Bataille de Courtrai (1302)

bataille de la guerre de Flandre

La bataille de Courtrai de 1302, également connue sous le nom de bataille des Éperons d'or[note 1] (en néerlandais : Guldensporenslag), opposa, le , près de Courtrai, l'armée du roi de France Philippe le Bel surnommée les « leliaerts » (en français : les hommes du lys) aux milices communales flamandes surnommées les « klauwaerts » (en français : les hommes de la griffe du lion).

Bataille de Courtrai (1302)
Description de cette image, également commentée ci-après
Bataille des Éperons d'or (étude), Nicaise de Keyser, 1836.
Informations générales
Date 11 juillet 1302
Lieu Courtrai
Issue Victoire flamande
Le comté de Flandre obtient son autonomie de facto
Belligérants
Comté de Flandre
Comté de Namur
Corps brabançons
Royaume de France
Commandants
Guillaume de Juliers
Jean Ier de Namur
Gui de Namur
Jan Breydel
Pieter de Coninck
Jean III de Renesse
Henri II de Luxembourg-Ligny
Jean de Cuyck
Goswin de Goidsenhoven
Robert II d'Artois
Guy IV de Châtillon
Raoul II de Clermont
Guy Ier de Clermont
Simon de Melun
Godefroy de Brabant
Jean III de Brienne
Jean Ier d'Aumale
Jacques Ier de Châtillon
Jean Ier de Dammartin
Jean II de Dreux
Forces en présence
9 000 combattants 8 000 combattants
Pertes
100 1 000

Guerre de Flandre (1297-1305)

Batailles

Coordonnées 50° 49′ 44″ nord, 3° 16′ 33″ est
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Bataille de Courtrai (1302)
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Bataille de Courtrai (1302)

Les « leliaerts » étaient appuyés par le duché de Brabant sous le duc Godefroy de Brabant[note 2] et les Hennuyers de Jean Sans-Merci[note 3] alors que les « klauwaerts » étaient appuyés par des milices venues de Zélande et de Namur (peut-être)[note 4], de Luxembourg[note 5], de Liège, d'Allemagne et d'Angleterre.

Préalable

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L'industrie textile faisait la prospérité du comté de Flandre, principauté du nord du royaume de France. Elle utilisait la laine, essentiellement importée des royaumes britanniques. Les artisans tisserands et commerçants, puis à leur suite le comté entier, se retrouvèrent donc dans une situation délicate lorsque le roi de France Philippe le Bel déclara la guerre à l'Angleterre pour prendre le contrôle de l'Aquitaine, en mai 1294.

Gui de Dampierre, comte de Flandre et jusque là vassal dévoué de Philippe le Bel malgré une ingérence de plus en plus grande du parlement de Paris dans les affaires internes de la Flandre, continua des négociations avec Édouard Ier, roi d'Angleterre, en vue d'un mariage entre les deux dynasties, ce qui revenait à rejoindre implicitement l'adversaire de son suzerain. Convoqué à Paris en septembre 1294 pour une autre affaire, il avoua ce projet au roi de France, qui l'emprisonna avec deux de ses fils jusqu'en février 1295, tout en l'obligeant à rompre la promesse de mariage. En 1297, ralliant les liébaerts, faction antifrançaise[1], le comte de Flandre se déclare dégagé de toute obligation féodale avec Philippe le Bel. C'est le début de la guerre de Flandre, qui va rapidement tourner à l'avantage du roi de France[2].

Les Français occupent l'entièreté du comté, ce qui va amener à une importante révolte de la part des Flamands. Après le massacre des « Matines de Bruges » en mai 1302, les rebelles klauwaerts[note 6] tenaient le pays sauf deux places fortes importantes, Cassel et Courtrai[3].

Bataille

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Approche

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La ville de Courtrai fut prise par Gui de Namur (fils du comte de Flandre) dans les premiers jours de juillet et la garnison française se réfugia dans le château. Pendant ce temps, le roi Philippe le Bel avait levé une armée et envoya une forte avant-garde à la tête de laquelle se trouvait le comte Robert d'Artois[4].

Guillaume de Juliers (petit-fils du comte de Flandre et archidiacre de Liège) rejoignit alors son oncle Gui de Namur au siège de Courtrai. Le 8 juillet 1302, les deux armées se firent face. Les forces en présence étaient déséquilibrées.

Armée française

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L'armée française, les « leliaerts » (en français : les hommes du lys), commandée par le comte Robert d'Artois, était constituée d'archers[note 7], de fantassins[note 8] et de cavaliers[note 9]. La cavalerie était composée de dix corps (regroupés en trois formations) commandés entre autres par: le connétable Raoul de Nesle, Godefroid de Brabant et Robert d'Artois; sans compter l'arrière-garde laissée en réserve sous les ordres de Gui de Châtillon, comte de Saint-Pol et gouverneur de Flandre. Les troupes françaises s'amassèrent dans la plaine de Groeninghe. Le comte Robert d'Artois, sûr de la victoire, rejeta la suggestion de contourner l'armée flamande[3].

Troupes flamandes

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Les troupes flamandes, les « Klauwaerts » (en français : les hommes de la griffe du lion), venant en grande majorité de Bruges et pour environ un tiers, de la Flandre orientale, étaient composées d'hommes à pied munis notamment du goedendag, lourde lance hérissée d'une pointe métallique. Ces milices étaient bien équipées, et certaines bien entraînées. Elles étaient assistées peut-être[source insuffisante] de milices namuroises des frères de Namur et de Zélande[4]. Les troupes furent confiées au commandement de Pieter de Coninck, Gui de Namur et Guillaume de Juliers. Les milices flamandes furent aussi aidées de corps brabançons sous les ordres de Jean de Cuyck et de Goswin de Goidsenhoven[5],[6],[note 5].

Ces troupes prirent position sur un plateau bordé par la Lys d'une part et des marécages d'autre part, le long d'un fossé (canal creusé par les Flamands[7] ? Rivière[8] ?) en demi-lune. Derrière eux se trouvaient les murailles du château de Courtrai.

Ce « fossé en demi-lune » était probablement un ancien méandre de la Lys. Les deux extrémités du méandre se sont progressivement ensablées, résultant en une « demi-lune » d'eau stagnante, sans communication directe avec la rivière cependant toute proche. Il s'agit là d'un phénomène géologique de l'ère quaternaire assez courant dans tout « plat pays ». Pour une bataille comme celle décrite ci-dessous, ce type de terrain donnait un avantage évident aux combattants locaux, surtout qu'ils étaient à pied contrairement aux cavaliers dont les chevaux ne pouvaient que s'embourber dans un terrain argileux, fort humide, glissant, et entouré de toutes parts par des fossés et de petites mares.

Forces des deux camps en question

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Les ouvrages récents s'accordent à revoir à la baisse les nombres de combattants généralement cités jusque-là. Selon Van Caenegem[9], les forces en présence ne s'élevaient qu'à environ 8 500 de chaque côté ; et selon Fegley[10] : entre 8 000 à 10 500 combattants flamands et jusqu'à 10 000 combattants français. (Ces chiffres sont sensiblement différents de ceux qu'on attribue aux chroniqueurs de l'époque, comme Villani[11] (contemporain des faits), ou les Annales Gandenses du frère mineur de Gand, qui écrivait sept ans après l'action, tous les deux cités par exemple par Moke[12] : l'un et l'autre évaluaient le nombre de combattants français à environ 50 000 mais le chroniqueur italien estimait le nombre des combattants flamands à 20 000 tandis que le frère mineur les évaluait à 60 000.)

L'armée française était donc probablement répartie en 2 500 chevaliers et écuyers, 1 000 arbalétriers, 2 000 piquiers et 3 000 fantassins.

Du côté flamand, les milices de Bruges alignaient entre 2 600 et 3 700 combattants, parmi lesquels 320 étaient arbalétriers, qui étaient dirigés par Willem van Gulik. D'Ypres venaient 1 000 combattants, dont 500 de réserve. Du Franc de Bruges venaient 2 500 hommes, et des Flandres orientales 2 500.

Début des hostilités

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Le 11 juillet au matin, les archers entamèrent les hostilités et donnèrent temporairement l'avantage à l’armée française. Après un échange de flèches et de carreaux d'arbalètes, les Français firent avancer leurs fantassins jusqu'au fossé[note 10]. Les chevaliers français, impatients de récolter les fruits d'une victoire qu'ils jugeaient facile, s'élancèrent avec précipitation. Ils n'eurent que peu d'espace pour manœuvrer. Beaucoup s'embourbèrent dans les marécages[note 11] ; de plus, les goedendag furent efficaces pour stopper la cavalerie qui chargeait. Les corps de cavalerie picards des deux sires de Nesles et celui des mercenaires de Jean de Burlats[note 12], suivis par les Brabançons de Godefroid de Brabant, les Normands des comtes d'Eu et d'Aumale et les Artésiens emmenés par Jean de Hainaut[note 13], et enfin Robert d'Artois, avec une partie des corps lorrains, bourguignons et champenois, s'engouffrèrent dans ce piège[note 14]. Les chevaliers trop lourdement armés ne purent s'extirper du bourbier. Le fossé en arc de cercle les empêcha de contourner l'obstacle. L'arrière-garde, commandée par le comte de Saint-Pol, décida alors de rebrousser chemin.

Massacre des français

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Les combattants flamands, peu au fait des us et coutumes de la guerre, massacrèrent les chevaliers à terre sans chercher à faire de prisonniers. Périrent ainsi dans la bataille un grand nombre de fantassins et chevaliers français dont le comte Robert d'Artois, Raoul de Nesle et son frère Gui de Nesle ; Jean de Burlats, les comtes d'Eu et d'Aumale et le chancelier Pierre Flote. Les pertes furent également très lourdes parmi leurs alliés : Jean Sans-Merci du Hainaut ; Godefroid de Brabant et son fils Jean, sire de Vierzon et châtelain de Tournai[13], ainsi que pratiquement tous les Brabançons[note 15],[13],[14]. Au total, le nombre de pertes du côté français dut largement dépasser le millier de morts puisque, rien que dans les rangs de la noblesse, plus de 60 comtes et barons, plusieurs centaines de chevaliers et plus d'un millier d'écuyers auraient perdu la vie[10]. Les Flamands n'auraient quant à eux eu à déplorer que quelques centaines de morts[10], voire pas plus de cent morts[13].

Victoire des troupes flamandes

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Les troupes flamandes victorieuses ramenèrent comme trophées les éperons d'or de tous les chevaliers tombés dans la bataille. Ces trophées orneront l'église Notre-Dame de Courtrai (nl)[note 16] avant d'être récupérés par la France et installés à Dijon[réf. nécessaire].

Après la bataille

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Pour les Flamands, cette victoire sonna le début de leur indépendance et du sentiment national[réf. nécessaire]. Gui de Dampierre fut bientôt de retour à la tête de son comté et organisa le mouvement de libération qui gagna plusieurs grandes villes de Flandre.

Le roi Philippe le Bel sortit affaibli par cette défaite. D'une part, il y avait perdu une grande partie de sa chevalerie, ses deux maréchaux de France (Simon de Melun et Guy Ier de Clermont de Nesle), d'autre part il y avait perdu du prestige. Il eut néanmoins les moyens de faire face, même s'il dut financièrement lever des impôts pour reconstituer une armée (tant sur terre que sur mer). Il garda par la suite une grande méfiance vis-à-vis de la capacité de résistance des troupes flamandes. Deux ans plus tard, il prit néanmoins sa revanche sur mer à la bataille de Zierikzee (10 et ) et sur terre à Mons-en-Pévèle (18 août). La sagesse lui fit alors préférer une paix négociée, mais tout à son avantage, et la Flandre retourna, après cette revanche, sous l'autorité royale (effaçant ainsi, pour plusieurs décennies, la défaite de 1302).

Lors de la bataille de Roosebeke en 1382, les Français menés par le roi Charles VI récupérèrent les éperons perdus lors de la bataille et les placèrent dans la basilique Saint-Denis[réf. nécessaire].

La bataille de Courtrai est immortalisée par le peintre Nicaise de Keyser (Bataille des Éperons d'or, 1836[note 17]). On trouve aussi des détails de cette bataille sur les panneaux en bois d'une malle; la malle de Courtrai. Le souvenir de cette bataille, romancé notamment par Henri Conscience dans son roman Le Lion des Flandres de 1838, est resté présent en Flandre jusqu'à nos jours. Cette victoire, pourtant si ancienne, des Flamands sur la cavalerie française a acquis une valeur symbolique puisque le 11 juillet, jour anniversaire de la bataille, a été choisi comme date de la fête annuelle de la communauté flamande de Belgique.

Notes et références

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  1. Il s'agit en fait d'éperons dorés.
  2. Fils du duc Henri III de Brabant, frère du duc Jean Ier de Brabant et de Limbourg, et oncle du duc Jean II qui régnait sur les duchés de Brabant et de Limbourg en ce 11 juillet 1302.
  3. Fils du comte Jean Ier de Hainaut et beau-frère de Robert d'Artois.
  4. Pas de doute concernant les Brabançons de Godefroid de Brabant et les Hennuyers de Jean de Hainaut (côté français), ni concernant les Zélandais de Jean de Renesse (côté flamand). Les faits et gestes de ces trois groupes sont narrés dans tous les récits de la bataille. Par contre, les cavaliers namurois envoyés ou emmenés par Jean de Namur pour venir en aide à son frère Gui (côté flamand) n'apparaissent pas dans les récits de la bataille proprement dite. Selon certains ils seraient arrivés trop tard (anecdote à l'origine de la légendaire « lenteur des Namurois » ?) : Verbruggen (voir ouvrage en références) écrit (p. 162) que « l'armée de rébellion flamande fut levée en toute hâte et que même Jean de Namur, instigateur de la rébellion, n'arriva pas à temps » ; et Moke (voir ouvrage en références - p. 13) : « Du dehors il ne venait que des secours insignifiants : quelques seigneurs attachés à la famille ou au parti du comte, une poignée d'Allemands à la suite du brave Guillaume de Juliers, et 600 Namurois, qui ne devaient peut-être pas arriver à temps ». (Plus loin, il ne mentionne ni les Namurois ni les Allemands dans sa description de la bataille). D'autres auteurs (et/ou passages) laissent entendre que les Namurois sont arrivés à temps mais n'ont pas pris part à la bataille : Goethals-Vercruysse & Voisin (voir ouvrage en références - p. 341-342) écrivent : « la veille de la bataille, un nouveau renfort de 600 Namurois bien montés arriva, envoyé par le comte Jean Ier de Namur » ; mais ils ne mentionnent plus ces Namurois dans le récit de la bataille proprement dite. Peut-être Verbruggen fait-il allusion, entre autres, aux Namurois quand il écrit (p. 162) que, du côté flamand, « les indifférents, de même que ceux qui avaient choisi une approche « attendons-de-voir » avaient la possibilité de rester en retrait puisqu'il n'y avait pas encore d'autorités complètement établies ». Il y a cependant au moins un combattant namurois — et non des moindres — dont la présence sur la plaine de Groeninghe est attestée : Gui de Namur lui-même, l'un des deux commandants en chef des troupes flamandes. Concernant les chevaliers hennuyers (du côté français) qui avaient accompagné Jean Sans-Merci du Hainaut jusqu'à Courtrai : Ils auraient été (selon Goethals-Vercruysse & Voisin p. 346) incorporés dans l'escadron commandé par Godefroid de Brabant (Jean de Hainaut apparaissant, dans les récits de la bataille, à la tête des Artésiens pendant que Robert d'Artois, en léger retrait, tenait son poste de commandement général avant de mener la dernière charge). Mais tous les auteurs s'accordent sur le fait que les Hennuyers ne chargèrent ni avec Godefroid de Brabant ni avec Jean de Hainaut. Ils apparaissent en fin de bataille, au moment où l'arrière-garde française se retire sans combattre : Moke écrit (p. 61) : « les chevaliers du Hainaut, conservèrent seuls (ndlr : contrairement à l'arrière-garde française) toute leur fermeté. Ils se déployèrent à l'Est du ruisseau prêts à charger (…) et ils firent retirer sans désordre les varlets et les voituriers qui conduisaient leurs chevaux de main, leurs bagages et leurs tentes. Les Flamands les voyant immobiles leur offrirent une sorte de trêve qui fut acceptée et cette petite division put opérer sa retraite sans avoir souffert ». Selon Fegley (voir ouvrage en références — p. 138) : « les hommes du Hainaut, dont les cœurs n'étaient pas vraiment du côté français, firent face à l'ennemi sans bouger mais n'opposèrent aucune résistance ». Chez Verbruggen (p. 109), on voit « une division d'hommes du Hainaut prête à combattre bien que son équipement ait déjà été évacué, mais qui prit la fuite lorsque les Flamands s'avancèrent » ; et on semble leur réserver un sort moins favorable dans cette fuite (que chez Moke) puisque Verbruggen écrit (p. 192) que sur base de la liste de ceux qui sont tombés, il apparaît que le Brabant et le Hainaut avaient envoyé un nombre relativement élevé de chevaliers (qui compensa l'absence de contingent de certaines régions de France). Luxembourgeois : Fegley mentionne (p. 128) des chevaliers venant du Luxembourg parmi les chevaliers étrangers aguerris du côté français. Par contre Verbruggen (p. 16) écrit que Gui de Flandre essaya d'en engager du côté flamand ; et Goethals-Vercruysse & Voisin (p. 344) cite le nom d'un seigneur luxembourgeois dans la liste de nobles tombés pour la Flandre. Enfin, il est généralement fait mention (du côté flamand) de « quelques cavaliers allemands » (Moke p. 13), ou d'une « poignée d'Allemands » (Fegley p. 117) avec lesquels serait arrivé Guillaume de Juliers dès le mois de mai. Verbruggen (p. 178) parle de « nobles allemands qui étaient présents dans son entourage. » Mais on ne retrouve pas leur trace dans les récits de la bataille proprement dite. On peut conclure que — pour les escadrons étrangers (à la France et à la Flandre) — les historiens retiennent surtout la participation active des Zélandais (côté flamand) et des Brabançons (côté français).
  5. a et b Hendrik Conscience écrit dans Le Lion des Flandres : « À tout instant, des chevaliers arrivaient seuls au camp, et même il y en eut qui appartenaient à d'autres pays ou à d'autres comtés, et qui, se trouvant en Flandre, n'hésitèrent pas à prendre part à l'œuvre de délivrance des Flamands. Ainsi, Henri de Lonchyn du Luxembourg, Goswyn de Goetsenhove et Jean van Cuyck, deux nobles Brabançons, se trouvaient déjà auprès de Guy, quand arrivèrent les gens de Furnes. »
  6. Troupes de la commune par allusion aux griffes du lion qui ornent la bannière de Gui de Dampierre.
  7. parmi lesquels les archers lombards (mercenaires) se seraient particulièrement distingués.
  8. parmi lesquels de nombreux Français, envoyés par les villes, et des mercenaires engagés dans le sud — probablement par Jean de Burlats —, originaires de Lombardie, de Navarre et d'Espagne, sous le commandement Jean de Burlats (Languedoc).
  9. Composée de membres de la noblesse, la cavalerie est la partie de l'armée dont les faits d'armes et la composition ont été narrés de la manière la plus détaillée par les chroniqueurs de l'époque.
  10. Les chroniqueurs ont négligé de narrer avec précision le sort de ce corps d'infanterie composé de simples soldats et soudoyés. Ils auraient combattu, comme les archers, sous les ordres du maître des arbalétriers Jean de Burlats. Quand les flèches vinrent à manquer, on en vint aux dagues et aux épées. À ce moment, l'armée française avait un tel avantage sur les troupes flamandes qu'un chevalier demanda à d'Artois ce que la noblesse était venue faire là si on laissât l'honneur de la victoire à la plèbe. La configuration exigüe des lieux ne permettant pas à la cavalerie d'entrer en action tant que les fantassins occupaient le terrain, le comte d'Artois donna l'ordre à l'infanterie de se retirer pour laisser passer la cavalerie (voir par ex. Fegley, p. 132 et Goethals-Vercruysse & Voisin p. 354, ouvrages en références).
  11. Le terrain est extrêmement difficile. Mais selon Moke (voir Moke en références, p. 51 et 60), c'est plutôt la confusion survenue lors de la seconde charge et surtout le sauve-qui-peut de la retraite et de la débâcle finale (bien sûr combinées aux difficultés du terrain et à l'ardeur des combattants flamands), qui sont à l'origine des célèbres scènes de chevaux empêtrés dans les marais et chevaliers démontés dans les fossés.
  12. La première charge aurait été menée, à droite et au centre, par Raoul et Gui de Nesle à la tête des chevaliers picards ; tandis que Jean de Burlats aurait mené (après l'attaque d'infanterie) l'aile gauche de la cavalerie à la tête de cavaliers mercenaires. À droite, Raoul de Nesle aurait été tué face aux Gantois menés par Gui de Namur. Au centre, Gui de Nesle serait parvenu à mettre une partie des troupes du Franc de Bruges en déroute mais les Yprois auraient barré la route aux fuyards et les auraient forcés à retourner au combat. Jean de Renesse et ses Zélandais seraient également venus prêter main-forte à Guillaume de Juliers pour lui permettre de tenir tête aux Picards. À gauche, Jean de Burlas serait tombé sous les coups des redoutables Brugeois (voir p. ex. Moke p. 47, ouvrage en références).
  13. Bien que la retraite des fantassins gênât la 1re charge, le déploiement de la cavalerie s'était jusque-là effectué selon l'ordre prévu. Mais le premier à s'élancer ensuite au centre au secours des Picards est Godefroid de Brabant, dont les troupes n'étaient pourtant censées intervenir qu'en dernier lieu puisqu'il conduisait le 9e corps appartenant à la 3e ligne. Derrière lui, les comtes d'Eu et d'Aumale et toute la chevalerie normande fondirent sur la gauche de l'armée flamande alors que leur corps était le 7e et appartenait également à la troisième ligne. Par contre, à l'ouest, le 5e corps formés par les chevaliers d'Artois emmenés par Jean Sans-Merci, fils du comte Jean Ier de Hainaut, avançait selon l'ordre prévu. La seconde charge se trouva donc fournie par trois corps qui ne faisaient initialement pas partie de la même ligne : à droite les Normands, au centre les Brabançons, et à gauche les Artésiens. Au centre, Gui de Nesle combattait encore quand Godefroid de Brabant arriva en renfort et chargea si violemment vers Guillaume de Juliers que ce dernier tomba. Blessé, il fut transporté vers l'arrière mais, pour éviter la panique dans les rangs flamands, l'un de ses hobereaux enfila son armure et revint au galop en se faisant passer pour lui. Les piquiers flamands reprirent le dessus. Périrent à ce moment : Godefroid de Brabant, Gui de Nesle et un grand nombre de chevaliers picards et brabançons qui les accompagnaient. Jean de Renesse et ses Zélandais s'étaient entre-temps déplacés vers l'aile droite de la cavalerie française pour aller prêter main-forte à Gui de Namur et aux Gantois. Face à eux tombèrent les comtes d'Eu et d'Aumale et leurs chevaliers normands. À gauche enfin, il semble que la bannière d'Artois flottait encore et que Jean de Hainaut luttait toujours contre les Brugeois quand la troisième charge française s'élança. (voir p. ex. Moke p. 48-55 et Fegley p. 137-138 en références).
  14. Comme la précédente, cette 3e charge se serait élancée presque dans la foulée de celle qui l'a précédée. Malgré cela, Jean de Hainaut et la bannière d'Artois seraient tombés avant que ce renfort n'arrive à sa hauteur. Dans sa charge, d'Artois croise donc un torrent de fuyards et apprend la nouvelle de la mort de Jean et de toute la noblesse artésienne qui l'avait suivi. Le désespoir se serait emparé de nombreux chevaliers qui suivaient Robert et peu d'entre eux l'auraient suivi à la mort. Il serait néanmoins parvenu à pénétrer les lignes flamandes (et même à s'emparer de l'étendard flamand ?) Willem van Saeftinghe, un combattant flamand frère-lai de l'abbaye de Ter Doest, parvint à faire tomber son cheval. D'Artois aurait alors été assailli de toute part et couvert de blessures. Il aurait demandé qu'on épargne son cheval et, selon certains, s'il y avait là un noble auquel il put rendre son épée. On lui aurait répondu qu'on n'entendait pas sa langue et que du reste on ne faisait pas de prisonniers. Sur ces mots il aurait été achevé. (voir p. ex. Moke p. 58-59 et Verbruggen & DeVries p. 239-241) Dans le récit de Goethals-Vercruysse & Voisin (p. 359), on ajoute que sa langue aurait été coupée et offerte en trophée à un certain Jan van der Marct.
  15. Ceux des Brabançons qui survécurent à la deuxième charge aux côtés de Godefroid de Brabant, et à la troisième charge aux côtés d'Artois (vers lequel ils auraient ensuite convergé) virent leur retraite coupée. Parlant bien la langue des Flamands (proche de la leur), ils tentèrent de se faire passer pour tels en criant « Vlaenderen den Leeuw! » (« Flandre au lion » — cri de ralliement des troupes flamandes). Comprenant la manœuvre, Guy de Namur ordonna de tuer tous ceux qui portaient un éperon (puisque les Flamands avaient combattu à pied). Ils furent tous massacrés dans cette Bloedmeersh (prairie sanglante) qui conserva ce nom. (voir p. ex. Moke p. 62, Goethals-Vercruysse & Voisin p. 363, Verbruggen p. 109 en références).
  16. D'après Fegley (voir ouvrage en références, p. 140), entre 500 et 700 éperons ornèrent l'église Notre-Dame de Courtrai et d'autres furent envoyés à Maastricht orner l'église de Guillaume de Juliers.
  17. Tableau détruit lors du bombardement de Courtrai en 1944 (voir étude sur Catalogue de vente de Drouot du mercredi 26 novembre 2006, pp. 54-56, ou une analyse dans le Compte-rendu du salon d'exposition de Bruxelles, 1836 de Louis Alvin, pp. 16-30).

Références

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  1. Alexandre de Saint-Léger, Histoire de Lille Tome 1, Editions des régionalismes, 2011 (réédition d'un ouvrage de 1942), 204 p. (ISBN 978-2-8240-0173-9), p. 49.
  2. Gevert H. Nörtemann, « Memories and identities in conflict: The myth concerning the battle of Courtrai (1302) in nineteenth-century Belgium », dans Narratives of Low Countries History and Culture, UCL Press, coll. « Reframing the Past », , 63–72 p. (ISBN 978-1-910634-98-1, DOI 10.2307/j.ctt1hd18bd.11, lire en ligne)
  3. a et b Jacques Le Goff, « La bataille de Courtrai », émission Les Lundis de l'Histoire sur France Culture, 7 mai 2012.
  4. a et b Xavier Hélary, Courtrai. 11 juillet 1302, Paris, Tallandier, , 207 p. (ISBN 978-2-84734-731-9)
  5. Paul Vaute 2002
  6. Hendrik Conscience 2007, p. 451.
  7. Franz Funck-Brentano, Les Origines de la guerre de Cent Ans : Philippe le Bel en Flandre, H. Champion, , 707 p..
  8. Henri Pirenne, La Version flamande et la version française de la bataille de Courtrai, Hayez, , 42 p..
  9. Raoul van Caenegem et Marc Boone [et al.], 1302, le désastre de Courtrai : mythe et réalité de la bataille des Éperons d'or, Anvers : Fonds Mercator, .
  10. a b et c Randall Fegley, The Golden Spurs of Kortrijk : How the Knights of France Fell to the Foot Soldiers of Flanders in 1302, McFarland, , 242 p. (lire en ligne), p. 125 ; 128 ; 138 ; 140.
  11. Giovanni Villani, Cronica, t. II, livre VIII, chap. LVI.
  12. Henri Guillaume Philippe Moke, Mémoire sur la bataille de Courtrai : dite aussi de Groeninghe et des éperons, Académie royale de Belgique, (lire en ligne), p. 17 ; 18 ; 19.
  13. a b et c Jacques Joseph Ignace Goethals-Vercruysse et Auguste Voisin, Bataille de Courtrai : ou Des Éperons d'Or, Vanderheyden D. J., (lire en ligne), p. 345-346 ; 363 ; 367-368.
  14. J.F. Verbruggen et Kelly DeVries, The Battle of the Golden Spurs (Courtrai, 11 July 1302) : A Contribution to the History of Flanders' War of Liberation,, Boydell & Brewer, , 267 p. (lire en ligne), p. 178 ; 92 ; 109 ; 223-225.

Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Hendrik Conscience (préf. Jan Deloof), Le Lion des Flandres - La Bataille des Éperons d'or, Fouesnant, Yoran embanner, , 628 p. (ISBN 2914855443)  
  • M. Moke, Mémoire sur la bataille de Courtrai, dite aussi de Groeninghe et des Éperons, dans Mémoires de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, volume 26, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1851.
  • Raoul C. van Caenegem (sous la direction), textes de Marc Boone [et al.], 1302, le désastre de Courtrai : mythe et réalité de la bataille des Éperons d'or, Anvers : Fonds Mercator, 2002.
  • Xavier Hélary, Courtrai, 11 juillet 1302, Paris, Tallandier, coll. « L'histoire en batailles », , 207 p. (ISBN 978-2-84734-731-9, présentation en ligne).
  • Paul Vaute, « Les Éperons d'or ? Mais c'est du belge ! », Lalibre.be,‎ (lire en ligne, consulté le ).  .

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