Voir la source de Baptême de Clovis

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{{Infobox Événement historique
 | nom          = Baptême de Clovis
 | image        = Amiens, musée de Picardie, ivoire sculpté (IXe siècle) représentant la vie de saint Rémi 08.jpg
 | taille image = 
 | légende      = Registre inférieur des ''[[Miracles de saint Remi]]'', représentant le baptême de Clovis et le miracle de la [[sainte ampoule]]<br>([[Musée de Picardie]], [[Amiens]])<ref group=Note>Sculptée durant le dernier quart du {{IXe siècle}}, cette plaque en [[ivoire]] servait vraisemblablement à orner la [[reliure]] d'un [[manuscrit]] [[Reims|rémois]] relatif à la vie de [[Remi de Reims|saint Remi]] ({{cf.}} {{ouvrage|auteur=[[Laurent Theis]]|titre=Clovis, de l'histoire au mythe|éditeur=Éditions Complexe|date=1996|passage=101}})</ref>.
 | upright      = 1.5
 | alt          = 
 | autre nom    = 
 | lieu         = [[Reims]]
 | cause        = 
 | date         = 24/25 décembre 496-508
 | résultat     = Christianisation progressive des [[Francs]] et émergence de la tradition de [[sacre du roi de France]].
}}
Le '''baptême de Clovis''' est le [[sacrement]] symbolisant la [[Conversion au christianisme|conversion]] du [[roi des Francs]] {{Souverain2|Clovis Ier}} à la [[Christianisme|religion chrétienne]]. La cérémonie aurait été célébrée par l'[[Remi de Reims|évêque Remi]] la nuit de [[Noël]]<ref group=Note>Le [[droit canonique]] à cette époque proposait [[Pâques]] comme date la plus prestigieuse pour l'administration du [[baptême]], mais Clovis aurait bénéficié probablement d'une dérogation car la fête pascale au début du printemps empiétait l'agenda royal, cette période correspondant à l'ouverture de la [[Champ de Mars|saison de la guerre]] qui, par les [[pillage]]s et [[tribut]]s, assurait un enrichissement, facteur important de sa légitimité face à ses guerriers. {{Citation|L'administration du sacrement proprement dit se déroule pendant la « [[Veillée|vigile]] » du jour choisi, soit entre la tombée de la nuit précédente et l'aube. Transposé dans notre calendrier civil actuel, le baptême de Clovis commença par conséquent la veille du jour de Noël. Si, comme le veut la tradition, le roi descendit le premier dans la piscine baptismale, il fut baptisé un 24 décembre au soir, et non un 25 décembre}}. Cf {{ouvrage|auteur=[[Bruno Dumézil]]|titre=Le Baptême de Clovis|éditeur=Gallimard|date=2019|passage=9 et 20}}.</ref>, le 24 ou {{date|25 décembre}}, dans le [[baptistère]] de l'église qui se trouvait à l'emplacement de la [[Cathédrale Notre-Dame de Reims#Premières cathédrales rémoises|cathédrale de Reims]] selon une tradition presque unanime<ref group=Note>Le seul document contemporain, une lettre d'[[Avit de Vienne]] écrite vraisemblablement à Clovis pour s'excuser de n'être pas venu à la cérémonie et féliciter le souverain, indique le jour de Noël et la présence de plusieurs évêques (sans spécifier Remi) dans une cité gauloise non nommée (Avit de Vienne, ''Ep. 46'', [[Monumenta Germaniae Historica|MGHAA]] VI, 2, p. 75-76). La première source narrative d'envergure qui mentionne explicitement Reims et Rémi ne date que des années 660 : la ''[[Chronique de Frédégaire]]'', en reprenant des traditions orales, accentue l'orientation politique de la tradition de Grégoire de Tours, aux dépens de sa dimension religieuse. Les textes les moins sujets à caution au {{s-|VI}} sont des sources épistolaires. {{Citation|Pour reconstituer le baptême de Clovis, et plus largement son règne, nous nous fondons sur une douzaine de lettres dont les premiers lecteurs n’avaient peut-être pas compris le fin mot, et qui furent reproduites, des siècles plus tard, par des copistes qui lisaient à grand-peine leurs originaux}}. Cf {{ouvrage|auteur=[[Bruno Dumézil]]|titre=Le Baptême de Clovis|éditeur=Gallimard|date=2019|passage=8 à 23}}</ref>. Il intervient à une date incertaine qui est débattue par les historiens<ref group=Note>{{Citation|La datation précise du baptême de Clovis demeure quant à elle l'objet d'une polémique, parfois très vive, qui remonte au {{s-|XIX}}. L'historiographie catholique a eu tendance à préférer une date précoce, entre 496 et 500, qui concorderait avec le récit de Grégoire de Tours ; dans ce cas, la guerre entreprise contre les Wisigoths ariens en 507 pourrait avoir eu un motif confessionnel. Inversement, les écoles historiques protestantes ou républicaines ont eu tendance à voir dans le baptême un pur geste d'opportunisme, sans lien nécessaire avec les opérations militaires, ce qui conduirait à proposer une date tardive}}. Cf {{ouvrage|auteur=[[Bruno Dumézil]]|titre=Les barbares|éditeur=Presses universitaires de France|date=2016|passage=422-423}}.</ref>. L'historiographie, se fondant sur l’''[[Histoire des Francs]]'' de [[Grégoire de Tours]], a longtemps fixé cette date à la Noël 496, après la [[Bataille de Tolbiac (496)|bataille de Tolbiac]], mais elle se situerait plutôt en 498 ou 499 selon la majorité des historiens, même si certains penchent pour une conversion plus tardive, en 505 voire 508<ref>{{Ouvrage |auteur=[[Sylvain Gouguenheim]]|titre=Regards sur le Moyen Âge |éditeur=Tallandier |année=2009 |passage=336}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Julien Favrod |titre=Les Burgondes, un royaume oublié au cœur de l'Europe |passage=83-85 |lieu=Lausanne |éditeur=Presses polytechniques et universitaires romandes |année=2011 |pages totales=144 |isbn=978-2-88074-596-7 |consulté le=16 janvier 2022}}.</ref>.

Ce baptême a été exploité par des sources [[Hagiographie|hagiographiques]] ou [[Historiographie|historiographiques]] (historiographie monarchique, catholique, républicaine), qui en ont fait ''a posteriori'' l'un des événements les plus importants de l'[[histoire de France]], plus particulièrement de la [[Royaume de France|monarchie]] ou de la nation française, dans le cadre du processus d'écriture d'un [[roman national]] de la France ancienne et chrétienne<ref>{{Lien web |auteur=Francis Simonis |titre=Le baptême de Clovis, fondement lointain de notre roman national|date=8 mars 2022 |url=https://www.lepoint.fr/dossiers/hors-series/references/la-montagne/penser-la-france/le-bapteme-de-clovis-fondement-lointain-de-notre-roman-national-08-03-2022-2467285_4475.php |périodique=[[Le Point]] }}.</ref>. C'est en souvenir de ce baptême que les futurs [[rois de France]] portaient le titre de « [[fils aîné de l'Église]] » à partir de [[Charles VIII (roi de France)|Charles VIII]]. La France fut elle-même qualifiée par l'Église, notamment par le pape [[Jean-Paul II]], de nation « fille aînée de l'Église ».

== Épisode inaugural de l'histoire de France ==
[[Fichier:Cathédrale ND de Reims - intérieur (42).JPG|vignette|En 2009, une dalle est installée au niveau de la cinquième travée de la nef de la cathédrale, rappelant qu'une « installation baptismale » (appelée dans les médias « baptistère de Clovis »)<ref group=Note>L'inscription sur la dalle (« Ici, Saint-Remi, baptisa Clovis, roi des Francs ») installée non loin de la chaire, incite à ce raccourci.</ref>, datée grâce à des tessons de la première moitié du {{s-|V}}, a été mise au jour lors de fouilles archéologiques en 1995<ref>Ces fouilles ont exhumé la piscine baptismale à quatre mètres de profondeur, au milieu du système de chauffage de l'édifice. Cf. Sylvie Balcon, Walter Berry, Robert Neiss, « Fouilles de la cathédrale », ville de Reims, 1995, 18 p.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=lunion.fr/id181730/article/2020-08-08/histoires-insolites-autour-de-la-cathedrale-de-reims-7-sous-la-cathedrale-le|titre=Histoires insolites autour de la cathédrale de Reims. 7. Sous la cathédrale, le baptistère de Clovis|auteur=Aurélie Beaussart|date=8 août 2020|site=lunion.fr}}.</ref>.]]

=== Lieu et date ===

[[Bruno Dumézil]], professeur d'histoire à [[Sorbonne Université]] et élève de [[Michel Rouche]], spécialiste de Clovis, a complètement revisité l'étude du baptême dans son ouvrage ''Le Baptême de Clovis''. Sans nier la véracité du baptême de Clovis, il rappelle qu'on n'en connaît ni le lieu, ni la date, ni les circonstances précises. Le baptême de Clovis est un fait historique non datable. D’une part, parce que les sources manquent : le seul document contemporain des faits est la lettre que l'évêque [[Avit de Vienne]] écrivit à propos du baptême de Clovis bien qu'il n'y assistât pas. En outre, les quelques chroniques postérieures de plusieurs générations sont peu fiables et se contredisent entre elles. D’autre part, parce que nul ne s’est vraiment préoccupé à l’époque ni de l’événement lui-même, encore moins de sa datation<ref>{{Article |auteur1=Sère, Bénédicte |titre=Bruno Dumézil, Le Baptême de Clovis. 24 décembre 505 ? |périodique=[[Archives de sciences sociales des religions]] |éditeur=Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales |numéro=192 |date=31-12-2020 |pages=195–196 |issn=0335-5985 |isbn=978-2-7132-2826-1 |doi=10.4000/assr.57507}}.</ref>. 

De plus, il relativise l'importance de l'événement aux yeux des contemporains<ref name=":0" />. D'abord, les populations de la Gaule étaient déjà majoritairement converties au christianisme dès le milieu du {{IVe siècle}} (tous les sénateurs gaulois à [[Rome]] étaient chrétiens en 400)<ref>{{Citation|Il est évident que les Mérovingiens étaient les alliés de l'Église depuis au moins deux générations au moment du baptême de Clovis. Le père de Clovis, [[Childéric Ier|Childéric]], avait de très bonnes relations avec l'épiscopat et avec [[Geneviève de Paris]] ; il avait également accordé des privilèges fiscaux à l'Église catholique. Bref, les Francs essayaient de jouer une politique de la séduction vis-à-vis des catholiques, de façon à s'attirer la sympathie des élites sénatoriales gallo-romaines. Lorsque Clovis demanda le baptême, ce fut donc un non-événement, qui ne paraît pas intéresser outre mesure ses contemporains}}. Cf {{ouvrage|auteur=[[Bruno Dumézil]]|titre=Des Gaulois aux Carolingiens (du Ier au IXe siècle)|passage=43|éditeur=Presses universitaires de France|date=2013}}</ref>{{,}}<ref name=":0" />. 

Ensuite, les baptêmes se faisaient à l'époque de Clovis à [[Pâques]] et non à [[Noël]]. Enfin se déclarer chrétien par une [[profession de foi]] ou devant une juridiction suffisait pour l'être, le baptême ne devenant un rite consacré par l'Église qu'au milieu du {{VIe siècle}}. Il ajoute que la cuve baptismale, dont une canalisation a été retrouvée à [[Reims]], ne permettait que l'entrée simultanée de trois personnes. Le baptême de {{formatnum:3000}} guerriers francs, concomitant à celui de leur chef, est donc légendaire<ref name=":0">Bruno Dumézil, ''Le Baptême de Clovis'', Gallimard. Paris, 2019.</ref>.

=== Le miracle de la Sainte Ampoule ===
{{Double image|left|Clovis.jpg|160|Francesco Francia 001.jpg|140|La légende rémoise de la colombe ([[Miniature (enluminure)|miniature]] à gauche) est un emprunt direct aux Évangiles<ref>{{réf Bible|Mc|1|10}}, {{réf Bible|Mt|3|16}}, {{réf Bible|Lc|3|22}}, {{réf Bible|Jn|1|32}}</ref> avec le baptême du Christ dans le [[Jourdain]] où le [[Saint-Esprit]] est apparu sous forme d'une colombe (tableau de [[Francesco Francia]] à droite).}}

Les sources plus anciennes relatives au baptême de Clovis ne font pas allusion à un prodige. On trouve mention du « saint chrême envoyé du Ciel » dans la liturgie rémoise remontant au VIIIe siècle au plus tard, ainsi que dans les œuvres de Godescal d'Orbais<ref> F. Baix, « Les sources liturgiques de la ''Vita Remigii'' de Hincmar », ''Miscellanea historica in honorem A. de Meyer'', Louvain, 1946, {{p.|211-227}}</ref>.

Selon un épisode de [[mythologie chrétienne]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Francis Oppenheimer|titre=The Legend of the Ste. Ampoule|éditeur=[[Faber and Faber]]|année=1953|passage=100}}.</ref> rapporté dans la ''[[Vita]] sancti Remigii'' rédigée vers 876-878 par [[Hincmar de Reims|Hincmar]]<ref>Hincmar, ''Vie de saint Rémi'', éd. B. Krusch, [[Monumenta Germaniae Historica|MGH, SRM]], t. 3, Hanovre, 1896, p. 295</ref>, archevêque de Reims (vers [[802]]-[[882]]), une colombe<ref>Le miracle de cette colombe tient ses origines dans la liturgie rémoise, en usage dans la cathédrale dès le {{s-|VIII}}, avec une {{Citation|colombe baptismale en métal qui était suspendue au-dessus des [[Fonts baptismaux]] de même qu'on suspendait au-dessus du tabernacle de l'autel une colombe eucharistique contenant les [[Saintes Espèces]]}}. Cf {{ouvrage|auteur=[[Louis Réau]]|titre=Iconographie de l'art chrétien|éditeur=Presses universitaires de France|date=1959|passage=1145}}</ref> aurait apporté la [[Sainte Ampoule]] remplie de [[Saint chrême]] à l'évêque Rémi, pour oindre le front de Clovis. 

Le diacre chargé d'apporter le chrême ne pouvant fendre la foule pour parvenir jusqu'à Remi, une colombe, tenant dans son bec l'ampoule (remplacée par un ange dans certaines versions), serait descendue du ciel. 

L'importance de cette légende (symbole de l'assimilation du baptême et du sacre royal, mythe pour légitimer la royauté franque occidentale et la primauté du siège archiépiscopal de Reims) et de son développement au {{s-|XII}} pour le choix de la localité où le roi doit être sacré est déterminante dans la victoire de Reims sur [[Basilique Saint-Denis|Saint-Denis]], cette dernière s'assurant à la même époque un double monopole en matière de sacralité royale (nécropole dynastique de la famille royale et conservation des principaux [[regalia du royaume de France]])<ref>{{ouvrage|auteur=[[Alain Boureau]], [[Claudio Sergio Ingerflom]]|titre=La Royauté sacrée dans le monde chrétien|éditeur=Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales|date=1992|passage=26}}</ref>.

La plus ancienne représentation du baptême de Clovis figure sur une plaque d'ivoire illustrant les [[Miracles de saint Remi]], conservée au [[musée de Picardie]], à [[Amiens]], elle date du IXe siècle.

=== Rôle de Clotilde et motivations de Clovis ===
[[Fichier:Ary Scheffer - Bataille de Tolbiac 496.jpg|vignette|''[[Bataille de Tolbiac (Scheffer)|Bataille de Tolbiac]]'' par [[Ary Scheffer]] (1836), conservé à la [[galerie des Batailles]], au [[Musée de l'Histoire de France (Versailles)|musée de l'Histoire de France]], à [[Versailles]].]]
La tradition, soutenue par l’''[[Histoire des Francs]]'' de [[Grégoire de Tours]], récit sujet à caution, lie la [[Conversion au christianisme|conversion]] de Clovis au rôle déterminant de [[Clotilde (femme de Clovis)|Clotilde]], princesse burgonde chrétienne [[Chalcédonisme|chalcédonienne]] (on dirait maintenant catholique) qui l'a épousé à une date incertaine (l'historiographie classique l'a longtemps placé en 493 mais les historiens penchent plutôt aujourd'hui pour les années 500)<ref>{{ouvrage|auteur=[[Bruno Dumézil]]|titre=Les barbares|éditeur=Presses universitaires de France|date=2016|passage=422}}</ref>, et lie la décision du roi de se faire baptiser à la [[Bataille de Tolbiac (496)|bataille de Tolbiac]] (dont la date fait elle aussi débat) au cours de laquelle il aurait fait vœu de recevoir le sacrement, si le dieu chrétien de Clotilde lui accordait la victoire<ref>{{ouvrage|auteur=[[Pierre Chaunu]], [[Éric Mension-Rigau]]|titre=Baptême de Clovis, baptême de la France : de la religion d'État à la laïcité d'État|éditeur=Balland|date=1996|passage=28-29}}</ref>. Les motifs de cette conversion au [[christianisme nicéen]] (la religion [[Orthodoxie|orthodoxe]], dite aussi « catholique », à une époque où les dynasties burgondes et wisigothes en particulier, pratiquent une variante hérétique, l'[[arianisme]]), peut-être antérieure de nombreuses années à son baptême, suscitent de nombreux débats parmi les historiens. Certains historiens y voient une évolution spirituelle sincère, d'autres un acte politique opportuniste d'un roi issu d'un milieu largement [[Romanisation (histoire)|romanisé]], qui vise à accroître son emprise territoriale en obtenant le soutien des élites [[gallo-romain]]es christianisées (élites civiles, militaires et religieuses, notamment l'épiscopat<ref>D'ailleurs, lors du [[Concile d'Orléans (511)|concile d'Orléans]] en 511, l'intervention de Clovis sur la nomination des évêques lui est reconnue.</ref> détenteur de pouvoirs politiques et administratifs considérables)<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jean-Michel Matz]], Anne-Marie Helvétius|titre=Église et société au Moyen-âge|éditeur=Hachette|date=2008|passage=38}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Geneviève Bührer-Thierry]], [[Charles Mériaux]]|titre=La France avant la France (481-888)|éditeur=Belin|date=2015|passage=162-163}}</ref>.

=== Fondation d'un mythe ===
[[Fichier:Chlodwigs taufe.jpg|vignette|redresse|left|''Le Baptême de Clovis'' (toile, vers 1500) du [[Maître de Saint Gilles]], [[National Gallery of Art|National Gallery of Art de Washington]].]]

Le récit de Grégoire de Tours sur le baptême de {{formatnum:3000}} [[Antrustion|guerriers francs]] ({{formatnum:6000}} dans la ''[[Chronique de Frédégaire]]''), concomitant à celui de leur chef, reste également idéologique. Ces soldats auraient pu recevoir devant la cathédrale une aspersion collective ou leur baptême être différé mais Grégoire, en tant qu'hagiographe, forge la conversion massive de ces soldats (référence probable au récit biblique des [[Actes des apôtres]]<ref>{{réf Bible|Ac|2|41}}</ref>)<ref>{{Citation|Ce nombre de 3000 est fréquent dans l'Ancien Testament ou dans des récits de conversion. C' est un de ces topoi hagiographiques inspiré de modèles anciens, tout bonnement synonyme d'« un grand nombre de personnes ». Il ne signifie pas, loin de là, une christianisation en profondeur et les tombes des chefs de clan du {{s-|VI}} témoignent, pendant plusieurs générations encore, des survivances païennes, tolérées par l'Église mérovingienne}} ({{cf.}} {{ouvrage|auteur=[[Jean-Pierre Leguay (historien)|Jean-Pierre Leguay]]|titre=L'Europe des états barbares. {{sp-|V|-|VIII|s}}|éditeur=Belin|date=2002|passage=127}}).</ref> permettant aux Francs de rejoindre les Gallo-romains, dans un dessein d'unité politique qui aurait pour fondement principal l'unité religieuse du royaume<ref>{{ouvrage|auteur=[[Olivier Guyotjeannin]]|titre=Clovis chez les historiens|éditeur=Droz|date=1996|passage=111}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Michel Rouche]] (dir.)|titre=Clovis, histoire et mémoire. Vol. 2 : Le baptême de Clovis, son écho à travers l’histoire, actes de colloque (Reims, 1996)|éditeur=Presses de l’université Paris-Sorbonne|date=1997|passage=661}}</ref>.

Alors que les [[Vita|vies de saints]] du {{s-|VI}} négligent le baptême de Clovis, cet épisode est très vite intégré dans l'historiographie ecclésiastique (historiographie cléricale et généralement monastique, avec notamment le rôle au service de la monarchie des centres historiographiques de [[Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire|Fleury]], de [[Cathédrale Notre-Dame de Reims|Reims]] et de [[Basilique Saint-Denis|Saint-Denis]], ou [[Grégoire de Tours]] qui montre la voie en faisant de Clovis un « nouveau [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] ») puis, dans un pays où s'affermit le pouvoir royal au {{s-|XIII}}, dans l'historiographie monarchique (avec notamment les ''[[Grandes Chroniques de France|Grandes Chroniques]]'' issues de l'atelier [[Basilique Saint-Denis|dionysien]]) qui fait du peuple de France le peuple élu et de Clovis le premier roi chrétien<ref>Sylvain Gouguenheim, {{opcit}}, p. 339</ref>.

== Commémorations ==
=== Quatorzième centenaire ===
La France, sous la présidence de [[Félix Faure]], fête en grande pompe à Reims en 1896 le quatorzième centenaire du baptême de Clovis. Cette commémoration constitue l'apogée du mythe fondateur de la nation française<ref>François Boulanger, « Le quatorzième centenaire du baptême de Clovis (1896), la célébration d'un mythe fondateur et ses implications politiques », in S. Guilbert (dir.), ''Fêtes et politique en Champagne à travers les siècles'', Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1992, p. 211 à 223.</ref>.

=== Quinzième centenaire du baptême de Clovis ===
[[Fichier:100francsclovisroidesfrancs-rev.png|vignette|[[Pièce de 100 francs Clovis|Pièce commémorative de 100 francs]] émise en 1996.]]
Le [[Archidiocèse de Reims|diocèse de Reims]] compte plus de 90 paroisses dédiées à saint Remi. En 1996, sous la présidence du sénateur [[Albert Vecten]], une [[Comité pour la commémoration des origines : de la Gaule à la France|commémoration du quinzième centenaire du baptême de Clovis]] voit l'organisation de plusieurs manifestations. Parmi celles-ci, sept circuits reliant ces paroisses sont définis et proposés au public du {{date-|15 juin 1996}} au {{date-|31 octobre 1996}}.

C'est à la même occasion que le pape {{lnobr|Jean-Paul II}} célèbre une messe le {{date-|22 septembre}} sur la [[Base aérienne 112 Reims-Champagne|base {{nobr|aérienne 112}}]]. Cette commémoration suscite une vive opposition des milieux anticléricaux et de certains groupes de laïcs qui dénoncent une récupération de Clovis comme un instrument de la propagande vaticane et voient dans cette célébration une revanche cléricale et [[Intégrisme|intégriste]] sur le [[Bicentenaire de la Révolution|bicentenaire républicain de la Révolution]]. La controverse, baptisée « l'affaire Clovis » dans de nombreux médias (d'après le nom du pamphlet publié en septembre 1996 par [[Pierre Bergé]]), prend d'autant plus de relief que le pape est venu en France le 21 septembre, jour même de la [[Proclamation de l'abolition de la royauté|proclamation de la Première République]]<ref>{{ouvrage|auteur=François David|titre=Les réseaux de l'anticléricalisme en France|éditeur=Bartillat|date=1997|passage=66-70}}</ref>.

La Poste française imprime aussi en 1996 un timbre de 3 F avec comme illustration celle du ''Baptême de Clovis'' dans ''Grandes Chroniques de France'' (Castres, Bibliothèque Municipale, fol. 11. XIVe siècle) accompagnée de la mention « Clovis » et du texte « De la Gaule à la France 496-1996 »<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=De la Gaule à la France : Clovis (496-1996) |url=https://www.laposte.fr/toutsurletimbre/connaissance-du-timbre/dicotimbre/timbres/de-la-gaule-a-la-france-clovis-496-1996-3024 |site=La Poste |consulté le=2022-04-20}}</ref>.

== Voir aussi ==

=== Bibliographie ===

* {{Article|auteur=[[Christian Amalvi]]|titre=Le baptême de Clovis : heurs et malheurs d'un mythe fondateur de la France contemporaine, 1814-1914 |périodique=Bibliothèque de l'École des chartes|date=1989|tome=147|pages=583-610|url texte=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1989_num_147_1_450549}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Pierre Chaunu]], [[Éric Mension-Rigau]]|titre=Baptême de Clovis, baptême de la France : de la religion d'État à la laïcité d'État|éditeur=éditions Balland|année=1996|pages totales=327|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|rJhYDwAAQBAJ}}}}
*Christian Delabos, « Le baptême de Clovis », ''Histoire antique et médiévale'', 63, Septembre 2012, {{p.|20-27}}. [https://www.academia.edu/4899875/Le_bapt%C3%AAme_de_Clovis Lire en ligne.]
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Bruno |nom1=Dumézil |lien auteur1=Bruno Dumézil |titre=Le baptême de Clovis |sous-titre=24 décembre 505 ? |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |collection=[[Trente journées qui ont fait la France|Les journées qui ont fait la France]] |année=2019 |pages totales=320 |isbn=978-2-07-269067-9}}.
* ''Clovis ou Les origines de la France'' / scénario Éric Mestrallet et Frédéric Fagot ; dessin [[Bruno Bertin]] ; mise en coul. Odile Mestrallet et Marie-Pia Orsel ; préface du Professeur [[Michel Rouche]]. Paris : coéd. Association Mémoire du baptême de Clovis & Fagot du Maurien, 1995, 43 p. {{ISBN|2-911431-00-6}}<ref>{{BNF|35806401}}</ref>{{Commentaire biblio|Bande dessinée officielle publiée à l'occasion de la célébration du 1500{{e}} anniversaire du baptême de Clovis<ref>[http://www.bedetheque.com/serie-33739-BD-Clovis-ou-les-origines-de-la-France.html ''Clovis ou les origines de la France'', sur le site bedetheque.com]</ref>.}}
* {{ouvrage|auteur=[[Michel Rouche]] (dir.)|titre=Clovis, histoire et mémoire. Vol. 2 : Le baptême de Clovis, son écho à travers l’histoire, actes de colloque (Reims, 1996)|éditeur=Presses de l’université Paris-Sorbonne|date=1997|pages totales=915}}
* {{ouvrage|auteur=Philippe Delorme, [[Luc de Goustine]]|titre=Clovis 496-1996. Enquête sur le XVème centenaire|éditeur=Régnier|date=1996|pages totales=223}}
* [[Michel De Jaeghere]], ''Qui a peur du baptême de Clovis ?'' Renaissance catholique, 1997, 312 p.

=== Articles connexes ===
{{Autres projets|commons=Category:Baptism of Clovis I|commons titre=baptême de Clovis}}

* [[Fils aîné de l'Église]]
* [[Sacre des rois de France]]
* [[Saint chrême]]
* [[Sainte Ampoule]]
* [[Le Baptême de Clovis (Hélart)''Le Baptême de Clovis'' (Hélart)|Le Baptême de Clovis]]

== Notes et références ==

=== Notes ===
{{Références|groupe=Note|taille=30}}

=== Références ===

{{Références|taille=30}}

{{Portail|Catholicisme|Monarchie|France|Haut Moyen Âge|Reims}}

[[Catégorie:Baptême]]
[[Catégorie:Histoire des Francs]]
[[Catégorie:Cérémonie]]
[[Catégorie:Clovis Ier]]
[[Catégorie:Mémoire collective en France]]

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