un marteau deux fois plus lourd produirait un son une [[Octave (musique)|octave]] plus bas qu'un autre deux fois plus léger. Il aurait découvert de même que des marteaux avec des poids de proportions 12 - 9 - 6 et 12 - 8 - 6 produiraient des notes dont le hauteur se trouve séparée par des intervalles dans les mêmes proportions. Sauf que ces résultats sont erronés: « L'expérience des marteaux n'a pas pu donner les résultats que l'on rapporte. » selon Farrington<ref>Benjamin Farrington, ''La science dans l'Antiquité'', Éd. Petite Bibliothèque Payot, 1967, traduction Henri Chéret, {{p. |48-49}}, Éd. originale ''Science in Antiquity'', 1936, réimprimé en 1969 {{lire en ligne |{{Google Livres |id=NAzmF4U5_PcC |p=75 |surligné=emmanuel kant ce qui rend l'erreur possible c'est donc l'apparence suivant laquelle le simple subjectif est pris pour de l'objectif}}}}.</ref>.

; René Blondlot et les rayons N
Dans sa ''Logik'' publiée en 1800, [[Emmanuel Kant]] déclara : {{Citation |Ce qui rend l'erreur possible c'est donc l'apparence suivant laquelle le simple subjectif est pris pour l'objectif<ref>Immanuel Kants Logik, éd. G. B. Jäsche, Königsberg, F. Nicolovius, 1800 ; trad. fr. L. Guillermit, Paris, Vrin, 1970. Logique, ouvrage de Kant publié par Jäsche (1800),</ref>.}} Une série d'expériences au début du {{s-|XX}} vint à l'appui de cette assertion du philosophe de [[Königsberg]]. En 1903, [[René Blondlot]] publie une série de comptes rendus sur des expériences qu'il a menées avec des [[rayons X]]. Lorsque le [[tube cathodique]] produisant les rayons X est sous tension, Blondlot observe que l'intensité lumineuse des étincelles augmente. Ces étincelles sont produites entre les extrémités d'un fil de cuivre parcouru par un courant électrique, les électrodes d'un [[éclateur]]. Cherchant à déterminer si les rayons X peuvent être [[Polarisation (optique)|polarisés]]<ref name="JMBloch">{{Article |auteur=Jean-Michel Bloch |titre=René Blondlot et les rayons N |périodique=Mémoires de l'Académie nationale de Metz |éditeur=Académie nationale de Metz |date=1986 |pages=169-172}}, [http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/34441/ANM_1986_169.pdf?sequence=1 Lire en ligne]</ref>, Blondlot pense d'abord qu'il vient de mettre en évidence ce phénomène<ref name="Baudet">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Jean-Claude Baudet]] |titre=Les plus grandes erreurs de la science |lieu=Paris |éditeur=La Boîte à Pandore |année=2014 |pages totales=237 |passage=125 |isbn=978-2- 87557-115-1}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Il publiera ce premier résultat dans un article intitulé ''Sur la polarisation des rayons X'' qui paraîtra le {{date-|2 février 1903}} dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences<ref name="Baudet"/>.}}. Très vite, il se ravise et conçoit qu'il vient plutôt de découvrir un nouveau type de rayonnement qu'il nommera [[rayon N]]<ref name="Baudet"/>. Ce rayonnement est supposé traverser diverses substances telles que les métaux, le bois et diverses autres<ref>{{Article |auteur=[[René Blondlot]] |titre=Sur l’existence, dans les radiations émises par un bec Auer, de rayons traversant les métaux, le bois, etc. |périodique=Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris |éditeur=Académie des sciences de Paris |date=1903 |volume=136 |page=1120–1123}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur=René Blondlot |titre=Sur de nouvelles sources de radiations susceptibles de traverser les métaux, le bois, etc., et sur de nouvelles actions produites par les radiations |périodique=Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris |éditeur=Académie des sciences de Paris |date=1903 |volume=136 |page=1227-1229}}.</ref>. Blondlot n'est pas le seul à penser mettre en évidence ce nouveau phénomène : Augustin Charpentier, de la faculté de médecine de [[Nancy]] et Edouard Meyer, un biologiste et collègue de Charpentier, affirment respectivement avoir mis en évidence expérimentalement que le corps humain émet des rayons N pour le premier et que c'est aussi le cas des plantes selon le second<ref name="Rosmorduc1972">{{Article |auteur=Jean Rosmorduc |titre=Une erreur scientifique au début du siècle : « Les Rayons N ». |périodique=Revue d'histoire des sciences |éditeur=Armand Colin |date=1972 |volume=25-1 |page=13-25}}, [https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1972_num_25_1_3262 Lire en ligne]</ref>. De nombreuses propriétés de ce rayonnement sont censées être mises à jour à la suite de nouvelles expériences : le [[pouvoir rotatoire]] de diverses substances de même que celui d'un champ magnétique supposé faire tourner le plan de [[Polarisation (optique)|polarisation]] des rayons N<ref name="Rosmorduc1972"/>. Leurs longueurs d'onde ayant même été mesurées<ref name="Rosmorduc1972"/>. [[Jean Becquerel]], quant à lui, a cru pouvoir mettre en évidence le fait qu'un faisceau de rayons N comportait trois composantes : l'une non déviée par un champ magnétique, une autre déviée dans le même sens que les [[Particule β|rayons β]] et une troisième déviée dans le même sens que les [[Particule α|rayons α]]<ref name="Rosmorduc1972"/>.

Malgré cela, d'autres physiciens de renommée, dont [[Paul Langevin]], [[Pierre Curie]] et [[Jean Perrin]], ne parvenaient pas à reproduire les résultats expérimentaux annoncés<ref name="Rosmorduc1972"/>. Le physicien américain [[Robert Williams Wood]], qui ne parvenait pas non plus à reproduire les résultats du physicien nancéien, se rendit à [[Nancy]] et parvint à modifier les conditions de l'expérience à l'insu de Blondot qui continuait à observer les mêmes effets alors que la source avait été déplacée ou occultée à la faveur de l'obscurité dans laquelle se réalisaient les expériences<ref>Baudet, op. cité, {{p.|129}}</ref>. En novembre 1904, la communauté des physiciens réalisa que l'affaire des rayons N trouvait son explication dans le phénomène d'illusion reposant sur des observations subjectives partagées par plusieurs chercheurs expérimentant chacun dans leur laboratoire<ref>Baudet, op. cité, {{p.|130}}</ref>.

[[Fichier:Aufbau-Michelson-Interferometer.jpg |vignette |gauche |[[Interféromètre de Michelson]] avec [[diode laser]], cube [[miroir semi-réfléchissant|séparateur de faisceau]], miroir fixe et mobile.]]
;Dayton Miller et la reprise de l'expérience de Michelson et Morley
Les expérimentations modernes n'échappent pas plus aux erreurs. Qu'il s'agisse d'erreur de conception d'une expérience, de méthodologie, de manipulation ou encore d'interprétation des résultats expérimentaux. Il arrive parfois qu'une expérience ou une première série d'expériences menées par un chercheur aboutissent au bon résultat et qu'une expérience subséquente menée par le même chercheur donne un résultat inadéquat. Un exemple historique bien connu concerne les expériences de {{Lien |langue=en |trad=Dayton Miller |fr=Dayton Miller}} reprenant la fameuse [[expérience de Michelson et Morley]]. Après avoir refait cette expérience avec Morley à [[Cleveland]] en 1902-1904, où ils obtinrent un résultat négatif comme précédemment<ref>Morley, Edward W. & Miller, Dayton C. (1905). "{{langue |en |Report of an experiment to detect the Fitzgerald–Lorentz Effect}}". Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences. XLI (12): 321–8. doi:10.2307/20022071</ref>, Miller refit l'expérience en 1925-1926 à l'[[observatoire du Mont Wilson|observatoire du mont Wilson]] et obtint cette fois une valeur pour le mouvement de la Terre dans l'[[éther (physique)|éther]]<ref>Dayton C. Miller, "{{langue |en |Ether-drift Experiments at Mount Wilson in February, 1926}}", National Academy of Sciences, Washington (Apr 1926) {Physical Review, S2, V27, N6, {{p. |812}} (Jun 1926)}.</ref>.

;L'expérience OPERA et la mesure de la vitesse des neutrinos
{{Article détaillé |Mesure de la vitesse des neutrinos}}
[[Fichier:Laboratori Nazionali del Gran Sasso, INFN (TQB1) 2014-02.jpg |vignette |350px |Vue d'ensemble du [[Laboratoire national du Gran Sasso]] où furent recueillies les données de l'expérience OPERA.]]
En septembre 2011, des chercheurs de l'[[OPERA (expérience)|expérience OPERA]] ont annoncé avoir observé que les [[neutrino muonique|neutrinos muoniques]] se déplaçaient apparemment plus vite que la vitesse de la lumière<ref name=op>
{{lien arXiv
 |nom=Adam et |prénom=T.
 |auteur2= ''al.'' (OPERA collaboration)
 |date=17 novembre 2011
 |titre=Measurement of the neutrino velocity with the OPERA detector in the CNGS beam
 |class=hep-ex
 |eprint=1109.4897v1
}}.</ref> En février et mars 2012, des chercheurs de cette même collaboration ont attribué ce résultat à un câble à [[fibre optique]] lâche reliant un récepteur [[Global Positioning System|GPS]] à une carte électronique dans un ordinateur. Le {{date-|16 mars 2012}}, un rapport annonçait qu'une expérience indépendante dans le même laboratoire, utilisant également le faisceau de neutrinos du projet Neutrinos du CERN vers le Gran Sasso (CNGS), mais cette fois-ci le détecteur de l'{{Lien |langue=en |trad=ICARUS experiment |fr=expérience ICARUS}}, n'a trouvé aucune différence perceptible entre la vitesse des neutrinos et celle de la lumière<ref name=nature2012b>
{{lien web
 |nom=Brumfiel |prénom=G.
 |date=16 mars 2012
 |titre=Neutrinos not faster than light
 |url=http://www.nature.com/news/neutrinos-not-faster-than-light-1.10249
 |série=[[Nature News]]
 |doi=10.1038/nature.2012.10249
 |consulté le=2013-03-12
}}.</ref>. En mai 2012, les expériences BOREXINO, ICARUS, LVD et OPERA du [[Gran Sasso]] ont toutes mesuré la vitesse des neutrinos à l'aide d'un faisceau à impulsions courtes et ont obtenu un accord avec la vitesse de la lumière, montrant que le résultat OPERA annoncé l'année précédente était erroné<ref>
{{lien web
 |date=8 juin 2012
 |titre=Neutrinos sent from CERN to Gran Sasso respect the cosmic speed limit
 |url=http://press-archived.web.cern.ch/press-archived/PressReleases/Releases2011/PR19.11E.html
 |éditeur=[[CERN]]
 |consulté le=2012-06-08
 |deadurl=yes
 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20140222165941/http://press-archived.web.cern.ch/press-archived/PressReleases/Releases2011/PR19.11E.html
 |archivedate=22 February 2014
 }}.</ref> Finalement en juillet 2012, la collaboration OPERA a mis à jour leurs résultats. Après avoir pris en compte des effets instrumentaux mentionnés ci-dessus, les chercheurs purent démontrer que la vitesse des neutrinos n'est pas supérieure à celle de la lumière<ref name=op4>
{{article
 |nom=Adam |prénom=T.
 |auteur2=al. (OPERA collaboration)
 |date=2012
 |titre=Measurement of the neutrino velocity with the OPERA detector in the CNGS beam
 |journal=[[Journal of High Energy Physics]]
 |volume=10 |numéro= 10 |page=93
 |arxiv=1109.4897
 |bibcode=2012JHEP...10..093A
 |doi=10.1007/JHEP10(2012)093
}}.</ref>, ce qui a été confirmé par une nouvelle série de mesures améliorée en mai 2013<ref>
{{article
 |nom=Adam |prénom=T.
 |auteur2=al. (OPERA collaboration)
 |date=2013
 |titre=Measurement of the neutrino velocity with the OPERA detector in the CNGS beam using the 2012 dedicated data
 |journal=[[Journal of High Energy Physics]]
 |volume=1 |page=153
 |arxiv=1212.1276
 |bibcode=2013JHEP...01..153A
 |doi=10.1007/JHEP01(2013)153
}}.</ref> (Voir aussi en anglais {{Lien|trad=Faster-than-light neutrino anomaly|fr=Anomalie de neutrinos plus rapides que la lumière|texte=Anomalie de neutrinos plus rapides que la lumière}}).

==== Erreurs commises en métrologie ====
[[Fichier:NIST-4 Kibble balance.jpg |vignette |L'une des versions de la [[balance de Kibble]] (autrefois nommée balance du watt) ayant permis de mesurer en 2017 la constante de Planck avec une précision de {{nobr|13 parties}} par milliard<ref>{{Lien web |langue=en |titre=NIST-4 Watt Balance |date=20 juin 2016 |url=https://www.nist.gov/image/nist4wattbalancejpg |site=NIST |consulté le=17 février 2019}}.</ref>.]]
Divers procédés expérimentaux sont utilisés en [[métrologie]] pour déterminer la valeur des [[Constante physique|constantes physiques]]. De façon générale, les valeurs obtenues par ces différentes méthodes qui incluent leur [[incertitude de mesure]] sont incompatibles entre elles<ref name="Courtenay">{{Article |auteur=Nadine de Courtenay |titre=Vers un système d'unités vraiment universel |périodique=Pour la science |éditeur=[[Humensis]] |date=novembre 2018 |page=60-61 }}.</ref>. Par exemple, certains laboratoires se servent de la [[balance de Kibble]], un dispositif qui détermine la force de [[pesanteur]] en la comparant à une [[Force de Lorentz|force électromagnétique]], pour obtenir la valeur de la [[constante de Planck]] alors que d'autres laboratoires tentent d'obtenir cette valeur à l'aide du [[nombre d'Avogadro]] en déterminant le nombre d'atomes d'une sphère de [[silicium]] parfaite par la détermination de son volume et au moyen d'équations faisant intervenir d'autres constantes<ref name="Courtenay"/>. Le [[Comité de données pour la science et la technologie]] (en anglais Committee on data for science and technology, Codata) a pour tâche de déterminer la meilleure estimation possible pour la valeur de chacune des constantes. Il est amené, de ce fait, à arbitrer une situation le plus souvent conflictuelle : {{citation|que doit faire l'organisme des valeurs isolées? Doit-il inclure toutes les valeurs et élargir ainsi l'incertitude du résultat?}}<ref name="Courtenay"/>.

L'un des problèmes de ces erreurs systématiques inassignables tient au fait que les expérimentateurs se laissent inévitablement influencés par les résultats obtenus antérieurement par d'autres laboratoires. Un phénomène qui nuit dans l'identification des [[Erreur systématique|erreurs systématiques]] issues des éventuels désaccords qui peuvent se manifester en l'absence de véritables résultats reproductibles<ref name="Courtenay"/>.

== Sciences formelles ==
=== Mathématiques ===
{{Article connexe |Histoire des mathématiques}}De nombreux exemples dans le domaine des [[mathématiques]] montrent que même les plus grands [[mathématicien]]s peuvent faire des erreurs. Du fait de leur complexité, les mathématiques sont, par la force des choses, propices aux erreurs de raisonnement.

==== Tentatives de démonstration du cinquième postulat d’Euclide ====
Le cinquième postulat d’[[Euclide]] ou [[axiome des parallèles]] a fait l'objet, sur plus de deux mille ans, de multiples tentatives de [[Démonstration (logique et mathématique)|démonstration]]. Plusieurs mathématiciens et savants ont tenté de trouver cette démonstration et certains ont cru y être parvenus. Parmi eux, [[Omar Khayyam]] ({{sp|XI|-|XII|s}}) pensa, à tort, y avoir réussi au moyen d'un [[raisonnement par l'absurde]] montrant que la négation du postulat doit aboutir à une [[contradiction]]<ref name="DahanPeiffer">[[Amy Dahan|Amy Dahan-Dalmedico]] et [[Jeanne Peiffer]], ''Une histoire des mathématiques, Routes et dédales'', [[Éditions du Seuil|Éd. Seuil]], 1986, {{p. |151-153}}, {{ISBN |2-7310-4112-9}}.</ref>. Il faudra attendre les travaux de [[Jean-Henri Lambert]], en 1766, pour parvenir à l'idée que le cinquième postulat d’Euclide est indémontrable, Lambert prouvant qu'il est possible de construire des géométries logiquement cohérentes avec la négation de l'axiome des parallèles<ref name=DahanPeiffer />. Il reviendra à [[Carl Friedrich Gauss]], [[Nikolaï Ivanovitch Lobatchevski|Nikolai Lobatchevski]], [[János Bolyai]] et [[Bernhard Riemann]] de construire ces [[Géométrie non euclidienne|nouvelles géométries]].

==== Démonstration du dernier théorème de Fermat ====
[[Fichier:Wiles auf Turm.JPG |vignette |redresse |[[Andrew Wiles]] corrige une erreur qui cachait une faille majeure de sa démonstration concrétisant ainsi l'une des percées les plus brillantes des [[Histoire des mathématiques#XXe siècle |mathématiques du {{s-|XX}}]].]]

L'un des exemples historiques d'erreur, finalement rectifiée par son auteur et fructueuse dans le domaine des mathématiques, est celle commise par [[Andrew Wiles]] dans sa première démonstration de la [[Théorème de modularité|conjecture de Shimura-Taniyama-Weil]] conduisant à la preuve du [[dernier théorème de Fermat]] : après sept ans de recherches, Wiles soumet à plusieurs de ses pairs sa première démonstration, qui fait appel sur 200 pages à quantité de techniques mathématiques nouvelles et à de nombreux résultats mathématiques acquis au cours du {{s-|XX}}. Les relecteurs lui signalent une erreur complexe<ref name=Singh>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Simon Singh]] |traducteur=[[Gerald Messadié]] |titre=Le dernier théorème de Fermat |titre original=Fermat's Last Theorem |lieu=Paris |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette Littératures]] |année=1999 |mois=2 |pages totales=304 |passage=271 |isbn=2-01-278921-8 |numéro chapitre=VIII |titre chapitre=Les grandes mathématiques unifiées}}.</ref>, que Wiles mettra une année à rectifier<ref group="Note">À propos de cette erreur, il écrit: « L'erreur est tellement abstraite qu'elle ne peut pas être décrite en termes simples. Mais pour l'expliquer à un autre mathématicien, il faudrait que celui-ci consacre deux ou trois mois à étudier très attentivement cette partie du manuscrit. »</ref>.

Cette démonstration clôt une série de tentatives étalées sur 350 années, émaillée de multiples démonstrations se révélant erronées : ainsi par exemple, en 1988, le mathématicien japonais {{Lien |langue=en |trad=Yoichi Miyaoka |fr=Yoichi Miyaoka}} avait présenté une démonstration faisant appel à la [[géométrie différentielle]] qui devait démontrer une conjecture qu'il avait lui-même formulée, l'inégalité de Miyaoka, démonstration contenant une erreur qui, elle, ne put être corrigée<ref name=Singh2>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Simon Singh]] |traducteur=[[Gerald Messadié]] |titre=Le dernier théorème de Fermat |titre original=Fermat's Last Theorem |lieu=Paris |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette Littératures]] |année=1999 |mois=2 |pages totales=304 |passage=247-250 |isbn=2-01-278921-8 |numéro chapitre=VIII |titre chapitre=Les grandes mathématiques unifiées}}.</ref>.

==== Inconsistance de l'arithmétique de Peano ====
En 2011, le mathématicien américain [[Edward Nelson (mathématicien)|Edward Nelson]] annonce l'inconsistance de l'[[Axiomes de Peano|arithmétique de Peano]]<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Edward Nelson |titre=Inconsistency of P |date=26 septembre 2011 |url=https://archive.is/20170513072922/http://www.cs.nyu.edu/pipermail/fom/2011-September/015816.html |site=archive.is |consulté le=16 juin 2019}}.</ref> dans une première version d'un livre intitulé ''Elements''<ref name="Nelson-Delahaye">{{Lien web |auteur=Jean-Paul Delahaye |titre=Les maths au péril de la contradiction |date=27 février 2019 |url=https://www.pourlascience.fr/sr/logique-calcul/les-maths-au-peril-de-la-contradiction-16350.php |site=Pourlascience.fr |consulté le=16 juin 2019}}.</ref>. L'auteur désirait prouver que les mathématiques contemporaines{{note |groupe=Note |À ne pas confondre avec les [[mathématiques modernes]] qui désignent une méthode d'enseignement des mathématiques.}}, dont l'arithmétique de Peano, comportent des [[contradiction]]s<ref name="Nelson-Delahaye"/>. [[Terence Tao]] expliqua à Nelson la faille de l'ensemble de sa démonstration<ref name="madmath">{{Lien web |langue=en |titre=The Nelson-Tao Case |date=2 janvier 2017 |url=http://www.madmath.com/2017/01/the-nelson-tao-case.html |site=madmath.com |consulté le=16 juin 2019}}.</ref>. Presque aussitôt, Nelson reconnut avoir commis une erreur<ref name="madmath"/>. En 2013, il proposa une nouvelle version de sa démonstration qui fut reconnue défaillante tout comme la première<ref name="Nelson-Delahaye"/>.

==== Géométrie algébrique ====
Du fait de la complexité des démonstrations impliquées en [[géométrie algébrique]]<ref name="maths-Delahaye">{{Article |auteur=Jean-Paul Delahaye |titre=Les maths au péril de la contradiction |périodique=Pour la science |date=mars 2019 |pages=78-83}}.</ref>, plusieurs erreurs sont passées inaperçues pendant des années<ref name="maths-Delahaye" />. [[Vladimir Voïevodski]], l'un des spécialistes de ce domaine, a lui-même découvert la fausseté d'une des démonstrations qu'il avait publiée, démonstration sur laquelle de nombreux mathématiciens avaient travaillé sans y trouver aucune erreur<ref name="maths-Delahaye" />. Ce constat a conduit Voïevodski à mettre sur pied un programme nommé ''Univalent Foundations of Mathematics''<ref name="HoTT">{{Lien web |langue=en |titre=Homotopy Type Theory |date=20 mars 2011 |url=https://homotopytypetheory.org/ |site=Homotopy Type Theory |éditeur=WordPresscom |consulté le=19 juin 2019}}.</ref>, faisant appel à l'utilisation d'outils informatiques dans le contrôle de la validité de l'écriture des preuves mettant en œuvre l'[[assistant de preuve]] automatisé [[Coq (logiciel)|Coq]]<ref name="HoTT" />. Il en est résulté un ouvrage intitulé ''Homotopy Type Theory - Univalent Foundations of Mathematics''<ref name="maths-Delahaye" />.

=== Physique mathématique ===

==== Attraction entre deux points matériels ====
Au {{s-|XVIII}} s'est posé un problème concernant la [[mécanique du point]] : celui de la chute d’un [[Point matériel|corps ponctuel]] C sur un autre O alors que sa vitesse initiale est nulle. [[Jean Le Rond d'Alembert|D’Alembert]] et [[Leonhard Euler|Euler]] furent convaincus, chacun de leur côté, d'avoir trouvé la solution. Pour D’Alembert, le [[point matériel]] C allait osciller indéfiniment de part et d'autre du point matériel O dans un [[mouvement rectiligne]] de va-et-vient, toujours avec la même [[amplitude]]. Euler proposa une autre solution : partant d'un [[mouvement elliptique]] du point C autour du point O, O étant l'un des [[Foyer (mathématiques)|foyers de l'ellipse]], Euler parvint à un mouvement linéaire par un [[Limite (mathématiques)|passage à la limite]] de l'aplatissement de cette [[Ellipse (mathématiques)|ellipse]] et conclut que le mouvement de va-et-vient du point C devait s'effectuer entre son point de chute initial et le point O. Les deux hommes ne réalisèrent pas qu'ils avaient affaire à une [[Singularité (mathématiques)|singularité]] : dans son ''Cours de mécanique professé à l'École polytechnique'' publié en 1930, [[Paul Painlevé]]  fit remarquer qu'au point de rencontre O des deux corps ponctuels, la [[mécanique rationnelle]] a atteint ses limites et ne peut plus décrire le phénomène<ref>{{Lien web |auteur=Jacques Gapaillard |titre=Le trou noir des Lumières |date=26 avril 2018 |url=https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/le-trou-noir-des-lumieres-13294.php |site=Pourlascience.fr |consulté le=30 juin 2018}}.</ref>.

==== Mécanique quantique et variables cachées ====
En 1932, [[John von Neumann]] publia un ouvrage dans lequel il fit paraître une démonstration devenue célèbre, considérée comme une preuve démontrant qu'aucune [[Déterminisme#Physique quantique|théorie déterministe]] reproduisant les prédictions statistiques de la [[mécanique quantique]] n'est possible<ref>John von Neumann, ''Mathematische Grundlagen der Quantenmechanik, Springer'', Berlin, 1932, trad. fr. par [[Alexandru Proca|Alexandre Proca]], ''Les fondements mathématiques de la mécanique quantique'', Librairie Alcan et Presses Universitaires de France, Paris, 1947</ref>. {{Citation |Selon [l'approche déterministe], il convient d'ajouter, aux variables décrivant les systèmes quantiques, des paramètres supplémentaires qui complèteraient la description dans le sens d'un déterminisme strict (tout en préservant les relations de la mécanique quantique, qui seraient retrouvées à la limite des [[Distribution statistique|distributions moyennes]] de ces variables ou paramètres)<ref name="Paty">{{Article |auteur=[[Michel Paty]] |titre=Albert Einstein, David Bohm et Louis de Broglie sur les ‘variables cachées’ de la mécanique quantique |périodique=La Pensée |mois=mars-avril |année=1993 |volume=292 |pages=93-116 |url=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00167125/document |consulté le=17 octobre 2018}}.</ref>.}} C'est cette approche déterministe de la mécanique quantique à l'aide de [[Variable cachée|variables cachées]] que la démonstration de von Neumann annonçait comme impossible. Or il s'est avéré que cette démonstration ne concernait qu'une classe restreinte des variables possibles<ref name="Paty"/>. Il faudra attendre en fait les travaux de [[John Stewart Bell]]<ref>John S. Bell, 1964. "On the Einstein-Podolsky-Rosen paradox", Physics 1, 1964,195-200. Repris in Bell 1987, {{p.|14-21}}</ref>{{,}}<ref>John S. Bell, 1966. "On the problem of hidden variables in quantum mechanics", Review of Modern Physics 38, 1966, 447-452. Repris in Bell 1987, {{p.|1-13}}</ref> au milieu des années 1960 pour que soit incluse la classe entière des variables supplémentaires cachées locales afin que soit réellement démontrée l'incompatibilité avec la mécanique quantique de l'approche déterministe au moyen de variables cachées<ref name="Paty"/>.

== Causes d'erreurs possibles ==
=== Causes possibles d'émergence d'erreurs en science ===
[[Fichier:Planisphaerium Ptolemaicum siue machina orbium mundi ex hypothesi Ptolemaica in plano disposita (2709983277).jpg |vignette|300px |L'univers centré sur la Terre selon Ptolémée, ''Planisphaerium Ptolemaicum siue machina orbium mundi ex hypothesi Ptolemaica in plano disposita'', illustration d'[[Andreas Cellarius (astronome)|Andreas Cellarius]], ''[[Harmonia Macrocosmica]]'', 1660<ref>{{Lien web |auteur=Norman B. Leventhal Map & Education Center |titre=Planisphaerium Ptolemaicum siue machina orbium mundi ex hypothesi Ptolemaica in plano disposita |date=2006 |url=https://collections.leventhalmap.org/search/commonwealth:x633f9294 |site=collections.leventhalmap.org |consulté le=16 septembre 2018}}.</ref>]]
* Postulats et axiomes
Le fait qu'un système de connaissances s'appuie sur un ensemble de [[postulat]]s ou d'[[axiome]]s constitue une cause possible d'erreurs en science. Ces assertions que l'on considère comme évidentes au point de ne pas nécessiter de démonstration constitue le point de départ de raisonnements. Pendant longtemps par exemple, il a semblé évident que la Terre était immobile et que personne n'avait pensé remettre en question cette idée. Il fallut l'arrivée de penseurs tels [[Hicétas]], [[Ecphantos]] et [[Héraclide du Pont]] d'abord avec l'idée de la [[rotation de la Terre]] sur elle-même<ref name="Roy">[[Jean-René Roy]], ''L'Astronomie et son histoire'', [[Presses de l'Université du Québec]], 1982, {{p. |87-88}}, {{ISBN |2-225-77781-0}}.</ref> et par la suite d'[[Aristarque de Samos]] puis de [[Séleucos de Séleucie]] pour imaginer un système [[héliocentrisme|héliocentrique]]<ref name="Roy" />. Ce postulat de l'immobilité de la Terre a pourtant conduit [[Eudoxe de Cnide]] et [[Claude Ptolémée]] à développer mathématiquement des modèles [[géocentrisme|géocentriques]].

De même, l'espace [[Géométrie euclidienne|euclidien]] de notre univers a constitué un autre postulat jusqu'à l'arrivée des [[géométrie non euclidienne|géométries non euclidiennes]] au {{s-|XIX}} puis de la [[relativité générale]] faisant appel à la [[géométrie riemannienne]]. Et c'est d'ailleurs justement parce des mathématiciens ont senti le besoin de démontrer le cinquième [[Livre I des Éléments d'Euclide|postulat d'Euclide]] que certains, tels [[Nikolaï Ivanovitch Lobatchevski|Nikolai Lobatchevski]] et [[János Bolyai]], en sont arrivés à inventer une [[géométrie]] différente de celle d'[[Euclide]]. De la même façon, le fait de concevoir l'[[espace (notion)|espace]] et le [[temps]] sans lien pour les unir (mis à part les concepts de [[vitesse]] et d'[[accélération]]) était une évidence jusqu'à l'introduction du concept d'[[espace-temps]] par [[Hermann Minkowski]] et son utilisation, d'abord avec la [[relativité restreinte]], et ensuite avec la [[relativité générale]] avec la notion d'espace-temps courbe par [[Albert Einstein]].

* Traduction d'ouvrages scientifiques
La traduction d'ouvrages scientifiques anciens a pu constituer une autre source potentielle d'erreurs en science à plus forte raison lorsque les ouvrages originaux et leur(s) traduction(s) sont séparés par plusieurs siècles. Deux grands mouvements de traductions des traités de l'Antiquité se produisirent au Moyen Âge. D'une part, dans un premier temps, la période qui a vu plusieurs ouvrages écrits en [[grec ancien]] être traduits en [[arabe]] dont la majeure partie l'ont été au {{s-|IX}} puis, d'autre part, dans un deuxième temps, la traduction en [[latin]] {{incise |dont la majeure partie de ce travail a été effectué au {{s-|XII}}}} de ces ouvrages traduits en arabe ainsi que d'autres travaux, écrits pour la première fois dans cette langue par des savants d'expression arabe (voir [[Traductions arabes du IXe siècle|Traductions arabes du {{s-|IX}}]] et [[Traductions latines du XIIe siècle|Traductions latines du {{s-|XII}}]]). Après une aussi longue période marquée par une discontinuité, durant le [[haut Moyen Âge]], dans la transmission de ces acquis scientifiques, il a fallu aux savants musulmans et à ceux de l'Europe juive et chrétienne se réapproprier ce savoir. À cet effet, connaître le sens exact des termes techniques et scientifiques écrits dans une langue étrangère posait problème. D'où le risque d'erreur. Par exemple, dans son traité sur ''Les tempéraments'', [[Claude Galien|Galien]] a écrit : {{Citation|Archimède a brûlé les trières ennemies avec des ''pureia''}} (δία τών πνρίων). La traduction du mot "pureia" (πνρίων) est problématique : soit le mot désigne tout ce qui sert à allumer un feu, soit il désigne des [[Miroir ardent|miroirs ardents]]<ref>Thuillier, op. cité, {{p.|18-19}}</ref>.{{,}}{{note |groupe=Note |Certains auteurs du {{-s |I}} tels que [[Geminos|Geminos de Rhodes]] auraient utilisé ce mot pour désigner des miroirs ardents et cet emploi se rencontrerait dès le {{-s |III}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Charles Mugler |titre=Dictionnaire historique de la terminologie optique des Grecs |sous-titre=Douze siècles de dialogue avec la lumière |lieu=Paris |éditeur=[[Klincksieck]] |année=1964 |passage=342 }}.</ref>.}}
[[Fichier:Toledo Skyline Panorama, Spain - Dec 2006.jpg |vignette |centré |600px |Vue de [[Tolède]] où furent réalisées au {{s-|XII}} plusieurs traductions latines des ouvrages classiques anciens dont un grand nombre par [[Gérard de Crémone]]<ref>Sur les traducteurs de Tolède, voir [[Alain de Libera]], ''La philosophie médiévale'', Puf, {{3e}} éd., 1998, {{p.|346-348}}</ref>.]]

* Généralisation hâtive de résultats
La généralisation hâtive de résultats peut aussi conduire les scientifiques à commettre des erreurs. Après le décryptage du [[code génétique]] par exemple, tous les organismes étudiés disposaient du même code. Il était alors naturel pour les généticiens de déclarer que le code génétique est universel jusqu'à ce que [[John Preer]], aux États-Unis, et [[François Caron (généticien)|François Caron]], travaillant alors au Centre de génétique moléculaire du [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] à [[Gif-sur-Yvette]] sous la direction de [[Piotr Slonimski]], découvrent que les [[codon]]s UAA et UAG qui sont des signaux d'arrêt dans le code standard, servent en fait à coder la [[glutamine]] chez les [[infusoire]]s. Par la suite, certains chercheurs découvrirent que le codon UGA qui sert de signal d'arrêt de transcription chez tous les organismes, y compris chez les infusoires, sert à coder la transcription d'un autre [[acide aminé]], le [[tryptophane]], chez les [[mycoplasme]]s<ref>[[François Gros (biologiste)|François Gros]], ''Les secrets du gène'', [[Éditions Odile Jacob]], Seuil, 1986, {{p. |147}}, {{ISBN |2020093251}}.</ref>. Plusieurs autres variantes furent ensuite identifiées<ref>{{en}} Andrzej (Anjay) Elzanowski et Jim Ostell, [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/Taxonomy/taxonomyhome.html/index.cgi?chapter=cgencodes (en) « The Genetic Codes »], [[National Center for Biotechnology Information]] (NCBI), {{date-|30 avril 2013}}, consulté le {{date-|4 avril 2018}}.</ref>. La découverte, en 2009, qu'un même codon pouvait coder deux acides aminés distincts: chez le microorganisme marin, [[Euplotes crassus]] constitua une autre entorse à cette règle: le codon UGA aboutit à la transcription soit de la [[cystéine]], soit de la [[sélénocystéine]], un acide aminé non standard dans lequel un atome de [[sélénium]] remplace un atome de [[soufre]], selon la position qu'il occupe dans un [[gène]]<ref>{{en}} Anton A. Turanov {{et al.}}, [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3088105/ (en) « Genetic code supports targeted insertion of two amino acids by one codon »], ''[[Science (revue)|Science]]'', {{date-|9 janvier 2009}}, 323(5911), {{p.|259–261}}, doi: 10.1126/science.1164748, consulté le {{date-|4 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref>Bénédicte Salthun-Lassalle, [https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-moleculaire/un-codon-a-double-emploi-10142.php « Un codon à double emploi »], ''[[Pour la science]]'', {{date-|20 janvier 2009}}, consulté le {{date-|4 avril 2018}}.</ref>.
[[Fichier:Leonhard Euler.jpg |vignette|Leonhard Euler (1707 - 1783)]]
Les mathématiques sont un domaine pour lequel il est plus difficile de commettre une généralisation injustifiée. Pour donner un exemple en [[théorie des nombres]], la [[conjecture d'Euler]] supposait que pour tout entier n strictement supérieur à 2, la somme de {{nobr |n – 1 nombres}} élevés à la puissance n n'est jamais égale à un nombre élevé à cette puissance n. Proposée par [[Leonhard Euler]] en 1772, il s'est écoulé près de deux siècles avant que furent trouvés les premiers contre-exemples en 1966<ref>{{article |langue=en |titre=Counterexample to Euler's conjecture on sums of like powers |prénom=L. J. |nom=Lander |prénom2=T. R. |nom2=Parkin |revue=Bull. Amer. Math. Soc. |vol=72 |année=1966 |p.=1079 |url=http://www.ams.org/journals/bull/1966-72-06/S0002-9904-1966-11654-3}}.</ref>. Jusqu'à cette date, les mathématiciens ont pu supposer sa véracité mais sans déclarer qu'elle était vraie malgré l'absence de contre-exemples durant tout ce temps. C'est toute la différence entre [[conjecture]] et [[théorème]].

* Usage de la pensée catégorielle
L'usage de la pensée catégorielle constitue un autre piège à éviter. En 1992, le [[microbiologie|microbiologiste]] Timothy Rowbotham observa au microscope un microorganisme qu'il prit pour une [[bactérie]]. Il ne se doutait pas qu'il observait en fait un [[virus géant]]<ref>{{en}} [https://www.salford.ac.uk/news/articles/2016/bioscientist-relives-discovery-of-new-life-form « Bioscientist relives discovery of 'new life-form' »], [[université de Salford]], [[Manchester]], {{date-|14 avril 2016}}, consulté le {{date-|4 avril 2018}}.</ref>. Dans un documentaire, Rowbotham confie qu'il ne lui est jamais venu à l'esprit qu'il avait affaire à un [[virus]] parce que, dit-il, les virus sont petits et ne peuvent être observés au [[microscope optique]]<ref>Co-production Transparence production et CNRS images, [[France Télévisions]], diffusé sur ''Canal savoir''</ref>. Pendant plus d'une décennie, les microbiologistes pensèrent donc que ''Bradford coccus'' (rebaptisé plus tard ''[[Mimivirus]]'') était une bactérie.

Au début des années 1960, nombreux furent les astronomes à être victimes de ce piège de la [[catégorisation]] lorsqu'ils observèrent les premiers [[quasar]]s. Leur [[Spectre électromagnétique|spectre]] ne correspondait à aucun [[spectre stellaire]] connu. Pourtant, sur les photographies, notamment celles prises par les astronomes de [[California Institute of Technology|Caltech]] et de [[Carnegie Institution|Carnegie]], ces objets ressemblaient tellement à des étoiles que les astronomes persistaient à les interpréter comme des spectres d'étoiles de notre galaxie d'un type inconnu jusqu'à ce que [[Maarten Schmidt]] réalise que les quatre raies les plus brillantes de [[3C 273]] étaient les quatre [[raies de Balmer]] de l'[[hydrogène]] mais dont la [[longueur d'onde]] était décalée vers le rouge de 16%<ref name="KipT">Thorne, 1997, {{p.|355-357}}</ref>. Ce [[décalage vers le rouge]] n'avait qu'une seule explication : la [[vitesse de récession]] de l'objet en question. Ce qui le situait à une distance de {{nobr|2 milliards}} d'années-lumière, bien au-delà des [[Voie lactée#Grandeur et masse|limites de notre galaxie]]. Il s'ensuivait que ce type d'objet avait une [[Quasar#Propriétés|brillance exceptionnelle]] et qu'il ne pouvait donc s'agir d'étoiles<ref name="KipT"/>.

=== Causes possibles de maintien d'erreurs en science ===
* Appui sur une autorité
L'une des causes expliquant que des erreurs commises en science se prolongent indûment dans le temps tient à l'autorité que représente la figure scientifique qui en est responsable. Parfois même cette erreur est facilement repérable. La théorie lunaire de [[Claude Ptolémée|Ptolémée]] en est un exemple. Avec son modèle faisant intervenir l'[[équant]] et les [[épicycle]]s, Ptolémée pouvait faire varier la vitesse angulaire apparente de la [[Lune]] tout comme sa distance à la [[Terre]]. Selon [[Otto Eduard Neugebauer|Otto Neugebauer]]<ref name="Neugebauer">[[Otto Eduard Neugebauer|Otto Neugebauer]], ''Les Sciences exactes dans l'Antiquité'', [[Actes Sud|Éd. Actes Sud]], 1990, {{p.|243-245}}, {{ISBN|2 86869 300 8}} - titre original: ''[[The Exact Sciences in Antiquity]]'', Princeton, [[Princeton University Press]], 1952 ; {{2e|édition}}, Brown University Press, 1957</ref>, dans l{{'}}''Inscription canobique'', Ptolémée adopte des valeurs pour le rayon de l'épicycle et de l'équant de son modèle qui fait varier la [[distance Terre-Lune]] pratiquement du simple au double. Il s'ensuit que le diamètre apparent de la Lune doit varier aussi dans les mêmes proportions pour un observateur terrestre ce qui s'avère incompatible avec l'observation la plus élémentaire. Pourtant, poursuit Neugebauer, ce modèle de Ptolémée fut adopté par presque tous ces successeurs<ref name="Neugebauer" />. Il faut attendre le {{s- |XIV}} pour retrouver dans les écrits d'un savant un modèle corrigeant celui de Ptolémée avec celui d'[[Ibn al-Shâtir]]<ref>Victor Roberts, [https://www.jstor.org/stable/227515?origin=JSTOR-pdf&seq=1#page_scan_tab_contents « The Solar and Lunar Theory of Ibn ash-Shāṭir: A Pre-Copernican Copernican Model »], Isis, {{vol.|48}}, {{n°|4}}, décembre 1957, {{p.|428-432}} ; cité dans Neugebauer, {{opcit}} {{p.|245}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Formulé dans son ouvrage ''Nihayât al-su' ûl fi tashih al-usûl'' (''Solutions aux questions par la correction des traditions'')<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Ahmad Y. al-Hassan |titre=''L'Islam et la science'' in ''La recherche en histoire en des sciences'' |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1983 |mois=octobre |pages totales=304 |passage=60 |isbn=2-02-006595-9}}.</ref>.}} et deux siècles plus tard avec l’œuvre de [[Nicolas Copernic|Copernic]]<ref name="Neugebauer" />.

[[Fichier:Chinese report of guest star identified as the supernova of 1054 (SN 1054) in the Lidai mingchen zouyi (历代名臣奏议).jpg |vignette |L'étoile invitée rapportée par les astronomes chinois en 1054 est identifiée comme étant [[SN 1054]]. Les passages surlignés se réfèrent à la supernova. Lidai mingchen zouyi (歷代名臣奏議), 1414.]]
* Absence de communication des résultats scientifiques
Les problèmes de communication des nouvelles avancées ont constitué un autre facteur de maintien de conceptions erronées en science. Les [[Groupes ethniques de Chine|Chinois]] avaient une solide tradition d'observation en [[astronomie]]. Selon le [[Compagnie de Jésus|jésuite]] [[Matteo Ricci]], qui passa une grande partie de sa vie en [[Chine]], les astronomes chinois avait dénombré {{nobr |400 étoiles}} de plus que les [[Européens]] avant l'apparition de la [[lunette de Galilée]]<ref name="Boorstin">[[Daniel J. Boorstin]], ''Les Découvreurs'', [[Éditions Robert Laffont|Éd. Robert Laffont]], 1988, {{p. |289-292}}, {{ISBN |2-221-05587-X}}.</ref>. Ils furent aussi parmi les premiers à observer et consigner l'apparition des [[Supernova historique|supernovas]] qu'ils appelaient « étoiles invitées »<ref>{{lien web
 |auteur1=Hartmut Frommert |auteur2=Christine Kronberg |url=http://messier.seds.org/more/mw_sn.html
 |titre=Supernovae observed in the Milky Way: Historical Supernovae
 |éditeur=SEDS |consulté le=2007-01-03 }}.</ref> et cela, de façon certaine à partir de l'an 185<ref>[http://spider.seds.org/spider/Misc/sn0185.html « Supernova 185 »], coordonnées de SN 185, consulté le {{date-|9 avril 2018}}.</ref> (Voir [[SN 185]]). « Et malgré cela, selon ce qu'écrit Ricci, les astronomes chinois ne cherchent nullement à ramener les phénomènes des [[Objet céleste|corps célestes]] à la discipline des [[mathématiques]]<ref name="Boorstin" /> ». Compte tenu des échanges limités à cette époque entre l'[[Orient (géographie)|Orient]] et l'[[Occident]], il était inévitable que des erreurs subsistent de part et d'autre. Pour le [[Japon]], le retard dans ce domaine fit en sorte que ce ne fut pas avant la fin du {{s-|XVIII}} que le modèle héliocentrique de Copernic commença à être acceptés par les astronomes nippons<ref name="Boorstin" />.
[[Fichier:Brno-Thomaskloster1.jpg |vignette |gauche |Monastère Saint Thomas, [[Brno]] (autrefois Brünn) où Mendel effectua ses travaux d'hybridation.]]
:Les problèmes de transmission des résultats scientifiques peuvent se présenter sous d'autres formes. L'exemple des travaux d'[[Hybride|hybridation]] de [[Gregor Mendel|Mendel]] qui ne furent redécouverts que {{nobr|35 ans}} plus tard est bien connu. Mendel publia ses résultats dans les ''Actes de la société de [[Brno|Brünn]]''<ref name="Giannini" /> et l'on comprend que son travail passa inaperçu dans une publication qui ne devait pas être lue par la plupart des scientifiques de l'époque mais Mendel avait aussi pris soin de commander des tirés à part de son article pour en expédier à divers savants dont [[Anton Kerner von Marilaun]], une des sommités dans le domaine de l'hybridation, et [[Charles Darwin]]. Les historiens ont retrouvé les exemplaires en question et savent désormais que leurs destinataires n'ont pas lu leur contenu (les pages n'étant pas coupées!)<ref>Adriana Giannini, ''Mendel ignoré'', Les génies de la science, {{n° |35}}, mai-juillet 2008, {{p. |56-57}}.</ref>. Dans le cas de Darwin s'ajoutait la barrière linguistique puisque l'ouvrage qu'il reçut était en [[allemand]]. Si Darwin et ses collègues de l'époque avaient pris connaissance des travaux de Mendel et saisi leur portée, ils n'auraient pas persisté dans leur conception erronée de l'[[hérédité par mélange]]. (Pourtant Darwin avait lui-même effectué des travaux d'hybridation avec deux [[Variété (botanique)|variétés]] de [[pois chiche]] (Painted Lady et Purple, des variétés de couleurs très différentes) alors même que ses résultats contredisaient cette conception de l'hérédité par mélange (les descendants obtenus n'étant pas intermédiaires)<ref>[http://www.darwinproject.ac.uk/entry-4989 Darwin Correspondence Project, Letter #4989 -- Darwin, C. R. to Wallace A. R. dated 6 Feb 1866]</ref> mettant à mal sa théorie de la [[pangenèse]]).

== Erreurs à débusquer ==
=== Explications et théories concurrentes ===
[[Fichier:Strabon Rerum geographicarum 1620.jpg |175px |vignette |Édition latine de la ''[[Géographie (Strabon)|Géographie]]'' de Strabon, ''Rerum geographicarum libri XVII'', publiée en 1620.]]
Diverses raisons conduisent à chercher des erreurs de raisonnements en science que ce soit dans l'état actuel de nos connaissances ou lorsqu'on s'interroge sur les démarches scientifiques du passé. L'une d'elles repose sur le fait que deux ou plusieurs explications sont proposées pour expliquer un phénomène.

Dans la [[Grèce antique]] par exemple, des coquillages qui se trouvaient loin du [[rivage]] avaient été observés. Les observateurs en déduisaient avec justesse que le rivage se trouvait plus loin à l'intérieur des terres dans le passé. Pour expliquer le retrait des eaux de la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]], [[Ératosthène]], au {{-s|III}}, en conclut que le [[détroit de Gibraltar]] (que les auteurs de l'époque nommaient "colonnes d'Hercule") devait être fermé et a dû s'ouvrir dans un passé lointain ouvrant un passage à l'eau de la Méditerranée dont une partie se serait alors déversée dans l'[[Océan Atlantique|Atlantique]]<ref name="Gohau">[[Gabriel Gohau]], ''Une histoire de la géologie'', Seuil, 1990, {{p.|16-17}}</ref>. De son côté, [[Strabon]] ({{-s|I}} et début du {{s|I}}) rejetait cette explication. Pour lui, ce n'est pas le volume d'eau de la Méditerranée qui a varié mais plutôt la hauteur du fond de l'eau de cette mer à la suite de phénomènes tels que les [[séisme]]s, les [[éboulis]] et les [[éruption volcanique|éruptions volcaniques]]<ref>Strabon, ''[[Géographie (Strabon)|Géographie]]'', cité dans Gohau, 1990, {{p.|16-17}}</ref>. De nombreuses avancées ont été nécessaires pour comprendre que des explications qui semblaient s'opposer de façon exclusive peuvent, en fait, coexister pour rendre compte d'un ensemble de phénomènes complexes.

Dans la première moitié du {{s-|XX}} divers modèles et théories de l'atome furent proposés et au milieu des années 1920, deux théories concurrentes se présentèrent pour rendre compte de la structure de l'atome avec la [[mécanique matricielle]] (en 1925) et la [[mécanique ondulatoire]] (en 1926). Au moins l'une des deux devait forcément être erronée. Il fallait donc trouver laquelle jusqu'à ce que [[Paul Dirac]], grâce à un ensemble de règles et l'utilisation d'une [[algèbre quantique]]<ref>{{Lien web |titre=Formulation de Dirac de la mécanique quantique |url=http://perso.ensta-paristech.fr/~perez/Enseignement/ENSTA/Transparents/dirac.pdf |site=[[École nationale supérieure de techniques avancées]] |consulté le=21 novembre 2018}}{{PDF}}.</ref> démontre formellement que les deux théories étaient en fait mathématiquement équivalentes<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Banesh Hoffmann]] et [[Michel Paty]] |champ libre=première édition, Banesh Hoffmann, 1947 |titre=L'Étrange Histoire des quanta |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points-sciences |année=1981 |pages totales=282 |passage=134-135 |isbn=2020054175}}.</ref>!{{,}}{{note |groupe=Note |La démonstration de l'équivalence mathématique de deux théories ne démontrent pas pour autant que les deux théories s'accordent avec les résultats expérimentaux. Soit les deux théories sont vérifiées par l'expérience, soit elles sont fausses toutes les deux.}}

=== Cas problématiques ===
Il arrive que des observations posent problème dans le cadre d'une théorie généralement admise comme telle par la communauté scientifique, signe d'une compréhension partielle des faits que l'on désire expliquer. Dans certains cas, il peut s'agir soit d'erreurs d'interprétation de ces observations, soit d'erreurs de raisonnement ou soit encore de fausses prémisses qu'il est opportun de modifier non pas forcément pour aboutir à une théorie complètement différente mais plutôt, dans bien des cas, pour l'enrichir. Un ensemble de phénomènes aussi complexes et aussi riches que celui de l'évolution des espèces ne peut manquer d'offrir au regard des spécialistes des exemples qu'il est difficile d'expliquer au moyen de la théorie en cours. Les espèces concernées par le phénomène d'[[Caractère hypertélique|hypertélie]] trouvent difficilement une explication dans le cadre de la théorie darwinienne de l'évolution. L'hypertélie désigne le développement de parties anatomiques hypertrophiées de façon excessive au point de constituer une nuisance, une gêne, pour l'individu qui en est porteur. Le cas des [[Bois (cervidé)|bois]] du [[Megaloceros giganteus|cerf géant]] et celui des [[canine]]s du [[tigre à dents de sabre]] (dont la dénomination regroupe en fait plusieurs [[Extinction des espèces|espèces disparues]] sont bien connus. Il est fort possible toutefois que des causes tout à fait autres soient responsables de leur disparition<ref>{{article |langue= en |prénom= S.J. |nom= Gould |titre= The Origin and Function of 'Bizarre' Structures: Antler Size and Skull Size in the 'Irish Elk,' Megaloceros giganteus |périodique= Evolution |mois= 6 |année= 1974 |volume= 28 |pages= 191-220 |doi=10.2307/2407322 |format= pdf |url= http://www.blc.arizona.edu/courses/schaffer/182/Giraffe/IrishElk.pdf |consulté le= 27 mars 2018 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |langue= fr |auteur1= S.J. Gould |titre chapitre= L'élan d'Irlande mal nommé, mal traité, mal compris |titre ouvrage= [[Darwin et les grandes énigmes de la vie]] |éditeur= Seuil |année= 1997 |isbn= |passage= 81-93 }}.</ref>.
[[Fichier:Treehopper Horned.JPG |vignette |gauche |upright=1.3 |L'une des espèces de la famille des [[membracidae]]{{note |groupe=Note |Il peut possiblement s'agir de ''Leptocentrus moringae''<ref>{{Lien web |titre=Moringa horned treehopper (Tribe: Leptocentrini) |jour=19 |mois=novembre |année=2018 |url=https://www.flickr.com/photos/ansk/24583999910 |site=Flickr |consulté le=19 novembre 2018}}.</ref>}}.]]
D'autres espèces toujours vivantes par contre semblent constituer des cas problématiques encore aujourd'hui. Ainsi, les biologistes constatent que le phénomène d'hypertélie est également présent chez les [[insecte]]s. Parmi l'[[Ordre (biologie)|ordre]] des [[Diptera|diptères]], le phénomène se retrouve chez le [[genre (biologie)|genre]] ''[[Tipula]]''. Des expériences ont montré qu'en raccourcissant leurs longues pattes, ces insectes acquièrent une plus grande mobilité et deviennent plus agiles<ref name="Pelt">[[Jean-Marie Pelt]], ''L'Évolution vue par un Botaniste'', éd. Fayard, 2011, {{p.|249}}</ref>. Pourtant, leur morphologie générale est restée inchangée depuis des millions d'années<ref name="Pelt"/>. Le phénomène de l'hypertélie a conduit à une morphologie encore plus surprenante chez les [[Membracidae|membracides]]. Les représentants de cette famille de l'ordre des [[Hemiptera|hémiptères]] présentent une [[sclérite]] sur le premier segment [[Thorax (anatomie des insectes)|thoracique]] hypertrophiée. En retirant cette protubérance du corps de l'insecte, les chercheurs n'ont découvert aucun changement notable<ref name="Pelt"/>. Dès lors la question de pose qu'elle pourrait bien être l'utilité de cette morphologie et si elle n'en a aucune, comment se fait-il que la [[sélection naturelle]] ne l'a pas éliminée?

Le phénomène est également présent chez les plantes. L'hypertrophie de ses graines condamne le [[Cocotier de mer|palmier des Seychelles]] à pousser sur l'[[Praslin (Seychelles)|île de Praslin]] et la petite [[Curieuse (Seychelles)|île de Curieuse]] où il se trouve sans aucune possibilité de [[Dissémination des graines|dissémination]]<ref name="Pelt2">Pelt, 2011, {{p.|251-253}}</ref>. Il n'en resterait environ que {{formatnum:4000}}<ref name="Pelt2"/> et ici encore, il est difficile d'expliquer pourquoi la sélection naturelle n'a pas favorisé une espèce à graine différente.

=== Controverses ===
{{Article connexe |Controverse scientifique |Liste de controverses scientifiques}}
{{Encadré
 |fond=#FFAE80
 |largeur=325px
 |titre =
 |contenu =
{{Citation bloc |Le concept de psychopathie culturelle permet de rendre compte enfin des formes de conduites d'associabilité morbide [...] qui ne sont pas des comportements d'inadaptation réactionnels à la pression de la société, mais qui vont au contraire dans le sens de ce qui est approuvé, encouragé et valorisé par cette dernière. Un tel modèle de culture qui pourvoie elle-même à la propre dysfonctionnalité psychopathique de son existence, apparaîtra à première vue comme une impossibilité à tous ceux qui se réfèrent au schéma implicite du fonctionnalisme ethnologique ou psychiatrique qui proclame contre vents et marées que le propre d'une société [...] est de satisfaire les besoins économiques et les intérêts psychologiques des individus qui la composent. |François Laplantine<ref name="Laplantine">François Laplantine, '' L'Ethnopsychiatrie'', Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » no 2384, Paris, 1988, {{p. |103}}.</ref>.}}
}}
Les [[Controverse scientifique|controverses scientifiques]] peuvent résulter elles aussi d'erreurs commises au cours de tests, d'études ou d'expériences. Par le texte ci-contre, [[François Laplantine]] met en garde contre une généralisation hâtive consistant à adopter les mêmes éléments de base fondamentaux pour toutes les sociétés humaines y compris ceux qui semblent aller de soi, à savoir la satisfaction du bien-être général des individus faisant partie d'un groupe. Laplantine cite l'étude de [[Colin Turnbull]] chez les [[Ik (peuple)|Iks]] de l'[[Ouganda]], peuple d'anciens chasseurs [[Nomadisme|nomades]] forcés à la [[sédentarisation]]<ref name="Laplantine"/>. Selon l'étude de Turnbull<ref>Turnbull, Colin M. ''The Mountain People''. New York: Simon & Schuster, 1972. {{ISBN |0671217240}}.</ref>, la culture ikienne aurait été marquée par la suspicion et l'hostilité entre hommes et femmes, jeunes et vieux, parents et enfants<ref name="Laplantine"/>. Il s'ensuivit une controverse menée par le [[liste de linguistes|linguiste]] et spécialiste des études africaines {{Lien |langue=en |trad=Bernd Heine |fr=Bernd Heine}}<ref>[http://www.internationalafricaninstitute.org/journal.html ''Africa''], [https://www.jstor.org/pss/1159836 The Mountain People: Some Notes on the Ik of North-Eastern Uganda]</ref> s'opposant aux descriptions de Turbull.

Il peut être hasardeux de présenter une population ethnique sous un angle unique voire polarisé compte tenu des liens complexes que présentent les différents comportements susceptibles d'y être observés. Dans l'un de ses ouvrages publié en 1935<ref name="Mead 2003">{{Ouvrage |prénom1=Margaret |nom1=Mead |titre=Sex and Temperament |sous-titre=In Three Primitive Societies |lieu=New York |éditeur=Perennial an impr. of HarperCollins Publ. |année=2003 |numéro d'édition=1st Perennial |pages totales=352 |isbn=978-0-06-093495-8}}.</ref>, [[Margaret Mead]] présente en opposition la communauté des [[Arapesh]], non violente et altruiste<ref>Margaret Mead (trad. Georges Chevassus), ''Mœurs et sexualité en Océanie'', Paris, Plon, 1963 {{p.|37-54}}</ref> et celle des [[Mundugumors]], dominée par l'agressivité. Dans l'ouvrage ''Mœurs et sexualité en Océanie'', Mead commence par présenter ainsi les Mundugumors : {{Citation |Chez les hommes comme chez les femmes, la norme est la violence, une sexualité agressive, la jalousie, la susceptibilité à l'insulte et la hâte à se venger, l'ostentation, l'énergie, la lutte.}}<ref>Mead, 1963, {{p.|254}}</ref> À la page suivante toutefois, l'auteure prend soin de préciser que cette communauté est loin d'être monolithique sur le plan comportemental : {{Citation |Mais en réalité, la communauté compte un bon nombre de moutons (sic), hommes que n'attirent ni la gloire ni la violence ni la compétition. Grâce à eux, certaines règles sont encore transmises et observées à la génération suivante [...]}}<ref>Mead, 1963, {{p.|255}}</ref>

=== Paradoxes ===
==== Paradoxes anciens ====
[[Fichier:Strada principale.jpg |vignette |300px |La rue principale de ce qui fut la ville d'[[Élée]] où vécut Zénon d'Élée et qui constitue aujourd'hui un monument faisant partie du [[patrimoine culturel]] d'Italie.]]
Les [[paradoxes de Zénon]] sont parmi ceux qui ont marqué l'histoire de la pensée. Un résultat paradoxal doit cacher une erreur par delà l'incompréhension produit par le raisonnement qui en est la source. Parmi ces paradoxes formulés par [[Zénon d'Élée]], le [[paradoxe d'Achille et de la tortue]] montre que les erreurs qui en font partie peuvent se constituer sur plusieurs niveaux. Au premier niveau, on identifie sans peine l'erreur qui veut qu'Achille ne puisse jamais rattraper la tortue et dont la conclusion est facilement démentie par l'expérience. Or, le raisonnement de Zénon semble, de prime abord, inattaquable et c'est ce qui constitue le paradoxe. Une erreur est donc à rechercher dans le raisonnement exposé par Zénon et il a fallu pour cela qu'émerge le concept de [[Limite (mathématiques)|limite]], plus particulièrement de limite d'une [[Suite (mathématiques)|suite]] pour la rectifier. Plus concrètement, il a fallu découvrir qu'une somme impliquant un nombre infini de termes (une addition de nombres qui se poursuit sans limite) peut aboutir à un résultat fini (voir [[Série convergente]]). En l'absence de ces concepts, l'intuition conduit la pensée à une erreur de raisonnement, car il devient difficile de concevoir qu'une infinité de trajets puisse être effectués en un temps fini{{note |groupe=Note |{{Citation |Ce qui est en jeu dans ce paradoxe, c'est la difficulté de sommer une infinité de quantités de plus en plus petites et l'impossibilité de concevoir intuitivement que cette somme puisse être égale à une grandeur finie<ref name="D-D,P">Dahan-Dalmedico et Peiffer, op. cité, p. 169</ref>.}}}}. Se pose alors une question : cette erreur de raisonnement située à un second niveau est-elle l'aboutissement de cette recherche? Selon l'analyse de [[Charles Seife]], cette erreur de raisonnement s'explique par une autre erreur présente dans l'esprit des Grecs anciens. Selon lui : {{Citation |Les Grecs ne possédaient pas la notion de limite puisqu'ils ne croyaient pas au zéro<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Charles Seife]] |traducteur=Catherine Coqueret |titre=Zéro |sous-titre=la biographie d'une idée dangereuse |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |collection=Pluriel |année=2014 |pages totales=284 |passage=58 |isbn=978-2-8185-0027-9}}.</ref>.}}. La conception des nombres des Grecs était héritée des mathématiques égyptiennes et du fait que dans l'une et l'autre de ces conceptions, il n'existait pas de distinction nette entre les figures et les nombres<ref>Seife, op. cité, {{p.|37}}</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |En fait, à l'époque de Zénon d'Élée, ({{-s |V}}), deux conceptions s'opposaient, l'une, continuiste, concevait les nombres, à l'instar de l'espace, du temps et de la matière, divisibles à l'infini, l'autre, mis de l'avant par les [[Atomisme|atomistes]], professait l'existence d'éléments premiers indivisibles. Les raisonnements de Zénon tentaient d'établir que dans les deux conceptions, on aboutit à une impasse<ref name="D-D,P"/>.}}. {{Citation |Le rapport entre les figures et les nombres fit des Grecs anciens des maîtres en géométrie mais cela entraîna un sérieux inconvénient. Il empêcha qui que ce soit de traiter le zéro comme un nombre. À quelle forme après tout correspondrait le zéro<ref>Seife, op. cité, p. 44</ref>?}} Pour les Grecs anciens, dans le cas d'Achille effectuant une infinité de pas, ils ne pouvaient pas concevoir que cette distance aurait une fin en rejetant le zéro comme limite de cette suite<ref>Seife, op. cité, {{p.|57}}</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Sans pouvoir localiser leur erreur, les Grecs avaient identifié quelle était la source du problème, à savoir l'infini dans la sommation de termes<ref>Seife, op. cité, p. 55</ref> {{Citation |L'idée d'infini les plongeait dans un profond désarroi [..] les Grecs tenteront toujours dans leurs théories mathématiques de le contourner et l'évacuer<ref name="D-D,P"/>.}} L'explication complète se trouve détaillée dans l'ouvrage cité de Seife<ref>Seife, op. cité, pp. 55-58</ref>}}.

==== Paradoxes actuels ====
L'état des connaissances actuelles conduit également les scientifiques de certains domaines à s'interroger sur des incohérences ou des paradoxes derrière lesquels se cachent sans doute des erreurs à découvrir à l'origine de notre incompréhension.

===== Problème concernant la constante cosmologique =====
{{Article détaillé |Problème de la constante cosmologique}}

Le problème de la constante cosmologique est souvent présenté comme « la pire prédiction jamais faite par la physique théorique »<ref name="Sacco">{{Lien web |auteur=Laurent Sacco |titre=La constante cosmologique, pire prédiction de la physique théorique ? |date=13 novembre 2015 |url=https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/univers-mysterieuse-energie-noire-1033/page/3/ |site=Futura-Sciences |consulté le=26 septembre 2018}}.</ref>. Déjà connu de [[Wolfgang Pauli]] dans les années 1920, le problème porte sur la valeur observée de la [[densité]] de l'[[énergie du vide]]. C'est avec les travaux de [[Iakov Zeldovitch]] que les physiciens ont commencé à prendre conscience de son importance. Cette valeur fait appel au concept de [[vide quantique]] et renvoie au problème de l'[[énergie du point zéro]]. La quantité d'énergie de ce vide quantique devrait être énorme et devrait se manifester dans les [[équation d'Einstein|équations d'Einstein]] exactement comme une [[constante cosmologique]] tant et si bien qu'elle devrait courber l'univers sur lui-même à tel point qu'il devrait avoir une taille bien inférieure à celle du [[système solaire]]<ref name="Sacco"/>. Les valeurs obtenues à partir des calculs avec les équations du [[Modèle standard (physique des particules)|modèle standard]] des [[Particule élémentaire|particules élémentaires]] d'une part et celle fournie par les mesures astronomiques conduisent à un désaccord dont l'écart est énorme : l'un des chiffres le plus souvent avancé est de 120 [[Ordre de grandeur|ordres de grandeurs]] environ, c'est-à-dire un 1 suivi de 120 zéros<ref name="Sacco"/> !

===== Paradoxe de l'information =====
{{Article détaillé |Paradoxe de l'information}}

En 1976, Stephen Hawking fit remarquer que l'[[Évaporation des trous noirs|évaporation complète d'un trou noir]] avait pour conséquence la disparition définitive et donc irréversible de tout ce qui avait pénétré à l'intérieur de son [[Horizon (trou noir)|horizon]]. Cette affirmation entre en contradiction avec l'un des [[Postulats de la mécanique quantique|principes de la mécanique quantique]] selon lequel aucune [[Théorie de l'information|information]] ne peut disparaître de façon irréversible. Plus précisément : « les systèmes physiques évoluant dans le temps selon l’[[équation de Schrödinger]] ne peuvent créer ni détruire l’information, une propriété appelée [[unitarité]]<ref name="Luminet">{{Lien web |auteur=Jean-Pierre Luminet |titre=L'univers holographique (1) : le paradoxe de l'information, par Jean-Pierre Luminet |jour=27 |mois=juillet |année=2016 |url=https://blogs.futura-sciences.com/luminet/2016/07/27/lunivers-holographique-1/#more-2416 |site=LUMINESCIENCES : le blog de Jean-Pierre LUMINET, astrophysicien |consulté le=26 septembre 2018}}.</ref>. » En 2015, Hawking a annoncé avoir résolu le problème du paradoxe de l’information lors d’un exposé donné à l'[[Institut royal de technologie]] de [[Stockholm]]<ref name="Luminet"/>. Certains sont cependant restés sceptiques dont [[Roger Penrose]] qui pense que Hawking aurait dû maintenir sa position originelle dans ce débat<ref>Kitty Ferguson, ''L'incroyable Stephen Hawking'', Paris, Flammarion, 2012, {{p.|327}}</ref>.

=== Erreurs à identifier avant de valider des recherches ===
[[Fichier:UpsilonAndromedae D moons.jpg |vignette |gauche |350px |Vue d'artiste du système planétaire [[Upsilon Andromedae]].]]
Des erreurs sont également à rechercher dans une procédure de contrôle lorsque des travaux publiés annoncent de nouveaux résultats. La méthodologie, les calculs et les résultats doivent être scrutés attentivement et les expériences doivent être refaites par diverses équipes. Il arrive parfois que les résultats obtenus soient à la limite de la technologie actuelle. Les expériences et observations doivent alors être peaufinées avec des moyens permettant d'obtenir des marges d'erreur plus faibles. Ainsi par exemple, des résultats de Li Zeng et son équipe obtenus par l'analyse des données du [[Kepler (télescope spatial)|télescope spatial Kepler]] ont permis d'aboutir à la conclusion qu'il existerait deux pics dans la distribution des diamètres des [[exoplanète]]s correspondant à 1,5 et {{nobr|2,5 fois}} celui de la Terre<ref name="Li Zeng">{{Lien web |titre=Water-worlds are common: Exoplanets may contain vast amounts of water |url=https://phys.org/news/2018-08-water-worlds-common-exoplanets-vast-amounts.html |site=phys.org |consulté le=12 décembre 2018}}.</ref>. Ces résultats ont été présentés au mois d'août 2018 à la conférence Goldschmidt, à Boston, en laissant entrevoir qu'il existerait deux processus distincts de formation des planètes dans ce créneau : l'un menant à la [[Planète#Formation des planètes|formation des planètes]] rocheuses et l'autre menant à la formation de [[Planète-océan|planètes-océan]]<ref name="Li Zeng"/>{{,}}{{note |groupe=Note |Ces deux processus distincts de formation s'ajoutant à celui pour la formation des [[Planète géante gazeuse|planètes géantes gazeuses]].}} (voir aussi [[Eau liquide dans l'univers]] et [[Exohydrologie]]). Les systèmes planétaires pourraient ainsi être plus diversifiés que ne le pensaient les astronomes. Toutefois d'autres observations seront nécessaires, précise l'[[Astrophysique|astrophysicien]] Frank Selsis : {{Citation |Il peut y avoir des erreurs d'[[Astronomie d'observation|observation]], des erreurs d'hypothèses, des problèmes sur le détail de la [[Atmosphère planétaire#Composition|composition]], le mélange des volatiles, la température à la surface{{note |groupe=Note |À ne pas confondre avec la [[température d'équilibre à la surface d'une planète]].}} de la planète<ref>{{article |auteur=Mathilde Fontez |titre=Planètes océan |périodique=Science et vie |numéro=1214 |date=novembre 2018 |page=99 }}.</ref>... (voir [[Exoplanète#Types d'exoplanètes|Types d'exoplanètes]]).}}

== Erreurs et fraudes scientifiques ==
=== Fraude avérée et méprise ===
Bien que l'on doive clairement distinguer entre erreur et [[fraude scientifique]], il arrive qu'une fraude en science conduise les scientifiques à persévérer dans une conception erronée qu'ils avaient adoptée avant que ne se produise la fraude en question. L'[[homme de Piltdown]] en est un exemple. Dans son essai, ''[[Le Pouce du panda]]'', [[Stephen Jay Gould]] remarque clairement ce fait. Il s'agissait du premier fossile d'[[Hominidae|hominidé]] à posséder une [[Crâne|boîte crânienne]] dont le volume était celui d'un homme moderne alors que la face et la [[mâchoire]] était de caractéristiques simiennes (en réalité celle d'un [[orang-outan]]).
[[Fichier:Piltdown gang (dark).jpg |vignette |gauche |300px |Portrait des protagonistes réalisé par John Cooke en 1915. À l'arrière, de gauche à droite : F.O. Barlow, [[Grafton Elliot Smith|G. Elliot Smith]], [[Charles Dawson]], [[Arthur Smith Woodward]]. À l'avant: A.S. Underwood, [[Arthur Keith]], [[William Plane Pycraft|W.P. Pycraft]] et Sir [[Edwin Ray Lankester|Ray Lankester]].]]
À l'époque, la découverte d'une telle reconstitution venait conforter la communauté des paléontologues dans l'un de ses préjugés, affirme Gould, selon lequel le développement évolutif de la capacité cérébrale devait avoir précédé celui des autres caractéristiques humaines y compris celui de la face et de la mâchoire : {{Citation bloc |L'argument reposait sur une déduction fausse. [...] Nous régnons aujourd'hui grâce à notre intelligence donc, dans notre évolution, un [[cerveau]] plus gros a dû précéder et entraîner toutes les autres modifications de notre corps. Nous devrions nous attendre à trouver des ancêtres humains avec un gros [[cerveau]] [...] et un corps nettement simien<ref name="Gould">[[Stephen Jay Gould]], ''[[Le Pouce du panda]]'', [[Éditions Grasset|Éditions Grasset & Fasquelle]], 1982, {{p. |133}}.</ref>.}} Et Gould de citer [[Grafton Elliot Smith]] : {{citation bloc |L'intérêt exceptionnel du crâne de Piltdown réside dans la confirmation qu'il apporte à la thèse selon laquelle, dans l'évolution de l'homme, le cerveau a montré le chemin<ref name="Gould" />.}}
De façon concomitante, les spécialistes de l'époque étaient d'autant plus disposés à voir dans le crâne de l'homme de Piltdown une véritable découverte qu'elle venait les conforter dans leur conviction. Pendant près de trois décennies, plusieurs paléontologues virent ainsi dans ce crâne une preuve de cette conception avant que la supercherie ne soit démontrée. Les découvertes dans ce domaine ont montré par la suite que l'évolution a suivi le chemin inverse: de l'[[australopithèque]] à l'homme moderne en passant par [[Homo erectus]], l'augmentation du volume cérébral est survenue après la réduction de la mâchoire et l'acquisition de la [[bipédie]]. Au {{s-|XIX}} pourtant, Darwin avait suggéré, en 1871, que la bipédie, libérant l'usage des mains, avait précédé le développement du cerveau<ref>Daniel E. Lieberman, ''L'histoire du corps humain, évolution, dysévolution et nouvelles maladies'', [[Éditions Jean-Claude Lattès]], 2015, {{p. |65}}, {{ISBN |9782709636544}}.</ref>.

=== Fraude présumée et méprise ===
Il peut arriver aussi qu'un chercheur soit condamné par la communauté scientifique pour une présumée fraude dans sa discipline scientifique pour être réhabilité beaucoup plus tard à titre posthume. C'est le cas du [[géologue]] [[Jacques Deprat]] qui est radié de la [[Société géologique de France]] en 1919. Certains chercheurs lui reprochèrent d'avoir introduit des fossiles de [[trilobite]]s à l'authenticité douteuse dans ses travaux et d'en avoir fait un usage « considérable » dans ses publications scientifiques. Il est pourtant réhabilité par la Société Géologique de France en 1991, cinquante-six ans après sa mort, avec l'avancée des connaissances en [[géologie]]<ref>[http://geosoc.fr/les-prix/45-geochronique/geochronique-complements-et-bibliographies/865-article-complementaire-geochronique-n-101-l-affaire-des-trilobites-retour-sur-l-affaire-deprat.html « ''L'affaire des Trilobites : retour sur l'affaire Deprat'' »], Michel Durand Delga, ''Geochronique'', 2007, {{n°|101}} [http://sgfr.free.fr/geochronique/geo101.php# Texte en ligne], consulté le {{date-|13 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref>[https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00942696/document « L’Affaire Deprat »], Michel Durand Delga, HAL Id: hal-00942696, {{date-|6 février 2014}}, {{PDF}}, consulté le {{date-|13 avril 2018}}.</ref>. Il restera sans doute difficile de déterminer quelle est la part d'erreurs scientifiques dans le déroulement de ces évènements.

== Difficultés de la catégorisation pour ce concept ==
=== Erreurs scientifiques et conceptions erronées ===
[[Fichier:Stephen Hawking.StarChild.jpg |vignette|gauche |150px |Stephen Hawking (1942 - 2018)]]
Avec le recul historique, départager les erreurs scientifiques des conceptions erronées présente moins de difficultés à mesure qu'on recule dans le passé même en considérant les plus grands penseurs de l'époque. La conception de l'antiperistasis (ἀντιπερίστασις) présente chez [[Aristote]] et de ses contemporains, en constitue un exemple. Celle-ci est issue, selon [[Jean Piaget]], du [[sens commun]]<ref>[[Jean Piaget]], ''Biologie et connaissance. Essai sur les relations entre les régulations organiques et les processus cognitifs'', Éd. Gallimard, 1967, {{p. |124}}.</ref>. Avec le édveloppement de la science, cette distinction peut devenir plus subtile. Au début des [[années 1970]], la conception dominante était que les [[trou noir|trous noirs]] ne pouvaient pas rayonner d'énergie. L'idée que tous les trous noirs rayonnent de l'énergie fut proposée par [[Jacob Bekenstein]] en 1972. C'est en voulant d'abord prouver que l'idée de Bekenstein était fausse que [[Stephen Hawking]] finit par démontrer le contraire<ref>{{Lien web |auteur=[[Thibault Damour]] |titre=Thibaut Damour : Stephen Hawking est un sphinx qui nous lègue des énigmes |url=https://www.pourlascience.fr/sd/cosmologie/stephen-hawking-est-un-sphinx-qui-nous-legue-des-enigmes-13290.php |site=Pourlascience.fr |consulté le=14 juillet 2018}}.</ref>. Toutefois, si ce travail de Hawking est accepté par la communauté scientifique, le rayonnement des trous noirs n'a pu jusqu'ici faire l'objet d'une confirmation observationnelle. Dans ce cas-ci, Hawking a rectifié une conception scientifique qui reste malgré tout à confirmer et ce qui est mis de l'avant ici c'est la distinction entre conception scientifique et résultat scientifique.

=== Erreurs scientifiques et hypothèses fausses ===
[[Fichier:DickinsoniaCostata.jpg |vignette |Le cas de la classification de ''Dickinsonia costata'' par [[Adolf Seilacher]] conduit à s'interroger entre erreur scientifique et hypothèse fausse.]]
;Adolf Seilacher et la faune de l'Édiacarien

Il faut prendre soin de distinguer entre une erreur scientifique et une hypothèse fausse car cette différence n'est pas toujours évidente même avec le recul de l'historien/ne des sciences. Par exemple, [[Adolf Seilacher]] avait créé un nouveau [[Règne (biologie)|règne]] ne faisant pas partie ni du règne animal ni du règne végétal pour classer un groupe d'organismes de la [[faune de l'Édiacarien]] qu'il avait nommé « [[Vendozoa]] »<ref name="Seilacher_1989">Seilacher, A. 1989. Vendozoa: organismic construction in the Proterozoic biosphere. Lethaia, 22, {{p. |229-239}}.</ref>. Sa vision a été vivement débattue et contestée<ref>J. G. Gehling, ''The case for Ediacarian fossil roots to the metazoan tree'', 1991. Geological Society of India, Memoir {{n° |20}}, {{p. |181-224}}.</ref>{{,}}<ref>Mikhail A. Fedonkin, ''Vendian faunas and the early evolution of Metazoa''. In: ''Origin and evolution of the Metazoa'', 1992. Lipps, J.H. & Signor, P.E. (Éd.). Plenum Press, New York, 87-129.</ref>{{,}}<ref>Conway Morris, S. 1993. Ediacaran-like fossils in Cambrian Burgess Shale-type faunas of North America. Palaeontology, 36, {{p. |593-635}}.</ref>{{,}}<ref>Crimes, T.P., Insole, A. & Williams, B.P.J. 1995. A rigid-bodied Ediacaran Biota from Upper Cambrian strata in Co. Wexford, Eire. Geological Journal, 30, {{p. |89-109}}.</ref> l'obligeant à reconsidérer sa [[classification phylogénétique]]. S'agissait-il d'une erreur scientifique ou d'une fausse hypothèse? Si Seilacher avait été convaincu d'avoir démontré que les paléontologues ont affaire dans ce cas-ci à un nouveau règne biologique pour ensuite se rétracter, il faudrait parler d'erreur scientifique. Dans le cas où il a plutôt proposé ce nouveau règne comme une possibilité qui restait à confirmer pour ensuite reconsidérer celle-ci, il faudrait classer cet exemple parmi les hypothèses fausses.
[[Fichier:Planet-Vulcan 1846 003790.jpg |vignette |gauche |Représentation du système solaire incluant l'orbite de la planète hypothétique [[Vulcain (planète)|Vulcain]] placée à une distance de {{unité|16000000|milles}} ({{unité|25000000|km}}), Hall Colby, 1846.]]
;Urbain Le Verrier et l'hypothétique planète Vulcain

Autre cas de figure, lorsque [[Urbain Le Verrier]] suggéra l'existence d'une planète entre [[Mercure (planète)|Mercure]] et le Soleil pour expliquer l'avance du [[périhélie]] de Mercure, était-ce une erreur scientifique? Oui et non. Dans le cadre de la [[mécanique newtonienne]] et de la [[mécanique céleste]] en usage au {{s-|XIX}}, le raisonnement de Le Verrier était correct. D'autant plus que ce même raisonnement de Le Verrier avait conduit à la découverte de [[Neptune (planète)|Neptune]]. Ce n'est qu'avec la [[relativité générale]] d'[[Albert Einstein|Einstein]] pour expliquer cet écart de {{nobr |43 [[sous-unités du degré|secondes d'arc]]}} par siècle dans la précession du périhélie de Mercure qu'on peut parler de fausse solution. Sauf qu'on pourrait toujours arguer qu'il ne pouvait s'agir de sa part d'une conviction tant que la soi-disant planète n'était pas découverte et qu'il ne s'agissait donc pas d'une erreur scientifique de sa part mais d'une simple hypothèse fausse. En fait, là où il y a eu erreur dans ce cas-ci fut celle de l'astronome amateur, [[Edmond Modeste Lescarbault]], laquelle résidait non pas forcément dans l'observation mais plutôt sans doute dans l'interprétation de ce qu'il a observé le {{date-|28 mars 1859}} à propos d'une tache noire qu'il aurait vu passer devant le Soleil et qu'il aurait interprété comme le transit d'une planète située plus près du Soleil que Mercure<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3007r/f13.image.langFR# « ''Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences'' »], {{date-|2 janvier 1860}}, disponible sur [[Gallica]]</ref>.
[[Fichier:Hoag's object.jpg |vignette |275px |L'objet de Hoag avec son anneau d'[[Géante bleue|étoiles bleues]] dont la symétrie est presque parfaite entourant un noyau plus ancien d'[[Naine jaune|étoiles jaunes]].]]
;Arthur Hoag et les galaxies à anneau

Une autre hypothèse fausse en astronomie fut proposée à la suite de la découverte, en 1950, par [[Arthur Hoag]] d'une [[galaxie à anneau]] située à environ {{nobr|600 millions}} d'[[années-lumière]] dans la constellation du [[Serpent (constellation)|Serpent]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Astronomy Picture of the Day |date=23 juillet 2013 |url=https://apod.nasa.gov/apod/ap130728.html |site=apod.nasa.gov |consulté le=23 décembre 2018}}.</ref>. L'[[objet de Hoag]] était le premier de sa catégorie et dut laisser perplexe son découvreur qui émit l'hypothèse que cette structure était produite par un effet de [[lentille gravitationnelle]]<ref name="Schweizeretal1987">{{Article |auteur1=Francois Schweizer |auteur2=W. Kent, Jr. Ford |auteur3=Robert Jederzejewski |auteur4=Riccardo Giovanelli |titre=The structure and evolution of Hoag's object |périodique=The Astrophysical Journal |éditeur=IOP Publishing |volume=320 |mois=septembre |année=1987 |pages=454 |ISSN=0004-637X |doi=10.1086/165562 |url=https://dx.doi.org/10.1086/165562}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |En fait, Hoag avait précédemment émis l'idée qu'il pouvait s'agir d'une nébuleuse planétaire, les restes brillants d'une étoile semblable au Soleil, mais il a rapidement écarté cette possibilité, suggérant que l'objet mystérieux était très probablement une galaxie.}}. Hypothèse d'autant plus plausible que l'amas central d'étoiles agissant comme lentille gravitationnelle et l'anneau considéré comme une galaxie plus éloignée et dont l'image serait amplifiée, tout en étant déformée, sont constitués par deux populations d'étoiles bien distinctes. L'idée de Hoag dut pourtant être rejetée lorsqu'il fut établi que les deux populations d'étoiles présentent le même [[décalage vers le rouge]] les situant par le fait même à la même distance<ref name="Schweizeretal1987"/>. Un nouveau type de structure galactique avait bel et été découvert (voir aussi [[Galaxie à anneau polaire]]). Alors que Hoag put proposer cette hypothèse erronée parce que la théorie de la [[relativité générale]] avait été formulée, à l'inverse, Le Verrier proposa son hypothèse fausse pour rendre compte de l'écart dans la précession du périhélie de Mercure, en partie parce que cette même relativité générale n'existait pas encore à l'époque{{note |groupe=Note |Plusieurs autres interprétations furent proposées pour expliquer cette observation de Hoag<ref>{{Article |auteur1=Robert W. O'Connell |auteur2=Jeffrey D. Scargle |auteur3=W. L. W. Sargent |titre=The Nature of Hoag's Object.. |périodique=The Astrophysical Journal |éditeur=IOP Publishing |volume=191 |mois=juillet |année=1974 |pages=61 |ISSN=0004-637X |doi=10.1086/152940 |url=https://dx.doi.org/10.1086/152940}}.</ref>.}}.

=== Idées partiellement vraies et théories incomplètes ===
[[Fichier:Gottfried Wilhelm von Leibniz.jpg |vignette|150px |Gottfried Wilhelm Leibniz (1646 - 1716)]]
Le concept d'idée fausse en science pourrait être vu comme englobant ceux d'erreur scientifique et d'hypothèse fausse. Plusieurs idées fausses dans le domaine scientifique se trouvent plus ou moins dissimulées du fait qu'elles sont présentées dans le cadre de théories incomplètes. De même, il existe des affirmations à propos desquelles on ne peut pas affirmer qu'elles sont complètement fausses. Elles sont simplement incomplètes lorsqu'on change de cadre théorique. À titre d'exemple, [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] qui soutint que la quantité <math>\sum_im_i v_i^2</math> était conservée dans de nombreux systèmes mécaniques. C'était une première formulation de la [[conservation de l'énergie]]. Comme telle, l'idée n'était pas totalement fausse mais elle avait besoin d'être modifiée dans sa formulation mathématique et complétée par la [[thermodynamique]] de même que par la [[Équivalence masse-énergie|relation masse-énergie]].
[[Fichier:James Lind by Chalmers.jpg |vignette|gauche |150px |James Lind (1716 - 1794)]]
De même le fait que [[James Lind]] ait prouvé par un [[essai clinique]] que les [[orange (fruit)|oranges]] et les [[citron]]s guérissent le [[scorbut]] est vrai<ref>[[Simon Singh]] et [[Edzard Ernst]], [http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1651 « La naissance de la médecine scientifique (1) »], ''[[Science et pseudo-sciences|SPS]]'' {{n°|295}}, avril 2011</ref> mettant ainsi de l'avant le concept de [[Carence nutritionnelle|carence alimentaire]]{{note |groupe=Note |[[James Cook]] pris en compte les résultats obtenus par Lind. Lors de sa [[Deuxième voyage de Cook|seconde expédition]], il fit en sorte que tous les membres d'équipage consomment du citron avec leur choucroute. Il n'eut ainsi à déplorer aucun mort du scorbut<ref>Allorge et Ikor, op. cité, p. 530</ref>.}} mais pour être plus exact, il a fallu découvrir que c'est en fait la [[vitamine C]] qui agit dans cette guérison. En fait, en concluant que ces jus de fruits combattent cette maladie, il faut mentionner en toute honnêteté, pour plus de rigueur, qu'il s'agit d'une demi-vérité si l'on tient compte du fait que seul le jus frais de ces fruits est efficace, à la différence des jus conservés longtemps qui perdent leur efficacité contre cette maladie<ref>Valérie Borde, [http://lactualite.com/sante-et-science/2018/03/29/les-lecons-du-scorbut-entre-science-et-croyances/ « Les leçons du scorbut : entre science et croyances »], {{date-|29 mars 2018}}, consulté le {{date-|30 mars 2018}}.</ref>. D'où une possible distinction entre « erreur scientifique » et « découverte scientifique contenant une erreur » du fait du cadre théorique incomplet avant la naissance de la [[biochimie]] dans ce cas-ci.

=== Erreurs de prédiction ===
==== Erreurs de prédiction d'ordre général ====
Il arrive que des scientifiques se risquent à certaines prédictions publiques dans leur domaine de recherche. Le {{date-|29 avril 1980}}, lors de son discours inaugural de nomination à la [[chaire de professeur lucasien de mathématiques de l'université de Cambridge]] intitulé {{citation |La physique théorique touche-t-elle à sa fin ?}}, [[Stephen Hawking]] prédit l'avènement de la [[théorie du tout]] avant la fin du {{s-|XX}}. À cette date, selon lui, l'ensemble des [[Interaction élémentaire|forces fondamentales]] de la nature seraient supposées être décrite par une seule théorie cohérente<ref>{{Ouvrage |auteur1=Kitty Ferguson |titre=L'incroyable Stephen Hawking |lieu=Paris |éditeur=Flammarion, |année=2012 |isbn=}}, {{pp. |12-13}}.</ref>. Hawking avait alors en tête la [[supergravité]] N=8 comme théorie candidate à cette unification<ref>{{Harvsp |Ferguson |2012 |pp=140}}.</ref>. Des années après cette fin de {{s-|XX}}, les physiciens sont toujours à la recherche de cette théorie censée unifier la [[relativité générale]] et la [[mécanique quantique]] (Voir [[Théorie des cordes]], [[Théorie des supercordes]], [[Théorie M]] et [[Gravitation quantique à boucles]]).

==== Erreurs de prédiction expérimentales ====
Stephen Hawking aimait parier avec d'autres scientifiques sur des questions concernant la physique que ce soit sur des questions théoriques ou des expériences. Il a d'ailleurs rendu publiques plusieurs de ses déclarations. En 1996, il publia un article dans lequel il affirmait qu'il était impossible d'observer le [[boson de Higgs]]<ref>{{Harvsp |Ferguson |2012 |pp=352}}.</ref> préférant que le [[Grand collisionneur de hadrons|LHC]] découvre quelques-unes des [[Superpartenaire|particules supersymétriques]]<ref>{{Harvsp |Ferguson |2012 |pp=143}}.</ref>. En 2012 et 2013 cependant des expériences du [[Organisation européenne pour la recherche nucléaire|CERN]] lui donnèrent tort confirmant l'existence de cette particule<ref>{{article |langue=en |prénom1=Georges |nom1=Aad |et al.=oui |champ libre=[[ATLAS (détecteur)|ATLAS collaboration]] |titre=Observation of a new particle in the search for the standard model Higgs boson with the ATLAS detector at the LHC |périodique=[[Physics Letters B]] |volume=716 |numéro=1 |jour=17 |mois=septembre |année=2012 |passage=1-29 |doi=10.1016/j.physletb.2012.08.020 |bibcode=2012PhLB..716....1A |arxiv=1207.7214 |lire en ligne=https://arxiv.org/pdf/1207.7214v2.pdf |format=pdf |consulté le=29 août 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{article |langue=en |prénom1=Serguei |nom1=Chatrchyan |et al.=oui |champ libre=[[CMS (expérience)|CMS collaboration]] |titre=Observation of a new boson at a mass of 125 GeV with the CMS experiment at the LHC |périodique=[[Physics Letters B]] |volume=716 |numéro=1 |jour=17 |mois=septembre |année=2012 |passage=30-61 |doi=10.1016/j.physletb.2012.08.021 |bibcode=2012PhLB..716...30C |arxiv=1207.7235 |lire en ligne=https://arxiv.org/pdf/1207.7235v2.pdf |format=pdf |consulté le=29 août 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=fr |titre=De nouveaux résultats indiquent que la particule découverte au CERN est un boson de Higgs |url=http://press.web.cern.ch/fr/press-releases/2013/03/de-nouveaux-resultats-indiquent-que-la-particule-decouverte-au-cern-est-un |site=press.web.cern.ch (Bureau de presse du CERN) |jour=communiqué de presse du 14 |mois=mars |année=2013 |consulté le=29 août 2014}}.</ref>.
[[Fichier:A photograph of the Arago spot.png |vignette |Diffraction par un obstacle circulaire de {{unité|5,8|mm}} de diamètre éclairé par une source de lumière solaire{{note |groupe=Note |Enregistrement photographique du diagramme de [[diffraction]] autour de l'ombre d'un écran circulaire de {{nobr|5,8 millimètres}} de diamètre à partir d'un trou d'épingle d'environ 0,5 millimètre de diamètre, projetée sur un écran à 183 cm derrière l'écran circulaire. Les faibles couleurs des franges montrent la dépendance de la longueur d'onde du diagramme de diffraction. Au centre se trouve la tache de Poisson /Arago. (Voir aussi [[Tache d'Airy|Diffraction par un trou circulaire]])}}.]]
Des erreurs prédictives ont aussi été commises à propos d'expériences les plus simples à réaliser. En 1819, [[Siméon Denis Poisson]], [[Académie des sciences (France)|académicien]] convaincu de la véracité de la [[théorie corpusculaire de la lumière]] développée par [[Isaac Newton]], se sert des [[Coefficient de Fresnel|équations de Fresnel]] - celles-ci soutenant la [[théorie ondulatoire de la lumière]] développée par [[Christian Huygens]] et plus tard par [[Thomas Young]] - pour montrer que si ces équations sont exactes, alors elles devraient conduire à un résultat expérimental absurde. L'expérience en question consiste simplement à éclairer un écran circulaire avec de la lumière sous un angle peu oblique, il devrait en résulter, selon le mémoire d'[[Augustin Fresnel]] présenté cette année-là, que le centre de l'ombre de l'écran circulaire devrait être aussi éclairé que si l'écran n'existait pas! Pour Poisson, c'est là la preuve que la théorie ondulatoire est fausse. L'expérience est réalisée malgré tout et montre que le centre de l'ombre de l'écran circulaire est éclairé comme le prédisent les équations de Fresnel<ref>[[Emmanuel Monnier]], ''Un prix gagné in extremis'', Les Cahiers de Science et vie, octobre 2001, {{p. |84}}.</ref>{{,}}<ref>[[Bernard Maitte]], ''Le retour des ondes'', Les Cahiers de Science et vie, octobre 1991, {{p. |60-61}}.</ref> (Voir [[Diffraction de Fresnel]] et [[Tache de Fresnel]]).
[[Fichier:Wu experiment.jpg |vignette|Principe de l'expérience de Wu de 1956 ayant conduit à mettre en évidence la violation de la parité dans la désintégration nucléaire bêta{{note |groupe=Note |Le schéma montre que pour respecter la conservation de la parité, l'émission des électrons émis issus de la désintégration β de noyaux de cobalt 60 aurait dû être observé dans la même direction quel que soit le sens de l'hélicité de la bobine (cas du phénomène et de son image vue dans un miroir) alors qu'elle a été observée dans la direction opposée lorsque le sens de l'hélicité de la bobine a été inversé.}}.]]
Il est parfois intéressant d'observer la réaction de certains chercheurs lorsqu'ils réalisent s'être trompés en dépit du fait qu'il s'agisse d'une fausse croyance partagée par une grande partie de la communauté de spécialistes d'un domaine. La réaction de [[Wolfgang Pauli]] et de [[Richard Feynman]] vaut la peine d'être rapportée quand ils apprirent que la [[loi de conservation]] de la [[Parité (physique)|parité]] ne s'appliquait pas pour l'[[interaction faible]]. Lorsque [[Tsung-Dao Lee]] et [[Chen Ning Yang]] eurent proposé une expérience pour vérifier une possible violation de cette parité dans les [[Radioactivité β|désintégrations ß]]<ref>{{article |nom1=Lee |prénom1=T. D. |lien auteur1=Tsung-Dao Lee |nom2=Yang |prénom2=C. N. |lien auteur2=Chen Ning Yang |titre=Question of Parity Conservation in Weak Interactions |journal=[[Physical Review]] |date=1 octobre 1956 |volume=104 |numéro=1 |doi=10.1103/PhysRev.104.254 <!--|doi-access=free--> |page=254 }}.</ref>, Pauli écrivit à son ami [[Victor Weisskopf]] qu'il était « ...prêt à parier que l'expérience allait donner un résultat négatif<ref>Victor Frederick Weisskopf, « {{langue|en|Personnal Memories of Pauli}} », ''Physics Today'', décembre 1985, {{p.|36-41}}.</ref>. » Lorsqu'il apprit le résultat positif de l'expérience réalisée par [[Chien-Shiung Wu]] et ses collaborateurs montrant une asymétrie dans la distribution angulaire des [[électron]]s émis issus de la désintégration β de [[Noyau atomique|noyaux]] de [[cobalt 60]]<ref name="Wu1957">
{{article
 |nom1=Wu |prénom1=C. S.
 |nom2=Ambler |prénom2=E.
 |nom3=Hayward |prénom3=R. W.
 |nom4=Hoppes |prénom4=D. D.
 |nom5=Hudson |prénom5=R. P.
 |année=1957
 |titre=Experimental Test of Parity Conservation in Beta Decay
 |url=http://iktp.tu-dresden.de/uploads/media/Experimental_test_of_parity_in_beta_decay_-_Wu.pdf
 |journal=[[Physical Review]]
 |volume=105 |numéro=4 |pages=1413–1415
 |bibcode=1957PhRv..105.1413W
 |doi=10.1103/PhysRev.105.1413
}}.</ref>, la réaction de Pauli a été alors de s'étonner et de s'interroger dans ce cas de la symétrie droite-gauche maintenue dans l'[[interaction forte]]. Quant à Feynman, qui ne voulut pas, au début, lire l'article présentant les résultats de l'expérience, il finit par l'accepter et développer la théorie de la [[désintégration du neutron libre|désintégration du neutron]] s'appuyant sur cette violation de la parité et décida de ne plus jamais faire confiance aux croyances des experts<ref>Dominic Pignon, ''La main sauvage - Les gauchers et les autres'', [[Ramsay (maison d'édition)|Éd. Ramsay]], 1987, {{p. |248-251}}.</ref>.

==== Erreurs de prédiction théoriques ====
* Prédictions erronées d'éléments chimiques
La percée de [[Dmitri Mendeleïev]] dans l'élaboration du [[tableau périodique des éléments]] alors qu'il put prédire l'existence de plusieurs [[Élément chimique|éléments chimiques]] (Voir [[Éléments prédits par Mendeleïev]]), s'est accompagnée de quelques erreurs de prédiction de sa part. Mendeleïev prédit, entre autres, l'existence de deux éléments plus légers que l'[[hydrogène]]<ref name="Scerri">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Department of Chemistry and Biochemistry UCLA Eric R. Scerri Lecturer |titre=The Periodic Table |sous-titre=Its Story and Its Significance |éditeur=[[Oxford University Press]] |année=2006 |pages totales=368 |passage=140 |isbn=978-0-19-534567-4 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=yPtSszJMOO0C&pg=PA140}}.</ref> {{incise |il fit du plus léger le constituant de l'[[éther (physique)|éther]]<ref name=Bensaude-Vincent>{{Article |prénom1=Bernadette |nom1=Bensaude-Vincent |titre=L'éther, élement chimique: un essai malheureux de mendéléev? |périodique=The British Journal for the History of Science |volume=15 |numéro=2 |date=1982-01-01 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/4025966 |consulté le=2017-05-01 |pages=183–188}}.</ref>{{,}}<ref name=Rex>{{lien web |url=http://rexresearch.com/ether/mendelev.htm |site=Rex Research |langue=en |titre=An Attempt Towards A Chemical Conception Of The Ether by Professor D. Mendeleeff}}.</ref> et de l'autre un élément présent dans la [[couronne solaire]] qu'il baptisa [[coronium]]<ref name=Rex/>}} de même que l'existence de six éléments entre l'hydrogène et le [[lithium]] qui s'est avérée également être fausse<ref>{{The Lost Elements |passage=419}}.</ref>.

[[Fichier:Calabi yau.jpg |vignette|150px |Exemple d'un espace de Calabi-Yau]]

* Prédictions erronées de résultats impossibles
{{citation |Les mathématiciens ont prédit avec assurance, à de multiples reprises, qu'il était impossible que de telles correspondances existent. Pourtant, {{Lien |langue=en |trad=Philip Candelas |fr=Philip Candelas}}, Xenia de la Ossa et d'autres ont prouvé que c'était faux.}}<ref name="Penrose">{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Roger Penrose]] |titre=La nouvelle physique de l'Univers |sous-titre=Mode, croyance, imaginaire |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Odile Jacob|Odile Jacob]] |année=2018 |pages totales=557 |passage=100, 104 |isbn=978-2-7381-4152-1 |isbn2=2738141528}}.</ref>

Cette affirmation du mathématicien [[Richard Thomas (mathématicien)|Richard Thomas]] fait référence à la [[symétrie miroir]] qui apparie chaque [[variété de Calabi-Yau|espace de Calabi-Yau]] à un espace de Calabi-Yau différent par l'échange de certains de leurs paramètres qui décrivent la forme spécifique de chacun de ces espaces. C'est cet appariement que les mathématiciens n'imaginaient pas possible<ref name="Penrose"/> et qui fut mis en évidence et développé par des physiciens théoriciens spécialistes de la [[théorie des cordes]].

==== Erreurs de prédiction observationnelles ====
L'astronomie a connu d'innombrables erreurs de prédiction tant et aussi longtemps que les observations dans ce domaine furent affectées d'une imprécision du fait de l'absence d'une instrumentation adéquate. L'une de celles qui a pu être documentée par les historiens des sciences se rapporte à une observation faite en 1563. La [[Conjonction (astronomie)|conjonction]] de [[Saturne (planète)|Saturne]] et de [[Jupiter (planète)|Jupiter]] fut observée, cette année-la, entre le 24 et le {{date-|27 août 1563}}. Les [[éphéméride (astronomie)|éphémérides]] des [[tables alphonsines]] ont prévu cet évènement avec une erreur d'un mois tandis que les nouvelles [[tables pruténiques]], calculées par [[Erasmus Reinhold]] et parues en 1551, ont pu prévoir l'évènement avec une erreur de quelques jours seulement. Cette précision impressionna durablement un jeune Danois de {{nobr|17 ans}} qui y verra rétrospectivement l'origine de son désir intense d'observer les astres. Son nom : [[Tycho Brahe]]<ref>Michel-Pierre Lerner, ''Ptolémée, bien avant Copernic'', Les Cahiers de Science et vie, juin, 1994, {{p.|8}} et 20</ref>.

=== Erreurs d'appréciation par des pairs ===
[[Fichier:Aristotle Altemps Inv8575.jpg |vignette|Aristote (384 av. J.-C. - 322 av. J.-C.)]]
;Cordon ombilical chez le requin lisse
Une erreur d'appréciation peut parfois perdurer pendant des siècles voire, dans certains cas, plus de deux mille ans. Dans son ''[[Histoire des animaux (Aristote)|Histoire des animaux]]''<ref>VI ch. 10, 565, b1 et s.</ref>, [[Aristote]] donne une description de l'[[embryon]] du requin lisse [[Mustelus mustelus|Mustelus laevis]] en précisant que, chez cette espèce, l'embryon est relié par un [[cordon ombilical]] à un organe analogue au [[placenta]]. Cette description n'a suscité qu'une incrédulité générale. Il fallut attendre les travaux de [[Johannes Peter Müller]] en 1842 pour que les résultats de ses recherches confirment en grande partie l'exactitude de la description d'Aristote<ref name="Lloyd">Goeffrey E. R. Lloyd, ''Les débuts de la science grecque, de Thalès à Aristote'', Éd. La Découverte, 1990, {{p.|138-139}}, {{ISBN|2-7071-1943-1}} - édition originale: ''Early Greek Science: Thales to Aristotle''. New York: W.W. Norton & Co., 1970, {{ISBN|0-393-00583-6}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |LLoyd précise : {{Citation |Les observations d'Aristote sont d'autant plus intéressantes que l'[[Mustelus mustelus|émissole [lisse]]] est un des rares poissons à être devenu complètement [[Viviparité|vivipare]]}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Goeffrey Ernest Richard Lloyd |titre=''Les débuts de la science en Grèce'' in ''La recherche en histoire en des sciences'' |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1983 |mois=octobre |pages totales=304 |passage=29 |isbn=2-02-006595-9}}.</ref>.}}.

;Gène d'horloge circadienne
Les erreurs en science peuvent être commises non seulement par ceux et celles qui mettent de l'avant des résultats mais aussi les personnes qui les jugent. Certains scientifiques peuvent avoir, par moments du moins, une attitude dogmatique. Bien souvent, cette attitude conduit certaines personnes, souvent en autorité, soit à refuser la publication de travaux dûment exécutés soit encore, lorsque ces travaux sont publiés, à refuser tout simplement de croire à la validité des résultats. En 1971, [[Seymour Benzer]] et [[Ronald Konopka]] publièrent un article dans lequel ils mettent en évidence la découverte du premier gène d'[[horloge circadienne]] chez la [[drosophile]]<ref name="pmid5002428">{{article |prénom1=R. J. |nom1=Konopka |prénom2=S. |nom2=Benzer |titre=Clock mutants of Drosophila melanogaster |journal=Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America |volume=68 |numéro=9 |pages=2112–6 |date=Sep 1971 |pmid=5002428 |pmc=389363 |doi=10.1073/pnas.68.9.2112 |bibcode=1971PNAS...68.2112K}}.</ref>. Lorsque Benzer communique ces résultats à [[Max Delbrück]], biologiste lui aussi à l'avant-garde dans ce domaine, ce dernier lui répondit: « Je n'en crois pas un mot »<ref>André Klarsfeld, ''Les horloges du vivant'', [[Éditions Odile Jacob|Éd. Odile Jacob]], 2009, {{p. |184}}.</ref>. Par la suite, d'autres gènes d'[[horloge circadienne]] seront découverts<ref name="pmid6440029">{{article |prénom1=T. A. |nom1=Bargiello |prénom2=F. R. |nom2=Jackson |prénom3=M. W. |nom3=Young |titre=Restoration of circadian behavioural rhythms by gene transfer in Drosophila |journal=Nature |volume=312 |numéro=5996 |pages=752–4 |année=1984 |pmid=6440029 |doi=10.1038/312752a0 |bibcode=1984Natur.312..752B }}.</ref>{{,}}<ref name="pmid10807566">{{article |prénom1=L. P. |nom1=Shearman |prénom2=S. |nom2=Sriram |prénom3=D. R. |nom3=Weaver |prénom4=E. S. |nom4=Maywood |prénom5=I. |nom5=Chaves |prénom6=B. |nom6=Zheng |prénom7=K. |nom7=Kume |prénom8=C. C. |nom8=Lee |prénom9=G. T. |nom9=van der Horst |prénom10=M. H. |nom10=Hastings |prénom11=S. M. |nom11=Reppert |titre=Interacting molecular loops in the mammalian circadian clock |journal=Science |volume=288 |numéro=5468 |pages=1013–9 |date=mai 2000 |pmid=10807566 |doi=10.1126/science.288.5468.1013 |bibcode=2000Sci...288.1013S }}.</ref>.
[[Fichier:Sample of penicillin mould presented by Alexander Fleming to Douglas Macleod, 1935 (9672239344).jpg |vignette |gauche |Échantillon de moisissure de pénicilline présenté par Alexander Fleming à Douglas Macleod du [[St Mary's Hospital]] de Londres, 1935<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Penicillium mould presented by Alexander Fleming, 1935 |url=http://collection.sciencemuseum.org.uk/objects/co425922/penicillium-mould-presented-by-alexander-fleming-1935-penicillium-mould |site=collection.sciencemuseum.org.uk |consulté le=12 septembre 2018}}.</ref>.]]
;Activité antibactérienne par une moisissure
Il arrive qu'une erreur d'appréciation par des pairs retarde l'application d'une découverte de plusieurs années, voire de dizaines d'années. C'est ce qui s'est produit avec la découverte de l'activité [[antibactérien]]ne par une moisissure bien avant la découverte faite par [[Alexander Fleming]]. Fleming découvrit en 1928 l'activité [[antibiotique]] de la [[moisissure]] d'un [[champignon]] contre une [[bactérie]], le [[staphylocoque]] et en isolat l'agent actif connu aujourd'hui sous le nom de [[pénicilline]]. Pendant longtemps l'idée que Fleming avait découvert du même coup la première activité antibactérienne d'une moisissure ne semble pas avoir été remise en question. Pourtant l'activité antibactérienne de certaines souches de [[moisissure]]s fut découverte bien avant cette date. Dans les [[années 1890]], deux chercheurs font cette découverte indépendamment l'un de l'autre : [[Ernest Duchesne]] et [[Vincenzo Tiberio]]. Tiberio publia ses résultats en 1895<ref>Roberto Bucci - Paola Galli, [https://ijphjournal.it/article/viewFile/5688/5424 « ''Vincenzo Tiberio: a misunderstood researcher'' »], ''{{lien|trad=Journal of Public Health}}'', IX (2011), {{vol.|8}}, {{n°|4}}, {{PDF}}, consulté le {{date-|16 mai 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{it}} Martines V, La Torre G. ''Vincenzo Tiberio, precursore degli studi sulla penicillina'' (Vincenzo Tiberio, a precursor of the studies on Penicillin). Ann Ig 1996;8:325-7.</ref> et Duchesne, en 1897<ref>{{Article |prénom1=Jean |nom1=Pouillard |titre=Une découverte oubliée : la thèse de médecine du docteur Ernest Duchesne (1874-1912) |périodique=[[Histoire des sciences médicales]] |lieu=Paris |volume={{XXXVI}} |numéro=1 |année=2002 |page=13}}.</ref>. Les historiens ont du mal à s'expliquer pourquoi cette découverte par ces deux chercheurs, d'une importance fondamentale, fut accueillie à l'époque dans l'indifférence la plus totale.

=== Cas particuliers ===
[[Fichier:Supernova1987A.jpg |vignette |[[Rémanent de supernova|Rémanent]] de la supernova SN 1987A. Image prise avec le [[Hubble (télescope spatial)|télescope spatial Hubble]].]]
Il arrive que des cas particuliers posent problème également. En 1987, l’astronome canadien [[Ian Shelton]] découvre une [[supernova]] dans le [[Grand Nuage de Magellan]]. Le {{date-|18 janvier 1989}}, une équipe américaine travaillant à l'[[Observatoire interaméricain du Cerro Tololo|observatoire du Cerro Tololo]] rapporte avoir clairement observé cette nuit-là le signal d'un [[pulsar]] dans la direction des restes de cette supernova baptisée [[SN 1987A]]. D'abord de {{nobr |[[Magnitude apparente|magnitude]] 19}}, sa [[luminosité]] atteint la {{nobr |magnitude 18}}. Chaque demi-heure, {{nobr |8 millions}} de mesures sont enregistrées durant {{nobr |7 heures}} au total. Durant les jours et les semaines qui suivent, d'autres équipes ont tenté d'enregistrer les signaux du pulsar en question sans succès. L'équipe américaine composée de quinze signataires, dont [[Saul Perlmutter]], décidèrent malgré tout de publier leurs résultats qui parurent le {{date-|16 mars 1989}} dans la revue ''[[Nature (revue)|Nature]]'' mentionnant qu'il s'agit d'un pulsar submilliseconde dont la fréquence de rotation fut très exactement enregistrée à {{unité|1968.629|Hz}}<ref>J. Kristian {{et al.}}, [https://www.nature.com/articles/338234a0 « Submillisecond optical pulsar in supernova 1987A »], ''[[Nature (revue)|Nature]]'', {{vol.|338}}, {{p.|234–236}}, {{date-|16 mars 1989}}, consulté le {{date-|7 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref>[[Dominique Leglu]], ''Supernova'', [[Plon|Éditions Plon]], 1989, {{p. |143-145}}, {{ISBN |2-259-02069-0}}.</ref>. Il s'agit de la seule observation d'un pulsar pour la {{nobr |supernova 1987}} A malgré les tentatives répétées d'autre équipes de chercheurs. S'agit-il alors d'une erreur observationnelle due à un artefact quelconque ?

== Erreurs scientifiques ou approximations ==

=== Formule de l'aire d'un cercle ===
{{article connexe |Approximation de π}}
L'étude des [[Tablette d'argile|tablettes d'argile]] babyloniennes a conduit les historiens des sciences à se demander si la formule généralement utilisée par les [[Babyloniens]] pour calculer l'aire d'un [[cercle]], {{math |3''r''{{2}}}} (et non  {{math |π''r''{{2}}}}), était une erreur ou une approximation délibérée facilitant le calcul. Des indices ont été présentés en faveur de chacune de ces deux interprétations<ref name="Brunke">{{Article |auteur= Hagan Brunke |titre= Algèbre et géométrie sur tablette d'argile |périodique= Pour la science |numéro= 486 |date= avril 2018 |page= 40}}.</ref>. Les mathématiciens babyloniens ont notamment pu penser que l'aire d'un cercle était égale à la valeur moyenne des aires des [[carré]]s circonscrits et inscrits et qui équivaut à {{math |3''r''{{2}}}}. Pourtant, [[Otto Eduard Neugebauer|Neugebauer]] cite un exemple de calcul où π=3;7,30 dans le [[système sexagésimal]] (soit en valeur décimale 3,125)<ref>Neugebauer, op. cité, {{p.|71}}</ref>{{,}}<ref>Bruins (E. M.) et Rutten (M.). ''[[Textes mathématiques de Suse]]'' (Mémoires de la Mission archéologique en Iran, t. XXXIV), 1961</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |E.M. Bruins a déduit d'une table de la tablette I {{incise |présentant une série de constantes en lien avec des problèmes relatifs avec les cercles et les polygones réguliers}} que les Babyloniens connaissaient la valeur de 3,125 comme valeur approchée de π<ref>{{Article |auteur=[[René Taton]] |titre=Bruins (E. M.) et Rutten (M.). Textes mathématiques de Suse (Mémoires de la Mission archéologique en Iran, t. XXXIV) |périodique=Revue d'histoire des sciences et de leurs applications |volume=17 |numéro=1 |année=1964 |page=63-64}} [https://www.persee.fr/doc/rhs_0048-7996_1964_num_17_1_2291 Lire en ligne]</ref>. Pour la tablette en question [http://cer1se.free.fr/principia/wp-content/uploads/Tablette_Suse.gif Cf.].}}, accréditant l'idée que la différence entre les nombres π et 3 était déjà connue.

=== Détermination de la circonférence de la Terre par Ératosthène ===
[[Ératosthène]], au {{-s |III}} a proposé un calcul de la [[Figure de la Terre dans l'Antiquité|circonférence de la Terre]]. Son raisonnement ne comporte pas d'erreur mais fait intervenir une distance exprimée en [[Stade (unité)|stades]], unité pouvant correspondre à différentes valeurs. Certains historiens font la supposition qu'il utilisa la valeur du stade égyptien évalué à environ {{unité|157.5|mètres}}{{note |groupe=Note |Jean-René Roy donne la valeur de {{unité|157.7|mètres}} pour la valeur du stade à laquelle s'accordent les historiens, ce qui donne la valeur de {{unité|39425|km}} pour la circonférence polaire. À noter que Roy donne la valeur de {{unité|40075|km}} comme chiffre pour la valeur moderne ce qui est la valeur de la circonférence équatoriale, différente de la circonférence polaire, et qu'Ératosthène n'avait aucun moyen de déterminer faute de moyen pour la mesure du temps<ref>Roy, op. cité, p. 98</ref>.}} ce qui donne une valeur de {{unité|39375|km}} pour la circonférence de la Terre, très proche de celle actuellement retenue de {{unité|40008|kilomètres}}  et considèrent donc qu'Ératosthène ne s'est pas trompé<ref>{{Lien web |auteur=Marie Allard |titre=La Terre a (un peu) la forme d'une poire, dit la NASA |jour=06 |mois=mars |année=2009 |url=https://www.lapresse.ca/sciences/astronomie-et-espace/200903/06/01-833820-la-terre-a-un-peu-la-forme-dune-poire-dit-la-nasa.php |site=La Presse |éditeur=LaPresseFB |consulté le=28 novembre 2018}}.</ref>. Mais il ne s'agit que d'une supposition : si Ératosthène a utilisé le stade attique, dorique, ionique ou encore avec le stade babylonien voire égyptien, il a abouti à une valeur fausse avec une valeur excédentaire pouvant atteindre 30%<ref>{{Lien web |auteur=Newlyn Walkup |titre=Eratosthenes and the Mystery of the Stades - How Long Is a Stade? |date=août 2010 |url=https://www.maa.org/press/periodicals/convergence/eratosthenes-and-the-mystery-of-the-stades-how-long-is-a-stade |site=[[Mathematical Association of America|www.maa.org]] |consulté le=28 novembre 2018}}.</ref>.

== Erreurs, science et communication ==
=== Erreurs, science et enseignement ===
Les historiens ont noté le décalage de l'enseignement avec les avancées de la science parfois même alors que les responsables académiques disposent de ces nouvelles connaissances. Simplement, ils choisissent de les ignorer ou de les mentionner dans leur enseignement pour les critiquer perpétuant ainsi des erreurs dans le domaine scientifique. En [[Nouvelle-France]] par exemple, le système astronomique du [[Compagnie de Jésus|jésuite]] italien [[Giovanni Battista Riccioli]] fut enseigné au milieu du {{s-|XVIII}} plutôt que celui de Copernic{{note |groupe=Note |Le système de Riccioli s'appuyait sur une version modifiée du système de Tycho Brahe : la différence est que les orbites de Saturne et Jupiter, centrées sur le Soleil dans le système tychonien, se trouvent centrées sur la Terre dans celui de Riccioli<ref>''[http://www.e-rara.ch/zut/content/zoom/140350?zoom=4&lat=2198.4405&lon=1320.5575&layers=B Novum Almagestum]'', livre 6 ''De Sole''</ref>.}}{{,}}{{note |groupe=Note |Les notes retrouvées d'un cours datées de 1754 en attestent<ref name="Galarneau">[[Claude Galarneau]], ''Copernic au Canada français : l'interdit, l'hypothèse et la thèse''. ''Revue d'histoire des sciences'', vol. 27, 1974, p. 331</ref>.}}.

Certaines personnes peuvent être de brillants scientifiques et être de piètres enseignants bien souvent dû au fait d'une mauvaise préparation de leurs cours au point de commettre des erreurs. C'était la cas pour [[Albert Einstein|Einstein]] à l'époque où il fut nommé [[privat-docent]] (privatdozent) au printemps 1908 alors qu'il enseignait la [[Théorie cinétique des gaz|théorie moléculaire de la chaleur]]. Dès cette époque et plus tard par la suite, il lui arrivait fréquemment de commettre des erreurs. Il demandait alors à ses étudiants : {{citation |Qui peut me dire où je me suis trompé ?}} Et si l'un de ses étudiants lui faisait remarquer qu'il s'agissait d'une erreur dans ses mathématiques, il leur répondait : {{citation |Je vous l'ai déjà dit maintes fois, je n'ai jamais été très fort en maths.}}<ref>Lettre d'Albert Einstein à Jacob Laub, {{date|19 mai 1909}}, dans ''The Collected Papers of Albert Einstein'', Princeton, N.J., Princeton University Press, 1987 - 2004, vol. 5, {{p.|120}}</ref>.

=== Erreurs commises en histoire des sciences ===
==== Erreurs d'attribution d'une découverte scientifique ====
Les historiens ont longtemps attribué à [[Pythagore]] la découverte du... [[théorème de Pythagore]] avant que ne soit découvert le fait que ce théorème était connu des mathématiciens [[Babylone (civilisation)|babyloniens]] deux mille ans avant Pythagore<ref>Neugebauer, 1990, {{p.|58}}</ref>.

=== Erreurs, science et média ===
Avec l'évolution des moyens de communication et de l'information qui voyage plus rapidement, il arrive que des développements scientifiques soient présentés au grand public alors qu'ils ne sont pas encore aboutis. Albert Einstein eut à vivre cette expérience. Au début de 1929, il fit paraître dans une revue spécialisée une série d'articles proposant une [[théorie du champ unifié]]<ref name="HD">{{Ouvrage |auteur1=[[Banesh Hoffmann]] |auteur2=en collab. avec [[Helen Dukas]] |auteur3=trad. de l'américain par Maurice Manly |titre=Albert Einstein |sous-titre=créateur et rebelle |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Editions du Seuil]] |année=1975 |passage=45-47 |isbn=2-02-002120-X |oclc=19617603}}.</ref>. Étant donné la renommée d'Einstein, des journaux s'empressèrent de relayer la nouvelle. Dans le ''[[The Times|Times]]'' de Londres, un journaliste affirma que {{citation |la nouvelle théorie est l'aboutissement de la physique des champs initiée par [[Michael Faraday|Faraday]] et [[James Clerk Maxwell|Maxwell]]}}<ref name="jta"/>. Le ''[[Herald Tribune]]'' publia même une traduction du texte intégral de l'article dans son numéro du {{date-|31 janvier 1929}}<ref name="jta">{{Lien web |langue=en |titre=Einstein Manuscript on New Field Theory Published in Germany |jour=01 |mois=février |année=1929 |url=https://www.jta.org/1929/02/01/archive/einstein-manuscript-on-new-field-theory-published-in-germany |site=Jewish Telegraphic Agency |consulté le=12 septembre 2018}}.</ref>. Or, peu de temps après, Einstein s'aperçut que sa nouvelle théorie contenait des erreurs l'obligeant à y renoncer. Il avait pourtant expressément indiqué qu'elle n'était encore que provisoire<ref name="HD"/>.

== Erreurs, science et technologie ==

=== Erreurs menant à des catastrophes ===
La science et la technologie sont deux domaines si intimement liés qu'il n'est pas surprenant que des erreurs scientifiques conduisent parfois à des catastrophes.

==== Erreurs commises en astronautique ====
[[Fichier:Mars Climate Orbiter - artist depiction - climate-orbiter-browse.jpg |vignette|Vue d'artiste de la sonde {{langue|en|Mars Climate Orbiter}}.]]

Plusieurs accidents de [[Sonde spatiale|sondes spatiales]] se sont produits, entrainant l'échec des missions concernées ou à leur succès partiel. La complexité des missions interplanétaires a conduit à un taux d'échec élevé entrainant notamment l'écrasement de l'engin spatial or l'arrêt des signaux en provenance de la sonde. Les raisons de ces échecs n'ont pas toujours été trouvées, mais certaines ont pu être identifiées comme relevant d'erreurs scientifiques.
* Le {{date-|23 septembre 1999}}, la [[sonde spatiale]] [[Mars Climate Orbiter]] fut détruite lors de son approche finale pour son atterrissage. La [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]] découvrit que l'engin avait survolé l'un des pôles martiens à une altitude beaucoup trop faible à la suite d'erreurs de calcul dues à une confusion entre deux [[système d'unités|systèmes d'unités]], l'un en [[unités de mesure anglo-saxonnes]], l'autre en unités du [[système métrique]] par deux équipes qui croyaient utiliser le même système d'unités<ref>{{en}} {{pdf}} [ftp://ftp.hq.nasa.gov/pub/pao/reports/1999/MCO_report.pdf NASA MCO report]</ref>.
* En octobre 2016, la sonde [[Schiaparelli (engin spatial)|Schiaparelli]] de l'[[Agence spatiale européenne]] s'est écrasée sur [[Mars (planète)|Mars]]. L'enquête a révélé, entre autres, une mauvaise prévision des mouvements en [[Lacet (mouvement)|lacet]] et en [[tangage]] de la sonde lors de la phase de sa rentrée dans l'atmosphère martienne due à une erreur dans les simulations informatiques<ref>Voir [[Schiaparelli (engin spatial)#Origine et chronologie de la défaillance|Schiaparelli - Origine et chronologie de la défaillance]].</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Schiaparelli landing investigation makes progress |url=http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/ExoMars/Schiaparelli_landing_investigation_makes_progress |site=[[Agence spatiale européenne]] |date=23 novembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur1=Erwan Lecomte |titre=Le crash de la sonde Schiaparelli sur Mars : tout a basculé en une seconde |url=https://www.sciencesetavenir.fr/espace/exploration/exomars-le-crash-de-la-sonde-schiaparelli-sur-mars-est-lie-a-un-probleme-logiciel_108350 |site=[[Sciences et Avenir]] |date=24 novembre 2016}}.</ref>.
Du fait de la complexité de la mise en œuvre de divers projets, il arrive que plusieurs erreurs humaines se combinent à des erreurs liées à une insuffisance des connaissances des nombreux paramètres à tester pour conduire à une catastrophe et que celle-ci aboutisse malheureusement à la perte de vies humaines. Ainsi, il aura fallu la mort des astronautes [[Virgil Grissom]], [[Edward White]] et [[Roger B. Chaffee|Roger Chaffee]] du [[programme Apollo]] lors de l'incendie du [[module de commande et de service Apollo]] pendant un entraînement au sol au [[centre spatial Kennedy]] le {{date-|27 janvier 1967}} pour qu'on prenne conscience des dangers encourus en [[Enceinte confinée|milieu confiné]] rempli d'[[oxygène]] pur jusqu'alors sous-estimés<ref name="Apollo">{{lien web |titre=Apollo 11 30th Anniversary: Manned Apollo Missions |éditeur=NASA History Office |date=1999 |url=https://history.nasa.gov/ap11ann/missions.htm |consulté le=3 mars 2011 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20110220232013/https://history.nasa.gov/ap11ann/missions.htm |archivedate=February 20, 2011 <!--DASHBot--> |deadurl= no}}.</ref>{{,}}<ref name="D.C.">W. David Compton, [https://www.hq.nasa.gov/office/pao/History/SP-4214/ch7-2.html ''Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions''], ''SETBACK AND RECOVERY: 1967 Death at the Cape'', 1989</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |L'oxygène pur à l'intérieur de l'habitacle se trouvait à une pression de 16,4 livres par pouce carré (113 [[Newton (unité)|kilonewtons]] par mètre carré) soit 10 % au-dessus de la [[Pression atmosphérique#Pression atmosphérique normale|pression atmosphérique normale]]<ref name="D.C."/>.}}

==== Erreurs commises dans l'industrie nucléaire ====
{{article détaillé |Accident nucléaire |Liste d'accidents nucléaires}}
Cette combinaison d'erreurs humaines et d'erreurs dues à une insuffisance des connaissances dans le domaine concerné pouvant mener à une catastrophe se retrouve aussi dans le [[Industrie nucléaire|domaine nucléaire]]. La [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|catastrophe de Tchernobyl]] issue de l'explosion de l'un des réacteurs de la [[centrale nucléaire de Tchernobyl]], survenue en avril 1986, en est un exemple. Sur le plan des connaissances scientifiques au moins deux défauts de conception du réacteur ayant explosé ont été relevés.

[[Fichier:Chernobyl radiation map 1996.svg |vignette|gauche|Niveaux de radiation autour de [[Tchernobyl]] en 1996.]]

Selon le rapport INSAG-7 présenté en 1992 par le groupe consultatif de l’[[Agence internationale de l'énergie atomique]] (AIEA) sur la [[sûreté nucléaire]] (INSAG)<ref name=insag7/>, les principales raisons de cet accident résident dans les particularités de la physique et dans la construction du réacteur. L'une d'elles fait état du fait que le réacteur présentait un [[coefficient modérateur]] positif dangereusement élevé. Un autre défaut important concernait la conception des barres de contrôle insérées dans le réacteur pour ralentir la réaction. Dans la conception du réacteur RBMK, la partie inférieure de chaque barre de contrôle était en [[graphite]] et était plus courte de {{nobr |1,3 mètre}} qu'elle aurait dû l'être, et dans l’espace sous les barres, des canaux creux étaient remplis d’eau. La partie supérieure de la tige, la partie véritablement fonctionnelle qui absorbe les neutrons et arrête de ce fait la réaction, était en [[carbure de bore]]. Avec cette conception, lorsque les tiges sont insérées dans le réacteur à partir de la position la plus haute, les pièces en graphite déplacent initialement de l'eau (qui absorbe les neutrons). Il en résulte une absorption moins efficace de neutrons. Ainsi, pendant les premières secondes de l'activation de la tige de commande, la puissance de sortie du réacteur est augmentée plutôt que réduite comme le souhaitent les concepteurs<ref name=insag7>{{lien web |url=http://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/Pub913e_web.pdf |format électronique=pdf |titre=IAEA Report INSAG-7 Chernobyl Accident: Updating of INSAG-1 Safety Series, No.75-INSAG-7 |éditeur=International Atomic Energy Agency |lieu=Vienna |année=1992}}.</ref>{{rp |18}}.

==== Ponts et défaillances structurelles ====
{{Article connexe |Catastrophe de pont |Liste de défaillances structurelles et d'effondrements}}
[[Fichier:Tacoma Narrows Bridge destruction.ogv |vignette|Film de la destruction du pont de Tacoma en 1940.]]
Tous les effondrements de ponts et autres ouvrages du [[génie civil]] ne sont pas forcément attribuables à la seule connaissance imparfaite des lois et phénomènes physiques à prendre en compte (erreurs de conception ou connaissances scientifiques erronées) ou aux erreurs de calcul nécessaires à la conception de leur réalisation. D'autres causes faisant intervenir par exemple des contraintes économiques et le laxisme des autorités concernées en lien avec la [[Maintenance préventive|maintenance]] de ces ouvrages ne sont pas prises en compte ici.
* L'effondrement du [[Pont du détroit de Tacoma (1940)|pont du détroit de Tacoma]] en 1940 offre un exemple de défaillances structurelles ayant conduit à la rupture d'une structure. L'ouvrage ayant été inauguré quelques mois plus tôt seulement, son effondrement ne pouvait être dû à un vieillissement prématuré de sa structure. Le film ci-contre montre bien les fortes ondulations du [[Tablier (pont)|tablier]] de la [[Travée (pont)|travée]] centrale juste avant sa rupture. Quelle qu'en soit la cause exacte, il apparaît clairement qu'une connaissance insuffisante des [[Contrainte (mécanique)|contraintes structurelles]] en lien avec la [[résistance des matériaux]] a dû jouer un rôle (Voir aussi [[Contrainte de cisaillement]]).

== Idées fausses rectifiées et expressions langagières ==
[[Fichier:NGC6543.jpg |vignette |[[Nébuleuse de l'Œil de Chat]] (NGC 6543)]]
Il arrive que des idées fausses en science donnent lieu à des expressions ou vocables qui trahissent leur origine et qui sont encore utilisés de nos jours même après que ces idées furent corrigées. En astronomie par exemple, les expressions « [[lever de soleil]] » et « [[coucher de soleil]] » en usage dans les [[Éphéméride (astronomie)|éphémérides]] sont tributaires de la conception [[géocentrisme|géocentrique]]. De même, l'expression « [[nébuleuse planétaire]] » renvoie à une fausse idée qu'avaient les premiers astronomes qui les ont observées. Sachant aujourd'hui que l'expression « nébuleuse stellaire » conviendrait mieux, l'ancienne désignation s'est maintenue malgré tout. De la même façon, les astronomes savent très bien que certaines « constantes » ne le sont pas alors que ce vocable demeure. C'est le cas par exemple pour la [[constante de Hubble]] et la [[constante solaire]] qui renvoient à une époque où la communauté scientifique estimait que ces paramètres ne variaient pas. En physique, le mot "[[atome]]" {{étymologie |grec ancien |ἄτομος |rom=átomos |insécable}} signifiant : « le plus petit élément de matière, considéré comme indivisible »<ref>{{Lien web |titre=ATOME : Etymologie de ATOME |url=http://www.cnrtl.fr/etymologie/atome/substantif |site=cnrtl.fr |consulté le=18 novembre 2018}}.</ref> est toujours d'usage bien après la découverte de la [[fission nucléaire]] en 1938{{note |groupe=Note |En fait, dès 1919, [[Ernest Rutherford]] avait mis en évidence le fait qu'en bombardant des atomes d'[[azote]] avec des [[Particule α|particules alpha]], il était possible d'arracher des [[proton]]s aux noyaux d'azote<ref>{{lien web |titre=Atop the Physics Wave: Rutherford back in Cambridge, 1919–1937 |url=http://history.aip.org/history/exhibits/rutherford/sections/atop-physics-wave.html |site=Rutherford's Nuclear World: The Story of the Discovery of the Nucleus |éditeur=American Institute of Physics |consulté le=25 juin 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Robert Reid |traducteur=Marie-France de Paloméra |titre=Marie Curie derrière la légende |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points-sciences |année=1979 |pages totales=345 |passage=309 |isbn=2020064227}}.</ref>}}.

== Psychologie des erreurs scientifiques ==
=== Difficultés d'une étude de la psychologie des erreurs scientifiques ===
Les psychologues ont identifié plusieurs [[biais cognitif]]s conduisant à des erreurs de raisonnement. Les études portant sur la psychologie des erreurs commises dans le domaine des sciences semblent peu nombreuses à ce jour. Dans l'un de ses ouvrages, [[Mario Livio]] commente une erreur de [[Linus Pauling]]. Voici ce qu'il écrit : {{Citation bloc |Pauling s'est empressé de publier sa théorie de l'ADN, qui s'est avérée fatalement erronée. Au lieu des doubles brins enroulés dans une hélice que les scientifiques savent maintenant pour constituer des molécules d'ADN, Pauling a théorisé trois brins entrelacés<ref name="PMC1063734"/>. En partie, a déclaré Livio, Pauling était trop confiant en raison de son succès antérieur dans la déduction d'un modèle de structure pour les protéines. "Son modèle a été construit à l'envers par rapport au modèle correct et avait trois brins à l'intérieur au lieu de deux", a déclaré Livio. "Ce n'était pas une double hélice, c'était une triple hélice, il est tombé dans une large mesure victime de son propre succès."<ref>{{en}} [[Mario Livio]], "{{langue |en |Brilliant Blunders, From Darwin to Einstein - Colossal Mistakes by Great Scientists That Changed Our Understanding of Life and the Universe}}", [[Simon & Schuster|Éd. Simon & Schuster]], 2013, 352 p. {{ISBN |9781439192375}}.</ref>}} Il existe un biais cognitif correspondant à l'attitude de Pauling que décrit Livio, le [[biais d'autocomplaisance]]. Deux difficultés surgissent ici. D'une part, comment s'assurer que cette attitude mentale était bien celle de Pauling. D'autre part, comment s'assurer de pouvoir parler ici d'erreur scientifique alors que Pauling a peut-être simplement voulu proposer un modèle. On retrouve ici l'une des difficultés de la catégorisation pour ce concept.
[[Fichier:A Cortical Neuron In Conversation.jpg |vignette |250px |Neurone [[Cortex cérébral|cortical]] de [[souris]] en [[milieu de culture]] cellulaire.]]
De même, par exemple, [[Sigmund Freud]] présenta dans une conférence intitulée ''La structure des éléments du système nerveux'', publié en 1884 dans le ''Jarbücher fur Psychiatrie'', une description dans laquelle il fait état de sa conception de ce que doit être la structure du [[tissu nerveux]]. Il écrit : {{citation bloc |Si l'on suppose que les fibrilles du nerf connaissent le parcours de conduite alors on doit dire que les chemins qui, dans les nerfs, sont séparés, confluent dans la cellule nerveuse: alors la cellule nerveuse devient l'origine de toutes les fibres nerveuses qui sont en relation anatomique avec elle<ref>cité dans [[Bernard This]], ''Les génies de la science'', mai-août 2003, {{p. |53}}.</ref>.}}Rétrospectivement, la lecture de ce passage donne l'impression que Freud vient de décrire la structure du [[neurone]] et pourtant ce n'est pas le cas. Il a fallu pour cela accomplir un saut conceptuel car jusqu'ici aucune cellule observée ne présentait une forme aussi particulière : un corps cellulaire avec un prolongement incomparablement plus long ([[Heinrich Wilhelm Waldeyer]] est celui qui parviendra à cette conception en 1891<ref>[[Heinrich Wilhelm Waldeyer]], « {{langue|de|Ueber einige neuere Forschungen im Gebiete der Anatomie des Centralnervensystems}} » (Sur quelques nouvelles recherches dans le domaine de l'anatomie du système nerveux central), ''[[Deutsche Medizinische Wochenschrift]]'', Berlin, 1891 : 17 : 1213-1218, 1244-1246, 1287-1289, 1331-1332, 1350-1356.</ref> à la suite des travaux de [[Santiago Ramón y Cajal]]). Mis à part ce saut conceptuel, il est possible que des facteurs psychologiques sont intervenus pour s'interposer comme obstacles comme le fait que l'année précédente, en 1883<ref>[[Alain de Mijolla]], Les Cahiers de Science et Vie, août 1994, {{p. |51}}.</ref>, Freud prit connaissance, grâce à [[Josef Breuer|Breuer]], du [[cas Anna O]] qui a vivement retenu son attention et qui a sans aucun doute été l'un des facteurs l'ayant amené de la [[neurologie]] à la [[psychologie]]. Pourtant, là encore, des difficultés se présentent. Jusqu'à quel point par exemple partager son attention entre deux sciences constitue-t-il un obstacle à l'émergence d'une conception ? S'agissant de personnages historiques, il n'est évidemment pas possible pour les psychologues d'expérimenter en leur présence les réduisant ainsi à des conjectures.

=== Difficultés pour les scientifiques d'admettre leurs erreurs ===

Mis à part le fait que les scientifiques qui reconnaissent avoir commis une erreur, qu'elle soit d'ordre [[Méthodologie scientifique|méthodologique]] ou autre, peuvent voir leurs crédits de recherche supprimés même si cette erreur est commise de bonne foi, la diminution voire l'effondrement du prestige accordé à ces personnes compte sans doute parmi les raisons les plus fortes sur le plan psychologique qui explique leur réticence à passer aux aveux. La crainte des [[Attaque personnelle|attaques personnelles]] et de l'[[humiliation]] suffit bien souvent à faire reculer bien des gens de la [[communauté scientifique]] sur la voie de l'[[éthique]] qui exige que la [[Vérité scientifique|vérité]] soit rétablie.

C'est pourquoi il n'est pas anodin de constater que certaines de ces personnes aient trouvé le courage de faire amende honorable en reconnaissant leur(s) erreur(s) une fois leurs travaux publiés. Ainsi un article de {{Lien|langue = en|trad = Rasmus Nielsen (biologist)|fr = Rasmus Nielsen (biologiste)|texte = Rasmus Nielsen}} et Xinzhu Wei paru en juin 2019 a fait l'objet d'une rétractation publique de la part de Nielsen le {{date-|8 octobre}} suivant. L'article publié dans ''[[Nature Medicine]]''<ref>{{Article | langue = en | auteur1 = Xinzhu Wei | auteur2 = Rasmus Nielsen | titre = CCR5-∆32 is deleterious in the homozygous state in humans | périodique = Nature Medicine | année = 2018 | doi = 10.1038/s41591-019-0459-6 | url = https://www.nature.com/articles/s41591-019-0459-6}}.</ref> affirmait que les jumelles chinoises, dont le [[CCR5|gène CCR5]] a été modifié par l'équipe dirigée par [[He Jiankui]], auraient une [[espérance de vie]] réduite. Du fait d'erreurs techniques dans la base de données utilisées pour leur étude, Nielsen s'est vu obligé de revenir sur leur conclusion<ref name="Chan">{{Lien web | auteur = Marie Lambert Chan | titre = Les scientifiques se donnent-ils le droit à l’erreur? | jour = 20 | mois = février | année = 2020 | url = https://www.quebecscience.qc.ca/edito/scientifiques-droit-erreur/ | site = Québec Science | consulté le = 2 août 2020}}.</ref>. En janvier 2020, [[Frances Arnold]], lauréate du [[prix Nobel de chimie]] 2018, reconnaissait à son tour avoir manqué de rigueur dans la réalisation d'une étude dont les résultats n'avaient pu être reproduits invalidant ainsi les conclusions de l'un de ses articles paru dans [[Science (revue)|Science]]<ref>{{Article | langue = en | auteur1 = Inha Cho| auteur2 = Zhi-Jun Jia| auteur3 = Frances H. Arnold | titre = Site-selective enzymatic C‒H amidation for synthesis of diverse lactams | périodique = Science | jour = 10 | mois = mai | année = 2019 | doi = 10.1126/science.aaw9068 | url = https://science.sciencemag.org/content/364/6440/575.full}}.</ref>. Dans un cas comme dans l'autre, ces deux chercheurs ont reconnu rapidement leur erreur après la publication de leurs travaux<ref name="Chan"/>.

== Erreurs scientifiques et anecdotes ==

=== Recevoir le prix Nobel pour une fausse découverte ===
[[Fichier:Kernspaltung.svg|vignette|L'une des réactions possibles de la fission de l'uranium 235 : <br><math> \mathrm{{}^{235}_{92}U + {}^1_0 n \rarr {}^{139}_{56}Ba + {}^{95}_{36}Kr + 2\ {}^1_0 n + E}.</math>]]

[[Enrico Fermi]] a fait faire des progrès à la [[physique nucléaire]]. Il reçut le [[prix Nobel]] de physique en 1938 pour « sa découverte de nouveaux éléments radioactifs, développés par l’irradiation des neutrons, et sa découverte à ce propos des réactions de noyaux, effectuées au moyen des neutrons lents »<ref>{{Lien web |langue=en |titre=The Nobel Prize in Physics 1938 |date=1938 |url=https://www.nobelprize.org/prizes/physics/1938/summary/ |site=NobelPrize.org |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>. Fermi avait affirmé avoir réussi à produire les premiers éléments [[transuranien]]s, les {{nobr |[[Élément chimique|éléments]] [[Neptunium|93]]}} et [[Plutonium|94]]<ref name="Barthélémy">{{Lien web |auteur=Pierre Barthélémy |titre=Il y a 75 ans, le Nobel de physique récompensait… une incroyable erreur |date=6 octobre 2013 |url=http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/10/06/nobel-physique-1938-fermi-erreur-fission-nucleaire/ |site=Passeur de sciences |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>. Fermi partait de l’idée qu’en bombardant des noyaux d’uranium à l'aide de neutrons, ces noyaux d’uranium allaient finir par absorber un neutron qui, sous l’effet la [[Radioactivité β|radioactivité bêta]], se transformera en proton. transmutant l’uranium en un nouvel élément à {{nobr |93 protons}}. Après une nouvelle étape, celui-ci se métamorphosera en élément à {{nobr |94 protons}}. L’expérience de Fermi produisit effectivement des éléments nouveaux qu'il ne put toutefois identifier chimiquement<ref>{{Lien web |auteur=Enrico Fermi |titre=Possible Productions of Elements of Atomic Number Higher than 92 |date=16 juin 1934 |url=https://www.nature.com/articles/133898a0.pdf |site=nature.com |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>, ce qui avait amené la chimiste allemande [[Ida Tacke]] a fait remarquer que l'interprétation de Fermi n'était pas formellement démontrée<ref name="Kean166">Kean, op. cité, {{p.|166}}</ref>. Ce que l'expérience de Fermi avait produit étaient en fait des éléments issus de la [[Fission nucléaire|fission de noyaux d'uranium]] impliquant l'isotope [[uranium 235]], ce que comprendra [[Lise Meitner]] à la suite de l’expérience d'[[Otto Hahn]] et de [[Fritz Strassmann]] qui avaient tenté de reproduire celle de Fermi<ref name="Barthélémy"/>. Segrè avait lu l'article de Tacke de 1934 et en avait rejeté les explications comme étant dénuées de fondement. Curieusement, Segrè commit l'erreur exactement inverse quelques années plus tard alors qu'il avait émigré aux États-Unis et qu'il travaillait à l'[[université de Californie à Berkeley]]. Analysant l'élément obtenu par un collègue lors d'une expérience réalisée en 1940, il conclut qu'il s'agissait d'un produit de fission. Un autre collègue, [[Edwin McMillan]], eut des doutes. Refaisant les analyses chimiques et les poussant plus loin, il s'aperçut qu'il s'agissait de l'élément qui suivait immédiatement l'uranium<ref>Kean, op. cité, {{p.|167-168}}</ref>.{{,}}{{note |groupe=Note |Ainsi le premier élément transuranien, l'{{nobr |élément 93}} (le [[neptunium]]), identifié de façon certaine, a été produit par [[Edwin McMillan]] et [[Philip Abelson]] en {{date-|mai 1940}}. [[Otto Hahn]] et [[Lise Meitner]] avaient également découvert cet élément mais en trop faible quantité pour l'identifier avec certitude<ref name="SeaborgBL">{{Lien web |langue=en |titre=Glenn T. Seaborg |date=23 mars 2010 |url=http://www.lbl.gov/nobelists/1951-glenn-t-seaborg/ |site=lbl.gov - Berkely Lab |consulté le=10 octobre 2018}}.</ref>.}}

=== Prouver qu'on a tort et recevoir le prix Nobel ===
Le [[neurophysiologie|neurophysiologiste]] [[John Carew Eccles|John Eccles]] a été l'un des plus ardents défenseurs de l'idée selon laquelle les neurones communiquent par voie électrique. Durant les années 1930 et 1940, il s'est opposé fermement à l'idée que les cellules nerveuses communiquent entre elles par voie chimique. Pour Eccles, la transmission de l'[[influx nerveux]] se réalisait tout simplement trop rapidement pour que soient impliqués des molécules dans ce processus. Seule une transmission de nature électrique pouvait assurer la propagation de ces signaux avec une telle rapidité<ref name="JGBarbara">{{Article |langue=français |auteur=Jean-Gaël Barbara |titre=La volte-face du professeur Eccles |périodique=[[Pour la Science]] |numéro=503 |mois=septembre |année=2019 |passage=75-79 |lire en ligne=https://www.pourlascience.fr/sr/histoire-sciencescommunication-des-neurones-la-volte-face-du-professeur-eccles-17764.php}}.</ref>. Le neurophysiologiste [[australie]]n avait d'ailleurs mesuré cette vitesse à partir de 1935 pour le conforter dans cette conception alors même que les travaux d'[[Otto Loewi]] sur les [[nerf vague|nerfs vague]] et [[système nerveux parasympathique|parasympathiques]] du cœur d'une grenouille prouvèrent l'action de [[neurotransmetteur]]s chimiques pour le [[système nerveux autonome]] et que [[Henry Hallett Dale|Henry Dale]] avait mis en évidence la communication par voie chimique pour le [[système nerveux]] volontaire avec les [[Motoneurone|neurones moteurs]] et ceux des [[ganglion nerveux|ganglions nerveux]]. C'était ainsi l'ensemble des activités [[efférentes]] du [[système nerveux périphérique]], qu'elles soient volontaires ou involontaires, qui étaient concernées<ref>Sabbatini, R.M.E.: [http://www.cerebromente.org.br/n17/history/neurons5_i.htm Neurons and synapses. The history of its discovery. IV. Chemical transmission]. ''Brain & Mind'', 2004</ref>. Eccles argumenta alors que ce qui pouvait se produire pour ces neurones n'était pas valable pour les neurones cérébraux. C'est une expérience qu'il fit en 1951 qui amena Eccles à prouver que sa conception était erronée. En observant un [[potentiel électrique]] négatif pour un neurone chez le chat, il prouve que la transmission ne peut pas se produire par voie électrique et doit impliquer des médiateurs chimiques<ref name="JGBarbara" />. Par ce travail qui réfutait la conception qu'il défendait depuis une vingtaine d'années, Eccles reçut le prix Nobel douze ans plus tard, en 1963.

== Erreurs scientifiques au cinéma ==
Force est de constater que les erreurs scientifiques sont courantes au cinéma et certains scientifiques ne se privent pas de le faire remarquer. L'astrophysicien [[Neil deGrasse Tyson]] est l'un d'eux. Parmi les films qui ont fait l'objet de ses critiques, ''[[Gravity (film)|Gravity]]'' et ''[[Prometheus (film)|Prometheus]]'' font partie de ceux dont il a relevé certaines inexactitudes voire incohérences<ref name="Tyson">{{Lien web |titre=Un astrophysicien liste les erreurs de "Gravity" |jour=09 |mois=octobre |année=2013 |url=https://www.huffingtonpost.fr/2013/10/09/erreurs-gravity_n_4069503.html |site=Le Huffington Post |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>. Il arrive aussi que le réalisateur d'un film corrige certaines erreurs dans une version ultérieure à la suite de ces critiques. C'est ce qui s'est produit pour le film ''[[Titanic (film, 1997)|Titanic]]'' lorsque Neil deGrasse Tyson fit remarquer à [[James Cameron]] que la disposition des étoiles dans l'une des scènes du film était impossible. Cameron a accepté de corriger cette erreur dans la version 3D du long métrage sortie en avril 2012<ref name="Tyson"/>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Hannah Furness |titre='Wrong stars' force Titanic 3D scene to be reshot - Telegraph |jour=01 |mois=avril |année=2012 |url=https://www.telegraph.co.uk/culture/film/9179446/Wrong-stars-force-Titanic-3D-scene-to-be-reshot.html |site=Telegraph.co.uk |éditeur=143666524748 |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>.
[[Fichier:Various dinosaurs.png|vignette|350px|Montage réunissant les squelettes reconstitués de quatre espèces de dinosaures herbivores et deux espèces de dinosaures carnivores.]]
Parfois, c'est le titre du film lui-même qui serait à modifier pour respecter les connaissances scientifiques acquises. Dans un article paru en 1993 dans le [[The New York Review of Books|New York Review of Books]], [[Stephen Jay Gould]] fit remarquer que seulement deux des dinosaures présentés dans la version cinématographique de ''[[Jurassic Park]]'' ont réellement vécu pendant la période [[jurassique]] - le [[Sauropoda|sauropode]] géant ''[[Brachiosaurus]]'', et le petit ''[[Dilophosaurus]]''. Tous les autres ayant vécu durant le [[Crétacé]]<ref name="Gould2">{{Lien web |langue=en |auteur=Todd Van Luling |titre=5 Things You Didn't Know About 'Jurassic Park' |jour=18 |mois=décembre |année=2014 |url=https://www.huffingtonpost.ca/entry/jurassic-park-trivia_n_6329640 |site=HuffPost Canada |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>{{,}}{{note |groupe=Note |Le même type d'erreur se retrouve dans la série documentaire ''[[Jurassic Fight Club]]'' alors que certaines espèces qui y sont présentées ont vécu au Crétacé. Deux des espèces présentes dans la série, ''[[Arctodus simus]]'', l'ours à face courte, et le [[lion américain]] ont même vécu au [[Pléistocène]] plus de 140 [[million d'années|millions d'années]] (Ma) après la fin du [[Jurassique]].}}. Gould suggéra ainsi que "Cretaceous Park" (en français "Parc Crétacé") comme titre du film aurait été plus en accord avec les données paléontologiques<ref name="Gould2"/>. Le film est une [[adaptation cinématographique]] du [[Jurassic Park (roman)|roman du même nom]] de [[Michael Crichton]] paru en [[1990 en littérature|1990]]. Sur la page couverture de la première édition du roman paraît la silhouette d'un [[Tyrannosaurus|T rex]].

Les réalisateurs de films, notamment ceux de science-fiction, font souvent des choix enfreignant les lois de la physique. Ainsi, par exemple, dans la scène de l’assaut final contre l’[[Étoile de la mort|Étoile Noire]] dans [[Star Wars]], on entend des explosions et des bruits de laser, alors que dans le vide de l'espace devrait régner le silence<ref>{{Lien web |auteur=Silent Bob |titre=Les erreurs scientifiques dans les films de Science-Fiction |jour=08 |mois=février |année=2011 |url=http://www.tranchesdunet.com/les-erreurs-scientifiques-dans-les-films-de-science-fiction/ |site=Tranches du Net |consulté le=25 septembre 2018}}.</ref>. Une erreur d'un autre type est aussi décelable quand [[Han Solo]], l'un des personnages, mentionne que son vaisseau se déplace à la vitesse de vingt parsecs, alors que le [[parsec]] étant une unité de longueur et non de vitesse{{note |groupe=Note |Toutes les invraisemblances sur le plan scientifique ne passent pas à travers le crible des scénaristes. Ainsi par exemple, [[David Gerrold]] mentionne avoir refusé un jour un scénario qu'il avait reçu au début duquel il était précisé que toute vie sur Terre risquait de disparaître parce qu'il allait se produire une éclipse de galaxie (sic)<ref>{{Lien web |auteur=Bernard Dixon |titre=Les livres et le cinéma : de puissants moyens de vulgarisation scientifique in La Vulgarisation scientifique: son histoire, ses succès, ses échecs |url=http://unesdoc.unesco.org/images/0007/000711/071156fo.pdf |site=unesdoc.unesco.org |consulté le=14 octobre 2018}}. p. 444</ref>.}}.

== Notes ==
{{Références nombreuses |groupe=Note |taille=30 |références=}}

== Références ==
{{Références nombreuses |taille=30 |références=

<ref name="1996_D._Collins">{{article | langue=en
   | auteur=Desmond Collins
   | titre=The “evolution” of Anomalocaris and its classification in the arthropod class Dinocarida (nov.) and order Radiodonta (nov.)
   | périodique=Journal of Paleontology
   | éditeur=Cambridge University Press (CUP)
   | volume=70 | numéro=02 | pages=280-293
   | date=mars 1996
   | ISSN=0022-3360
   | doi=10.1017/s0022336000023362
   | url=https://dx.doi.org/10.1017/s0022336000023362 }}.</ref>

}}

== Bibliographie ==
{{Légende plume}}

=== Ouvrages sur les erreurs en science ===
* ''L’erreur en sciences'', {{2e}} colloque Catherine Dufour, Faculté des sciences de Nancy, 22-{{date-|23 novembre 2012}}, [https://www.cnrs.fr/centre-est/IMG/File/ColloqueCathyDufour2012.pdf lire en ligne]
* ''Sélection d’ouvrages sur l’erreur scientifique - réalisée à l’occasion du parcours sur l’erreur scientifique présenté au Musée des arts et métiers'', Centre de documentation - [[Musée des arts et métiers]], avril 2011
* {{article |auteur=[[Jean-François Bach]] |titre=L'erreur scientifique |périodique=[[Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences]] |éditeur=[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] |date=21 juin 2011 |format=pdf |consulté le=19 mars 2018 |lire en ligne=http://www.academie-sciences.fr/archivage_site/academie/membre/s210611_bach.pdf}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Girolamo Ramunni |titre=Les Lieux des erreurs scientifiques |éditeur=[[Éditions du Cavalier bleu|Le Cavalier Bleu]] |année=2013 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=wfIVAAAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=Les+lieux+des+erreurs+scientifiques |consulté le=18 mars 2018}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Jean-Claude Baudet]] |titre=Les plus grandes erreurs de la science |lieu=Paris |éditeur=La Boîte à Pandore |année=2014 |pages totales=238 |isbn=978-2- 87557-115-1 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-Claude Baudet]] |titre=Curieuses histoires de la science. Quand les chercheurs se trompent |lieu=Bruxelles |éditeur=Jourdan |année=2010 |isbn=}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Michel-Eugène|nom1=Chevreul|titre=D'une erreur de raisonnement très fréquente dans les sciences|lieu=Paris|éditeur=Firmin Didot|année=1871|pages totales=102|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k147614s|consulté le=29 décembre 2023}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Yves Gingras]] |titre=Les dérives de l'évaluation de la recherche |éditeur=Raisons d'agir |année=2014 |isbn=}} {{ISBN |9782912107756}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Mario Livio]] |titre=Brilliant Blunders, From Darwin to Einstein : Colossal Mistakes by Great Scientists That Changed Our Understanding of Life and the Universe |éditeur=[[Simon & Schuster]] |année=2013, 352 p. |isbn=}} {{ISBN |9781439192375}} (traduit en 2017 ''Fabuleuses erreurs. De Darwin à Einstein'', CNRS éditions {{ISBN |9782271094018}}){{plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=Zacarias Martinez-Nunez |titre=Erreurs de l'optimisme scientifique, 2 lettres ouvertes à M. le docteur D. E. L., médecin à Madrid |éditeur=Hachette Bnf |année=2016 |mois=mai |isbn=2013704356}}

=== Ouvrages généraux en histoire des sciences ===
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Ouvrage collectif |titre=La recherche en histoire des sciences |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1983 |mois=octobre |pages totales=304 |isbn=2-02-006595-9 |plume=oui }}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Gaston Bachelard]] |titre=[[La Formation de l'esprit scientifique]] |sous-titre=Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective |lieu=Paris |éditeur=Vrin |année=19382-7116-1150-7 |isbn= |plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Gaston|nom1=Bachelard|titre=Le nouvel esprit scientifique|lieu=Paris|éditeur=PUF|année=1934|réimpression=1968|pages totales=135|lire en ligne=http://classiques.uqac.ca/classiques/bachelard_gaston/nouvel_esprit_scientifique/nouvel_esprit.pdf|format électronique=pdf|consulté le=29 décembre 2023}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Daniel J. Boorstin]] |traducteur=Jacques Bacalu, Jérome Bodin et Béatrice Vierne |titre=Les Découvreurs |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]] |année=1988 |pages totales=697 |isbn=978-2-221-05587-8 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Luc Chartrand |auteur2=Raymond Duchesne |auteur3=Yves Gingras |titre=Histoire des sciences au Québec |lieu=Montréal |éditeur=[[Éditions du Boréal|Boréal]] |année=1987 |pages totales=481 |isbn=2-89052-205-9 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Clifford D. Conner |traducteur=Alexandre Freiszmuth |titre=Histoire populaire des sciences |lieu=Paris |éditeur=[[L'Échappée]] |année=2011 |pages totales=662 |isbn=9782915830347 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Benjamin Farrington |traducteur=Henri Chéret |titre=La science dans l'Antiquité |lieu=Paris |éditeur=[[Payot et Rivages|Petite Bibliothèque payot]] |année=1967 |pages totales=315 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Yves Gingras]] |auteur2=Peter Keating |auteur3=Camille Limoges |titre=Du scribe au savant : les porteurs du savoir de l'Antiquité à la révolution industrielle |lieu=Montréal |éditeur=Boréal |année=1998 |pages totales=362 |isbn=2-7646-0004-6 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Sam Kean]] |traducteur=Bernard Sigaud |titre=Quand les atomes racontent l'histoire du monde |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2013 |pages totales=442 |isbn=978-2-08-128277-3 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Goeffrey Ernest Richard Lloyd |traducteur=Jacques Brunschwig |titre=Les débuts de la science grecque, de Thalès à Aristote |lieu=Paris |éditeur=[[La Découverte]] |année=1990 |pages totales=189 |isbn=2-7071-1943-1 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Otto Eduard Neugebauer]] |traducteur=Henri Chéret |titre=Les Sciences exactes dans l'Antiquité |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] |année=1990 |pages totales=316 |isbn=2 86869 300 8 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Colin Ronan]] |traducteur=Claude Bonnafont |titre=Histoire mondiale des sciences |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=1988 |pages totales=696 |isbn=2-02-036237-6 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean Rosmorduc]] |titre=Une histoire de la physique et de la chimie |sous-titre=De Thalès à Einstein |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points Sciences |année=1985 |pages totales=254 |isbn=}} {{ISBN|2020089904}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean Rostand]] |titre=Science fausse et fausses sciences |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=Les Essais |numéro dans collection=91 |année=1958 |pages totales=308 |isbn=2070255581}}
* {{Ouvrage |langue=en |langue originale=en |auteur1=Eric R. Scerri |traducteur=Le tableau périodique : son histoire et sa signification |titre=The Periodic Table |sous-titre=Its Story and Its Significance |lieu=Les Ulis |éditeur=[[Oxford University Press]] |année=2006 |pages totales=368 |isbn=978-2-7598-0482-5 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Pierre Thuillier (philosophe)|Pierre Thuillier]] |titre=D’Archimède à Einstein. Les faces cachées de l’invention scientifique |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=1988 |pages totales=387 |isbn=2213021589 |plume=oui}}

=== Ouvrages historiques spécialisés ===
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Lucile Allorge |auteur2=Olivier Ikor |titre=La fabuleuse odyssée des plantes |sous-titre=les botanistes voyageurs, les Jardins des plantes, les herbiers |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Jean-Claude Lattès]] |année=2003 |pages totales=727 |isbn=2709623277 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Amy Dahan|Amy Dahan-Dalmedico]] |auteur2=[[Jeanne Peiffer]] |titre=Une histoire des mathématiques |sous-titre=Routes et dédales |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1986 |pages totales=309 |isbn=2-7310-4112-9 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Gabriel Gohau]] |titre=Une histoire de la géologie |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1990 |pages totales=277 |isbn=9782020123471 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Stephen Jay Gould]] |traducteur=Jacques Chabert |titre=[[Le Pouce du panda]] |sous-titre=les grandes énigmes de l'évolution |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Grasset|Grasset & Fasquelle]] |année=1982 |pages totales=384 |isbn=2-253-03819-9 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Stephen Jay Gould |traducteur=Daniel Lemoine |titre=Darwin et les grandes énigmes de la vie |lieu=Paris |éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]] |année=1979 |pages totales=308 |isbn=2-85704-050-4 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Stephen Jay Gould |traducteur=Marcel Blanc |titre=La vie est belle |sous-titre=les surprises de l'évolution |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1991 |pages totales=391 |isbn=2-02-035239-7 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[François Gros (biologiste)|François Gros]] |titre=Les secrets du gène |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1986 |pages totales=412 |isbn=2020093251 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Banesh Hoffmann]] et [[Michel Paty]] |champ libre=première édition, Banesh Hoffmann, 1947 |titre=L'Étrange Histoire des quanta |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points-sciences |année=1981 |pages totales=282 |isbn=2020054175 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Marc Jeannerod]] |titre=Le cerveau Machine |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=1983 |pages totales=226 |isbn=978-2213013084 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Arthur Koestler]] |traducteur=Georges Fradier |titre=[[Les Somnambules]] |lieu=Paris |éditeur=[[Calmann-Lévy]] |année=1960 |pages totales=582 }}{{ISBN|2-7021-0338-3}}
*{{Ouvrage |auteur1=[[Alexandre Koyré]] |traducteur=Raïssa Tar |titre=Du monde clos à l'univers infini |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=Tel |année=1988 |pages totales=349 |isbn=2-07-071278-8 |plume=oui }}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Bernard Maitte]] |titre=La lumière |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1981 |pages totales=352 |isbn=9782020060349 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jacques Merleau-Ponty]] |titre=Cosmologie du {{s-|XX}}. Étude épistémologique et historique des théories de la cosmologie contemporaine |éditeur=[[Gallimard]] |collection=Bibliothèque des Idées |lieu=Paris |année=1965 |pages totales=536}}{{ISBN|2070244229}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Joseph Needham]] |titre=History of Embryology |lieu=New York |éditeur=Abelard-Schuman |année=1959 }}{{ISBN|9781107475540}}
* {{Ouvrage |auteur1=Shirley Roe |titre=Life, and Generation |sous-titre=Eighteenth Century Embryology and the Haller-Wolff Debate |lieu=Cambridge |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=1981 |pages totales=232 |isbn=9780521525251 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=eiHKCarclAcC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-René Roy]] |titre=L'Astronomie et son histoire |lieu=Québec |éditeur=[[Presses de l'Université du Québec]] |année=1982 |pages totales=672 |isbn=978-2-7605-0303-8 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Charles Seife]] |traducteur=Catherine Coqueret |titre=Zéro |sous-titre=la biographie d'une idée dangereuse |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |collection=Pluriel |année=2014 |pages totales=284 |isbn=978-2-8185-0027-9 |plume=oui}}

=== Ouvrages traitant d'un domaine scientifique particulier ===
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Yves |nom1=Coppens |lien auteur1=Yves Coppens |directeur1=oui |auteur2=[[Pascal Picq]] |titre=Aux origines de l'humanite |tome=1 |titre tome=De l'apparition de la vie à l'homme moderne |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=2001 |pages totales=649 |isbn=978-2-213-60369-8 |oclc=314877320 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Ouvrage collectif |champ libre=articles choisis et présentés par [[Philippe Janvier (paléontologue)|Philippe Janvier]] et Pascal Tassy |titre=La Recherche en paléontologie |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points science |année=1989 |pages totales=356 |isbn=2020104830 |plume=oui}}
* Ouvrage collectif : {{Ouvrage |auteur1=Claude Welch |auteur2=Charles Boticelli |auteur3=Frank Erk |auteur4=Jack Fishleder |auteur5=Gordon Peterson |auteur6=Francis Smith |auteur7=Dennis Strawbridge |auteur8=Richard van Norman |champ libre=traduction=Jean-Louis Tremblay, Gabriel Filteau et Louis-Philippe Audet |titre=Biologie |sous-titre=des molécules à l'homme |lieu=Montréal |éditeur=Centre de psychologie et de pédagogie |année=1966 |pages totales=709 }}, Édition originale, {{Ouvrage |titre=Biological science |sous-titre=Molecules to Man |lieu=Boston |éditeur=The American Institut of Biological Sciences |année=1963 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Marc Bekoff |traducteur=Nicolas Waquet |champ libre=préface de [[Jane Goodall]] |titre=Les émotions des animaux |lieu=Paris |éditeur=[[Payot et Rivages]] |collection=Petite Bibliothèque |année=2013 |pages totales=281 |isbn=978-2-7436-2443-9 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Andreas Cellarius (astronome)|Andreas Cellarius]] |champ libre=réédition et introduction de Robert van Gent, édition originale 1660 |titre=[[Harmonia Macrocosmica]] |lieu=New York |éditeur=[[Taschen]] |année=2012 |pages totales=240 |isbn= |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-Pierre Changeux]] |titre=L'Homme neuronal |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |collection=Pluriel |année=1983 |pages totales=379 |isbn=978-2213012476 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Francis Hallé]] |titre=Éloge de la plante |sous-titre=pour une nouvelle biologie |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1999 |pages totales=347 |isbn=978-2-02-068498-9 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=la |auteur1=[[William Harvey]] |traducteur=Charles Richet |titre=[[Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus|De motu cordis : (de la circulation du sang)]] |lieu=Paris |éditeur=[[Christian Bourgois éditeur|Chrisitan Bourgois]] |collection=Epistémè Classiques |année=1990 |pages totales=311 |isbn=2-267-00766-5 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=André Klarsfeld |titre=Les horloges du vivant |sous-titre=comment elles rythment nos jours et nos nuits |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Odile Jacob]] |année=2009 |pages totales=317 |isbn=9782738123459 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Manjit Kumar |traducteur=Bernard Sigaud |titre=Le grand roman de la physique quantique : Einstein, Bohr... et le débat sur la nature de la réalité |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Champs |année=2012 |pages totales=640 |isbn=9782081282766 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[François Laplantine]] |titre=L'Ethnopsychiatrie |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection=Que sais-je ? |année=1988 |pages totales=117 |isbn=2-13-041368-4 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Dominique Leglu]] |titre=Supernova |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |collection=Scientifique |année=1989 |pages totales=175 |isbn=2-259-02069-0 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Daniel E. Lieberman |traducteur=Bernard Sigaud |titre=L'histoire du corps humain, évolution, dysévolution et nouvelles maladies |lieu=Paris |éditeur=Jean-Claude Lattès |année=2015 |pages totales=541 |isbn=9782709636544 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jean Mathé |titre=Léonard de Vinci, Dessins anatomiques |lieu=Montréal |éditeur=[[Éditions Liber|Liber]] |année=1984 |pages totales=111 |isbn=9783880593541 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Margaret Mead]] |traducteur=Georges Chevassus |titre=Mœurs et sexualité en Océanie |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |année=1963 |pages totales=608 }}{{ISBN|2266276735}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Isaac Newton]] |traducteur=[[Jean-Paul Marat]] |champ libre=présentation [[Françoise Balibar]], postface de [[Michel Blay]] |titre=[[Opticks|Optique]] |lieu=Paris |éditeur=[[Christian Bourgois éditeur|Christian Bourgois]] |année=1989 |pages totales=508 |isbn=}} {{ISBN|226700562X}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Jean-Marie Pelt]] |titre=L'Évolution vue par un Botaniste |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=2011 |pages totales=283 |isbn=9782213655420 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Roger Penrose]] |traducteur=Marcel Filoche |titre=La nouvelle physique de l'Univers |sous-titre=Mode, croyance, imaginaire |lieu=Paris |éditeur=[[Odile Jacob]] |année=2018 |pages totales=557 |isbn=2738141528 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean Piaget]] |titre=Biologie et connaissance. Essai sur les relations entre les régulations organiques et les processus cognitifs |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |année=1967 |pages totales=510 }}{{ISBN|2070250814}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Dominic Pignon |titre=La main sauvage |sous-titre=Les gauchers et les autres |lieu=Paris |éditeur=[[Ramsay (maison d'édition)|Édition Ramsay]] |année=1987 |pages totales=299 |isbn=2859566163 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-Luc Renck |auteur2=Véronique Servais |titre=L'éthologie |sous-titre=Histoire naturelle du comportement |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points Sciences |année=2002 |pages totales=340 |isbn=2-0203-9277-1 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Simon Singh]] |traducteur=Gerald Messadié |titre=Le dernier théorème de Fermat |lieu=Paris |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette Littératures]] |collection=Pluriel |année=1999 |pages totales=304 |isbn=2-01-278921-8 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=R. Soumitra |auteur2=R. Eachempati |auteur3=Lawrence Reed |titre=Acute Cholecystitis |lieu=Berlin |éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer]] |année=2015 |pages totales=225 |isbn=978-3-319-14823-6 |isbn2=3319148230 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Kip Thorne]] |traducteur=Alain Bouquet et Jean Kaplan |titre=[[Trous noirs et distorsions du temps : l'héritage sulfureux d'Einstein]] |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |collection=Champs |année=1997 |pages totales=654 |isbn=9782082112215 |plume=oui}}

=== Ouvrages biographiques ===
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-Pierre Belna |titre=Cantor |lieu=Paris |éditeur=[[Les Belles Lettres]] |collection=Figures du savoir |année=2000 |pages totales=238 |isbn=2-251-76024-5 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Kitty Ferguson |traducteur=Olivier Courcelle |titre=L'incroyable Stephen Hawking |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2012 |pages totales=452 |isbn=9782081270503 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Banesh Hoffmann]] |auteur2=en collaboration avec [[Helen Dukas]] |traducteur=Maurice Manly |titre=Albert Einstein |sous-titre=créateur et rebelle |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1975 |pages totales=299 |isbn=978-2-02-005347-1 |oclc=19617603 |plume=oui |pages totales-doublon=300 <!--PARAMETRE 'pages totales-doublon' N'EXISTE PAS -->}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Robert Reid |traducteur=Marie-France de Paloméra |titre=Marie Curie derrière la légende |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |collection=Points-sciences |année=1979 |pages totales=346 |isbn=2020064227 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Wanda M. Stachiewicz |titre=Copernic et les temps nouveaux |lieu=Québec |éditeur=[[Presses de l'Université Laval]] |année=1974 |mois=octobre |pages totales=64 |isbn= |plume=oui}}

=== Corresponsances ===
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=de |auteur1=[[Albert Einstein]] |auteur2=[[Max Born]] |traducteur=Pierre Leccia |titre=[[Correspondance entre Albert Einstein et Max Born|Albert Einstein Max Born correspondance 1916-1955]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1972 |pages totales=255 |isbn=2-020-02813-1 |plume=oui}}

== Articles connexes ==
{{Début de colonnes|taille=16|nombre=3}}
* [[Vérité scientifique]]
* [[Méthode scientifique]]
* [[Preuve scientifique]]
* [[Méthodologie]]
* [[Erreur de mesure]]
* [[Erreur statistique]]
* [[Erreur systématique]]
* [[Erreur d'approximation]]
* [[Erreur fondamentale d'attribution]]
* [[Biais cognitif]]
* [[Réfutabilité]]
* ''[[Cutter Incident]]''
{{Fin de colonnes}}

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{{Portail|Sciences|Histoire des sciences}}

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