Monastère Saint-Nicolas de Vitré
Monastère Saint-Nicolas de Vitré | ||
Le monastère et la chapelle Saint-Nicolas depuis les remparts. | ||
Présentation | ||
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Culte | Catholique | |
Type | Monastère | |
Début de la construction | 1222 (hôtel-Dieu) 1657 (monastère) |
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Fin des travaux | XVIIIe siècle | |
Protection | Inscrit MH (1980, façades, toitures, cloître et escalier à vis)[1] Classé MH (1980, chapelle)[2] |
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Géographie | ||
Pays | France | |
Région | Bretagne | |
région | Ille-et-Vilaine | |
Ville | Vitré | |
Coordonnées | 48° 07′ 34″ nord, 1° 13′ 00″ ouest | |
Géolocalisation sur la carte : France
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Le monastère Saint-Nicolas est un ancien établissement conventuel du XVIIe siècle situé à Vitré. Il s'agit de fait d'un ensemble monumental bien plus ancien, puisqu'il devient le corps principal des hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves pré-existants, qui sont construits dès 1222. Bien que relativement récent, cet édifice représente donc, avec la chapelle du même-nom qui lui est accolé, la dernière trace matérielle d'un des plus vieil hôtel-Dieu français.
Histoire
La fondation de l'hôtel-Dieu médiéval
Les hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves sont fondés en 1222 sous le règne du baron André III de Vitré qui, dans le cadre de la construction des remparts de la ville, y fait déplacer l'hôtel-Dieu créé dès le XIIe siècle et jusque-là situé aux abords du château[1]. Si la forte densité des édifices religieux au XIIIe siècle dans la cité reflète alors sa puissance, sa richesse et l'importance de son poids démographique[note 1], c'est peut-être plus encore l'existence si précoce d'un tel hôpital qui abonde en ce sens, seules quelques grandes villes en France en abritant également[note 2]. L'édifice est construit en périphérie de la ville, sur les bords de la Vilaine, au cœur du faubourg pauvre du Rachapt, près du seul pont sur la Vilaine à l'est de Rennes.
Il ne reste néanmoins que peu d'éléments antérieurs au XVe siècle, période où est bâtie la chapelle Saint-Nicolas, dont la richesse ornementale reflète l'essor économique vitréen[2]. Il convient dès lors de noter que, à proprement parler, cet édifice religieux n'est pas la chapelle du monastère qui lui est postérieur. Néanmoins, les deux éléments étant accolés l'un à l'autre et ayant appartenu à la même institution aujourd'hui disparue des hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves, il est courant de les englober sous le même vocable, utile mais à l'usage erroné donc, de monastère Saint-Nicolas[note 3].
Le monastère hospitalier
Selon Paul Paris-Jallobert, les bourgeois de Vitré se plaignent en 1654 de l'état de délabrement des hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves, dont la gloire semble révolue[3]. Ils demandent, avec le soutien du baron Guy XV de Vitré, à l'évêque de Rennes Henri de La Mothe-Houdancourt que s'y établissent des sœurs hospitalières pour pouvoir au mieux aider les indigents. En effet, Vitré est alors une ville en pleine explosion démographique ; Madame de Sévigné écrit à ce sujet en 1620 que la ville avait dépassé les 10 000 habitants ce qui en ferait la troisième ville de Bretagne, derrière Rennes et Nantes[4]. Les hôpitaux médiévaux ne sont alors plus en mesure de faire face à l'afflux des plus pauvres et tombent petit à petit en décrépitude.
Arrivent à Vitré le 3 août 1655 cinq religieuses bretonnes et normandes de la Miséricorde de l'ordre de Saint Augustin dans le cadre de la réunion des États de Bretagne en ville. Le 10 septembre de la même année elles sont officiellement admises dans les hôpitaux et obtiennent le droit d'user de la chapelle des hospices, leur permettant de ne pas avoir à en construire une elles-mêmes[3]. En 1657 débute la construction du monastère, dans un style architectural humble, en lieu et place de quelques maisons du Rachapt qu'elles avaient acheté, édifiant de fait le monastère en côte douce, là où les hôpitaux étaient jusque-là exclusivement sur les bords de Vilaine. Entre 1675 et 1707, un nouveau temps d'édification donne au monastère sa forme définitive, tandis qu'il devient peu à peu, avec la chapelle, le seul héritier des hôpitaux médiévaux. C'est de cette époque que naît la confusion entre l'hôtel-Dieu et le monastère. Sont ainsi construites de nouvelles ailes, le toit et les clochetons sont érigés et un cloître naît mais ne sera jamais achevé, l'un de ses quatre côtés n'étant jamais construit. Le jardin est aménagé derrière cette cour, aux pieds des Tertres-Noirs ; le nouveau monastère pousse les hôpitaux à se renfermer sur eux-mêmes, leur accès étant désormais strictement réglementé alors qu'ils doivent devenir largement auto-suffisants[3].
Selon Amédée Guillotin de Corson, les religieuses deviennent de grands propriétaires terriens de la baronnie de Vitré, possédant des terres tant en ville, qu'à Étrelles ou Pocé. Ainsi, en 1790 elles déclarent 7 422 livres de rentes[3]. Leur importance est telle pour la communauté qu'elles n'ont pas été chassée à la Révolution, ont traversé les temps de la Terreur et de la Chouannerie, faisant perdurer le monastère et donc les hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves au XIXe siècle. En effet, elle était au cœur du quartier du Rachapt, où régnaient les milieux interlopes, la prostitution et la pauvreté, qui ont toujours très fortement marqué cet ancien faubourg médiéval comme l'atteste l'ancienne tannerie située en face de la chapelle Saint-Nicolas, bâtiment qui témoigne souvent de quartiers pauvres et difficiles[5].
Le réaménagement contemporain du site
En 1986, l'hôpital de Vitré est définitivement transféré en périphérie de la ville vers un centre hospitalier dont la construction a suivi le conseil de Simone Veil, qui, en visite en Bretagne en 1979 alors qu'elle était ministre de la Santé et proche de Pierre Méhaignerie, maire de la commune et ministre de l'Agriculture, avait été marquée par le délabrement des murs du monastère[6],[7]. Celui-ci est depuis démis de sa vocation première et abrite, dans la chapelle, un musée d'orfèvrerie religieuse moderne et contemporaine, qui expose notamment des œuvres de Placide Poussielgue-Rusand[8].
Le monastère est depuis lors la propriété de l'Association d'Insertion Sociale d'Ille-et-Vilaine, le site ayant été réaménagé en Foyer de jeunes travailleurs. Toute une partie des jardins a dès lors été repensée pour pouvoir accueillir des logements provisoires, des infrastructures associatives et estudiantines. La Vitréenne football club, l'Association Pour l’Action Sociale et Éducative en Ille-et-Vilaine, l'École des métiers de l'Alimentation et Aqualeha, un laboratoire d'analyse sensorielle, ont ainsi leurs locaux en bord de Vilaine, sur d'anciennes propriétés des hôpitaux. Cependant, ces établissements et associations sont aujourd'hui en difficulté ou prévoient de déménager plus en périphérie face au délabrement grandissant des locaux anciens et nouveaux[9]. C'est pourquoi une étude de l'École nationale supérieure d'architecture de Bretagne de 2016 prévoit la réhabilitation et le réaménagement du site, dans le cadre de la vente du monastère dont les ailes principales sont inaccessibles et fermées au public[10],[11].
Les jardins, bien qu'en cœur que de ville et privés, sont préservés car se situent dans le prolongement des Tertres-Noirs, terrasse surplombant la ville offrant un panorama attractif sanctionné par deux étoiles au Guide vert[12]. Malgré sa situation en cœur de ville, le monastère et ses abords représentent donc, avec les bords arborés de Vilaine, une coupure paysagère nette dans l'urbanisation de Vitré, devenant alors assimilables à une coulée verte.
La chapelle Saint-Nicolas
L'élément le plus notable des hôpitaux est la chapelle, qui est la seule partie de l'ensemble à être classée aux monuments historiques[2]. Construite aux XVe et XVIe siècle dans un style gothique flamboyant, elle est l'un des symboles de l'essor de la ville de Vitré, riche sous l'Ancien Régime d'une bourgeoisie puissante structurée par la confrérie des Marchands d'Outre-Mer active au sein de la compagnie française des mers orientales. Le vitrail ouvrant sur le chœur et la rosace font face à tous ceux qui pénètrent la ville par le nord, faisant de cette chapelle un élément monumental du paysage architectural vitréen et l'un des symboles du patrimoine de la ville.
Galerie
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Le monastère, l'ancienne tannerie et le pré des Lavandières.
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L'aile nord vue depuis le jardin.
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La chapelle et l'aile est.
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La chapelle.
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Détail de la toiture.
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Détail de la grande rosace.
Notes et références
Notes
- Notons ainsi les églises Saint-Pierre, Notre-Dame et Saint-Martin, la collégiale Sainte-Madeleine, le prieuré Sainte-Marie et les chapelles Saint-Julien et Saint-Michel, dont certains ont disparu depuis.
- À titre de comparaison, l'hôtel-Dieu de Rennes est fondé deux siècles plus tard, en 1358.
- Il serait peut-être plus exact de parler, pour l'ensemble, d'anciens hôpitaux Saint-Nicolas et Saint-Yves, appellation inusitée.
Références
- « Monastère Saint-Nicolas », notice no PA00090902, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Chapelle Saint-Nicolas », notice no IA00131061, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Paul Paris-Jallobert, Le Journal historique de Vitré, 1880
- Daniel Pichot, Valérie Lagier et Gwenolé Allain, Vitré : Histoire et Patrimoine d'une Ville, Somogy, Éditions d'Art
- « Étymologie et Histoire de Vitré »
- « Vitré. Le centre hospitalier portera le nom de Simone Veil », Ouest-France, .
- « Vitré. L’hôpital porte désormais le nom de Simone Veil », Ouest-France, (lire en ligne).
- « Musée Saint Nicolas de Vitré »
- « Vitré. Le laboratoire Aqualeha déménage », Ouest-France, (lire en ligne).
- « A Vitré, le monastère Saint-Nicolas est une perle d'architecture », Ouest-France, (lire en ligne).
- « Enjeux et devenir(s) du Monastère Saint-Nicolas de Vitré. »
- « Tertres-Noirs »
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