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Milady de Winter

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Milady de Winter
D'Artagnan à genoux devant Milady de Winter. Gravure de Jules Huyot d'après un dessin de Maurice Leloir, 1894.
D'Artagnan à genoux devant Milady de Winter.
Gravure de Jules Huyot d'après un dessin de Maurice Leloir, 1894.

Naissance vers 1602
Origine France Angleterre
Décès 1628
Sexe Féminin
Activité aventurière, espionne
Entourage le cardinal de Richelieu, le comte de Rochefort
Ennemie de D'Artagnan, Athos

Créée par Alexandre Dumas
Romans Les Trois Mousquetaires

Milady de Winter est un personnage du roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires. Elle est l'antagoniste, l'ennemie principale des protagonistes, elle met ses ressources, son charme et son absence totale de scrupules au service de son protecteur, le cardinal de Richelieu, dont elle est l'agent officieux chargée des œuvres les moins avouables. Le lecteur apprend au fil de l'histoire et en même temps que le héros d'Artagnan que la belle espionne a un passé criminel et une succession d'identités.

Inspiration

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Dumas se serait inspiré pour ce personnage de Lucy Hay, Comtesse de Carlisle, qui aurait elle aussi été un agent de Richelieu et qui aurait coupé les ferrets de diamants qu'Anne d'Autriche aurait offerts au duc[1].

Milady de Winter, née Anne de Breuil[2], est connue sous le nom de comtesse de La Fère après son mariage avec le comte de La Fère (Athos) et prend le nom de Charlotte Backson lors de son mariage avec Lord de Winter.

Rôle dans l'intrigue

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L'agent de Richelieu

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Milady de Winter, qui apparaît dès le début du roman, exécute diverses missions au service de Richelieu, principalement dans sa vendetta contre la reine Anne d’Autriche. Dans ce rôle, elle est l'ennemie de d'Artagnan et des mousquetaires, lesquels s'évertuent à protéger la reine.

C'est Milady qui subtilise les ferrets de diamants donnés au duc de Buckingham par la reine, forçant le duc à en faire réaliser des copies. À ces buts, Milady entrelace sa propre vie amoureuse. Elle est amoureuse du Comte de Wardes que D'Artagnan a laissé pour mort lorsqu'il a rejoint l'Angleterre dans l'affaire de Ferrets mais D'Artagnan ayant intercepté les lettres qu'elle lui adressait, il profite de l'obscurité pour prendre la place du Comte de Wardes et pour passer une nuit avec elle. Il écrit aussi une lettre de rupture à la place du Comte qui fait enrager Milady qui demande à D'Artagnan de la venger, ce que D'Artagnan accepte pour passer une nouvelle nuit avec elle cette fois sans se cacher. Il avoue après cette nuit partagée la supercherie ce qui pousse Milady à se venger de lui.

Elle tente alors de l'assassiner deux fois, une première fois en louant les services de deux assassins qui échouent et une seconde fois en tentant de l'empoisonner mais les deux tentatives échouent.

Devant la menace grandissante d'une guerre directe avec l'Angleterre, Richelieu se repose de plus en plus sur Milady et lui demande de faire plier Buckingham par tous les moyens, y compris l'assassinat. En échange de ce service inavouable, Milady extorque du cardinal la permission de se venger de d'Artagnan.

Ici, Milady agit directement dans les coulisses de l'histoire : Dumas lui fait séduire et armer le puritain John Felton, assassin de Buckingham, alors même que Felton, réputé incorruptible, avait la charge de la garder emprisonnée. Milady emploie un mélange de séduction personnelle, de manipulation psychologique experte et un talent de conteuse considérable puisqu'elle invente toute une histoire de captivité et de viol dont Buckingham se serait rendu coupable à son égard en basant toute sa manipulation sur le puritanisme fanatique de Felton qu'elle découvre à l'occasion d'une phrase de Felton :

À l’air dont Felton déposa ce livre sur la petite table près de laquelle était Milady, au ton dont il prononça ces deux mots, votre messe, au sourire dédaigneux dont il les accompagna, Milady leva la tête et regarda plus attentivement l’officier. Alors, à cette coiffure sévère, à ce costume d’une simplicité exagérée, à ce front poli comme le marbre, mais dur et impénétrable comme lui, elle reconnut un de ces sombres puritains qu’elle avait rencontrés si souvent tant à la cour du roi Jacques qu’à celle du roi de France, où, malgré le souvenir de la Saint-Barthélemy, ils venaient parfois chercher un refuge[3]

De retour en France Milady atterrit par hasard dans le couvent où s'était réfugiée Constance Bonacieux, la maîtresse de D'Artagnan, kidnappée par le Cardinal. Elle la persuade de s'enfuir avec elle, mais devant l'émotion de cette dernière au bruit de chevaux arrivant à toute vitesse, que Constance croit être des sbires du cardinal mais que Milady sait être les trois mousquetaires et D'Artagnan, Milady l'empoisonne et D'Artagnan ne la retrouve que pour la voir expirer entre ses bras.

Le passé de Milady

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Le comte de La Fère pend son épouse.

Au fil de l'intrigue, le passé fort trouble de Milady est révélé à d'Artagnan et par la même occasion au lecteur par les révélations éthyliques d'Athos d'abord, et la confession du bourreau de Lille ensuite.

Jeune religieuse, Anne de Breuil séduit un prêtre et s'enfuit avec lui, après l'avoir poussé à voler des vases sacrés et à les vendre pour assurer leur subsistance future. Elle est enfermée avec son amant en prison mais parvient à s'enfuir en séduisant le fils du geôlier. Le prêtre est alors condamné à la flétrissure peine exécutée par son frère le bourreau de Lille et à 10 ans de fer. Elle est ensuite rattrapée par le bourreau qui la marque elle aussi.

Le prêtre s'échappe à son tour et la rejoint, mais elle quitte ensuite son amant pour le jeune comte de la Fère, qui l'épouse. Le prêtre désespéré rentre alors à Lille où il prend la place de son frère qui avait été placé en prison à sa place car soupçonné de complicité dans son évasion. Il se suicide le soir même au soupirail.

Le comte découvre fortuitement la marque en question, et de colère et dépit pend son épouse. Brisé, le comte devient le mousquetaire Athos. De son côté, ayant survécu à la pendaison d'une façon qui demeure inexpliquée, Milady arrive en Angleterre, où elle épouse le Comte de Winter. Devenue Charlotte Backson, Lady Clarick ou Milady de Winter, elle empoisonne son époux et accède à l'indépendance. Elle se met au service du cardinal de Richelieu pour séduire et espionner le duc de Buckingham, premier ministre du Royaume-Uni. Elle intrigue contre lui, puis le fait assassiner.

La fin de Milady

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Milady menée au supplice, aquarelle de Maurice Leloir.

Ayant échoué à prendre la maîtresse de d'Artagnan, Constance Bonacieux, comme otage, Milady l'assassine au moyen d'une boisson empoisonnée. Alexandre Dumas fera dire à Milady, dans sa pièce Les Mousquetaires, qu'elle regrette son geste.

Elle parvient à fuir à Armentières après ce dernier forfait, mais Athos la piste et organise un jugement en présence de Porthos, Aramis, d'Artagnan, de son beau-frère Lord de Winter, du bourreau de Lille ainsi que des quatre laquais des mousquetaires. Milady est condamnée à mort. Elle utilise toutes ses ressources de séduction et de persuasion pour tenter de se sauver, mais en vain : le bourreau la décapite et jette son corps dans la Lys.

Postérité

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Dans Vingt ans après, les anciens mousquetaires et d'Artagnan sont confrontés au fils de Milady, un jeune homme nommé Mordaunt qui ne cède à sa mère ni par l'ingéniosité ni par la furie homicide. Sur proposition de son oncle Lord de Winter, Mordaunt a été dépouillé du titre de noblesse de sa mère et de son héritage par le roi Charles Ier d'Angleterre, et se met au service d'Oliver Cromwell pour se venger. Il parvient à tuer d'abord le bourreau qui exécuta sa mère, puis son oncle, et même le roi Charles en se substituant au bourreau de Londres, mais échoue dans sa vengeance contre les Mousquetaires.

Athos, rattrapé par le passé, est particulièrement terrifié par le jeune homme et souhaite éviter une confrontation, mais finit par le tuer au corps-à-corps dans la Manche. Le jeune homme, emporté par la vengeance, n'ayant saisi la main tendue que pour poignarder Athos.

Interprétations

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Télévision

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Affiche pour The King's Musketeer, pièce de théâtre écrite par Henry Hamilton, 1899.

Comédie musicale

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  • Pia Douwes dans la comédie musicale 3 Musketiers de 2003
  • Emji dans la comédie musicale Les Trois Mousquetaires de 2016

Adaptations

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Bande dessinée

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  • Yak Rivais, Milady mon amour, une femme dans la tourmente, éd. Jean Picollec, 1986
  • Arturo Pérez-Reverte, Le Club Dumas ou l'ombre de Richelieu, 1993
  • Christiane Blanc, Milady Comtesse de La Fère, Coetquen Éditions,

Notes et références

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  1. @NatGeoFrance, « Les trois mousquetaires et les ferrets de la reine : ce que révèlent les écrits historiques », sur National Geographic, (consulté le )
  2. « La " naissance " d'une héroïne », sur Le Monde, (consulté le )
  3. « Page:Dumas - Les Trois Mousquetaires - 1849.pdf/441 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )

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Sources primaires

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  • Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après, édition Gilbert Sigaux, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1962 ; Les Trois Mousquetaires, édition Charles Samaran, Paris, Garnier, 1969. La Jeunesse des mousquetaires (1849) suivi de Les Mousquetaires (1845), Paris, La Table Ronde, Paris, 1994
  • Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, édition Antoine Adam, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1960-1961, 2 vol.
  • Gatien de Courtilz de Sandras, Mémoires de Monsieur d’Artagnan. [1]
  • François, duc de La Rochefoucauld, Mémoires, dans Œuvres complètes, édition Louis Martin-Chauffier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964.

Bibliographie

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  • Claude Benoît et Dolorès Jimenez, « La femme criminelle chez Dumas : réflexions à partir des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas », dans Ellen Constans et Jean-Claude Vareille (dir.), Crime et châtiment dans le roman populaire de langue française du XIXe siècle : actes du colloque international de mai 1992 à Limoges, Limoges, Presses universitaires de Limoges (PULIM), coll. « Littératures en marge », , III-426 p. (ISBN 2-910016-25-0), p. 243-257.
  • Laurent Bihl, « Milady, le mal féminin selon Dumas », dans Myriam Tsikounas (dir.), Éternelles coupables : les femmes criminelles de l'Antiquité à nos jours, Paris, Autrement, , 205 p. (ISBN 978-2-7467-1118-1), p. 50-53.
  • Sophie Bonadè, « Les Trois Mousquetaires : enjeux d'une réappropriation dans Milady de Winter d'Agnès Maupré. Suivi d'un Entretien avec Agnès Maupré », Alternative Francophone, vol. 1, no 9,‎ , p. 120-140 (DOI 10.29173/af27276, lire en ligne).
  • Stéphane Caporal-Gréco, « De l'infamie dans les romans d'Alexandre Dumas : variations sur le thème de l'indignité », Cahiers Jean Moulin, no 4 « La dignité »,‎ (lire en ligne).
  • Simone Domange, Couple et paternité chez Dumas : Les Trois Mousquetaires, Vingt Ans après, Le Vicomte de Bragelonne, Viroflay, Roger, , 158 p. (ISBN 2-9500297-2-8).
  • Colette Juilliard Beaudan, « La fascination du bourreau chez Alexandre Dumas », Nineteenth-Century French Studies, vol. 25, nos 3-4,‎ printemps-été 1997, p. 293-301 (JSTOR 23537499).
  • José Moure et Claude Schopp, « Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, du roman à l'écran : apparitions de Milady », L'ull crític, Edicions de la Universitat de Lleida, nos 19-20 « L'art de l'adaptation : féminité et roman populaire »,‎ , p. 57-72 (ISSN 2340-7751, DOI 10.21001/luc.19.20.04, lire en ligne).
  • Olivier Renaudeau, « Intrigues à la cour de France », dans Olivier Renaudeau (dir.), Mousquetaires !, Paris, Gallimard / Musée de l'Armée, , 271 p. (ISBN 978-2-07-014470-9), p. 89-99.

Liens externes

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