Kuman Thong
Kuman Thong (Thai :กุมาร ทอง / API : kùʔma:n thɔ:ŋ/ litt. l'enfant d’or[1]) est une divinité domestique de la religion populaire thaïlandaise.
On pense qu'il apportera chance et fortune au propriétaire s'il est correctement vénéré. Kuman ou Kumara (Pali) signifie « jeune garçon sanctifié » (femme kumari) ; Thong signifie « doré ».
Description
[modifier | modifier le code]La vénération du Kuman Thong ne fait pas partie des pratiques bouddhistes traditionnelles, mais elle est populaire en Thaïlande[2].
Origines
[modifier | modifier le code]L'authentique Kuman Thong est né d'une pratique de la nécromancie. Ils ont été obtenus à partir de fœtus desséchés d'enfants décédés alors qu'ils étaient encore dans le ventre de leur mère. Les sorciers auraient le pouvoir d'invoquer ces bébés mort-nés, de les adopter comme enfants et de les utiliser pour les aider dans leurs efforts.
Selon d'anciens manuscrits thaïlandais utilisés par les praticiens de la magie noire (thaï : ไสยศาสตร์ Saiyasat), le fœtus à naître a d'abord été retiré chirurgicalement du ventre de sa mère. Ensuite, le corps de l'enfant serait emmené dans un cimetière pour la conduite du rituel de cérémonie approprié pour invoquer un Kuman Thong. Le corps était rôti jusqu'à ce qu'il soit sec tandis que le sorcier scandait des incantations magique. Une fois le rite terminé, le Kuman rôti à sec était peint avec du Ya Lak (une sorte de laque utilisée pour couvrir les amulettes) et le Takrut (des feuilles d'or). Ainsi cette effigie a reçu le nom de Kuman Thong, ce qui signifie « Petit garçon doré ».
Quelques effigies Kuman ont été trempés dans le Nam Man Phrai[3], une sorte d'huile extraite par la combustion d'une bougie près du menton d'un enfant mort ou d'une personne qui est décédée dans des circonstances violentes ou une mort non naturelle. C'est beaucoup moins courant maintenant, car cette pratique est maintenant illégale si l'on utilise de la graisse de bébés humains pour l'huile de consécration. Parfois quelques amulettes obtenues par les méthodes authentiques apparaissant encore sur le marché. Il y a quelques années, un moine célèbre a été expulsé de la Sangha bouddhiste pour avoir fait rôtir un bébé. Il a été reconnu coupable, mais a continué à faire de la magie en tant que profane après sa libération[4].
Hong Phrai
[modifier | modifier le code]Dans le cas d'un enfant féminin, l'effigie ne s'appelle pas Kuman Thong, mais Kuman Nee.
Dans la littérature et au cinéma
[modifier | modifier le code]Le Kuman Thong est mentionné dans la légende thaïlandaise de Khun Chang Khun Phaen (en), où le personnage Khun Phaen en a créé un en retirant le bébé mort-né de l'estomac de sa femme, qu'il avait tuée[5],[6]. Un film raconte cette légende, Kunpan: Legend of the Warlord de Tanit Jitnukul réalisé en 2002.
Événements récents
[modifier | modifier le code]Le , un citoyen britannique d'origine taïwanaise, Chow Hok Kuen, a été arrêté dans une chambre d'hôtel à Bangkok avec six fœtus de sexe masculin qui avaient été torréfiés et recouverts d'or. La police a indiqué que Kuen avait l'intention de vendre les fœtus à Taïwan pour environ 6 300 USD chacun[7],[8],[9],[10].
En 2011, un cas a été signalé au Laos d'un homme assassinant sa femme enceinte, afin d'utiliser le fœtus comme un Louk Lord[11].
Des poupées d'enfants hyper réalistes (mais pas faites avec de vrais enfants), Luk Thep ou Look Thep (« enfant ange »)[12], sont récemment (2015) devenues populaires en Thaïlande[13],[14],[15],[16]. Certaines personnes croient que les poupées peuvent être investi d'un esprit d'enfant après avoir été bénies par un moine bouddhiste. Leurs propriétaires fournissent des soins tels que de la nourriture, de l'eau et des vêtements « dans l'espoir de recevoir la bonne fortune en retour », et certaines entreprises offrent aux propriétaires des poupées la possibilité de leur réserver leurs propres sièges et services[12],[17],[18].
Références
[modifier | modifier le code]- Marie Laureillard et Vincent Durand-Dastès, Fantômes dans l'extrême-orient d'hier et d'aujourd'hui, t. 2, Presse de l'Inalco, , 453 p. (ISBN 978-2-8583-1250-4, lire en ligne), Amour, vengeance, mort : les fantômes dans la littérature et le cinéma contemporains thaïlandais (par Theeraphong Inthano) / Love, revenge, death: ghosts in Thai contemporary literature and cinema / ความรัก ความแค้น ความตาย : ผีในวรรณกรรมและภาพยนตร์ไทยร่วมสมัย note 4 et paragraphes 10 et 11
- (en) Jeerawat Na Thalang, « Do you find this charm offensive ? », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
- « Sak Yant Buddhist Tattoos, Animist Magic, Spirit Possession, (E-Book), 2010, Spencer Littlewood » [archive du ] (consulté le )
- James Farrell, « The Hex, the Monk and the Exorcist », Chiangmai News, no Vol 17, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Alex Williams, « Thailand’s ghastly wards: The magic of dead fetuses », sur Inside Investor, (consulté le )
- « Ces fantômes qui ont besoin d'amour », sur liberation.fr, Libération,
- « Trafic de fœtus en Thaïlande », sur liberation.fr, Libération,
- (en) Kocha Olarn, « In Thailand, roasted fetuses found stashed in luggage », CNN, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Bangkok police arrest man accused of buying fetuses », The New York Post, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Ian MacKinnon, « Remains of six boys for black magic ritual found in suitcase », The Vancouver Sun, (lire en ligne, consulté le )
- « Man killed wife for lucky lotto foetus », sur com.au, AFP, (consulté le ).
- « Superstition in Thailand: Dolls that bring luck—and drugs », The Economist, (lire en ligne, consulté le )
- (en) coconutsbangkok, « All the cool kids are worshiping haunted dolls now », sur Coconuts, (consulté le ).
- (en) « In the House of Haunted Dolls, a creator bares her heart », sur Coconuts, (consulté le ).
- (en) « Buddhist Blessings for Dolls, Thailand’s new luck charms », sur American Buddhist Perspectives, (consulté le ).
- (en) « 'Supernatural' dolls are treated like people on Thai Smile Airways », The Sydney Morning Herald, (lire en ligne, consulté le ).
- Arnaud Dubus, « En Thaïlande, la folie des «anges-poupées» », sur liberation.fr, Libération,
- Stéphane Courant, « Anges-poupées : De la superstition à la mode », Gavroche Thaïlande, no 257, , p. 32 et 33 (lire en ligne [PDF])