Gekkota
Les Gekkota, Gekkototiens, Gekkotiens ou geckos ([ʒeko], « jé-ko »), forment un infra-ordre de reptiles dont on rencontre les espèces dans de très nombreux pays.
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Reptilia |
Ordre | Squamata |
Sous-ordre | Sauria |
Ce nom provient du malais « Gekoq », qui est une onomatopée correspondant au cri d'un gecko indonésien (Écouter).
Les geckos sont également qualifiés de lézards, terme qui regroupe en réalité de nombreux squamates.
Dans certains pays, ces animaux sont considérés comme sacrés et portent bonheur. Dans d'autres, ils sont associés aux esprits et portent malheur (Uroplatus à Madagascar, par exemple). Ils sont aussi très appréciés car ils mangent les insectes nuisibles.
Étymologie
modifierLe nom vernaculaire Gecko, ainsi que celui de la famille Gekkonidae, proviennent du malais « Gekoq », qui est une onomatopée correspondant au cri d'un gecko indonésien.
Attention à ne pas confondre gecko désignant tout l'infra-ordre des Gekkota et le genre de gecko Gekko, qui lui-même contient une espèce Gekko gecko (le Gecko tokay).
De même, dans certaines langues, le nom vernaculaire gecko s'écrit gekko, ce qui peut prêter à confusion.
Liste des familles
modifierSelon Reptarium Reptile Database ()[1] :
- Carphodactylidae Kluge, 1987
- Diplodactylidae Underwood, 1954
- Eublepharidae Boulenger, 1883
- Gekkonidae Oppel, 1811
- Phyllodactylidae Gamble, Bauer, Greenbaum & Jackman, 2008
- Pygopodidae Boulenger, 1884
- Sphaerodactylidae Underwood, 1954
Taxinomie
modifierLes geckos ont longtemps été regroupés dans une famille unique, les Gekkonidae. Les autres familles actuelles étaient soit inexistantes soit considérées comme des sous-familles des Gekkonidae.
Phylogénie au sein des squamates
modifierPhylogénie des familles actuelles de squamates (en dehors du clade Toxicofera) d'après Wiens et al., 2012[2] et Zeng et Wiens, 2016[3] :
Histoire, origines
modifierL'infra-ordre des Gekkota remonte à 50 ou 60 millions d'années[4] et descendrait des ardéosaures du Jurassique[5].
Initialement originaires d'Asie (où l'on trouve le plus primitif des membres de cette famille encore en vie, le Aeluroscalabotes felinus ou gecko chat), les geckos se sont répandus à travers tout le globe en colonisant un grand nombre de biotopes.
On les rencontre maintenant dans à peu près tous les pays et sous tous les climats, à part les régions polaires et au nord des régions tempérées.
Milieu, mode de vie
modifierLes geckos ont colonisé de nombreux biotopes et se sont adaptés (en tant que famille) à des conditions de vie très variées. L'espérance de vie d'un gecko est en moyenne de treize à quinze ans mais peut aller jusqu'à vingt ans ou descendre jusqu'à trois ou quatre ans pour certaines petites espèces.
Milieu
modifierLa plus grande part des geckos se rencontrent dans les pays tempérés ou chauds, fréquemment dans des milieux humides (forêts primaires, forêts tropicales humides). On en trouve également dans des milieux semi-arides (pourtour de la Méditerranée, par exemple), ainsi que dans les déserts.
Modes de vie
modifierLes geckos sont majoritairement nocturnes et arboricoles. Cependant, certains sont diurnes, terrestres ou semi-aquatiques. De nombreux geckos cumulent plusieurs modes de vie (terrestre et arboricole, nocturne avec une activité le matin ou le soir, voire ponctuellement en journée).
Les yeux des geckos nocturnes présentent une pupille à fente verticale, similaire à celle des chats, et les diurnes présentent une pupille ronde.
Parmi les arboricoles, de nombreux geckos disposent de setæ sous les pattes, des coussinets adhérents leur permettant de grimper sur la plupart des surfaces, même verticales (voire de tenir à l'envers).
Particularités anatomiques
modifierLes geckos sont des squamates, c'est-à-dire que ce sont des reptiles qui muent à intervalle régulier. Comme les autres reptiles, les geckos sont poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température corporelle varie en fonction des conditions extérieures. Ils mettent en œuvre divers comportements pour réguler cette température en fonction de leurs besoins, par exemple en s'exposant au soleil pour se réchauffer. Par rapport aux autres reptiles, ils présentent quelques spécificités :
- la grande majorité des geckos ne possèdent pas de paupière mobile. Les yeux sont protégés par une écaille transparente (comme chez les serpents) ;
- la plupart des geckos arboricoles présentent des lamelles adhésives sous les doigts, qui leur permettent de grimper sur toutes les surfaces, y compris les plus lisses. Ils peuvent ainsi marcher sur un plafond sans problème. Les forces d'adhérence de leurs setæ sont si grandes qu'un seul doigt peut soutenir le poids complet de l'animal (sauf chez les plus grosses espèces). Elles sont dues uniquement aux forces de van der Waals entre les sétules (minuscules poils du bout des pattes) et la structure sur laquelle le gecko marche[6]. Voir aussi l'article Seta ;
- d'autres comme les Rhacodactylus ciliatus présentent aussi ces particularités sur leur queue en plus de leurs doigts ;
- de nombreuses espèces peuvent émettre des sons, en général des claquements ou de courts cris puissants (exemples : le Gekko gecko appelé aussi gecko tokay, le Cyrtodactylus peguensis, le Stenodactylus petrii et Hemidactylus frenatus chez les mâles) ;
- de façon corollaire, ils possèdent une très bonne ouïe, supérieure à celle de la plupart des autres lézards ;
- bien qu'utilisant beaucoup leur odorat, ils sont également dotés d'une bonne vue et chassent généralement en se basant sur les mouvements de leurs proies.
Du point de vue de la taille, les geckos sont de petits reptiles. Les plus grands dépassent de peu les 30 cm (Uroplatus fimbriatus, Uroplatus giganteus, les grands Rhacodactylus et Phelsuma) et le plus petit connu fait moins de 2 cm à l'âge adulte (Sphaerodactylus ariasae).
Reproduction
modifierLes geckos mâles sont pourvus d'hémipénis, c'est-à-dire de deux pénis semi-rigides logés à la base de la queue. Ils utilisent l'un de ces hémipénis pour féconder la femelle. L'accouplement peut durer de quelques minutes à quelques heures, mais la moyenne se situe plutôt autour d'un quart d'heure.
Chez de nombreuses espèces, le mâle immobilise la femelle durant l'accouplement, généralement en la mordant au niveau de la nuque – ce qui peut parfois entraîner des blessures chez les espèces ayant une peau fragile comme les Phelsuma.
La plupart des espèces sont ovipares, c'est-à-dire qu'elles pondent des œufs, mais quelques-unes sont ovovivipares et laissent les œufs se développer dans leur corps (ceci est l'apanage des espèces vivant dans des milieux froids, où les œufs auraient peu de chances de se développer).
Les pontes sont souvent précédées d'une période de jeûne, car les œufs compriment les voies digestives. Selon les espèces les femelles pondent sur ou dans le sol, ou encore sur un support comme une plante ou une branche. Chez certaines espèces les œufs sont collés au support, et il est impossible de les déplacer sans les briser. Les œufs sont en général pondus par deux, et ce de deux à plus de six reprises au cours de la saison chaude, selon les espèces.
Les œufs peuvent avoir une coquille dure ou molle. Au-delà d'un certain développement, un retournement de l'œuf cause la mort de l'embryon par asphyxie. L'embryon est en effet relié à une poche d'air au sommet de l'œuf qui lui fournit l'oxygène nécessaire à sa survie.
L'incubation est de durée très variable, allant de moins d'un mois à quatre mois selon les espèces. Cette durée varie également en fonction des conditions climatiques, et en particulier de la température externe.
Chez certaines espèces le sexe des petits est conditionné par la température d'incubation – en particulier les espèces du genre Phelsuma. Il existe pour ces espèces une température pour laquelle on obtient autant de mâles que de femelles. Au-dessus (ou en dessous selon les espèces) la probabilité d'obtenir des femelles augmente, et en dessous (resp. au-dessus) la probabilité s'inverse.
Après la ponte, la grande majorité des espèces se désintéresse des œufs et les petits sont autonomes à la naissance. Il existe cependant quelques espèces qui veillent sur les œufs (mais pas sur les petits), mais cela reste marginal. Bon nombre d'espèces n'hésitent d'ailleurs pas à consommer les petits de leur propre esp��ce si l'occasion se présente.
La croissance des petits est très rapide. Après une courte période sans manger – en général jusqu'à la première mue qui a lieu la première semaine de vie – les petits se développent rapidement pour obtenir une taille quasiment adulte à l'issue de leur première année (même si les reptiles continuent de grandir tout au long de leur vie). La maturité sexuelle se produit en général à cet âge-là également.
Législation
modifierDe nombreux geckos (notamment Reichoffen) sont très inféodés à leur milieu d'origine et sont de ce fait souvent menacés par la destruction de leur environnement (d'autant plus pour les espèces endémiques, qu'on ne trouve qu'à un seul endroit du globe).
C'est pourquoi nombre d'entre eux sont protégés au moins partiellement et leur possession est soit interdite soit soumise à des restrictions (permis de possession, quotas d'exportations, individus nés en captivité uniquement...).
La convention de Washington, signée par de nombreux pays, a fixé la liste des espèces protégées, surveillées ou libres de commerce. L'Europe s'est également dotée d'une législation spécifique (Convention de Berne) inspirée de la précédente.
Certains pays (la France et l'Australie par exemple) assurent également une protection totale de la faune locale, en interdisant entre autres la possession, l'importation et l'exportation des espèces présentes sur leur territoire.
Menaces
modifierLa médecine chinoise utilise la peau de lézard comme remède à la toux, à l'asthme, aux infections des reins... Les geckos sont donc parfois chassés de manière intensive ; dans les années 2000, dans le nord-est de la Thaïlande en Isan, la chasse était devenu tellement industrielle qu'elle menaçait d'extinction les geckos de cette région[7]...
Bio-inspiration
modifierPour répondre à certains besoins industriels et de l'exploration spatiale, on cherche à développer des systèmes d'adhérence sèche qui pourraient équiper des machines ou des robots, notamment dans le vide sidéral où la ventouse ne fonctionne pas et où les adhésifs chimiques collants se montrent également peu efficaces[8].
Des moyens de saisie ou d'accrochage bioinspirés par les surfaces d’« adhérence sèche » des doigts des geckos ont été mises au point et testées avec succès en 2017[8] ; ils sont basés sur de microscopiques filaments de silicium. Ces nouvelles pseudo-ventouses fonctionnent aussi sur terre, restant par exemple collées au mur durant plusieurs semaines de tests. De futurs robots pourraient en être équipés pour effectuer des sorties ou réparations sur un engin spatial[9]. Par ce moyen, ils pourraient aussi un jour capturer des débris spatiaux encombrant dangereusement l'orbite terrestre[9].
Quelques geckos connus
modifierCertains geckos sont fréquents dans des pays francophones ou sont répandus en terrariophilie et peuvent se trouver relativement facilement dans les commerces spécialisés :
- le Gecko tokay, gecko d'assez grande taille que l'on trouve principalement au sud de l'Asie ;
- le Gecko léopard, facile d'élevage et très reproduit en captivité, originaire du Moyen-Orient ;
- les Geckos diurnes (genre nommé Phelsuma), geckos très colorés provenant principalement de l'île de Madagascar et des îles alentour ;
- les Uroplatus, geckos aux camouflages impressionnants ;
- la tarente, un gecko nocturne très répandu dans le sud de la France et tout le pourtour méditerranéen.
- le margouillat, deuxième emblème de La Réunion après le Dodo.
Une autre espèce est à noter vu son mode de reproduction, le Lepidodactylus lugubris : il n'existe quasiment que des femelles (avec de très rares mâles toujours stériles), qui se reproduisent par parthénogenèse.
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Gecko en Australie-Occidentale.
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Gecko en Iran (près de Mazdavand).
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Gecko sur un mur d'un complexe hôtelier cubain.
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Cosymbotus platyurus, Bogor.
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Cosymbotus platyurus, Bogor.
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Hemidactylus frenatus.
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Hemidactylus frenatus.
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Gehyra mutilata.
Notes et références
modifier- Reptile Database, consulté le 13 avril 2012
- (en) J. J. Wiens, C. R. Hutter, D. G. Mulcahy, B. P. Noonan, T. M. Townsend, J. W. Sites et T. W. Reeder, « Resolving the phylogeny of lizards and snakes (Squamata) with extensive sampling of genes and species », Biology Letters, vol. 8, no 6, , p. 1043–1046 (PMID 22993238, PMCID 3497141, DOI 10.1098/rsbl.2012.0703)
- (en) Yuchi Zheng et John J. Wiens, « Combining phylogenomic and supermatrix approaches, and a time-calibrated phylogeny for squamate reptiles (lizards and snakes) based on 52 genes and 4162 species », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 94, , p. 537–547 (DOI 10.1016/j.ympev.2015.10.009, lire en ligne)Arbre en ligne sur le site RDB
- Touraines Bourkina Echanges ; Le gecko
- (en) Natural history museum : Ardeosaurus
- Kellar Autumn, « L'inusable adhésif des pattes du gecko », Pour la Science, no 343, , p. 82-88 (lire en ligne)
- Iola Veal (trad. Malto C., photogr. Piyavit Thongsa-ard), « Geckos, les dernières victimes de la médecine chinoise », Gavroche Thaïlande, no 101, , p. 17 à 20 (lire en ligne [PDF])
- Hao Jiang, Elliot. W. Hawkes, Christine Fuller, Matthew A. Estrada, Srinivasan A. Suresh, Neil Abcouwer, Amy K. Han, Shiquan Wang, Christopher J. Ploch, Aaron Parness & Mark R. Cutkosky (2017) ; A robotic device using gecko-inspired adhesives can grasp and manipulate large objects in microgravity ; Science Robotics 28 Jun 2017:Vol. 2, Issue 7, eaan4545 DOI: 10.1126/scirobotics.aan4545 (http://robotics.sciencemag.org/content/2/7/eaan4545 résumé])
- Lindzi Wessel (2017), [1] ; SpaceTechnology ; DOI: 10.1126/science.aan7032
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Biologie des geckos
- Reptiles
- Squamates
- Convention de Berne sur la protection des espèces
- Terrariophilie et nouveaux animaux de compagnie (NAC)
Publication originale
modifier- Cuvier, 1817 : Le règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d’introduction a l’anatomie comparée. Vol. 2. Les reptiles, les poissons, les mollusques et les annélides, Déterville, Paris.
Liens externes
modifier- (fr + en) Référence ITIS : Gekkota
- (en) Référence NCBI : Gekkota (taxons inclus)
- (en) Référence Paleobiology Database : Gekkota Cuvier 1817