Juste une semaine avant la tenue du conseil national de LR consacré à l’Europe, Valérie Pécresse a réuni adhérents et élus de son mouvement «Libres !», une structure «associée» à LR. La présidente de la région Ile-de-France qui se pose en principale opposante de Laurent Wauquiez, qui a publié sa contribution sur l’Europe, cherche à structurer et à implanter son «petit parti» sur l’ensemble du territoire. Figure montante de la droite fancilienne, Othman Nasrou, président du groupe LR à la région et vice-président de «Libres!» revient sur les objectifs poursuivis par ce courant au sein du parti de la droite.
Le renvoi de Virginie Calmels de son poste de numéro 2 de LR va-t-il changer l’attitude de «Libres !» face à la direction du parti ?
Nous nous inquiétons depuis un long moment déjà, au moins depuis six mois, du risque que notre famille politique se rétrécisse. Cette tentation existe face à un nouveau pouvoir, celui d’Emmanuel Macron qui, sur un certain nombre de sujets notamment économiques, tient un discours qui ressemble parfois à celui de la droite. Face à cela nous pouvons donner l’impression de prendre le contre-pied systématiquement et donc d’une certaine manière de se rétrécir. Nous pensons que c’est une erreur. La droite doit rester crédible sur ses idées. Elle doit continuer à tenir le langage qui est le sien sans se caricaturer, sans être dans une opposition systématique et stérile. Le départ de Virginie Calmels ne change pas l’analyse que nous avons au sein de «Libres !». Nous, nous souhaitons que la droite continue à marcher sur ses deux jambes.
Mais est-ce que «Libres !» n’est pas en train de s’installer comme le courant d’opposition à Wauquiez ?
Nous n’avons jamais été dans l’opposition en interne. Depuis le départ, nous avons toujours voulu être dans la proposition et c’est d’ailleurs ce que nous faisons avec l’élaboration d’un certain nombre de cahiers. Le dernier étant d’ailleurs consacré à nos propositions européennes. Et puisque, sur cette question, il va y avoir un débat interne, j’espère qu’un certain nombre de nos idées seront reprises par LR. Dans cette démarche qui est la nôtre, nous nous sommes abstenus de commenter la démission de Virginie Calmels. Pour nous une droite de gouvernement n’est pas une droite de contestation.
Et si jamais vos propositions sur l’Europe n’étaient pas reprises au sein de LR, quelles conséquences en tireriez-vous ?
Je ne doute pas que nos arguments vont porter. Laurent Wauquiez a indiqué que le conseil national qui va se tenir à Menton n’était que le point de départ de la réflexion. Nous, nous avons mis nos idées sur la table. Valérie Pécresse ne manquera pas de les exprimer lors de cette réunion et je n’ai aucune raison de croire qu’elles ne seront pas entendues puisqu’elles sont très fidèles à ce que la droite peut porter sur le sujet européen. Le vrai glissement, ce n’est pas nous qui le faisons mais un certain nombre d’élus qui n’hésitent pas à parler d’union des droites avec le FN. Pour nous cela signifierait la disparition de la droite. Sur l’Europe, l’idée des cercles concentriques défendue par certains au sein de LR nous paraît très mauvaise. De même que celle d’un Parlement de la zone euro qui viendrait ajouter de la complexité à la complexité.
En cas d’échec de LR aux européennes, la cohabitation entre Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse sera-t-elle encore possible ?
Dans notre famille politique, il y a des sensibilités et des divergences parfois. A nous de faire en sorte que cela soit fructueux. Pour cela, il faut qu’il y ait un dialogue. Quand on refuse le débat interne, alors les problèmes commencent.