La peau humaine est un des organes les plus grands du corps, en termes de poids (5 à 10 % de la masse corporelle totale d'un adulte moyen suivant la taille ou la corpulence, le double si l'on prend en compte le tissu adipeux sous-cutané) et de surface d'échange[1] ; chez l'adulte sa surface est d'environ 1,8 m2[2],[3], son épaisseur varie de 0,5 mm (paupières) à 4-5 mm (haut du dos notamment)[4]. Sa surface d'échange est cependant bien plus petite que celle du poumon (140 m2) ou de l'intestin (300 à 400 m2, environ deux terrains de tennis) et elle est bien moins perméable[5]. Elle est l'habitat du microbiote cutané humain.

Peau humaine
Anatomie de la peau humaine.
Détails
Système
Identifiants
Nom latin
cutis
MeSH
A17.815
Nom MeSH
Skin
TA98
A16.0.00.002Voir et modifier les données sur Wikidata
TA2
7041Voir et modifier les données sur Wikidata
FMA
7163Voir et modifier les données sur Wikidata
Référence anatomique Gray
Page
1325

La spécialité de médecine traitant de la peau et de ses affections est la dermatologie.

Couches de la peau humaine

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Par convention, une peau est dite épaisse ou fine suivant l’épaisseur de son épiderme : l'épiderme le plus épais (1,5 mm) est au niveau des paumes et des plantes, le plus fin (0,5 mm) au niveau des paupières[6].

Elle est composée de plusieurs couches de tissu : l’épiderme (couche superficielle, qui abrite notre microbiote cutané), la jonction dermo-épidermique, le derme (couche intermédiaire).

Composition chimique de la peau humaine

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Vue rapprochée de la structure de la peau humaine.
  • 70 % d'eau (sa répartition est variable, l'hypoderme beaucoup plus hydraté),
  • 27 % de protides (carbone, hydrogène, oxygène et azote, ainsi que des acides aminés, des protéines, des hormones et des enzymes),
  • 2 % de lipides (carbone, hydrogène, oxygène ainsi que des phospholipides, des acides gras, des triglycérides…),
  • 0,5 % de sels minéraux (sodium, magnésium, potassium, fer, cuivre, zinc, soufre, phosphore, iode, manganèse…)[7].

Fonctions

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Aspect de la peau humaine.

Les principales fonctions de la peau sont : barrière de protection contre les agressions extérieures (chaleur, soleil, eau, infections, etc.), thermorégulation[8] (Homéostasie), excrétion (glandes sudoripares), rôle sensoriel (nerfs sensitifs, thermorécepteurs, etc.), support d'une partie de notre microbiote, synthèse de la vitamine D[9],[7].

La fonction de protection est assurée principalement par le film hydrolipidique et la couche cornée.

Le rôle sensoriel est important au regard de la surface de contact avec l'environnement. La peau contient cinq types de récepteurs : mécanorécepteurs sensibles au toucher et à la pression, nocicepteurs sensibles à la douleur, thermorécepteurs sensibles au froid ou au chaud. La peau possède en moyenne 50 capteurs/cm2, la langue 200 capteurs/cm2, la main 200 à 300 capteurs/cm2. La densité maximum est au niveau du bout des doigts qui ont 2 000 récepteurs tactiles par cm2, ce qui leur permet de détecter des reliefs de 75 nanomètres d'épaisseur[10].

Du point de vue social, elle est une caractéristique physique propre à chaque être humain (empreintes digitales et dermatoglyphes uniques…) ; une relation entre le système immunitaire de la peau et le psychisme est établie[réf. nécessaire].

Vulnérabilité de la peau à la pollution

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Les travaux du dermatologue Jean Krutmann ont récemment confirmé que la peau est affectée par de nombreux polluants de l'air, dont liés aux gaz d'échappement tels que le dioxyde d'azote ou les particules en suspension, au détriment de la santé humaine : les patients les plus exposées aux polluants de l'air courants sont aussi ceux qui présentent les taux plus élevés d'inflammation cutanée chronique et le plus de taches de vieillesse[11]. Les cultures de peau exposées à de l'air pollué voient le nombre de cellules anormales ou mourantes augmenter, de même pour les dégâts à l'ADN[11].

La peau, tant qu'elle n'est pas percée ou abrasée est une barrière efficace contre la plupart des microbes, mais elle est vulnérable aux polluant lipophiles et liposolubles (qui peuvent passer dans les membranes lipidiques entre les cellules). La peau est également perméable à l’humidité qui peut transporter des polluants hydrosolubles[11]. Des onguents, pommades ou timbres (patchs) adhésifs de médicaments ou de nicotine, ou certaines huiles essentielles la pénètrent facilement[11].

Son vieillissement est accéléré par les UV, directement et indirectement via le stress oxydatif induit par les radicaux libres qu'ils contribuent à former sur la peau, sources de carcinome épidermoïde[11]. Plus récemment[Quand ?], les recherches se sont considérablement élargies pour révéler les dommages graves que peuvent causer à la peau les polluants atmosphériques, les pesticides ou des produits chimiques présents dans les produits de beauté, de soins ou d'entretien susceptible d'induire des démangeaisons, de l'asthme, le cancer du sein, des perturbations endocriniennes, etc.[11]

Le cocktail des polluants aéroportés contient couramment des phtalates que l'on savait problématiques lorsqu'ils sont ingérés.
Charles Weschler (Université Rutgers, New Jersey) a montré qu'on en absorbait bien plus par la peau que via la respiration pulmonaire[12].
Laura Vandenberg (Université du Massachusetts d'Amherst) a testé le passage percutané du bisphénol A à partir de papier thermique d'impression[13], concluant que des acteurs tels que des régulateurs tels que l’Autorité européenne de sécurité des aliments, ont sous-estimé notre degré de contamination de l'organisme humain par ce type de produits[11].

De nombreux pesticides sont également toxique en passage percutané ; ainsi le chlorpyrifos fréquemment utilisé dans les rizières au Ghana passe des vêtements des travailleurs à leur sang, via la peau en quantités supérieures à celles connues pour avoir un effet sur la santé (confusion et détresse intestinale dans ce cas[14]). Les pesticides en contact avec la peau déclenchent souvent une dermatite de contact, l’acné voire des mélanomes[11].

Bien évaluer les niveaux d’exposition de la peau aux polluants tout au long de la vie reste difficile, notamment car dans un même emploi, des comportements différents peuvent moduler le niveau d'exposition percutanée à des polluants au travail ou à la maison. De plus, des prédispositions génétiques existent probablement[11].

Dermatoglyphe

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Dermatoglyphes du doigt montrant les crêtes et plis papillaires.

Les dermatoglyphes sont les figures de la face palmaire des mains, de la plante des pieds, des doigts (empreintes digitales) et des orteils humains, dessinées par les plis et les crêtes épidermiques. Présents dès la naissance, ils ne changent jamais de forme et sont propres à chaque individu.

Les crêtes augmentent la capacité de friction des surfaces des mains et des pieds et, par conséquent, raffermissent la prise. En effet, chez les mammifères, les pelotes palmaires et plantaires, surtout marquées chez les formes marcheuses, s'aplatissent avec l'arboricolisme et le développement des fonctions de préhension et de tact. Chez les Hominoïdes, la surface de la main est devenue presque plane et les formations dermatoglyphiques n'indiquent parfois même plus l'emplacement primitif des pelotes[15].

Elles semblent aussi jouer un rôle dans la sensibilité, partout où la peau est en situation de frottement ou de pression. Par exemple, le coussinet externe des phalanges des chimpanzés et des gorilles en est garni, alors qu'il n'a pas de fonction dans la préhension[16].

Modifications avec l'âge

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Vieillissement cutané

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Le vieillissement cutané (de) est un processus complexe qui n’est pas complètement élucidé à ce jour. Il résulte de nombreuses interactions biologiques, biochimiques et physiques qui induisent des dommages qui vont altérer les fonctions cutanées. L’épiderme est affiné, le renouvellement cellulaire est diminué : la prolifération kératinocytaire est ralentie. Les jonctions dermo-épidermiques sont fragilisées. Le derme s’atrophie, avec une diminution de la cellularité, de la vascularisation et de la matrice extracellulaire (MEC) (désorganisation, fragmentation et réduction des fibres de collagène). Le tissu adipeux sous-cutané s’atrophie également (par des mécanismes de sénescence, de lipolyse, et de redistribution viscérale), tout comme les masses musculaires qui s’amyotrophient. Ces phénomènes induisent un amincissement global de la peau et un affaiblissement de son support adipo-musculaire, conduisant au relâchement cutané[17].

Sous l'effet de la disparition progressive du collagène et de l'élastine, le derme se relâche et se parchemine et se plisse, formant les premières rides qui apparaissent vers 30 ans[18].

Moaïcisme génétique

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Malgré le travail du gène TP53 (aussi dénommé « gardien du génome ») qui répare la plupart des dommages causés à l’ADN, plus le corps humain vieillit, plus il se présente en réalité comme une mosaïque complexe de « grappes de cellules » dont les génomes diffèrent légèrement[19].

Ceci est du aux mutations génétiques issues d'erreurs de duplication de l'ADN, ou accumulée, à la suite notamment de l'exposition aux UV solaires, à des polluants, aliments et produits cancérigènes (fumées…) qui induisent dans certaines cellules des mutations, ensuite transmissibles aux cellules filles[19].

Une étude récente (2019) basée sur 29 types de tissus humains différents a montré que la mosaïcité génétique des organes est plus élevée pour ceux dont les cellules doivent se reproduire fréquemment. Et la peau compte parmi les organes les plus concernés[19],[20].

La peau humaine et l'eau

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Peau fripée d'un doigt.

Le sébum protège la peau de la déshydratation et de brefs séjours dans l'eau.

Lorsque les doigts ou pieds sont immergés pendant plus de cinq minutes dans de l'eau, leur peau devient fripée[21]. Ce phénomène est commandé par le système nerveux sympathique[21]. La peau fripée aurait un rôle évolutif : à l'instar des sillons des pneus qui aident à évacuer l'eau, les doigts ridés auraient permis aux ancêtres préhistoriques de récolter de la nourriture dans des cours d'eau ou des végétaux humides. Le plissement de la plante de leurs pieds aurait favorisé une marche plus stable sous la pluie[21].

Notes et références

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  1. Les os du squelette représentent 14 % de la masse corporelle, les muscles squelettiques 42 % du poids corporel d'un homme adulte moyen et 36 % d'une femme adulte moyenne. Chez l'adulte, la surface d'échange de la peau peut atteindre 1,5 à 2 m2 en moyenne. Dans les poumons, les alvéoles au nombre d'environ 300 millions chez l'homme adulte, constituent une surface d'échange qui peut atteindre 70 m2, soit l'équivalent de la moitié d'un terrain de tennis. La surface totale de la muqueuse gastro-intestinale déployant les microvillosités intestinales est de 300 à 400 m2, soit l'équivalent d'un terrain de football. Cf (en) Richard D. Sontheimer, « Skin is not the largest organ », Journal of Investigative Dermatology, vol. 134, no 2,‎ (DOI 10.1038/jid.2013.335)
  2. si M est la masse corporelle en kg et L la taille du sujet en m, on peut estimer la surface S par
    S = (71,84×M0,425×(100×L)0,725)/104 [1] ;
    .
  3. (en) Uwe Gröber, Tanja Werner, Jürgen Vormann et Klaus Kisters, « Myth or Reality—Transdermal Magnesium? », Nutrients, vol. 9, no 8,‎ , p. 813 (ISSN 2072-6643, PMID 28788060, PMCID PMC5579607, DOI 10.3390/nu9080813, lire en ligne, consulté le ).
  4. Dubertret, L. "Peau." Encyclopaedia Universalis en ligne |URL=https://www.universalis.fr/encyclopedie/peau/.
  5. Louis Berthelot et Jacqueline Warnet, Les secrets de l'intestin, filtre de notre corps, Albin Michel, , p. 41.
  6. Alexandre Mélissopoulos et Christine Levacher, La peau, Lavoisier, , p. 3.
  7. a et b « Structures et rôles de la peau - De quoi la peau est-elle composée ? », sur Figaro Santé (consulté le ).
  8. Ellen Faivre, « La peau en détail », sur Futura (consulté le )
  9. (en) Hector F. DeLuca, « Overview of general physiologic features and functions of vitamin D », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 80, no 6,‎ , p. 1689S–1696S (ISSN 0002-9165, DOI 10.1093/ajcn/80.6.1689S, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Gardner EP, Martin JH, Jessell TM. The bodily senses. In: Kandel ER, Schwartz JH, Jessell TM, editors. Principles of Neural Sciences, 4e  éd., McGraw-Hill; 2000, p. 430–450.
  11. a b c d e f g h et i Svoboda E(2018) When skin’s defence against pollution fails ; Pollutants in the environment cause more harm than once thought, with effects that can range from irritating to deadly. ; Nature Outlook, publié le , consulté le .
  12. Charles J. Weschler, Gabriel Bekö, Holger M. Koch et Tunga Salthammer, « Transdermal Uptake of Diethyl Phthalate and Di(n-butyl) Phthalate Directly from Air: Experimental Verification », Environmental Health Perspectives, vol. 123, no 10,‎ , p. 928–934 (ISSN 0091-6765, PMID 25850107, PMCID 4590762, DOI 10.1289/ehp.1409151, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Meghan R. Bernier et Laura N. Vandenberg, « Handling of thermal paper: Implications for dermal exposure to bisphenol A and its alternatives », PLOS ONE, vol. 12, no 6,‎ , e0178449 (ISSN 1932-6203, PMID 28570582, PMCID PMC5453537, DOI 10.1371/journal.pone.0178449, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Albert Atabila, Dung Tri Phung, Jonathan N. Hogarh et Ross Sadler, « Health risk assessment of dermal exposure to chlorpyrifos among applicators on rice farms in Ghana », Chemosphere, vol. 203,‎ , p. 83–89 (DOI 10.1016/j.chemosphere.2018.03.121, lire en ligne, consulté le )
  15. Edouard Bourdelle, Mammalia, Muséum national d'histoire naturelle, , p. 99.
  16. (en) William Montagna, « The Skin of Nonhuman Primates », American Zoologist, vol. 12, no 1,‎ , p. 109-124 (lire en ligne).
  17. Françoise Boismal, Kevin Serror, Gabor Dobos, Elina Zuelgaray, Armand Bensussan, Laurence Michel, « Vieillissement cutané. Physiopathologie et thérapies innovantes », Medecine sciences, vol. 36, no 12,‎ , p. 1163 (DOI 10.1051/medsci).
  18. Christophe de Jaeger, Vieillir, Le Cavalier Bleu, , p. 37.
  19. a b et c (en) Ledford H (2019) The human body is a mosaic of different genomes ; Survey finds that ‘normal’ human tissues are riddled with mutations. NEWS .
  20. (en) Martincorena, I., Roshan, A., Gerstung, M., Ellis, P., Van Loo, P., McLaren, S., … & Stebbings, L. (2015). High burden and pervasive positive selection of somatic mutations in normal human skin. Science, 348(6237), 880-886.
  21. a b et c (en) Changizi M, Weber R, Kotecha R, Palazzo J., « Are wet-induced wrinkled fingers primate rain treads », Brain, Behavior and Evolution, vol. 77,‎ , p. 286–290 (DOI 10.1159/000328223).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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