Eugène Criqui

boxeur, champion du monde des poids plume

Eugène Criqui, né le dans le 4e arrondissement de Paris et mort le à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, est un boxeur français, champion du monde des poids plumes en 1923.

Eugène Criqui
Image illustrative de l’article Eugène Criqui
Portrait d'Eugène Criqui en 1927.
Fiche d’identité
Nom de naissance Eugène Antoine Criqui
Surnom Mâchoire de fer
Nationalité française
Naissance
4e arrondissement de Paris
Décès (à 83 ans)
Noisy-le-Grand
Taille 1,62 m (5 4)
Catégorie Poids mouches à poids plumes
Palmarès
  Professionnel
Combats 130
Victoires 99
Victoires par KO 53
Défaites 17
Matchs nuls 14
Titres professionnels Champion du monde poids plumes (1923)

Champions d'Europe poids plumes (1922-1923)
International Boxing Hall of Fame 2005

Champion de France des poids mouches avant la Première Guerre mondiale avec un style scientifique, le boxeur est gravement blessé à la mâchoire par une balle allemande pendant la bataille des Éparges. Opéré à de multiples reprises, il devient « Gégène la Gueule cassée ». Loin d'abandonner le sport, le Parisien devient un redoutable cogneur sous la direction de Robert Eudeline. Au début des années 1920, une longue tournée australienne pleine de succès et une victoire expéditive sur Charles Ledoux lui ouvrent les portes des principaux championnats internationaux.

Face aux meilleurs athlètes de la catégorie des poids plumes, de tous les continents, ses exploits lui valent le surnom de « Roi du KO ». Eugène Criqui devient l'incontestable champion d'Europe en battant Arthur Wyns puis en défendant sa ceinture à trois reprises. Le rescapé de l'enfer voyage en Amérique pour contester à Johnny Kilbane son titre de champion du monde des poids plumes. Le au Polo Grounds, son triomphe par knockout au sixième round du combat en fait un fleuron du sport français. Le deuxième champion du monde français de boxe anglaise ne le reste que deux mois. Détrôné par Johnny Dundee, il rentre en France sans ceinture mondiale.

La perte de son titre mondial marque le début de son déclin. Blessé à la main lors d'un combat caritatif pour les laboratoires, Criqui est moins actif, moins en rythme. Il enchaîne plusieurs défaites avant de prendre sa retraite sur une ultime victoire en 1928. Reconverti entraîneur, il ne connaît pas la même réussite depuis l'extérieur des rings. Modeste et simple, l'ancienne gloire s'éloigne peu à peu du milieu de la boxe. Un gala est organisé à son profit sous l'Occupation, l'ancien soldat n’ayant pour revenu qu’une pension d'invalidité pour le reste de sa vie. Vice-président de l'Association amicale des anciens combattants et mutilés, il devient aveugle avant de mourir en 1977. Son entrée au panthéon de la boxe, l'International Boxing Hall of Fame, en 2005, le fait sortir d'un long oubli.

Biographie

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Jeunesse et premiers combats

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Les rues du quartier de Belleville voient grandir Eugène Criqui au début du XXe siècle.

Eugène Criqui naît le 15 août 1893 dans le 4e arrondissement de Paris[1]. Il est le fils d'Eugène Félix Criqui, garçon de café et sommelier originaire de Strasbourg, et de Joséphine Marie Garnier, domestique native de la Mayenne, mariés le dans le 3e arrondissement de Paris[1],[2]. Le jeune garçon ne s'attarde pas à l'école et aide financièrement sa famille modeste en travaillant dès l'âge de treize ans[3]. Il travaille en tant qu'apprenti tourneur-décolleteur dans une usine de la rue Saint-Maur à Belleville[2],[4]. Criqui n'a pas bon caractère et son apparence chétive cache une force insoupçonnable[4]. Petit voyou, il apprend à se battre dans la rue et remporte régulièrement ses duels[3],[4].

Vers l'âge de seize ans, il fait la connaissance d'Auguste Saint-Didier qui vient de monter une société de sportifs où la boxe anglaise tient la place principale[3],[4]. Criqui entre dans la société et commence les combats officiels entre les cordes en tant que professionnel en 1910[4]. De son propre aveu, Criqui ne s'entraîne ni physiquement ni techniquement, et progresse par l'observation et les combats d'entraînements face à Georges Bernard, Paul Manceau ou encore Lucien Vinez[4]. Saint-Didier le lance dans le championnat des novices organisé au Wonderland[4]. Après plusieurs victoires en tours éliminatoires, il s'incline face à son camarade d'entraînement Lucien Vinez, plus lourd que lui de 8 kg[4],[5]. Perdant mais heureux, car le créateur de la compétition, Théodore Vienne, lui donne 75 francs[4].

En , le boxeur parisien affronte l'Anglais Buster Brown au Wonderland pour quatre-vingts francs[4]. Il le met knockout rapidement dans la première reprise, si bien que le public réclame qu'il combatte une deuxième fois, cette-fois contre le Martiniquais Cherubin Durocher[note 1],[6],[7].

Champion de France d'avant-guerre (1912-1914)

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Combat entre Criqui contre Dastillon au Wonderland le 11 mai 1912.

Le , Eugène Criqui devient champion de France des poids mouches en dominant manifestement René Voirin, ce qui lui vaut d'être proclamé vainqueur à l'unanimité des trois juges[note 2],[4],[8]. À la fin de l'année, il voyage pour la première fois de sa carrière à l'étranger et va battre aux points le Britannique Tom Smith sur ses terres[4]. De retour en France, Criqui remet en jeu son titre national contre Francis Charles[4],[9]. Au Cirque d'Hiver, le champion bat son challenger par abandon au dix-septième round, mais il perd son titre, les organisateurs ne sont pas en règle avec la Fédération française de boxe qui décide de retirer le titre au boxeur au profit d'Albert Bouzonnie[4]. Pour reconquérir son bien, Criqui doit affronter le champion désigné, ce qu'il fait à l'Élysée-Montmartre en [4]. Il le bat aux points à l'issue d'un match terne[10], mais Bouzonnie conserve son titre parce que la rencontre n'a pas été précédée d'un défi[4],[11]. Un mois plus tard, Criqui rencontre, à Paris, le champion britannique Sid Smith (en) qui gagne le combat, en vingt rounds, aux points[12].

Eugène Criqui traverse la Manche pour affronter le champion d'Angleterre Percy Jones à Liverpool le . Reconnu comme le champion du monde de la catégorie, Jones ne met aucun titre en jeu et est surpris par le batailleur français qui le bat aux points[4],[13]. Les deux hommes signent rapidement pour se disputer quelques semaines plus tard une revanche avec les titres comme enjeu. Pour se préparer, Criqui multiple les combats et les victoires, face à Gaston Simon, Cherubin Durocher, Jack Bertin et Pat McAllister[4],[14]. Le grand match se tient le , une nouvelle fois à Liverpool. Les deux champions doivent se présenter à la limite des poids mouches (50,800 kg), soit plus de deux kilogrammes de moins que pour la première rencontre[15]. Le Gallois prend l'avantage sur un Criqui, fatigué, amaigri, dès la deuxième reprise, l'envoyant au tapis à deux reprises sept et huit secondes[15]. S'il passe à côté de son combat, le Parisien va jusqu'au terme de celui-ci et est logiquement annoncé perdant aux points par les juges[4],[15],[16].

Si sa défaite par knockout contre Charles Ledoux et son courage sont remarqués par la presse[17], la différence de puissance entre « Cyclone Ledoux » et la mécanique plus fragile de Criqui ne fait aucun doute[18]. Lorsque sa carrière pugilistique est interrompue par la Première Guerre mondiale, le boxeur parisien est dans l'ombre du champion français incontesté de sa catégorie.

Gueule cassée à la mâchoire de fer (1914-1916)

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Photographie de presse d'Eugène Criqui en tenue de poilu en 1921.

Réformé de service militaire — officiellement parce que trop maigre et chétif, officieusement sur demande de son manager et grâce aux privilèges du sportif —, Eugène Criqui s'engage lorsque la mobilisation française est déclenchée en [19]. Le boxeur est affecté le au 54e régiment d'infanterie de ligne à Compiègne qu'il rejoint par la voie ferrée[19],[20]. Armé d'un fusil Lebel, habillé d'un képi et pantalon rouge vif, Criqui suit le début de sa formation en Picardie[20],[21]. Après le passage obligatoire à la vaccination anti-typhoïdique, l'athlète s'illustre sur le champ de tir dès les premiers jours de sa formation bien qu'il épaule et vise en gaucher[22], son œil droit étant toujours marqué par son affrontement avec Charles Ledoux[21]. Criqui rejoint la Mayenne en camion pour deux nouvelles semaines d'entraînement afin de terminer sa formation à Laval[21]. Par la voie ferrée et une longue randonnée dans la campagne, le régiment atteint le front près de Rupt-en-Woëvre dans la Meuse[23]. Le soldat enchaîne les gardes dans les tranchées. L'hiver et les rats n'épargnent personne sur la tranchée de Calonne où les obus pleuvent en [22].

La vie de l'ancien boxeur bascule le aux Éparges :

« Et je m'installe, fusil chargé, à mon créneau, guettant. Tout à coup, une tache grise remue là-bas. Instinctivement, j'ai tiré. [...] La tache a disparu. Je recharge et reviens au créneau. Je regarde une ou deux secondes le champ bouleversé qui s'offre à ma vue... Et, tout à coup, vlan ! ... un coup de cravache me cingle le visage. Je tombe assis dans la tranchée. »

— Eugène Criqui, propos recueillis par Robert Bré pour Match l'intran en 1932[22].

Blessé par une balle à fragmentation à la tête, le soldat perd une partie de sa denture (22 dents), sa mâchoire est fracturée, sa langue sectionnée en deux[22],[24]. Soigné en urgence dans un hôpital de fortune de Rupt-en-Woëvre, son hémorragie est jugulée et il est stabilisé pour être transféré à Verdun[25]. Deux jours plus tard, Criqui est opéré[22]. Le médecin réussit à enlever le plomb de la balle mais sept fragments de l'enveloppement en nickel de celle-ci restent incrustés dans l'os maxillaire[22]. Une fois ces fragments enlevés et sa mâchoire recousue, Criqui est transféré par convoi sanitaire à l'hôpital de Neuville-sur-Saône[26]. Les opérations de chirurgie maxillofaciale se multiplient dans les semaines qui suivent, Gégène s'alimente de bouillie, se désaltère à la paille et n'a plus l'usage de la parole[26],[27].

Consolidée par un appareil en fer, sa mâchoire se ressoude peu à peu[27]. À l'hôpital, il teste la solidité de sa mâchoire et est rassuré sur sa possibilité de poursuivre sa carrière de boxeur[27]. Cette prothèse, que Criqui conservera lors de ses combats, lui vaut le surnom de « Mâchoire de fer ». Il est renvoyé à son dépôt à Laval où il peine à se nourrir, et un colonel le fait réformer temporairement pour une année[27].

Champion d'après-guerre

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Retour sur les rings (1917-1919)

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Eugène Criqui pense arrêter la boxe anglaise et cherche du travail lorsqu'il rencontre par hasard Robert Eudeline dans la rue[28]. Pionnier de la boxe en France, originaire du Havre, Eudeline l’invite à faire de la culture physique dans sa salle parisienne[28]. L'ancien boxeur reprend progressivement la boxe dans le groupe d'entraînement du « manager sans chapeau » en aux côtés de boxeurs renommés comme Georges Papin, Constant Pluyette et Raymond Vittet[29]. Son nouvel entraîneur oblige son nouveau poulain à changer de style et lui fait travailler sa puissance[29]. Poussé à frapper un ballon de sable sans s'arrêter, Criqui s'entraîne à contre-cœur jusqu'à avoir un déclic en envoyant au tapis Maesens au Cercle Hoche[29]. Lorsqu'il retrouve les rings, Eugène Criqui est un homme différent de celui d'avant-guerre, plus mature et expérimenté, transformé par la blessure et confiant en sa puissance[18]. Il enchaîne plus d'une vingtaine de combats entre l'automne 1917 et l'hiver 1918, principalement au National Sporting Club de Paris qui organise des soirées hebdomadaires.

Affecté au 22e Régiment d'Infirmier, il participe au tri des blessés pour les transporter dans des hôpitaux correspondant à leurs blessures[30]. Il n'est démobilisé que le [31]. Parallèlement, il enchaîne les succès avant la limite contre Auguste Grassi, Cherubin Durocher, Joseph Marty[32], Eugene Clifford ou encore Jimmy O'Day[33]. Si Arthur Wyns résiste jusqu'au terme du combat, il finit assommé, mitraillé de coups[34]. Après la fin des hostilités, Eugène Criqui poursuit une ascension fulgurante et accumule les victoires : Osmin Lurie, Jimmy Doyle, Kid Sullivan, Léon Poutet, Digger Evans[35], Walter Ross[36],[37] et Sam Keller[38] s'ajoutent à la liste des vaincus[39]. Seuls le Britannique Tommy Noble (en) et l'Américain Pal Moore le battent par knockout[40],[41].

En , Criqui domine l'Américain Joe Mandell au Cirque de Paris[42]. Malgré une série de victoires, Eugène Criqui reste largement considéré à la fin des années 1910 comme un « champion modeste » qui ne peut rivaliser avec les meilleurs boxeurs de sa catégorie[43].

Tournée australienne triomphale (1920-1921)

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À l'automne , Eugène Criqui fait partie de la tournée organisée par son manager Robert Eudeline en Australie avec Arthur Wyns, Francis Charles et André Dupré[44]. Le long voyage qui part de Toulon fait d'abord une escale à Port-Saïd[45]. La forte chaleur lors de la traversée de la mer Rouge fait trois morts parmi les passagers de l'Osmonde et amaigrit les boxeurs[45]. L'équipe retrouve ses forces dans l'océan Indien avant l'escale à Colombo[45].

Les Australiens opposent à Criqui des hommes de second plan ou d'anciens champions[46]. Pour son premier combat en Australie, Eugène Criqui domine Vince Blackburn au Sydney Stadium par knockout en octobre[47], avant de récidiver en mettant hors combat en quatre rounds le poids plume Jack Green[46],[48]. Il enchaîne contre Bert Spargo en décembre, gagnant de multiples surnoms[46],[49]. Si les autres boxeurs européens du groupe déçoivent, Eugène Criqui reçoit les louanges de la presse sportive australienne[46].

L'athlète se voit proposer des adversaires de la catégorie supérieure mais ces derniers subissent le même sort. Le poids coq Jerry Sullivan est mis hors combat en treize reprises après un combat mouvementé[48]. Le Français attire les foules et s'impose le contre Sid Godfrey devant 18 000 personnes[48]. Les Australiens demandent au Français et à son entraîneur de prolonger leur séjour dans le pays d'un mois pour affronter les Philippins Silvino Jamito et Dencio Cabanela qu'il bat avec difficulté[48].

Le , de retour en France, Eugène Criqui remporte le titre de champion de France des poids plumes en battant Auguste Grassi par KO dès la 1re reprise[50],[51]. Il se montre à son avantage contre Alfons Spaniers[52] avant de confirmer sa ceinture nationale aux dépens de Georges Gaillard qu'il contraint à l’abandon, un renoncement vivement critiqué par le public du Cirque de Paris[53].

Champion d'Europe (1922)

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Le au Cirque de Paris, Eugène Criqui retrouve son grand rival Charles Ledoux, champion d'Europe des poids coqs, dans un choc entre deux champions français[54]. Criqui conserve le souvenir de la « raclée » que lui a mise son compatriote à l'Élysée-Montmartre juste avant la guerre[27]. La rencontre est attendue depuis plusieurs années[55] mais la tournée de Ledoux en Amérique puis de Criqui en Australie ont repoussé l'échéance des retrouvailles[56]. Dès l'entame du combat, l'avantage de taille de Criqui lui permet de viser et de frapper fort en plongeant avec des droites au menton[57]. Victorieux du favori en seulement 83 secondes, Criqui confirme sa qualité. Ce succès lui ouvre les portes de tous les championnats, à commencer par celui d'Europe contre le Belge Arthur Wyns[54],[58]. Ce dernier s'accroche à sa ceinture européenne et esquive pendant de nombreuses semaines les propositions françaises, obligeant Criqui à se rendre disponible tout en refusant de l'affronter en déclinant les offres de bourses[59]. Le Français patiente en surclassant Ben Callicott[60], Joe Fox, Joseph Youyou et Tom Anderson.

Le au Vélodrome d'Hiver, Eugène Criqui retrouve le champion belge dans le ring pour la revanche. Après trois reprises égales, le Belge faisant même une belle impression, Gégène prend le dessus d'une droite dans la quatrième reprise[61]. Dès lors, Wyns multiplie les comptes, il titube, s'aide des cordes, tente de survivre à la violence de Criqui[61]. Après un énième compte de neuf secondes dans la sixième reprise, Prémont, le manager de Wyns, jette l'éponge et met fin au spectacle d'horreur[61]. Cette nouvelle étape sur la route du championnat du monde place Criqui comme l'un des meilleurs boxeurs d'une catégorie jugée comme la plus chargée en valeurs pugilistiques[62].

La propagande sportive française n'hésite pas à utiliser son histoire militaire pour faire sa promotion[58]. Le Français multiplie les combats internationaux et se voit opposer au champion d'Angleterre, Billy Matthews, qui se proclame champion d'Europe après avoir également battu Arthur Wyns[63]. Devant un Vélodrome d'Hiver comble, Criqui donne une punition à son adversaire qui prouve ses qualités défensives[63]. S'il est bien protégé, Matthews subit et les coups de Criqui boursoufflent et ensanglantent sa figure[63]. Tombé deux fois au tapis au douzième round, l'Anglais résiste jusqu'à la dixième reprise lors de laquelle l'arbitre met un terme à son agonie et arrête le combat après qu'il se soit relevé à la dernière seconde[63]. Criqui est champion d'Europe et son succès ne souffre aucune contestation[63]. Après le combat, Matthews déclare : « Je rends hommage à la grande valeur de votre champion. C'est un boxeur remarquable que je suis heureux d'avoir rencontré »[63].

Champion du monde (1923)

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Départ pour l'Amérique en .

Sa série de victoires et son titre de champion d'Europe, bien que peu reconnu aux États-Unis, valent à Eugène Criqui d'être un candidat au titre de champion du monde poids plumes[64]. Le , Eugène Criqui monte avec son manager Robert Eudeline dans le train à la gare Saint-Lazare pour Le Havre où il embarque dans le paquebot transatlantique Paris en direction de l'Amérique[65],[66]. Dès son arrivée à quai, le boxeur français est l'objet de manifestations de sympathie d'Américains, au moins autant pour son parcours militaire que pour ses exploits sportifs[64],[67]. Le clan français apprend que le combat pour lequel ils ont fait voyage est loin d'être conclu, la commission de boxe de l'État de New York contestant à Johnny Kilbane sa licence pour disputer le championnat du monde au Français sans le défendre auparavant face à Johnny Dundee[68]. Après un mois de négociations, le Français s'engage, pour débloquer la situation, à affronter ce dernier s'il remporte le titre[64],[69]. Pendant un mois et demi, Eugène Criqui s'entraîne à Manhasset, aidé par Léon Poutet et Mario, arrivés quelques semaines après lui, tout comme sa femme et son masseur Darras[70],[71]. Les Français se sont installés dans une grande villa de douze pièces, permettant d'installer un ring à l'intérieur et un autre en extérieur[64].

Le combat pour le titre se déroule le au Polo Grounds de New York. Toute la nuit, plus de trois cents ouvriers travaillent à l'aménagement de la grande arène[72]. Le ring est placé sur la pelouse de l'habituel stade de baseball et accueille jusqu'à 40 000 spectateurs[72]. Sous une chaleur torride, l'attente autour de la rencontre est importante. Des nombreux paris sont pris sur le combat, tellement que le conseil de la commission de boxe de New York désigne au dernier instant les juges et l'arbitre pour éviter toute tricherie[72]. Johnny Kilbane, champion NBA incontesté de la catégorie depuis douze ans, est le favori des pronostics[72],[73].

Entouré par des anciens combattants français, Eugène Criqui monte sur le ring en fin d'après-midi[74]. Après une présentation des deux boxeurs, le combat débute. Après un premier round d'observation, Eugène Criqui prend la mesure du champion américain et marque des points avec des coups appuyés à l'estomac[75]. Kilbane excelle dans le blocage, obligeant le Français à se montrer patient[76]. Dans la cinquième reprise, Eugène Criqui trouve l'ouverture avec un crochet du droit[76]. Kilbane est ébranlé, il saigne de la bouche[76]. Criqui en profite pour poursuivre dans le round suivant son travail de démolition au corps avant d'envoyer le champion du monde au tapis d'un nouveau crochet du droit à la mâchoire[77]. Kilbane tente de se relever, est sur les genoux alors que l'arbitre compte « six » avant de s'effondrer[75]. Vainqueur par KO à la 6e reprise, Eugène Criqui devient le deuxième Français à décrocher un titre mondial après Georges Carpentier[72],[78].

Comme prévu par une clause de son contrat avec Kilbane, le nouveau champion du monde français doit remettre sa ceinture en jeu face à Johnny Dundee dans les semaines suivant son sacre. Criqui n'a pas le temps de retourner en France, il enchaîne les événements en Amérique et prépare sa défense de ceinture, organisée par le promoteur irlando-américain du Polo Grounds Tom O'Rourke le [79].

Dès la première reprise, Criqui est touché à la pointe du menton et est compté au sol pour neuf secondes[80]. La suivante le voit aller au sol à deux reprises, pour sept et neuf secondes, évitant la défaite par KO de peu[80]. Criqui titube, chancelle, mais trouve l'énergie de poursuivre le combat qui tourne nettement à l'avantage du challenger[80]. L'Américain l'emporte aux points à l’issue des 15 reprises après avoir mis à terre Criqui quatre fois[81]. Dans sa déclaration d'après-match envoyé en France par télégramme, Criqui déclare : « J'ai défendu ma couronne jusqu'au bout avec la dernière énergie et je crois que l'honneur du sport français est sauf »[80].

Derniers combats

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Henry Hébrans et Eugène Criqui (à droite) se rencontrent avant leur match caritatif en faveur des laboratoires.

Après la désillusion de sa campagne américaine, Eugène Criqui loue une villa à la campagne pour se reposer auprès de sa femme[82]. La basse-cour panse sa rancœur et son dégoût pour le sport, le titi parisien s'émerveille pour la campagne française[82]. Assez vite cependant, l'athlète doit retourner à l'entraînement car son manager, Robert Eudeline, a engagé sa parole pour disputer un match au profit des laboratoires[83]. La boxe n'a pas bonne presse car le public jalouse les gains grandissant des athlètes[82],[84]. Eudeline espère à cette occasion rendre son champion encore plus populaire en récupérant la cause d'un combat taillé pour la revanche entre Georges Carpentier et Battling Siki[83].

Lors de ce combat, Criqui se voit opposé le champion belge Henry Hébrans au Vélodrome d'Hiver de Paris. Ce match est la première compétition sportive retransmise sur la TSF[85]. Alors qu'il affronte son adversaire à titre gracieux, il se casse la main gauche sur son crâne avant de remporter la victoire aux points[86],[87]. Les examens radioscopiques révèlent une phalange du majeur brisée en son milieu et une cassure du métacarpe[88]. Deux mois plus tard, le champion de France et d'Europe n'est pas remis de sa blessure et ne peut relever le défi de son compatriote Édouard Mascart[89]. Le défi étant antérieur à la blessure et régulier, Criqui se voit retirer ses titres administrativement[90].

 
Le stade Buffalo est plein pour assister à la défaite d'Eugène Criqui face à Danny Frush.

Le , rétabli de la blessure qui a failli mettre un terme à sa carrière pugilistique, Eugène Criqui retrouve le ring au stade Buffalo face à Danny Frush, un boxeur irlando-américain de grande classe âgé de 22 ans[91]. Préparé avec Ascensio, un bon boxeur, cinq semaines en Algérie puis à Pontoise[24], Eugène Criqui ne trouve pas son punch et s'incline nettement, mis KO par l'Anglais à la huitième reprise[92].

À la fin du mois du , le boxeur est blessé dans un accident de la route. L'éclatement d'un pneu arrière le propulse sur la route, ce qui lui provoque une entorse à la cheville dont il est opéré aussitôt[93]. L'âge avançant, Eugène Criqui se dirige vers la retraite sportive mais il souhaite terminer sa carrière pugilistique sur un ultime succès[94]. Il demande une licence de manager à la Fédération française de boxe, qui la lui refuse et lui accorde celle de directeur de combat professionnel[82]. S'il ne l'est pas officiellement, Eugène Criqui entame une carrière de manager déguisée derrière son ami Henri Pilgrain, administrateur officiel de l'équipe[82]. En , il voyage en Argentine avec ses poulains : Antoine Ascensio, Serge Artakoff et Alf Ross, pour sortir de deux années de retraite[82],[95]. Sa reprise se conclut par un échec face au champion chilien Carlos Uzabeaga et il rentre en France, annonçant une nouvelle fois sa retraite[96],[97],[98].

Loin des rings, hors de forme, Eugène Criqui affronte Panama Al Brown au Vélodrome d'Hiver le [99]. L'exceptionnel boxeur panaméen envoie le Français au tapis d'un enchaînement gauche-droit au début du troisième round[99]. Après s'être relevé au compte de huit secondes, Criqui expédie immédiatement Brown à terre à son tour, étonnant l'audience qui crie au combat arrangé[99]. Le président de la Fédération française de boxe Paul Rousseau déclenche une enquête sur la rencontre, qui n'aboutit à rien[99]. En fin d'année, il tente également sa chance face à Gustave Humery pour le championnat de France mais est arrêté au 6e round[100].

Pour Le Figaro, ces derniers combats contre de jeunes champions lui portent préjudice[101]. Sa quête de la dernière victoire s'achève en avec une décision favorable aux points face à l'Américain Kid Carter au Cirque d'Hiver[102]. Eugène Criqui prend définitivement sa retraite sportive.

Après-carrière

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Eugène Criqui devient entraîneur et donne des cours de boxe anglaise le soir au stade Anastasie[103]. Il compte parmi ses premiers élèves le joueur de rugby à XV Charles Herzowitch[104]. Il s'occupe d'une petite vedette pugilistique, Jo Populo[28].

En 1941, Criqui chute gravement à bicyclette et se brise la hanche[105],[106]. Criqui, qui survit avec sa pension de Poilu mutilé après de mauvaises affaires financières, subit une convalescence difficile et vit en ermite au Vert-Galant[106],[107]. Le monde sportif se mobilise pour aider l'ancien champion du monde et collecte près de 300 000 francs lors d'une soirée de gala en son hommage marquée par la mise de gants de André Routis et Charles Ledoux vingt ans après leur affrontement officiel[108].

Peu à peu, l'ancien champion du monde de boxe tombe dans l'oubli. Il conseille de jeunes boxeurs à Livry-Gargan[109]. En 1950, Criqui signe l'appel de Stockholm[110]. Retraité habitant un petit pavillon de Villepinte, il préside activement l’Association amicale des anciens combattants et mutilés[28]. Admis comme pensionnaire de la maison de retraite des artistes de Ris-Orangis en 1968, il devient aveugle à la fin de sa vie avant de mourir en 1977 à la maison de repos de Villepinte[28]. Il est inhumé au cimetière parisien de Pantin dans la 21e division.

Palmarès

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Deux décennies après avoir pris sa retraite, Eugène Criqui indiquait à Paris-Soir avoir effectué entre 400 et 500 combats entre ses 16 et 35 ans[107]. Le palmarès du boxeur parisien diffère selon les sources car il est souvent difficile à cette époque de distinguer les combats officiels des exhibitions. De plus, trois classes de boxeurs sont reconnus au début de sa carrière : les amateurs, les professionnels et les novices[111] ; ses premiers combats en tant que novices sont inclus dans le palmarès professionnel d'Eugène Criqui. Son palmarès officiel est le suivant[112],[113] :

Tableau récapitulatif
135 combats 104 victoires 16 défaites
Avant la limite 62 5
Sur décision 42 11
Match nul 15
Décision possible : KOTKO (KO technique) • UD (décision aux points unanime) • MD (décision aux points majoritaire) • SD (décision aux points partagée) • D (match nul) • NC (sans décision) • RTD (abandon)
Résultat Record Adversaire Type Round Date Lieu Notes
Victoire 104-16-15   Benny Carter PTS 10   Cirque d'Hiver, Paris
Défaite 103-16-15   Gustave Humery TKO 6 (12)   Cirque de Paris, Paris Championnat de France des poids plumes[100].
Défaite 103-15-15   Panama Al Brown UD 10   Vélodrome d'Hiver, Paris [114]
Défaite 103-14-15   Carlos Uzabeaga PTS 10   Buenos Aires [96],[97]
Défaite 103-13-15   Danny Frush KO 8 (15)   Stade Buffalo, Montrouge [92]
Victoire 103-12-15   Henry Hébrans PTS 15   Vélodrome d'Hiver, Paris [86],[87]
Défaite 102-12-15   Johnny Dundee PTS 15   Polo Grounds, New York Championnat du monde des poids plumes[80].
Victoire 102-11-15   Johnny Kilbane TKO 6 (15)   Polo Grounds, New York Championnat du monde des poids plumes[72].
Victoire 101-11-15   Billy Matthews RTD 17 (20)   Vélodrome d'Hiver, Paris Championnat d'Europe EBU des poids plumes[63].
Victoire 100-11-15   Ben Callicott KO 2 (15)   Cirque des Variétés, Liège
Victoire 99-11-15   Walter Rossi KO 1 (20)   Vélodrome d'Hiver, Paris Championnat d'Europe EBU des poids plumes[115].
Victoire 98-11-15   Arthur Wyns RTD 6 (20)   Vélodrome d'Hiver, Paris Championnat d'Europe EBU des poids plumes[61].
Victoire 97-11-15   Arthur Wyns KO 12 (20)   Cirque de Paris, Paris Championnat d'Europe EBU des poids plumes
Victoire 96-11-15   Tom Anderson KO 1   Casino de la Plage, Marseille
Victoire 95-11-15   Joseph Youyou KO 3 (10)   Frontón Condal, Barcelone
Victoire 94-11-15   Joe Fox TKO 12 (20)   Holland Park Rink, Londres
Victoire 93-11-15   Ben Callicott KO 3 (15)   Cirque de Paris, Paris [60]
Victoire 92-11-15   Charles Ledoux KO 1 (15)   Vélodrome d'Hiver, Paris [54]
Victoire 91-11-15   Georges Gaillard DQ 5 (20)   Cirque de Paris, Paris Championnat de France des poids plumes[53].
Victoire 90-11-15   Alfons Spaniers KO 2 (15)   Cirque de Paris, Paris [52].
Victoire 89-11-15   Auguste Grassi KO 1 (15)   Cirque de Paris, Paris Championnat de France des poids plumes[50],[51].
Victoire 88-11-15   Dencio Cabanela KO 14 (20)   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 87-11-15   Silvino Jamito PTS 20   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 86-11-15   Sid Godfrey KO 10 (20)   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 85-11-15   Jerry Sullivan RTD 13 (20)   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 84-11-15   Bert Spargo KO 18 (20)   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 83-11-15   Jackie Green KO 4 (20)   Sydney Stadium, Sydney
Victoire 82-11-15   Vince Blackburn RTD 9 (20)   Sydney Stadium, Sydney [47]
Victoire 81-11-15   Young Baker KO 1 (15)   Cirque de Paris, Paris
Victoire 80-11-15   Joe Mandell KO 12 (12)   Cirque de Paris, Paris [42]
Défaite 79-11-15   Memphis Pal Moore TKO 14 (20)   Royal Albert Hall, Londres [41]
Victoire 79-10-15   Sam Keller TKO 5 (20)   Salle Wagram, Paris [38]
Victoire 78-10-15   Walter Ross KO 15 (20)   Holborn Stadium (en), Londres [36],[37]
Victoire 77-10-15   Digger Evans KO 9 (20)   Nouveau Cirque, Paris [35]
Match nul 76-10-15   Tommy Noble D 20   Nouveau Cirque, Paris [116]
Victoire 76-10-14   Auguste Grassi TKO 8   Casablanca
Victoire 75-10-14   Léon Poutet TKO 6   Casino de la Plage, Marseille
Défaite 74-10-14   Tommy Noble (en) KO 19 (20)   Holborn Stadium, Holborn [40]
Victoire 74-9-14   Steve Kid Sullivan KO 1 (10)   Salle Wagram, Paris
Victoire 73-9-14   Jimmy Doyle KO 6   Pauillac
Victoire 72-9-14   Osmin Lurie TKO 4   Bordeaux
Victoire 71-9-14   Marcel Lepreux PTS 6   National Sporting Club, Paris
Victoire 70-9-14   Auguste Grassi KO 2 (6)   National Sporting Club, Paris [117]
Victoire 69-9-14   Paul Bertal PTS 10   Marseille [118]
Victoire 68-9-14   Jimmy O'Day KO 2 (10)   Nouveau Cirque, Paris [33]
Victoire 67-9-14   Arthur Wyns PTS 10   National Sporting Club, Paris [34]
Victoire 66-9-14   Eugene Clifford KO 2   Paris [34]
Victoire 65-9-14   André Maestrini PTS 12   National Sporting Club, Paris [34]
Victoire 64-9-14   Joseph Marty TKO 9 (10)   National Sporting Club, Paris [34],[32]
Victoire 63-9-14   Arthur Pain KO 3 (6)   National Sporting Club, Paris
Victoire 62-9-14   Cherubin Durocher TKO 6   Perpignan [119]
Victoire 61-9-14   Auguste Grassi TKO 8 (12)   Arènes des Amidonniers, Toulouse [120]
Victoire 60-9-14   Cherubin Durocher KO 3   National Sporting Club, Paris
Victoire 59-9-14   Auguste Grassi KO 3   National Sporting Club, Paris
Victoire 58-9-14   Bombardier Rousseau KO 7 (15)   Théâtre des Nouveautés, Toulouse
Victoire 57-9-14   Max Henry PTS   National Sporting Club, Paris
Victoire 56-9-14   Jules Husson TKO   National Sporting Club, Paris [121]
Victoire 55-9-14   Marcel Lepreux PTS 6   National Sporting Club, Paris
Victoire 54-9-14   Bombardier Rousseau PTS 12   Bordeaux
Victoire 53-9-14   Messens KO 2   National Sporting Club, Paris
Victoire 52-9-14   Édouard Prie PTS 6   National Sporting Club, Paris [122]
Victoire 51-9-14   Alfred Francis PTS 6   National Sporting Club, Paris [123]
Victoire 50-9-14   Marcel Lepreux PTS 12   Dunkerque [124]
Victoire 49-9-14   Marcx KO 9 (12)   Bordeaux [125]
Victoire 48-9-14   Édouard Prie PTS 6   National Sporting Club, Paris
Victoire 47-9-14   Cherubin Durocher PTS 6   Paris
Victoire 46-9-14   Georges Dravin TKO 5   Paris
Victoire 45-9-14   Georges Gravat PTS 4   National Sporting Club, Paris [126]
Défaite 44-9-14   Charles Ledoux TKO 12 (20)   Élysée Montmartre, Paris [17]
Victoire 44-8-14   Jack Bertin PTS 10   Bordeaux
Victoire 43-8-14   Cherubin Durocher PTS 15   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 42-8-14   Georges Lefebvre TKO 7   Nantes
Victoire 41-8-14   Abe Mantell PTS 20   Wonderland, Paris
Victoire 40-8-14   Jim Harry KO 6   Arènes de la Benatte, Bordeaux
Victoire 39-8-14   Marcel Lepreux PTS 20   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 38-8-14   Jack Bertin PTS 10   Élysée Montmartre, Paris
Défaite 37-8-14   Percy Jones PTS 20   Liverpool Stadium, Liverpool Championnat d'Europe EBU des poids mouches.
Championnat du monde IBU des mouches poids[15].
Victoire 37-7-14   Pat McAllister KO 10 (15)   Élysée Montmartre, Paris [14]
Victoire 36-7-14   Jack Bertin PTS 10   Boxing-Buttes, Paris
Victoire 35-7-14   Cherubin Durocher TKO 7 (10)   Troyes
Victoire 34-7-14   Gaston Simon KO 5 (10)   Salle de l'Alhambra, Orléans
Victoire 33-7-14   Percy Jones PTS 15   Liverpool Stadium, Liverpool
Match nul 32-7-14   Robert Dastillon D 12   Wonderland, Paris
Défaite 32-7-13   Marcel Lepreux PTS 10   Wonderland, Paris [127]
Match nul 32-6-13   Robert Dastillon D 20   Wonderland, Paris [128]
Victoire 32-6-12   Johnny Daly DQ 5   Wonderland, Paris
Victoire 31-6-12   Édouard Prie DQ 5   Enghien
Victoire 30-6-12   Fred Anderson PTS 10   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 29-6-12   Paul Manceau PTS 10   Chantilly
Match nul 28-6-12   Auguste Grassi D 12   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 28-6-11   Sébastien Demey KO 6 (10)   Élysée Montmartre, Paris
Défaite 27-6-11   Sid Smith UD 20   Élysée Montmartre, Paris Championnat d'Europe EBU des poids mouches.
Champion du monde IBU des poids mouches[12].
Victoire 27-5-11   Édouard Prie PTS 10   Paris
Victoire 26-5-11   Albert Bouzonnie PTS 10   Élysée Montmartre, Paris [10],[11]
Victoire 25-5-11   Bombardier Rousseau PTS 10   Bordeaux
Match nul 24-5-11   Alf Mansfield D 10   Élysée Montmartre, Paris
Match nul 24-5-10   Marcel Lepreux D 10   Palais de la Boxe, Paris
Match nul 24-5-9   Alf Mansfield D 10   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 24-5-8   Cherubin Durocher KO 5   Boulogne-sur-Mer
Victoire 23-5-8   Francis Charles TKO 17 (20)   Cirque de Paris, Paris Championnat de France des mouches[9].
Victoire 22-5-8   Tom Smith PTS 15   Birmingham
Défaite 21-5-8   Pierre Gambetta DQ 9 (10)   Alcazar d'Été, Avignon
Victoire 21-4-8   Sébastien Demey PTS 10   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 20-4-8   Marcel Lepreux PTS 10   Sporting-Palace, Dinard
Victoire 19-4-8   Marcel Lepreux TKO 13 (15)   Élysée Montmartre, Paris Championnat de France des mouches
Victoire 18-4-8   Jack Gatehouse PTS 12   Élysée Montmartre, Paris
Victoire 17-4-8   Kid Chicken KO 9 (10)   Boxing Hall, Chantilly
Défaite 16-4-8   Robert Dastillon PTS 15   Wonderland, Paris
Match nul 16-3-8   Jack Gatehouse D 10   Maisons-Laffitte
Victoire 16-3-7   Édouard Prie PTS 10   Élysée Montmartre, Paris
Match nul 15-3-7   Jack Gatehouse D 10   Premierland Francaise, Paris
Victoire 15-3-6   Jack Gatehouse PTS 8   Wonderland, Paris
Victoire 14-3-6   René Voirin KO 10   Cirque de Paris, Paris Championnat de France des mouches[8].
Victoire 13-3-6   Cherubin Durocher PTS 4   Wonderland, Paris
Victoire 12-3-6   Buster Brown RTD 1 (8)   Wonderland, Paris
Victoire 11-3-6   Marcel Lepreux PTS 8   Wonderland, Paris [129]
Victoire 10-3-6   René Voirin PTS 4   Cirque de Paris, Paris [130]
Victoire 9-3-6   Cherubin Durocher PTS 6   National Sporting Club, Paris [131]
Victoire 8-3-6   Jim Barrey KO 2 (6)   Neuilly-sur-Seine
Victoire 7-3-6   Auguste Relinger TKO 2   Neuilly-sur-Seine
Victoire 6-3-6   Robert Dastillon DQ 4   Neuilly-sur-Seine
Victoire 5-3-6   Andre Teyssedre PTS 6   Neuilly-sur-Seine
Match nul 4-3-6   Alfred Francis D 8   Wonderland, Paris
Match nul 4-3-5   Montors D 4   Paris
Défaite 4-3-4   Lucien Vinez PTS 8   Wonderland, Paris [132]
Défaite 4-2-4   Marcel Mouginot PTS 4   Arènes de boxe, Paris [133]
Victoire 4-1-4   André Teyssedre PTS 4   Arènes de boxe, Paris
Défaite 3-1-4   Paul Manceau PTS 8   Paris
Match nul 3-0-4   Édouard Prie D 8   Wonderland, Paris
Match nul 3-0-3   Alfred Francis D 8   Paris
Victoire 3-0-2   Louis Gouzenne PTS 4   Wonderland, Paris
Victoire 2-0-2   Boyo Lambert PTS 4   Wonderland, Paris
Victoire 1-0-2   Gouguillon[note 3] KO   Wonderland, Paris
Match nul 0-0-2   Fransisque D 8   Paris
Match nul 0-0-1   Édouard Prié D 8   Paris

Distinctions

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Eugène Criqui a été honoré à plusieurs reprises pour ses services militaires pendant la Première Guerre mondiale :

En 2005, Eugène Criqui est introduit à titre posthume dans l'International Boxing Hall of Fame[138]

À Villepinte, un stade porte son nom.

Personnalité et style

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En 1912, Eugène Criqui est un jeune boxeur longiligne, maigre et pâle.

Eugène Criqui est un boxeur de 1,62 m malingre et pâle[139],[140]. Né sur les hauteurs de Belleville, le « parigot » est narquois, blagueur et parle exclusivement l'argot[139]. N'acceptant pas un apprentissage classique par un professeur, Criqui imite ses camarades[3]. Pour Pierre Hanot, son style à ses débuts est celui d'un « danseur », à l'aise avec les esquives, compensant sa relative faiblesse physique par sa souplesse[3]. Il se déplace bien et est un styliste, Criqui est un boxeur scientifique[3].

En vieillissant, Criqui perd sa maigreur et monte de catégories, bien qu'il reste toujours le petit boxeur remuant et bagarreur[139]. Teigneux, les épreuves qu'il traverse après sa blessure à la mâchoire renforcent sa résistance aux coups[141]. Le titi parisien se révèle avec une rapidité d'exécution de plus en plus mordante et une puissance de frappe importante pour un combattant de son poids[141]. La presse le couronne « Roi du KO » au début des années 1920, un surnom jugé exagéré par Jacques Mortane qui note qu'il n'a remporté que cinq combats par KO avant la Grande guerre[140]. Mais le boxeur scientifique, « qui utilise son cerveau autant que ses poings, qui étudie l'adversaire, cherche les points faibles et frappe avec jugement » selon une description dans L'Auto en [142], a trouvé en cours de carrière le poing qui endort et enchaîne les succès avant la limite pendant plusieurs années jusqu'à la perte de son titre de champion du monde en 1923[143].

Au lendemain de son titre de champion du monde, le romancier Tristan Bernard résume son évolution ainsi en première page de L'Auto : « Le développement de Criqui a suivi une progression salutaire. Dans sa jeunesse, c'était déjà un très beau boxeur qui n'a été complet que lorsqu'il est arrivé à son poids définitif. À plusieurs égards, son voyage en Australie lui a fait du bien, surtout parce qu'il l'a mis en présence de boxeurs très durs et aux jeux variés. On peut dire que de retour de Sydney, ce n'était plus le même homme »[144].

Au cours de sa carrière, Eugène Criqui est également surnommé « Gégène Gueule cassée » et « le Pâle de Belleville » en raison de sa face blafarde[145]. Dans Le Miroir des sports, André Glarner évoque sa « simplicité naturelle, un peu gavroche » et sa « modestie d'un homme que les succès n'ont pas su griser »[75].

Notes et références

modifier
  1. Cet article traite de la biographie d'un boxeur. Le glossaire de la boxe y est utilisé.
  2. Son droit au titre, bien qu'incontesté, reste mal établi du fait de l'existence en France de plusieurs fédérations.
  3. Les deux adverses sont alors peu notables. À partir d'un article de Paris-Soir de 1923[134], le nom Gouguillon est retenu par toutes les sources mais en 1913, L'Auto désigne son adversaire sous le nom de Goupillon[135].

Références

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  1. a et b Archives de Paris, état-civil numérisé du 4e arrondissement, acte de naissance no 1651 de l'année 1893, (lire en ligne).
  2. a et b Karim Ben-Ismaïl, « Eugène Criqui, itinéraire d'une gueule cassée », L'Equipe magazine,‎ (lire en ligne).
  3. a b c d e et f [audio] Eugène Criqui, le boxeur à la mâchoire de fer, récit documentaire en deux épisodes de Lénora Krief, réalisé par François Teste, France Culture, novembre 2020, écouter en ligne.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Eugène Criqui et Robert Bré, « Aventures de ma vie : Mes débuts, mes premières joies, mes premiers malheurs », Match, no 284,‎ , p. 10-11 (lire en ligne).
  5. Delvart 2021, Les premiers pas sur le ring, p. 21-22.
  6. Delvart 2021, Premières rencontres internationales, p. 23-24.
  7. « Il n'y a pas d'Espoirs », L'Auto, no 4094,‎ , p. 5 (lire en ligne).
  8. a et b Léon Manaud, « Une admirable soirée », L'Auto, no 4140,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  9. a et b « Criqui conserve son titre de champion de France », L'Auto, no 4399,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  10. a et b P.-L. de Lubersac, « Criqui bat Bouzonie  [sic] : Belle victoire d'Arthur Wyns. – Jack Gatehouse bat Million », L'Auto, no 4513,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  11. a et b « Quoique battu, Bouzonnie reste champion », Le Matin, no 10588,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  12. a et b L. Manaud, « Sid Smith bat Criqui : Sid Smith conserve son titre de Champion du Monde poids mouche. Ce combat s'est disputé devant une foule considérable. – Sid Smith a été merveilleux au point de vue scientifique », L'Auto, no 4562,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  13. Georges Bruni, « Une victoire de Criqui à Liverpool », Le Rappel, no 16672,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  14. a et b « Criqui bat Mac Allister », Le Figaro, 3e série, no 74,‎ , p. 7 (lire en ligne).
  15. a b c et d « Comment Percy Jones a battu Criqui : Le Français alla deux fois à terre », L'Auto, no 4882,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  16. « Percy Jones triomphe de Criqui », La Vie au grand air, no 811,‎ , p. 309 (lire en ligne)
  17. a et b Léon Manaud, « Ledoux a battu Eugène Criqui, mais Criqui est sorti grandi de cette rude épreuve », L'Auto, no 4988,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  18. a et b Gaston Neumeyer, « L'homme sportif du jour : Eugène Criqui », Le Miroir des sports, no 372,‎ , p. 74 (lire en ligne).
  19. a et b Delvart 2021, La Grande Guerre, p. 33-37.
  20. a et b Hanot 2017, 2 - Gauche droite, p. 19-21.
  21. a b et c Hanot 2017, 2 - Gauche droite, p. 23-27.
  22. a b c d e et f Eugène Criqui et Robert Bré, « Les aventures de ma vie (2) », Match, no 285,‎ , p. 6-7 (lire en ligne).
  23. Hanot 2017, 3 - Un coin peinard, p. 28-35.
  24. a et b Paul Ollivier, « Eugène Criqui l'homme qui a tout vu », L'Intransigeant, no 16003,‎ , p. 1 et 4 (lire en ligne).
  25. Hanot 2017, 9- L'arme à gauche, p. 74-78.
  26. a et b Hanot 2017, 10- La fée électricité, p. 79-81.
  27. a b c d et e Eugène Criqui et Robert Bré, « Les aventures de ma vie (3) », Match, no 286,‎ , p. 6-7 (lire en ligne).
  28. a b c d et e André Fourny, Dictionnaire de la boxe, Place des éditeurs, , 582 p. (ISBN 978-2-262-07911-6, lire en ligne).
  29. a b et c Eugène Criqui, « Eugène Criqui nous raconte la simple histoire de sa vie », L'Auto,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  30. Delvart 2021, IV. Retour sur le ring, p. 60.
  31. Delvart 2021, IV. Le retour à la paix, p. 61.
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  34. a b c d et e Stuart, « Trimestre sportif (du 1er juin au 1er septembre », La Vie au grand air, no 838,‎ , p. 33-35 (lire en ligne).
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  37. a et b Jacques Mortane, « De Championnat en Championnat », La Vie au grand air, no 84,‎ , p. 22 (lire en ligne).
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Annexes

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Audiographie

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  • [audio] Eugène Criqui, le boxeur à la mâchoire de fer, récit documentaire en deux épisodes de Lénora Krief, réalisé par François Teste, France Culture, novembre 2020, écouter en ligne.

Liens externes

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