Mwambutsa IV
Mwambutsa IV | |
Mwambutsa IV, 1962 | |
Titre | |
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Prétendant au trône du Burundi | |
– (10 ans, 9 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Lui-même (roi) |
Successeur | Rosa Paula Iribagiza |
Roi du Burundi[1] | |
– (50 ans, 7 mois et 8 jours) |
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Couronnement | |
Premier ministre | Joseph Cimpaye Prince Louis Rwagasore André Muhirwa Pierre Ngendandumwe Albin Nyamoya Pierre Ngendandumwe Pié Masumbuko Joseph Bamina Prince Léopold Biha |
Prédécesseur | Mutaga IV |
Successeur | Ntare V |
Biographie | |
Dynastie | Ganwa |
Nom de naissance | Bangiricenge |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Muramvya (Afrique orientale allemande) |
Date de décès | (à 66 ans) |
Lieu de décès | Genève (Suisse) |
Père | Mutaga IV |
Mère | Ngezahayo |
Fratrie | Prince Ignace Kamatari |
Conjoints | 1) Thérèse Kanyonga († 1986) 2) Baramparaye (1929-2007) |
Enfants | Prince Louis Rwagasore Princesse Rosa Paula Iribagiza Mwambutsa Princesse Regina Kanyange Mwambutsa Ntare V |
Héritier | Louis Rwagasore (1932-1961) Charles Ndizeye (1961-1966) |
Résidence | Palais royal de Gitega |
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Monarques du Burundi | |
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Mwambutsa IV Bangiricenge ( - ), fils de Mutaga IV Mbikije et de la princesse Ngenzahago, fut l'avant-dernier roi de la dynastie Ganwa qui a régné sur le Burundi pendant plus de trois siècles.
Début du règne
[modifier | modifier le code]Le prince Bangiricenge a trois ans lorsqu'il accède au trône, à la mort de son père[2]. On raconte que le résident allemand, le major von Steinkeller était présent à son intronisation. Le Burundi est alors un protectorat allemand, avant de passer sous celui de la Belgique après la Première Guerre mondiale. Le prince Bangiricenge fut intronisé à Muramvya le , sous le nom de règne de Mwambutsa IV Bangiricenge. Néanmoins, ce n'est qu'en 1931, alors âgé de 19 ans, qu'il est investi des pleins pouvoirs.
Indépendance
[modifier | modifier le code]Tout au long de son règne, Mwambutsa IV va tenter de s’émanciper de la tutelle colonisatrice des Belges, qui occupent le pays depuis 1916. Les Belges lui imposent à l’aube de l’indépendance de créer un parlement et d’organiser des élections multiethniques en 1961[3]. Conscient de l'évolution de la société burundaise et de ses divisions intérieures, Mwambutsa manœuvra habilement en se proclamant au-dessus des partis. Il devint alors le premier chef d'État du Burundi indépendant. Malheureusement, les divisions entre les différentes composantes du Burundi furent telles que le pays sombra dans une période d'instabilité, avec des assassinats politiques, des massacres et des coups d'État successifs.
Famille
[modifier | modifier le code]Mwambutsa IV épousa Thérèse Kanyonga en 1932. La reine Kanyonga est une descendante directe du mwami Mutaga III (roi du Burundi de 1739 à 1767). Elle mettra au monde trois enfants, dont l'aîné porte le prédicat d'altesse royale et les puînés celui d'altesse :
- le prince Louis Rwagasore (1932-1961), prince héritier (1932-1961) puis Premier ministre (1961) ;
- la princesse Rosa Paula Iribagiza Mwambutsa (née en 1934) ;
- la princesse Regina Kanyange Mwambutsa (1936-1987).
En 1944, le roi Mwambutsa divorce de la reine Kanyonga et épouse la reine Baramparaye. L'année suivante, la reine Baramparaye donne naissance à un fils portant le prédicat honorifique d'altesse royale :
- le prince Charles Ndizeye Mwambutsa (1947-1972), prince héritier (1961-1966) puis roi Ntare V (1966)
Le règne et la vie de Mwambutsa furent émaillés d'une série de tragédies familiales.
L'unique frère de Mwambutsa est le prince Ignace Kamatari qui est mort dans un étrange accident de voiture en 1964 à Bujumbura.
Le fils de Mwambutsa IV, le prince Louis Rwagasore, a été assassiné en 1961 à cause de son combat pour l’indépendance du pays, indépendance qui fut proclamée en 1962. En , Mwambutsa est destitué par son deuxième fils, Charles (Ntare V), âgé de 19 ans, lui-même déposé quelques mois plus tard lors du coup d'État qui mena à l'instauration de la république. Ntare V fut lui aussi assassiné par le pouvoir de Michel Micombero et jeté dans une fosse commune, le , quelques heures avant la terrible crise qui ravagea le pays en 1972.
Mwambutsa IV s'exile en Suisse où il vécut, à l'écart de la vie politique agitée de son pays, jusqu'à sa mort en 1977. Il est inhumé à Meyrin, dans la périphérie de Genève.
Exhumation
[modifier | modifier le code]En , le gouvernement burundais a sollicité des autorités suisses le retour de la dépouille du roi[4], dans le cadre des festivités du cinquantenaire de l'indépendance du pays, dans une démarche de réconciliation nationale. Des membres de la famille de Mwambutsa IV, notamment sa nièce, la princesse Esther Kamatari, s'opposent à ce transfert de la dépouille, en invoquant le respect de la mémoire du roi, qui s'est opposé dans son testament à ce que sa dépouille reposât au Burundi[5],[6].
La fille de Mwambutsa IV, la princesse Rosa Paula Iribagiza Mwambutsa, qui est membre du parti du président Pierre Nkurunziza, est, quant à elle, favorable au transfert de la dépouille de son père, en argumentant que « le testament du roi est de loin inférieur à l’intérêt du pays ». Toutefois, elle a été exhérédée, ainsi que sa sœur, la princesse Regina, dans le testament du roi.
Dans une ordonnance rendue le , le tribunal civil du Canton de Genève a indiqué que la volonté du roi primait sur celle de ses proches et qu'en conséquence, sa dépouille ne pouvait, en l'état, être rapatriée au Burundi.
En novembre 2016, la justice suisse confirme la ré-inhumation de Mwambutsa IV dans le cimetière de Meyrin[7]. La cérémonie a lieu le [8] en présence de sa nièce, la princesse Esther Kamatari[9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sultan et mwami du Burundi du 30 novembre 1915 au 1er juillet 1962, date de l'indépendance du Burundi.
- « burundi9 », sur www.royalark.net (consulté le )
- Afrique, terre d'histoire. Au cœur de la recherche avec Jean-Pierre Chrétien. Par Christine Deslaurier, Jean-Pierre Chrétien
- « Le Burundi réclame le roi enterré à Meyrin », tdg.ch/, (lire en ligne, consulté le )
- « Burundi : Les restes du roi Mwambusta IV ne seront pas rapatriés de Suisse mercredi comme prévu », sur www.souslemanguier.com (consulté le )
- « Radio Isanganiro », sur www.isanganiro.org (consulté le )
- « La dépouille de l'ex-roi du Burundi bientôt à Meyrin », tdg.ch/, (lire en ligne, consulté le )
- www.rfj.ch, RFJ, Radio Fréquence Jura, « La dépouille de l'ex-roi de Burundi retrouve la paix à Meyrin (GE) », sur www.rfj.ch (consulté le )
- « Kamatari : « Aucun pouvoir n’a été reconnaissant envers le signataire de l’indépendance» », IWACU, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Mohamed Mahmoud Mohamedou et Davide Rodogno, Temps, espaces et histoires : monuments et héritage raciste et colonial dans l'espace public genevois : état des lieux historique, Genève, Institut de hautes études internationales et du développement, , 179 p. (ISBN 978-2-940600-32-8, lire en ligne), p. 93-94.