Austremoine de Clermont

évêque français

Austremoine est le premier évêque supposé de Clermont et l'évangélisateur de l'Auvergne dans la seconde moitié du IIIe ou au début du IVe siècle. Il serait mort en 286, voire plus tard au IVe siècle. Il est reconnu comme saint par l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe qui le fêtent le 1er novembre[1] comme inscrit au Martyrologe romain, et le 8 novembre dans le diocèse de Saint-Flour.

Austremoine de Clermont
Image illustrative de l’article Austremoine de Clermont
Saint Austremoine, évangélisateur de l'Auvergne, vitrail de l'église Saint-Austremoine d'Issoire.
Saint, évêque, évangélisateur
Vénéré à abbatiale de Mozac
Vénéré par Église catholique romaine

Église orthodoxe

Fête 1er novembre

Grégoire de Tours, dans son Histoire des Francs, amalgame des récits d'origines, de dates et de valeurs différentes, pour raconter l'histoire légendaire des sept missionnaires qui, au temps de la persécution de Dèce autour de 250, auraient été envoyés en Gaule par « les évêques de Rome » : Austremoine, Gatien de Tours, Trophime d'Arles, Paul de Narbonne, Saturnin de Toulouse, Denis de Paris et Martial de Limoges[2]. En réalité, la fondation de l'évêché de Clermont n'est connue le plus souvent que par des traditions locales tardives et légendaires qui visent à prouver l'antériorité d'un siège par rapport à un autre[3].

Étymologie

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Austremoine est son nom traditionnel, mais inexact : Grégoire ne lui donne jamais d'autre nom que Stremonius[4],[5]. Au VIIe siècle, le nom Stremonius disparaît, tombé dans l'attraction du nom germanique Austremoni, latinisé sous la forme Austremonius[6]. On peut également trouver les variantes Austromoine, Strémon et leurs dérivés en latin.

Parcours

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Statue en bois peint de saint Austremoine (XVIIe siècle), église Saint-Austremoine d'Issoire.
 
Saint Austremoine sur la châsse de saint Calmin (XIIe siècle) conservée en l'abbaye de Mozac.

Il serait juif de naissance, né à Emmaüs, fils d'un nommé Judas et d'une juive appelée Anne d'après les récits de vie (tardifs et douteux) de Cézard Dagonneau[7] et Jacques Branche[8], mais d'après Pierre-François Fournier le nom Stremonius plaide en faveur d'une origine gallo-romaine, le radical Strem- étant attesté dans la moitié méridionale de la Gaule[6].

Il partirait de Rome en 250 ou 253, voire au début du IVe siècle, accompagné des diacres Marius, Anthemius, Mametus (Mamet), Nectarius (Nectaire en français, qui a donné le nom de la commune de Saint-Nectaire dans le Puy-de-Dôme) et Seronatus pour évangéliser l'Auvergne, c'est-à-dire apporter la religion chrétienne dans ce territoire[9].

Saint Privat, évangélisateur du Gévaudan aurait également été au nombre de ses disciples.

Il convertit notamment le prêtre païen Victorin.

Austremoine devient le premier évêque de Clermont, évêché qui, sous le nom d'Arverne, est l'un des plus anciens de la Gaule.

Sources

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Statue en bois peint à l'église abbatiale de Mozac (XVIIe-XVIIIe siècle).

Grégoire de Tours évoque saint Austremoine en quelques phrases dans deux de ses ouvrages :

  • L'Histoire des Francs (livre I, XXX) : «Sous l'empereur Dèce il s'éleva contre le nom chrétien un grand nombre de persécutions, et on fit un si grand carnage des fidèles qu'on ne pourrait les compter. [...] Valentinien et Novatien, alors les principaux chefs des hérétiques, à l'insinuation de l'ennemi de Dieu, attaquèrent notre foi. Dans ce temps sept hommes, nommés évêques, furent envoyés pour prêcher dans les Gaules, comme le rapporte l'histoire de la passion du saint martyr Saturnin. Sous le consulat de Décius et de Gratus, comme le rappelle un souvenir fidèle, la ville de Toulouse eut pour premier et plus grand évêque, saint Saturnin. Voici ceux qui furent envoyés : Gatien, évêque à Tours ; Trophime à Arles ; Paul à Narbonne ; Saturnin à Toulouse ; Denis à Paris, Strémon [Austremoine] en Auvergne et Martial à Limoges ».
  • À la Gloire des Confesseurs (chapitre 30) : « Saint Stremonius [Austremoine], compagnon de saint Gatianus et apôtre de Clermont. Son tombeau est au bourg d'Iciodorus [Issoire] où Cautinus alors diacre (et depuis évêque), chargé de gouverner l'église du lieu, s'aperçut que ce tombeau était sanctifié par des miracles ».

Pierre-François Fournier[6] distingue dix traditions ou Vies de saint Austremoine, la première et la plus ancienne étant conservée par deux manuscrits conservés à la bibliothèque du patrimoine de Clermont Auvergne Métropole : les manuscrits 147 (Xe siècle) et 148 (XIIe siècle) publiés par Guillaume van Hooff en 1887 dans les Acta sanctorum.

La translation de ses reliques

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À sa mort, le corps de saint Austremoine a été transféré dans un premier temps à Volvic, avant que le roi Pépin le Bref en 764 ou Pépin II d'Aquitaine en 848 fasse transporter ses reliques en l'abbaye de Mozac, bien que l'abbaye d'Issoire et l'évêché de Clermont les aient réclamées[10].

Ses reliques sont aujourd'hui conservées dans la chapelle centrale du collatéral sud de l'abbatiale de Mozac, dans une châsse en bois peint du XVIe siècle.

Au milieu du IXe siècle, la tête du saint a été déposée à Saint-Yvoine avant qu'elle ne retourne à Issoire vers l'année 900, lieu d'origine de son inhumation.

En 1904, le musée des Tissus de Lyon fait l'acquisition auprès de la Fabrique de l'église Saint-Pierre de Mozac du suaire de saint Austremoine (classé monument historique le 20 janvier 1909) provenant probablement de Constantinople et datant de la première moitié du IXe siècle, qui avait servi à envelopper les reliques[11].

Galerie

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Notes et références

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  1. « Saint Austremoine » (consulté le )
  2. Alain Tallon, Catherine Vincent, Histoire du christianisme en France : des Gaules à l'époque contemporaine, Armand Colin, , p. 14.
  3. Jean Julg, Les évêques dans l'histoire de la France : des origines à nos jours, Éditions Pierre Téqui, , p. 25-26.
  4. Histoire des Francs (lire sur Wikisource)
  5. À la gloire des confesseurs
  6. a b et c Fournier, « Saint-Austremoine premier évêque de Clermont », BHSA,‎
  7. Albert Longy, Histoire de la ville d'Issoire, , p. 75-87
    La Mort et passion de monsieur saint Auistremoyne, premier martyre et évêque d'Auvergne, traduite fidèlement de mot à mot du latin en françois par Cézard Dagonneau, maître des écoles d'Yssoire en 1597
  8. Vie des saincts et sainctes d'Auvergne et du Velay, Puy, Guynand, , p. 102
  9. Site de la Région Auvergne, Saint Austremoine, évangélisateur des Gaules
  10. « Charte du roi Pépin, pour la donation et la restauration du monastère de Mozac », BnF, coll. Moreau, vol. 284, fol. 160, citée dans Hippolyte Gomot, L'abbaye royale de Mozat, 1872, p. 244-245. La charte mentionne en signature le roi Pépin sans plus de précision (« Signum Pippini praecellentissimi regis »). Aucune année de rédaction n'est inscrite. Par déduction, on sait que l'acte a été produit la « vingt-quatrième année du règne de Pépin » (« anno XXIV regnante Pippino »). D'où 764 si c'est Pépin le Bref ou 848 dans le cas de Pépin II d'Aquitaine.
  11. « Le musée des tissus de Lyon l’une des plus riches collections textiles du monde | Academie Des Beaux Arts », sur Le musée des tissus de Lyon l’une des plus riches collections textiles du monde | Academie Des Beaux Arts (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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  • David Morel, « Un évêque défunt au panthéon des saints. La figure d'Austremoine dans l'Auvergne du haut Moyen Âge », dans L'évêque, l'image et la mort. Identité et mémoire au Moyen Âge, Viella, , 623 p. (ISBN 9788867280797), p. 495-514
  • (la) Acta Sanctorum novembris ex Latinis et Graecis aliarumque gentium monumentis, servata primigenia veterum scriptorum phrasi / collecta, digesta, commentariis et observationibus illustrata a Carolo de Smedt, Gulielmo van Hooff et Josepho de Backer,...., t. I : Quo dies primus, secundus et partim tertius continentur, Paris, V. Palmé, coll. « Acta sanctorum novembris... », , 1006 p. (BNF 33233325, lire en ligne), p. 23-82
    Contient la transcription latine des manuscrits de Clermont, de Bruxelles, du Vatican...
  • Pierre-François Fournier, « Saint Austremoine premier évêque de Clermont », Bulletin Historique et Scientifique de l'Auvergne, vol. 89,‎ , p. 417-471

Articles connexes

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