Philippe Janvion, dit Émile Janvion, né le , à Mâcon[1] et décédé le à Paris[2], est un leader anarcho-syndicaliste et un éducateur libertaire français, puis un syndicaliste nationaliste et antisémite, préfigurateur du fascisme.

Émile Janvion
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 61 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Un leader anarcho-syndicaliste (avant 1909)

modifier

Fils d'Henri Joseph Janvion, marchand mercier, et d'Eugénie Moindrot, mercière.

En 1913 dans Terre libre, Émile Janvion raconte que, fils d’un père « franc-maçon actif » et d’une mère « catholique pratiquante », il était devenu anarchiste en assistant à une conférence de Sébastien Faure en 1894.

Il s’engage résolument dans l’affaire Dreyfus. Dès le , il anime une réunion publique sur ce thème à Amiens. En , il fait partie du groupe anarchiste parti à Alger pour faire campagne contre Drumont et, en , il cosigne le manifeste de la Coalition révolutionnaire. Il est également rédacteur à L’Aurore de Georges Clemenceau en 1898-1899 et, à partir de , il collabore au Journal du Peuple lancé par Sébastien Faure.

 
Émile Janvion pend un buste de Marianne lors d'une manifestation ouvrière le 3 août 1908[3].

En 1899, il fonde le premier syndicat des employés de préfecture. Il est délégué au XVe congrès national corporatif (Amiens, ), puis au XVIe (Marseille, ). Il est révoqué, en 1907, de son poste d'employé en raison de son action syndicale.

L'une de ses grandes ambitions sera le développement de l'enseignement libertaire. En , admirateur des théories pédagogiques de Paul Robin, il crée avec Jean Delgavès une Ligue d'enseignement libertaire[4] destinée à ouvrir une école libertaire mixte. Ce sera l'une des premières grandes expériences libertaire en matière d'enseignement. Faute de moyens (malgré la participation d'Émile Zola, d'Octave Mirbeau ou même du « socialiste national » (comme il se qualifiait lui-même) Maurice Barrès à la souscription ouverte), l'expérience se limitera à l'organisation de vacances libertaires pour une poignée de garçons et filles durant l'été 1898 ou 1899 et à quelques conférences et cours du soir en 1899-1900. L'école libertaire est fermée en 1901.

Émile Janvion participera à la fondation de la Ligue antimilitariste () et au Congrès antimilitariste d'Amsterdam qui donne naissance à l'Association internationale antimilitariste (AIA) (en ).

Il dirige d' à la revue anarchiste L'Ennemi du Peuple à laquelle collaborent Zo d'Axa, Han Ryner, Eugène Bonaventure de Vigo dit Miguel Almereyda, Lucien Descaves, Élie Faure, Urbain Gohier et Jehan Rictus.

De l'anarcho-syndicalisme au fascisme (1909-1927)

modifier

En 1909, Émile Janvion fonde le journal Terre libre, « organe d’action syndicale » antirépublicain, anti-franc-maçon, antisémite et antimarxiste. Marius Riquier (l’un des fondateurs du Cercle Proudhon qui tente de rapprocher les milieux syndicaux et l'Action française) collabore à la revue. En 1910, Terre libre rallie l’Action française. En 1913, Émile Janvion et Émile Pataud sont exclus de la CGT pour antisémitisme.

Émile Janvion se rapproche de l'Action française qui peut laisser espérer un syndicalisme corporatif et nationaliste. Cette tentative de synthèse du nationalisme et de certaines tendances du socialisme et du syndicalisme est considéré par l'historien israélien Zeev Sternhell comme une première expression de l'idéologie fasciste.

Notes et références

modifier
  1. « État civil », sur www.archives71.fr (consulté le )
  2. « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
  3. Michel Launay, « Review of The Action Française and Revolutionary Syndicalism », Le Mouvement social, no 121,‎ , p. 125–129 (ISSN 0027-2671, DOI 10.2307/3777661, lire en ligne, consulté le )
  4. Aurélien Lorig, Un destin littéraire. Georges Darien, Thèse de doctorat en Littérature française et comparée, Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III, 2015, page 325.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier

Liens externes

modifier