Nianfo

expression chinoise du bouddhisme de la Terre pure signifiant "penser au bouddha", "invoquer le bouddha"

Nianfo (chinois : 念佛, pinyin : niànfó  ; japonais : 念仏, nenbutsu ou nembutsu  ; coréen : 염불, yeombul  ; vietnamien : niệm Phật) est un terme du bouddhisme Mahāyāna de la Terre pure, dérivé du terme sanskrit buddhānusmṛti (en) qui signifie littéralement « penser au bouddha », « se souvenir du bouddha » et « invoquer le bouddha »[1],[2]. Dans les écoles de la Terre pure, le terme désigne souvent la récitation (ou répétition) du nom du bouddha Amitābha (en japonais, nenbutsu (également transcrit « Nembutsu » en français) expression qui signifie « vénération au bouddha » et désigne l’hommage à Amitābha)[3].

Nianfo en Inde

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Le nianfo sanscrit pratiqué en Inde n’est pas mentionné dans le corps des deux principaux sūtras de la Terre pure, mais apparaît dans l’introduction du Sukhāvatīvyūha Sūtra en sanskrit[4] :

नमोऽमिताभाय / Namo’ mitābhāya.

L’apostrophe et l’omission du premier A de Amitābha s’explique par les transformations sandhi. Le premier A est implicite.

Cette phrase signifie littéralement « hommage à la Lumière Infinie » (Amitābha signifiant littéralement Lumière Infinie). La prononciation sanskrite est la suivante (dans l’alphabet phonétique international) :

[nɐmoːmit̪ɑːbʱɑːjɐ]

Formes du nianfo

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La pratique du nianfo s’est diffusée en Asie de l’Est à partir de l’Inde, prenant diverses prononciations.

Langue Écriture Transcription
Sanskrit नमोऽमिताभाय Namo Amitābhāya
Chinois Chinois traditionnel : 南無阿彌陀佛
Chinois simplifié : 南无阿弥陀佛
Nāmó Ēmítuófó
Japonais Kanji : 南無阿弥陀仏
Hiragana : なむ あみだ ぶつ
Namu Amida Butsu
Coréen Hanja : 南無阿彌陀佛
Hangul : 나무아미타불
Namu Amita Bul
Vietnamien Chữ Quốc ngữ : Nam mô A di đà Phật
Chữ nôm : 南無阿彌陀佛
Nammo Ayida Fut ou Fan (sud)
Nammo Azida Fat (nord)

En Chine, la pratique du nianfo a été codifiée avec l’établissement de l’école bouddhique de la Terre pure. La forme la plus commune de nianfo est le mantra à six syllabes (南無阿彌陀佛, Nāmó Ēmítuófó), parfois abrégé Āmítuó Fó[5].

Principe du nianfo

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Dans la plupart des traditions de la Terre pure, chanter le nom du bouddha Amitābha l’esprit apaisé est vu comme un moyen d’atteindre la Terre pure occidentale d’Amitābha (Sukhāvatī), aidant le pratiquant à repousser le mauvais karma qui entrave la voie de la boudhéité. La Sukhāvatī est un moyen pour échapper à la souffrance de l’existence, quelles que soient les transgressions passées[6].

En Chine, le nianfo est plus particulièrement conçu comme un type de mantra utilisé en méditation, récité par exemple en égrainant un nenju. Il est chanté doucement selon le vénérable Nan Huaijin. Lorsque des pensées troublantes surviennent, le nianfo est répété pour les chasser. Avec de la pratique, il permet à l’esprit d’atteindre le samādhi (pratique du nianfo samādhi)[7].

Au Japon, les écoles de la Terre pure (Jōdo ou Nembutsu)[8] ont différentes interprétations du nianfo (nenbutsu), souvent basé sur la foi en Amitābha plutôt que la pratique de la méditation[3]. Dans le Jōdo shinshū, le nianfo est réinterprété comme l’expression de sa gratitude envers le bouddha Amitābha: la foi seule permet d’atteindre le Sukhāvatī. Dans le Ji shū, le nianfo était associé à des danses extatiques nommées odori nenbutsu[9]. Le nenbutsu (Nembutsu) est interdit au Japon de 1207 à 1211 après le bannissement et l’exil forcé de Hōnen et de ses disciples de la capitale impériale Kyōto : cet épisode est nommé nenbutsu-ban. Cette interdiction est due aux demandes de moines importants d’autres écoles bouddhiques plus ancienne[10].

Origine du nianfo

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Le plus ancien sūtra connu décrivant le nianfo est le Pratyutpanna Sūtra (Ier siècle av. J.-C.), peut-être originaire de Gandhāra. Le sūtra ne porte pas sur le vœu d’Amitābha ou la Sukhāvatī, mais décrit plutôt la récitation du nom d’Amitābha comme en moyen d’entrer dans son royaume par la méditation en fonction de la pureté du pratiquant. Ce n’est que plus tard que le nianfo devient une pratique purificatrice en soi[11].

« Les bodhisattvas ont entendu parler du bouddha Amitābha et l’appellent en esprit encore et encore. Grâce à cet appel, ils voient le bouddha Amitābha. Après l’avoir vu, ils lui demandent quel dharma suivre pour renaître dans le royaume du bouddha Amitābha. Alors le bouddha Amitābha répond aux bodhisattvas : "Si vous souhaitez venir et renaître dans mon royaume, vous devez m’appeler en esprit encore et encore, vous devez toujours garder à l’esprit cette pensée sans l’abandonner, et alors vous réussirez à renaître dans mon royaume. »

— Sūtra Pratyutpanna[12]

Le Sukhāvatīvyūha Sūtra et le Sūtra d'Amitābha (abrégé) décrivent ensuite tous deux la pratique du nianfo[13]. Il n’est cependant pas déterminé quel sūtra est le plus ancien, et jusqu’à quel point la pratique du nianfo était déjà répandue en Inde.

Le bouddhisme de la Terre pure et le nianfo deviennent suffisamment populaires en Inde pour permettre sa diffusion rapide en Chine puis dans toute l’Asie de l’Est[14].

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nianfo » (voir la liste des auteurs).
  1. Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Éd. du Seuil, , 949 p. (ISBN 978-2-02-082273-2), p. 155
  2. Frithjof Schuon, L’œil du cœur, L’Âge d’Homme, , 154 p. (ISBN 978-2-8251-0598-6, lire en ligne), p. 65
  3. a et b Quentin Ludwig, Le grand livre du bouddhisme, Eyrolles, , 371 p. (ISBN 978-2-212-55324-6, lire en ligne), p. 90-91
  4. « Digital Sanskrit Buddhist Canon: Sukhāvatīvyūhaḥ (Vistaramātṛkā) », sur dsbcproject.org (consulté le )
  5. (zh) 淨業持名四十八法
  6. Stuart Chandler, Establishing a Pure Land on Earth : The Foguang Buddhist Perspective on Modernization and Globalization, University of Hawaii Press, , 371 p. (ISBN 978-0-8248-2746-5, lire en ligne), p. 53
  7. (en) Charles B. Jones, « Was Lushan Huiyuan a Pure Land Buddhist? Evidence from His Correspondence with Kumārajīva About Nianfo Practice », Chung-Hwa Buddhist Journal, vol. 21,‎ , p. 175-191 (lire en ligne)
  8. (en) « Glossaire E », sur nichirenlibrary.org (consulté le ).
  9. (en) Elisabeth Moriarty, « Nembutsu Odori », Asian Folklore Studies, vol. 35, no 1,‎ , p. 7-16 (lire en ligne)
  10. Esben Andreasen, Popular Buddhism in Japan : Shin Buddhist religion & culture, Honolulu, Hawai’i, University of Hawaii Press,
  11. (en) John Powers et Charles S. Prebish, Destroying Mara Forever : Buddhist Ethics Essays in Honor of Damien Keown, Snow Lion Publications, , 320 p. (ISBN 978-1-55939-788-9, lire en ligne), p. 241-243
  12. Pratyutpanna Samadhi Sutra (trad. Paul Harrison), Numata center for Buddhist translation and research, , 210 p. (ISBN 978-1-886439-06-1), p. 19
  13. Kevin Trainor, Buddhism : The Illustrated Guide, Oxford University Press, , 256 p. (ISBN 978-0-19-517398-7, lire en ligne), p. 202-203
  14. (en) Galen Amstutz, Interpreting Amida : history and Orientalism in the study of Pure Land Buddhism, SUNY Press, , 262 p. (ISBN 978-0-7914-9482-0, lire en ligne), p. 1-3

Bibliographie

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  • Lisa Grumbach, Nenbutsu and Meditation: Problems with the Categories of Contemplation, Devotion, Meditation, and Faith, Pacific World, vol. 7, 2005, p. 91-105 [lire en ligne]
  • Hisao Inagaki, traduit par Harold Stewart, The Three Pure Land Sutras, 2e ed., Berkeley, Numata Center for Buddhist Translation and Research, 2003, [lire en ligne] (ISBN 1-886439-18-4)
  • Charles B. Jones, Toward a Typology of Nien-fo: A Study in Methods of Buddha-Invocation in Chinese Pure Land Buddhism, Pacific World, vol. 3, 2001, p. 219-239 [lire en ligne]
  • John P. Keenan, Nien-Fo (Buddha-Anusmrti): The Shifting Structure of Remembrance, Pacific World, 5, 1989, p. 40-52 [lire en ligne]
  • Richard K. Payne, Seeing Buddhas, Hearing Buddhas: Cognitive Significance of Nenbutsu as Visualization and as Recitation, Pacific World, Third Series, vol. 7, 2005, p. 110-141 [lire en ligne]
  • Wei-an Cheng, Taming the monkey mind: a guide to pure land practice, traduction et commentaire d'Elder Master Suddhisukha, New York, Sutra Translation Committee of the U.S. and Canada, 2000 [lire en ligne]

Voir aussi

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