Jacques Linsolas
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Prêtre catholique (à partir du ), vicaire général |
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Jacques Linsolas est un prêtre réfractaire français qui s'est opposé à la Constitution civile du clergé à Lyon lors de la Révolution française.
Biographie
Éducation et formation
Linsolas est né à Lyon, rue Tupin, le [1],[2]. Il est tonsuré le jour de sa confirmation et étudie au collège de la Trinité, puis au séminaire Saint-Irénée avec des maîtres sulpiciens[3]. Le , il est ordonné prêtre[1],[2].
Il est membre du chapitre de l'église Saint-Just en 1787, et chanoine d'honneur de l'église Saint-Nizier[4].
Il crée en une « société des demoiselles », c'est une société secrète qui, tout en pratiquant l’éducation et la charité, a des activités prosélytiques[5]. La même année, il s'inscrit au séminaire des Missions étrangères de Paris, dans le but de partir au Tonkin et en Cochinchine, mais il y renonce et rentre à Lyon en [6]. Cette attirance pour la mission se retrouve dans la façon dont il organisera son réseau clandestin plus tard.
Le carême 1791
Le , Linsolas prêche le carême à Saint-Nizier, la première paroisse de Lyon. Il n'a pas prêté le serment exigé par la loi et les jours précédents, il a déjà appelé, lors d'un prêche, les fidèles à prier pour Yves Alexandre de Marbeuf désigné sous le nom « Monseigneur l’archevêque de Lyon[7] », refusant ainsi de reconnaître la Constitution civile du clergé, puisque celle-ci a supprimé le titre d’archevêque. Il refuse également ainsi de reconnaître l'élection d'Adrien Lamourette comme évêque de Rhône-et-Loire le . Des membres de la société des Amis de la Constitution sont présents et clament leur mécontentement. Les femmes de l’assistance — vraisemblablement membres de la société des demoiselles — en viennent aux mains avec les perturbateurs et une bagarre générale à coups de chaises a lieu dans l’église. La garde nationale sépare les combattants et évacue l’édifice[8].
En raison du scandale, il est incarcéré pendant trois mois[9] au cours desquels il écrit son Instruction à l’usage des catholiques de France, destinée au clergé réfractaire[10]. Il quitte Lyon début muni d'un passeport officiel, mais qui ne l'autorise pas à revenir, la sanction étant la déportation à Cayenne (la mort à partir de )[11].
Il rejoint Yves Alexandre de Marbeuf qui lui demande de retourner à Lyon pour organiser l'église clandestine[4].
L'organisation de l'Église réfractaire lyonnaise sous le système des missions
Il revient malgré tout clandestinement en sous le pseudonyme de « Chaumont », en tant que vicaire général[11] de l’archevêque, qui le charge d’organiser un culte clandestin de l’Église réfractaire[3]. Il organise un réseau secret de « missionnaires » dirigés par des « chefs de mission » qui perpétuent la lutte contre la Constitution civile du clergé. Certains laïcs, nommés « chefs de paroisse » prennent de dangereuses responsabilités : lectures et prières, annonces et informations du missionnaire, choix du local des assemblées, mais aussi administration secrète des sacrements et tenue à jour des actes de décès, naissances et ondoiements[12]. Des militants laïcs diffusent des pamphlets hostiles à la Constitution civile du clergé. La société des demoiselles semble jouer un rôle majeur. Selon ses propres dires, Linsolas fournissait aux affiliées « plusieurs exemplaires des brochures orthodoxes opposées aux faux principes de l’Église constitutionnelle. Elles les faisaient lire aux personnes qu’on cherchait à entraîner et à celles qui avaient succombé à la séduction »[13].
Ses principaux relais religieux sont Farge, curé de Saint-Bonnet de Troncy pour le Forez, Billet pour le Roannais et le Beaujolais, de Ruivet pour la Bresse, le Bugey et la Dombes. Il parvient à étendre son réseau sur l'ensemble de son diocèse[4].
Relations avec l'Église concordataire
En , un nouvel archevêque est nommé à la suite du Concordat : Joseph Fesch, oncle de Napoléon Bonaparte. Linsolas s'oppose au concordat et réprouve la nomination de Fresch. Recherché par la police du Premier Consul, il est arrêté quelques jours avant son arrivée pour complot royaliste[4]. Bien qu'acquité, il est maintenu prisonnier puis exilé dans les États pontificaux[3].
Fin de vie
En il revient à Lyon, il écrit ses mémoires qui seront publiées sous le titre L’Église clandestine de Lyon sous la Révolution[3].
Il est fait chanoine de Saint-jean le 20 février 1825[4].
Il meurt le 12 décembre 1828 à Lyon[4].
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Paul Chopelin, « Les militants laïcs de l’Église réfractaire : le cas lyonnais », Annales historiques de la Révolution française, no 355, (lire en ligne, consulté le ).
- Agnès Boucaud-Maître, « Églises et révolution dans le diocèse de Lyon », dans Gilles Bollenot, Religions, églises et droit, Saint-Étienne, Publications de l'université de Saint-Étienne, (lire en ligne).
- Jacques Gadille (sous la direction de), René Fédou, Henri Hours et Bernard de Vrégille, Le Diocèse de Lyon, Paris, Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France » (no 16), (ISBN 2-7010-1066-7, lire en ligne).
- Bruno Benoit et Roland Saussac, Guide historique de la Révolution à Lyon : 1789-1799, Lyon, Éditions de Trévoux, , 190 p. (ISBN 2-85698-043-0, BNF 36633132).
- Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenan, Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Stéphane Bachès, , 1504 p. (ISBN 978-2-915266-65-8 et 2-915266-65-4, BNF 42001687)
Articles connexes
Liens externes
- « Jacques Linsolas 1754-1828 », sur Musée du diocèse de Lyon (consulté le ).
- « Vicaire général de Lyon », sur Guichet du savoir (consulté le ).
Notes et références
- gds2005.
- Benoit et Saussac 1988, p. 144.
- « Jacques Linsolas 1754-1828 », sur Musée du diocèse de Lyon (consulté le ).
- Benoit et Saussac 1988, p. 145.
- ↑ Chopelin 2009, paragraphe 8.
- ↑ Chopelin 2009, paragraphe 6.
- ↑ Boucaud-Maître 1990, p. 50.
- ↑ Chopelin 2009, paragraphe 15.
- ↑ deux mois selon le Guide historique de la Révolution à Lyon, p. 145.
- ↑ Gadille 1983, p. 195.
- Boucaud-Maître 1990, p. 61.
- ↑ Henri Hours, « Les Laïcs dans les Missions de Linsolas 1796 », sur Musée du diocèse de Lyon (consulté le ).
- ↑ Chopelin 2009, paragraphe 14.