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{{Infobox Musique (festival)
 | charte               = rock
 | nom                  = Superfrancofête
 | nom autre            = Festival international de la jeunesse francophone
 | image                = Plaines d'Abraham et Concorde.jpg
 | légende              = Les [[Plaines d'Abraham]] où s'est tenue la Superfrancofête.
 | genre                = Musique, danse, cinéma, peinture, artisanat
 | lieu                 = [[Québec (ville)|Québec]], [[Québec]]
 | latitude             = 46.801734
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 | période              = Du {{date|13 août- 1974-}} au {{date|24 août 1974}}
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 | structure-mère       = [[Agence de coopération culturelle et technique]]
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 | direction            = Richard Drouin
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 | site web             = 
}}

Le Festival international de la jeunesse francophone, mieux connu sous le nom de '''Superfrancofête'''<ref group="Note">Également orthographié « SuperFrancoFête » et « Super Franco Fête ».</ref>, est un événement culturel et sportif qui s'est déroulé à [[Québec (ville)|Québec]] du [[13 août|13]] au [[24 août|24]] [[Août 1974|août]] [[1974 au Québec|1974]]. Rassemblant plus de 25 pays, il a été co-organisé par l’[[Agence de coopération culturelle et technique]] (ancêtre de l'[[Organisation internationale de la francophonie|Organisation internationale de la Francophonie]]) et les [[Gouvernement du Québec|gouvernements du Québec]] et du [[Gouvernement du Canada|Canada]]. 

La Superfrancofête a mis en vedette de nombreux athlètes et artistes de renommée internationale, provenant d’une multitude de pays et de disciplines. L'événement a été notamment marqué par son spectacle d'ouverture à grand déploiement, réunissant pour la première fois sur scène [[Félix Leclerc]], [[Gilles Vigneault]] et [[Robert Charlebois]]. 

Ce festival a permis de créer des liens entre les citoyens de la communauté francophone internationale, attirant plus de 1 248 850 visiteurs sur ses différents sites. Par son envergure sans précédent et sa programmation novatrice pour l'époque, la Superfrancofête est l'une des fêtes populaires les plus marquantes de l'histoire de la capitale québécoise.

== Genèse ==
=== Contexte international ===
À la suite de la fondation de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) lors de la [[Conférence de Niamey]] en [[Mars 1970|mars]] [[1970]], le [[gouvernement du Canada]] cherche par différents moyens à resserrer ses liens avec les autres États francophones du monde, en particulier ceux d'[[Europe]] et d'[[Afrique]]. Agissant comme un prolongement international de la [[Politique linguistique du Canada|politique de bilinguisme fédéral]], l'action du Canada au sein de la Francophonie se décline sous diverses formes&nbsp;: programmes d'aide au développement, participation dans les institutions francophones et soutien aux organismes francophones publics et privés de ses collaborateurs<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/ei/1974-v5-n2-ei2977/700449ar.pdf Michel de Goumois, «&nbsp;Le Canada et la Francophonie&nbsp;», ''Institut québécois des hautes études internationales'', vol. 5, n<sup>o</sup> 2, 1974, p.&nbsp;355]. Consulté le 2 février 2024.</ref>.  

Dès la première Conférence générale de l'ACCT tenue à [[Ottawa]] en [[Octobre 1971|octobre]] [[1971 au Québec|1971]], le gouvernement du Canada indique son intention de jouer un rôle plus important auprès des pays de langue française<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2773891&docpos=6 «&nbsp;M. Trudeau lance un appel aux "absents" de la francophonie&nbsp;», ''Le Devoir'', 12 octobre 1971, p.&nbsp;6]. Consulté le 4 février 2024.</ref>. Depuis les [[années 1960]], le Québec avait pu jouir d'un rayonnement sans précédent sur la scène internationale en tant que seul État francophone d'Amérique du Nord (en particulier à la suite de l'adoption de la [[doctrine Gérin-Lajoie]] et de la [[Vive le Québec libre !|visite du général de Gaulle à l'été 1967]])<ref>Paul Gérin-Lajoie, ''Combats d'un révolutionnaire tranquille : propos et confidences'', Montréal, CEC, 1989, p. 319.</ref>. Rompant avec la vieille tradition de politique étrangère du Canada accordant la priorité au monde anglo-saxon (et reléguant au second rang les relations avec les États francophones), le Québec avait ainsi pris le soin d'établir ses propres relations, notamment avec le gouvernement de la France, afin de négocier ses ententes en fonction de ses intérêts propres<ref>Claude Morin, ''L'art de l'impossible : la diplomatie québécoise depuis 1960'', Montréal, Éditions du Boréal, 1987, p. 21-27.</ref>. Le gouvernement fédéral s'opposant à toute forme de relations particulières entre le Québec et des pays étrangers, le premier ministre [[Pierre Elliott Trudeau]] avait donc choisi de redonner au gouvernement d'Ottawa le rôle prépondérant dans le domaine des échanges culturels et des relations internationales<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2717851 «&nbsp;Le Québec se sentira moins seul au monde - Cloutier&nbsp;», ''La Presse'', 12 octobre 1971, cahier A, p. 1 et 6]. Consulté le 4 février 2024.</ref>.  [[Fichier:Pierre Trudeau (1975).jpg|vignette|Pierre Elliott Trudeau, premier ministre du Canada (1968-1979, 1980-1984).]][[Fichier:Robert-Bourassa.jpg|vignette|Robert Bourassa, premier ministre du Québec (1970-1976, 1985-1994).]]Ainsi, afin de resserrer les liens entre les pays francophones, en [[Février 1972|février]] [[1972 au Québec|1972]], l'ACCT annonce la tenue d'un grand festival sportif et culturel à l'été 1974<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3490276?docpos=13 Pierre Bellemare, «&nbsp;Grande première mondiale à Québec dans 2 ans (1974)&nbsp;», ''L'Action-Québec'', 1<sup>er</sup> mars 1972, p.&nbsp;13]. Consulté le 5 février 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2722094 Louis-Bernard Robitaille, «&nbsp;À Paris, L'Allier cherche surtout à mieux faire connaître le Québec&nbsp;», ''La Presse'', 22 décembre 1972, cahier C, p. 1]. Consulté le 5 février 2024.</ref>. Malgré une certaine réticence de la part des gouvernements de [[Robert Bourassa]] et de Pierre Elliott Trudeau – tous deux redoutant que l'événement serve de tribune aux sympathisants de la [[Souverainisme au Québec|souveraineté du Québec]] –, la ville de Québec est choisie pour cette première mondiale. Appelé à l'origine les «&nbsp;Grands Jeux de la Francophonie&nbsp;», le festival vise à rassembler des compétitions d'athlétisme ainsi qu'à attirer des artistes pour offrir des spectacles et des œuvres représentatives de toutes les cultures des pays membres de l'ACCT. Dirigé par Pierre Lefrançois, l'événement a pour but de mettre en valeur «&nbsp;les sports et les formes d'expression culturelle typiquement régionaux que connaissent peu ou mal les Nord-Américains<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774339?docpos=17 Michel Roy, «&nbsp;Les Grands Jeux de la Francophonie à Québec&nbsp;», ''Le Devoir'', 6 mars 1973, p.&nbsp;18]. Consulté le 4 février 2024.</ref>&nbsp;».     

=== Contexte politique ===
Malgré l'annonce de la tenue du festival, les tensions sociales et politiques sont vives. Au Québec, le [[Gouvernement Robert Bourassa (1)|gouvernement de Robert Bourassa]] est fortement contesté. Quelques mois après son [[Élections générales québécoises de 1970|arrivée au pouvoir]], le Québec se retrouve plongé dans la [[crise d'Octobre]]. Au cours des événements, le [[Ministère du Travail (Québec)|ministre du Travail]] [[Pierre Laporte]] et l'attaché commercial britannique [[James Richard Cross|James Cross]] sont enlevés par des membres du Front de libération du Québec (FLQ). En réaction, le gouvernement fédéral invoque la [[Loi sur les mesures de guerre]] afin de combattre les ravisseurs felquistes mais aussi de neutraliser l'ensemble du mouvement souverainiste. Cette décision controversée avait mené à une forte polarisation de la population, se divisant désormais entre fédéralistes et indépendantistes<ref>Louis Fournier, ''F.L.Q. Histoire d'un mouvement clandestin'', Montréal, VLB éditeur, 2020, 368&nbsp;<abbr>p.</abbr></ref>.      

Cependant, la fin de cette crise n'avait pas apaisé les tensions. Dès 1971, les problèmes se poursuivent avec plusieurs grèves importantes (notamment [[Lock-out de La Presse|celle de ''La Presse'']]) qui culminent avec le [[Front commun intersyndical de 1972|Front commun de 1972]]. Appuyés par les trois grandes centrales syndicales de l'époque ([[Confédération des syndicats nationaux|CSN]], [[Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec|FTQ]] et [[Centrale des syndicats du Québec|CEQ]]), plus de 200 000 employés de la fonction publique et parapublique décident de se mettre en grève pour protester contre les conditions de travail offertes par l'État québécois<ref>Jacques Rouillard, ''Le syndicalisme québécois&nbsp;: deux siècles d'histoire'', Montréal, [[Éditions du Boréal]], 2004, <abbr>p.</abbr> 168.</ref>. Si leur but principal était d'améliorer leurs propres conditions, leur action visait, par un effet d'entraînement, à améliorer aussi les conditions de travail de l'ensemble des salariés de la société. Après avoir défié un ordre d'un tribunal leur interdisant de prendre part à la contestation, les trois chefs syndicaux [[Louis Laberge]] (CSN), [[Marcel Pepin]] (FTQ) et [[Yvon Charbonneau]] (CEQ) avaient été emprisonnés par décision du gouvernement Bourassa, ce qui a encore une fois alimenté la controverse<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/ri/1981-v36-n4-ri2856/029202ar.pdf Gérard Hébert,«&nbsp;Les relations du travail au Québec : bilan des années 1970&nbsp;», ''Relations industrielles'', vol. 36, n<sup>o</sup> 4, 1981, p. 715-747]. Consulté le 5 février 2024.</ref>.      

Malgré la fin du Front commun, une série de démissions et de scandales de corruption visent aussi le gouvernement Bourassa. Cherchant à reprendre en main son leadership et déjouer les partis d'opposition, à l'automne 1973, le premier ministre déclenche des élections anticipées. Le chef libéral se présente comme le partisan de l'ordre, de la stabilité et de la prospérité économique<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774519 Michel Roy, «''&nbsp;''Bourassa insistera sur la "qualité de la vie"''&nbsp;''», ''Le Devoir'', 27 septembre 1973, p.''&nbsp;''1]. Consulté le 5 février 2024.</ref>. Toutefois, l'élection se joue surtout entre le Parti libéral et le Parti québécois dirigé par René Lévesque, sur les questions de justice sociale et d'avenir politique du Québec. Au terme de cette campagne marquée par une très grande polarisation, le Parti libéral est réélu avec le résultat historique de 102 députés sur 110<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774550 Michel Roy, «''&nbsp;''Les libéraux comptent maintenant 102 députés''&nbsp;''», ''Le Devoir'', 31 octobre 1973, p.''&nbsp;''1]. Consulté le 5 février 2024.</ref>.      

Alors que le festival de la Francophonie approche, à l'été 1974, le gouvernement Bourassa présente le projet de loi 22<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4516603?docpos=34 Presse canadienne, «&nbsp;La menace de grève demeure&nbsp;», ''Montréal-Matin'', 11 août 1974, cahier 1, p. 34]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>. Cette loi devant, en principe, faire du français la [[Loi sur la langue officielle (Québec)|langue officielle]] du Québec servait également à ménager les droits individuels des [[Anglo-Québécois|Québécois anglophones]], notamment en matière de langue de travail et d'enseignement. Plutôt que d'unir les deux groupes linguistiques, le gouvernement réussit plutôt à mécontenter à la fois les francophones (jugeant la loi trop laxiste) et les anglophones (jugeant la loi trop restrictive)<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2712858 Jacques Dumais, «&nbsp;16,000 personnes manifestent dans le calme; le MQF veut miner la loi 22 de l'intérieur&nbsp;», ''Le Soleil'', 21 octobre 1974, cahier A, p.&nbsp;1 et 6]. Consulté le 9 février 2024.</ref>.       

Toutes ces tensions s'inscrivent enfin dans un contexte marqué par la [[crise économique]] et la hausse du [[chômage]] provoquées par le [[premier choc pétrolier]], ainsi que par les événements de l'actualité internationale où la plupart des élites politiques d'Occident se font ouvertement contester, souvent avec violence&nbsp;: en France avec les groupes d'[[Extrême gauche en France|extrême-gauche]] [[Gauche révolutionnaire|révolutionnaire]] partisans d'une [[Action directe (théorie politique)|action directe]], en [[Italie]] avec les [[Années de plomb (Italie)|attentats]] des [[Brigades rouges]], en [[Allemagne de l'Ouest]] avec la [[Fraction armée rouge|bande à Baader]], et aux États-Unis avec le [[scandale du Watergate]]<ref>Pierre B. Berthelot, ''Duplessis est encore en vie'', Éditions du Septentrion, 2021, p. 99-101.</ref>.     

=== Contexte socioculturel ===
{{Article détaillé|Néonationalisme (Québec)}}
Tout au long des années 1960 et 1970, le Québec connaît une effervescence culturelle sans précédent. La [[Révolution tranquille]] ayant amené bon nombre de réformes et de remises en question sur la société québécoise traditionnelle, elle avait aussi été accompagnée par une émergence de mouvements artistiques dans tous les domaines d'expression. Ceux-ci avaient été particulièrement apparents lors de l'[[Exposition universelle de 1967|Expo 67]] à Montréal. Cet événement avait permis aux Québécois de s'ouvrir sur le monde, mais également de faire découvrir le Québec à l'extérieur de ses frontières, avec sa culture et sa situation sociopolitique. D'autres événements tels que ''L'Osstidcho'' en 1968, la [[La Nuit de la poésie 27 mars 1970|Nuit de la poésie en 1970]], la « Messe des morts » du groupe [[Offenbach (groupe)|Offenbach]] à l’[[Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal|oratoire Saint-Joseph]] en 1972 et le premier Festival de musique traditionnelle du Québec en 1973 avaient eu un retentissement considérable au sein de la société<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4465919?docpos=13 «&nbsp;Le 4 octobre, une "grande nuit" du son des Français d'Amérique&nbsp;», ''Le Jour'', 19 septembre 1974, p. 13]. Consulté le 2 février 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2602850 «&nbsp;Spectacles 1974-1975&nbsp;», ''La Presse'', 28 septembre 1974, cahier E, p. 1]. Consulté le 2 février 2024.</ref>.

Dans ce contexte, les spectacles de musique prennent une signification nouvelle en tant qu'expérience de masse. Ce genre de grand rassemblement puise également ses racines dans la montée d'un nationalisme plus revendicateur, reflétant les aspirations nouvelles d'une société éprise d'un désir d'émancipation collective<ref group="Note">Ces spectacles en tant qu'expériences de masse à portée politique sont nombreux au courant de la décennie&nbsp;: on peut également inclure le spectacle de la Saint-Jean Baptiste sur le mont Royal, le 24 juin 1975; le spectacle du 21 juin 1976, ''Une'' ''fois Cinq'', avec Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland, Yvon Deschamps et Robert Charlebois, présenté au Parc du Bois-de-Coulonge, à Québec, devant plus de 150 000 personnes, et présenté deux jours plus tard à Montréal devant plus de 300 000 personnes.</ref>.

En parallèle à ses «&nbsp;Grands Jeux de la Francophonie&nbsp;», en 1972, l'ACCT cherche à créer un autre festival axé cette fois sur le folklore et la culture de langue française. Dans la foulée de la tenue du premier [[festival international de la chanson de Granby|festival de la chanson de Granby]] (mis sur pied quelques années auparavant, en [[1969 au Québec|1969]]), l'ACCT souhaite que ce nouveau festival soit entièrement consacré à la [[chanson française]]<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2592800?docpos=10 «&nbsp;Première soirée du Festival de la Chanson de Granby, samedi&nbsp;», ''Le Courrier de St-Hyacinthe'', 29 septembre 1971, cahier B, p.&nbsp;10]. Consulté le 5 février 2024.</ref> . À la suite de discussions, en [[1973 au Québec|1973]], les deux événements de l'ACCT sont finalement regroupés en un seul, prenant dès lors le nom officiel de «&nbsp;Festival international de la jeunesse francophone<ref name=":0">[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2737234?docpos=4 Guy Pinard, «&nbsp;Maintenant il s'agit du "Festival international de la Jeunesse"&nbsp;», ''La Presse'', 4 avril 1973, cahier&nbsp;C, p.&nbsp;4]. Consulté le 4 février 2024.</ref>&nbsp;». Afin de marquer l'atmosphère et l'implication de la population de la ville de Québec, les organisateurs du festival confient au [[compositeur]] montréalais [[Stéphane Venne]] la tâche d'écrire un thème musical pour l'événement. Le nom du thème, la «&nbsp;Superfrancofête&nbsp;», se répand dans la presse et devient alors le nom officieux du festival<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4456325?docpos=11 «&nbsp;Une "Superfrancofête" pour la jeunesse francophone du monde&nbsp;», ''Le Jour'', 19 avril 1974, p.&nbsp;11]. Consulté le 5 février 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2601823?docpos=11 «&nbsp;Une superfrancofête pour les jeunes francophones&nbsp;», ''La Presse'', 22 avril 1974, cahier B, p.&nbsp;11]. Consulté le 5 février 2024.</ref>.

== Le festival ==
[[Fichier:Assemblée nationale du Québec, l'Hôtel du Parlement, façade avec ancien entré principal.jpg|gauche|vignette|Le défilé d'ouverture de la Superfrancofête se déroule devant l'Assemblée nationale, à Québec.]]

=== Ouverture ===
La Superfrancofête s'ouvre le 13 août 1974 avec un défilé devant une foule de plus de 8 000 personnes amassée devant l’[[Assemblée nationale (Québec)|Assemblée nationale]]. Les délégations des 26 États participants défilent sur la [[Grande Allée]], vêtues de leurs costumes nationaux<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774803 Jean-Luc Duguay, «&nbsp;Trudeau rétorque aux "gueulards"&nbsp;», ''Le Devoir'', 14 août 1974, p.&nbsp;1]. Consulté le 10 février 2024.</ref>. Ces États sont la [[Belgique]], le [[Burundi]], le [[Cameroun]], le Canada, la [[Côte d'Ivoire]], le [[République du Dahomey|Dahomey]], la France, le [[Gabon]], [[Haïti]], la [[Haute-Volta (colonie)|Haute-Volta]], le [[Laos]], le [[Liban]], le [[Luxembourg]], [[Madagascar]], le [[Mali]], l'[[Île Maurice]], [[Monaco]], le [[Niger]], le [[Rwanda]], le [[Sénégal]], le [[Tchad]], le [[Togo]], la [[Tunisie]], la [[République centrafricaine]], la [[République du Viêt Nam]] et le Québec (en tant que « gouvernement participant »)<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4516512?docpos=50 «&nbsp;Mariage du sport et de la culture&nbsp;», ''Montréal-Matin'', 25 mai 1974, p.&nbsp;50]. Consulté le 2 février 2024.</ref>.  

Ces cérémonies d'ouverture sont toutefois marquées par le climat social et politique de l'époque. Dès la fin du défilé, la cérémonie de levée symbolique des drapeaux tourne à la catastrophe<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774803 Jean-Luc Duguay, «&nbsp;Trudeau rétorque aux "gueulards"&nbsp;», ''Le Devoir'', 14 août 1974, p. 1 et 6]. Consulté le 12 février 2024.</ref>. Lors de la levée du drapeau du Canada, le [[Drapeau du Canada|drapeau unifolié]], ainsi que l'[[Ô Canada|hymne national]] entonné par une [[fanfare]] sont hués par de nombreux spectateurs. La levée du [[Drapeau du Québec|drapeau fleurdelisé]] survenant après la fin de l'hymne aggrave également la situation<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455985?docpos=6 Maurice Giroux, «&nbsp;Tout sur l'histoire du drapeau qui refusa de monter&nbsp;», «&nbsp;Ottawa courtise les journalistes étrangers&nbsp;», «&nbsp;Le Parti québécois se présente à la presse étrangère&nbsp;», ''Le Jour'', 16 août 1974, p. 6]. Consulté le 27 janvier 2024.</ref>.   

Les allocutions des dignitaires présents sont également marquées par les réactions de la foule. Alors que les discours du président du festival, Richard Drouin, et du [[maire de Québec]] [[Gilles Lamontagne]] sont accueillis dans le calme, ceux des premiers ministres Pierre Elliott Trudeau et Robert Bourassa sont chahutés par près du quart de la foule selon les observateurs de l'époque (et avec encore plus de véhémence dans le cas de Bourassa). Piqué au vif par les slogans affichés («&nbsp;La loi 22 est une trahison&nbsp;», «&nbsp;Le Québec aux Québécois&nbsp;») ainsi que par les cris de la foule («&nbsp;Prostitué&nbsp;», «&nbsp;Vendu&nbsp;», «&nbsp;Trudeau au poteau&nbsp;» et «&nbsp;Québec libre&nbsp;»), le premier ministre du Canada s'en prend aux contestataires en les traitant de «&nbsp;gueulards qui traînent leur petite misère parce qu'ils ne sont pas capables de réunir chez eux assez de spectateurs pour les entendre<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2602550 Pierre-Paul Gagné, «&nbsp;Trudeau rétorque aux "gueulards"&nbsp;», ''La Presse'', 14 août 1974, cahier A, p. 1 et 6]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>&nbsp;».  

=== Spectacle sur les plaines d'Abraham ===
{{Article détaillé|J'ai vu le loup, le renard, le lion}}
Afin de bien marquer l'ouverture du festival, les organisateurs décident de monter un grand spectacle sur une scène en plein air, sur les [[Plaines d'Abraham]]<ref group="Note">Durant les années 1970, la ville comptait peu de lieux de détente, d'espaces verts et de places publiques (surtout à la haute-ville). Ainsi, de nombreux organismes convoitaient les plaines pour la tenue de manifestations de masse. Toutefois, malgré l'abondance de ces fêtes, en dehors des célébrations de la [[Fête nationale du Québec|Fête nationale]], peu d'entre elles avaient mené à l'organisation de spectacles à grand déploiement. On compte néanmoins quelques événements ayant rassemblé d'importantes foules comme les célébrations de la Fête nationale du 24 juin, les grandes fêtes du tricentenaire de 1908 et le congrès eucharistique de 1938. </ref> <ref>Jacques Mathieu, ''Les Plaines d'Abraham. Le culte de l'idéal'', Éditions du Septentrion, 1993, p.&nbsp;241-256, 259-261.</ref>. L'idée suggérée par Lucien Gagnon, responsable de la programmation du festival, est de réunir sur scène trois artistes emblématiques de la chanson québécoise&nbsp;: Robert Charlebois, Gilles Vigneault et Félix Leclerc<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774751?docpos=12 «&nbsp;Charlebois, Vigneault et Leclerc seront réunis pour la première fois en spectacle&nbsp;», ''Le Devoir'', 19 juin 1974, p. 12]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2934473 Kathleen Lavoie, «&nbsp;L'empreinte des géants&nbsp;», ''Le Soleil'', 7 août 1999, cahier D, p.&nbsp;1-2]. Consulté le 12 février 2024.</ref>. On confie alors au producteur [[Guy Latraverse]], responsable quelques années plus tôt d'un autre succès notable, ''[[L'Osstidcho]],'' la tâche de convaincre les chanteurs de participer à l'événement.           
[[Fichier:Robert Charlebois 1972 A square.jpg|vignette|Robert Charlebois.]]
Si Vigneault et Charlebois se montrent favorables dès le départ, la situation est plus difficile du côté de Félix Leclerc. Vivant dans une semi-retraite dans sa maison de campagne, réputé pour sa timidité, le chansonnier se montre peu réceptif. Malgré une visite de Gilles Vigneault pour tenter de le convaincre de se joindre à eux, Leclerc hésite à partager une scène avec «&nbsp;le jeune&nbsp;» Charlebois, fumant du «&nbsp;[[Cannabis (usage récréatif)|tabac d'orchestre]]&nbsp;» et reconnu pour ses «&nbsp;farces plates<ref>[https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/176501/loup-renard-lion-leclerc-vigneault-charlebois-giroux Monique Giroux, « ''J’ai vu le loup, le renard, le lion,'' un spectacle mythique », ''Aujourd’hui l’histoire'', Société Radio-Canada/Ici Première, 29 mai 2020]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>&nbsp;». En effet, le rockeur Charlebois s'était fait remarquer par ses frasques en [[1969 au Québec|1969]] lors d'un concert à l'[[Olympia (Paris)|Olympia]] [[Paris]] où il avait lancé sa [[Batterie (instrument)|batterie]] dans la salle<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4251690?docpos=51 Yves Feferman, «&nbsp;Charlebois renvoyé de l'Olympia&nbsp;», ''La Presse'', 13 avril 1969, p. 79]. Consulté le 12 février 2024.</ref>. Après une rencontre entre Charlebois et Leclerc, où malgré la bonne volonté, les appréhensions ne se dissiperont jamais totalement, le chansonnier accepte de sortir de sa semi-retraite pour participer au grand spectacle<ref>Monique Giroux, « ''J’ai vu le loup, le renard, le lion,'' un spectacle mythique », ''Aujourd’hui l’histoire'', Société Radio-Canada/Ici Première, 29 mai 2020.</ref>.           
[[Fichier:Gilles Vigneault Chantauvent Natashquan 1989.jpg|vignette|Gilles Vigneault.]]
[[Fichier:Félix Leclerc, fête de l'Humanité (11-09-1977).JPG|vignette|Félix Leclerc.]]
Intitulé ''[[J'ai vu le loup, le renard, le lion]]'', il réunit donc pour la première fois sur scène Robert Charlebois (le [[loup]]), Gilles Vigneault (le [[renard]]) et Félix Leclerc (le [[lion]]). Malgré les efforts consacrés à la préparation de ce spectacle, selon le témoignage de Charlebois, les attentes des organisateurs étaient relativement modestes. Espérant attirer une foule de 5&nbsp;000, 10&nbsp;000, voire 20&nbsp;000 personnes, la belle température et l'enthousiasme populaire surpassent complètement leurs attentes, assemblant plutôt une foule estimée entre 125 000 et 300 000 personnes<ref>[https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/grandes-series/3705/robert-charlebois-biographie-chansons-documentaire/436143/leclerc-vigneault-leveillee-ferland-deschamps Entretien avec Robert Charlebois, ''Charlebois, par-delà Lindberg'', épisode&nbsp;6&nbsp;: «&nbsp;Le refus des drapeaux&nbsp;: Charlebois et les grands spectacles nationalistes&nbsp;», Société Radio-Canada, 13 juin 2019]. Consulté le 12 février 2024.</ref>.          

Bien que plusieurs des chansons interprétées lors du spectacle sont marquées par leur caractère poétique (''Moi mes souliers'', ''Mon pays'', ''Sensation''<ref group="Note">''Sensation'' tire ses paroles du poème du même nom écrit par [[Arthur Rimbaud]] en 1870.</ref>), romantique (''[[Pendant que…|Pendant que]]'', ''Bozo'', ''[[La Manikoutai]]'') ou humoristique (''[[Robert Charlebois avec Louise Forestier|Lindberg]]'', ''Entre deux joints'', ''La danse à St-Dilon''), la plupart d'entre elles comportent un caractère politique. Face à une foule de milliers de jeunes francophones venus des quatre coins du monde, avec au premier rang des dignitaires comprenant deux premiers ministres fédéralistes, Félix Leclerc entonne ainsi ''Les 100,000 façons'' (de tuer un homme) et ''L'alouette en colère,'' dénonçant l'aliénation collective des Québécois et la violence subie par les autorités en place. Gilles Vigneault poursuit dans la même voie (''Ti-Cul Lachance''), en condamnant la lâcheté des hommes politiques, mais en rappelant aussi à ses compatriotes le pays devant être bâti (''Il me reste un pays'')''.'' Les chansons de Robert Charlebois (''La marche du président'' et ''Qué-Can Blues'') s'inscrivent également dans cette veine, contestant l'autorité tout en faisant appel à la fraternité et à la communion humaine<ref>Entretien avec Robert Charlebois, ''Charlebois, par-delà Lindberg'', épisode&nbsp;6&nbsp;: «&nbsp;Le refus des drapeaux&nbsp;: Charlebois et les grands spectacles nationalistes&nbsp;», Société Radio-Canada, 13 juin 2019.</ref>.          

Si Charlebois se fait plus discret sur ses opinions politiques, Leclerc et Vigneault ponctuent toutes leurs chansons par des [[Nationalisme québécois|déclarations nationalistes et indépendantistes]] récoltant les appuis bruyants de la foule où flottent de nombreux fleurdelisés. Le spectacle se termine avec la chanson ''[[Quand les hommes vivront d'amour]]'', chantée par les trois artistes, sous les applaudissements enthousiastes d'un public en effervescence<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4491865&docpos=13 Jean-Pierre Tadros, «&nbsp;Superfrancofête&nbsp;», ''Le Jour'', 13 février 1975, p.&nbsp;13]. Consulté le 12 février 2024.</ref>.         

==== Réception ====
Le spectacle ''J'ai vu le loup, le renard, le lion'' est un tournant majeur dans l'histoire de la chanson québécoise<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2602215?docpos=10 «&nbsp;Charlebois, Leclerc et Vigneault réunis sur une même scène&nbsp;», ''La Presse'', 19 juin 1974, cahier F, p. 10]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>. En effet, il s'agit du premier spectacle ayant réuni sur scène trois générations de la chanson québécoise&nbsp;: Félix Leclerc, âgé de 60 ans, incarnait la première génération de chansonniers, mieux connue par les aînés du public; Gilles Vigneault, âgé de 45 ans, doté d'une éducation classique, était pour sa part très apprécié par un public plus cultivé, amateur de références littéraires; enfin, Robert Charlebois, âgé de 30 ans, avec son mélange d'influences californiennes, de cultures rock et psychédélique, et ses références québécoises (notamment le joual) rejoignait largement la jeunesse<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3543523?docpos=22 «&nbsp;Réunis pour la première fois sur une même scène&nbsp;: Robert Charlebois, Félix Leclerc et Gilles Vigneault&nbsp;», Photo-Journal, 14 juillet 1974, p.&nbsp;22]. Consulté le 2 février 2024.</ref> <ref>Entretien avec Gilbert Rozon, ''Charlebois, par-delà Lindberg'', épisode&nbsp;6&nbsp;: «&nbsp;Le refus des drapeaux&nbsp;: Charlebois et les grands spectacles nationalistes&nbsp;», Société Radio-Canada, 13 juin 2019.</ref>.                   

En étant réunis sur scène, les trois chanteurs rassemblaient ainsi leurs publics respectifs, mais également toute une gamme de styles et d'influences musicales, créant un pont entre les générations<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2016-n127-cd02694/83715ac.pdf François Droüin, «''&nbsp;''J’ai vu le loup, le renard, le lion. Quand un spectacle fait l’histoire''&nbsp;''», ''Cap-aux-Diamants'', n<sup>o</sup> 127, automne 2016, p. 20-23]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. Le spectacle a également une forte portée symbolique. En chantant en français sur [[Bataille des Plaines d'Abraham|le lieu où le sort des francophones d'Amérique s'était joué]] deux siècles plus tôt, cette célébration peut être vue comme une affirmation éclatante de la présence de la nation québécoise et la manifestation d'un désir collectif d'autonomie et d'émancipation politique<ref>Entretiens avec Gilles Vigneault et Robert Charlebois, ''Charlebois, par-delà Lindberg'', épisode&nbsp;6&nbsp;: «&nbsp;Le refus des drapeaux&nbsp;: Charlebois et les grands spectacles nationalistes&nbsp;», Société Radio-Canada, 13 juin 2019.</ref>.                  

Le succès du spectacle donne naissance à la formule alors jamais vue au Québec du spectacle-événement<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4516607?docpos=2 Denis Tremblay, «&nbsp;Le "show" de l'année&nbsp;»; André Bouthillier, « Chahut au Festival » et « Tam-tam dans la Vieille capitale », ''Montréal-Matin'', 14 août 1974, cahier 1, p. 2-3]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>. En effet, ce type de grand rassemblement musical à portée politique sera repris sous une forme très similaire durant les années qui suivent la Superfrancofête (notamment lors du Festival d'été de Québec, de même que lors du spectacle de la Fête nationale sur le [[mont Royal]] à Montréal en [[1975 au Québec|1975]], et du spectacle ''[[1 fois 5]]'' organisé pour la Fête nationale en 1976)<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2775682&docpos=2 Presse canadienne, «&nbsp;Les Plaines d'Abraham sont l'enjeu d'une nouvelle bataille&nbsp;», ''Le Devoir'', 17 juin 1977, p.&nbsp;2]. Consulté le 12 février 2024.</ref>. Comme le résume le journaliste [[Yanick Villedieu]], à l'époque co-organisateur du festival&nbsp;: «&nbsp;On a souvent prétendu que le grand événement de la Saint-Jean sur le Mont-Royal avec Vigneault, Charlebois, Deschamps, Ferland et Léveillée avait été le premier grand spectacle populaire en plein air de l’histoire du Québec, en 1975. Mais non. C’est Québec qui a inventé ça, en 1974, avec Charlebois, Vigneault et Leclerc sur les Plaines<ref>[https://ici.radio-canada.ca/sujet/ca-date-pas-dhier/actualite/document/nouvelles/article/1721269/superfrancofete-quebec-festival-francophone-international-jeunesse-histoire Catherine Lachaussée, «&nbsp;L’été magique de la SuperFrancoFête&nbsp;», Société Radio-Canada, 11 août 2020]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>&nbsp;».                  

Filmé pour le cinéma, enregistré puis vendu en disque, ce spectacle est aussi considéré ''[[a posteriori]]'' par certains observateurs comme un prélude à l'élection du [[Parti québécois]] du [[15 novembre|15]]&nbsp;[[Novembre 1976|novembre]] [[1976 au Québec|1976]]<ref>Entretien avec Gilles Vigneault, ''Charlebois, par-delà Lindberg'', épisode&nbsp;6&nbsp;: «&nbsp;Le refus des drapeaux&nbsp;: Charlebois et les grands spectacles nationalistes&nbsp;», Société Radio-Canada, 13 juin 2019.</ref> <ref>Monique Giroux, « ''J’ai vu le loup, le renard, le lion,'' un spectacle mythique », ''Aujourd’hui l’histoire'', Société Radio-Canada/Ici Première, 29 mai 2020.</ref>.                   

=== Volet culturel ===
[[Fichier:Djembe dunun.jpg|gauche|vignette|Les concerts de tam-tams sont particulièrement populaires durant la Superfrancofête.]]
Dès l'ouverture, la Superfrancofête est marquée par un son méconnu pour les oreilles des Québécois&nbsp;: celui des [[Tam-tam|tam-tams]]<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455982 Maurice Giroux, «&nbsp;Les tam-tams africains résonnent dans la nuit québécoise&nbsp;», Le Jour, 13 août 1974, p. 1]. Voir également «&nbsp;Le MQF demande de regarder le "vrai" visage du Québec&nbsp;» et «&nbsp;Le secrétaire d'État français à la Jeunesse et aux Sports assiste à la Super Franco Fête&nbsp;» (p. 6). Consulté le 27 janvier 2024.</ref>. 

Afin d'accueillir toutes les délégations, un Village des arts comprenant cinq pavillons est construit dans la cour de la Petite bastille (ancienne prison des plaines d'Abraham)<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3487971?docpos=4 Carole Cadoret, «&nbsp;Le Village des Arts&nbsp;: un des carrefours importants du Festival&nbsp;», ''À propos'', 15 août 1974, p.&nbsp;4]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. Ceux-ci présentent des créations originales des 26 États présents, avec leur savoir-faire en tissage, arts du feu, bois, peinture, sculpture, vannerie et cuir<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2593562?docpos=6 «&nbsp;Un village en prison&nbsp;», ''Le Courrier de St-Hyacinthe'', 14 août 1974, cahier D, p. 6]. Consulté le 12 février 2024.</ref>. Cette foire permet aux visiteurs de découvrir l’artisanat du monde entier et de tisser des liens entre ces artistes venus de partout<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3487972?docpos=4 Pierre Sévigny, «&nbsp;La joie de vivre des Dahomiens&nbsp;», ''À propos'', 16 août 1974, p.&nbsp;4]. Consulté le 2 février 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2879741?docpos=43 A.R.B., «&nbsp;C'est le temps de fraterniser!&nbsp;», ''Progrès-dimanche'', 18 août 1974, p. 43]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. En plus de ces constructions, une murale de près de 3&nbsp;000&nbsp;m² (32&nbsp;000&nbsp;pi²) est également réalisée sur le site, derrière la grande scène où s'est tenu le spectacle d'ouverture<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2602124?docpos=4 «&nbsp;Une murale de 32,000 pieds carrés pour Québec&nbsp;», ''La Presse'', 5 juin 1974, cahier I, p. 4]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>.

Le festival comprend une rétrospective du jeune cinéma francophone (35 films), un festival « Rock’n Pop’n Jazz » et différents ateliers (arts plastiques, théâtre, vidéo, recherche sur l'homme et l'environnement) offerts par une douzaine de pays. Du Liban au Mali, les délégations y présentent un spectacle différent tous les soirs. Au total, plus de 770&nbsp;activités ont été offertes dans le cadre du festival, dont 339 impliquant des délégués, et 112 d'entre elles étant des spectacles organisés pour le grand public. Afin d'assurer le bon accueil des nombreuses délégations nationales, plus de 575&nbsp;familles de la région de Québec ont contribué à l'hébergement des participants au festival<ref>[https://ici.radio-canada.ca/sujet/ca-date-pas-dhier/actualite/document/nouvelles/article/1721269/superfrancofete-quebec-festival-francophone-international-jeunesse-histoire Catherine Lachaussée, «''&nbsp;''L'été magique de la Superfrancofête''&nbsp;''», ''Ça date pas d'hier'', Société Radio-Canada, 11 août 2020]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. 

Le volet culturel a toutefois été marqué par deux incidents. Le premier est celui du spectacle intitulé ''La fête à l'auberge Jolifou'', présenté par les chanteurs, danseurs et musiciens du Canada (dont ceux du Québec). Ce spectacle comportait des chansons traditionnelles destinées à «&nbsp;traduire en musique quelques pages de l'histoire du Canada français&nbsp;». Il fut particulièrement mal reçu par le public et par la presse<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455994?docpos=4 Nguyen Trung Viet, «&nbsp;Comment le Québec a été humilié par le Canada à la face du monde entier&nbsp;», ''Le Jour'', 27 août 1974, p. 4]. Voir également Paule Beaugrand-Champagne, «&nbsp;Face aux manœuvres d'Ottawa, le Québec perd petit à petit tout le terrain conquis&nbsp;» (p. 5); Gisèle Tremblay, «&nbsp;Les Africains restent des inconnus&nbsp;» et Paule Beaugrand-Champagne, «&nbsp;Québec ne sera jamais plus la même&nbsp;» (p. 6). Consulté le 27 janvier 2024.</ref>. Par exemple, pour le critique du ''Jour,'' le spectacle aurait été pris dans le «&nbsp;piège de la politique fédérale de récupération francophone&nbsp;», donnant un résultat «&nbsp;vulgaire, d'une pauvreté navrante, très certainement bâclé [avec des] dialogues et [des] chansons fourmill[ant] de sacres et de plaisanteries faciles<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455988?docpos=6 «&nbsp;Le Canada a présenté le spectacle national le plus indigent du Festival&nbsp;», ''Le Jour'', 20 août 1974, p. 6]. Consulté le 27 janvier 2024.</ref>&nbsp;». Dans ''[[Le Devoir]]'', Jean-V. Dufresne parle d'une pièce «&nbsp;indigne d'une séance de collège, mal montée et d'un amateurisme lamentable, comparant les Indiens du Canada à des "sauvages", les Acadiennes à des faiseuses de petits, et les bûcherons à des crétins<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774808?docpos=3 Jean-V. Dufresne, «&nbsp;Le spectacle canadien, une entreprise de foire qui rompit le charme de la fête&nbsp;», ''Le Devoir'', 20 août 1974, p.&nbsp;3]. Consulté le 13 février 2024.</ref>&nbsp;». Les organisateurs du spectacle ont tenté de défendre leur pièce, sans toutefois vouloir rendre public le texte de leur création<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455989 «&nbsp;À la Super Franco Fête&nbsp;», ''Le Jour'', 21 août 1974, p. 1]. Voir également Gisèle Tremblay, «&nbsp;Il n'y a pas que l'Afrique folklorique&nbsp;» (p. 6). Consulté le 27 janvier 2024.</ref> <ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774809?docpos=2 «&nbsp;La presse aurait été injuste envers le spectacle canadien&nbsp;», ''Le Devoir'', 21 août 1974, p.&nbsp;2]. Consulté le 13 février 2024.</ref>. 

Le deuxième incident du volet culturel a été le boycottage d'une pièce de théâtre du metteur en scène français [[Claude Régy]]<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2774804 Jean-Luc Duguay, «&nbsp;L'Afrique boycotte les Nègres&nbsp;», ''Le Devoir'', 15 août 1974, p.&nbsp;1 et 6]. Consulté le 10 février 2024.</ref>. Promue au départ par la Société d'accueil du festival, cette pièce à portée fortement anticolonialiste (juxtaposant la pièce «&nbsp;Nègres&nbsp;» de [[Jean Genet]] avec des poèmes de l'écrivain haïtien [[Aimé Césaire]] et des lettres de l'Américain [[George Jackson (Black Panther)|George Jackson]]) se vit ouvertement dénoncée par huit délégations africaines<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455987 Presse canadienne, «&nbsp;La Super Franco Fête : aussi un théâtre de contestation&nbsp;», ''Le Jour'', 19 août 1974, p. 1]. Voir également Gisèle Tremblay, «&nbsp;La francophonie est morte, vive la fête!&nbsp;» (p. 6), Jean-Pierre Tadros, «&nbsp;Une "nuit du cinéma" pleine de découvertes&nbsp;» (p. 11). Consulté le 27 janvier 2024.</ref>. Accusant l'œuvre de verser dans le «&nbsp;subversif&nbsp;» et d'être «&nbsp;politiquement préjudiciable aux pays concernés&nbsp;», malgré deux tentatives de sauvetage par le metteur en scène, les tensions entre les dirigeants des pays africains, leurs délégués et les représentants des anciennes métropoles eurent raison de la pièce, qui ne fut finalement pas présentée<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4216200 Denise Pelletier-Bouchard, «&nbsp;La Super-Franco-Fête nous a appris bien des choses&nbsp;», ''Le quotidien du Saguenay–Lac-St-Jean'', 24 août 1974, cahier C, p. 1]. Consulté le 27 janvier 2024.</ref>.

=== Volet sportif ===
Outre son volet culturel, la Superfrancofête comporte également un volet sportif. Comprenant deux jours d'activités (les 17 et 18 août 1974), il se déroule principalement dans des installations situées sur le campus de l'Université Laval à Sainte-Foy. Parmi ces installations, une nouvelle piste est inaugurée au [[Pavillon de l'éducation physique et des sports|pavillon de l'éducation physique et des sports (PEPS)]]<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455983?docpos=7 Robert Lefebvre, «&nbsp;200 athlètes de 23 pays&nbsp;», ''Le Jour'', 14 août 1974, p.&nbsp;7]. Consulté le 13 février 2024.</ref> <ref group="Note">Avec sa superficie de 400&nbsp;m et ses 8&nbsp;corridors, cette piste était considérée à l'époque comme la deuxième plus grande au monde après celle des [[Jeux olympiques d'été de 1968|Jeux olympiques de Mexico de 1968]].</ref>.         [[Fichier:Laval University PEPS 10.jpg|gauche|vignette|Les épreuves d'athlétisme de la Superfrancofête se déroulent au PEPS de l'Université Laval.]]Chaque État est représenté par 10 athlètes, dans une vingtaine d'épreuves réparties entre des sports de compétition et des démonstrations de jeux traditionnels. Pour les hommes, les épreuves d'athlétisme comprennent des courses de 100&nbsp;m, 200&nbsp;m, 400&nbsp;m, 800&nbsp;m, 1&nbsp;500&nbsp;m, 5&nbsp;000&nbsp;m, 10&nbsp;000&nbsp;m, 110&nbsp;m haies, 400&nbsp;m haies, relais 4 x 100&nbsp;m, les sauts en hauteur, en longueur, à la perche, triple, ainsi que les lancers du poids, du disque et du javelot. Pour les femmes, les épreuves sont les courses de 100&nbsp;m, 200&nbsp;m, 400&nbsp;m, 800&nbsp;m, 1&nbsp;500&nbsp;m, 100&nbsp;m haies, relais 4 x 100&nbsp;m, les sauts en hauteur et en longueur, ainsi que les lancers du poids, du disque et du javelot<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4455980?docpos=12 Alain Gerbier, «&nbsp;Le sport à la Super franco fête&nbsp;: de l'athlétisme au parachutisme&nbsp;», ''Le Jour'', 10 août 1974, p.&nbsp;12]. Consulté le 13 février 2024.</ref>.          

Le festival organise également des démonstrations de parachutisme, de danse, ainsi que des parties de volley-ball, de crosse, de tir à l'arc, des courses, et de la lutte sur échasses. Avec l'absence de couverture télévisée, au bout du compte, le volet sportif attire un public plus modeste que le volet culturel, avec seulement 15&nbsp;000 spectateurs pour ses deux jours d'épreuves<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2602586?docpos=4 Guy Robillard, «&nbsp;Les buts ont été atteints&nbsp;», ''La Presse'', 19 août 1974, cahier B, p. 4]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>.         
=== Bilan ===

À la suite de l’[[Exposition universelle de 1967|Exposition universelle de Montréal en 1967]], la Superfrancofête est devenue la deuxième grande fenêtre d’ouverture sur le monde pour la population québécoise de l'époque<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2873936?docpos=13 Yanick Villedieu, «&nbsp;Fêter pour vrai&nbsp;», ''Québec Science'', vol. 14, n<sup>o</sup> 4, décembre 1975, p. 13-17]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref> <ref>[https://ici.radio-canada.ca/sujet/ca-date-pas-dhier/actualite/document/nouvelles/article/1721269/superfrancofete-quebec-festival-francophone-international-jeunesse-histoire Catherine Lachaussée, «''&nbsp;''L'été magique de la Superfrancofête''&nbsp;''», ''Ça date pas d'hier'', Société Radio-Canada, 11 août 2020]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. Favorisé par la température clémente, mais également par l'absence d'incidents, le festival a marqué les esprits par son ambiance d'exotisme et de fête joyeuse, de même que par l'ambiance de fraternité qui s'est manifestée entre les peuples de langue française<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2712693 Presse canadienne, «&nbsp;Participation massive à la Superfrancofête&nbsp;», et Jean Royer, «&nbsp;La police s'attendait à quelque manifestation… à tort!&nbsp;», ''Le Soleil'', 19 août 1974, p.&nbsp;1, 3 et 6]. Consulté le 28 janvier 2024.</ref>.  Pour les organisateurs et la population de Québec, la Superfrancofête a également été mémorable par son ampleur inattendue, confirmant que la ville peut être une destination de choix pour les événements à vocation internationale<ref>[https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3248286 Hélène Archambault, «&nbsp;La francofête : terminée&nbsp;», ''Le Nouvelliste'', 24 août 1974, p.&nbsp;1]. Consulté le 2 février 2024.</ref> <ref>[https://www.ledevoir.com/societe/416032/superfrancofete-de-1974-y-etiez-vous Isabelle Porter, « Superfrancofête de 1974: y étiez-vous? », ''Le Devoir'', 15 août 2014]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. 

Bien que la Superfrancofête n'a pas été captée par la télévision dans son intégralité, elle a néanmoins fait l'objet de deux films : l’un par Richard Lavoie, ''Franc-Jeu'' (1974) et l’autre par l’Office national du film, ''Le monde s’en vient à Québec'' (1975)<ref>[https://www.erudit.org/fr/revues/va/1974-v19-n77-va1187050/55147ac.pdf <nowiki>Compte rendu de [Art-actualité], </nowiki>''Vie des Arts'', vol. 19, n<sup>o</sup> 77, hiver 1974-1975, p. 61-72]. Consulté le 2 février 2024.</ref>. 

=== Postérité ===
En [[2022 au Québec|2022]], [[Lou-Adriane Cassidy]], [[Ariane Roy]] et [[Thierry Larose]] offrent un spectacle intitulé ''Le Roy, la Rose et le Lou[p]'' lors des [[Francofolies de Montréal|Francos de Montréal]]. Cherchant à s'inscrire dans la tradition des grands spectacles musicaux québécois, les trois artistes choisissent ce titre en faisant un clin d'œil direct au spectacle ''J'ai vu le loup, le renard, le lion'' de 1974<ref>[https://www.ledevoir.com/culture/musique/801156/spectacle-roy-rose-lou-p-plus-somme-parties Philippe Papineau, «&nbsp;<nowiki>Le Roy, la Rose et le Lou[p], plus que la somme des parties</nowiki>&nbsp;», ''Le Devoir'', 2 novembre 2023]. Consulté le 25 février 2024.</ref>. 

== Notes et références ==

=== Notes ===
{{Notes
| groupe = Note
}}

=== Références ===
{{Références}}

== Annexes ==

=== Bibliographie ===

* ''La SuperFrancoFête&nbsp;: Festival international de la jeunesse francophone (activités culturelles) Québec-Canada'', 13 au 24 août 1974, éditions La Direction.

=== Liens externes ===

* [https://ici.radio-canada.ca/ohdio/musique#!genre/chanson-pop/actualite/357/superfrancofete-1974-40-ans-anniversaire À découvrir sur ICI Musique : « Superfrancofête 1974 : le tour du monde à Québec en 11 jours »]. Consulté le 15 décembre 2023.
* ''Franc Jeu. La Superfrancofête'', Office du film du Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974&nbsp;: [https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2402847 Partie 1] ; [https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2402847?docref=lkC4an9qwwxYkrpeBRd1sQ Partie 2] ; [https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2402847?docref=IM4yELmSZqVnMoJ8H6r6yQ Partie 3] ; [https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2402847?docref=cYwYiDL_SlApfLy5ugJKow Partie 4]. Consultés le 2 février 2024.
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