Duc de Saint-Cloud
Duc de Saint-Cloud | |
Création | |
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Titre | Duc et pair |
Abrogation | |
Premier titulaire | François Harlay de Champvallon |
Dernier titulaire | Antoine-Éléonor-Léon Leclerc de Juigné |
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Le titre de duc de Saint-Cloud, pair de France, a été créé en [1] par Louis XIV au profit de François Harlay de Champvallon (1625-1695), archevêque de Paris, et de ses successeurs dans ce ministère.
Le titre de duc et pair était porté « ex officio », c'est-à-dire qu'il était attaché à l'épiscopat lui-même[1], tout comme l'étaient ceux des trois pairies ducales ecclésiastiques primitives (l'archevêque-duc de Reims, l'évêque-duc de Laon, et l'évêque-duc de Langres). Ainsi, ces pairies ducales, et celle de l'archevêque de Paris, ne furent pas sujettes à s'éteindre par déshérence, elles ont donc subsisté jusqu'en 1789[1]. Le titre n'est plus revendiqué depuis, la révolution ayant aboli l'usage des titres de noblesse[2].
Le duché
[modifier | modifier le code]Le duché-pairie de Saint-Cloud est érigé à partir des terres et seigneuries de Saint-Cloud (auj. dans le département des Hauts-de-Seine), Maisons, Créteil, Ozoir-la-Ferrière et Armentières-en-Brie.
Liste des ducs
[modifier | modifier le code]Période | Nom | Portrait | Armoiries | Blasonnement |
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1674-1695 | François Harlay de Champvallon (1625-1695) |
Parti de trois traits et coupé d'un : au 1, de La Marck ; au 2, de Brézé ; au 3, de Croÿ ; au 4, de Bourbon ; au 5, de Sarrebruck ; au 6, d'Amboise ; au 7, écartelé de Bavière et du Palatinat ; au 8, de Poitiers-Valentinois. Sur le tout d'argent, de Harlay (de).[3] | ||
1695-1729 | Louis Antoine de Noailles (1651-1729) |
De gueules à une bande d'or.[4] | ||
1729-1746 | Charles Gaspard Guillaume de Vintimille du Luc (1729-1746) |
Écartelé : aux 1 et 4, de gueules, à l'aigle bicéphale éployée d'or (Lascaris) ; aux 2 et 3, de gueules, au chef d'or (Vintimille).[5] | ||
1746-1746 | Jacques Bonne Gigault de Bellefonds (1698-1746) |
D'azur au chevron d'or accompagné de trois losanges d'argent.[6] | ||
1746-1781 | Christophe de Beaumont du Repaire (1703-1781) |
De gueules à la fasce d'argent chargée de trois fleurs de lys d'azur.[7] | ||
1782-1789 | Antoine-Éléonor-Léon Le Clerc de Juigné (1728-1811) |
D'argent, à la croix de gueules, bordée-engrêlée de sable et cantonnée de quatre aigles du même, becquées et armées du second.[6] |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Borel 1844, p. 1.
- décret du 19-23 juin 1790
- Popoff 1996, p. 42.
- Popoff 1996, p. 64.
- Popoff 1996, p. 70.
- Rietstap 1884.
- Popoff 1996, p. 91.
Annexes
[modifier | modifier le code]« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir : salut.
Les empereurs et les rois ne s’étant pas contentés d’enrichir, par de grandes libéralités, les églises des villes qu’ils avoient choisies pour être le siége principal de leurs empires, mais aussi voulant qu’elles eussent tous les titres d’honneur qui pouvaient les élever au-dessus des autres, nous aurions toujours eu les mêmes sentiments pour l'église de notre bonne ville de Paris, choisie par Clovis, premier roi chrétien, pour être la capitale de ce royaume, et comme elle est déjà érigée en archevéché, et que nous ne saurions lui procurer aucune dignité ecclésiastique plus éminente, nous voulons lui donner la première de toutes celles qui dépendent de nous, et nous nous y trouvons d’autant plus engagés, que le désir que nous avons eu de délivrer nos sujets demeurant dans notre ville de Paris, des incommodités que leur apportoient les différentes justices qui y étoient établies et les degrés de juridiction qu’ils étoient tenus d’essuyer, nous ayant obligés d’unir à nos châtelets les justices que l’archevêque de Paris y possédoit, nous ne voulons pas seulement l’indemniser du revenu que nous lui otons par des biens plus considérables, mais encore par des marques d’honneur qui en réparent avantageusement la perte ; et lui faisant ressentir en même temps des effets de notre justice et de notre libéralité, nous avons résolu de lui donner le titre de duché et pairie de France, dont il a déjà les principaux avantages, puisque les archevêques ont toujours conservé leur séance dans notre cour et parlement de Paris, qui est celui des pairs, et que les appellations de la temporalité de l'archevéché y ressortissent immédiatement, aussi bien que celles du bailliage de For-l'Évêque y ont ressorti, jusques à l’uniou que nous en avons faite en nos châtelets ; et nous trouvons encore une satisfaction particulière à lui donner présentement cet honneur, puisque étant possédé par messire François de Harlai, conseiller en nos conseils, nous augmentons par ce moyen la récompense que nous avons concédée à son mérite, lorsque nous l'avons élevé à cette dignité, qu’il remplit si utilement pour l’Église et pour notre service, et de laquelle son nom et ses illustres alliances le rendent aussi digne que toutes les grandes qualités de sa personne qui ont attiré notre estime et notre considération ; et comme il est nécessaire d'attacher le titre de duché et pairie à quelqu’une des terres dépendant de l'archevêché, nous estimons qu’aucune ne le mérite davantage que celle qui, y ayant été donnée par saint Cloud, fils du roi Clodomir, et petit-fils du grand Clovis, en porte encore présentement le nom, et qui est le plus ancien monument de la libéralite des rois nos prédécesseurs envers cette Église.
À ces causes, de l’avis de notre conseil, où étoient plusieurs princes de notre sang, officiers de notre couronne, et autres grands et notables personnages, et de notre propre mouvement, certaine science, pleine puissance et autorité royale, nous avons par ces présentes, signées de notre main, ladite terre et seigneurie de Saint-Cloud créé et érigé, créons et érigeons, en nom, titre et dignité, et prééminences de duché et pairie de France, et à icelui uni et incorporé, unissons et incorporons les terres et seigneuries de Maisons, Créteil, Ozoir-la-Ferrière, dépendants de l'archevêché de Paris, et ses successeurs archevêques de Paris, perpétuellement et à toujours, en titres, dignités, et sous le nom de duché et pairie de France, avec tous les honneurs, autorités, prééminences, franchises, libertés, priviléges et immunités, appartenant à ducs et pairs, comme les autres pairs en jouissent et usent en justice, juridictions, séance en nos cours de parlement, avec les autres pairs ecclésiastiques, suivant l’ordre et le temps de la présente érection, et voix délibérative, et généralement en tous autres actes et lieux quelconques, et sous le ressort immédiat de notre cour de parlement de Paris, en tous cas, fors et excepté les cas royaux, dont la connoissance appartient à nos officiers, ainsi qu’elle faisoit avant la présente érection. Voulons que ses vassaux et tenanciers le reconnaissent et ses successeurs archevêques, et leur fassent les foi et hommage, et autres reconnoissances, en ladite qualité de ducs de Saint-Cloud et pairs de France; et pour l’exercice de la justice, voulons que notre dit cousin et ses successeurs aient un siège de duché et pairie, dans l’enclos de l’archevéché de Paris, au même lieu où le siége ordinaire de la temporalité avoit accoutumé d’être tenu, où il y aura un bailli, un procureur fiscal, quatre procureurs et deux sergents, pour y exercer la justice, et connoître, en première instance, de toutes les causes civiles et criminelles qui pourroient arriver dans l’enclos dudit archevêché, nonobstant l’édit du mois de février dernier, auquel nous avons dérogé et dérogeons, quant à ce, par ces dites présentes, et par appel des causes qui auront été traitées en première instance par-devant les prévôts de Saint-Cloud, Maisons, Créteil, Ozoir-la-Ferrière et Armentières : les appellations duquel bailli seront portées en notre cour de parlement de Paris, où nous voulons aussi que toutes les causes de ladite pairie, et où il s’agira du fond de ses droits, soient portées en première instance, ainsi que celles des autres duchés et pairies.
Si donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenant notre cour de parlement, chambre de nos comptes à Paris, et autres nos officiers et justiciers qu’il appartiendra, que ces présentes ils fassent registrer, lire et publier, et du contenu en icelles, jouir et user notre dit cousin de Harlai, archevêque de Paris, et ses successeurs archevêques de Paris, pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires, nonobstant tous édits, ordonnances et lettres à ce contraires, auxquelles nous avons dérogé et dérogeons par ces dites présentes. Car tel est notre plaisir ; et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces dites présentes. »
— Donné à Versailles, au mois d’avril, l’an de grâce 1674, et de notre règne le trente-unième.
Signé, par le roi,
Phélypeaux.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Liste des évêques puis archevêques de Paris
- Pairie de France (Ancien Régime)
- Liste des duchés de France
- Saint-Cloud (homonymie)
- Armorial des Pairies de France sous l'Ancien Régime
- Personnalités liées à Saint-Cloud
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Arnaud Bunel, « Duché de Saint-Cloud », sur www.heraldique-europeenne.org, 1997-2011 (consulté le ) ;
- « duc de Saint-Cloud », sur roglo.eu (consulté le ) ;
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- André Borel d'Hauterive, Annuaire de la noblesse de France : et des maisons souveraines de l'Europe, Rue bleue, Paris, Bureau de la Revue historique de la noblesse, (lire en ligne) ;
- Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X) ;
- Jean Vatout, Le Palais de Saint-Cloud : souvenirs historiques, son histoire et sa description, Didier, (lire en ligne) ;
- Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887 « et ses Compléments », sur www.euraldic.com (consulté le ) ;