Islamonline. Jeux et enjeux d’un média « post-islamiste » déterritorialisé
p. 45-62
Note de l’éditeur
L’enquête de terrain a été financée dans le cadre du projet de recherche « Mediamigraterra », consacré à l’étude des Médias et migrations dans l’espace euro-méditerranéen, soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Texte intégral
1Le 16 juin 2010, prend fin la crise qui avait secoué, six mois durant, le portail IslamOnline (IOL). À cette date, en effet, entrait en vigueur la décision prise par la société al-Balâgh, son propriétaire légal qatari : fermeture du siège central cairote du média virtuel et licenciement de son personnel en vue de son transfert à Doha. Ni les interventions des médiateurs, ni la grève de trois mois avec occupation des locaux menée par sa rédaction 1, ne sont parvenues à infléchir la détermination d’al-Balâgh qui avait affirmé, en mars de la même année, son intention de « modifier la ligne éditoriale et d’introduire de nouvelles modalités de gestion » dans IOL 2. Les grévistes ont, tout au plus, réussi à récupérer les indemnités de licenciements qu’ils exigeaient 3.
2Classé par Alexa-Internet 4, au mois d’août 2009, deuxième portail islamique dans le monde juste après Islamway 5, IOL, tel qu’il s’était fait connaître depuis la fin des années 1990, n’existe donc plus. Désormais, le portail est quasiment gelé. Selon al-Balâgh, il devrait être relancé dans les mois à venir, une fois achevée la refonte de sa maquette, de son habillage graphique et de sa structure éditoriale. Une équipe issue de la rédaction cairote s’est lancée, pour sa part, dans la mise sur pied d’un nouveau projet, OnIslam, présenté comme l’héritier légitime d’IOL.
3L’implosion d’IOL aurait pu paraître invraisemblable. Il y a peu, engagé dans de nombreux projets, le portail semblait en pleine expansion. À y regarder de plus près, cependant, la crise d’IOL couvait déjà de manière latente. S’il est prématuré, aujourd’hui, de spéculer sur les conséquences de cette évolution et d’analyser avec recul les motivations et les rôles des différents acteurs qui ont concouru à l’éclatement de la crise, ses origines transparaissent néanmoins clairement dans les tensions inhérentes à l’identité même du médium et dans l’équilibre instable des rapports de forces politiques qui le sous-tendaient.
4De fait, l’identité d’IOL se laissait difficilement appréhender. Plate-forme ouverte à des collaborations venant d’univers différents (Haenni, Tammam, 2004), ce portail ne dissimulait pas son référentiel islamiste sunnite 6. S’il avait pris ses distances avec les « grands récits » de l’islam politique, il continuait, cependant, à offrir une tribune aux courants islamistes organiséscomme les Frères musulmans égyptiens et le Parti de la justice et du développement marocain. Dans le même temps, bien que financé principalement par l’Émirat du Qatar, il bénéficiait d’une réelle autonomie rédactionnelle. Ou encore, quoique parrainé par le clerc de la « renaissance islamiste » (al-Khatib, 2009), Youssef Qaradawi, il n’a pas hésité à s’en démarquer à l’occasion des violentes diatribes que le cheikh avait formulées à l’encontre du chiisme, accusant l’Iran et ses alliés de prosélytisme dans les pays sunnites 7. Nombreuses sont donc les facettes d’IOL qui transparaissaient à travers la plasticité de ses narrations et la diversité des services qu’il proposait.
5La présente contribution n’a pas l’ambition de se pencher sur le temps court de la crise d’IOL. Elle se propose, en revanche, d’en saisir les ressorts dans le temps long, en explorant le portail, de son ouverture jusqu’à son implosion. Nous tenterons ainsi de démêler le jeu de ses différents acteurs et l’enchevêtrement des réseaux d’influence dont IOL était le vecteur. Nous montrerons comment IOL a été un lieu où se sont déployées, heurtées et négociées des formes concurrentielles de légitimité institutionnelle et charismatique. Tout à la fois le miroir des recompositions du champ islamiste et des équilibres de forces instables qui le caractérisent, IOL est l’incarnation de nouveaux modes d’engagements politiques islamistes ainsi que la déterritorialisation de leur recrutement (Roy, 2002).
L’émir, le clerc et la Oumma virtuelle
6Le projet IOL remonte à l’année 1997. Il est alors défendu par une jeune étudiante qatarie, Maryam Hassan al-Hajari, et son professeur, Hamid al-Ansari, figure connue de la faculté de la Chari’a à Doha (Gräf, 2008) qui appelaient à se servir des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour investir la toile et propager la prédication islamique. L’idée ne tarda pas à recueillir l’aval du président de l’université du Qatar et l’adhésion de Youssef Qaradawi qui prônait l’action électronique islamique en guise de jihad contemporain. La mobilisation de jeunes intellectuels islamistes égyptiens proches du clerc lui permettra de prendre forme 8.
7Ouvert à Doha, IOL devient en octobre 1999 9, propriété de la Société qatarie de la prédication culturelle au service de l’islam sur Internet (jam’iyat al-balâgh al-thaqâfiyya li khidmat al-islâm ‘ala al-internat) présidée par Youssef Qaradawi. Sa rédaction s’installe au Caire 10. Fondée à son tour en 1998 par le ministre des waqfs et des affaires islamiques qatari, al-Balâgh a pour finalité de:
« propager la culture islamique, faire connaître les principes de l’islam, ses règles et son éthique à travers la présentation d’informations et de services en direction des musulmans et des non-musulmans en utilisant les moyens de communication les plus développés » 11.
8La mission du portail bilingue, anglais et arabe, relève de la « participation dans le projet de la renaissance islamique (…) pour le bien de l’humanité entière conformément à l’essence de l’islam » 12.
9Elle ambitionne de répondre:
« au besoin pressant pour une institution islamique qualifiée en mesure de présenter la vérité sur l’islam, d’éduquer les musulmans et de propager la religion parmi les non-musulmans sans distorsion, ni extrémisme ni interprétation erronée » 13.
10Au lendemain des attentats du 11 septembre, la fréquentation du site connaît une progression manifeste. Le même mois, IOL inaugure son forum interactif en anglais et ouvre le débat sur un thème quelque peu provocateur: « Est-ce que l’islam est un grand mensonge »? Le succès est immédiat 14. Pendant deux ans, les modérateurs du forum recevront des milliers de messages sur le sujet émanant plus particulièrement de musulmans installés en Europe et aux États-Unis.
11Dès le début, la configuration dans laquelle s’installe IOL distord l’économie du conflit dans l’espace arabe, telle qu’elle s’est structurée à partir des années 1970, fondée sur la compétition des régimes autoritaires et des activistes islamistes à l’intérieur des frontières nationales (Burgat, 1995). Pour sa part, le nouveau portail se projette dans un espace panislamique global transcendant les bornes traditionnelles de la Oumma, en intégrant les populations musulmanes qui vivent en Occident. Il fédère également différents acteurs individuels et collectifs, dissidents ou opposants des différents pouvoirs arabes, se réclamant tous, cependant, de l’islamisme. Qui plus est, IOL est sous la double tutelle d’une autorité religieuse émanant d’un État (al-Balâgh et Qatar) et d’une figure transnationale de l’islamisme sunnite revendiquant son indépendance vis-à-vis de toute structure partisane (Youssef Qaradawi).
12Comment dès lors expliquer ce paradoxe et élucider une configuration médiatique et politique inédite? Dans son analyse des récentes évolutions du champ médiatique arabe, Naomi Sakr (2007) propose une perspective stimulante. Elle souligne la pertinence de l’approche de D. Hallin, développée dans son travail sur les médias aux États-Unis face à la guerre du Vietnam. L’auteur montre comment les dissensions politiques au sein des élites américaines et l’incertitude qui planait sur l’issue de l’intervention armée au Vietnam, ont permis une couverture médiatique du conflit débordant la « sphere of legitimate controversy ».
13Ce contexte présente certains éléments d’analogie avec celui qui a présidé au foisonnement médiatique arabe 15. Loin d’être une action de démocratisation par en-haut, la nouvelle offre médiatique exprime, en effet, les tensions et les rivalités au sein des élites arabes au pouvoir. Soumises à la double pression des nouvelles normes internationales néolibérales et d’une forte contestation islamiste, celles-ci se sont engagées dans des stratégies hégémoniques régionales et locales, compétitives, en se saisissant des médias numériques comme nouvelle ressource de légitimation et de projection transnationale de leur sphère de pouvoir. Ce faisant, elles ont permis l’autonomisation relative du récit journalistique et contribué à la fragmentation des espaces de compétition politique (Camau et Massardier 2009) et de l’autorité religieuse (Eickelman et Piscatori, 1996). La « sphere of legitimate controversy » s’y est trouvée altérée sur deux thèmes: la critique des politiques impériales et la contestation islamiste. Désormais, les élites arabes au pouvoir, y compris lorsqu’elles sont fortement alliées aux États-Unis et/ou font face à une mobilisation islamiste puissante, vont tolérer certaines formes de visibilité de ces thèmes, à travers les médias qu’elles contrôlent.
14C’est dans ce cadre que s’inscrit l’activisme médiatique transnational du Qatar - petite monarchie du Golfe caractérisée par une faible démographie et par l’importance de la main d’œuvre étrangère, qui l’affranchit de la contrainte sociale intérieure (Lamloum, 2004). Arrivée au pouvoir en 1995, la nouvelle élite qatarie s’est progressivement dotée d’un puissant dispositif médiatique ciblant de multiples publics et conçu comme un instrument de conquête de nouveaux attributs de légitimation et d’un statut d’acteur régional. Le portail IOL a constitué le versant islamiste de ce dispositif.
15Par certains aspects, il n’est pas sans rappeler la chaîne d’information continue arabophone al-Jazira. À l’instar de sa consoeur télévisuelle, il a été mis en place dans la deuxième moitié des années 1990 grâce au soutien politique et financier de la monarchie du Qatar 16 pour lui servir de soft power transnational 17. Mais là s’arrête la comparaison. Car, tandis que al-Jazira s’est positionnée comme un média panarabe contestant l’ordre autoritaire et les politiques impériales dans la région, IOL s’est profilé pour sa part comme « le premier site web interactif offrant une vision profonde de l’islam (…) international dans sa thèse, global dans son contenu, centriste dans son approche » 18. Le maître mot est donc al-Wasatiyya (centrisme) qui exprime la volonté de se tenir à distance égale des « fondamentalistes » et des « libéraux » tant au niveau doctrinal que sur le plan politique 19. En 1999, le dépassement de la « sphere of legitimate controversy » ne semblait pas, dans le cas d’IOL, se situer dans la contestation de l’ordre autoritaire. Il prenait forme, en revanche, dans la mise en place pour la première fois d’un espace accessible, déterritorialisé et institutionnalisé du fait islamiste rendant compte de sa polysémie et de ses controverses.
16En soutenant IOL, notamment sur le plan financier, le Qatar semblait surtout chercher à tirer profit des nouvelles formes de mobilité et de communication pour prendre part au processus de « réislamisation » dans le monde arabe et au-delà. Tout en maniant un « savant jeu d’équilibre » (Makinsky, 2009), l’Émirat espérait ainsi contrôler certains des acteurs de cette réislamisation, capter leur légitimité et mettre en place une nouvelle autorité religieuse globale et modérée à l’adresse de toute la Oumma. Une ambition qui serait sans doute demeurée à l’état du vœu pieux si Youssef Qaradawi n’y avait pas été associé. Sans le concours de celui-ci, le portail n’aurait pu promouvoir avec autant de visibilité « un islam global dans sa thèse et centriste dans son approche ». Considéré, en effet, comme l’un des deux « oulémas les plus influents du 20e siècle dans le monde arabe » (Skovgaard-Petersen, Gräf, 2009), Youssef Qaradawi aspire à occuper la position de Global mufti (Idem) et défend une approche doctrinale et politique centriste. Figure majeure de l’école frériste égyptienne de la jurisprudence islamique simplifiée (fiqh al-taysîr) (Tammam, 2009), il est de surcroît l’un des premiers clercs reconnus à avoir critiqué les thèses d’excommunication prônées par Sayyid Qotb 20. Formé à al-Azhar, ancien cadre de la confrérie chargé de la prédication, exilé au Qatar depuis le milieu des années 1960 21, il a réussi depuis lors à construire une relation particulière avec l’organisation des Frères musulmans. Fidèle à sa ligne politique générale, il est parvenu à se détacher des logiques d’appareil, tout en préservant sa légitimité en matière de jurisprudence. À la fois juriste, docteur en loi musulmane, prédicateur, consultant pour des banques islamiques, activiste politique et organisateur, Y. Qaradawi participe de cette nouvelle forme d’interaction entre savoir, religion et pouvoir décrite par M. Zeghal (1996) dans le cas d’Oulémas cherchant à prendre part à la contestation politique. Le clerc a ainsi occupé une multitude de scènes d’activités et de positions institutionnelles, publié plus d’une centaine de livres et construit un réseau dense de relations avec les milieux intellectuels et militants islamistes. Le contexte ouvert par les attentats du 11 septembre 2001 favorise son déploiement transnational et lui permet d’être désigné comme Président du Conseil européen de la Fatwa 22 et président de l’Union internationale des oulémas musulmans, deux structures à la constitution desquelles il a largement contribué 23.
17Cette stature transnationale, Youssef Qaradawi la doit en grande partie aux médias. Dès 1970, il se lance dans la prédication télévisuelle sur la chaîne hertzienne qatarie, devenue satellitaire en 1993. Trois ans plus tard, conçu à son intention, le programme « La charia et la vie » diffusé par al-Jazira, a joué un rôle déterminant pour élargir encore plus le champ de sa visibilité panislamique (Galal, 2009). Il demeure à ce jour l’un des programmes les plus populaires de la chaîne 24.
18La contribution la plus décisive de Y. Qaradawi a consisté à fournir les instruments théologiques permettant de fonder la légitimité d’IOL et de définir son identité. En parrainant le portail, le cheikh l’a marqué du sceau de la « wasatiyya » et lui a ainsi fait bénéficier de la reconnaissance et de la sympathie de ses réseaux et de ses fidèles. En contrepartie, IOL lui a offert une nouvelle tribune bilingue et a participé à l’affirmation de son autorité au sein des populations musulmanes en Europe et aux États-Unis.
19Instituée à travers la société al-Balâgh, la double tutelle de l’État qatari et du cheikh égyptien sur IOL a fixé les limites du portail. Celui-ci s’est établi comme un média islamiste favorable aux jurisprudences simplificatrices, susceptible d’interpeller différentes écoles de pensée et les sensibilités islamistes, y compris le courant salafiste. Seuls les jihadistes demeurent en dehors de sa sphère de projection. En « terre d’islam », il s’est positionné dans une optique de coexistence pacifique avec l’ordre autoritaire en développant des stratégies de contournement de l’État et de ses appareils répressifs. Réfutant l’usage de la violence politique en dehors des « champs de bataille » 25, il a prôné l’intégration des populations musulmanes minoritaires au sein de leur environnement sociétal, notamment en Europe et aux États-Unis. Son objectif affirmé est l’unification et l’éducation de la Oumma sur la base d’un islam centriste.
20En définitif, c’est la concordance des intérêts de l’émir et ceux du clerc qui ont permis la mise sur pied d’IOL et assuré sa pérennité ces dix dernières années.
Les « nouveaux islamistes », cheville ouvrière du portail
21Il serait néanmoins réducteur de limiter IOL à cette double tutelle. Celle-ci lui a conféré une autorité morale mais sa gestion quotidienne a incombé à l’entreprise Media International, une SARL basée au Caire. En effet, bien que le projet en ait été conçu au Qatar, où a débuté sa mise en œuvre, sa rédaction centrale n’a pas tardé à élire domicile dans la capitale égyptienne, dans le quartier de Dokki, avant d’être transférée à Madînat 6 Octobre.
22Pourquoi l’Égypte? C’est là qu’intervient le troisième opérateur d’IOL. À côté du bailleur qatari et du cheikh centriste, le projet était porté par un petit groupe de jeunes intellectuels égyptiens non cléricaux qui a assumé le rôle de la direction politique du portail. Cette équipe a donné sa cohérence au média, supervisé sa gestion, encouragé son développement et veillé sur les équilibres de forces entre ses collaborateurs. Ses trois figures centrales sont Tawfîq Ghânim, Hiba ‘Izzat et Hishâm Jaafar. Président de Media International, directeur général du portail, le premier est né à Kafar al-sheikh, un bastion des Frères musulmans; il a étudié le journalisme à l’université du Caire où il s’est impliqué dans la branche estudiantine de la confrérie. À la fin des années 1970, il quitte l’Égypte et, à l’issue d’un court séjour au Yémen, s’installe au Pakistan où il s’engage dans des activités éditoriales de soutien à la résistance afghane contre l’armée soviétique. Directeur du Centre des études politiques, il publie alors une revue islamiste qui prend relativement ses distances avec la confrérie. Hiba ‘Izzat, quant à elle, est née en 1965. Principale conseillère du portail, elle est docteur en sciences politiques et a soutenu une thèse sur « la femme et le politique: une vision islamique ». Enseignante à l’Université du Caire, elle a également été professeur invitée aux universités d’Oxford 26 et Westminster. En 2008, elle a critiqué publiquement les Frères musulmans en appelant à un renouveau de l’organisation qui impliquerait la démission de son guide général et la valorisation du rôle des femmes et des jeunes en son sein. Le troisième pilier de l’équipe rédactionnelle est Hishâm Ja’far. Rédacteur en chef du site en langue arabe, il est né en 1964. Docteur en sciences politiques, diplômé de l’université du Caire, il a fait partie de plusieurs collectifs rédactionnels régionaux, publié de nombreux articles sur les mouvements islamistes. Il est considéré comme l’un des « maîtres d’œuvre du programme politique du parti al-Wasat » (Haenni et Tammam, 2008, p. 181), une scission des Frères musulmans.
23Appartenant à cette génération de jeunes militants entrés en politique par le biais des structures estudiantines des Frères musulmans auxquelles ils ont un temps adhéré, Tawfîq Ghânim, Hiba ‘Izzat et Hishâm Ja’far ont connu des parcours post-universitaires similaires en termes de mobilité géographique, de désengagement puis de reconversion politique. Dès la fin des années 1980, tout trois ont formulé des réserves par rapport aux stratégies organisationnelles de la confrérie (Idem) et fini par embrasser les thèses du « nouvel islamisme » 27 (al-islâm al-jadîd). Leur manifeste de référence qui a façonné l’identité d’IOL, est un texte publié en 2002 par Abdel Wahâb al-Masîrî, un de ces « intellectuels de l’islam contemporain » (Roussillon, 2005; Zeghal, 2008) qui a marqué leur génération. Diplômé de l’Université de Columbia et docteur en littérature anglaise comparée, celui-ci a exposé la pensée des « nouveaux islamistes » dans un article intitulé Signes dans le discours islamiste nouveau (ma’âlim fî al-khitâb al-islâmi al-Jadîd) 28, où il réfute la posture victimaire et les discours d’auto-justification, basés sur « l’évocation les exploits révolus ». Contestant « la centralité et l’universalité que l’Occident prétend incarner », il adopte une approche « ouverte critique et interactive » et une démarche totalisante qui appréhende l’islam comme une « vision de l’univers » s’attachant « au quotidien, au direct, au politique, au total et au définitif ».
24Ses objectifs:
« islamiser la connaissance humaine, fonder un lexique civilisationnel complet et indépendant, faire la distinction entre les réalisations de l’Occident et sa vision morale, fonder une vision islamique du développement, adopter une vision globale de la chari’a et l’inscrire dans la réalité contemporaine, instituer un modèle épistémologique islamique de référence, s’intéresser à la Oumma comme alternative à l’État central, développer une approche totale des arts islamiques ».
25L’article de conclure en citant quelques noms de ce courant tels le journaliste égyptien Fahmi Huwaydi, le dirigeant du parti de la Nahda en Tunisie, Rached Gannouchi, l’architecte Abdel Halim Ibrahim, le groupe de l’Institut international de la pensée islamique, l’intellectuel palestinien Mounir Shafiq, Hisham Ja’far, la revue le Musulman aujourd’hui (al-muslîm al-yawm), les politologues Hiba Raouf et Mouna abou al-Fadhl…
26IOL se voulait une traduction des thèses d’Abdel Wahâb al-Masîrî et ambitionnait de constituer le support de visibilité le plus abouti des « nouveaux islamistes ». Contenu et rubriquage figurent la centralité du référent collectif de la Oumma sans frontières, aux dépens de l’��tat en tant qu’espace de souveraineté et d’action politique. Ils incarnent l’abandon du répertoire de mobilisation contestataire. Ils donnent à voir l’importance accordée à l’individu et à la réalisation de soi, à la posture décomplexée par rapport à l’Occident et à la quête d’une nouvelle universalité islamique totalisante s’appliquant dans tous les champs de la vie en société et en phase avec un monde globalisé. Les données quantitatives relatives aux thèmes traités témoignent de la mise à distance de la politique au profit de la « consultation » et du « conseil ». En anglais comme en arabe, la matière principale d’IOL porte sur la jurisprudence islamique, vient ensuite l’information politique et, enfin, les problématiques qui concernent la jeunesse, la famille (en anglais) et la société (en arabe) 29.
27Ce choix éditorial se confirme à l’examen de l’évolution du portail et des divers services qu’il offre. Simple site bilingue à l’origine, IOL est devenu en dix ans un portail touffu, développant également des formes de visibilité extra-virtuelle. Jusqu’au début 2010, existait sous le label Media International plus de 25 projets mutualisés à des degrés différents par une charte graphique, un logo et un web design et mobilisant des ressources humaines et techniques considérables. Ainsi, parallèlement aux deux sites IOL en arabe et en anglais, Media International comprend entre autres 6 portails: biblio.islam qui se veut un service électronique dédié aux chercheurs académiques travaillant sur l’islam, la langue arabe, la traduction, l’histoire, les sciences de l’information et de l’éducation avec une approche islamique; « Reading Islam » en anglais qui est un service de présentation de l’islam et de son prophète aux non-musulmans 30; le portail islâmiyyun sur les mouvements islamistes, et le portail Mâdarik (généraliste). À leur côté, la société gère également une chaîne satellitaire Moi (Anâ) lancée en 2008 et spécialisée dans les consultations sociales; une unité de formation sur la toile offrant aux internautes des sessions de formations sur les NTIC; le portail 20 ans 31 (‘ichrînât) consacré aux jeunes « Arabes » 32, classé 6ème portail en cette qualité par Alexa; une série de publication d’ouvrages tournés vers les questions de société 33; deux îles sur Second Life, l’univers virtuel, où sont organisés des sessions de formation linguistique des défilés de mode et des expositions de peinture; The Palestinian Holocaust Memorial Museum 34, un musée virtuel qui expose « les cas des enfants palestiniens tués par l’armée israélienne » et une radio numérique en anglais. Media International a également développé un bureau de gestion de projets à but lucratif spécialisé dans l’expertise et les études de faisabilité de projet Internet, la gestion de sites, la mise en page et la relecture d’imprimés (livres, magazines …) 35.
28Le site en arabe s’est aussi considérablement complexifié en variant ses rubriques, développant sa dimension interactive ainsi que les formats audio et vidéo. Un rapide survol du plan d’IOL en atteste. En langue arabe et en haut de sa page d’accueil, il proposait, début 2010, onze grandes rubriques et portails: Informations et analyses (politique); Chari’a (religieux); Madârik (religieux et politique); Islamiyûn (contributions sur les mouvements islamistes et les courants soufis); Développement; Sciences et santé; Culture et art; Eve et Adam (traitant des relations entre les deux sexes); Problèmes et solutions (consultations); Médiations diverses et enfin Consultations (psychologiques et religieuses 36). Plus de quinze autres rubriques et liens sont proposés sur la partie droite de la page d’accueil comprenant des services, des dossiers spéciaux ou des produits dérivés.
29La densité du contenu et la diversité des entrées et des services 37 ne sont pas seulement le résultat de l’approche globalisante de l’islam telle qu’elle est portée par la direction de Media International. Car si, de par son choix éditorial, IOL reflète l’hégémonie des « nouveaux islamistes », il laisse néanmoins transparaître la pluralité des horizons politiques et idéologiques de ses animateurs. Le portail ambitionne à son lancement l’ouverture sur la diversité du fait islamiste. Il sollicite dès le départ, mobilise et fédère des consultants, journalistes, techniciens, intellectuels, militants et clercs, entretenant des liens plus ou moins lâches avec des collectifs islamistes organisés, se revendiquant de sensibilités multiples plus ou moins libérales ou réformistes. Frères musulmans, salafistes, nouveaux prédicateurs, nouvelle religiosité et autres variantes du « post-islamisme » (Roy, 1999) égyptiens ou d’ailleurs y interviennent, s’y heurtent, y négocient leur place. La plasticité des narrations, l’ouverture inégale d’une rubrique à une autre sur le chiisme, la discordance du référentiel panarabe (dans le sens qu’il n’est pas toujours convoqué), sont autant de signes qui retracent en creux leurs divergences et leurs tensions. L’arbitrage final revient à la direction de Media International qui veille sur les équilibres fragiles et la cohésion de ces identités multiples.
30Ce modus vivendi a profité de l’absence d’un concurrent manifeste et notamment de la faiblesse du dispositif médiatique des Frères musulmans en Égypte 38. IOL a ainsi servi d’espace de visibilité à la confrérie, tout en accueillant une multitude de courants en rupture de banc avec celle-ci. Il a par là même contribué à la création d’un espace de débat intellectuel et à la multiplication de l’offre religieuse participant des recompositions et des reclassements qui marquent le champ islamiste.
La quête de l’universalité musulmane
31Qu’en est-il de la composition sociale d’IOL? Quelles sont les motivations de ses journalistes et employés ainsi que les stratégies identitaires qui appuient leur engagement? Les données dont nous disposons, recueillies avant la crise, permettent d’apporter quelques éléments de réponse. Elles fournissent une illustration nouvelle des métamorphoses de la nature de l’engagement islamiste qui n’est pas sans rappeler les tendances analysées sous d’autres cieux (Ion, 1997; Fillieule, 2001, 2005).
32Media Inernational emploie 350 personnes dont 150 à temps partiel 39. Les sites arabes et anglais mobilisent 115 journalistes et techniciens 40. Leur âge moyen se situe entre 30 et 35 ans. Égyptiens dans leur majorité écrasante, ils ont été rejoints par des Palestiniens, Algériens et Nigérians. D’emblée, une distinction s’impose entre ceux qui revendiquent une affiliation partisane et les autres. Les premiers, minoritaires 41, à l’instar des Frères musulmans présents en force sur le portail Madârik, obéissent aux logiques de leur organisation tout en s’adaptant aux contingences d’IOL. Leur engagement participe du mode familier de l’intervention militante dans une action collective indépendante. Celle-ci est investie tant comme la médiation potentielle des stratégies de leur organisation politique, que comme lieu de mobilisation du soutien en sa faveur.
33Majoritaire, le deuxième groupe comprend des femmes et des hommes s’affichant comme indépendants des appareils politiques et critiques par rapport aux Frères musulmans. Leurs motivations se donnent à lire à travers l’identité propre d’IOL, sa culture interne et ses interactions particulières avec son environnement local et transnational.
34À un premier niveau, IOL se défend d’être égyptien ou arabe et cultive une identité universelle à l’adresse des musulmans et non musulmans 42. L’Égypte, dont est originaire la majeure partie des employés du portail, ne représente de fait qu’une faible partie du large spectre qu’il couvre. Ce faisant, IOL sollicite un engagement distancié par rapport aux espaces politiques institués égyptien et arabe. Certes les thèmes politiques ne sont pas complètement évacués. Ils sont en particulier abordés dans des rubriques comme « Informations et analyses » ou « Islamistes ». Néanmoins, leur mode de traitement porte moins sur les conflits de pouvoir (alternance et compétition politique) que sur des questions d’ordre idéologique ou sociétal. La mise à distance de la politique s’effectue ainsi par le biais d’une déterritorialisation du média qui assume sa rupture avec son environnement politique et légal direct.
35À un deuxième niveau, IOL cultive une image de portail moderne, efficient et innovateur. Les compétences requises pour ses employés sont avant tout professionnelles. L’affinité politique et les réseaux militants ne semblent pas prévaloir sur les logiques du mérite dans le recrutement. Les postes ouverts par la direction font, souvent, l’objet d’appels d’offre publics avec entretien préalable. L’interactivité assurée par un large recours à la panoplie de services en ligne offert par le Web 2.0, les structures internes mises en place pour encourager l’innovation et favoriser des modèles de « journalisme citoyen » 43, concourent à renforcer la visibilité transnationale du portail et à le soustraire des logiques partisanes.
36À un autre niveau, la féminisation de l’équipe d’IOL présente un cas singulier dans le paysage médiatique islamiste en particulier sunnite 44. Selon sa direction, 50% du personnel du portail est composé de femmes. L’affirmation est certes difficilement vérifiable. Toutefois, au siège d’IOL au Caire, force est de constater que les femmes sont présentes dans tous les départements. Aucune règle écrite ne codifie leur présence mais la mixité est ostensible. Quant au voile, quasi-dominant, il n’a jamais été formellement obligatoire 45. Au sous-sol du siège, la direction a même mis à leur disposition une garderie pour les enfants ainsi qu’une salle de gymnastique. Certaines occupent des positions importantes dans l’organigramme du portail (telle la direction du forum de débat en anglais et en arabe, la rubrique Musulmans en Europe ou la consultation). Leur visibilité fait écho aux positions des « nouveaux islamistes » en faveur de l’engagement des femmes dans l’espace public.
37Distanciation par rapport au politique, professionnalisation et féminisation renvoient en réalité aux motivations qui animent la majorité des employés d’IOL et dessinent les contours du nouveau mode d’engagement islamiste qu’ils incarnent 46. En rupture avec les logiques de discipline partisane et ses hiérarchies, ce nouveau militantisme cultive l’initiative individuelle. Il séduit des jeunes des deux sexes urbanisés, croyants et pratiquants, bénéficiant d’un capital symbolique manifeste (diplômes universitaires, bilinguisme, familiarité avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, séjour à l’étranger). Ces derniers n’ayant pour la plupart jamais vécu de grands évènements historiques nationaux, le 11 septembre 2001 intervient comme un moment clé dans leur parcours. Ils les poussent à défendre leur identité religieuse pour mieux négocier leur place dans le « monde globalisé ». IOL constitue une réponse à leur quête d’engagement dans une action collective sans risque ni enfermement. Il leur offre un nouveau mode d’action à visée transnationale qui valorise l’individu et ses compétences propres au détriment du groupe et de son idéologie. Il permet une socialisation qui tolère les identités plurielles, autorise le bricolage de nouvelles normes sociales et permet de se projeter dans un « horizon d’attente » temporel. IOL leur procure enfin une légitimité dans la sphère islamiste qui rivalise avec celle des militants fréristes qui bravent la répression.
38Il convient toutefois de préciser que ce nouveau mode de militantisme islamiste recouvre dans les faits une réalité hétérogène. Politique, d’abord, dans la mesure où l’engagement distancié qu’il convoque revêt des significations multiples. Ainsi, il est vécu dans certains cas comme une forme d’adaptation à l’ordre sécuritaire en attendant des opportunités meilleures. Dans d’autres, il est présenté comme un horizon indépassable. Sociale ensuite, car les origines et les positions socio-économiques de ces nouveaux militants ne les disposent pas tous à adhérer aux vertus du marché et des politiques néolibérales. Les mobilisations sociales que connaît l’Égypte depuis 2006, ont d’ailleurs été largement couvertes par IOL souvent même avec bienveillance.
Conclusion
39Saisi à travers le jeu de ses acteurs individuels et collectifs, IOL apparaît comme le point d’ancrage fragile d’une multitude de stratégies. Il a été tout à la fois un lieu de renouvellement de l’élite islamiste, un espace de démocratisation du religieux et d’affirmation de nouvelles autorités religieuses ainsi qu’un outil de contrôle de toutes ces dynamiques par le Qatar.
40Tout au long de ses treize années de vie, la distance qu’il avait su prendre par rapport à la politique et sa volonté de s’adresser à la Oumma virtuelle, avaient réussi à mettre IOL à l’abri des crises et de la répression 47. Dans le même temps, cependant, sa dépendance financière vis-à-vis d’une institution officielle, qui ne reflétait pas la diversité de ses composantes, constituait une menace latente pour sa pérennité. Une question s’impose néanmoins: pourquoi l’année 2010, en particulier, lui a-t-elle été fatale? De toute évidence, l’arrivée d’une nouvelle direction à la tête de la société al-Balâgh et l’exclusion fin mars de Youssef Qaradawi de sa direction ont sonné le glas d’IOL. Au moins en partie, la question financière permet d’expliquer, selon nous, sa fin précipitée. La crise économique actuelle, qui a pesé de tout son poids sur le paysage médiatique arabe, n’aura pas en effet épargné IOL. Elle semble avoir rendu urgent, aux yeux de sa nouvelle direction, la réduction de son budget et la compression de ses dépenses par le regroupement de ses différents départements à Doha, où siège sa direction financière, ainsi que la suppression de certains de ses projets. Homme d’affaire qatari et nouveau mécène du portail, Saad al-Ghânim, le nouvel homme fort d’al-Balâgh, apparaît à ce propos comme le principal avocat de l’option qui a fini par triompher. Pour autant, l’enjeu financier ne peut à lui seul expliquer la disparition d’IOL. Aujourd’hui, al-Balâgh a réussi à exclure le courant des « nouveaux islamistes », International Media n’a plus aucun pouvoir sur IOL, ses trois figures historiques ont été écartées, la chaîne Anâ, les portails The Palestinian Holocaust Mémorial Museum et ‘ichrînât ont été suspendus et IOL en anglais gelé.
41Sans nul doute, ces évolutions donnent raison à l’ancienne rédaction d’IOL qui, dès le mois de février, avait exprimé ses craintes concernant l’avenir du « centrisme d’IOL et son message universaliste ». Mais elles soulèvent surtout une série de questions concernant le rôle du Qatar et le sens de la marginalisation de Youssef Qaradawi dont il serait intéressant de pouvoir démêler les enjeux.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Aclimandos, Tewfik, 2006 : « Frères musulmans : des (bons ?) usages de la confrontation », dans Klaus, Enrique et Hassabo Chaymaa (dir.) : Chroniques égyptiennes, Le Caire, Cedej, p. 109-142.
Al-‘Inâni, Khalîl, 2008 : Al-Ikwân al-muslimûn fi misr. Shaykhûkha tusâri’u al-zaman ? (Les Frères musulmans en Egypte. Une vieillesse qui se bat contre le temps ?), Le Caire, Maktabat al-shûrûq al-dawliyya.
Al-Khatib, Mu’ataz, 2009 : Youssef al-Qaradawî, faqîh al-sahwa al-islâmiyya (Al-Qaradawi. The Jurist of Islamic Awakening), Beyrouth, Center of Civilization of the development of Islmic thought.
Baker, Raymond William, 2003: Islam Without Fear. Egypt and the New Islamists, New York, Havard University Press.
Camau, Michel et Massardier, Gilles (dir.), 2009: Démocraties et autoritarismes. Fragmentation et hybridation des régimes, Paris, Karthala.
Eickelman, Dale et Piscatori, James, 1996: Muslim Politics, Princeton University Press, Princeton.
10.1515/9780691187785 :Fillieule, Olivier (dir.), 2005 : Le désengagement militant, Paris, Belin.
Galal, Ehab, 2009: « Yûsuf al-Qaradawi and the New Islamic TV », dans Skovgaard-Petersen, Jakob and Gräf, Bettina (dir.): Global Mufti. The Phenomenon of Yusuf al-Qaradawi, London, Hurst and Company, p. 149-180
Gräf, Bettina, 2008: « IslamOnline.net: Independent, Interactive, Popular », Arab Media and Society, Issue 4.
Haenni, Patrick, 2005 : L’Islam de marché. L’autre révolution conservatrice, Paris, Seuil.
Harnisch, Chris and Quinn, Mecham, 2009, « Democratic Ideology in Islamist Opposition? The Muslim Brotherdhood’s “Civil State” », Middle Eastern Studies, vol. 45, n° 2, p. 189‑205, March.
Ion, Jacques., 1997 : La fin des militants, Paris, Edition de l’Atelier.
10.3917/ateli.ionja.1997.01 :Lamloum, Olfa, 2004 : Al-Jazira, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, Paris, La Découverte.
Lamloum, Olfa, 2009: « Al-Jazeera: a Pan-Arab Revival? », dans Heinemann, Arnim, Lamloum, Olfa, Weber Anne Françoise (dir.) : The Middle East in the Media. Conflicts, Censorship and Public Opinion, Beyrouth, Saqi Book, p. 98-115.
Lotfi, Waël, 2009, Dhâhirat al-du’ât al-judud (Le phénomène des nouveaux prédicateurs), Le Caire, Dâr al-‘ayn lil nachr.
Makinsky, Michel, 2009 : « Le Qatar à Gaza : révélateur d’enjeux conflictuels, savant jeu d’équilibre », Outre-Terre, 2 (n° 22), p. 167-173.
10.3917/oute.022.0167 :Olivier, Roy, « Les nouveaux intellectuels islamistes : essai d’approche philosophique » dans Kepel, Gilles et Richard, Yann (dir.) : Intellectuels et militants de l’islam contemporain, Paris, Seuil.
Rabi, Uzi, 2009 : « Conflits entre sunnites et chiites : le Moyen-Orient à la veille d’une guerre entre Arabes et Iraniens ? », Outre-Terre, 1, n° 22, p. 189-199
10.3917/oute.022.0189 :Zeghal, Malika, 2008 : Intellectuels de l’Islam contemporain. Nouvelles générations, nouveaux débats, REMMM n° 123.
Roussillon, Alain, 2005 : La pensée islamique contemporaine. Acteurs et enjeux, Paris, Téraèdre.
Roy, Olivier , 2002 : L’islam mondialisé, Paris, Le Seuil.
10.14375/NP.9782020538343 :Sakr, Naomi (dir.), 2007: Arab Media and Political Renewal. Community, Legitimacy and Public Life, London, I.B. Tauris.
10.5040/9780755609833 :Skovgaard-Petersen, Jakob and Gräf, Bettina (dir.), 2009: Global Mufti. The Phenomenon of Yusuf al-Qaradawi, London, Hurst and Company.
Tammam, Husam, 2006: Tahawulât al-ikhwân, tafakuk al-idyullujya wa nihâyat al-tandhîm (Les mutations des Frères musulmans. Désintégration idéologique et fin de l’organisation), Le Caire, Librairie Madbûli.
Tammam, Husam, 2009: « Yûsuf al-Qaradawi and the Muslim Brothers. The Nature of a Special Relationship », dans Skovgaard-Petersen, Jakob and Gräf, Bettina (dir.): Global Mufti. The Phenomenon of Yusuf al-Qaradawi, London, Hurst and Company, p. 55-83
Tammam, Hussam et Haenni, Patrick, 2004 : « Au diable les loosers ! Le succès et l’achievement, nouvelles valeurs islamiques en Égypte », Mouvements 5, n° 36, p. 42-53.
10.3917/mouv.036.0042 :Zeghal, Malika, 1996 : Gardiens de l’Islam. Les oulémas d’Al Azhar dans l’Égypte contemporaine, Paris, Presses de Sciences Po.
Zeghal, Malika, 2008 : « Réformistes, Islamistes et libéraux religieux », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 123, p. 17-34.
Notes de bas de page
1 Sur cette grève voir notamment: “Watch the first live strike in Egypt”. http://www.ustream.tv/channel/iol-on-air. et également http://guardian.co.uk/world/2010/mar/16/egypt-islam-online-crisis-workers-protest. Depuis le Caire, les employés avaient par ailleurs lancé le blog La voix d’Islamonline : Pour qu’Islamonline demeure professionnel et centriste et pour les droits de ses employés. http://iolvoice.blogspot.com/, consulté le 16 mars 2010.
2 Communiqué d’al-Balâgh, al-‘Arab, mars 2010.
3 Entretien avec un ancien de la rédaction d’IOL, Beyrouth, juillet 2010.
4 http://www.alexa.com/data/details/main/islamonline.net.
5 http://www.islamway.com ce site chapeauté par l’Assemblée islamique nord-américaine (Islamic Assembly of North America http://www.iananet.org/radio.htm) ne propose que des dossiers audio.
6 Entendu ici dans son acceptation générique : « l’islam comme une idéologie politique qui engloberait l’ensemble de la vie sociale » Roy 1995.
7 Voir : http://www.islamonline.net/servlet/Satellite?c=ArticleA_C&pagename=Zone-Arabic-News/NWALayout&cid=1221720131110.
8 Entretien avec un responsable d’IOL se définissant comme proche du clerc. Le Caire, juillet 2009.
9 Le portail est archivé, en partie, depuis le 16 novembre 1999 via la Wayback machine, un service mis à la disposition des chercheurs en sciences sociales par une fondation publique états-unienne. http://web.archive.org/web/*/http://www.islamonline.net.
10 L’identification virtuelle de l’URL du portail fournie par l’interrogation du logiciel Netcraft informe sur la société propriétaire. http://toolbar.netcraft.com/site_report?url=http://www.islamonline.net
11 http://www.qaradawi.net/site/topics/article.asp?cu_no=2&item_no=6998&version=1&template_id=116&parent_id=114.
12 Les objectifs sont précisés dans la rubrique « Qui sommes-nous ? » (Man nahnu ?), accessible sur la page d’accueil du site : « 2- œuvrer en faveur de l’émancipation et du développement de la Oumma islamique et de l’humanité entière, 3- soutenir les principes de la liberté, de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme, 4- consolider les valeurs et la morale au niveau de l’individu, de la famille et de la société ; 6-renforcer les liens entre les individus de la Oumma islamique ». IOL se veut par ailleurs « international dans sa thèse, global dans son contenu, centriste dans son approche, objectif et moral dans son traitement et attractif dans sa présentation ».
13 Extrait de la brochure éditée par IOL : « Six Years of Experience. IslamOnline.net. Islamic Media at its Best. 1999-2006”.
14 Entretien avec la responsable du Forum, le Caire, Juillet 2009.
15 Publié début 2010, le dernier rapport de l’Union des radios des États arabes évalue le nombre des chaînes satellitaires dans la région à 696.
16 Le financement provient également de donateurs privés qataris et de certains pays du Golfe.
17 La première équipe rédactionnelle a d’ailleurs était hébergée momentanément au siège d’Al-Jazira à Doha.
18 Voir le site du portail, consulté tout le mois de février 2010.
19 En raison du caractère polysémique de la « wasatiyya », nous avons préféré opter pour cette définition sommaire qui nous a été suggérée par un ancien responsable du site au Caire (entretien, juillet 2009). Dans sa rubrique Madâriq, IOL avait d’ailleurs engagé un débat sur cette notion et donné la parole à plusieurs intellectuels islamistes se revendiquant du centrisme, comme Muna Abu al-Fadhil et Jamâl Badawi. Voir www.mdarik.com.
20 Idéologue des Frères musulmans, emprisonné par Nasser en 1954 et exécuté en 1966. Sur Qotb et ses thèses, se rapporter à Kepel 1985.
21 « En 1965 (mihnat al-ikhwân), les autorités égyptiennes demandent au Qatar de leur rendre al-Qaradawi à l’issue de la fin de son contrat. Le Qatar refuse et informe l’Égypte que le contrat de ce dernier a été prolongé. Quand l’ambassade d’Égypte refuse de renouveler son passeport, Qaradawi a pu voyager grâce à un document qatari. En 1969, il obtient un passeport qatarie », al-Khatîb 2009, p. 41.
22 Créé à Londres en 1997.
23 Sur les multiples activités de Y. Qaradawi, voir Tammam 2008.
24 Entretien avec correspondant à Beyrouth, avril 2008.
25 Irak et Palestine.
26 Il s’agit ici du prestigieux Oxford Center for Islamic Studies, fondé en 1985 comme une institution associée à l’Université d’Oxford pour promouvoir l’étude de l’islam et du monde musulman.
27 Sur ce courant voir le livre de référence de Raymond Baker, 2003.
28 Le titre fait référence et se démarque dans le même temps de « Ma’âlim fî al-Tarîq » de Sayyid Qotb.
29 Entre 2000 et 2005, IOL affirme avoir produit 42 475 sujets dans la rubrique « Living Shari’ah » en anglais et 193 321 pour chari’a et da’wa en arabe ; 27 194 articles pour la rubrique News en anglais et 43 779 pour la rubrique information en arabe, 12 346 pour la rubrique Youth and Family en anglais et enfin 17 145 pour la rubrique Société en arabe. Voir la brochure éditée par IOL à l’occasion de son dixième anniversaire.
30 Ce portail a été lancé en 2006. Il est présenté par le vice-président de la société al-Balâgh comme le plus grand espace virtuel en anglais en la matière et comprend une quinzaine de rubriques.
32 Ce portail a consacré ses dossiers à des sujets comme : « La coupe du monde de 2006 » ou encore « l’élection présidentielle égyptienne de 2005 ».
33 L’examen de la liste des livres publiés montre la diversité des sujets traités mais révèle surtout le peu d’importance donnée aux questions politiques. On trouvera ainsi sur les questions sociétales des titres comme : « Internet et l’amour » ou « le choix du partenaire » ; sur les questions économiques : L’ABC de la bourse ; et, sur les questions politiques, un seul titre portant sur la guerre de 2006.
34 http://www.palestinianholocaust.net/.
35 Ce bureau a notamment mis en place les sites du Haut conseil qatari des questions de la famille et de l’enfant, de Youssef Qaradawi, de l’Union internationale des Oulamas musulmans, de Insanonline (un site regroupant plus de 50 associations caritatives et de secours arabes et musulmanes).
36 Cette dernière englobe huit sous-rubriques : jeunesses ; doctrine, prière, santé, aumône, hajj et ‘umra, Ensemble nous élevons nos enfants, Questions aux clercs.
37 En septembre 2007, le vice-président de la société al-balâgh affirmait que IOL est composé de plus de 400 000 articles englobant toutes les rubriques et les formats. Le site comprend plus de 240 millions de pages en arabe et 150 millions en anglais.
38 Plusieurs tribunes fréristes ont fini par disparaître comme Famille arabe (al-‘usra al-‘arabiyya, fin 2006), ou Perspectives arabes (‘afâq arabiyya) qui a constitué de 1993 à 2006 la principale vitrine de la confrérie ou encore plus récemment le renouveau (al-nuhûdh). De même, malgré l’investissement fréristes dans la toile, leur site souffre du manque du professionnalisme (Ibrahim, 2009) et les blogs animés par leurs jeunes ont fini par s’essouffler.
39 Entretien avec Ahmed Abdullah Ahmed, HR specialist, IslamOnline.net, le Caire juillet 2009.
40 Sans compter les intervenants extérieurs.
41 Cette affirmation se base sur les entretiens que nous avons menés auprès d’une vingtaine d’employés parmi lesquels des chefs de rubriques et des responsables de portail ou de la télévision Anâ, ainsi qu’avec le responsable du département.
42 Les Unes du site en arabe sont d’ailleurs souvent consacrées aux questions relatives aux minorités musulmanes en Europe et aux États-Unis.
43 Entretien avec Mohamed Yahia, Supervisor of New Media Unit, le Caire juillet 2009.
44 Le cas de la chaîne al-Manâr du Hezbollah présente de ce point de vue la même caractéristique.
45 Contrairement au cas des chaînes salafistes.
46 Que d’autres chercheurs travaillant notamment sur l’Égypte ont pu identifier ou analyser dans d’autres espaces sociaux, Heanni 2003.
47 Le portail est tout de même censuré dans certains pays arabes comme la Tunisie et la Syrie.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Villes, pratiques urbaines et construction nationale en Jordanie
Myriam Ababsa et Rami Farouk Daher
2011
Développer en Syrie
Retour sur une expérience historique
Élisabeth Longuenesse et Cyril Roussel (dir.)
2014
Traduire la citoyenneté, XIXe-XXIe siècle
De la circulation des mots et des idées et des tourments du traducteur
Ghislaine Glasson Deschaumes et Élisabeth Longuenesse (dir.)
2022
Mots de chair et de sang
Écrire le corps en Syrie (2011-2021)
Emma Aubin-Boltanski et Nibras Chehayed (dir.)
2021