Voir la source de Domestication du cheval

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{{En-tête label|AdQ|année=2012}}
{{Bandeau homonymie|icône=homonymie|Cet article traite de la domestication et de l'utilisation du cheval durant la Préhistoire et la protohistoire. L'article « [[Cheval dans l'Antiquité]] » est un complément encyclopédique à ce sujet.}}

[[Fichier:Wildpferde Tripsdrill2.jpg|vignette|upright=1.5|[[Cheval de Heck]], reconstitution d'un [[Tarpan]] en Allemagne, que l'on croit phénotypiquement proche de l'ancêtre du [[cheval]] domestique.]]
La '''domestication du cheval''' est l'ensemble des processus de [[domestication]] qui conduit l'[[Homo sapiens|espèce humaine]] à maîtriser puis à utiliser l'espèce ''[[Cheval|Equus caballus]]'' (le cheval) à son profit grâce au contrôle des naissances et à [[élevage équin|l'élevage]] de ces animaux pour la [[hippophagie|consommation]], le [[Rôle du cheval dans la guerre|combat]], le travail et le [[traction hippomobile|transport]]. De nombreuses hypothèses sont proposées, tant en termes d'époque, de nombre de foyers de domestication, que de types, [[espèce]]s ou [[sous-espèce]]s de chevaux domestiqués. Plus tardive que pour les espèces animales alimentaires, la domestication du cheval est difficile à dater avec précision. Les premiers [[apprivoisement]]s pourraient remonter à la fin du [[Paléolithique supérieur]], {{nombre|8000|ans}} av. J.-C. La première preuve archéologique d'une domestication remonte à [[XXXVe siècle av. J.-C.|3 500 {{av JC}}]] dans les [[Steppe eurasienne|steppes]] au nord du [[Kazakhstan]] ; elle est le fait de la [[culture de Botaï]]. Ces chevaux ne sont pas à l'origine des animaux domestiques actuels, ils étaient les ancêtres des [[Cheval de Przewalski|chevaux de Przewalski]] (''Equus ferus przewalskii'' ou ''Equus przewalskii''), redevenus sauvages. Les chevaux domestiques de type moderne (''Equus ferus caballus'' ou ''Equus caballus'') sont originaires de la partie occidentale de la steppe eurasienne ([[steppe pontique]] en Europe de l'Est), entre le [[Don (fleuve)|Don]] et la basse [[Volga]].

Jusqu'aux années 2000, l'origine du cheval domestique est étudiée par [[synapomorphie]]. Les progrès de la [[génétique]] permettent une autre approche, car la domestication modifie le [[génome]] du cheval. Le [[séquençage]] de génomes de chevaux anciens, sauvages et domestiques, permet de les comparer entre eux avec une grande précision pour reconstituer toute l'histoire de la domestication et de l'expansion des différentes souches de chevaux. La différenciation entre les espèces d’''[[Equus (genre)|Equus]]'' laisse à penser que cette domestication est récente, et qu'elle concerne un nombre restreint d'[[étalon (cheval)|étalons]] pour un grand nombre de [[jument]]s, capturées à l'état sauvage afin de repeupler les élevages domestiques. Peu à peu, l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]] entraîne une distinction des chevaux selon leur usage, la traction ou la selle, et un accroissement de la variété des [[robe du cheval|robes]] du cheval domestique.

Les peuples de la culture de Botaï ont vraisemblablement domestiqué des chevaux pour l'[[équitation]] de chasse, pratiqué la traite des juments pour leur [[lait de jument|lait]] et gardés vces animaux comme « réserves de [[viande de cheval|viande]] ». La domestication s'effectue par « degrés », un contrôle humain s'établissant sur les naissances, ce qui peut être détecté sur les [[squelette]]s déterrés grâce aux changements dans la taille. L'[[attelage (équitation)|attelage]] et l'[[rôle du cheval dans la guerre|utilisation militaire]] arrivent plus tard, laissant des preuves sur le squelette et les dents. La présence d'[[arme]]s, d'[[art]], d'[[artéfact (archéologie)|artefacts]] et de [[spiritualité|pratiques spirituelles]] en lien avec les chevaux prouvent l'influence de cet animal sur le mode de vie des sociétés humaines. À la fin de l'époque [[Préhistoire|préhistorique]], la possession d'un cheval est indissociable de la notion de pouvoir. Elle entraîne une modification dans l'art et les [[rite]]s humains, ainsi qu'une manifestation de supériorité chez les peuples qui le maîtrisent. L'utilisation de chevaux se répand rapidement à travers l'[[Eurasie]] pour le transport, les [[cheval de trait|travaux agricoles]] et la guerre. L'utilisation du cheval influence considérablement l'histoire et les progrès de l'humanité, en permettant l'essor des civilisations et du commerce sur de vastes territoires.

== Précurseurs ==
[[Fichier:Chauvethorses.jpg|vignette|Les peintures pariétales de la [[grotte Chauvet]] donnent de précieuses indications sur le type de cheval sauvage que chassaient et côtoyaient les hommes préhistoriques.]]
{{Article connexe|Histoire évolutive des Équidés|Cheval sauvage}}
Le cheval connaît une [[Histoire évolutive des Équidés|longue évolution]], qui le voit s'adapter aux terrains de type [[Steppe eurasienne|steppe]] et aux prairies. Les humains préhistoriques côtoient ces animaux, très abondants durant la [[Glaciation|période glaciaire]] qui prend fin voilà environ {{nombre|12000|ans}} : ils sont [[chasse|chassés]], consommés, peints et présents dans les [[culte]]s humains avant toute domestication. Le cheval se raréfie avec la disparition des [[prairies, savanes et terres arbustives tempérées|prairies]] au profit des [[forêt]]s, induite par le radoucissement global conduisant au climat actuel.

=== Origine génétique et histoire évolutive ===
{{Article connexe|Génomique de la domestication}}
Une étude sur l'[[Génome mitochondrial|ADN mitochondrial]] (ADNmt) des [[Equidae|équidés]], effectuée sur des fossiles vieux de {{nombre|53000|ans}} jusqu'aux chevaux contemporains<ref name=Weinstock>{{harvsp|Weinstock|al.|2005|p=e241}}.</ref>, place tous les équidés en un seul [[clade]] (groupe descendant d'un [[Dernier ancêtre commun|ancêtre commun]]) et comportant trois espèces [[dérive génétique|génétiquement divergentes]] : ''[[Hippidion]]'', ''[[Equus francisci]]'' et le « cheval vrai ». Ce dernier se rencontre de l'Europe occidentale jusqu'à l'est du [[détroit de Béring]], incluant les chevaux préhistoriques et le [[cheval de Przewalski]], ainsi que l'ancêtre du cheval domestique, appartenant à une seule espèce [[holarctique]]<ref name=Weinstock/>.
Une analyse plus détaillée des chevaux vrais les regroupe en deux clades majeurs. L'un de ces clades, qui semble limité à l'[[Amérique du Nord]], est maintenant éteint. L'autre clade gagne un vaste territoire allant de l'Amérique du Nord à l'Europe centrale, au nord et au sud des calottes glaciaires du [[Pléistocène]]<ref name=Weinstock/>.

Au début de l'[[Holocène]], il y a environ {{unité|10000|ans}}, le climat mondial se réchauffe. Les [[forêt]]s remplacent les prairies, ce qui tend à réduire l'habitat des chevaux<ref name="LG242">Vera Eisenmann dans {{harvsp|Leroi-Gourhan|1994|p=242}}.</ref>. Bon nombre de sous-espèces chevalines supposées disparaissent au cours de ces changements climatiques rapides, associés à la fin de la dernière [[Glaciation|période glaciaire]], ou alors sont chassées par les humains, en particulier en [[Amérique du Nord]] où le cheval s'[[Extinction des espèces|éteint]] complètement<ref name="MacPhee1999">{{Ouvrage|langue=en|titre=Extinctions in Near Time: Causes, Contexts, and Consequences |prénom1=Ross D. E.|nom1=MacPhee|responsabilité1=éd.|année=1999|éditeur=Kluwer Press|lieu=New York |isbn=0-306-46092-0}}.</ref>. Il disparaît de la région de [[détroit de Béring|Béring]] voici {{nombre|14200|ans}}, et dans le reste du continent américain voici environ {{nombre|10000|ans}}<ref name=IberianOrigins>{{Article|langue=en|nom1=Luís|prénom1=Cristina|et al.=oui|année=2006|titre=Iberian Origins of New World Horse Breeds|périodique=[[Journal of Heredity]]|volume=97|numéro=2|url=http://jhered.oxfordjournals.org/cgi/content/full/97/2/107|pages=107–113|doi=10.1093/jhered/esj020 |pmid=16489143}}.</ref>{{,}}<ref name=Buck>{{Article|langue=en|nom1=Buck|prénom1=Caitlin E.|nom2= Bard|prénom2=Edouard|année=2007|titre=A calendar chronology for Pleistocene mammoth and horse extinction in North America based on Bayesian radiocarbon calibration |journal=[[Quaternary Science Reviews]]|volume=26|numéro=17-18|doi=10.1016/j.quascirev.2007.06.013|pages=2031}}.</ref>. Ce clade survit en [[Eurasie]], tous les chevaux domestiques semblent en être issus<ref name=Weinstock/>. Tous les équidés ayant disparu du [[Amérique|continent américain]], la question des raisons qui lui ont épargné ce sort sur le [[Eurasie|continent eurasien]] se pose. La domestication de l'espèce pourrait l'avoir sauvée de l'extinction<ref name="Budiansky1997">{{Ouvrage|langue=en|titre=The Nature of Horses|nom1=Budiansky|prénom1=Stephen|année=1997|éditeur=Free Press|lieu=New York|isbn=0-684-82768-9}}.</ref>. Les conditions environnementales sont un peu plus favorables à la survie des équidés en Eurasie qu'en Amérique, mais des facteurs de stress y conduisent néanmoins à l'extinction du [[mammouth]], et une raréfaction des chevaux. Quelque {{unité|8000|ans}} avant notre ère, date approximative d'extinction des équidés dans les Amériques, un début de domestication des chevaux utilisés comme source de nourriture en Eurasie pourrait avoir contribué à préserver l'espèce<ref name="Budiansky1997"/>, du fait de son maintien en captivité.

Les chevaux montrent peu de structure [[Phylogéographie|phylogéographique]], ce qui reflète probablement leur degré élevé de mobilité et d'adaptabilité<ref name=Weinstock/>. Leur morphologie évolue pour s'adapter à leur environnement : ils gagnent ou perdent en taille selon que les conditions climatiques sont favorables ou défavorables, ont des [[pied (cheval)|sabots]] plus étroits si le sol est dur, le museau court si le climat est froid, des os légers si le climat est sec, etc<ref>{{harvsp|Eisenmann|1997|p=83-34}}.</ref>. Des conditions climatiques similaires tendent à donner des chevaux semblables<ref name="Eisen1997">{{harvsp|Eisenmann|1997|p=84}}.</ref>.

=== Interactions avec les humains ===
[[Fichier:Magdalenian horse.jpg|vignette|Tête de cheval du [[magdalénien]].]]
La domestication du cheval n'est pas la première réalisée par l'être humain, celle-ci intervenant plus tard que chez [[Domestication du chien|le chien]], le mouton, l'âne, le porc ou encore [[domestication de Bos taurus|le bœuf]]<ref name="Guillaume203">{{harvsp|Guillaume|2010|p=203}}.</ref>. Une opinion populaire tend à la placer dans un foyer unique des steppes d’[[Asie centrale]] il y a {{nombre|10000|ans}}. Elle est vraisemblablement plus tardive, et issue de différents foyers<ref>Encyclopaedia universalis France, 2002, {{p.|93}}.</ref>.

==== Chasse ====
Les chevaux sauvages de l'ère glaciaire, très abondants grâce à la présence de vastes prairies dégagées, sont chassés en Europe, dans les steppes eurasiennes et en [[Amérique du Nord]] par les premiers humains modernes. Ils sont ensuite consommés, devenant une source de [[protéine]]s. Ce rapport proie-prédateur marque la plus grande partie de l'histoire commune de l'Homme et du cheval<ref>{{Ouvrage|langue=en|titre=Documenting Domestication|auteur=Melinda A. Zeder|éditeur=University of California Press|année=2006|isbn=0520246381|lire en ligne={{Google Livres|EaVTxjrbIFQC|page=257}}|passage=257, 258, 265}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Anthony|2007|p=199, 220}}.</ref>. Attestée dès le [[Paléolithique inférieur]], l'[[hippophagie]] est l'un des premiers modes d'alimentation humaine carnée<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Marsha A.|nom1=Levine|titre=Eating horses: the evolutionary significance of hippophagy|périodique=Antiquity|éditeur=Portland Press|lieu=Colchester|numéro=275|volume=72|année=1998|passage=90-100|issn=0003-598X}}.</ref>. Le cheval est très consommé au [[Paléolithique supérieur]], la découverte d'ossements sur de nombreux sites [[archéologie|archéologiques]] (en [[Palestine (région)|Palestine]] par exemple) le prouve. Par ailleurs, des [[art pariétal|peintures pariétales]] retrouvées en [[Europe]] indiquent à quoi ces animaux ressemblent<ref name="Olsen1996">{{harvsp|Olsen|1996|p=}}.</ref>.

==== Culture préhistorique ====
Les équidés sont représentés et privilégiés dès les débuts de l'art préhistorique, il y a près de {{nombre|35000|ans}}, soit bien avant leur domestication<ref>{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=}}.</ref>, en particulier dans le Sud-Ouest de l'Europe<ref name="Praneuf136">{{harvsp|Praneuf|2002|p=136}}.</ref>. Ils sont présents dans les pratiques les plus diverses, allant du [[Rite funéraire|culte des morts]] aux peintures de la [[grotte Chauvet]], de [[grotte de Lascaux|Lascaux]] ou d'[[Grotte d'Altamira|Altamira]]<ref name="Edwards12"/>. Ces représentations témoignent d'une bonne connaissance anatomique des animaux, et d'une habitude de les observer. Le cheval pourrait de ce fait avoir eu très tôt une [[symbolique du cheval|place symbolique]] de premier plan, puisqu'il est l'un des animaux les plus représentés dans l'[[art préhistorique]]<ref name="Wagner2005p49">{{Ouvrage|auteur1=[[Marc-André Wagner]]|titre=Le cheval dans les croyances germaniques : paganisme, christianisme et traditions|éditeur=Champion|année=2005|volume=73|titre volume=Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge|pages totales=974|passage=49|isbn=9782745312167|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=sVC1AAAAIAAJ}}.</ref>. Représenter le cheval davantage que d'autres animaux tout aussi, sinon plus abondants, est un choix, mais en l'absence de preuves pour en connaître les raisons, bon nombre d'interprétations sont proposées<ref>{{harvsp|Pigeaud|2001|p=}}.</ref>, dont celle d'un rituel de chasse et celle de représentations [[chamanisme|chamaniques]] (selon la théorie de [[Jean Clottes]] reprise par [[Marc-André Wagner]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Marc-André Wagner]]|titre=Dictionnaire mythologique et historique du cheval|collection=Cheval chevaux|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|année=2006|pages totales=201|passage=182|isbn=9782268059969}}.</ref>). Quoi qu'il en soit, les chevaux revêtent déjà probablement une « fonction [[métaphysique]] ou symbolique », [[André Leroi-Gourhan]] évoquant une possible expression de [[Études de genre|dualisme sexuel]], le cheval étant vu comme un animal masculin carvif et rapide. [[Annette Laming-Emperaire]] y voit au contraire un animal féminin<ref name="Praneuf136"/>.

== Apprivoisement et proto-élevage ==
[[Fichier:Grazend Bees.jpg|vignette|droite|Poneys Konik en liberté, vraisemblablement proches des chevaux côtoyés par les peuples préhistoriques eurasiens.]]
Les peuples traditionnels de [[Chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] ont systématiquement [[apprivoisement|apprivoisé]] des animaux issus d'espèces sauvages, généralement en élevant un bébé animal dont les parents ont été tués. Ces animaux ne sont pas nécessairement « domestiqués ��. La domestication du cheval, selon la définition qu'en donne le [[musée départemental de Préhistoire d'Île-de-France]], comprend la protection des animaux contre les rigueurs du climat et leurs [[Prédation|prédateurs]], leur [[alimentation des équidés|nourrissage]] (qui les sociabilise), et le contrôle sur [[reproduction du cheval|leur reproduction]] par la sélection des géniteurs. Les peuples des steppes ont vraisemblablement acquis de solides connaissances du [[Comportement du cheval|comportement de cette espèce]]<ref name="Larousse"/>, cette longue cohabitation entre hommes et chevaux a pu aboutir à une prise de conscience de leur intérêt économique<ref name="Musée52"/>. Celle-ci pourrait résulter d'une rencontre entre chasseurs-cueilleurs des steppes et colons à la recherche de nouvelles terres<ref>{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=42}}.</ref>. Vers 5500-5000 {{av JC}}, des colons maîtrisant l'[[agriculture]] et l'[[élevage]] (en particulier celui des [[bos taurus|bovins]]) se déplacent depuis les actuelles [[Moravie]] et [[Slovaquie]] en adoptant certaines pratiques des peuples indigènes qu'ils rencontrent<ref>{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=44}}.</ref>. Ils croisent des peuples forestiers (biotope dont le cheval est absent), puis auraient rencontré des chasseurs de chevaux dans la [[Prairies, savanes et terres arbustives tempérées|steppe]], ce qui réunit des conditions favorables à la domestication d'une nouvelle espèce<ref name="Musée45"/>.

=== Datation des premiers apprivoisements ===
[[Fichier:Horse culture.jpg|vignette|Chronologie de la domestication.]]
Un différend existe parmi les spécialistes au sujet de la définition de la [[domestication]], une théorie suggérant qu'elle doit inclure des changements physiologiques associés à un [[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]] en captivité, et pas seulement un « [[apprivoisement]] ». James Downs distingue l'apprivoisement — ''{{lang|en|pet keeping}}'' — (qu'il voit comme une pratique universelle) et la domestication (qui ne pourrait selon lui apparaître que dans certaines sociétés), tandis que [[Jean-Pierre Digard]], parmi d'autres, voit dans la domestication la continuité logique de l'apprivoisement, ajoutant que certaines sociétés s'arrêtent à l'apprivoisement, tandis que d'autres poussent vers les plus hauts degrés de la domestication<ref>{{harvsp|Digard|2009|p=201}}.</ref>.

D'après les ouvrages de vulgarisation, les chevaux sont réellement apprivoisés {{unité|6000|ans}} avant notre ère<ref>Daniel Lacotte, ''Le Pourquoi du comment'', Volume 3, Albin Michel, 2008, {{ISBN|2-226-19683-8|978-2-226-19683-5}}, p. « Les chevaux dorment-ils vraiment debout ? ».</ref>. Un « proto-élevage » a peut-être existé dès la fin du [[Paléolithique]], ce qui expliquerait la fréquence de représentation des chevaux dans l'art<ref name="Guillaume192"/>.

=== Raisons de la domestication ===
[[Fichier:Family Band 2011.jpg|vignette|gauche|Troupeau de [[Sorraia]], race portugaise dont le type primitif est également proche des premiers chevaux domestiques.]]
Les raisons de la domestication du cheval sont mal définies. L'alimentation est longtemps citée comme le principal, sinon l'unique motif. [[Jean-Pierre Digard]] met l'accent sur « la volonté de contrôler la nature et les êtres qui la peuplent »<ref name="Musée52"/>. Le [[jeu]], la [[religion]] ou le [[totémisme]], le prestige et l’intérêt militaire et utilitaire sont également cités<ref name="Larousse">Pierre-François Puech et Bernard Puech, « Le cheval et l'histoire humaine » dans encyclopédie Larousse, 24 novembre 2011 {{lire en ligne|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Laroussefr_-_Article/11025249}}.</ref>. Les ossements de chevaux retrouvés lors de fouilles permettent de distinguer deux grands rôles qui leur sont dévolus durant les premiers temps de la domestication : la [[hippophagie|consommation]] (garder des chevaux comme source de nourriture) et la réalisation de [[rite|rituels]] incluant un [[sacrifice du cheval|sacrifice]] (dans lesquels le cheval tient une place centrale)<ref name="Musée47">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=47}}.</ref>.

Les qualités du cheval lui permettent une rapide reconnaissance et une forte diffusion dans les sociétés humaines : deux fois plus rapide qu'un [[bœuf (animal)|bœuf]] au pas et dix fois plus qu'un homme à pied<ref name="Musée49">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=49}}.</ref>, il est bâti pour la course<ref name="Musée50">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=50}}.</ref>. Sa morphologie se révèle particulièrement adaptée à la mise en place d'un système de contrôle avec des lanières et un mors. C'est, de plus, un animal [[Grégarisme|grégaire]] respectant un rapport hiérarchique, son cavalier ou cocher pouvant donc prendre<ref group="Note">Une légende tenace veut que le cheval obéisse à l'homme parce qu'il le voit sept fois plus gros qu'il n'est en réalité : elle est fausse, les chercheurs n'ayant trouvé aucun « grossissement » particulier dans la vision du cheval.</ref> la place du dominant. Enfin, le cheval est particulièrement énergique et généreux dans l'effort<ref name="Musée51">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=51}}.</ref>. Un autre avantage du cheval sur d'autres animaux domestiqués comme montures, tels que le [[Rangifer tarandus|renne]], réside dans l'absence de [[migration animale|migration]] saisonnière des troupeaux<ref name="Edwards12"/>.

==== Équitation de travail et de chasse ====
Les découvertes les plus récentes autour de la culture de Botaï témoignent d'une possible maîtrise précoce de l'[[équitation]] de chasse, les chevaux étant peut-être montés afin de poursuivre des herbivores rapides et d'autres chevaux à la chasse<ref name="Larousse"/>. D'autres animaux consommables sont domestiqués avant le cheval (chèvres, moutons, porcs et bœufs), l’intérêt de la domestication pour obtenir des ressources alimentaires est donc déjà connu. Les populations humaines ayant accès à de la [[viande]], du [[lait]], de la [[laine]] et des animaux de trait ne ressentent pas forcément la nécessité d'apprivoiser des chevaux en plus<ref>{{en}} S. Bokonyi, « ''The Earliest Waves of domestic Horses in East Europe'' », J.I.E.S., 1978, {{p.|17-76}}.</ref>. De ce fait, l'[[équitation de travail]] (gardiennage de troupeaux de bovins et d'ovins)<ref name="Musée52"/> et la chasse sont de possible facteurs de motivation à domestiquer les chevaux.

==== Viande et lait ====
{{Article connexe|Hippophagie}}
Les chevaux gardés en captivité constituent une réserve de viande facilement accessible aux populations humaines, aussi la volonté d'obtenir une source de nourriture est-elle longtemps citée comme le principal motif amenant à leur domestication<ref name="Simoons168-69">{{Ouvrage|langue=en|titre=Eat not this Flesh, Food Avoidances from Prehistory to Present|prénom1=Frédéric J.|nom1=Simoons|éditeur=University of Wisconsin Press|année=1994|pages totales=550|isbn=978-0-299-14254-4|isbn2=978-0-299-14250-6|oclc=29877776|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=JwGZTQunH00C|passage=168-169}}.</ref>. Les chevaux ont peut-être été considérés comme « du gibier noble », à moins que la consommation de leur viande ait revêtu une signification [[rite|rituelle]], celle d'une transmission des vertus de l'animal à qui en consomme, en lien avec le [[chamanisme]]. Des croyances religieuses vivaces, dont une preuve de pérennité est la présence de très nombreux cultes « païens » autour de la [[viande de cheval]], en attestent<ref name="Guillaume192">{{harvsp|Guillaume|2010|p=192-193}}.</ref>. Le [[lait de jument]] est vraisemblablement consommé lui aussi<ref name="Musée47"/>.

==== Victoire symbolique ====
{{Encadré
|titre=Jacques Bril dans ''[[Lilith]], ou La mère obscure''
|contenu=La grande victoire que représente la domestication du cheval, au fond, n'est pas une victoire sur l'animal ; elle est victoire sur la terreur qu'il a, du fond des âges, inspirée à l'homme<ref name="Bril">Jacques Bril, ''Lilith, ou, La mère obscure'', volume 65 de Bibliothèque scientifique, Payot, 1981, p. 107.</ref>.}}
L'aspect [[symbolique du cheval]] permet aussi de fournir une piste de réponse aux raisons de sa domestication. Les bœufs, [[domestication de Bos taurus|domestiqués avant]] lui, sont alors au centre de cultes et de symbolismes. En raison de leurs similitudes (taille, vie grégaire, régime herbivore, vitesse de course…), le cheval a pu être crédité des mêmes qualités, ce qui aurait poussé à tenter de le domestiquer<ref name="Musée45">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=45}}.</ref>.

Sophie Bridier note le grand nombre de mythes et de légendes qui associent le cheval à la [[mort]] et au [[cauchemar]], supposant que sa domestication est une manière de vaincre les peurs face à un grand animal imprévisible, rapide et au hennissement puissant, d'où peut-être l'expression de « plus belle conquête de l'homme »<ref name="Bridier"/>. Le doctorant en littérature grecque [[Jacques Desautels]] rejoint cet avis, puisqu'il note que les chevaux violents et nerveux sont qualifiés par les anciens Grecs de ''gorgos'', soit {{citation|terrifiants, inquiétants, dont les yeux reflètent un éclat diabolique}}. La violence et la puissance dont ces animaux peuvent faire preuve avant d'être parfaitement domestiqués inquiète. Le mythe grec de [[Pégase]] renvoie ainsi, selon Desautels, à l'apaisement par la domestication d'un [[animal sauvage]], terrifiant et violent<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Dieux et mythes de la Grèce ancienne|sous-titre=la mythologie gréco-romaine|auteur1=[[Jacques Desautels]]|lieu=Québec|éditeur=Presses Universitaires de Laval|année=1988|pages totales=648|isbn=978-2-763-77153-3|isbn2=2-763-77153-X|oclc=18641725|bnf=FRBNF37663928|lire en ligne=https://books.google.com/books?hl=fr&id=Slty7Pa0w5oC&dq=9782763771533&q=P%C3%A9gase#v=snippet&q=P%C3%A9gase&f=false|passage=275, 407}}.</ref>.

=== Socialisation des animaux ===
[[Fichier:Konik polski 2.jpg|vignette|gauche|Un [[poulain]] de race [[konik]].]]
Certains [[poulain]]s ont pu être gardés comme des animaux domestiques, tandis que les chevaux adultes auraient été abattus pour leur [[viande de cheval|viande]]. Les poulains sont relativement petits et faciles à manipuler. [[Grégarisme|Grégaires]], ils ont besoin de compagnie pour prospérer. Les données historiques et modernes montrent que les poulains peuvent se rapprocher des humains et d'autres animaux domestiques pour répondre à leurs [[Comportement du cheval|besoins sociaux]]. Ainsi, la domestication a peut-être commencé avec de jeunes chevaux gardés comme animaux de compagnie sur une période de quelques années, précédant la grande découverte que ces animaux peuvent être montés et mis au travail. Les chevaux répondent aux six critères de [[Jared Diamond]] concernant le bétail domestiqué : ils ont une alimentation flexible, un taux de croissance raisonnablement rapide, la capacité à se reproduire en captivité, une disposition agréable, sont peu enclins à la panique et ont une hiérarchie sociale modifiable. On pourrait faire valoir qu'ils ont volontairement choisi de vivre en étroite proximité avec les humains<ref name="Diamond1997"/>. Enfin, ils sont naturellement gourmands et curieux malgré leur nature d'herbivores craintifs, ce qui permet aux Hommes de les approcher<ref name="Musée51"/>.

<!--Passage non-sourcé traduit depuis version anglaise : Les chercheurs se tournent vers des exemples historiques afin de reconstituer la manière dont la domestication s'est produite. Par exemple, les [[Amérindiens]] commencent à capturer et monter des chevaux au {{s|XVI}}, mais la plupart des tribus n'exercent pas un contrôle important sur leur [[reproduction du cheval|reproduction]], les chevaux gardent un [[génotype]] et un [[phénotype]] adaptés aux différents [[biotope]]s dans lesquels ils sont gardés par les hommes, les éloignant du résultat d'un [[élevage sélectif]] tel que défini par les normes modernes. Ils sont néanmoins « domestiqués ».-->

== Preuves archéologiques ==
[[Fichier:Britishmuseumdevehuyuksnafflebit.jpg|vignette|Les artefacts anciens retrouvés lors de fouilles (ici, un mors en [[bronze]] daté du {{-s|V}} et retrouvé à [[Deve Huyuk]]) attestent de la domestication du cheval.]]
La date de [[XLe siècle av. J.-C.|4000 {{av JC}}]] est reconnue comme la plus vraisemblable pour parler d'une véritable « domestication » du cheval, comprenant l'apparition d'usures dentaires liées au port du [[mors (équitation)|mors]], des changements dans les pratiques d'[[abattage]], dans l'économie humaine et les types de peuplement, des représentations de chevaux en tant que symboles de pouvoir grâce aux [[artéfact (archéologie)|artefacts]], et l'apparition d'ossements équins dans des [[tombe]]s<ref name="Anthony2007"/>. Les changements mesurables dans la taille et l'augmentation de la variabilité associés à la domestication se produisent plus tard, vers 2500 à 2000 {{av JC}}, comme le prouvent les vestiges découverts sur le site de Csepel-Haros, en [[Hongrie]], parmi la [[culture campaniforme]]<ref name="Benecke et von den Dreisch 2003">{{en}} Norbert Nenecke, « ''Horse exploitation in the Kazakh steppes during the Eneolithic and Bronze Age'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=69-82}}.</ref>.

Les preuves archéologiques de la domestication des chevaux consistent essentiellement en des vestiges d'animaux dans des tombes humaines, des changements dans l'âge et le sexe des chevaux abattus, l'apparition de [[corral]]s, d'équipements tels que le [[mors (équitation)|mors]] ou autres types de [[Harnachement du cheval|harnachements]], des animaux enterrés avec un équipement qui leur est destiné (tel qu'un [[char]]), des représentations de chevaux montés, attelés ou mis au travail, ainsi qu'un symbolisme d'animal de pouvoir.

=== Chars et chariots ===
{{Article connexe|Culture d'Andronovo}}
L'une des moins anciennes, mais aussi des plus évidentes preuves de domestication provient de sites de fouilles d'où les ossements équins sont mêlés à des restes de chariots. Seize tombes de ce type appartiennent aux cultures de [[Culture de Sintachta|Sintachta]] et de [[Petrovka (Russie)|Petrovka]], dans les [[Steppe eurasienne|steppes]] près de l'Oural (une région partagée désormais entre le Sud de la [[Russie]] et le Nord du [[Kazakhstan]]). Le site de Petrovka est plus tardif que Sintachta, dont il est vraisemblablement issu. Les deux ensembles remontent à 2100-{{nobr|1700 ans}} avant notre ère<ref name="Anthony2007"/>{{,}}<ref name="Kuznetsov2006">{{Article|langue=en|nom1=Kuznetsov|prénom1=P. F.|année=2006|titre=The emergence of Bronze Age chariots in eastern Europe|périodique=[[Antiquity (revue)|Antiquity]]|volume=80|pages=638–645|url=http://antiquity.ac.uk/ant/080/ant0800638.htm}}.</ref>. Quelques-unes de ces tombes contiennent les restes de huit chevaux sacrifiés, placés dans, au-dessus et à côté de la tombe. Des traces d'utilisation de chariots funéraires se retrouvent dans la [[culture d'Andronovo]], vers le {{-mi|II}}<ref>{{en}} Nicola Di Cosmo, « The Northern Frontier in Pre-Imperial China », dans {{Ouvrage|langue=en|titre=The Cambridge history of ancient China : from the origins of civilization to 221 B.C|prénom1=Michael|nom1=Loewe|auteur2 = [[Edward L. Shaughnessy]] |lieu=Cambridge, UK New York|éditeur=Cambridge University Press|année=1999|pages totales=1148|isbn=978-0-521-47030-8|isbn2=0-521-47030-7|oclc=37361770|passage=903-904}}.</ref>.

=== Modifications du squelette ===
[[Fichier:SqueletteChevalChauveau1990.jpg|vignette|[[Squelette]] d'un cheval domestique.]]
Certains chercheurs ne considèrent pas un animal comme « domestiqué » avant qu'il ne montre des changements physiques associés à l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]], ou du moins avant qu'il ne soit né et ne grandisse entièrement en captivité : les animaux pris à l'état sauvage sont considérés comme « [[wikt:apprivoisement|apprivoisés]] ».

Les premiers changements visibles sur les os équins remontent à {{nombre|2500|ans}} {{av JC}}, dans l'Est de la [[Hongrie]], et plus tard à l'[[âge du bronze]] sur différents sites de steppes russes, en [[Espagne]] et en [[Europe de l'Est]]<ref name="Benecke et von den Dreisch 2003"/>{{,}}<ref name="Bökönyi1978">{{harvsp|Bökönyi|1978|p=17-76}}.</ref>. Une augmentation de la variabilité s'observe, témoignant de soins humains prodigués à des chevaux plus grands ou plus petits que ceux qui vivent à l'état sauvage, ainsi qu'une diminution de la taille moyenne, reflétant sans doute des restrictions alimentaires. Les populations de chevaux qui montrent cette combinaison de changements squelettiques sont probablement domestiquées. La plupart des données suggèrent que le contrôle humain se renforce nettement sur les chevaux environ {{unité|2500|ans}} avant notre ère. Toutefois, plus récemment, des restes retrouvés dans un site du [[Kazakhstan]] présentent des membres plus minces, caractéristiques d'animaux parqués, à la date de {{unité|3500|ans}} avant notre ère<ref name="cbc.ca"/>.

=== Usure des dents ===
La présence d'usure des [[dent]]s suggère qu'un cheval a été monté ou conduit à la main en portant un [[mors (équitation)|mors]]. La première preuve provient d'un site du [[Kazakhstan]], remontant à {{unité|3500|ans}} avant notre ère<ref name="cbc.ca"/>. Mais les chevaux peuvent aussi être montés et contrôlés sans mors, en utilisant une [[muserolle]] ou un [[hackamore]], outils encore utilisés de nos jours. L'absence d'usure des dents du cheval n'est donc pas une preuve contre la domestication, ces matériaux ne produisent pas de changements physiologiques significatifs et ne sont pas susceptibles d'être conservés pendant des millénaires.

L'utilisation régulière d'un [[mors (équitation)|mors]] pour contrôler le cheval peut créer des facettes d'usure ou des biseaux sur les coins antérieurs des [[prémolaire]]s<ref name="Musée51"/>. La forme de la bouche du cheval fait que le mors est porté dans la « barre », un espace interdentaire entre les [[incisive]]s (et éventuelles [[canine]]s atrophiées pour les étalons) et les prémolaires. Le mors doit être manipulé par un humain, le cheval peut aussi le déplacer avec sa [[langue]], touchant ainsi ses dents. Ce port cause l'abrasion du bord antérieur des prémolaires si le cheval fait bouger le mors entre ses dents<ref name="Brown1998">{{harvsp|Brown|Anthony|1998|p=331–347}}.</ref>{{,}}<ref name="Bendry2007">{{harvsp|Bendry|2007|p=1036–1050}}.</ref>, ou en raison de pressions de la part de l'homme qui tient l'animal en main.

Des expériences modernes ont montré que les mors organiques, de corde ou de cuir, peuvent créer des usures importantes, et que les facettes de {{unité|3|mm}} de profondeur ou plus ne figurent pas sur les prémolaires des [[cheval sauvage|chevaux sauvages]]<ref name="Anthony2006">{{harvsp|Anthony|Brown|George|2006|p=137-156}}.</ref>. D'autres chercheurs nuancent toutefois ces résultats<ref name="Levine1999"/>.

=== Tombes et rites mortuaires ===
{{Article connexe|Culture de Khvalynsk|culture de Samara}}
Le plus ancien indicateur archéologique possible d'un changement de relations entre les chevaux et les humains est l'apparition vers 4800 à 4400 av. J.-C. d'os de chevaux et d'images sculptées dans les tombes de la culture [[Âge du cuivre|chalcolithique]] de Khvalynsk, et de la [[culture de Samara]], dans la région centrale de la [[Volga]] en [[Russie]]. Le cimetière de [[Khvalynsk]] recèle les restes de sacrifices d'animaux domestiques<ref name="Musée48">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=48}}.</ref>. Dix tombes contiennent des parties inférieures de jambes chevalines, deux d'entre elles contiennent aussi les os de bovins et de moutons domestiques. Au moins {{nobr|52 brebis}} ou chèvres domestiques, {{nobr|23 bovins}} domestiques, et {{nobr|11 chevaux}} ont été sacrifiés à Khvalynsk. L'inclusion des chevaux avec des bovins et des ovins et l'exclusion des animaux sauvages suggère de toute évidence que les chevaux sont classés symboliquement parmi les animaux domestiques<ref name="Anthony188">{{harvsp|Anthony|2007|p=188-191}}.</ref>.

Au S'yezzhe, un cimetière contemporain de la culture de Samara, les restes de deux chevaux ont été placés au-dessus d'un groupe de tombes humaines. La paire de chevaux est représentée par la tête et les sabots, probablement à l'origine attachés aux cuirs. Le rituel même utilise la peau de la tête et les os de la jambe comme un symbole pour l'ensemble des animaux, il a été employé pour de nombreux bovins domestiques et des sacrifices de moutons à Khvalynsk. Des représentations de chevaux sculptées dans des os sont placées au-dessus du sol du dépôt d'ocre de S'yezzhe, et le phénomène se reproduit sur plusieurs autres sites de la même période, dans la région de la Volga. Ensemble, ces indices archéologiques suggèrent que les chevaux ont une importance symbolique dans les cultures Khvalynsk et Samara, et qu'ils sont associés au bétail et aux moutons domestiques<ref name="Anthony188"/>. Dans les [[Carpates]], des pieds de chevaux donnés en offrande ont été retrouvés dans des tombes<ref name="Musée56">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=56}}.</ref>. Un autre site d'importance est celui de [[Dereivka]], dans l'actuelle [[Ukraine]], au début du {{-mi|IV}}, des animaux y sont inhumés sous des [[tumulus|tumuli]]<ref name="Musée46">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=46}}.</ref>.

=== Corrals et enclos ===
Sandra Olsen, du [[Musée Carnegie d'histoire naturelle]], a trouvé des couches de [[crottin de cheval]] jetées dans des fosses inutilisées<ref name="French2003">{{en}} Charly French, « ''Geomorphological and micromorphological investigations of paleosols, valley sediments, and a sunken-floored dwelling at Botai, Kazakstan'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=105-114}}.</ref>. La collecte et l'élimination du crottin de cheval laissent à penser que les animaux ont été confinés dans un [[corral]] ou autre enclos. Un corral, daté de 3000-3500 avant notre ère, a été identifié à [[Culture de Botaï|Krasnyi Yar]] par un motif de trous dans des poteaux doublé d'une clôture circulaire, le sol à l'intérieur de la clôture recelant dix fois plus de [[phosphore]] que les sols extérieurs. Le phosphore peut indiquer des restes de [[fumier]]<ref name="Olsen2006">{{en}} Sandra L. Olsen, « ''Geochemical evidence of possible horse domestication at the Copper Age Botai settlement of Krasnyi Yar, Kazakhstan'' », conférence de la Geological Society of America Annual Meeting, 23 octobre 2006.</ref>.

=== Harnachement ===

Des objets perforés en corne animale, découverts à Dereivka et autres sites contemporains de Suvorovo, ont été identifiés comme faisant partie d'un mors<ref name="Kuzmina2003"/>. Cette identification n'est plus largement acceptée, les objets en question n'ayant pas été retrouvés associés à des ossements de chevaux<ref name="Dietz1992">{{Article|langue=de|nom1=Dietz|prénom1=Ute Luise|année=1992|titre=Zur Frage vorbronzezeitlicher Trensenbelege in Europa|périodique=Germania|volume=70|numéro= 1|pages=17–36|issn=0016-8874}}.</ref>. Cependant, grâce à des études d'usure microscopique, il a été établi que la plupart des outils en os retrouvés à [[culture de Botaï|Botaï]] ont été utilisés pour des lanières en cuir brut lisses. Des lanières de cuir brut auraient été utilisées pour la fabrication de cordons en cuir brut et de cordes, utiles pour le [[Harnachement du cheval|harnachement des chevaux]]<ref name="Olsen2003" />. Des objets similaires sont connus dans de nombreux foyers de la steppe, mais la façon dont ces lanières ont été utilisées reste peu claire. Les plus anciens artefacts clairement identifiés comme étant des mors pour chevaux sont des bois de cervidés liés à l'invention du [[char]], sur le site de [[Culture de Sintachta|Sintachta-Petrovka]]. Au [[Âge du cuivre|Chalcolithique]], des mors en bois de cerf sont employés dans la [[nécropole d'Ostorf]], en Allemagne<ref>Bulletin du Musée d'anthropologie préhistorique de Monaco, Numéro 49, Impr. nationale de Monaco., 2009, {{p.|91-96}}.</ref>.

== Origines des chevaux domestiques ==
On suppose depuis longtemps que les chevaux domestiques sont originaires d'un unique foyer de domestication<ref name="Guillaume71"/>. La [[Mongolie]] est citée au {{s|XIX}}, en raison des traditions cavalières très anciennes des Mongols, et de la présence du [[cheval de Przewalski]]. L'Orient l'est également du fait que les plus anciennes domestications (caprins, ovins, bobins, porcins) y sont attestées. Avec les découvertes sur les [[Indo-Européens|cultures indo-européennes]], les hypothèses actuelles s'orientent plutôt vers les populations de la culture [[kourgane]], qui emploient l'animal en [[XXVe siècle av. J.-C.|2500 {{av JC}}]]<ref name="Guillaume71">{{harvsp|Guillaume|2010|p=71}}.</ref>. [[Franz Hančar]] attribue au cheval domestique une origine européenne, en 1955<ref>{{de}} Franz Hančar, ''Das Pferd in prähistorischer und früher historischer Zeit'', Vienna-Munich, 1955.</ref>.

Les multiples découvertes d'éventuels foyers de domestication, ainsi que des recherches génétiques du début des années 2000 qui ont montré une importante [[diversité génétique]] des chevaux actuels, ont suggèré l'existence de pluieurs foyers de domestication anciens<ref>{{harvsp|Arbogast|2002|p=présentation éditeur}}.</ref>, par exemple de trois types ou [[sous-espèce]]s de chevaux différentes. La domestication s'est vite répandue, mais d'après [[Jared Diamond]], aurait pu concerner une seule culture ayant transmis ses techniques et ses méthodes d'élevage aux autres<ref name="Diamond1997"/>. Mais une étude génétique publiée en 2012 suggère cette fois que la domestication du cheval provient de la partie occidentale des [[steppe]]s eurasiennes<ref name="PortoAlegre"/>. La question de savoir si le cheval a été domestiqué en un unique lieu avant de voir son utilisation se répandre, où s'il l'a été indépendamment par différents peuples en différents lieux, est en partie résolue<ref name="Vilà">{{harvsp|Vilà|2001|p=474-477}}.</ref>. Différents lignages de chevaux désormais éteints existent à l'époque de la domestication, dont l'un en [[Péninsule Ibérique|Ibérie]], l'autre en [[Sibérie]], mais aucun n'a contribué de manière significative à la diversité génétique du cheval moderne{{sfn|Fages|Hanghøj|Khan|Gaunitz|2019|p=}}.

Sur une très longue période, les chevaux sauvages côtoient des animaux domestiqués. Les variations de l'[[Génome mitochondrial|ADN mitochondrial]] déterminent ce qu'on appelle l'[[haplogroupe]], soit un groupe étroitement lié d'[[haplotype]]s qui partagent le même ancêtre commun. Chez les chevaux, sept haplogroupes principaux sont reconnus (AG), chacun avec plusieurs sous-groupes. Plusieurs haplogroupes sont inégaux dans leur distribution, ce qui indique l'ajout de juments locales sauvages au cheptel domestiqué<ref name="Jansen2002"/>{{,}}<ref name="Vilà"/>{{,}}<ref name=Lira/>{{,}}<ref name=priskin/>{{,}}<ref name=Cai/>. L'un de ces haplotypes (Lusitanien groupe C) est exclusif à la [[péninsule Ibérique]], conduisant à l'hypothèse que la péninsule ibérique ou l'[[Afrique du Nord]] ont connu une domestication du cheval indépendante<ref name=Lira/>.

Finalement, en octobre 2021, des travaux génétiques publiés dans la revue ''Nature'', fondés sur le séquençage du génome de {{nobr|273 chevaux}} anciens, concluent que les chevaux domestiques modernes sont originaires d'un même lieu, dans la [[steppe pontique]] entre basse [[Volga]] et [[Don (fleuve)|Don]]. Ils datent cette domestication d'il y a environ {{nombre|4200 ans}}<ref>{{Lien web |auteur institutionnel=Le Temps |titre=Découverte. Comment un cheval robuste et docile a conquis la planète |url=https://www.courrierinternational.com/article/decouverte-comment-un-cheval-robuste-et-docile-conquis-la-planete |site=courrierinternational.com |périodique=Courrier international |date=22 octobre 2021 (mis à jour le 23 février 2022)}}</ref>. Ce profil génétique se serait répandu à grande vitesse en raison de l'apparition de variants de deux gènes dans la population domestiquée, l'un impliqué dans l'anatomie dorsale et conférant aux chevaux un dos plus robuste et une plus grande endurance, l'autre augmentant leur docilité<ref name="Librado et al">{{Lien web|langue=en|auteur=Pablo Librado et al.|titre=The origins and spread of domestic horses from the Western Eurasian steppes|url=https://www.nature.com/articles/s41586-021-04018-9|date=20 octobre 2021 |site=nature.com |consulté le=21 octobre 2021}}</ref>.

== Premiers foyers de domestication ==
=== Culture Botaï ===
[[Fichier:Песня жаворонка(3264-2448).jpg|vignette|Les [[steppe eurasiatique|steppes]] aux alentours de [[Kokchetaou]], au [[Kazakhstan]], aujourd'hui cultivées (céréales), où la culture Botaï s'établit à l'époque de la domestication du cheval.]]
{{Article connexe|Culture de Botaï}}
La théorie qui reste la plus largement reconnue concernant le premier foyer de domestication du cheval le plaçait à [[Oblys d'Aqmola|Akmola]] dans le Nord de l'actuel [[Kazakhstan]], au sein des [[chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] de la [[culture de Botaï]], vers 3500 {{av JC}}{{sfn|Outram|2009|p=}}.{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/7926235.stm|titre=Horses tamed earlier than thought|éditeur=BBC News|date=5 mars 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.sciencedaily.com/releases/2018/05/180509185446.htm New research shows how Indo-European languages spread across Asia], sciencedaily.com, 9 mai 2018</ref>. Vers la fin du {{-mi|IV}}, le climat des steppes d'[[Asie centrale]] se fait plus humide et la [[végétation]] se diversifie. Selon les [[Paléogéographie|paléogéographes]] et [[Pédologie (géoscience)|pédologues]], l'herbe peut alors atteindre une hauteur de deux mètres, les steppes abritent des millions de chevaux.

Pour les chasser, les capturer et les garder, il est indispensable de [[équitation|les monter]]<ref name="Olsen2003">{{en}} Sandra L. Olsen, « ''The exploitation of horses at Botai, Kazakhstan'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=83-104}}.</ref>{{,}}<ref name="Anthony and Brown 2000">{{harvsp|Anthony|2000|p=75-86}}.</ref>. Cette nécessité explique une [[Biomorphologie|différence morphologique]] entre les chevaux sauvages et domestiqués : selon le chercheur américain David Anthony, 10 % des dents de chevaux examinées portent des traces de [[Mors (équitation)|mors en os ou en crin]]<ref name="multiple">{{harvsp|Seibert|2005|p=161-163}}.</ref>{{,}}<ref name="CNRS">D’après {{Lien web|auteur1=Jean-Denis Vigne|auteur2=Robin Bendrey|titre=Les plus anciennes traces archéologiques de la domestication du cheval|éditeur=CNRS|url=http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1549.htm|date = mars 2009|consulté le = 18 juillet 2011}}.</ref>. La découverte, en 2006, de vestiges d'enclos renforce l’hypothèse. Autre preuve d'élevage, des traces de ''[[Koumis|kumiz]]'' (lait de jument fermenté) sur des fragments de poterie vieux de {{unité|5600|ans}} environ<ref name="CNRS"/>.

Les sites de la culture Botaï n'ont pas révélé de présence de [[bétail]] ou de [[mouton]]s, le seul autre animal [[domestication|domestiqué]], en plus du cheval, est le [[chien]]. Les colonies comptent entre 50 et {{nobr|150 maisons}} semi-souterraines, les dépôts d'ordures contiennent 65 à 99 % de restes de chevaux<ref name="cbc.ca"/>. Des troupeaux entiers sont abattus par les chasseurs Botaï, apparemment grâce à l'adoption de l'[[équitation]], ce qui expliquerait des techniques de chasse spécialisées et de plus vastes foyers de peuplement. Les chevaux domestiqués ont pu être adoptés à partir de sociétés de pasteurs voisines, dans les steppes à l'ouest de l'[[Oural]]. La culture [[Khvalynsk]] avait des troupeaux de bovins et d'ovins, et peut-être aussi des chevaux domestiqués, {{unité|4800|ans}} avant notre ère<ref name="Anthony and Brown 2000"/>.

D'autres chercheurs contredisent cette domestication, notant que les zoologues n'ont révélé aucun changement de squelette entre les chevaux sauvages et les présumés domestiqués<ref name="Benecke et von den Dreisch 2003"/>, mais aussi que la structure par âge des chevaux abattus à Botaï représente un profil démographique naturel pour des animaux chassés, qui n'est pas le schéma attendu s'ils sont domestiqués et sélectionnés pour l'abattage<ref name="Levine1999">{{harvsp|Levine|1999|p=5-58}}.</ref>. Toutefois, ces arguments ont été publiés avant la découverte d'un corral à Krasnyi Yar, et celle d'un tapis de [[crottin de cheval]] sur deux autres sites.

Mais d'après une études génétique sur l'ADN ancien des chevaux de Botaï, ces sont vraisemblablement les ancêtres du cheval de Przewalski, et non des chevaux domestiques modernes{{sfn|Fages|Hanghøj|Khan|Gaunitz|2019|p=}}.

=== Steppe pontique ===
{{Article connexe|Hypothèse kourgane|Indo-Européens|Culture de Sredny Stog|Culture de Sintachta}}
La [[culture de Sredny Stog]], en Ukraine, a elle aussi maîtrisé le cheval. Les vestiges sont ceux de [[Dereivka]], un site [[Âge du cuivre|chalcolithique]], daté de 4000 {{av JC}}<ref>{{harvsp|Olsen|1996|p=72-75}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Eisenmann|1997|p=80}}.</ref>, et incluant restes alimentaires, mors présumés en bois de cerf, traces d'usure des dents des chevaux et sépultures rituelles<ref name="LG242"/>. Une [[datation]] au [[spectrométrie de masse|spectromètre de masse]], couplée à un [[accélérateur de particules]], a cependant montré que les os d'un [[Étalon (cheval)|étalon]] dont les dents portaient des traces de port du mors dataient en réalité de l’âge du fer [[Scythes|scythique]]<ref>{{harvsp|Anthony|Brown|1991|p=22-38}}.</ref>, mais d'autres indices penchent en faveur d'une domestication dans les steppes eurasiennes vers 4000-3500 {{av JC}}<ref>{{en}} Mary kilbourne Matossian, ''Shaping World History: Breakthroughs in Ecology, Technology, Science, and Politics (Sources and Studies in World)'', M E Sharpe Inc, mai 1997, {{p.|43}}, {{ISBN|978-0765600622}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://imh.org/legacy-of-the-horse/what-we-theorize-when-and-where-did-domestication-occur/|titre=What We Theorize – When and Where Did Domestication Occur|consulté le=12 décembre 2010|éditeur=International Museum of the Horse}}.</ref>{{,}}<ref name="cbc.ca">{{article|langue=en|titre=Horsey-aeology, Binary Black Holes, Tracking Red Tides, Fish Re-evolution, Walk Like a Man, Fact or Fiction |url=http://www.cbc.ca/quirks/episode/2009/03/07/horsey-aeology-binary-black-holes-tracking-red-tides-fish-re-evolution-walk-like-a-man-fact-or-ficti/|périodique=Quirks and Quarks Podcast with Bob Macdonald |éditeur= CBC Radio|date=2009-03-07|consulté le=2010-09-18}}.</ref>.

L'[[hypothèse kourgane]] suppute, depuis le milieu du {{s|XX}}, que la première domestication des chevaux a eu lieu dans la [[steppe eurasienne]], en [[Ukraine]] et en [[Russie]] du Sud, vers le {{-mi|IV}}<ref name="Guillaume71"/>. Elle a été la plus largement admise, jusqu'à la découverte des sites de la culture Botaï, un peu antérieure et située plus à l'est dans la même steppe.

Une étude publiée en septembre 2021 basée sur l'analyse [[protéomique]] du [[tartre dentaire]] d'individus de la steppe eurasiatique occidentale montre une transition majeure dans la production laitière au début de l'âge du bronze<ref name="Wilkin202109">{{en}} Shevan Wilkin, Alicia Ventresca Miller, Ricardo Fernandes {{etal}}, [https://www.nature.com/articles/s41586-021-03798-4 Dairying enabled Early Bronze Age Yamnaya steppe expansions], nature.com, 15 septembre 2021, doi.org/10.1038/s41586-021-03798-4</ref>. Combinée avec les preuves archéogénétiques qui placent les chevaux des sites de la culture Botaï sur une trajectoire évolutive différente de celle de la lignée domestiquée, l'identification des protéines du [[lait de jument]] tend à replacer l'origine de la domestication des steppes eurasiennes vers la région pontique-caspienne, ce qui confirmerait son implication dans les dispersions steppiques<ref name="Wilkin202109"/>.

Une importante étude publiée en octobre 2021, sur le [[séquençage]] de génomes de {{nobr|273 chevaux}} anciens d'Eurasie, permet de conclure que les chevaux domestiques modernes sont tous les descendants des anciens chevaux de la [[steppe pontique]] entre [[Volga]] et [[Don (fleuve)|Don]], en Europe de l'Est<ref name="Librado et al"/>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Vincent Glavieux|titre=On a déterminé l’origine des chevaux domestiques modernes|url=https://www.larecherche.fr/arch%C3%A9ologie-pal%C3%A9og%C3%A9n%C3%A9tique/d%C3%A9termin%C3%A9-l%E2%80%99origine-des-chevaux-domestiques-modernes|date=20 octobre 2021 |site=Larecherche.com |consulté le=21 octobre 2021}}</ref>. Par ailleurs, d'après cette étude, les chevaux modernes se sont répandus en Europe centrale et occidentale vers environ 2000 à {{nobr|2200 ans}} avant Jésus-Christ, mais pas avant. Cela signifie que l'expansion des chevaux domestiques modernes n'est pas directement liée avec l'expansion indo-européenne vers l'Europe occidentale, qui avait déjà eu lieu un millénaire plus tôt à partir de la [[Culture Yamna|culture de Yamna]], même si la domestication du cheval de type moderne est plus ancienne en Europe de l'Est. En revanche, l'expansion de ces chevaux domestiques modernes est concomitante de l'expansion des premiers [[char]]s de combat à partir de la [[culture de Sintachta]], une culture indo-européenne plus tardive à qui on attribue l'invenion des premiers chars légers avec roues à rayons et à jantes tirés par des chevaux. Elle serait à l'origine d'une seconde vague d'expansion indo-européennes qui a touchée plus particulièrement l'Asie centrale et méridionale. En Europe l'expansion des chevaux domestiques modernes et des chars s'est donc probablement effectuée par des échanges d'animaux, de matériel et de connaissances entre des populations indo-européennes déjà installées et différenciées, alors qu'en Asie elle semble correspondre à l'expansion de la population indo-européenne vers l'est et le sud, apportant avec elle ses animaux et sa technologie<ref name="Librado et al"/>.

=== Anciennes hypothèses abandonnées ===
[[Fichier:Alhabalah in Aseer.jpg|vignette|Paysages montagneux et désertiques de la [[Asir (province)|province d'Asir]] actuelle.]]
Ce qui semble être des traces de [[bride (équitation)|bride]] découvertes en 2011 sur une représentation d'équidé a vu la naissance d'une théorie de domestication {{nombre|7000|ans}} {{av JC}} dans l'actuelle [[Arabie saoudite]], près d’[[Abha (Arabie saoudite)|Abha]] dans la [[Asir (province)|province d'Asir]]<ref>{{Lien web|url=http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Actualite/Une-civilisation-vieille-de-9-000-ans-exhumee-en-Arabie saoudite-_NG_-2011-08-25-703326|titre=Une civilisation vieille de {{unité|9000|ans}} exhumée en Arabie saoudite|éditeur=La Croix|jour=25|mois=aout|année=2011}}.</ref>. D'après les archéologues saoudiens, la civilisation al-Maqar serait très avancée durant la [[Néolithique|période néolithique]], notamment par son artisanat et ses représentations artistiques, incluant un buste d'équidé haut d'un mètre<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-14658678|titre=Saudis 'find evidence of early horse domestication'|éditeur=BBC News|date=24 août 2011|consulté le=30 aout 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.rtbf.be/info/societe/detail_arabie-decouverte-des-traces-d-une-civilisation-vieille-de-9000-ans?id=6642943|titre=Arabie : découverte des traces d'une civilisation vieille de {{unité|9000|ans}}|éditeur=RTBF infos|jour=25|mois=aout|année=2011}}.</ref>. La région est verdoyante à l'époque, grâce à la présence d'un fleuve au lit asséché depuis<ref>{{Lien web|url=http://www.arcinfo.ch/fr/societe/societe-sante/une-ancienne-civilisation-exhumee-579-197730|titre=Une ancienne civilisation exhumée|éditeur=Arcinfo.ch|jour=27|mois=aout|année=2011}}.</ref>. Ali al-Ghabban, vice-président du département des musées et antiquités, indique également que cette civilisation savait embaumer les morts<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/25/97001-20110825FILWWW00341-arabie-une-civilisation-decouverte.php|titre=Arabie: une civilisation découverte|éditeur=''[[Le Figaro]]''|auteur=AFP|jour=25|mois=aout|année=2011}}.</ref>. Cette hypothèse, médiatisée mais à laquelle les spécialistes ont accordé peu de crédit, est aujourd'hui rejetée.

[[Fichier:La Pasiega-Galeria B-Numero 50.png|vignette|gauche|Représentation pariétale de la grotte de {{Lien|fr=grotte de la Pasiega|lang=es|trad=Cueva de La Pasiega|texte=La Pasiega}} sur le mont Castillo.]]
La [[péninsule Ibérique]] recèlerait plusieurs foyers de domestication, peut-être indépendants de celle qui a eu lieu dans les steppes eurasiennes<ref name=Lira/>, au {{-mi|III}}<ref name="Musée58"/>. Le Portugais [[Ruy d'Andrade]] défend déjà cette idée<ref>Elisabeth Della Santa, ''Les figures humaines du Paléolithique supérieur eurasiatique'', De Sikkel, 1947, {{p.|76}}.</ref>. Le vulgarisateur anglais [[Elwyn Hartley Edwards]] note la présence de ce qui semble être un [[harnais]] peint sur un cheval, dans une [[Art pariétal|peinture pariétale]] espagnole datée de {{nombre|15000|ans}} avant notre ère, découverte à la [[grotte d'El Castillo]] à [[Puente Viesgo]] dans l'actuelle [[Cantabrie]]. Il suppose qu'à cette époque, le cheval est déjà employé à divers travaux<ref name="Edwards12">{{harvsp|Edwards|2006|p=12}}.</ref>, mais sa théorie, peu crédible, n'est pas reprise par la communauté scientifique<ref group="Note">Les représentations supposées de harnais ne forment pas une preuve archéologique fiable, en particulier lorsque la date de la peinture pariétale est à ce point éloignée des premières traces archéologiques de domestication.</ref>. Des foyers de domestications distincts sont supposés dès la [[culture campaniforme]] dans le Sud de l'[[Espagne]] et dans le centre du [[Portugal]] actuels. Les chevaux y présentent une diminution de stature et une augmentation de la [[diversité génétique]]<ref>{{harvsp|Arbogast|2002|p=23}}.</ref>. Ces foyers sont proches de l'habitat ancestral des [[Pottok]]ak, l'une des plus anciennes populations chevalines européennes.

== Espèce ou sous-espèces domestiquées ==
[[Fichier:Steppentarpan Equus ferus gmelini.jpg|vignette|Tarpan des steppes (''Equus ferus gmelini''), l'un des ancêtres supposés des chevaux domestiques.]]
Les origines exactes des chevaux domestiques sont peu connues en raison du manque de restes retrouvés et de l'absence de modifications sur le [[squelette]] durant les premières phases de la domestication. Une autre difficulté réside dans la proximité entre chevaux domestiques et sauvages : ces animaux peuvent s'échapper et se réadapter facilement à la vie en liberté<ref group="Note">D'où l'existence de milliers de [[mustang (cheval)|mustangs]] dans les Amériques.</ref>. Il apparaît néanmoins que les chevaux d'Europe sont globalement sauvages jusqu'à la fin de la période [[néolithique]]<ref name="Musée45a">Patrice Méniel, « Les origines incertaines du cheval domestique » dans {{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=45}}.</ref>.

Le [[Cheval|cheval domestique]] est classé comme ''{{lang|la|Equus caballus ferus}}''. Il n'existe plus aucune population de chevaux sauvages n'ayant jamais été domestiquée. Même le [[cheval de Przewalski]], aujourd'hui entièrement sauvage, descend d'une souche anciennement domestiquée par la culture Botaï, mais cette lignée n'est pas l'ancêtre des chevaux domestiques actuels<ref>[http://www2.cnrs.fr/sites/communique/fichier/cp_origine_chevaux_ok.pdf Chamboule - tout dans les origines des chevaux]</ref>. Plusieurs sous-espèces de type ''Equus'' semblent avoir existé, et pourraient être les ancêtres des populations domestiques<ref name="Groves1986"/>.

=== Mode de sélection ===
Une [[Analyse génétique|analyse ADN]] a été réalisée sur différentes races de chevaux par l'[[Université d'Uppsala]]<ref name="Briggs">{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/2129182.stm|titre=Origins of domestic horse revealed|auteur=Helen Briggs|éditeur=BBC News Online|date=16 juillet 2002|consulté le=21 juillet 2009}}.</ref>, il s'agit d'une étude comparative d'[[Génome mitochondrial|ADN mitochondrial]] de chevaux fossiles trouvés dans le pergélisol d'[[Alaska]] et de chevaux actuels de différentes races (191), dont certaines dites primitives. Elle suggère que des chevaux ont été domestiqués à partir de nombreux spécimens, et sûrement issus de plusieurs lieux différents<ref>{{harvsp|Vilà|2001|p=}}.</ref>. La [[diversité génétique]] des chevaux est plus grande que pour les autres animaux domestiques, ce qui suggère une proximité avec l'espèce sauvage originale ou un plus grand nombre de spécimens originaires de la domestication. 
Les différents types de morphologies chevalines sont une combinaison d'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]] et de traits semi-sauvages, les troupeaux domestiques étant à plusieurs reprises réapprovisionnés en [[jument]]s sauvages locales, qui se propagent ensuite hors du premier foyer de domestication supposé, dans la partie occidentale des [[steppe]]s eurasiennes<ref name="PortoAlegre">{{en}} Vera Warmuth, Anders Eriksson, Mim Ann Bower, Graeme Barker, Elizabeth Barrett, Bryan Kent Hanks, Shuicheng Li, David Lomitashvili, Maria Ochir-Goryaeva, Grigory V. Sizonov, Vasiliy Soyonov et Andrea Manica, « ''Reconstructing the origin and spread of horse domestication in the Eurasian steppe'' », Francisco Mauro Salzano, Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Porto Alegre, Brazil, 30 mars 2012, PNAS Direct Submission. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America {{lire en ligne|url=http://www.pnas.org/content/early/2012/05/02/1111122109.full.pdf+html}}.</ref>. 
Les études [[génétique]]s pointent toutes un événement de domestication unique pour un nombre limité d'[[étalon (cheval)|étalons]], et un repeuplement répété de juments sauvages dans les troupeaux domestiques<ref name="Lindgren2004">{{harvsp|Lindgren|Backström|Swinburne|Hellborg|2004|p=335-336}}.</ref>{{,}}<ref name="Lau">{{harvsp|Lau et al.|2009|p=199–208}}.</ref>{{,}}<ref name="Vilà"/>, soit un minimum de 77 [[jument]]s ancestrales différentes, divisées en 17 lignées distinctes<ref name="Jansen2002"/>.
Les gènes situés sur le [[chromosome Y]] sont hérités du père par sa descendance mâle, ces lignées présentent un degré très réduit de [[Diversité génétique|variation génétique]] chez les chevaux domestiques modernes. Peu d'étalons ont été domestiqués, il est peu probable que les descendants mâles provenant des unions entre étalons domestiques et juments sauvages aient été inclus dans le cheptel reproducteur des débuts de la domestication<ref name="Lau"/>{{,}}<ref name="Lindgren2004"/>. Toutes les études génétiques s'accordent aussi sur la présence d'un grand nombre de [[jument]]s domestiquées<ref name="Vilà"/>{{,}}<ref name="Jansen2002"/>{{,}}<ref>{{en}} M. C. Cozzi, M. G. Strillacci, P. Valiati, B. Bighignoli, M. Cancedda et M. Zanotti, « ''Mitochondrial D-loop sequence variation among Italian horse breeds'' » dans ''Genetics Selection Evolution'' {{n°|36}}, 2004, {{p.|663-672}}.</ref>{{,}}<ref name=Lira>{{Article|langue=en|titre=Ancient DNA reveals traces of Iberian Neolithic and Bronze Age lineages in modern Iberian horses|nom1=Lira|prénom1=Jaime|et al.=oui|périodique=Molecular Ecology|volume=19 |numéro= 1 | pages =64–78|année=2010|url=http://www3.interscience.wiley.com/cgi-bin/fulltext/123191525/PDFSTART| doi=10.1111/j.1365-294X.2009.04430.x| pmid=19943892}}.</ref>{{,}}<ref name=priskin>{{Article|langue=en|doi = 10.1007/s10709-009-9411-x | nom1 = Priskin | prénom1 = K. | nom2 = Szabo | prénom2 = K. | nom3 = Tomory | prénom3 = G. | nom4 = Bogacsi-Szabo | prénom4 = E. | nom5 = Csanyi | prénom5 = B. | nom6 = Eordogh | prénom6 = R. | nom7 = Downes | prénom7 = C. S. | nom8 = Rasko | prénom8 = I. | année = 2010 | titre = Mitochondrial sequence variation in ancient horses from the Carpathian Basin and possible modern relatives | périodique = Genetica | volume = 138 |numéro = 2| pages = 211–218 | pmid = 19789983}}.</ref>{{,}}<ref name=Cai>{{Article|langue=en|doi = 10.1016/j.jas.2008.11.006 | nom1 = Cai | prénom1 = D. W. | nom2 = Tang | prénom2 = Z. W. | nom3 = Han | prénom3 = L. | nom4 = Speller | prénom4 = C. F. | nom5 = Yang | prénom5 = D. Y. Y. | nom6 = Ma | prénom6 = X. L. | nom7 = Cao | prénom7 = J. E. | nom8 = Zhu | prénom8 = H. | nom9 = Zhou | prénom9 = H.| année = 2009 | titre = Ancient DNA provides new insights into the origin of the Chinese domestic horse | url =https://www.sfu.ca/~donyang/adnaweb/Cai%20DW%20JAS2009.pdf |consulté le=17 janvier 2011 | périodique = Journal of Archaeological Science | volume = 36 | numéro =3 | pages = 835–842}}.</ref>.

=== Apparence ===
[[Fichier:Lascaux2.jpg|vignette|Cette peinture de [[grotte de Lascaux|Lascaux]] montre clairement un cheval à la robe [[gène Dun|sauvage]].]]
Des éléments tels que les [[art rupestre|peintures rupestres]] de [[grotte de Lascaux|Lascaux]] suggèrent que les chevaux que certains chercheurs étiquettent comme « sous-type Tarpan » ressemblent à des [[cheval de Przewalski|Przewalski]] dans leur aspect général : grosses têtes, [[gène Dun|robe sauvage]], encolure courte et épaisse, [[crinière]] raide, courte et poussant verticalement, jambes robustes<ref name="Bennett"/>.
Les robes [[Bai (cheval)|baies]], [[alezan]]es et [[noir (cheval)|noires]] forment les trois robes présentes dans les premières populations de chevaux sauvages<ref name="Sponenp16">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Dan Phillip|nom1=Sponenberg|titre=Equine color genetics|éditeur=Wiley-Blackwell|année=2003|isbn2=081380759X|isbn=9780813807591|pages totales=215|passage=16}}.</ref>, les robes noires et baies sont très répandues chez le cheval {{unité|5700|ans}} {{av JC}}<ref name="Ludwig2009">{{harvsp|Ludwig et al.|2009|p=485}}.</ref>. Les robes sombres sont peut-être privilégiées par la [[sélection naturelle]], afin de fournir au cheval un [[camouflage]] contre ses prédateurs<ref name="Thirunk111">{{Article|langue=en|périodique=Livestock Science|volume=117|mois=septembre|année=2008|pages=109-129|doi=10.1016/j.livsci.2008.05.008|prénom1=A.K.|nom1=Thiruvenkadan|prénom2=N.|nom2=Kandasamya|prénom3=S.|nom3=Panneerselvama|titre=Coat colour inheritance in horses}}, {{p.|111}}.</ref>. Les recherches effectuées sur des chevaux domestiques de [[Tószeg]] (Hongrie actuelle), à l'âge du [[bronze ancien]], pointent une taille de {{unité|1.35|m}} au [[garrot (anatomie)|garrot]]<ref name="Musée60"/>, celle d'un poney de nos jours. Au [[Néolithique]] et durant l'[[âge du bronze]], la taille des chevaux domestiques varie de {{unité|1.20|m}} à {{unité|1.35|m}}, ce qui reste la norme jusqu'au {{-s|III}}, époque où les derniers chevaux sauvages semblent disparaître du territoire français<ref>Patrice Méniel, « Les petits chevaux de la Protohistoire » dans {{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=61}}.</ref>.

=== Espèces ou sous-espèces concernées ===
Par le passé et notamment au {{s|XX}}, de nombreuses théories ont été proposées sur l'origine du cheval domestique et ses différentes [[race de chevaux|races]]. Deux courants de pensée dominent, celui d'une unique [[espèce]] ou [[sous-espèce]] sauvage à l'origine des chevaux domestiques, ou bien de multiples espèces, sous-espèces ou types sauvages à l'origine du cheval domestique<ref name=Bennett/>{{,}}<ref name=Edwards/>. Selon [[Jared Diamond]], il est possible aussi que deux sous-espèces « sauvages » soient à l'origine des chevaux domestiques, et que des sous-espèces domestiques aient disparu car les autres se sont révélées plus réceptives au contact avec les humains, l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]] ayant donné le cheval domestique moderne<ref name="Diamond1997">{{Ouvrage|langue=français|langue originale = anglais|titre original = Guns, Germs and Steel|lien titre = De l'inégalité parmi les sociétés|nature ouvrage = essai|auteur1=Jared Diamond|lien auteur1 = Jared Diamond|titre=De l'inégalité parmi les sociétés|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur = éditions Gallimard|année=1997|pages totales=484|isbn10=2-07-075351-4|lire en ligne=|numéro chapitre=9|titre chapitre=Les zèbres, les mariages malheureux et le principe de Anna Karénine}}</ref>. Ces théories, toutes fondées sur le corps et la conformation, avant la disponibilité des études [[Acide désoxyribonucléique|ADN]] pour la recherche, ont, depuis, été remplacées. Les études modernes suggèrent l'existence d'environ quatre types de chevaux sauvages adaptés à leur environnement avant la domestication. Certains chercheurs y voient des sous-espèces, d'autres suggèrent des manifestations physiquement différentes de la même espèce<ref name=Bennett/>. Une étude récente indique une espèce sauvage unique, tous les chevaux actuels étant issus de l'élevage sélectif ou de l'adaptation à différents [[biotope]]s après la domestication. D'après la théorie la plus courante, toutes les races modernes sont issues (en y ajoutant le sous-type [[Tarpan]]) des trois grands « types » de chevaux suivants : ''Warmblood'' (ou ''[[Cheval des forêts|Equus caballus germanicus]]'' / cheval des forêts), type « Trait », et [[cheval oriental]]<ref name=Bennett/>.

==== Théorie d'une sous-espèce unique ====
Les tenants de cette théorie postulent que la domestication du cheval s'est produite en un unique lieu et sur une unique population de chevaux sauvages, de laquelle descendraient tous les chevaux domestiques actuels grâce à la pratique de l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]]<ref name=Edwards>{{Ouvrage|langue=en|nom1=Edwards|prénom1=Gladys Brown|titre=The Arabian: War Horse to Show Horse|éditeur=Rich Publishing|année=1973|passage=1, 3}}.</ref>. L'[[hypothèse kourgane]] suppose que les chevaux domestiques dérivent d'une seule espèce issue des steppes d'Asie centrale, domestiquée par le peuple de la [[culture de Samara]]. Elle a semblé dans un premier temps contredite par de récentes découvertes, en particulier celles de la génétique. Mais les nombreux croisements entre ces premiers chevaux domestiques, étendues par l'Homme dans toute l'Eurasie, avec les différentes sous-espèces sauvages rencontrées qui auraient été absorbées par les troupeaux domestiques (les chevaux domestiques étaient essentiellement élevés en semi-liberté), serait à l'origine d'une plus forte diversité des origines génétiques des chevaux domestiques actuels, et pourraient donc très bien expliquer ces résultats avec une seule domestication au départ.

==== Théorie des sous-espèces multiples ====
[[Fichier:Лошади темная 3 малень wiki.jpg|vignette|Les [[poney yakoute|poneys yakoutes]] sont proposés comme une sous-espèce à l'origine des chevaux actuels, d'après [[Elwyn Hartley Edwards]].]]

La théorie de [[James Cossar Ewart]] (Écosse) et [[Johann Ulrich Duerst]] (Allemagne) postule l'existence de trois types de chevaux primitifs, considérés comme sous-espèces d’''Equus caballus'' et ancêtres des races actuelles<ref name="Elwyn"/> : le [[cheval des forêts]] (''Equus caballus germanicus''), descendant du « cheval diluvien » ''[[Cheval des forêts|Equus caballus silvaticus]]'' ; le cheval asiatique sauvage ou [[cheval de Przewalski]] (''Equus caballus przewalskii przewalskii'') et le [[Tarpan]] (ou ''Equus caballus gmelini''). À ces trois sous-espèces, [[Elwyn Hartley Edwards]] en ajoute une quatrième, le « cheval des toundras », ancêtre supposé du [[Iakoute (cheval)|poney yakoute]], selon lui largement ignoré des hippologues<ref name="Elwyn">{{harvsp|Edwards|1994|p=14–15, 22–23}}.</ref>.

Une théorie plus tardive, soutenue par plusieurs érudits européens comme Jimmy Speed, [[Ruy d'Andrade]], Hermann Ebhardt et [[Edward Skorkowski]], postule l'existence de quatre types chevalins morphologiquement différenciés, qui ne peuvent être considérés comme des espèces nommées et distinctes<ref name="Elwyn"/> : le premier a une morphologie de poney et provient d'Europe du Nord-Ouest, il résiste au froid et à l'humidité, se révélant proche de l'actuel [[Exmoor (cheval)|poney Exmoor]]. Le second est un type de poney plus grand que le premier, résistant au froid et proche des actuels [[Highland (cheval)|poney Highland]] et [[Fjord (cheval)|Fjord]]. Le troisième est le cheval d'[[Asie centrale]], résistant à la chaleur et la sécheresse, semblable aux actuels [[Sorraia]] et [[Akhal-Teké]]. Enfin, le dernier est le cheval de l'Ouest de l'Asie, petit et doté d'une ossature fine, résistant à la chaleur, semblable à l'actuel [[Caspien (cheval)|Caspien]].

[[Fichier:An Exmoor Hairstyle.jpg|vignette|gauche|L'Exmoor, qualifié de « poney celte », est proche des chevaux primitifs.]]
Le [[Paléontologie|paléontologue]] américain Deb Bennett postule que la forme primitive d’''Equus caballus'' s'est diversifiée en sept sous-espèces, chacune adaptée à un environnement donné<ref>{{harvsp|Bennett|1998|p=5-6}}.</ref>{{,}}<ref name="Bennett">{{harvsp|Bennett|1998|p=6-8}}.</ref>, dont quatre sont les ancêtres d'une grande majorité des chevaux domestiques, à la fois directement et par l'intermédiaire de croisements entre elles<ref>{{harvsp|Bennett|1998|p=7}}.</ref>. La première est dite ''Warmblood'', ''[[Cheval de Mosbach|Equus caballus mosbachensis]]'', cheval diluvien ou [[cheval des forêts]], la plus ancienne de ces sous-espèces hypothétiques, ancêtre du [[cheval letton]], du [[Groningen (cheval)|Groningen]], de l'[[Ardennais (cheval)|Ardennais]] et des races [[Demi-sang (cheval)|warmblood]]<ref name="Bennett"/>. La sous-espèce dite « trait », un petit animal solide et trapu au pelage épais provenant du Nord de l'Europe, est adaptée aux climats froids et humides, ressemblant un peu au [[Fjord (cheval)|Fjord]]. Il serait l'ancêtre de l'[[Exmoor (cheval)|Exmoor]], du [[Shetland (cheval)|Shetland]], du [[Suffolk Punch]] et du [[trait belge]]<ref name="Bennett"/>. La sous-espèce orientale, ''Equus caballus pumpelli'' ou ''Equus agilis'', un animal plus grand, mince, raffiné et agile provenant de l'Ouest de l'[[Asie]], est adaptée aux climats arides, pensée pour être l'ancêtre du [[Arabe (cheval)|cheval arabe]] moderne et du [[Marwari (cheval)|Marwari]]<ref name=Bennett/>{{,}}<ref name=Edwards/>. Le [[Tarpan]], ''Equus caballus gmelini''<ref name=evans/> ou ''Equus caballus ferus'', de [[gène Dun|robe sauvage]], est un animal robuste, de la taille d'un grand poney, adapté aux climats froids et secs du Nord de l'Asie, proposé comme un prédécesseur du [[Konik]], du [[Viatka (cheval)|Viatka]], du [[Huçul]] et du [[Mongol (cheval)|cheval mongol]]<ref name=Bennett/>.

Les trois autres sous-espèces proposées sont le [[cheval de Przewalski]] (''Equus caballus przewalskii''), le cheval Lamut (''Equus caballus alaskae''), et le cheval de l'Amérique glaciaire (''Equus caballus laurentius''<ref name=evans>{{en}} James Warren Evans, ''Horse breeding and management'', World Animal Science C7, 1992, Amsterdam ; New York: Elsevier Health Sciences, {{ISBN|9780444882820}}, {{lire en ligne|url=https://books.google.com/books?id=QofYEVPeIBUC}}.</ref> ou ''Equus caballus midlandensis''<ref name=Bennett/>).

==== Cas du cheval de Przewalski ====
[[Fichier:Przewalski-Pferd Wildpark Pforzheim.JPG|vignette|[[Cheval de Przewalski]].]]
Seuls deux « groupes » de chevaux sauvages n'ont jamais été domestiqués et ont survécu jusqu'à l'époque moderne : le [[cheval de Przewalski]] (''Equus ferus przewalskii'') et le [[Tarpan]] (''Equus ferus ferus'')<ref name="Groves1986">{{harvsp|Groves|1986|p= }}.</ref>. Le Tarpan s'est [[Extinction des espèces|éteint]] à la fin du {{s|XIX}}, et le cheval de Przewalski reste en danger critique d'extinction. Bien que des chercheurs comme [[Marija Gimbutas]] aient supposé que les chevaux de la période [[Âge du cuivre|chalcolithique]] étaient des Przewalski, les plus récentes études génétiques réfutent cette théorie<ref name="Groves1986"/>.

Le Przewalski dispose de 66 [[chromosome]]s, alors que les chevaux domestiques modernes en ont 64, et leur [[Génome mitochondrial|ADN mitochondrial]] (ADNmt) forme un groupe génétique distinct. Cela suggère qu'il descend d'un groupe génétique régional distinct, dans la partie orientale des steppes eurasiennes, différent de celui qui a donné les chevaux domestiques modernes<ref name="Jansen2002">{{harvsp|Jansen|2002|p= }}.</ref>. Il possède plusieurs caractéristiques anatomiques plus proches d'autres équidés que du cheval domestique, comme la position de ses yeux vers l'avant. Une récente analyse de leur [[Génome mitochondrial|ADN mitochondrial]] suggère que le cheval domestique moderne et le Przewalski ont divergé voici {{nombre|160000|ans}}<ref>{{en}} O. A. Ryder, A. R. Fisher, B. Schultz, S. Kosakovsky Pond, A. Nekrutenko et K. D. Makova, [https://www.researchgate.net/publication/51535045_A_Massively_Parallel_Sequencing_Approach_Uncovers_Ancient_Origins_and_High_Genetic_Variability_of_Endangered_Przewalski%27s_Horses « A massively parallel sequencing approach uncovers ancient origins and high genetic variability of endangered Przewalski's horses »], ''Genome Biology and Evolution'', 2011.</ref>.

Les études utilisant l'ADN ont toutefois eu des résultats variés. Une étude moléculaire de 2009, utilisant l'[[ADN fossile]] (qui est l'ADN récupéré à partir des découvertes archéologiques comme des os et des dents) place le cheval de Przewalski parmi les chevaux domestiqués<ref name=ChinaancientDNA>{{Article |langue= en |nom1= Cai |postnom1= Dawei |nom2= Tang |postnom2= Zhuowei |nom3= Han |postnom3= Lu |auteur4= Camilla F. Speller |auteur5= Dongya Y. Yang |auteur6= Ma Xiaolin |auteur7= Cao Jian’en |auteur8= Zhu Hong |auteur9= Zhou Hui |année= 2009 |titre= Ancient DNA provides new insights into the origin of the Chinese domestic horse |périodique= Journal of Archaeological Science |volume= 36 |numéro= 3 |pages= 835–842 |doi= 10.1016/j.jas.2008.11.006 }}.</ref>. Ces difficultés existent en partie à cause de croisements entre des chevaux domestiques de passage et le cheval de Przewalski, ainsi que la variation génétique limitée présente dans la population fondatrice du cheval de Przewalski moderne<ref name="ChinaancientDNA"/>.

== Évolution du phénomène de domestication ==
[[Fichier:Prehistory-draa11.jpg|vignette|gauche|Représentation préhistorique de cavalier dans la vallée de la [[Draa]], au [[Maroc]].]]
Quelle que soit la date précise de la première domestication, les chevaux domestiques se répandent à travers l'[[Eurasie]] et les utilisations de l'animal se multiplient. L'historien français [[Daniel Roche]] voit dans la domestication du cheval un phénomène très progressif qu'il découpe en trois phases, entamées par les apprivoisements en semi-liberté et achevées par l'apparition des [[cavalerie]]s militaires et du « cheval moteur ». La chasse sélective et le contrôle des troupeaux en captivité intensifient le rapport du cheval aux hommes et sa socialisation dans un premier temps<ref name="Roche2009"/>. L'animal permet alors de fournir [[viande de cheval|de la viande]], du [[cuir]] pour les tentes et les vêtements, du [[crottin de cheval|crottin]] séché pour alimenter les feux, et du [[lait de jument|lait]] dont les peuples nomades tirent une boisson, le [[Koumis|kumiz]]<ref group="Note">Des traces de kumiz ont été retrouvées parmi la [[culture Botaï]].</ref>{{,}}<ref name="Guillaume203"/>. La mise au travail pour le transport d'hommes et de matériaux, [[cheval de trait|les travaux agricoles]] et [[Rôle du cheval dans la guerre|la guerre]] intervient plus tard<ref name="Edwards13">{{harvsp|Edwards|2006|p=13}}.</ref>. La domestication totale du cheval est acquise lorsque ces animaux ne peuvent plus se nourrir, se reproduire ni se défendre contre leurs prédateurs sans l'aide de l'homme<ref name="Musée52"/>.

Tous les peuples du monde n'ont pas domestiqué de chevaux. [[Jean-Pierre Digard]] met en exergue une différence entre sociétés « domesticatrices » et sociétés « apprivoisatrices ». Certains peuples (d'[[Afrique]], d'[[Australie]] et d'Amérique en particulier) n'ont pas tenté de domestiquer les animaux avec lesquels ils sont entrés en contact, tandis que les Eurasiens ont multiplié les expériences de domestications animales<ref>{{harvsp|Digard|2009|p=202}}.</ref>.

=== Transformations de l'espèce ===
Le développement de l'[[agriculture]] vers [[XXXVe siècle av. J.-C.|3500 {{av JC}}]] permet de mieux nourrir les chevaux et leur fait acquérir une meilleure constitution, ce qui correspond aux débuts de l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]]<ref name="Edwards13"/>. L'espèce se transforme sous l'action de l'homme, change de génome et donc de [[morphologie du cheval|morphologie]], de couleur ([[robe du cheval|robe]]) et de comportement : les animaux les plus proches de l'homme et se reproduisant le plus facilement en captivité sont privilégiés<ref name="Larousse"/>. En [[décembre 2014]], une étude internationale révèle l'ampleur de ces modifications du génome du cheval sous l'action de l'homme. Entre 13 et 60 % du génome des chevaux domestiques provient d'ancêtres sauvages désormais éteints. Comme pour de nombreux autres animaux domestiques, cela a entraîné une perte de [[diversité génétique]] chez l'espèce. Parallèlement, en sélectionnant des chevaux aptes à la selle ou encore au trait, l'homme a modifié 125 gènes, associés notamment au [[myocarde|muscle cardiaque]], au développement musculaire, aux membres et aux articulations du cheval. Une mutation génétique a entraîné une diminution de la peur, une modification de rapports sociaux et des facultés d'apprentissage. Elle semble avoir joué un rôle important dans la mise de ces animaux au service des humains<ref>{{lien web|url=https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/20141216.OBS7966/en-le-domestiquant-l-homme-a-modifie-l-adn-du-cheval.html|titre=En le domestiquant, l'homme a modifié l'ADN du cheval|auteur=AFP|éditeur=[[Science et Avenir]]|date=17 décembre 2014|consulté le=18 décembre 2014}}.</ref>.

==== Morphologie ====
Le cheval ne subit pas de transformations morphologiques radicales sous l'effet de sa domestication (contrairement au chien ou au cochon par exemple). Il acquiert une face légèrement plus longue et une [[Crâne|boîte crânienne]] plus bombée. Il ne subit pas non plus, à l'inverse d'un très grand nombre d'animaux domestiqués, de diminution du volume de son [[encéphale]]<ref>{{harvsp|Guillaume|2010|p=190}}.</ref>.

Il n'existe pas de races à viande ou de races laitières chez les chevaux, malgré la consommation de leur [[viande de cheval|viande]] et de [[lait de jument]] sur une très longue période. Une sélection s'effectue sur l'aptitude [[cheval de selle|à être monté]] ou l'aptitude [[traction hippomobile|à la traction]], donnant naissance à terme aux types dits [[cheval carrossier]] et [[cheval de trait]], au {{s|XIX}}<ref name="Guillaume203"/>. Cette même époque voit une tendance à l'accroissement de la taille et de la masse des chevaux qui se traduit, en particulier, par ce que [[Jean-Pierre Digard]] nomme la « mastodontification » des races de trait et des sélections sur certaines [[robe du cheval|robes]]. Elle semble inscrite dans une logique d'identité régionale autant que d'impératif économique. Un phénomène de « miniaturisation », à la même époque, touche les [[chien]]s, les [[Galliformes|gallinacés]] et les [[lapin]]s. Elle touche aussi le cheval, avec la création des races de [[cheval miniature|chevaux miniatures]] du type [[Falabella]] et [[Shetland (cheval)|mini-Shetland]]<ref>{{harvsp|Digard|2009|p=Section 18}}.</ref>. Les motivations ne sont vraisemblablement pas à rechercher dans une transformation en [[animal de compagnie]], la diminution de la taille ne rend pas pour autant le cheval adapté à la vie dans un espace réduit ou à l'intérieur d'une habitation humaine<ref group="Note">Le cheval est totalement incapable de contrôler ses [[sphincter]]s, ce qui ne lui permet de vivre qu'à l'extérieur.</ref> : Jean-Pierre Digard l’interprète comme un {{citation|désir mégalomaniaque de contrôler la nature}}<ref>{{harvsp|Digard|2009|p=Section 22}}.</ref>.

<gallery caption="Différents types morphologiques de chevaux, issus de l'élevage sélectif, après la domestication">
Fichier:American Saddlebred.jpg|[[Cheval de selle]], destiné à être monté.
Fichier:Hackney Horse Stallion CANADANCE.jpg|[[Cheval carrossier]], destiné à la traction légère.
Fichier:I feel pretty. Oh so pretty..jpg|[[Cheval de trait]], destiné à la traction lourde.
Fichier:Miniature Horse2.jpg|[[Cheval miniature]] (moins de {{unité|90|cm}}).
</gallery>

==== Robes ====
{{Article connexe|Robe du cheval}}
La domestication et l'[[Élevage sélectif des animaux|élevage sélectif]] accroissent également énormément la variété des robes<ref name="Thirunk109">{{Article|langue=en|périodique=Livestock Science|volume=117|mois=septembre|date=2008<!--|passage=109-129-->|doi=10.1016/j.livsci.2008.05.008|prénom1=A.K.|nom1=Thiruvenkadan|prénom2=N.|nom2=Kandasamya|prénom3=S.|nom3=Panneerselvama|titre=Coat colour inheritance in horses|passage=109}}.</ref>. Des recherches effectuées en 2009, publiées dans la revue ''[[Science (revue)|Science]]'', montrent que {{unité|12000|ans}} avant notre ère, seule la [[bai (cheval)|robe baie]] est présente chez les chevaux sauvages, associée au [[gène Dun]], ou gène sauvage, qui se caractérise par la présence d'une [[Marques_primitives_des_équidés#Raie_de_mulet|raie de mulet]] et de zébrures sur les membres. À l'[[holocène]], la robe [[Robe noire du cheval|noire]] fait son apparition (et par conséquent avec elle la [[souris (cheval)|robe souris]], qui est une robe noire affectée du [[gène Dun]]). Elle concerne environ un quart des chevaux sauvages. Les robes se diversifient sous l'influence de l'homme, en effet les guerriers préfèrent les chevaux colorés aux animaux ternes d'après une étude sur l’[[ADN fossile]]<ref>Pruvost M. et al., 2010, {{11e|conférence}} internationale de l’ICAZ, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.</ref>. À l'[[âge du bronze]] apparaissent des chevaux [[Robe grise du cheval|gris]] et pie [[sabino]] et [[tobiano]]<ref name="Ludwig2009"/>, robes qui auraient été éliminées à l'état sauvage par la [[sélection naturelle]]. Un autre trait caractéristique de la domestication est la présence de [[marques du cheval|marques blanches]] sur la tête et les membres<ref>Voir par exemple cette étude réalisée sur la race Franches-montagnes : {{Article|langue=en|titre=Genetic Analysis of White Facial and Leg Markings in the Swiss Franches-Montagnes Horse Breed|périodique=Journal of Heredity|auteur1=Stefan Rieder|auteur2=Christian Hagger|auteur3=Gabriela Obexer-Ruff|auteur4=Tosso Leeb|auteur5=Pierre-André Poncet|lire en ligne=http://jhered.oxfordjournals.org/content/99/2/130.full|volume=99|année=2007|passage=130-136}}.</ref>, à l'instar d'autres espèces animales domestiquées.

<gallery caption="Différentes robes de chevaux issues de l'élevage sélectif, après la domestication">
Fichier:Overo2.jpg|[[Overo]].
Fichier:Palomino Horse.jpg|[[Palomino (robe)|Palomino]] (à noter, les marques blanches sur la tête et les membres).
Fichier:LeopardAppaloosa.jpg|[[Complexe léopard|Léopard]].
Fichier:White Thoroughbred - Kentucky Horse Park.jpg|[[Robe blanche du cheval|Blanc]].
</gallery>

Certaines robes sélectionnées par l'homme sont associées à des [[maladie]]s ou à des [[handicap]]s d'origine génétique, tel le [[syndrome du poulain blanc]] et la [[surdité]] qui touche, en particulier, les animaux aux oreilles blanches<ref>{{Article|langue=en|titre=Diagnosis of deafness in a horse by brainstem auditory evoked potential|nom1=Harland|prénom1=Malte M.|prénom2=Allison J.|nom2=Stewart|prénom3=Arvle E.|nom3=Marshall|prénom4=Ellen B.|nom4=Belknap|périodique=Canadian Veterinary Journal|volume=47|année=2006|pages=151–4}}.</ref>.

=== Expansion géographique ===
[[Fichier:IE expansion.png|vignette|L'expansion des [[Indo-européens]], présentée sur cette carte, est vraisemblablement en relation avec l'utilisation du cheval.]]
L'expansion géographique des peuples qui maîtrisent le cheval s'intensifie à l'arrivée de l'[[âge du bronze]], quand les chefs commencent à se déplacer sur son dos<ref name="Guillaume230">{{harvsp|Guillaume|2010|p=230}}.</ref>. Il reste longtemps absent en dehors de la région des steppes eurasiennes<ref name="Musée53">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=53}}.</ref> : les os de chevaux sont rares ou absents aux périodes [[néolithique]] et [[Âge du cuivre|chalcolithique]] à l'Ouest de la [[Turquie]], en [[Mésopotamie]], dans la majeure partie de l'[[Iran]], dans l'[[Asie]] centrale et méridionale, et dans une grande partie de l'Europe<ref name="Benecke1994">{{Ouvrage|langue=de|titre=Archäozoologische Studien zur Entwicklung der Haustierhaltung in Mitteleuropa und Südskandinavien von Anfängen bis zum ausgehenden Mittelalter |nom1=Benecke |prénom1=Norbert|année=1994|éditeur=Akademie Verlag|lieu=Berlin |isbn=3-05-002415-1 |collection=Schriften zur Ur– und Frühgeschichte|volume=46}}.</ref>{{,}}<ref name="Bökönyi1991">{{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Equids in the Ancient World |collection=Beihefte zum Tübinger Atlas des Vorderen Orients: Reihe A (Naturwissenschaften)|volume=19|nom1=Bökönyi |prénom1=Sándor|année=1991|éditeur=Ludwig Reichert Verlag|lieu=Wiesbaden|pages=123–131|titre chapitre=Late Chalcolithic horses in Anatolia}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|nom1=Meadow| prénom1 = Richard H. |nom2= Patel|prénom2= Ajita | année = 1997 | titre = A comment on ‘Horse Remains from Surkotada’ by Sándor Bökönyi|périodique = South Asian Studies | volume = 13 | pages = 308–315 | issn = 0085-6401}}.</ref>.

Dans le [[Caucase]] et en [[Anatolie]], l'introduction rapide et à grande échelle des chevaux domestiques a lieu à la fin du troisième millénaire avant notre ère. Ces chevaux importés présentaient des couleurs de pelage absentes chez les chevaux sauvages locaux avant la domestication. La continuation de la lignée maternelle anatolienne P à l'[[âge du bronze]] implique une certaine incorporation limitée de juments locales dans les troupeaux domestiques<ref>{{en}} Silvia Guimaraes, Benjamin S. Arbuckle et al., [https://advances.sciencemag.org/content/6/38/eabb0030 Ancient DNA shows domestic horses were introduced in the southern Caucasus and Anatolia during the Bronze Age], ''Science Advances'', Vol. 6, no. 38, eabb0030, 16 septembre 2020, DOI: 10.1126/sciadv.abb0030</ref>. Il gagne l'[[Inde]], l’[[Iran]] et la [[Grèce]] {{nombre|1500|ans}} plus tard. Il est étroitement associé aux [[Indo-Européens]], [[Peuple cavalier|peuples cavaliers]] aidés dans leurs migrations par son utilisation<ref name="UNESCO">Unesco, ''Histoire de l'humanité : 3000 à 700 av. J.-C'', collection histoire plurielle, 2001, {{ISBN|9232028115|9789232028112}}, {{p.|229}}.</ref>, bien que cette association, défendue par [[Marija Gimbutas]], présente des failles et des incertitudes, en particulier concernant l'utilisation et l'impact des chevaux hors des steppes avant la fin du {{-mi|III}}<ref name="Musée55">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=55}}.</ref>.

==== Effondrement de la « vieille Europe » ====
Vers 4200-{{nobr|4000 ans}} avant notre ère, plus de {{nobr|500 ans}} avant l'expansion géographique des [[Indo-Européens]], des os de chevaux et de nouveaux types de tombes apparaissent vers [[Souvorovo (Bulgarie)|Souvorovo]], au nord du delta du [[Danube]], dans les steppes de l'[[Ukraine]] côtières, près de [[Izmaïl]]. Ces tombes sont probablement issues de traditions funéraires antérieures dans les steppes autour du [[Dniepr]]. Certaines contiennent des pierres polies en forme de têtes de chevaux, et des perles en dent de cheval<ref name="Dergachev1999">{{Article|langue=en|nom1=Dergachev|prénom1=Valentin|année=1999|titre=Cultural-historical dialogue between the Balkans and Eastern Europe, Neolithic-Bronze Age|périodique=Thraco-Dacica (Bucureşti)|volume=20|numéro=1-2|pages=33-78|issn=0259-1081}}.</ref>. Des tombes plus anciennes de la même région contiennent des masses de pierres polies, certaines sculptées en têtes d'animaux<ref name="Kuzmina2003">{{en}} E. E. Kuzmina, « ''Origins of pastoralism in the Eurasian steppes'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=203-232}}.</ref>. Les foyers de peuplement des steppes contemporaines de Suvorovo, comme Sredni Stog II et [[Dereivka]], sur le Dniepr, contiennent 12 à 52 % d'os de chevaux<ref name="Telegin1986">{{harvsp|Telegin|1986|p=}}.</ref>.

Lorsque les tombes de Suvorovo apparaissent dans les prairies du [[delta du Danube]], des masses en forme de tête de cheval font de même dans quelques villes agricoles des [[Culture de Cucuteni-Trypillia|cultures de Tripolye]] et [[culture de Hamangia|Hamangia]], dans les actuelles [[Roumanie]] et [[Moldavie]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Ancient Interactions: East and West in Eurasia|nom1=Dergachev|prénom1=Valentin A.|année=2002|éditeur=McDonald Institute Monographs|lieu=Cambridge|isbn=1-902937-19-8|passage=93-112|titre chapitre=Two studies in defense of the migration concept (« Deux études pour la défense de la notion de migration »)}}.</ref>. Ces cultures agricoles n'avaient jamais utilisé de masses en pierre polie, les os de chevaux étant rares ou absents sur leurs sites de peuplement. Celles-ci ont vraisemblablement été amenées par des immigrés de Suvorovo. Après plusieurs contacts et commerces de métaux sur la période 4200-4000 avant notre ère, {{nobr|600 villes}} agricoles, dont certaines étaient occupées depuis {{nombre|2000|ans}}, sont abandonnés dans la région<ref name="Todorova1995">{{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Prehistoric Bulgaria|nom1=Todorova|prénom1=Henrietta|année=1995|éditeur=Prehistoric Press|lieu=Madison, WI|isbn=1-881094-11-1|passage=79-98|titre chapitre=The Neolithic, Eneolithic, and Transitional in Bulgarian Prehistory|collection=Monographs in World Archaeology|volume=22}}.</ref>, vraisemblablement avec la fin de l'exploitation du [[cuivre]] dans les Balkans<ref name="Pernicka1997">{{Article|langue=en|nom1=Pernicka|prénom1=Ernst|nom2=''al.''|année=1997|titre=Prehistoric copper in Bulgaria|périodique=Eurasia Antiqua|volume=3|passage=41–179|issn=0949-0434}}.</ref>.

Les traditions culturelles de ces villes agricoles ont disparu. Cet effondrement de la « vieille Europe » est attribué à l'immigration des guerriers indo-européens<ref name="Gimbutas1991">{{Ouvrage|langue=en|titre=The Civilization of the Goddess|nom1=Gimbutas|prénom1=Marija|année=1991|éditeur=Harper|lieu=San Francisco|isbn=0-06-250368-5}}.</ref>. L'effondrement pourrait avoir été causé par une guerre, aggravée par des raids montés. Les masses à tête de cheval ont été interpr��tées comme indiquant l'introduction de chevaux domestiqués et de l'[[équitation]] juste avant l'effondrement. Cependant, les raids montés sont juste une explication possible de cet événement complexe. La dégradation de l'environnement, la dégradation écologique due à des millénaires d'agriculture, et l'épuisement des minerais de cuivre sont également cités comme facteurs de causalité<ref name="Anthony2007">{{harvsp|Anthony|2007|p=}}.</ref>{{,}}<ref name="Todorova1995"/>.

==== Diffusion du cheval en Europe ====
La diffusion de l'utilisation du cheval se produit plus rapidement vers l'Est de l'[[Eurasie]] que vers l'Ouest et le [[Moyen-Orient]], des restes équins datés de {{nombre|3000|ans}} {{av JC}} sont retrouvés à [[Chalain]], dans le Jura actuel<ref name="LG242"/>, ils ont servi de nourriture mais rien n'atteste d'une domestication<ref>Vera Eisenmann et R. M. Arbogast, « Le cheval néolithique de Chalain » dans ''Les Sites littoraux néolithiques de Clairvaux-les-Lacs et de Chalain (Jura) : 3200-2900 av. J.-C'', {{nobr|volume 3}}, Éditions MSH, 1997, {{p.|699}}, {{ISBN|9782735106875}}.</ref>. En [[Charente (département)|Charente]], la domestication du cheval est acquise à l'âge du [[bronze moyen]], la présence de harnachements en bois de cerf et d'un montant de mors dans la [[grotte des Perrats]] en atteste<ref>Jean Combes et Gilles Bernard, ''Histoire du Poitou et des pays charentais : Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime'', collection « Histoire des régions françaises », Éditions de Borée, 2001, {{ISBN|2844940846|9782844940841}}, {{p.|49}}.</ref>.

Les chevaux sauvages européens chassés représentent jusqu'à 10 % des os d'animaux dans une poignée de colonies du [[Mésolithique]] et du [[Néolithique]], dispersées à travers l'[[Espagne]], la [[France]], et les marais du Nord de l'[[Allemagne]]. Dans beaucoup d'autres parties de l'Europe, y compris la [[Grèce]], les [[Balkans]], les [[îles Britanniques]] et une grande partie de l'[[Europe centrale]], les os de cheval se retrouvent très rarement au Mésolithique, au Néolithique ou sur des sites chalcolithiques. En revanche, les os de chevaux sauvages dépassent les 40 % des os d'animaux identifiés dans les camps du Mésolithique et du Néolithique dans les steppes eurasiennes, à l'ouest de l'Oural<ref name="Benecke1994"/>{{,}}<ref name="Benecke1997">{{Article|langue=en|nom1=Benecke|prénom1=Norbert|année=1997|titre =Archaeozoological studies on the transition from the Mesolithic to the Neolithic in the North Pontic region|périodique= Anthropozoologica |volume=25–26|pages=631–641|issn=0761-3032}}.</ref>{{,}}<ref name="Uerpmann1990">{{harvsp|Uerpmann|1990|p=109–153}}.</ref>.

Environ 3500-3000 {{av JC}}, les os de chevaux commencent à apparaître plus fréquemment dans les sites archéologiques au-delà des steppes eurasiennes, soit au centre de l'[[Europe]], dans la vallée du [[Danube]], le nord du [[Caucase]] et la [[Transcaucasie]]. Le nombre de chevaux augmente et ils sont de plus grande taille. Cette expansion est contemporaine de la [[culture de Botaï]]. Cela ne signifie pas nécessairement que les chevaux ont été domestiqués dans les steppes, mais les chasseurs de ces régions optent certainement pour l'emploi du cheval plus facilement que dans d'autres zones géographiques. Cette expansion est interprétée par de nombreux [[Zoologie|zoologiste]]s comme le début de la propagation des chevaux domestiqués<ref name="Bökönyi1978"/>{{,}}<ref name="Benecke1994"/>{{,}}<ref name="Bökönyi1991"/>.

==== Au Proche-Orient ====
[[Fichier:Groom horses Dur-Sharrukin Louvre AO19883.jpg|vignette|Écuyer conduisant des chevaux, bas-relief [[Dur-Sharrukin]] ([[Assyrie]]), {{-s|VIII}}]]
{{Article connexe|Animaux dans le Proche-Orient ancien|Cheval dans l'Antiquité#Proche-Orient ancien{{!}}Cheval durant l'Antiquité au Proche-Orient}}
Alors que les os de chevaux sont identifiés dans les sites néolithiques du centre de la [[Turquie]], tous les [[Equidae|équidé]]s totalisent moins de 3 % des os d'animaux. Parmi ces 3 %, les chevaux représentent moins de 10 %, avec 90 % ou plus d'équidés de type [[Hémione|onagre]] et [[hydrontin]] (maintenant éteint)<ref name="Russell2005">{{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Inhabiting Çatalhöyük: Reports From the 1995-1999 Seasons|volume=4|nom1=Russell |prénom1=Nerissa|nom2=Martin|prénom2=Louise|année=2005 |éditeur=McDonald Institute for Archaeological Research |lieu=Cambridge |pages=33–98 |titre chapitre=Çatalhöyük Mammal Remains}}.</ref>. Les onagres, chassés en [[Syrie]], [[Anatolie]], [[Mésopotamie]], [[Iran]] et [[Asie centrale]], sont les équidés les plus communs du [[Proche-Orient]]. L'[[Âne commun|âne domestique]] est importé en Mésopotamie depuis l’[[Égypte]] probablement, mais les chevaux sauvages semblent absents de la région<ref name="Oates2003">{{en}} Joan Oates, « ''A note on the early evidence for horse and the riding of equids in Western Asia'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=115-125}}.</ref>.

Les chevaux domestiques commencent à apparaître dans les représentations artistiques de [[Mésopotamie]] au cours de la [[Empire d'Akkad|période akkadienne]], 2300-{{nobr|2100 ans}} avant notre ère<ref name="Oates2003"/>.

==== En Chine ====
{{Article détaillé|Cheval dans l'Antiquité#Chine{{!}}Cheval durant l'Antiquité chinoise}}
Une nouvelle expansion se produit dans les plaines du [[Proche-Orient]] et le Nord-Ouest de la [[Chine]], autour de 2000 avant notre ère et en liaison avec le char. Bien que les ossements d'espèces incertaines se trouvent dans des sites néolithiques tardifs en Chine avant cette date, des os apparaissent dans plusieurs sites et en nombre significatif, parmi la [[culture de Qijia]] et la [[culture Siba]], 2000-1600 {{av JC}}, en [[Gansu]] et dans les provinces du Nord-Ouest de la Chine<ref name="Linduff2003">{{en}} Katheryn M. Linduff, « ''A walk on the wild side: late Shang appropriation of horses in China'' » dans {{harvsp|Levine|Renfrew|Boyle|2003|p=139-162}}.</ref>.

=== Mise au travail ===
[[Fichier:Ramesses II on chariot.png|vignette|Le chariot de [[Ramsès II]].]]
{{Article connexe|Équitation|traction hippomobile}}
La datation des premières mises au travail du cheval est complexe, il est également difficile de savoir si l'animal est d'abord [[équitation|monté]] ou [[traction hippomobile|attelé]], en particulier sur la période qui va du {{-mi|IV}} au {{-mi|III}}, en raison de datations imprécises et de manque de preuves. Le processus occupe vraisemblablement une longue période de temps, nécessaire à un dressage complexe. L'[[hypothèse kourgane]] de [[Marija Gimbutas]] (désormais partiellement remise en cause<ref name="Musée54">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=54}}.</ref>) évoque l'infiltration de riches éleveurs d'[[Europe centrale]] par les peuples des steppes à la hiérarchie sociale organisée, qui auraient ensuite généralisé l'équitation, le [[sacrifice du cheval]] et l'usage de la [[Indo-européen commun|langue indo-européenne]], comme le point de départ de cette mise au travail. Une hypothèse plus récente pointe l'emprunt de techniques aux communautés [[élevage équin|éleveuses de chevaux]] par d'autres communautés dont la société se complexifie au même moment<ref name="Musée53"/>. Le milieu du {{-mi|IV}} est retenu comme le début de l'utilisation du cheval pour le transport<ref name="Musée58"/>.

Lorsque le cheval est mis au travail, devenant une monture et un animal d'attelage, [[viande de cheval|sa viande]] est consommée dans des proportions plus modestes<ref name="Baratay128">{{harvsp|Baratay|2003|p=128}}.</ref>.

==== Chronologie de la mise au travail ====
[[Fichier:Chariot spread.png|vignette|gauche|Propagation de l'usage du [[char]].]]

===== Propagation du char =====
L'utilisation du [[char]] à roues pleines se généralise au [[Proche-Orient]] en [[XXXVe siècle av. J.-C.|3500 {{av JC}}]]<ref name="Edwards13"/>, mais ils sont longtemps [[traction bovine|tractés par des bœufs]] en raison de leur poids important, tout comme l'[[araire]]<ref name="Musée53"/>. En [[Mésopotamie]], il est possible que des essais de traction aient eu lieu avec le cheval et pris de l'importance dans le cadre du développement agraire plutôt que comme technologies de guerre. Les chevaux et [[mulet]]s agricoles sont équipés d'un [[harnais]] ou d'un [[joug]], plus appropriés pour le [[bœuf (animal)|bœuf]], ce qui limite leur efficacité<ref>{{Ouvrage|langue=en|titre=Science and Civilization in China; Volume 4, Physics and Physical Technology, Part 2, Mechanical Engineering|nom1=Needham|prénom1=Joseph|année=1986|éditeur=Caves Books|lieu=Taipei}}.</ref>{{,}}<ref name="Clutton-Brock1992">{{harvsp|Clutton-Brock|1992|p=138}}.</ref>. Ce n'est qu'au {{-mi|III}}, avec l'apparition des [[roue à rayons|roues à rayon]], que l'utilisation du cheval à la traction (en particulier militaire) se développe<ref name="Musée53"/> au détriment de celle des bovins. Le char léger et rapide devient une redoutable arme de guerre adoptée par un grand nombre de civilisations<ref name="Musée58"/>. Le nombre de chars augmente en particulier à l'[[âge du bronze]], dès l'âge du bronze ancien, les chevaux domestiques gagnent toute l'[[Europe centrale]]<ref name="Musée60">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=60}}.</ref>.

===== Organisation dans les steppes et en orient =====
La deuxième phase de la domestication du cheval survient avec l'expansion du [[nomadisme]], l'apparition du mors, le perfectionnement des techniques de portage et de traction, soit sa véritable mise au travail. [[Bât]], [[selle (équitation)|selle]], bricole, [[joug]], collier, sangle et autres matériaux se diffusent. Le trait, la plus importante de ces nouvelles utilisations, connaît de multiples applications pour l'[[agriculture]] et la guerre<ref name="Roche2009"/>. Les premières cavaleries montées apparaissent chez les [[Hittites]] au début de l'[[âge du fer]]<ref name="Musée60"/>. En [[Mésopotamie]], la [[cavalerie légère]] monte en puissance, en particulier grâce aux tactiques des [[archerie montée|archers à cheval]], comme les [[Empire parthe|Parthes]]. Le [[char]] de guerre devient alors obsolète et l'équitation se généralise pour l'usage militaire. L'Antiquité gréco-romaine voit peu d'innovations, Grecs et Romains ignorent la ferrure connue dans les steppes, mais généralisent l'emploi des chars. Ils ignorent aussi la selle et les [[Étrier (équitation)|étrier]]s, dont on connaît ailleurs les premiers essais. Leur [[cavalerie]] est militairement retardataire par rapport à l'[[infanterie]], en face des cavaliers barbares nomades. Ces derniers exercent une pression sur les frontières, délaissent chars et voitures, mêlent cavalerie lourde et légère, et terrorisent les Occidentaux. Ils créent une véritable civilisation équestre, celle des [[peuple cavalier|peuples cavaliers]] où le cheval est partout et à tous, où élevage, dressage, travail et usage militaire sont présents en permanence. La domestication du cheval s'y achève par un [[élevage extensif|élevage très extensif]] sur de grands espaces, une équitation efficace et un dressage sévère<ref name="Roche2009"/>.

===== Organisation en occident =====
Face à l'Orient cavalier, l'Occident gréco-latin et le monde médiéval entrent dans la troisième phase de domestication, qui mobilise définitivement les équidés au service des hommes. La société européenne des [[écuyer (cavalier)|écuyers]] réserve l'usage des chevaux à l'État et à l'élite sociale en s'appuyant sur des catégories rurales et urbaines spécialisées pour la production, l'élevage, le dressage et le commerce. Le cheval y devient l'emblème d'une classe sociale. Dans l'économie agricole et les transports, c'est aussi un facteur de progrès. La géographie contrastée de sa présence se met définitivement en place : l'élevage trouve ses implantations favorables sous l'impulsion des ordres monastiques, des aristocraties et des nobles. Les territoires pauvres et les landes y trouvent souvent une activité rentable et le cheval accompagne la croissance et la grande culture comme l'ouverture des terroirs<ref name="Roche2009">{{harvsp|Roche|2009|p=56-59}}.</ref>.

==== Antériorité de l'équitation ====
Bien que l'utilisation de chevaux à la traction de [[char|chars de guerre]] soit prouvée au {{-mi|III}}, il existe des preuves solides, mais indirectes, que l'[[équitation]] est apparue la première, en particulier parmi la [[culture de Botaï]], pour la chasse<ref name="Olsen2003"/>. [[Denis Bogros]] penche également en faveur de l'antériorité de l'équitation de chasse<ref name="Bogroschap2">{{harvsp|Bogros|1989|p=Chapitre II. Recherches iconographiques dans l'Antiquité. Les débuts du couple homme-cheval. La Chasse et la Guerre.}}.</ref>. Une autre preuve est l'existence de communautés pastorales au {{-mi|IV}}, comme la [[Culture Yamna|culture de Yamna]], parmi lesquelles l'[[équitation de travail]] a pu naître, un berger à cheval pouvant garder un bien plus grand nombre de moutons qu'à pied<ref name="Musée58">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=58}}.</ref>. La plus ancienne représentation connue d'un cavalier est un [[bas-relief]] de [[Crète]], daté du {{-mi|II}}. L'homme, vraisemblablement un militaire, porte un [[javelot]] et un bouclier<ref name="Bogroschap2"/>. D'autres, datées de la même époque, apparaissent en [[Mésopotamie]]<ref name="Musée60"/>.

Les traces d'usure des dents par le [[mors (équitation)|mors]] peuvent renvoyer à l'équitation, cependant les chevaux peuvent être montés sans mors ou contrôlés à partir du sol avec un mors pour la traction, l'usure des dents n'est donc pas un indicateur permettant de trancher le débat. Certains matériaux nécessaires à l'équitation ([[hackamore]]s ou couvertures) ne survivent pas comme les [[artéfact (archéologie)|artefacts]] type chariot. L'usure des dents par le [[mors (équitation)|mors]], les modifications du squelette ne sont pas toujours notables. Les preuves directes que les chevaux ont été attelés sont plus flagrantes<ref>{{Lien archive|langue=en|horodatage archive=20071030092246|url=http://kyhorsepark.com/museum/history.php?chapter=14|titre=Early Attempts at Riding: The Soft Bit and Bridle|éditeur=International Museum of the Horse|consulté le=26 octobre 2007}}.</ref>{{,}}<ref name="Musée53"/>.

=== Conséquences sur l'histoire de l'humanité ===
[[Fichier:3372 - Athens - Stoà of Attalus - Cavalry relief - Photo by Giovanni Dall'Orto, Nov 9 2009.jpg|vignette|gauche|Bas-relief commémorant la victoire de la [[cavalerie]] athénienne, {{-s|IV}}]]
Avec sa domestication, le cheval devient, {{citation|de tous les animaux, celui qui sans doute marque le plus l'histoire et les progrès de l'humanité}}. Il entraîne des modifications profondes dans le mode de vie des sociétés humaines, pour l'agriculture, le transport et la guerre. Sa place fondamentale dans l'histoire en fait « un archétype des mentalités occidentales et orientales »<ref name="Bridier">{{Chapitre|titre ouvrage=Le cauchemar|titre chapitre=Le cheval|sous-titre chapitre=Étude d'une figure mythique|collection=Traditions et croyances|prénom1=Sophie|nom1=Bridier|éditeur=Presses Paris Sorbonne|année=2002|isbn=9782840502029|présentation en ligne=https://books.google.fr=/books?id=YGho_xLVG-oC&dq=incube&source=gbs_navlinks_s|passage=74-82}}.</ref>. Il permet le contrôle d'un vaste territoire et modifie le rapport à l'espace, diminuant le temps de transport des hommes qui le montent ou qui l’attellent.

Son utilisation militaire et utilitaire perdure de nos jours, bien qu'elle ait fortement diminué au profit des sports et du loisir (pratique de la [[randonnée équestre]], de l'[[équitation]] en [[centre équestre]], des [[Sport équestre|sports équestres]] ou [[sport hippique|hippiques]]).

{{Article détaillé|contenu=Cette section traite de l'impact de la domestication du cheval sur les sociétés humaines durant la Préhistoire et la protohistoire. Les articles « [[Cheval dans l'Antiquité]] », « [[Cheval au Moyen Âge]] » et « [[Cheval à la Renaissance]] » sont des compléments encyclopédiques.}}

==== Supériorité militaire et inégalités sociales ====
La généralisation du char militaire entraîne en Europe « barbare » l'émergence d'une classe de guerriers d'élite privilégiés, spécialisés dans le dressage, l'entraînement, la nourriture et l'abreuvement des chevaux, la création et la réparation des chars. L'usage du cheval leur est longtemps réservé, cette organisation préfigure celle de la [[Chevalerie]] du [[Moyen Âge]]<ref name="Musée62">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=62}}.</ref>. Le cheval devient, durant toute la [[protohistoire]], un animal réservé à une élite militaire ou religieuse<ref name="Musée71">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=71}}.</ref>, c'est pourquoi il est également un facteur d'[[Inégalité sociale|inégalités sociales]].

La maîtrise du cheval semble déterminante dans les victoires de nombreux peuples, comme les indo-européens des steppes, les Indo-aryens qui participent à la création du [[Mittani]], les [[Kassites]]<ref>{{Ouvrage|titre=L'Iran des origines à l'Islam|prénom1=Roman|nom1=Ghirshman|illustrateur=Tania Ghirshman|lieu=Paris|éditeur=A. Michel|collection=Evolution de l'humanité|numéro dans collection=24|année=1976|pages totales=376|isbn=978-2-226-00269-3|isbn2=978-2-226-00298-3|oclc=2467542|passage=60}}.</ref>, et plus tard les peuples voisins de la Chine ([[Xiongnu]]). Tous ont souvent pour dénominateur commun d'être des passeurs des techniques d'élevage du cheval pour un usage guerrier{{référence souhaitée}}.

==== Propagation de la langue et de la culture indo-européenne ====
Certains indices suggèrent que le mot [[Indo-européen commun|proto-indo-européen]] pour « cheval », ''[[*h₁éḱwos]]'', signifie « cheval domestiqué », du fait que tous les documents désignant l'animal se réfèrent à des chevaux domestiques, et en raison de l'existence de [[culte]]s, de croyances et de patronymes similaires : avant la dispersion des Indo-européens, il est donc fort probable que cet animal domestique leur soit très familier<ref name="UNESCO"/>, voire que les cavaliers des steppes, ayant les premiers domestiqué les chevaux, soient le peuple indo-européen originel<ref name="Musée57"/>. Les historiens, en particulier [[Marija Gimbutas]], insistent aussi sur le rôle indirectement joué par le cheval dans la propagation des [[langues indo-européennes]] et de la culture associée : parce que leurs locuteurs se déplacent bien plus vite que les peuples non-cavaliers, leur langue et leur culture se répandent sur un vaste territoire<ref name="Guillaume230"/>.

==== Cultes ====
[[Fichier:Trundholm.jpg|vignette|Le [[char solaire de Trundholm]].]]
{{Article connexe|Culte du cheval}}
Le [[culte du taureau]] précède [[culte du cheval|celui du cheval]], les bovins sont déjà domestiqués et employés à la traction quand les chevaux sont à peine apprivoisés. Bœufs et taureaux sont fréquemment présents dans l'art et les cultes, au {{-mi|IV}} en particulier<ref name="Musée57">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=57}}.</ref>. Le cheval envahit peu à peu la culture matérielle et [[symbolique du cheval|symbolique]] des [[peuple cavalier|peuples cavaliers]] des steppes dans un premier temps<ref name="Musée57"/>. Il constitue un [[gibier]] valorisant les aptitudes des guerriers, et un bien consolidant le statut des chefs<ref name="Roche2009"/>. Son culte semble remplacer celui de l'[[âne]] dans la partie orientale de la [[mer Méditerranée]]<ref name="Praneuf135"/>, et celui des bovins dans d'autres régions. La large diffusion de l'association symbolique eau/cheval en [[Eurasie]], de la Méditerranée au Japon, pourrait remonter à des cultes de la fertilité et aux premières sociétés agricoles, où l'animal de l'eau était au départ le [[taureau]], le cheval se substituant à ce dernier avec l'expansion de son usage<ref>{{en}} Ishida Eiichiro, « ''The kappa legend. A Comparative Ethnological Study on the Japanese Water-Spirit Kappa and Its Habit of Trying to Lure Horses into the Water'' », ''Folklore Studies'', 9, 1950, {{p.|1-152}} {{lire en ligne|url=https://www.jstor.org/stable/1177401}}.</ref>. Le sacrifice du cheval dans l'eau est pratiqué par bon nombre de peuples [[Indo-Européens|indo-européens]], généralement dans le cadre de rites de fécondité ou de royauté.

Le sacrifice équin peut avoir d'autres motivations, puisque les [[Tombe à char du monde celtique|tombes à char]] retrouvées un peu partout en Eurasie rendent hommage à un chef et à ses chevaux, témoignant de leur statut [[aristocratie|aristocratique]]. La [[culture d'Andronovo]] a laissé notamment cinq tombes à char avec des chevaux sacrifiés et dont la peau a été disposée selon un [[rite]] qui représente une marque de prestige<ref name="Musée61">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=61}}.</ref>. Certains artefacts retrouvés lors de fouilles, comme le [[char solaire de Trundholm]], laissent entrevoir une place mythologique centrale très tôt attribuée au cheval, celle d'un animal chargé (l'oiseau le remplaçant parfois dans ce rôle) de tracter le [[soleil]]<ref name="Musée66">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=66-68}}.</ref>. Il devient, de ce fait, l'animal qui transporte les divinités dans leur char, aussi bien dans la [[mythologie grecque]] (Apollon, Hélios) qu'en [[Biélorussie]]<ref name="Musée69">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=69}}.</ref>.

=== Marronnage ===
{{article détaillé|Marronnage (zoologie){{!}}Marronnage des animaux}}
Comme de nombreux autres animaux, le cheval domestique peut retourner à l'état sauvage et former des troupeaux. Le cas s'est produit sur les cinq continents, avec les [[Mustang (cheval)|Mustangs]] dans les Amériques, les [[Brumby|Brumbies]] en Australie ou encore le [[cheval du Namib|cheval de Namibie]]. Si ces animaux retrouvent rapidement le mode de vie typique du [[cheval sauvage]], ils n’en retrouvent pas pour autant le [[phénotype]] et la morphologie, puisque les Mustangs présentent encore un grand nombre de [[pie (cheval)|robes pie]] et un type raffiné proche du [[cheval colonial espagnol]] quarante générations après leur retour à la vie sauvage, phénomène peut-être dû à l’absence de prédateurs et donc de sélection naturelle dans les Amériques<ref>{{ouvrage|titre=L'élevage en France {{unité|10000|ans}} d'histoire|prénom1=Roland|nom1=Jussiau|prénom2=Louis|nom2=Montméas|prénom3=Jean-Claude|nom3=Parot|éditeur=Educagri Editions|année=1999|isbn2=2844440665|isbn=9782844440662|passage=53|url=https://books.google.fr/books?id=jEL_SFJKP6EC&printsec=frontcover&pg=PA53}}.</ref>.

== Domestication du cheval dans l'art et la culture ==
{{Article connexe|Symbolique du cheval}}

=== Mythes et légendes ===
[[Fichier:Pegasus Walter Crane.jpg|vignette|gauche|Le mythe de [[Bellérophon]] et [[Pégase]] (ici, sur une illustration de Walter Crane) renvoie à la domestication du cheval par les anciens Grecs.]]

{{Encadré
|titre=Mythe des Indiens lacandons
|contenu=Attachez vos chevaux et vos vaches, vos chiens et vos chats ; enfermez vos porcs, vos dindons et vos poules. Au bout de cinq jours relâchez-les, libérez vos animaux ; ils ne s'en iront pas, ils seront devenus domestiques<ref name="Laca">Didier Boremanse, ''Contes et mythologie des indiens lacandons'', volume 3 de Connaissance des Hommes, Editions L'Harmattan, 1986, {{ISBN|2858027021|9782858027026}}, p. 35.</ref>.}}

L'existence de nombreux mythes et légendes équestres avant l'époque chrétienne chez tous les peuples [[Indo-Européens|indo-européens]] atteste aussi de l'importance prise par le cheval, et de son rôle dans l'Histoire<ref name="Edwards13"/>. Certains racontent comment une divinité, ou un héros, permet à un peuple de domestiquer le cheval ; parallèlement, cette domestication entraîne une modification de la perception symbolique des animaux. En particulier, le cheval est dès lors considéré comme « un animal sacré garant de la royauté » chez les [[Grèce antique|Grecs]] et les [[Celtes]]<ref name="Praneuf135">{{harvsp|Praneuf|2002|p=135}}.</ref>.

==== Mythologie grecque ====
Dans la [[mythologie grecque]], le dieu [[Poséidon]] créé le premier cheval à Athènes pendant un affrontement avec Athéna, ou en [[Thessalie]] après avoir éjaculé sur [[Gaïa]]<ref>[[Scholie]], vers IV, 246 des ''Pythiques'' de [[Pindare]].</ref>. Il est aussi crédité de la domestication de l'animal à [[Athènes]] où un culte est rendu à « Poséidon Hippios », dieu du cheval. Toutefois, [[Athéna]] est considérée comme à l'origine de l'utilisation de l'animal, à [[Corinthe]] en particulier<ref>{{Ouvrage|titre=Le cavalier tyrrhénien représentations équestres dans l'Italie archaïque|prénom1=Natacha|nom1=Lubtchansky|lieu=Rome|éditeur=Ecole française de Rome|collection=Bibliothèque des Écoles Françaises d'Athènes et de Rome|numéro dans collection=320|année=2005|pages totales=345|isbn=978-2-728-30720-3|isbn2=2-728-30720-2|oclc=937102950}}, {{p.|27-28}}, 89.</ref>. D'après [[Jacques Desautels]], tout le mythe de [[Bellérophon]] (à qui est voué un [[Culte héroïque grec|culte héroïque]]), dans lequel intervient la déesse [[Athéna]], créditée de l'invention du mors, a un rapport étroit avec ce passage de l'histoire de l'humanité, via le don à Bellérophon par Athéna d'un mors en or, permettant de dompter [[Pégase]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jacques Desautels]]|titre=Dieux et mythes de la Grèce ancienne|sous-titre=la mythologie gréco-romaine|éditeur=Presses Universitaires de Laval|année=1988|pages totales=648|passage=407|isbn=9782763771533|lire en ligne=https://books.google.com/books?hl=fr&id=Slty7Pa0w5oC&}}.</ref>. Les juments anthropophages du roi de Thrace [[Diomède (Thrace)|Diomède]] sont également à mettre en rapport avec des animaux nécessitant une domestication, selon [[Raymond Bloch]]<ref>[[Raymond Bloch]], ''Héraklès à Poséidon : Mythologie et protohistoire (d')'', Librairie Droz, 1985, {{ISBN|2600033432|9782600033435}} {{p.|59}}.</ref>.

==== Textes religieux ====
Si la [[Bible]], et en particulier l'[[Ancien Testament]], présente peu de références au cheval{{#tag:ref|Le peuple des [[hébreux]] se distingue par l'utilisation de l'[[Equus asinus|âne]], qu'il préfère culturellement au cheval<ref>{{Ouvrage
 | auteur1 = [[Théodore Monod]]
 | titre = Les déserts
 | éditeur = Horizons de France
 | année = 1973
 | pages totales = 42}}.</ref>.|group=Note}}, le [[Coran]] insiste tout particulièrement sur le don de cet animal aux hommes par [[Allah]]<ref>{{harvsp|Guillaume|2010|p=25}}.</ref>. Un [[proverbe]] arabe<ref>Salim Jay, ''Dictionnaire des écrivains marocains'', Eddif, 2005, {{ISBN|2842722272|9782842722272}}, {{p.|48}}.</ref> dit d'ailleurs que : {{citation|Le cheval est un cadeau de [[Dieu]] à l'homme}}.

=== Art ===
{{Article connexe|Dompteurs de chevaux}}
Le thème de la domestication du cheval est illustré dans l'art. Le sculpteur [[Phidias]] représente au {{-s|V}} des chevaux sur la [[frise du Parthénon]], témoignant de la maîtrise de l'homme sur l'animal. À la même époque, une [[amphore]] en bronze découverte à [[Tchortomlyk]] met en scène un dressage et des interactions entre cavaliers et chevaux des steppes<ref name="Musée52">{{harvsp|Musée de Préhistoire d’Île-de-France|2001|p=52}}.</ref>. Les multiples statues du type ''[[Dompteurs de chevaux]]'', au [[Quirinal]] et au [[Capitole]], représentent symboliquement la domestication, et ont par exemple inspiré les [[Chevaux de Marly]]<ref>[[Musée du Louvre]] et Adrien Goetz, ''Au Louvre: les arts face à face'', Hazan, 2003, {{p.|135}} : « Sauvagerie et domestication ».</ref> :

<gallery>
Fichier:Cavalcade west frieze Parthenon BM.jpg|Les chevaux de la frise du [[Parthénon]], par [[Phidias]].
Fichier:Quirinale Dioscuri 04-0410.JPG|Les ''[[Dompteurs de chevaux]]'', au [[Quirinal]] à Rome.
Fichier:Campidoglio, Roma - Dioscuri (dx) fronte.jpg|Les Dioscures du [[Capitole]], à Rome.
Fichier:Avenue Louise, Le Dompteur de Chevaux.jpg|Le dompteur de chevaux à [[Bruxelles]].
Fichier:Paris Chevaux de Marly 1.jpg|L'un des [[chevaux de Marly]] à Paris.
</gallery>

=== Culture populaire ===

{{citation bloc|Fatigué de sa liberté, il accepta d’être sellé et bridé et, pour sa peine, fut monté jusqu’à la mort|[[Malcolm Lowry]]| Under the Volcano}}

Parmi les auteurs qui laissent courir leur imagination sur la domestication, [[Jean de La Fontaine]] raconte dans la [[Fables de La Fontaine|fable]] intitulée ''[[Le Cheval s'étant voulu venger du cerf]]'', comment un cheval vient prier l'homme de l'aider à réparer l'affront qu'un cerf lui a fait, sans savoir que l'homme, qui l'a sellé, bridé et lui a bâti une écurie, refusera ensuite de lui rendre sa liberté<ref>[[Jean de La Fontaine]], [[s:Le Cheval s’étant voulu venger du Cerf|Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf]] (sur Wikisource).</ref>.

Beaucoup plus récemment, [[Jean M. Auel]] raconte dans ''[[La Vallée des chevaux]]'', second tome de la saga ''[[Les Enfants de la Terre (série littéraire)|Les Enfants de la Terre]]'', comment Ayla parvient à apprivoiser une pouliche qu'elle nomme Whinney, {{nombre|30000|ans}} avant notre ère<ref>[[Jean M. Auel]], ''La vallée des chevaux'', Presses de la Cité, 2002, {{ISBN|2266122134|9782266122139}}.</ref>, soit bien trop tôt d'après les découvertes scientifiques, même à l'époque de la rédaction du roman. D'après [[Henri Heinemann]], en présentant la très rapide domestication d'une jument montée à [[Équitation|califourchon]], ''La Vallée des chevaux'' {{citation|outrepasse le droit du romancier à l'imagination et à l'invraisemblance}}<ref>Henri Heinemann, ''L’Éternité pliée - Dialectique de l'instant : Journal 1984-1986'', Volume 4, Éditions L'Harmattan, 2011, {{ISBN|2296471323|9782296471320}}, {{p.|33}}.</ref>.

La saga pour la jeunesse de [[Florence Reynaud]], ''[[Yona, fille de la Préhistoire]]'', met également ce passage en scène dans le douzième tome, ''Le Dieu cheval'', quelque {{nombre|20000|ans}} avant notre ère<ref>Florence Reynaud, ''Le dieu cheval'', volume 12 de Yona : fille de la Préhistoire, Pocket, 2010, {{ISBN|2266195204|9782266195201}}, 112 p.</ref>. ''[[10 000 (film)|10 000]]'' de [[Roland Emmerich]] (censé se dérouler {{nombre|10000|ans}} avant notre ère) montre des chevaux domestiqués et montés par un peuple rappelant les [[Égyptiens]], lesquels tiendraient leurs connaissances avancées d'un [[Atlantide|Atlante]]<ref group="Note">''[[10 000 (film)|10 000]]'' a été plusieurs fois critiqué pour son absence de rigueur historique, et [[Roland Emmerich]] met souvent en scène des théories dites « conspirationnistes » dans ses films.</ref>.

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Domestication of the horse|116088613}}

=== Notes ===
{{Références|groupe="Note"}}

=== Références ===
{{Références}}

== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Histoire évolutive des équidés]]
* [[Peuple cavalier]]
* [[Sacrifice du cheval]]
* [[Tombe à char du monde celtique]]
* [[Domestication des animaux]]

=== Liens externes ===
* {{en}} [http://users.hartwick.edu/iaes/ Institute for Ancient Equestrian Studies (IAES)]
* {{en}} [http://www.ex.ac.uk/equinet/index.html Equine Genetics and Evolution Research Information Network]
* {{en}} [http://www.newkerala.com/news4.php?action=fullnews&id=39388 Comment les chevaux ont été domestiqués au Kazakhstan]

=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
==== Ouvrages à intérêt historique ====
* {{Ouvrage|titre=Les origines du cheval domestique d'après la paléontologie, la zoologie, l'histoire et la philologie|prénom1=Charles Alexandre|nom1=Piétrement|éditeur=E. Donnaud|année=1870|pages totales=487|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hRVDAAAAIAAJ}}
* {{Ouvrage|titre=Les chevaux dans les temps préhistoriques et historiques|lieu=Paris|éditeur=Bailliere|année=1883|prénom1=Charles Alexandre|nom1=Piétrement|pages totales=776}}

==== Articles scientifiques ====
* {{Article|langue=en|nom1=Bökönyi|prénom1=Sándor|année=1978|titre=The earliest waves of domestic horses in east Europe|périodique=[[Journal of Indo-European Studies]]|volume=6|passage=17-76}}
* {{Article|langue=de|nom1=Uerpmann|prénom1=Hans-Peter|année=1990|titre=Die Domestikation des Pferdes im Chalcolithikum West und Mitteleuropas|périodique=Madrider Mitteilungen|volume=31|pages=109–153|issn=0418-9744}}
* {{Article|langue=en|nom1=Owen|prénom1=David I.|année=1991|titre=The first equestrian: an Ur III glyptic scene|périodique=Acta Sumerologica| volume=13|pages = 259–273|issn = 0387-8082}}
* {{Article|langue=en|url=http://archaeology.about.com/od/dterms/g/dereivka.html|titre=Dereivka (Ukraine) : The origins of horseback riding|prénom1=David W.|nom1=Anthony|prénom2=Dorcas R.|nom2=Brown|périodique=Antiquity|numéro=65|année=1991|pages=22-38}}
* {{Article|langue=de|prénom1=S.|nom1=Bökönyi|titre=Pferdedomestikation, Haustierhaltung und Ernährung|lieu=Budapest|périodique=Archaeoloingua Alapítvány, Archaeological Institute of the Hungarian Academy of Sciences|année=1993|isbn=963-7391-65-7|issn=1216-6847}}
* {{Article|prénom1=Vera|nom1=Eisenmann|titre=La domestication du cheval : nouvelles découvertes, nouvelle approche|éditeur=CEREOPA|jour=27|mois=janvier|année=1997|périodique=Journée de la recherche équine|lire en ligne=http://www.vera-eisenmann.com/IMG/pdf/105.Cereopa.OK.pdf|plume=oui}}
* {{Article|langue=en|nom1=Brown|prénom1=Dorcas|nom2=Anthony|prénom2=David W.|année=1998|titre=Bit Wear, Horseback Riding and the Botai site in Kazakstan|périodique=Journal of Archaeological Science|volume=25|numéro=4|pages=331–347|doi=10.1006/jasc.1997.0242}}
* {{Article|langue=en|prénom1=M.|nom1=Levine|titre=Botai and the origins of horse domestication|périodique=Journal of Anthropological Archaeology|numéro=18|année=1999|passage=29-78}}
* {{Article|langue=en|nom1=Anthony|prénom1=David W.|année=2000|titre=Eneolithic horse exploitation in the Eurasian steppes: diet, ritual and riding| périodique=Antiquity|volume=74|pages=75-86}}
* {{Article|langue=en|nom1=Vilà|prénom1=Carles|et al.=oui |année=2001|titre=Widespread origins of domestic horse lineages|périodique=[[Science (revue)|Science]]|volume=291|passage=474-477|doi=10.1126/science.291.5503.474|pmid=11161199}}
* {{Article|langue=en|nom1=Jansen|prénom1=Thomas |et al.=oui |année=2002|titre=Mitochondrial DNA and the origins of the domestic horse| périodique=[[Proceedings of the National Academy of Sciences|PNAS]]|volume=99|numéro=16|pages=10905-10910|doi=10.1073/pnas.152330099| pmid=12130666|pmcid=125071}}
* {{Chapitre|langue=en|prénom1=M.|nom1=Levine|titre chapitre=Exploring the criteria for early horse domestication|titre ouvrage=Martin Jones (éd.), Traces of ancestry: studies in honour of [[Colin Renfrew]]|lieu=Cambridge|éditeur=McDonald Institute for Archaeological Research|année=2004}}
* {{Article|langue=en|nom1=Lindgren|prénom1=Gabriella|auteur2=Niclas Backström|auteur3=June Swinburne|auteur4=Linda Hellborg|auteur5=Annika Einarsson|auteur6=Kaj Sandberg|auteur7=Gus Cothran|auteur8=Carles Vilà|auteur9=Matthew Binns|auteur10=Hans Ellegren|année=2004|titre=Limited number of patrilines in horse domestication|périodique=[[Nature Genetics]]|volume=36|numéro=4|passage=335-336|doi=10.1038/ng1326|pmid=15034578}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=V. F.|nom1=Seibert|titre=Историко-культурное значение поселения Ботай. Археологиялык зерттеулер жайлы есеп. Алматы|année=2005|isbn=}}
* {{Article|langue=en|nom1=Weinstock|prénom1=J.|nom2=al.|année=2005|titre=Evolution, systematics, and phylogeography of Pleistocene horses in the New World: a molecular perspective|périodique=[[PLoS Biology]]|volume=3|numéro=8|doi=10.1371/journal.pbio.0030241|url=http://biology.plosjournals.org/perlserv/?request=get-document&doi=10.1371%2Fjournal.pbio.0030241&ct=1|consulté le=19 décembre 2008-|pmid=15974804|pages=e241|pmcid=1159165}}
* {{Article|langue=en|nom1=Bendry|prénom1=Robin|année=2007|titre=New methods for the identification of evidence for bitting on horse remains from archaeological sites|périodique=Journal of Archaeological Science|volume=34|numéro=7|pages=1036–1050|doi= 10.1016/j.jas.2006.09.010}}
* {{Article|langue=en|url=http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/sci;323/5919/1332?maxtoshow=&HITS=10&hits=10&RESULTFORMAT=&fulltext=caballus&searchid=1&FIRSTINDEX=0&sortspec=date&resourcetype=HWCIT|titre=The Earliest Horse Harnessing and Milking|prénom1=Alan K. |nom1=Outram|périodique=[[Science (revue)|Science]]|jour=6|mois=mars|année=2009|lieu=[[Université d'Exeter]]}}
* {{Article|langue=en|doi=10.1093/molbev/msn239|nom1=Lau|prénom1=A. N.|nom2=Peng|prénom2=L.|nom3=Goto|prénom3=H.|nom4=Chemnick|prénom4=L.|nom5=Ryder|prénom5=O. A.|nom6=Makova|prénom6=K. D.|année=2009|titre= Horse Domestication and Conservation Genetics of Przewalski's Horse Inferred from Sex Chromosomal and Autosomal Sequences |périodique =Molecular Biology and Evolution|volume=26|numéro=1|pages=199–208|pmid=18931383 |id=Lau et al.2009}}
* {{Article|langue=en|prénom1=Arne|nom1=Ludwig|prénom2=Melanie|nom2=Pruvost|prénom3=Monika|nom3=Reissmann|prénom4=Norbert|nom4=Benecke|lien auteur4=Norbert Benecke|prénom5=Gudrun A.|nom5=Brockmann|prénom6=Pedro|nom6=Castaños|prénom7=Michael|nom7=Cieslak|prénom8=Sebastian|nom8=Lippold|prénom9=Laura|nom9=Llorente|prénom10=Anna-Sapfo|nom10=Malaspinas|prénom11=Montgomery|nom11=Slatkin|prénom12=Michael|nom12=Hofreiter|titre=Coat Color Variation at the Beginning of Horse Domestication|périodique=[[Science (revue)|Science]]|jour=24|mois=avril|année=2009|volume=324|numéro=5926|page=485|doi=10.1126/science.1172750|pmcid=5102060|id=Ludwig et al.2009}}
* {{Article|langue=en|prénom1=Antoine|nom1=Fages|prénom2=Kristian|nom2=Hanghøj|prénom3=Naveed|nom3=Khan|prénom4=Charleen|nom4=Gaunitz|titre=Tracking Five Millennia of Horse Management with Extensive Ancient Genome Time Series|périodique=Cell|date=2019-5|doi=10.1016/j.cell.2019.03.049|lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0092867419303848|consulté le=2019-05-07|libellé=Fages et al. 2019}}

==== Articles de vulgarisation ====
* {{Article|titre=Dans l'Europe préhistorique : Réalité et symbolisme du cheval|prénom1=Romain|nom1=Pigeaud|périodique=Archeologia|issn=0570-6270|année=2001|numéro=379|pages=16-22|éditeur=Faton|lieu=Dijon}}
* {{Article|auteur1=[[Daniel Roche]]|titre=Comment on a domestiqué le cheval|périodique=[[L'Histoire]]|numéro=338|mois=janvier|année=2009|pages=56-59}}
* {{article|url=http://www.cheval-savoir.com/1057-origines-relation-homme-cheval-apparence-premiers-chevaux-domestiques|titre=Les origines de la relation homme/cheval (I) L’apparence des premiers chevaux domestiques|périodique=[[Cheval Savoir]]|mois=octobre|année=2012|prénom1=Amélie|nom1=Tsaag Valren}}
* {{article|url=http://www.cheval-savoir.com/1091-origines-homme-cheval-domestication-apprivoiser-pourquoi-comment|titre=Les origines de la relation homme/cheval (II) L’apprivoiser : pourquoi et comment ?|périodique=[[Cheval Savoir]]|mois=novembre|année=2012|prénom1=Amélie|nom1=Tsaag Valren}}

==== Ouvrages scientifiques ====
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Dereivka: a Settlement and Cemetery of Copper Age Horse Keepers on the Middle Dnieper|nom1=Telegin|prénom1=Dmitriy Yakolevich|année=1986|collection=British Archaeological Reports International Series|volume=287|éditeur=British Archaeological Reports|lieu=Oxford|isbn=0-86054-369-2|pages totales=186}}
* {{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Equids in the Ancient World|collection=Beihefte zum Tübinger Atlas des Vorderen Orients: Reihe A (Naturwissenschaften)|volume=19|nom1=Groves|prénom1=Colin|auteurs ouvrage=Richard H. Meadow, Hans-Peter Uerpmann,|année=1986|éditeur=Ludwig Reichert Verlag|lieu=Wiesbaden|pages=11-65|titre chapitre=The taxonomy, distribution, and adaptations of recent Equids}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Horse Power: A History of the Horse and the Donkey in Human Societies|nom1=Clutton-Brock|prénom1=Juliet|année=1992 |éditeur=Harvard University Press|lieu=Cambridge, MA|isbn=0-674-40646-X}}
* {{Chapitre|titre ouvrage=Late Prehistoric Exploitation of the Eurasian Steppe|nom1=Levine|prénom1=Marsha A.|année=1999|éditeur=McDonald Institute Monographs|lieu=Cambridge|isbn=1-902937-03-1|pages=5–58|titre chapitre=The Origins of Horse Husbandry on the Eurasian Steppe}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Prehistoric steppe adaptation and the horse|collection=McDonald Institute monographs|prénom1=Marsha Ann|nom1=Levine|prénom2=Colin|nom2=Renfrew|prénom3=Katherine V.|nom3=Boyle|éditeur=McDonald Institute for Archaeological Research|année=2003|isbn2=1902937090|isbn=9781902937090|pages totales=428}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Early Riders: The Beginnings of Mounted Warfare in Asia and Europe|nom1=Drews|prénom1=Robert|année=2004|éditeur=Routledge|lieu=Londres |isbn=0-415-32624-9}}
* {{Chapitre|langue=en|titre ouvrage=Horses and Humans: The Evolution of the Equine-Human Relationship|nom1=Anthony|prénom1=David W. |nom2=Brown|prénom2=Dorcas R.|nom3=George|prénom3=Christian|année=2006|éditeur=Archaeopress|lieu=Oxford|isbn=1-84171-990-0|pages=137-156 |titre chapitre=Early Horseback Riding and Warfare: The Importance of the Magpie around the Neck|collection=British Archaeological Reports International Series|volume=1560|lire en ligne=https://www.academia.edu/29962496/Early_Horseback_Riding_and_Warfare_The_Importance_of_the_Magpie_around_the_Neck}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=The Horse, the Wheel, and Language: How Bronze Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World |nom1=Anthony|prénom1=David W.|année=2007|éditeur=Princeton University Press|lieu=Princeton, NJ|isbn=978-0-691-05887-0}}
* {{Bibliographie|Q111511520|libellé=Chansigaud 2020}}

==== Ouvrages de vulgarisation ====
* {{Ouvrage|titre=Des hommes, des chevaux, des équitations|sous-titre=Petite histoire des équitations pour aider à comprendre l'Équitation|auteur1=[[Denis Bogros]]|éditeur=Caracole, Favre|année=1989|pages totales=180|isbn=978-2-828-90454-8}}
* {{Ouvrage|titre=Dictionnaire de la Préhistoire|auteur1=[[André Leroi-Gourhan]]|directeur1=oui|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|année=1994|lire en ligne=http://www.vera-eisenmann.com/IMG/pdf/91-92.Dictionnaire_Prehistoire_OK.pdf}}.
* {{Ouvrage|langue=en|titre=The Encyclopedia of the Horse|prénom1=Elwyn Hartley|nom1=Edwards|lien auteur1=Elwyn Hartley Edwards|lieu=Londres|éditeur=Dorling Kindersley|année=1994|isbn=0-751-30115-9}}
* {{Chapitre|langue=en|prénom1=Sandra L.|nom1=Olsen|titre chapitre=Horse Hunters of the Ice Age|titre ouvrage=Horses Through Time|lieu=Boulder, CO|éditeur=Roberts Rinehart Publishers|année=1996|isbn=1-570-98060-8}}
* {{Chapitre|prénom1=Sandra L.|nom1=Olsen|titre ouvrage=Horses Through Time|lieu=Boulder, CO|éditeur=Roberts Rinehart Publishers|année=1996|isbn=1-570-98060-8|langue=en|titre chapitre=Bridling Horse Power: The Domestication of the Horse|pages=57-82}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Conquerors: The Roots of New World Horsemanship|prénom1=Deb|nom1=Bennett|éditeur=Amigo Publications Inc|année=1998|isbn=0-965-85330-6}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Le cheval, symbole de pouvoirs dans l’Europe préhistorique|auteur institutionnel=[[Musée départemental de Préhistoire d'Île-de-France|Musée de Préhistoire d’Île-de-France]]|lieu=Nemours|année=2001|pages totales=104|isbn=978-2-913-85302-7|lire en ligne=https://univ-paris1.academia.edu/BrunPatrice/Papers/1159223/Le_cheval_symbole_de_pouvoirs|commentaire=Exposition du 31 mars au 12 novembre 2001|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Bestiaire ethno-linguistique des peuples d'Europe|sous-titre=Ethnographie d'un bestiaire familier|prénom1=Michel|nom1=Praneuf|éditeur=L'Harmattan|année=2002|isbn2=2-296-28742-5|isbn=978-2-296-28742-6|plume=oui}}
* {{Ouvrage|titre=Archéologie du cheval : des origines à la période moderne en France|prénom1=Rose-Marie|nom1=Arbogast|éditeur=Errance|collection=des Hespérides|année=2002|pages totales=127|isbn2=2-877-72211-2|isbn=978-2-877-72211-7}}
* {{Ouvrage|titre=Et l'homme créa l'animal : histoire d'une condition|auteur1=[[Éric Baratay]]|éditeur=Odile Jacob|collection=Sciences humaines|année=2003|pages totales=376|isbn=978-2-738-11247-7|plume=oui}}
* {{Chapitre|prénom1=Elwyn Hartley|nom1=Edwards|lien auteur1=Elwyn Hartley Edwards|titre chapitre=La domestication|titre ouvrage=Les chevaux|collection=L’œil nature|éditeur=éditions de Borée|année=2006|passage=12-13|isbn2=2-844-94449-3|isbn=978-2-844-94449-8|plume=oui}}
* {{Ouvrage|titre=L'Homme et les animaux domestiques: Anthropologie d'une passion|sous-titre=Nouvelle édition augmentée|auteur1=[[Jean-Pierre Digard]]|éditeur=Fayard|collection=Temps des sciences|année=2009|pages totales=328|isbn2=2-213-65817-X|isbn=978-2-213-65817-9|plume=oui}}
* {{Ouvrage|titre=Ils ont domestiqué plantes et animaux : Prélude à la civilisation|prénom1=Jean|nom1=Guillaume|éditeur=[[Éditions Quæ]]|année=2010|pages totales=480|isbn2=2-759-20892-3|isbn=978-2-759-20892-0|plume=oui}}

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