Paul de Rapin de Thoyras

historien français
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Paul de Rapin de Thoyras, né le à Castres et mort le à Wesel, est un historien français.

Paul de Rapin de Thoyras
Portrait de Rapin de Thoyras gravé par Jacobus Houbraken au frontispice de son Histoire d’Angleterre (1743).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
WeselVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Père
Jacques de Rapin, Seigneur de Thoyras (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Jeanne Pellisson (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Marguerite Cécile de Rapin-Thoyras (d)
Suzanne Esther de Rapin-Thoyras (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
Conflits

Son Histoire d’Angleterre fait de lui, avant Montesquieu, le premier historien français des institutions anglaises.

Biographie

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D��une ancienne famille originaire de Savoie, Paul Rapin-Thoyras est le fils de Jacques de Rapin, seigneur de Thoyras, La Sale et Puginier[1], avocat au parlement de Toulouse, et de Jeanne Pélisson[2], sœur de Paul Pellisson[3]. À l’issue de ses études à l’académie de Puylaurens puis à l’académie de Saumur[4], il s’est fait recevoir avocat en 1679[4]:126.

La profession qu’il faisait du calvinisme étant un obstacle à son avancement dans la magistrature, il a résolu de suivre le métier des armes, mais sa famille n’a pas voulu y consentir. La révocation de l’édit de Nantes, en 1685, et la mort de son père survenue deux mois auparavant, l’ont déterminé à passer en Angleterre, où il est arrivé en 1686, recommandé auprès de l’ambassadeur de France par son oncle Paul Pellisson[5].

Repassé en Hollande, en 1688[4]:121, il est entré dans une compagnie de cadets français composée de réfugiés huguenots, dirigée par son cousin Daniel de Rapin, qui était à Utrecht[5]. En , sa compagnie a suivi le prince d’Orange en Angleterre, lors de la Glorieuse Révolution[6]. L’année suivante, milord Kingston lui a donné l’enseigne colonelle de son régiment, avec lequel il est allé en Irlande. Il a ensuite été lieutenant, puis capitaine dans le même régiment, et s’est trouvé au siège de Carrickferguss et à la bataille de la Boyne, avant d’être blessé à l’épaule par un coup de mousquet au siège de Limerick en 1690[4]:171. En 1695, il a cédé sa compagnie à l’un de ses frères, pour être gouverneur de milord Portland. Il a suivi ce jeune seigneur en Hollande, en France, en Allemagne, en Italie et ailleurs. Il s’est fait des amis dans les différents pays qu’il a parcouru[5].

Lorsqu’il a eu fini l’éducation du duc de Portland, il s’est retiré à La Haye, où il s’est livré tout entier à l’étude des fortifications et de l’histoire. Installé, avec sa famille à Wesel, en Prussse rhénane, en 1707, c’est alors qu’il travaillé à son Histoire d’Angleterre, ouvrage savant en 8 volumes, éditée à La Haye en 1724, souvent réimprimé, pour lequel il avait amassé d’immenses matériaux[4]:244-5, et qui a eu un grand succès mérité à bien des égards. Cette Histoire d’Angleterre, la plus complète de son époque, fait de lui, avant Montesquieu, le premier historien français des institutions anglaises[7]. Son style est naturel, assez net, quelquefois brillant. Sa narration est vive, ses portraits ont du coloris et de la force[5].

Cet historien savait, en outre, le grec, le latin, l’anglais, l’italien, l’espagnol ; et il s’était fort appliqué aux mathématiques, surtout aux fortifications. Il aimait aussi la musique, et connaissait tous les bons ouvrages en ce genre. Les gens du monde le regardaient comme un homme d’honneur, les beaux esprits comme un bon écrivain, et les calvinistes comme un protestant zélé[5]. Ayant travaillé sans relâche, au détriment de sa santé à la composition de son Histoire d’Angleterre, l’excès de ce travail a abrégé ses jours. À peine a-t-il pu jouir de la gloire et de la réputation qui attendaient l’œuvre qu’il a laissée inachevée. Il est mort, après une courte maladie[8], laissant un fils et six filles, sur les douze enfants qu’il avait eus[5]. Jacques-Benjamin, le quatrième de ses enfants, a continué sa descendance[8].

Références

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  1. Né en décembre 1613, à Mauvers, mort le 18 août 1685, à Toulouse.
  2. Née vers 1625, morte le 13 février 1706, à Genève.
  3. Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Paul de Rapin de Thoyras » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
  4. a b c d et e Raoul de Cazenove, Rapin-Thoyras : sa famille, sa vie et ses œuvres, Paris, A. Aubry, , 265 p. (lire en ligne), p. 123.
  5. a b c d e et f Dictionnaire historique, critique et bibliographique : contenant les vies des hommes illustres, célèbres ou fameux de tous les pays et de tous les siècles, t. 23, Paris, Menar & Desenne, (lire en ligne), p. 76.
  6. Édouard Tillet, La Constitution anglaise : un modèle politique et institutionnel dans la France des Lumières, Aix-en-Provence, Presses universitaires d’Aix-Marseille, coll. « Histoire des idées politiques », , 626 p. (ISBN 978-2-7314-0224-7, OCLC 645072060, lire en ligne), p. 171.
  7. Voir Nelly Girard d’Albissin, op. cit.
  8. a et b Sabaudia : revue historique, artistique, scientifique, industrielle et littéraire du pays des Allobroges et de l’ancien duché de Savoie, t. 1, E. d’Albane, (lire en ligne), p. 364.

Bibliographie

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  • Nelly Girard d’Albissin, Rapin-Thoyras un précurseur de Montesquieu, Paris, Klincksieck, coll. « Société d'histoire du droit », , 129 p. (ISBN 978-2-252-00951-2, lire en ligne).
  • Raoul de Cazenove, Rapin-Thoyras : sa famille, sa vie et ses œuvres, Paris, A. Aubry, , 265 p. (lire en ligne), p. 123.
  • (en) Michaël Green, « Early employment networks of Paul Rapin-Thoyras : Huguenot soldier and tutor (1685-1692) », Diasporas, no 31,‎ , p. 101-114 (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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