Nicolas Genka
Nicolas Genka, né Eugène Nicolas le à Quimper et mort le à Nogent-sur-Marne, est un écrivain français.
Nom de naissance | Eugène Nicolas |
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Naissance |
Quimper |
Décès |
(à 71 ans) Nogent-sur-Marne |
Nationalité |
Français Allemand |
Activité principale | |
Distinctions |
Prix des Enfants-Terribles 1961 Prix Fénéon 1964 |
Langue d’écriture | Français |
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Genres |
Biographie
modifierFils d'un Breton et d'une Allemande nommée Höhn[1], Nicolas Genka naît le à Quimper[2]. Français par son père, il dispose également de la nationalité allemande[3]. Il a une sœur, Renée[4].
Il vivra une enfance difficile, son père devenant alcoolique et sa mère perdant la raison et mourant en 1951. La même année, à 14 ans, il part vivre chez un oncle russe à Douarnenez[4].
L'Épi monstre
modifierNicolas Genka fait son entrée en littérature avec L’Épi monstre, roman centré sur l’inceste père-fille, écrit à son retour de la guerre d’Algérie. Préfacé par Marcel Jouhandeau, le livre est édité par Françoise d'Eaubonne chez Julliard après avoir subi 13 refus d'autres éditeurs[4],[5],[6].
Publié en , L’Épi monstre connaît un certain succès de librairie avant d’être interdit aux mineurs par le ministère de l’Intérieur par un arrêté du [7]. L'interdiction aux mineur s'accompagnait d'une interdiction de publicité et de traduction, qui empêchait la commercialisation de l’œuvre. Il devait être à l’origine traduit par Pier Paolo Pasolini, Yukio Mishima et Vladimir Nabokov, des parrainages significatifs[5].
Jean Cocteau lui décerne le prix des Enfants-Terribles, créé pour l’occasion. Cet ouvrage vaut également à son auteur de voir sa maison en Bretagne mise à sac par ses voisins menés par le curé local et un procès par son beau-frère qui l’accusa d’avoir écrit non pas un roman mais une autobiographie[8]. À partir de 1999, date de sa réédition, le livre semblait toléré, sans toutefois que l’arrêté d’interdiction n’ait été abrogé[9] ; il ne le fut que par un arrêté du 25 juillet 2005[10], à la suite d'une décision d'annulation du Conseil d'État du 27 juin 2005[11].
Lors du divorce de sa sœur Renée en 1962, son ancien mari affirmera, sur la base de ce roman qu'elle se livrait à l'inceste avec son frère; elle tente de se suicider et perd la garde de son enfant[4].
Jeanne la pudeur
modifierEn 1964, Nicolas Genka publie Jeanne la pudeur, soutenu par Louis Aragon et Jean Paulhan. Il obtient le prix Fénéon. En 1968 paraît L’Abominable Boum des entrepôts Léon-Arthur.
Par la suite, Nicolas Genka se retire en Beauce et cesse de publier pour une longue période. Pendant ce temps, il se consacre à la réécriture de scénarios pour gagner sa vie[4].
Dernières années
modifierEn 1999, Nicolas Genka est redécouvert lorsque L’Épi monstre et Jeanne la pudeur sont réédités. En 2001 devait paraître son quatrième ouvrage, Les Premières Maisons de la ville, supposé constituer le premier tome d’un cycle romanesque de neuf romans, intitulé Sous l’arbre idiot, qu'il avait rédigé tout au long des trente années de son isolement ; il n'est jamais sorti ni aucun des autres romans de la fresque.
Il meurt le à Nogent-sur-Marne, à l’âge de 71 ans. Il est inhumé au cimetière marin de Tréboul, à Douarnenez[2].
Œuvres
modifierRomans
modifier- Nicolas Genka (préf. Marcel Jouhandeau), L'Épi monstre : roman, Paris, Julliard, (réimpr. 1999), 191 p. (ISBN 2-912969-03-4, BNF 33023130)
- Nicolas Genka, Jeanne la pudeur : roman, Paris, Julliard, (réimpr. 1999 ; 2001), 207 p. (BNF 33023131)
- Nicolas Genka, L'Abominable Boum des entrepôts Léon-Arthur, Paris, Christian Bourgois, , 93 p. (BNF 33023129)
Autres
modifier- Max Wechsler et Nicolas Genka (préf. Pierre Gaudibert), Max Wechsler, peintures : Musée d'art moderne de la ville de Paris, animation, recherche, confrontation, novembre-décembre 1968, suivi d'un poème de Nicolas Genka, Paris, Musée d'art moderne de la ville de Paris, , 50 p. (ASIN B0000DPVEQ)Le poème en question se nomme « Narimasu ».
- Yves Lenoir et Nicolas Genka, Narimasu ou La Jeune Fille et la Mort, précédé du Retour d'Ariane, Paris, L'Île verte, , 78 p. (ISBN 2-912617-02-2, présentation en ligne)
Prix
modifier- Prix des Enfants-Terribles pour L’Épi monstre
- Prix Fénéon pour Jeanne la pudeur
Notes et références
modifier- Benoît Laudier, « Nicolas Genka : le sens du combat », sur chronicart.com,
- « Nicolas Genka est mort », sur bibliobs.nouvelobs.com,
- « La fin de 43 ans de censure pour Nicolas Genka », sur lemag.ma
- Stéphane Horel, « Nicolas Genka, 61 ans, bâillonné dans les années 60 pour avoir raconté l'inceste. Son roman L'Épi monstre a scellé son destin. L'immoraliste. », sur liberation.fr,
- « Censure levée sur "L'Epi monstre" », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Editions de l'Abat-Jour, « Nicolas Genka : l’œuvre de la honte ? », sur Editions de l'Abat-Jour, (consulté le )
- Arrêté du 6 juillet 1962 interdisant l'exposition à la vue du public et la vente aux mineurs de dix-huit ans de divers publications dangereuses pour la jeunesse, JORF no 164 du 13 juillet 1962, p. 6891, sur Légifrance.
- Emmanuel Lemieux, « La censure a plusieurs visages », Lire, 1 mars 2003, reproduit sur le site de L’Express.
- Pascal Mbongo, « Police des publications dangereuses pour la jeunesse et « mauvais genres » littéraires », recueil Dalloz, no 34, 2005, p. 2360–2364.
- Arrêté du 25 juillet 2005 portant abrogation de l'arrêté d'interdiction du 6 juillet 1962 en tant qu'il concerne l'ouvrage « L'Épi monstre », JORF no 176 du 30 juillet 2005, p. 12467, texte no 9, NOR INTD0500539A, sur Légifrance.
- Décision no 267586 du 27 juin 2005, sur Légifrance.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Françoise d'Eaubonne, La Plume et le Bâillon : Violette Leduc, Nicolas Genka, Jean Sénac : trois écrivains victimes de la censure, Paris, L'Esprit frappeur, coll. « L'Esprit frappeur » (no 70), , 136 p. (ISBN 2-84405-108-1, BNF 37114651)
- Romain Giordan, « Nicolas Genka : l'œuvre de la honte ? », Revue des ressources, janvier 2013