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Calmos

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Calmos

Réalisation Bertrand Blier
Scénario Bertrand Blier
Philippe Dumarçay
Musique Georges Delerue
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films Christian Fechner
Renn Productions
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie érotique
Durée 107 minutes (h 47)
Sortie 1976

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Calmos est un film français coécrit et réalisé par Bertrand Blier, sorti en 1976.

Quatrième long-métrage du réalisateur des Valseuses, Calmos est une comédie mettant en scène deux anti-héros interprétés par Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort souhaitant couler une vie paisible loin des femmes mais dont l'attitude les entraîne à devenir, tout au contraire, le point de mire et la cible de la gent féminine.

Premier échec du réalisateur-auteur Bertrand Blier, cette comédie ne recueille pas le succès obtenu par son troisième film, Les Valseuses.

Le gynécologue Paul Dufour (Jean-Pierre Marielle) et son ami Albert dont le patronyme n'est pas révélé (Jean Rochefort) se rendent compte combien ils se sentent harcelés et exténués par les femmes. Le duo abandonne tout pour partir vivre dans un village perdu, pour retrouver la forme, pour couler une vie à la fois simple partageant ivresse, pensées philosophiques éthérées, rigolades et franche camaraderie.

Au cours de leur séjour, il découvrent un débonnaire et jovial curé (Bernard Blier). Le prêtre les amène à mieux apprécier les plaisirs simples de la vie et, plus particulièrement ceux de la bonne chère. Dans leur petite communauté masculine, ils s'enfoncent avec bonheur dans la paresse et une hygiène de vie rustique. Bientôt, leurs épouses parviennent à les retrouver. Elles sont bien décidées à les ramener à renouer avec les mœurs matrimoniales...

Lorsque ces deux épouses débarquent pour les rappeler à leur devoir conjugal, le curé les reçoit et joue le rôle de diplomate. Il parvient à leur faire accepter un compromis, sous la forme d'un week-end pour retrouver leur foyer. Nos deux héros trainent des pieds et se rendent à contrecœur; néanmoins le sursis est de courte durée car ne supportant pas la situation, ils s'enfuient pour regagner la campagne.

Dès lors, leur exemple médiatisé inspire d'autres milliers d'époux et des centaines de jeunes gens déboussolés abandonnent leur cité, en fuyant les femmes.

Les deux fondateurs de communauté masculine découvrent que la situation dégénère en une forme de guerre civile. Les femmes ont pris les armes et s'organisent militairement, poussant leurs époux dans leurs derniers retranchements. Ayant échappé à une attaque de blindé, Paul et Albert sont finalement capturés par une milice féminine qui rêve de les violer, malgré leurs protestations ou certaines tentatives de négociation. Au bout de quelques jours, ils sont drogués et se réveillent dans le lit d'un institut, devant lequel des milliers de femmes occupent une longue file d'attente afin de pouvoir faire l'amour avec eux, pendant deux minutes chacune.

À la fin du film, Paul et Albert sont enfin libérés car devenus « improductifs ». Ils apparaissent considérablement vieillis et ils deviennent réfugiés en ermites, au sommet d'une montagne. Croyant apercevoir une femme les rejoindre, ils s'enfuient en utilisant un deltaplane mais surpris par un orage au large d'une étendue maritime, ils échouent sur une plage inconnue. Croyant s'être réfugiés dans une grotte, ils découvrent qu'ils ont rétréci et se trouvent en réalité à l'intérieur d'une vulve...

Fiche technique

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Distribution

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En 1975, Bertrand Blier, auréolé du succès des Valseuses, travaille sur le script de Préparez vos mouchoirs, prévu pour réunir le trio des Valseuses, Gérard Depardieu, Miou-Miou et Patrick Dewaere[3]. Mais l'Année internationale des femmes inspire à Blier et à son co-scénariste Philippe Dumarçay une sorte de canular pour célébrer cette année de la femme[3], en s'attaquant aux excès du féminisme[4] par la réalisation d'une sorte d'Orange mécanique à la française, franchouillard et rabelaisien, en jouant sur la même gamme que Stanley Kubrick, à savoir un visuel pop art et futuriste, combiné à une étude sociologique de mœurs aboutissant à une fable[3].

Au départ, Blier avait écrit les deux personnages principaux en pensant à Jean-Paul Belmondo et Jean Yanne, qui ont décliné l'offre[5]. Le réalisateur a confié les rôles à Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle, alors au sommet de leur popularité. Après Si j'étais un espion, Calmos marque la deuxième collaboration entre le réalisateur et son père, Bernard Blier, qui tient ici le rôle de l'abbé Emile. Pour le rôle court du chanoine, Bertrand Blier envisageait Jean Gabin[6], qu'il connaissait en raison de ses liens amicaux avec son père Bernard et avec lequel le réalisateur avait « un bon contact avec lui », mais l'acteur, à la suite d'une rencontre avec le producteur Christian Fechner, demande le même cachet pour tourner deux jours ou trois mois[6].

Pour Blier, « Calmos doit être pris comme une farce énorme, écrite avec la plus entière mauvaise foi et qui, par le biais de cette mauvaise foi, débouche sur l'humour »[7], ajoutant qu'avec son coauteur il avait « envisagé toutes les hypothèses possibles découlant de la décision de Marielle et de Rochefort » et que s'ils avaient « voulu raconter une petite comédie "à la française", [ils] aur[aient] fait revenir les deux lascars dans les bras de leurs épouses légitimes ou bien [ils] les aur[ait] fait récupérer par leurs petites amies. Alors tout le monde aurait été content »[7], mais ils ont préféré montrer que c'était « intéressant de déclencher une épidémie universelle de rejet sexuel »[7].

La bande originale est signée Georges Delerue. Il est accompagné de Maurice Vander au piano, Slam Stewart à la contrebasse, Daniel Humair à la batterie, José Souc à la guitare. Graziella Madrigal est au chant pour la chanson du générique de fin[8].

Accueil critique et commercial

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Lors de sa sortie en salles, Calmos est largement mal reçu par la critique spécialisée[9], qu'elle soit de gauche ou de droite : les journaux progressistes l'accusent d'être un brûlot réactionnaire, tandis que les journaux conservateurs le jugent pornographique. L'échec a aussi été commercial puisque le public a boudé le film (près de 740 000 entrées en fin d'exploitation[10], dont plus de 716 000 entrées l'année de sa sortie[11]).

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1976 » sur Les Archives du box-office , d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 11 au 17 février 1976 8 91 510 91 510 Les Dents de la mer
2 18 au 24 février 1976 8 101 817 193 327
3 25 février au 2 mars 1976 4 112 440 305 767
4 3 au 9 mars 1976 4 106 602 412 369
5 10 au 16 mars 1976 8 72 698 485 067
6 17 au 23 mars 1976 16 44 604 529 671
7 24 au 30 mars 1976 23 30 883 560 554 L'Alpagueur
8 31 mars au 6 avril 1976 27 24 396 584 950 Vol au-dessus d'un nid de coucou
9 7 au 13 avril 1976 24 23 486 608 436

Les Nouvelles littéraires et L'Express sont les rares à lui donner un avis positif. Pour la critique du premier magazine du 5 février 1976, « cette guerre "picrocholine" des sexes, cette Grande bouffe à l'abbaye de Thélème, c'est Rabelais, ni plus ni moins. Rabelais dont Bertrand Blier a le verbe haut, la langue drue, l'image charnue, la santé joviale et la paillardise (ici à rebours !) jubilatoire. Le tout servi par deux des plus admirables comédiens qui se puissent voir à l'écran : Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, hilarants, délirants, bouleversants. En un mot : hors du commun. A l'image du film », tandis que pour la critique du second paru quatre jours plus tard, « entre le cauchemar et l'humour provocateur, Calmos est un film défouloir. Rires jaunes, fous rires et sourires sont convoqués »[7].

Pour Jean Rochefort, invité de l'émission Le Masque et la plume quelques jours après la sortie du film, le film a été « douloureux »[9] : il défend le scénario de Blier pour lequel il dit s'être « passionné » et affirme que le tournage « s'est passé merveilleusement bien », mais concède que Calmos a des défauts[9]. Il note dans cette même émission « une agressivité énorme par rapport à ce film », parlant d'un spectateur qui affirme que « Blier traite les femmes comme les nazis avaient traité les juifs pendant la guerre : ça m'a été extrêmement douloureux parce que j'ai pensé que là, l'humour perdait complètement ses droits, et c'est extrêmement pénible »[9]. Blier lui-même considère ce film comme une erreur : « Calmos est la grosse connerie de ma vie. Le scénario était bon, mais je n'avais, pour le tourner, ni le fric, ni les acteurs. »[6].

La critique internationale est plus nuancée, et Pauline Kael dans The New Yorker vante l'interprétation de Brigitte Fossey : « Un chat blond avec une petite bouche parfaite, comme de la porcelaine sensuelle[12]... »

Postérité

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Plusieurs décennies après sa sortie, le film jouit d'un succès croissant jusque chez les critiques, pour ses acteurs, ses dialogues et surtout sa liberté de ton et l'originalité radicale de son scénario, qui en font un véritable OVNI cinématographique, « drôle, parfaitement incongru, politiquement très incorrect » et « carrément surréaliste »[13]. Quarante ans après sa sortie, le film a même fait l'objet d'une projection commentée au Forum des images de Paris, vantant « un film à redécouvrir et réévaluer d'urgence »[14].

  • Il s'agit du deuxième rôle au cinéma pour Liliane Rovère.
  • Plusieurs autres comédiens célèbres des années 1980, encore débutants à l'époque, sont visibles parmi les troisièmes rôles ou comme simples figurants : Gérard Jugnot (onzième film, déjà figurant dans Les Valseuses), Sylvie Joly (septième film, idem), Dominique Lavanant (quatrième film), Valérie Mairesse (cinquième film) ou encore Nicole Garcia.
  • À l'inverse, c'est l'avant-dernière apparition au cinéma du vétéran Pierre Bertin, alors âgé de 84 ans.
  • La patiente de la première scène était une authentique actrice pornographique de l'époque (la première star française du genre), Claudine Beccarie.

Lieux de tournage

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Le film a été tourné[15],[16]

Notes et références

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Références

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  1. Bas de l'affiche du film
  2. « CALMOS : Visas et Classification », sur CNC, (consulté le ).
  3. a b et c « Calmos – Bertrand Blier – KinoScript », sur kinoscript.com (consulté le ).
  4. « Calmos (1976) - Critique », sur Le Monde des Avengers (consulté le ).
  5. Premiere, Numéros 278 à 281 (consulté le 1er juillet 2020).
  6. a b et c Pierre Murat, « Bertrand Blier : "pour moi il n'y a plus de cinéma" », sur Télérama,
  7. a b c et d « Calmos : Fiche film », sur Studiocanal.fr (consulté le ).
  8. « Calmos : B.O. », sur bibliotheques-specialisees.paris.fr (consulté le )
  9. a b c et d Institut National de l'Audiovisuel – Ina.fr, « Jean Rochefort à propos du film "Calmos" », sur Ina.fr, (consulté le )
  10. « Calmos (1976) », sur JP Box-Office (consulté le ).
  11. Fabrice BO, « Box-office annuel 1976 », sur Les Archives du Box-office, .
  12. Pauline Kael, reprinted in When the Lights Go Down
  13. François Forestier, « Ne ratez pas : "Calmos" », sur teleobs.nouvelobs.com, .
  14. « Calmos », sur forumdesimages.fr, .
  15. Calmos (1976) sur L2TC.com - Lieux de Tournage Cinématographique
  16.  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent du générique de fin de l'œuvre audiovisuelle présentée ici.

Liens externes

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