Robert Hébras

survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane

Robert Hébras, né le à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) et mort le à Saint-Junien (Haute-Vienne), est l'une des six personnes à avoir survécu au massacre perpétré dans cette localité le et devenu, dans la France de l’après-guerre, un symbole national des atrocités nazies.

Biographie

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Origines familiales

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Robert Hébras est le troisième enfant de Jean Hébras (1881-1974), originaire de Luchapt dans la Vienne, et Marie-Louise Hébras, née Mérigout, née en 1893 à Saint-Bonnet-de-Bellac, en Haute-Vienne. Il a une demi-sœur, Juliette (dite Odette, 1919-2006)[1], et deux sœurs : Georgette, infirmière, née en 1922[2], et Denise, née en 1935[3].

Seuls son père et sa sœur aînée Odette sont rescapés du massacre.

Le 10 juin 1944

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Robert Hébras, Jean-Marcel Darthout, Mathieu Borie, Clément Broussaudier, ainsi que Pierre-Henri Poutaraud, sont les seuls civils qui ont survécu à l’exécution menée avec des mitrailleuses. Ils sont restés couchés – en partie sous le corps de leurs camarades – dans la grange Laudy et ont fait semblant d’être morts, car les membres de la SS (Schutzstaffel, de l'allemand « escadron de protection ») montaient sur les corps et achevaient quiconque bougeait encore. Un quart d’heure après les exécutions, la SS a mis le feu à la grange afin d’effacer les traces de leurs exactions. Pierre-Henri Poutaraud s’est enfui dès le départ du feu et a été assassiné près du cimetière.

Les quatre autres hommes sont restés couchés sous les corps qui se consumaient jusqu’au moment où ils ont craint pour leur propre vie[4]. Trois des cinq hommes qui ont réussi à fuir le village en feu étaient gravement blessés ; Robert Hébras l'était à la poitrine, à une jambe et au poignet droit. La moitié de la famille Hébras – la mère et deux des filles – a péri lors du massacre. À l'exception du fils, Robert, n'ont survécu que la fille aînée, qui n’habitait plus à Oradour, et le père (celui-ci se trouvait, au moment des faits, dans un village voisin, où il aidait un fermier de ses amis).

Marguerite Rouffanche est la seule femme à avoir survécu au massacre. Les femmes et les enfants étaient réunis dans l'église du village où ils ont suffoqué, été mitraillés ou/et brûlés vivants par le feu provoqué par les soldats SS. Les 207 enfants et bébés ainsi que 254 femmes ont péri alors que Marguerite Rouffanche, profitant d'un nuage de fumée, s'échappa par une fenêtre de l'église et gagna le jardin voisin, n'étant que légèrement blessée.

Après le , Robert Hébras a participé activement à la Résistance contre le national-socialisme et combattu aussi sur le champ de bataille. Ainsi, fin juin, il rallie le groupe de maquisards dit de Fromental, à Cieux, près d'Oradour[5]. Il contribue à réparer des véhicules, puis après un important parachutage d'armes mi-juillet, il prend part à des combats et réchappe à une embuscade meurtrière aux Rivauds, le 7 août[6],[7].

Après-guerre

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Robert Hébras dans les ruines d'Oradour-sur-Glane avec des membres de l'association Les Francs-Tireurs Lorrains.

En 1953 se tient le procès de Bordeaux où sont jugés les SS présents à Oradour le 10 juin 1944. Robert Hébras y témoigne de ce qu'il a vécu ce jour-là.

En 1983, il assiste à un procès en RDA contre l'un des bourreaux d’Oradour, Heinz Barth.

Le reste de sa vie, il s’engage pour la réconciliation entre l’Allemagne, la France et l'Autriche. Malgré son âge, il entreprend des visites guidées dans les ruines du village martyr, ouvert à des interviews, à des projets de vidéo, particulièrement pour la jeunesse.

Robert Hébras est marié, a un fils et trois petits-enfants et vit à Saint-Junien, près d’Oradour.

Polémique

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Robert Hébras est condamné le 14 septembre 2012 à un euro symbolique de dommages et intérêts et à 10 000 euros de frais de justice pour avoir émis des doutes sur le caractère forcé de l’enrôlement d’Alsaciens dans les Waffen-SS dans son livre Oradour-sur-Glane : le drame heure par heure, publié en 1994. Il y écrit : « Parmi les hommes de main, quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS. » À la suite des protestations des Associations des évadés et incorporés de force (Adeif) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui demandent le retrait du livre des librairies, il nuance ce propos dans les éditions suivantes mais, dans un nouveau retirage en 2009, il reprend sa version initiale[8].

La cour d’appel de Colmar estime que Robert Hébras « a outrepassé les limites de la liberté d’expression en mettant en doute le caractère forcé et non volontaire de l’incorporation de force de jeunes Alsaciens dans les unités allemandes de Waffen SS. » Elle considère par ailleurs que Robert Hébras ne peut pas se prévaloir de la qualité de témoin, car à l’époque du massacre « il n’avait pas distingué les Allemands nazis des Alsaciens portant tous le même uniforme » et qu’il était « encore moins témoin de l’incorporation de force des Alsaciens dans les unités allemandes. » L’incorporation de force, estime la cour d’appel, est une « vérité historiquement et judiciairement établie. »

Robert Hébras affirme que le nouveau tirage incriminé a été effectué à l’initiative de l'éditeur, qui a utilisé d’anciens typons d’impression non corrigés et qu’il n’a jamais signé de bon à tirer pour cette réédition. En janvier 2013, il se pourvoit en cassation[9].

Le , Robert Hébras est définitivement blanchi par la justice française qui a annulé l'arrêt de la cour d'appel de Colmar. La Cour de cassation, première chambre civile (pourvoi no 12.35-434) a estimé que les propos, « s'ils ont pu heurter, choquer ou inquiéter les associations demanderesses, ne faisaient qu'exprimer un doute sur une question historique objet de polémique, de sorte qu'ils ne dépassaient pas les limites de la liberté d'expression[10],[11]. »

Fin de vie, mort et obsèques

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Devenu seul témoin vivant du massacre d'Oradour-sur-Glane en 1944 depuis le décès de Jean-Marcel Darthout le , Robert Hébras était le seul survivant du massacre encore en vie. Soucieux de la transmission mémorielle auprès des jeunes générations, il initie dès 2020 et accompagne une bande dessinée ("Oradour 1944 - L'Innocence Assassinée" par Jean-François Miniac/Bruno Marivain) relatant le martyr d'Oradour[12]. Le , il annonce à la radio son retrait « volontaire » de témoin du massacre d'Oradour dans la « vie publique » du fait de son grand âge[13].

Il meurt à l'âge de 97 ans le à l'hôpital de Saint-Junien en Haute-Vienne, à quelques kilomètres d'Oradour[14],[15],[16].

Le , lors de ses obsèques, un hommage national lui est rendu au cimetière d'Oradour-sur-Glane ; plusieurs personnalités politiques y assistent, dont Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale représentant le président de la République, ainsi que l'ancien président François Hollande[17],[18]. Après son incinération, ses cendres sont illégalement répandues par sa famille dans l'ancienne église où avaient péri sa mère et ses sœurs, par respect pour ses dernières volontés, comme en témoigne sa fille à l'occasion du 80ème anniversaire du massacre, au JT du soir de France 2 le 10 juin 2024.

L'une de ses petites-filles, Agathe Hébras, par ailleurs employée par la Fondation du patrimoine, s'implique particulièrement dans la transmission du message de son grand-père[19],[20].

Distinctions et décorations

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Décorations

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Distinctions

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Delphine Hébras (petite-fille), Jean Serog (99 ans), Robert Hébras et l’ambassadeur Hubert Heiss à l’ambassade d’Autriche à Paris.

« Il faut considérer la distinction de Robert Hébras comme un hommage aux victimes du massacre d’Oradour et comme une marque de respect pour le travail des survivants. »

— Andreas Maislinger, président et fondateur du Service autrichien de la Mémoire

Publications

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  • Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure, Saumur, Éditions CMD, 1992 (ISBN 2-909-82600-7)
  • Oradour-sur-Glane, notre village assassiné, André Desourteaux et Robert Hébras, Montreuil-Bellay, Éd. CMD, 1998 (ISBN 2-909826-65-1)
  • Robert Hébras et Laurent Borderie, Avant que ma voix ne s’éteigne, Paris, Elytel, , 128 p. (ISBN 978-2-917182-09-3).
  • Le Dernier Témoin d'Oradour-sur-Glane. Un témoignage pour les générations futures, Mélissa Boufigi, Agathe Hébras, Robert Hébras, HarperCollins, 2022 (ISBN 979-1033909507)
  • Oradour 1944, L'Innocence assassinée (BD, scénario : Jean-François Miniac ; dessin : Bruno Marivain ; supervision pour moitié : Robert Hébras), éditions Anspach - mai 2024.

Références

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  1. « Recensements de la population », sur archives.haute-vienne.fr (consulté le )
  2. Dominique Tantin et Isabel Val Viga, « HÉBRAS Georgette », sur Le Maitron, (consulté le ).
  3. Dominique Tantin et Isabel Val Viga, « HÉBRAS Denise », sur Le Maitron (consulté le ).
  4. Robert Hébras : « Mon bras gauche et mes cheveux étaient déjà enflammés. C’était une douleur terrible, c’est pourquoi je me suis enfui. »
  5. Hébras et Borderie 2014, p. 87.
  6. Hébras et Borderie 2014, p. 89.
  7. Dominique Tantin, « Blond (Haute-Vienne), 7 août 1944 », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le ).
  8. AFP, « Un survivant d’Oradour condamné en appel pour des propos sur les "Malgré-nous" », sur liberation.fr, .
  9. France 3 Limoges, journal du 12 janvier 2013.
  10. « Malgré-Nous : Robert Hébras, survivant d’Oradour, blanchi par la Cour de cassation », sur dna.fr du 16 octobre 2013.
  11. Arrêt de la Cour de cassation, sur legifrance.gouv.fr.
  12. « L'émoi suscité par la condamnation de Robert Hébras », sur lepopulaire.fr, .
  13. Journal de 13 heures de France Inter.[source insuffisante]
  14. « Robert Hébras, dernier survivant de la tragédie d'Oradour-sur-Glane, est décédé », sur francebleu.fr, (consulté le ).
  15. Sylvain Delage, « Robert Hébras, le dernier survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane, est décédé », sur Ouest France, (consulté le ).
  16. Georges Chatain, « Robert Hébras, dernier survivant d’Oradour-sur-Glane, est mort », sur Le Monde, (consulté le ).
  17. Franck Petit, « Obsèques de Robert Hébras : le ministre de l'Éducation Nationale et la secrétaire d'État aux anciens combattants rendront hommage vendredi au dernier survivant d'Oradour-Sur-Glane », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  18. Sébastien Dubois, « Hommage à Robert Hébras : à Oradour-sur-Glane, la France reconnaissante », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
  19. Marianne Enault, « « Le devoir de mémoire est essentiel » : le dernier témoin d’Oradour transmet le flambeau à sa petite-fille », sur lejdd.fr, (consulté le ).
  20. Antoine Jegat, Laurence Ragon et Nassuf Djailani, « Agathe Hébras, petite-fille du dernier survivant d’Oradour : “son plus grand souhait, c'était que sa parole ne s’éteigne jamais” », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  21. « Décret du 13 juillet 2010 portant promotion et nomination », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  22. « Décret du 11 avril 2001 portant promotion et nomination », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  23. « Décret du 31 décembre 2020 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  24. Franck Petit, « Les palmes académiques pour le dernier survivant d’Oradour-Sur-Glane », sur France 3, (consulté le ).
  25. Pascal Coussy, « Robert Hébras décoré par le consul d'Allemagne », sur France 3 Limousin, (consulté le )
  26. Voir sur europarl.europa.eu.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Guy Penaud, Oradour-sur-Glane - Un jour de juin 1944 en enfer, Geste éditions, 2014 (ISBN 2-367-46171-6)

Filmographie

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  • 2003 : Rencontre avec Robert Hébras : sur les traces de vie effacée, documentaire du réalisateur allemand Bodo Kaiser
  • 2011 : Une vie avec Oradour, documentaire avec Jean-Marcel Darthout. Robert Hébras y évoque notamment son parcours après le massacre.

Article connexe

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Liens externes

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