Diane de Poitiers

maîtresse d'Henri II

Diane de Poitiers, née le [2],[3],[4] ou le en Dauphiné et décédée le à Anet, est une comtesse de Saint-Vallier, duchesse de Valentinois, demeure pendant plus de vingt ans la favorite de Henri II, roi de France.

Diane de Poitiers
Image illustrative de l’article Diane de Poitiers
Diane de Poitiers (vers 1555), atelier de François Clouet, Chantilly, musée Condé.

Titre Duchesse de Valentinois et de Diois
Duchesse d'Étampes
Baronne d'Ivry
(1553-1566)
Autres titres Comtesse d'Albon[réf. à confirmer][1]
Dame de Saint-Vallier
Biographie
Dynastie Maison de Poitiers-Valentinois
Famille de Brézé
Naissance ou
Dauphiné
Décès (à 66 ans)
Anet
Père Jean de Poitiers
Mère Jeanne de Batarnay
Conjoint Louis de Brézé
Enfants Françoise de Brézé
Louise de Brézé
Signature de Diane de Poitiers

Blason de Diane de Poitiers
Diane de Poitiers, anonyme, avant 1525, pierre noire et sanguine, 258 x 178 mm, Paris, bibliothèque nationale de France.

Les sources la concernant sont infimes et lacunaires, si bien qu'on ignore quasiment tout d'elle, notamment pour des années entières. La postérité a forgé d'elle une image de femme de caractère, avide de pouvoir et d'honneurs, et grande mécène : dans les faits, rien de tout cela n'est prouvé[5].

Biographie

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Origines

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Diane est la fille de Jean de Poitiers, vicomte d'Estoile, seigneur de Saint-Vallier, et de Jeanne de Batarnay. Ses parents appartiennent au premier cercle des intimes du pouvoir royal. Son grand-père Aymar de Poitiers avait épousé en premières noces Marie de Valois, la fille naturelle du roi Louis XI, et son grand-père maternel Imbert de Batarnay avait été un ami intime de ce même roi[6].

La Maison de Poitiers-Valentinois est d'origine dauphinoise, le nom « Poitiers » provenant du lieu-dit Peytieux à Châteauneuf-de-Bordette[7], elle n'a donc aucun lien de parenté avec les comtes de Poitou[8],[9]. Diane est née dans le Dauphiné où son père possède ses fiefs. Son lieu et sa date de naissance restent incertains : elle serait née à Saint-Vallier ou à Étoile-sur-Rhône, le 3 septembre 1499[3],[4] ou le 9 janvier 1500[10].

Elle hérite de la baronnie de Sérignan-du-Comtat de son père Jean de Poitiers. Il reste dans cette commune un château qui porte son nom[11].

L’épouse de Louis de Brézé (1515-1531)

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Par l'entremise d'Anne de Beaujeu, le , elle épouse à l'âge de quinze ans, en l'hôtel de Bourbon à Paris, Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et d'Agnès Sorel, comte de Maulévrier, grand sénéchal de Normandie et Grand veneur de France. Il est son aîné de près de quarante ans. De ce mariage naissent deux filles :

En 1524, Jean de Poitiers est accusé de complicité dans la trahison du Connétable de Bourbon, gendre d’Anne de Beaujeu. Devenu le principal bouc émissaire de l’affaire, c’est in extremis, sur l’échafaud, qu’il apprend sa grâce, accordée par le roi en reconnaissance des bons et loyaux services de Louis de Brézé qui l’avait d’ailleurs alerté sur le complot. Jean de Poitiers finit ses jours enfermé (avec un certain confort) dans la forteresse de Loches.

Diane est appointée dame d’honneur de la reine Claude, puis de la mère du roi, Louise de Savoie, et enfin de la reine Éléonore. Aucune preuve ne permet de penser qu’elle ait été la maîtresse de François Ier, malgré les rumeurs répandues par ses détracteurs parfois reprises dans certaines biographies.

Louis de Brézé meurt le à Anet et Diane adopte définitivement pour sa tenue les couleurs d'une veuve, dont Henri II s’inspire plus tard pour sa livrée ordinaire (noir et blanc rayée d’or). Son sens aigu des intérêts financiers se manifeste dès ce moment. Elle obtient de se faire verser les gages que son mari recevait au titre de gouverneur de Normandie et de grand sénéchal, prenant elle-même le titre de « sénéchale de Normandie ». Elle obtient d’administrer les biens de ses filles et d’en percevoir les revenus. « Férue en procédure et entourée d'hommes de loi », elle va jusqu’au procès pour tenter de conserver les terres que son mari détenait en apanage. François Ier l’aide à tergiverser grâce à des lettres patentes statuant qu’elle peut conserver les revenus et profits de ces terres jusqu'à ce que la propriété en soit établie. Diane saura toute sa vie faire prospérer sa fortune[réf. souhaitée].

L'amie du prince Henri d'Orléans (1531-1547)

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À la suite de la défaite de Pavie (1525), le dauphin François et son cadet Henri, duc d'Orléans (et futur Henri II), âgés respectivement de 8 et 7 ans, sont remis en otage à Charles Quint en échange de leur père.

Du fait de la reprise de la guerre, les deux princes sont bientôt soumis à une détention sévère et passent presque quatre années (1526-1530) très isolés, dans l’incertitude quant à leur avenir. D'après Didier Le Fur, Henri II n'a jamais lu Amadis de Gaule lors de sa captivité, le livre n'étant pas encore traduit et lui-même ne parlant pas espagnol. Il n'a donc pas pu fantasmer une relation courtoise avec Diane de Poitiers.

Henri d'Orléans épouse Catherine de Médicis en 1533. Diane avait appuyé le choix de l’arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique, considérée comme une « fille de marchands » par les opposants à l’union. Catherine et Diane sont en effet cousines : le grand-père maternel de Catherine (fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne) est le frère de la grand-mère paternelle de Diane. On estime que c'est en 1536, qu'Henri et Diane sont, à respectivement 17 et 36 ans, devenus amants.

Diane de Poitiers élève Diane de France, née en 1538 des amours de Filippa Duci et de Henri II. Elle lui donne une éducation très pointue : espagnol, italien, latin danse et musique[12].

La favorite royale (1547-1559)

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Les marques de la faveur

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Portrait de Diane de Poitiers.
 
Diane chasseresse, tableau d'un artiste de la première école de Fontainebleau, dont le modèle est réputé être Diane de Poitiers, entre 1550 et 1560, 192 × 133 cm, Paris, musée du Louvre.
 
Emblème de Henri II, accompagné de sa devise « Donec totum impleat orbem »[13] souvent représenté dans les demeures de Diane.
 
Catherine de Médicis arborant le monogramme de son mari sur une miniature des années 1570.

L'avènement de Henri II au trône marque le triomphe de Diane de Poitiers[réf. souhaitée]. De toutes les femmes de l'entourage du roi, Diane s'avère la plus avantagée dans la redistribution des faveurs royales[14],[15].

Après plusieurs années d'humiliation, l'heure vient pour elle de prendre sa revanche sur sa rivale[réf. souhaitée], l'ancienne favorite de François Ier, Anne de Pisseleu, chassée sans ménagement de la cour. Diane occupe aussitôt sa place. Le roi lui fait cadeau des biens qu'Anne de Pisseleu avait obtenus de François Ier : les bijoux de la couronne, un hôtel parisien et enfin, beaucoup plus tard : le duché d’Étampes (1553) et le relais de chasse des Clayes (1556), où elle aurait planté l'arbre de Diane. Diane reçoit également divers cadeaux en terres, dont la propriété royale de Chenonceau[16] (1547) et divers cadeaux en argent, dont le produit de l'impôt sur les charges, qui lui procure une somme extraordinaire de 100 000 écus (1553). Elle se voit enfin confirmée dans la propriété de ses terres de Nogent, d'Anet et de Bréval.

Pour asseoir sa position à la cour, elle est titrée, en 1548, duchesse de Valentinois (les duchesses bénéficient du privilège d'une place assise dans la chambre de la reine). Sa fille Françoise, duchesse de Bouillon est nommée dame d'honneur de la reine et prend à ce titre les commandes de la maison de Catherine de Médicis. Lors du sacre de la reine en 1549, c'est Françoise qui préside la cérémonie. Diane participe elle-même au cortège des grandes dames, princesses et duchesses qui escortent et assistent la reine durant le sacre[17].

Sa faveur apparaît également dans la proximité de ses appartements avec ceux du roi. Au château de Saint-Germain-en-Laye, ses appartements sont situés juste en dessous de ceux de la reine ; ils comportent une salle et une chapelle, privilège ordinairement réservé aux princesses de la famille royale[18].

La maîtresse du roi

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Faute de sources, il a toujours été difficile pour les historiens de définir la nature des relations que le roi entretient avec Diane[19]. Contrairement à son père, Henri se montre très secret dans ses relations intimes. Un ambassadeur vénitien le décrit ainsi :

« Il est d'une certaine tempérance, car pour les plaisirs charnels, si nous le comparons au roi son père ou à quelques rois défunts, on le peut dire très chaste, et il a cela de plus qu'il fait des affaires de façon que personne ne puisse trop parler[20]… »

De fait, Henri II réalise peu d'incartades notoires. Les mieux connues sont celles avec Jane Fleming, gouvernante de Marie Stuart, et avec Nicole de Savigny, toutes d'assez courte durée. De caractère discret et prudent, Henri cherche à éviter le scandale et à ménager l’amour-propre de son épouse. Si l’une de ses maîtresses vient à vouloir tirer parti de sa liaison avec lui et à s'en vanter, il s’en défait[21].

Officiellement, rien ne transparaît des relations entre Diane et le roi. Un autre ambassadeur vénitien écrit « qu’en public, il ne s’est jamais vu aucun acte déshonnête[22] ». Le roi a pourtant pris pour emblème le croissant, symbole de Diane, la déesse latine de la chasse. Il le fait afficher sur ses portraits, ses bâtiments, dans la pierre, en vitrail, sur les carreaux de céramique pour le revêtement du sol, sur les reliures de ses livres précieux et aussi sur les livrées de ses gardes au palais.

Sur la nature de ses relations avec Diane, les contemporains demeurent partagés. Pour certains, la liaison s'avère simplement platonique. Pour d’autres, Diane a été effectivement la maîtresse du roi, mais avec le temps et l'âge, le roi s'en serait lassé, ce qui expliquerait ses incartades avec Jane Fleming et Nicole de Savigny. Diane serait alors redevenue la confidente et l’amie des débuts[23],[24].

De façon certaine, Diane constitue la « dame » d'Henri dans le sens des romans de chevalerie. À la cour de France, c'est la coutume qu'un jeune homme fasse le service à une dame avec l'accord de son mari ; en retour, celle-ci doit l'édifier dans ses mœurs, lui apprendre la galanterie et l'obliger à ses devoirs. C'est le rôle attribué à Diane par le roi François Ier lui-même, conformément à la tradition qui veut que ce soit un parent qui choisisse la maîtresse. Une lettre datée de 1552, montre qu'à trente ans passés, Henri est toujours dans ce rôle de chevalier servant et moins dans celui d'un amant :

« Cependant, je vous supplie d'avoir souvenir de celui que n'a jamais connu qu'un Dieu et une amie, et je vous assure que vous n'aurez point de honte de m'avoir donné le nom de serviteur, lequel je vous supplie de conserver pour jamais[25]... »

La dame de compagnie de la reine

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Monogramme d' Henri II. HC ou HD:
« C » pour son épouse Catherine, ou « D » pour sa maîtresse Diane ?
Cour carrée du Louvre.
 
Monogramme de Henri II et de Catherine de Médicis composé d’un
«H» et de deux «C» entrelacés dont les extrémités dépassent les deux barres verticales du «H», pour bien marquer qu'il s'agit de son initiale et non du «D» pour Diane, cabinet et chambre de la Reine, château de Blois.

La reine Catherine de Médicis est tout à fait consciente de la nature de la relation entre le roi et Diane de Poitiers[23]. Pendant vingt ans, Catherine dissimule sa rancœur, acceptant la présence de sa rivale comme dame de compagnie, par amour pour son mari, mais aussi dans la crainte de lui déplaire[réf. souhaitée]. Quand le roi s’éloigne à la guerre, elle souffre de ne pas recevoir assez de nouvelles de lui alors que Diane en reçoit tous les jours[réf. souhaitée][26].

Diane s’efforce de garder de bons rapports avec la reine [réf. souhaitée]. En tant que dame de compagnie de la reine, son rôle consiste à la servir dans la vie quotidienne et être présente à ses côtés. Diane lui sert de garde-malade et l'assiste dans tous ses accouchements.

Elle se rend utile auprès d'elle en servant d'intermédiaire avec le gouverneur des enfants royaux, Jean d' Humières, l'un de ses parents. Par correspondance, elle veille à la santé des enfants, se préoccupe de leur nourriture, du choix de la nourrice et du lieu de leur repos[27]. C'est pour ces services et les conseils matrimoniaux prodigués autrefois qu'officiellement le roi gratifie Diane de tant de dons. Un ambassadeur prétend que la reine lui veut du bien parce qu'elle est la cause que le roi couche avec elle plus souvent qu'il ne ferait[27]; en douze ans, elle met ainsi au monde dix enfants.

De nombreux commentaires ont été faits sur l’ambiguïté du monogramme du roi, composé de la double initiale de sa femme (C) et de sa propre initiale (H). Les deux C entrelacés dos à dos avec le H peuvent aussi bien s’interpréter comme deux D, initiale de Diane de Poitiers. Après la mort du roi, Catherine de Médicis reprend ce monogramme mais en faisant que les extrémités des C dépassent des deux grandes barres du H, pour bien marquer qu'il s'agit de son initiale. C'est le cas des monogrammes du cabinet et de la chambre de Catherine à Blois ou ceux de la colonne de l'hôtel de la reine à Paris.

Une femme d’influence

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Un rôle politique ?
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Par son ascendant sur le roi, Diane de Poitiers a-t-elle joué un rôle politique dans le gouvernement du royaume ? Les ambassadeurs étrangers semblent s’accorder sur l’emploi du temps de la journée d'Henri II, au début de son règne : après chacun de ses repas, le roi rendrait visite à sa favorite pour s’entretenir avec elle et lui rendre compte des affaires débattues le matin au conseil[28]. Si le fait est plausible, rien ne permet aux historiens de savoir si Diane donne son avis et si elle influence la politique royale.

Selon l'historiographie traditionnelle, elle aurait poussé le roi à réprimer les protestants, mais là encore, aucune source ne permet de le confirmer. Catholique convaincue, Diane fait partie des personnalités de l’entourage royal hostiles au protestantisme[29]. Mais si elle demeure vilipendée par la propagande protestante, elle se voit d'abord attaquée sur le plan moral. Diane est accusée d’avoir entretenu Henri dans le vice, c’est-à-dire d’avoir entretenu avec lui une relation adultère. La mort violente du roi ne serait que le juste châtiment de Dieu irrité de sa paillardise[30].

L'influence de Diane sur la politique royale s'avère en revanche plus saisissable dans la distribution des charges de la cour. Ses protégés accèdent à des postes importants, comme André Blondel, nommé trésorier de l’Épargne, et Jean de Bertrand, nommé garde des sceaux. Son gendre, Robert de La Marck, est élevé au rang de maréchal de France et devient duc de Bouillon[31].

Une faveur partagée
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Diane de Poitiers au bain.

À l'avènement du roi, Diane partage la faveur royale avec plusieurs favoris, le principal étant Anne de Montmorency, connétable de France. Il demeure le seul à pouvoir s'opposer à l'influence de la favorite. Les contemporains jugent sa faveur égale à celle de Diane[32].

Pour lui faire contre-pièce, Diane favorise l’ascension de la famille des Guise. François d'Aumale (duc de Guise à la mort de son père en 1550) et son frère le cardinal Charles de Lorraine font partie de ses protégés. Son alliance avec cette famille s'est soudée par le mariage de sa fille Louise avec Claude, marquis de Mayenne, leur frère cadet. Ils sont les oncles de la petite Marie Stuart, reine d’Écosse, âgée de cinq ans en 1550.

De son côté, Anne de Montmorency aurait tenté d'écarter Diane en encourageant la liaison du roi avec Jane Fleming, la gouvernante de Marie Stuart. Absente momentanément de la cour pour soigner une fracture causée par une chute de cheval, Diane est avertie par les Guise que le roi s'entretient régulièrement avec lady Fleming et qu'Anne de Montmorency sert souvent d'intermédiaire. Venue constater par elle-même au château de Saint-Germain et ayant surpris le roi et le connétable en flagrant délit de sortir des appartements de l'Écossaise, elle se serait mise en colère, reprochant au connétable de contribuer à l'inconduite du roi et de porter préjudice à la réputation de la reine, à celle de la reine d’Écosse et du coup à celle des Guise[33].

Diane et Montmorency se réconcilient, mais restent rivaux pendant la plus grande partie du règne. Un changement intervient avec la capture du connétable à la bataille de Saint-Quentin en 1557; face à une maison de Guise de plus en plus puissante, Diane doit se rapprocher du connétable, une fois de retour de captivité en 1558.

Action artistique

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Alexandre-Évariste Fragonard : Diane de Poitiers dans l'atelier de Jean Goujon (musée du Louvre).
 
Le château d'Anet, par Jacques Rigaud, dessin à la plume, XVIIIe siècle.

Mécène comme tous les grands de son époque, Diane de Poitiers a fait travailler plusieurs peintres et sculpteurs, comme Le Primatice ou Benvenuto Cellini[réf. souhaitée]. Ils l’ont parfois représentée sous les traits de la déesse chasseresse comme sur le tableau Diane de Poitiers en Diane (École de Fontainebleau - Musée de la vénerie de Senlis).

Sa contribution à l’architecture est bien connue[réf. souhaitée], en particulier par les œuvres de Philibert Delorme qu’elle fait nommer surintendant des bâtiments royaux. Son œuvre la plus emblématique est le château d'Anet, aujourd'hui en grande partie détruit.

Elle protège aussi différents hommes de lettres, comme Ronsard.

Elle-même s'est exercée à la poésie comme en témoignent les quelques vers adressés à Henri II qui sont parvenus jusqu'à nous et débutent ainsi[34] :

« Voicy vraisment qu'Amour un beau matin
S'en vint m'offrir fleurette très gentille ;
Là se prit-il à orner votre teint
Et vistement marjolaine et jonquille,... »

Chute et fin de vie (1559-1566)

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Lorsque le roi est mortellement blessé le , Diane s'abstient de rendre visite au blessé, consciente qu'elle n'a pas sa place dans la chambre royale et qu'à juste titre, elle peut en être chassée[35]. Après la mort d'Henri II, survenue le , aucune sanction n'est prise à son encontre par le nouveau roi, hormis l'interdiction de paraître à la cour, pour elle et sa fille, la duchesse de Bouillon. Selon l'usage, elle restitue au roi les bijoux de la couronne assortis d’un inventaire. Comme elle n’est pas admise aux funérailles, c'est depuis la fenêtre de son hôtel qu'elle assiste au passage du convoi funéraire.

Malgré les rancunes du passé, la reine Catherine ne semble montrer aucune volonté de vengeance envers Diane. Elle décide de la laisser profiter des innombrables dons, biens et terres que son mari lui a donnés, bien qu'à la fin de l'année 1559, elle récupère le château de Chenonceau que Diane a accaparé par malversation et l'échange contre celui de Chaumont. Non seulement Diane n'est pas poursuivie en justice, mais cet échange constitue pour elle un important gain financier[36].

Diane se retire à Anet. En 1565, elle se fracture la jambe droite lors d'une chute de cheval, une fracture réduite par Ambroise Paré. Elle meurt l'année suivante à 66 ans, vraisemblablement d'une intoxication à l'or. Diane buvait quotidiennement un élixir contenant une forte concentration d’or dont on pensait à l'époque qu'il ralentissait les traces du temps [37]. Le taux d'or dans ses cheveux a été mesuré à 250 fois la normale[38].

La dépouille de Diane après sa mort (1566-2010)

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Monument funéraire de Diane de Poitiers au château d'Anet.
 
Diane représentée debout, devant la dépouille de son mari Louis de Brézé, sur son mausolée dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen.

Louise de Brézé, seconde fille de Diane de Poitiers, fait ériger un monument avec sa statue dans l'église du village, transféré dans la chapelle sépulcrale du château en 1576.

Le , lors de la Révolution, son sarcophage de marbre noir est profané. Deux commissaires de la Sûreté générale de Dreux, à la tête d'un groupe de patriotes, font état de son corps parfaitement conservé ainsi que deux cadavres correspondant à deux de ses petites-filles mortes en bas âge (âgées l'une de 5 à 6 ans et l'autre d'environ 2 ans)[39]. Leurs corps exposés à l'air libre se dégradent rapidement si bien qu'ils sont déplacés dans une fosse creusée à côté de l'église, à l’exception de la chevelure de Diane qui se détache de sa tête lorsque deux membres du comité révolutionnaire la basculent dans la fosse (l'un la tenant par la tête, l'autre par les pieds). Ils se partagent alors ses mèches en souvenir, l'une d'elles est par la suite donnée au propriétaire du château d'Anet où elle est conservée depuis dans un médaillon. Son sarcophage est converti en auge, et le socle en plomb utilisé par les révolutionnaires pour fabriquer des « balles patriotes »[réf. nécessaire].

De 1959 à 1967, la chapelle est entièrement rétablie dans son état d'origine et le tombeau remis en place.

En 2008, une équipe multidisciplinaire retrouve le squelette de la favorite (l'identification est fondée, notamment, sur une fracture de jambe) et découvre que les os ont une concentration en or beaucoup plus élevée, de 250 fois que la normale[40]. Le toxicologue Joël Poupon[41] met en évidence dans sa mèche de cheveux un taux 500 fois supérieur à la normale[42]. Ils l'expliquent par le fait que Diane, obsédée par le désir de l'éternelle jeunesse et l'éclat d'une beauté surnaturelle, aurait bu chaque jour comme élixir de longue vie une solution « d'or potable » qui lui aurait donné son teint extrêmement pâle, comme l'a rapporté Brantôme[42],[43]. Le médecin légiste Philippe Charlier qui a fait toutes les études sur sa dépouille[44] a pu déterminer qu'elle mesurait exactement 1,56 m[réf. souhaitée].

Le , après 213 ans passés au cimetière communal, les restes de Diane de Poitiers sont de retour dans son tombeau au cours d'une cérémonie célébrée par une grande fête de style Renaissance[45].

Descendance

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Françoise de Brézé fut mariée à Robert IV de la Marck de Bouillon, le . Elle donna naissance à 9 enfants dont seulement 3 vécurent : Henri, Charles et Diane.

Louise de Brézé hérita du château d'Anet. Elle fut mariée au duc Claude II d'Aumale, le . Elle mit au monde 11 enfants dont 3 vécurent : Catherine de Lorraine, Charles Ier de Lorraine et Claude de Lorraine.

Les deux frères firent partie de la Ligue catholique dirigée par les ducs de Guise qui s'opposa à Henri IV pendant les guerres de Religion.

Dans les arts et la culture

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Littérature

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Filmographie

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Cinéma

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Télévision

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Téléfilm
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Musique

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Confiserie

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Botanique

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Notes et références

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  1. Arnaud Bunel, « Armorial des rues de Paris », Allée Diane-de-Poitiers (19e arrondissement de Paris) (consulté le )
  2. Simone Bertière, Le Beau XVIe Siècle,
  3. a et b « Diane de Poitiers (1499-1566). L'éternelle Beauté », sur herodote.net, (consulté le )
  4. a et b Jules Bonnet, « Diane de Poitiers (1499-1566) », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. cf. Le Fur 2017.
  6. Cloulas 1997, p. 12-13.
  7. Marie-Pierre Estienne, Châteaux médiévaux dans les Baronnies, Alpara, coll. « DARA 31 », , 164 p. (ISBN 978-2-91612-502-2, lire en ligne), chap. 1 (« Aux origines de l’implantation castrale de la fin du Xe au milieu du XIIe siècle »), p. 21-48.
  8. Cloulas 1997, p. 11.
  9. Didier Le Fur, Diane de Poitiers, Place des éditeurs, (lire en ligne), « Les années de mystère ».
  10. Sa date de naissance est inscrite sur son tombeau à Anet. Ivan Cloulas, Diane de Poitiers, Paris, Fayard, , p. 370, note 11. Mais en l'absence d'autres sources historiques, la date reste incertaine.
  11. Francis Raymond, Grande et petite histoire de Sérignan, Association des Amis de l'histoire de Sérignan, (ISBN 2952689903)
  12. « The Project Gutenberg's eBook of Diane de Poitiers, by Jean-Baptiste CAPEFIGUE », sur www.gutenberg.org (consulté le )
  13. Devises héroïques, Claude Paradin, Jean de Tournes and Guillaume Gazeau, Lyon, 1557. Donec totum impleat orbem : jusqu'à ce qu'il (le croissant de lune) remplisse l'orbe tout entière (la gloire du roi irait en croissant jusqu'à ce qu'elle remplisse le monde)
  14. Cloulas 1997, p. 157-159.
  15. Didier Le Fur 2009, p. 184-185.
  16. Balzac affirme dans l'introduction à Sur Catherine de Médicis (p. 500) que ce château fut offert à Diane pour lui faire oublier un pamphlet publié contre elle en 1537 par le poète champenois Jean Voûté.
  17. Cloulas 1997, p. 187-190.
  18. Monique Chatenet, La cour de France au XVIe siècle. Vie sociale et architecture, Picard, 2002, p. 80.
  19. Le Fur 2009, p. 12. L'auteur dit : « Il faut le dire une bonne fois pour toutes, l'intimité d'un homme ou d'une femme de cette époque est presque impossible à recomposer, même si le personnage en question est le roi de France et peut-être même à cause de cela...»
  20. Cloulas 1997, p. 205.
  21. Jean Hippolyte Mariéjol, Catherine de Médicis, Tallandier, , p. 69.
  22. Mariéjol 1979, p. 68.
  23. a et b Mariéjol 1979, p. 70.
  24. Voir également Didier Le Fur, Henri II, Tallandier, , p. 184.
  25. Édouard Bourciez, Les Mœurs polies et la littérature de cour sous Henri II, Genève, Slatkine, 1967, p. 99.
  26. Mariéjol 1979, p. 72-77.
  27. a et b Cloulas 1997, p. 173-174 et 200.
  28. L'information vient principalement de l’ambassadeur impérial. Cloulas 1997, p. 169.
  29. Son testament écrit pendant les guerres de religion, exige que ses filles restent dans la religion catholique. Si ses petits-enfants adhèrent au protestantisme, ils seront déshérités.Cloulas 1997, p. 319-320.
  30. Le Fur 2017, p. 534-535.
  31. Arlette Jouanna (dir.), La France de la Renaissance, Histoire et Dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, p. 763.
  32. Cloulas 1997, p. 155.
  33. Cloulas 1997, p. 195-197.
  34. Jean Vatout, Le Château d'Eu, notices historiques, t. 1, Paris, Éditeur F. Malteste, 1836passage=280 (lire en ligne)
  35. Cloulas 1997, p. 302.
  36. Cloulas 1997, p. 308.
  37. « Diane de Poitiers - J'M le Val de Loire », sur JMleValDeLoire.com (consulté le )
  38. https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/04/25/01006-20090425ARTFIG00190--c-est-l-or-qui-a-tue-diane-de-poitiers-.php#:~:text=Un%20indice%20majeur%2C%20car%20Diane,bien%20document%C3%A9%2C%20explique%20Philippe%20Charlier.
  39. Cloulas 1997, p. 326.
  40. (en) Philippe Charlier, « An Ambrose Paré's patient: autopsy of the remains of Diane de Poitiers », La Revue du practivien, vol. 60,‎ , p. 290-293 (lire en ligne, consulté le )
  41. Coralie Hancok, « Diane de Poitiers un cas d’homicide insoupçonné », Science et vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. a et b (en) Philippe Charlier, Joël Poupon, Isabelle Huynh-Charlier, Jean-François Saliège, Dominique Favier, Christine Keyser et Bertrand Ludes, « A gold elixir of youth in the 16th century French court », BMJ, no 339,‎ , b5311. (PMID 20015897, DOI 10.1136/bmj.b5311)
  43. http://pathographie.blogspot.com/2010/02/diane-de-poitiers.html
  44. Sandrine Cabut, « Diane de Poitiers, morte d'avoir voulu rester jeune », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  45. http://www.dianeensademeure.com
  46. Premier titre de l'album Pièce montée des grands jours

Voir aussi

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Articles connexes

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Sources primaires

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  • Lettres inédites de Diane de Poitiers, publiées par G. Guiffrey, Paris, 1866.

Bibliographie

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  • Françoise Bardon, Diane de Poitiers et le mythe de Diane, Paris, Presses universitaires de France, , 171 p.
  • Ivan Cloulas, Diane de Poitiers, Paris, Fayard, , 432 p. (ISBN 2-213-59813-4, présentation en ligne).
  • Dominique Cordellier (dir.), Diane en son paradis d'Anet : tapisseries et vitraux de l'histoire de Diane du château d'Anet, programme et dessins, Paris / New-York, Le Passage, , 253 p. (ISBN 978-2-84742-474-4).
  • Nathalie Grande, « La représentation de Diane de Poitiers dans les fictions narratives françaises du XVIIe siècle : Villedieu, Lafayette, Fontenelle », Storicamente, no 12,‎ (lire en ligne).
  • Didier Le Fur, Diane de Poitiers, Paris, Perrin, , 240 p. (ISBN 978-2-262-06395-5).
  • Olivier Pot, « Le mythe de Diane chez Du Bellay : de la symbolique lunaire à l'emblème de cour », Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 14 « Le mythe de Diane en France au XVIe siècle »,‎ , p. 57-80 (lire en ligne).
  • Sigrid Ruby, « Diane de Poitiers, veuve et favorite », dans Kathleen Wilson-Chevalier (dir.), Patronnes et mécènes en France à la Renaissance, Saint-Étienne, Publications de l'université de Saint-Étienne, coll. « L'école du genre / Nouvelles recherches » (no 2), , 681 p. (ISBN 978-2-86272-443-0), p. 381-399.
  • Jean-François Solnon, « Henri II et Diane de Poitiers : un ménage à trois », dans Patrice Gueniffey et Lorraine de Meaux (dir.), Les couples illustres de l'histoire de France, Paris, Perrin / Le Figaro Histoire, , 453 p. (ISBN 978-2-262-06922-3).
    Réédition : Jean-François Solnon, « Henri II et Diane de Poitiers : un ménage à trois », dans Patrice Gueniffey et Lorraine de Meaux (dir.), Les couples illustres de l'histoire de France, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 764), , 2e éd., 517 p., poche (ISBN 978-2-262-07938-3), p. 103-122.
  • Alice Tacaille, « Un curieux hommage musical à Diane de Poitiers, les recueils de Barthélemy Beaulaigue (1559) : musiques chez Diane de Poitiers et musiques pour Diane de Poitiers », Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 14 « Le mythe de Diane en France au XVIe siècle »,‎ , p. 385-408 (lire en ligne).
  • Patricia Z. Thompson, « De nouveaux aperçus sur la vie de Diane de Poitiers », Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 14 « Le mythe de Diane en France au XVIe siècle »,‎ , p. 345-360 (lire en ligne).
  • Éliane Viennot, « Diane parmi les figures du pouvoir féminin », Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 14 « Le mythe de Diane en France au XVIe siècle »,‎ , p. 463-478 (lire en ligne).
  • Henri Zerner, « Diane de Poitiers : maîtresse de son image ? », Albineana, Cahiers d'Aubigné, no 14 « Le mythe de Diane en France au XVIe siècle »,‎ , p. 335-343 (lire en ligne).

Liens externes

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