Carlo Alberto dalla Chiesa

militaire et préfet italien, assassiné par la mafia
(Redirigé depuis Carlo Alberto Dalla Chiesa)

Carlo Alberto dalla Chiesa, né le à Saluces (province de Coni) et mort le à Palerme, est un officier italien, résistant dans la période 1943-1944, devenu général des Carabiniers, nommé préfet de Sicile en 1982 dans le but de mener la lutte contre la Mafia et assassiné quelques mois après cette nomination.

Carlo Alberto dalla Chiesa
Fonction
Préfet de Palerme (d)
Biographie
Naissance
Décès
(à 61 ans)
PalermeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Formation
Activités
Père
Romano Dalla Chiesa (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Romolo Dalla Chiesa (d)
Romeo Dalla Chiesa (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Emanuela Setti Carraro (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Autres informations
Armes
Grade militaire
Conflit
Distinctions
Liste détaillée
Chevalier de l'ordre du Saint-Sépulcre
Croix du Mérite de guerre
Bronze Medal for Civil Valor
Distintivo d'onore per i patrioti "Volontari della Libertà" (d)
Commemorative medal of the war of liberation (en)
Médaille commémorative de guerre 1940-43 (d)
Gold medal to award long periods of command in the Italian military (d)
Médaille d'or de la valeur civile
Médaille de la Mauricie
Médaille de représentation du président de la république italienne (d)
Grand Officer of the Military Order of Italy
Médaille d'argent de la valeur militaire
Grand officier de l'ordre du Mérite de la République italienne
Chevalier de l'ordre de la Couronne d'Italie
Croce d'Oro per ufficialiVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

modifier

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Carlo Alberto dalla Chiesa est officier, notamment au Monténégro en 1941 ; après l'armistice de Cassibile (), entré dans les carabiniers, il refuse de participer à la répression contre les partisans et passe à la résistance. Il entre à Rome avec les Alliés pour participer à la protection des ministres de l'Italie libérée.

Après la guerre, il prend part à la répression du banditisme en Campanie, puis en Sicile (1949). Il y revient en 1966 et commence spécifiquement à combattre Cosa nostra.

Lutte contre les Brigades rouges

modifier
 
Voiture du général dalla Chiesa après son assassinat.
 
Le président Sandro Pertini à l'enterrement du général dalla Chiesa.

En 1974, il est nommé commandant des carabiniers de la région Piémont-Val d'Aoste et crée à Turin une structure de lutte contre le terrorisme, notamment des Brigades rouges ; elle s'illustre en par la capture de deux brigadistes, Renato Curcio et Alberto Franceschini. opération permise par l'infiltration dans l'organisation terroriste de Silvano Girotto, connu aussi sous le surnom de frate mitra. Le général dalla Chiesa acquiert alors une grande notoriété, voire une aura de héros.

Préfet de Palerme contre la mafia

modifier

Le , il est nommé préfet de Sicile avec pour objectif la lutte contre la Mafia.

L'objectif du ministre de l'Intérieur Virginio Rognoni est de porter le combat contre Cosa nostra sur le plan civil, par la réorganisation de l’État en Sicile en la confiant à une personnalité forte et reconnue, dotée du titre de préfet plutôt que de commissaire[1].

Cette nomination est contestée par plusieurs élus démocrates chrétiens siciliens, représentant le courant andréottien réputé proche des intérêts mafieux, dont le président de la région d'alors, Mario D'Acquisto. Il est lui-même conscient des risques de déranger les cercles politico-mafieux[1] puisque, selon son journal, il rencontre Giulio Andreotti avant de se rendre en Sicile pour le prévenir qu'il ne protègera pas « ses soutiens politiques »[2], puis cite dans L'Europeo en août 1982 parmi ses opposants sur l'île les andreottiens D'Acquisto, Salvatore Lima, Vito Ciancimino, Nello Martellucci, mais aussi Rosario Nicoletti, membre de l'aile gauche de la DC[3].

Quatre mois après sa nomination, sans avoir encore obtenu les pouvoirs spéciaux promis par le gouvernement[2], Dalla Chiesa est assassiné dans sa voiture, ainsi que son épouse Emmanuela et son garde du corps Domenico Russo[4]. L'opération a probablement été organisée par Pino Greco, un tueur aux ordres de Toto Riina, même si des doutes demeurent sur les motivations réelles du meurtre[2]. Son fils, Nando Dalla Chiesa, accuse les dirigeants démocrates-chrétiens siciliens d'avoir permis ce meurtre, motivé par les déclarations publiques du préfet contre Cosa Nostra et le lien entre pègre et milieu politique. Ce meurtre accentue la distance entre l'Église sicilienne, qui commence à prendre la parole contre la mafia, et la DC qui nie encore l'ampleur du phénomène[5].

L'indignation populaire que suscite cet attentat entraine l'adoption de la loi Rognoni-La Torre le 13 septembre 1982, qui crée le délit d’association mafieuse (art. 416 bis du Code pénal) et la possibilité de saisir les biens mafieux[2]. Pour succéder au préfet, l'État italien crée également le Haut-commissariat pour la coordination de la lutte contre la délinquance mafieuse qui échoit à Emanuele De Francesco, chef des services secrets italiens.

Distinctions

modifier

Le général dalla Chiesa au cinéma

modifier

Les événements de Palerme ont fait l'objet en 1983 du film de Giuseppe Ferrara Cent Jours à Palerme (Cento Giorni a Palermo), avec Lino Ventura dans le rôle du général.

Notes et références

modifier
  1. a et b (it) Redazione Ilsitodisicilia, « Rognoni al processo su trattativa tra Stato e mafia: "D'Acquisto e gli andreottiani si opposero a nomina Dalla Chiesa" », sur il Sito di Sicilia, (consulté le )
  2. a b c et d Jacques de Saint-Victor, « Justice et politique en Italie : les procès de mafia (xixe-xxe siècle) », Histoire de la justice, vol. 2017/1, no 27,‎ , p. 115-132 (lire en ligne)
  3. Henri-Christian Giraud, Terres de mafia, (JC Lattès) réédition numérique FeniXX, , 212 p. (ISBN 979-10-376-0304-3, lire en ligne), p. 95
  4. (it) Benito Li Vigni, « Morte di un Generale », sur Google Books, (consulté le ).
  5. « Le fils du général Dalla Chiesa accuse la démocratie chrétienne sicilienne d'être " responsable " du meurtre de son père », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

modifier

Articles connexes

modifier

Bibliographie

modifier

Liens externes

modifier